Ils s'appellent Thomas, Anna, Liz ou encore Alice. Tous vivaient dans les environs de New York lorsque l'épidémie a éclaté. Ils ne se connaissaient pas mais vont maintenant tenter de survivre ensemble...
L'action se passant à New York, cette fanfiction contient entièrement des personnages que j'ai inventé. Cependant, au fil du temps, des personnages de TWD pourraient bien faire leur apparition...
J'espère que ce premier chapitre vous plaira. Bonne lecture !
Alors que le soleil se levait à peine, la vieille Volvo S70 grise de Thomas filait sur la route 46 vers New York. Le grand et solide homme de 32 ans avait les yeux fatigués. Il travaillait sur un gros chantier et le retour des beaux jours rendait le travail difficile. Le soleil cognait fort en après-midi et sous son casque, il sentait son crâne chauve suant. La peau de son visage et de ses bras était hâlée. Le soir, en rentrant, il s'écroulait sur son lit et s'endormait d'une traite. Souvent, en se rendant au travail le matin, Thomas pensait à ce que sa vie aurait pu être. Il y a dix ans, il était un brillant étudiant en architecture mais le manque de moyens et des événements imprévus l'avaient obligé à abandonner celles-ci. Il avait vécu de petits jobs avant de travailler sur des chantiers depuis deux ans. A plusieurs reprises, ses capacités et son intelligence auraient pu lui permettre de décrocher de meilleurs emplois mais il manquait d'ambition et refusait de travailler plus pour décrocher un autre poste, même meilleur. Il faisait ce qu'il avait à faire mais ne faisait pas de zèle. Il préférait consacrer le temps qui lui restait à lire, aller au cinéma ou passer son dimanche en excursion, parfois accompagné de sa voisine. Il n'avait plus ses parents mais la vieille Judith et son mari l'avaient accueilli comme un fils lorsqu'il était venu habiter dans l'appartement en face du leur. Souvent, ils l'invitaient à manger et il venait regarder la télévision avec eux. Mais bientôt Mark, le mari de Judith, était tombé malade. Aujourd'hui, il vivait à l'hôpital et ses jours étaient comptés. Judith, qui ne conduisait pas, demandait souvent à Thomas de l'emmener voir son mari à l'hôpital lorsqu'elle ne voulait ou ne pouvait pas prendre les transports en commun.
Thomas arriva au chantier et gara sa voiture. Le bâtiment s'élevait déjà de quatre étages sur les douze qu'il devait en compter. L'homme salua ses collègues qui buvaient un café avant de se mettre au travail. John MacFarland, le chef de chantier, l'observait de loin en fumant une cigarette. Les deux hommes s'entendaient mal. Thomas l'évitait, sentant que l'autre l'avait pris en grippe pour une raison qu'il ignorait et qu'il cherchait la confrontation. Il décida de se plonger directement dans sa tâche du jour et pénétra dans le bâtiment en construction. Aujourd'hui, les ouvriers allaient commencer le cinquième étage et Thomas se dirigea vers le grand escalier encore nu qui y menait. Soudain, son regard fut attiré par la pièce d'à côté. Il n'y avait pas encore de porte et l'homme vit sur le sol une tache rouge. S'approchant de l'ouverture, il y passa la tête et découvrit alors d'où elle venait.
C'était une vision d'horreur. Un corps déchiqueté était étalé sur le sol. Un bras avait été arraché et presque entièrement dévoré. Le torse n'était plus qu'un amas de sang, d'organes et d'os apparents. Le visage n'avait pas non plus été épargné mais on apercevait encore des traits et les yeux du mort, ouverts dans une expression de terreur. Thomas resta figé sur place. Il ne savait pas quoi faire et n'arrivait pas à réaliser ce qu'il était en train de voir. Il réussit enfin à détacher son regard du corps et découvrit dans un autre coin de la pièce quelques affaires. Il comprit que le pauvre homme était un sans-abri qui avait sûrement trouvé refuge dans l'immeuble en construction, avant d'avoir été attaqué par ce qu'il semblait être une bête sauvage. Mais ici, en pleine ville de New York ? Reprenant le contrôle de son corps, Thomas sortit précipitamment de la pièce et courut prévenir ses collègues. Diego, un de ses plus proches amis sur le chantier, le vit arriver en fronçant les sourcils.
« Ben qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es blanc comme un cul ! »
Deux ou trois autres ouvriers à proximité se mirent à rire, avant de se rendre compte que Thomas était réellement terrifié. John MacFarland avait également remarqué ce qu'il se passait et s'approcha.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Baker ?, grogna-t-il.
Il y a un corps..., murmura Thomas.
Quoi ? Qu'est-ce que tu me racontes ?
Il y a un macchabée dans l'immeuble. »
Les hommes se regardèrent entre eux. Ceux qui n'écoutaient pas auparavant se rapprochaient pour savoir ce qu'il se passait. MacFarland eut un regard méfiant.
« Tu te fous de ma gueule, Baker ?
Non...
J'espère pour toi. Où il est ?
Au rez-de-chaussée, dans la grande pièce près des escaliers. »
Les autres ouvriers, après une hésitation, allèrent vers l'immeuble. Avant d'y aller lui aussi, MacFarland attrapa Thomas par le bras.
« Je sais qui tu es, Baker. Je sais ce que tu as fait et ce dont tu es capable. Si macchabée il y a, tu ne pars pas du chantier tant que la police n'est pas arrivée. »
Thomas sursauta aux mots de MacFarland et s'apprêta à répondre, mais son chef était déjà parti vers le bâtiment en chantier. Il le suivit jusque dans la pièce, où les hommes s'étaient réunis en cercle autour du lieu du massacre. MacFarland et Thomas firent des coudes pour arriver aux premières loges.
Le cadavre n'était plus là. Il restait cependant la grande tache de sang et les quelques affaires.
« Nom de Dieu... », grogna MacFarland.
Soudain, il y eut un hurlement derrière eux. Tout le monde se retourna. Un des hommes resté à l'arrière était en train de se faire mordre à l'épaule par un homme arrivé derrière lui. Thomas, sous le choc, réalisa que l'agresseur n'était autre que le sans-abri qu'il avait vu au sol dix minutes plus tôt. Les autres ouvriers découvrirent avec horreur que celui-ci avait un corps déchiqueté et que des intestins pendaient de son ventre ouvert. C'était impossible. MacFarland fut un des premiers à réagir.
« Putain ! »
Il se rua vers le cannibale et le bouscula, l'empêchant de mordre plus l'épaule dont il avait cependant déjà arraché une bonne partie. Mais le sans-abri revint à la charge et s'attaqua cette fois-ci à MacFarland. Il planta ses dents dans son avant-bras. L'ami de Thomas, Diego, attrapa une pelle restée contre un mur et tenta s'assommer le sans-abri avec. Mais ce dernier, après avoir titubé, se redressa sous les yeux horrifiés des hommes. N'ayant plus le choix, Diego frappa plus fort et la pelle écrasa le haut du crâne du cadavre animé qui s'écroula. Un deuxième coup traversa sa boîte crânienne dans un craquement et il ne bougea plus. Il y eut un long silence, seulement entrecoupé par les quelques gémissements de l'ouvrier qui avait été attaqué. MacFarland fut le premier à parler.
« Que quelqu'un appelle la police. Tout de suite. »
Il regarda son bras ensanglanté, puis le cadavre et enfin Thomas qui était resté en retrait. Il lui envoya un regard noir, comme si tout cela était de sa faute. Il sortit, suivit d'une partie des hommes. Diego, toujours sa pelle à la main, ne bougeait pas et avait le regard vide. Thomas vint auprès de lui, l'aida à lâcher la pelle et le conduisit dehors. Déjà, les sirènes de la police hurlaient au loin.
Le corps du sans-abri fut rapidement emporté. La police posa quelques questions à Thomas, Diego et à d'autres hommes du chantier. Pendant ce temps, l'ouvrier mordu et John MacFarland étaient pris en charge par deux ambulances. Le deuxième refusa d'abord d'aller à l'hôpital. Un simple bandage suffirait, il avait une équipe à faire travailler et ne pouvait pas se permettre de quitter le chantier. Mais les ambulanciers et la police insistèrent. MacFarland dut abdiquer et tout le monde fut en congé pour la journée.
Diego était toujours sous le choc. Sachant qu'il n'avait pas de voiture et qu'il prenait le métro, Thomas lui proposa de le ramener chez lui. Mais une fois sur la route, son ami le supplia de ne pas le laisser seul.
« Je ne peux pas voir Monica... Comment je vais lui dire ce qu'il s'est passé ? Tu ne veux pas qu'on aille boire une bière plutôt ? On peut aller chez toi ? »
C'est la première fois que Diego allait chez Thomas. La plupart du temps, ils étaient sur les mêmes chantiers et il était son plus proche ami. Thomas avait rencontré à plusieurs reprises sa femme Monica et son fils de sept ans, Esteban. Mais lui restait plus en retrait, parlait peu de lui et n'invitait jamais personne chez lui. Pendant que Thomas cherchait des bières dans le frigo, Diego observa pensivement le salon dont lequel son ami l'avait amené. La pièce était assez petite mais tout était rangé avec soin. Sur une armoire trônaient les deux seules photos de la pièce. L'une montrait un couple d'une quarantaine d'années entourant un garçon d'environ dix ans (que Diego identifia tout de suite comme Thomas). Sur la photographie dans l'autre cadre se trouvait également Thomas mais plus âgé et entouré d'un autre couple d'une soixantaine d'année. Il s'agissait de Judith et Mark. Le cliché avait été pris l'été dernier lors d'un week-end passé près des Grands Lacs. C'était une de leurs dernières sorties avec Mark dont la maladie s'était aggravée juste après.
Thomas revint de la cuisine avec deux bières et les déposa sur la table basse en bois.
« Merci... C'est un peu tôt mais j'en ai besoin, dit Diego en décapsulant la sienne.
T'inquiète pas, moi aussi. Je n'arrive pas à croire à ce qu'il s'est passé.
Je ne comprends pas pourquoi la police ne m'a pas embarqué... J'ai tué un homme, putain !
Non, le coupa Thomas. Il était déjà mort, je t'assure. C'est ça que je ne comprends pas. Et mort ou non, il a attaqué Dave et MacFarland. Bon sang, il lui a arraché un bout d'épaule avec les dents... Tu les as sauvés. »
Peu convaincu, Diego soupira et but une gorgée de boisson. Les deux hommes restèrent à discuter pendant une bonne heure. Puis, ils mangèrent et Diego finit par partir, ne sachant cependant pas comment il expliquerait à Monica pourquoi il rentrait plus tôt et ce qu'il s'était passé sur le chantier. Thomas passa son après-midi devant la télévision mais la regardait à peine. Son esprit divaguait constamment. On annonçait les résultats du baseball (les Red Socks avaient une fois de plus triomphé des Yankees de New York), on décelait de nombreux cas de fièvre très violente depuis hier matin et un politique annonçait sa retraite après quarante ans de carrière. Rien de tout cela n'intéressait Thomas et après dîner, il finit par aller dormir tôt, prêt à affronter la journée du lendemain.
Il était quatre heures du matin lorsque Thomas fut réveillé par des coups à la porte. Ceux-ci lui semblaient loin mais bientôt il ouvrit totalement les yeux et la journée de la veille lui revint à l'esprit. Comme les coups reprenaient de plus belle, il passa un pantalon en maugréant et alla ouvrir. Il découvrit sur le palier Judith en larmes.
« Tom... Oh mon dieu, Tom... L'hôpital a appelé... »
Thomas comprit tout de suite. La maladie avait finalement emporté Mark. Son cœur s'était arrêté et une infirmière l'avait trouvé décédé en faisant sa ronde. Elle se permettait de l'appeler au milieu de la nuit car Judith devait se dépêcher si elle voulait voir son mari une dernière fois.
« Tom, peux-tu m'emmener ? Gémit Judith. Je suis désolée, je sais que tu travailles tôt le matin mais...
Ne t'inquiète pas, coupa Thomas. Je prends mes affaires, j'arrive. »
En allant s'habiller totalement et en mettant des chaussures, les yeux de Thomas se mouillèrent. Il réalisait à peine ce qu'il se passait. Il se sentait orphelin de père pour la deuxième fois de sa vie. Une fois dans la voiture, lui et Judith n'échangèrent pas un mot. Ils avaient beau eu se préparer à cela, la douleur était terrible. Ils se sentaient vides et la nuit semblait noire comme jamais. En arrivant à l'hôpital, ils furent surpris de l'agitation qui y régnait. Ils allèrent au service d'oncologie mais une infirmière les empêcha d'entrer dans la chambre de Mark.
« Madame Smith ? Demanda-t-elle. »
Elle est visiblement agitée. Judith acquiesça en silence. A ce moment, un médecin entra dans la chambre.
« Je suis désolée, continua l'infirmière. Les choses se sont compliquées plus vite que prévu... Vous ne pourrez pas voir Mark.
Comment ça ? Mais qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vue.
Je m'appelle Anna, je suis l'infirmière de nuit. »
Soudain, le médecin ressortit de la chambre avec deux infirmières en tirant un lit roulant. Un drap blanc était posé dessus mais on pouvait voir des mains sanglées sur les bords du lit. Un corps gigotait en dessous.
« Mark ? », gémit Judith.
Anna tenta de les faire reculer tandis que les infirmières et le médecin emportaient le lit en toute urgence et disparaissaient déjà vers le fond du couloir.
« Nom de Dieu, qu'est-ce qu'il se passe ici ? », s'écria Thomas.
Le visage de l'infirmière se tordit de douleur.
« Je suis vraiment navrée... Il vaut mieux que vous partiez... »
Son biper se mit à sonner et elle y jeta un œil. Au fond du couloir, Mark, le médecin et les infirmières avaient disparu.
« Toutes mes condoléances, reprit l'infirmière. Sincèrement. Je suis désolée, je dois aller aux urgences. »
Sous le regard ahuri de Judith et Thomas, elle commença à s'éloigner quand soudain, elle s'arrêta et se tourna vers eux, les larmes aux yeux.
« S'il vous plaît... Restez chez vous ces prochains jours. Une épidémie est en train de monter et nous ne connaissons pas encore bien le mode de transmission. Et si vous avez une forte fièvre ou que quelqu'un vous mord, venez au plus vite à l'hôpital. »
Thomas n'eut besoin que de quelques secondes pour faire le rapprochement avec ce qu'il lui était arrivé la veille.
« Attendez ! Je connais deux personnes qui se sont faites mordre par un homme hier...
Ce ne sont pas les seules, malheureusement. Les urgences en sont bondées. Je dois vous laisser. Rentrez chez vous, je vous en prie. »
Sur ces mots, elle partit en courant et disparut.
