Danny Phantom appartient à Butch Hartman.

Je ne me servirais pas du disclaimer pour développer l'intrigue sur ce prologue sinon, à repréciser qu'il s'agit d'un Univers Alternatif. Il reprend donc les bases du canon tout en développant de nouvelles idées qui ne pourraient prendre place dans la chronologie actuelle. Et en sachant que beaucoup de gens n'aiment pas lire les univers alternatifs - je ne les juge pas d'ailleurs -, j'espère qu'au moins les fans y trouveront leur compte, ce serait pour moi une récompense suffisante.

Apparence mineure du beau-père de Dash Baxter, sans me souvenir de son apparition ou non dans Pirate Radio (Radio Pirate), ou même simplement du fait qu'il soit beau-père. J'aimerais beaucoup consacrer un arc à Casper High, d'une façon ou d'une autre, pour y faire ce rapport de l'incident. Nous verrons bien. Juste pour préciser que je ne souhaite pas le faire devenir un personnage récurrent, et que je limiterais au mieux les personnages n'appartenant pas au canon.


Cujo, petit chien bâtard ascendant Jack Russell, était ce qu'on pouvait qualifier de bon chien. Un de la caste des braves toutous, de ceux qui savent bien mendier à table pour se faire récompenser de ne pas monter sur les canapés. Ayant quitté le confort d'une animalerie de quartier à l'origine douteuse pour devenir le cadeau d'anniversaire de Jasmine Fenton, treize ans et rouquine de surcroît ; il avait tout de même fallu quelques efforts d'éducation et une petite dizaine d'éditions du quotidien d'Amity Park pour en faire un digne représentant de cette académie. Toutes les bonnes familles avec le strict minimum d'enfants - un seul - avaient leur animal de compagnie, chien chat ou lapin blanc à veston. Et les Fenton, malgré une vision un peu limitée de la bonne famille, n'avaient pas échappé à la réclamation quoique tardive de leur aînée.

A cinq mois, Cujo fut mis de côté au profit d'autres centres intérêts Jazz se préoccupait un peu plus de son parcours scolaire, motivée par le rêve d'être psychologue, et se lassait d'un cadeau d'anniversaire totalement dépassé. Le bon chien ne mendiait plus à table et recommençait parfois à faire ses besoins sur le bas des escaliers. Père et mère étant bien trop occupés par leur travail d'horlogers, on relégua la tache du « qui va sortir le clebs » au benjamin. Daniel Fenton, de deux ans plus jeune, préférait de loin l'exploration de constellations cachées dans sa tête que nos amis les bêtes. Non pas par méchanceté, il oubliait parfois de le nourrir comme il oubliait de se brosser les dents certains soirs, mais donnait un peu d'attention à Cujo en le baladant à la sortie de la ville. Un sentiment de fierté agitait ainsi la queue du cabot, d'avoir un si bon maître.

A sept mois, le Meilleur Petit Frère du Monde reçu ce titre de noblesse pour son propre anniversaire, un presse-papiers d'un père préoccupé par ses travaux, et le plus gros gâteau fait maison qu'on ait pu voir de mémoire de mère. Cujo ne comprenait pas le sens de toute cette agitation, lui qui avait un besoin pressant. Il trouva néanmoins son bonheur en quémandant à sa guise les morceaux de raisins secs. Le cake fut englouti dans la soirée, le presse-papiers trouva un usage rêvé devant les bandes dessinées, et le diplôme du Meilleur Petit Frère du Monde fut égaré quelque part sous le lit. Dans cet espace réduit, les boules de poussière régnaient en maîtres, au grand malheur d'un chiot qui adorait fourrer son museau là, avec les relents de bacon.

Tout allait encore bien dans le petit cocon de la maison Fenton, entre les sorties et les séances de caresses. Malgré l'équilibre fragile d'un couple en crise et les résultats scolaires en baisse du petit dernier, il ne manquait ni d'œufs brouillés ni de coups de douchette derrière l'oreille. Il était le confident de Jack sur sa mauvaise entente avec un ami de lycée, la peluche de Madeleine quand elle croyait aux multiples maîtresses de son mari. Et bien qu'il ne comprenne rien à ce langage aux sonorités complexes, il n'y avait rien de plus satisfaisant que d'être mis en avant pour sa fidélité à toute épreuve. Brave chien.

A huit mois et quelques, la vie du bon chien Cujo Fenton s'acheva brutalement sur un pan de route.

On était mi-octobre, et un temps typiquement anglais s'était abattu sans raison apparente sur le nord-est de l'Amérique : pluvieux à souhait. On voyait déjà des bateaux de papier flotter au bas des trottoirs et le programme météo du fort charismatique Lance Thunder ne prévoyait pas d'arrangement dans la semaine à venir. Et alors que le début d'après-midi présageait quelques éclaircies, pas du tout ! La pluie s'acharnait sur les parapluies colorés des habitants d'Amity Park, petite ville à la frontière du Wisconsin. Et les échoppes dans les coins de forêt isolés, casées à la manière de timbres-postes sur une maquette, ne disposaient plus du couvert du feuillage.

Cujo n'aimait pas ces ombrelles. Non pas que ses formes arrondies ne lui plaisaient pas, et dans tous les cas ne distinguait pas leurs couleurs ; mais lorsque le maître, animé des meilleures intentions, sortait cette gouttière ambulante, voilà qui avait une signification on ne peut faire plus claire. La promenade - avec petit détour au magasin à la sortie de la ville - allait être raccourcie. Ils ne passeront pas au parc pour qu'il puisse courir après les pigeons. Puisque ça ne valait pas la peine de mettre les pattes dans la boue naissante, ils rentreront directement à la maison.

Danny laissa échapper les bulles de buée dans un hoquet. Il négligea de faire un second tour autour de son poignet avec la laisse. Les commissions à ses pieds, fruits et légumes mal empilés trop occupé à ouvrir ce satané parapluie, sans doute, se faisant une guerre de tendre la baleine cassée. Peut-être ferait-il mieux de s'abriter dans la supérette qu'il venait de quitter, et attendre la fin de l'averse au rayon magazines. Plutôt que de s'acharner et d'attraper la mort avec une ombrelle capricieuse. Cujo, qui sentait instinctivement l'anxiété de son maître, laissa échapper un petit jappement sans réel signification. La toile prit par miracle sa forme convexe.

« Je sais que tu n'aimes pas la pluie non plus, mon chien. »

Comme pour confirmer son propos, il plaqua le col rouge à son menton, espérant vainement qu'il se réchaufferait de cette façon. Il brandit le riflard bien haut dans le ciel, ô miracle ! La baleine se décidait quand même à imiter - au mieux - ses consœurs. Voilà qui allait leur éviter d'embêter des employés avec la météo peu fiable qui leur tombait dessus. Parfois, Cujo se demandait si le maître avait oublié son nom, si doux à son oreille.

Les pellicules vidéo s'accélérèrent à partir de là. Le phare d'une voiture apparut brusquement dans le champ de vision du pauvre chien. Fantôme informe à la couleur vive, affolement, je trace. La corde de cuir glissa du poignet et se traînait derrière un pauvre cabot complètement apeuré par ce spectre surgi de la brume naissante, ces ombres déformaient qui s'étaient étendus autour de son corps mis à l'étroit. Le maître se décida à l'interpeller, abandonnant le parapluie et trébuchant sur les oranges venues d'Espagne.

« Cujo ! »

Rien à faire, le bâtard continuait sa course folle au travers des arbres cerclés de grillage. Son instinct lui disait de quitter cet endroit infesté de loups du passé, d'étranges monstres venus du fond des âges, oubliant derrière lui l'un des commandements du bon chien : abandonner un homme derrière lui. Danny, négligeant les épis noirs qui lui collaient à la nuque, mettait les bouchées doubles sur ses baguettes de jambe à rattraper, oui, la bête à puces de sa sœur. Lui, il aurait bien voulu d'un poisson rouge, à choisir.

Cujo, bien stupide, stoppa net sa course folle en plein milieu de la route. Toutes les sorties d'Amity Park se faisait par là. Devant vous, mes amis, le riche Etat frontalier du Wisconsin. L'instinct lui disait, excluant toutes les prouesses technologiques côtoyées par le chien durant ces deux derniers siècles, qu'il était bien loin du fantôme dans cette allée à sens unique. Le maître éloigné par la force des choses.

Dans un intervalle de deux minutes, les évènements se précipitèrent dans la tête sans couleur.

« Cujo ! »

Baxter était le stéréotype du beau-père sans mérites. Routier de profession, buveur de conviction, il avait cet après-midi là assez d'alcool dans le sang pour faire sauter un régiment de ballons. Qu'importe ! Aucun contrôle avant la frontière. Arrivé dans le Wisconsin, il appellerait son contact régulier de chez Dalv et ferait un tour chez son ex-femme, par défaut sa maîtresse après son remariage sans éclat. Avec un peu de cul, elle aurait même une ou deux spécialités pour achever le peu de raison qui lui restait.

Fier de son plan couette de la fin de semaine, il n'arrêta pas son poids lourd pour un chien qu'il ne voyait pas. Tout juste s'aperçut-il d'une tignasse noire bizarrement placée par rapport à ses merveilleux rétroviseurs. Il appuya sur le frein avec toute sa force de cinquantenaire aux cent kilos, avant qu'un craquement sourd ne se fasse ressentir sous le pneu. Un couinement de plastique - c'était forcément ça, pas vrai ? Ca ne pouvait pas être une chose vivante qui dansait sous la pluie juste sous son nez. Le petit véhicule de transport ralentit sans faire d'histoire. Une giclée de sang en nouveau logo de la compagnie Dalv arrêta net un Baxter trop enthousiaste. Pas de délit de fuite. Il ouvrit son entrejambe dans son huit-clos et se vida sans délicatesse.

Cujo n'avait reconnu que le contact trop franc, sans familiarité, de son maître. Les lumières fantômes dansaient devant ses yeux éteints.

Le garçon reconnut comme Daniel Fenton était décédé sur le coup. Le chien tatoué au nom de Cujo Fenton avait eu les reins écrasés et n'était pas récupérable. L'avocat de Baxter s'en sortit plutôt bien, rejetant la responsabilité sur l'entreprise qui l'employait. Pour le benjamin de la famille, l'enterrement en bière était une façade intéressante. Pour le bon chien, on l'euthanasia dans les normes sans trop de délais. Quelqu'un demanda sans beaucoup de délicatesse si l'aînée ne pleurait pas plutôt pour son cerbère nain - quelque chose comme Court-jus avec un accent français exagéré.

Pour la rubrique des faits divers, Danny avait juste essayé d'attraper Cujo, ayant échappé à toute attention, sans apercevoir le camion de livraison.

Trois ans plus tard fut distribué - à un prix exorbitant - le nouveau cachet du service fantôme. Formé à la bougie sur le papier d'aluminium servant à ces lettres particulières, c'était un hommage aux lettres médiévales et aux valeurs communes entre fantômes et humains en ces temps de paix. Le petit monstre en vert émeraude, représenté avec un rictus joyeux éternel, devait vous faire passer un message sans poésie mais si bien réfléchi que vous l'achèteriez malgré toutes les alternatives possibles.

Je suis le meilleur ami de l'homme ! Soyez sûr que votre courrier arrivera à destination en ma compagnie !