Un grand merci à MarG de m'avoir corrigée !
Clin d'œil à Nath… ton chanteur préféré non ?
Pour le reste, ben rien ne m'appartient pas même la chanson… dommage !
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La pluie tombait depuis deux jours sur Las Vegas, deux jours où rien ne s'était produit. Rien… Il n'était même pas venu… D'ailleurs pourquoi voulait-elle qu'il vienne ? Pourquoi ? Elle n'était rien pour lui. Rien… A San Francisco déjà, elle avait cru que peut-être… mais rien. Comme toujours rien. Sa vie n'était que de cela, de rien. De vide. Remplie d'illusions, songea-t-elle, en marchant sous la pluie. Oui, elle ne vivait que d'illusions, que de rêves brisés… Comme ces joueurs de casino…
« J'ai eu des illusions
Et puis des certitudes
Et comme au casino
J'ai tout perdu d'un coup
Le rouge au lieu du noir
Le mauvais numéro
Le quart d'heure du chanceux
Et tout à coup le trou.
Et quel trou ! Mon Dieu ! Plus rien, elle était seule, seule sans personne. Sans sa mère, sans un semblant de famille, sans rien…
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Il adorait ce temps. La pluie… temps de la renaissance de toutes choses, symbole de vie. Pour ces petits amis, tout du moins. L'endroit était désert. Personne ne s'aventurait dehors par ce temps. Personne sauf lui et son chien. Il sourit. Le bruit de la pluie sur la surface du lac était assourdissant, mais il s'en moquait. Seul comptait ce moment de solitude, de paix. Moment qu'il pouvait savourer, serein. Il remarqua deux oiseaux sur la branche d'un arbre, tout proche. Serrés l'un contre l'autre, ils tentaient de se réchauffer. Le tonnerre gronda, et un éclair zébra le ciel, éclairant le paysage assombri par l'orage d'une lueur irréelle. Il sourit, émerveillé par ce spectacle. L'émerveillement, son maître-mot. Sans cela, il aurait sombré depuis longtemps dans le cynisme des vieux policiers. Lui avait choisi de s'émerveiller devant quelque chose de beau, devant chaque élément qui lui rappelait que la vie ne s'arrête pas aux détraqués et aux meurtriers… Sa mère, une femme merveilleuse avait accepté de vois son fils unique s'émerveiller devant quelque chose qui révulsait tous les garçons du même âge.
_ Lorsque j'étais enfant
J'étais admiratif
On me croyait idiot
Parce qu'inoffensif
C'est comme au casino
Deux paires c'est rien du tout
Mais ça ramasse un pot
Et beaucoup de jaloux
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A bien y regarder, sa vie n'était pas des plus joyeuses, songea-t-elle, toujours marchant aux bords de l'eau, sans se préoccuper de l'orage, de la pluie et des éclairs autour d'elle. Bien au contraire. Elle avait presque réussi à s'en sortir, presque.
_ Et puis j'ai joué l'amour
Un jeu épouvantable
J'ai misé sur toujours
Et banco sur la table
Mais comme au casino
La boule va où elle veut
Le tapis était vert
Il avait les yeux bleus
Dès qu'elle l'avait vu, elle avait su. Mais pas lui. L'avait-il seulement remarqué ? Oui, puisqu'ils ont passé le mois de leur rencontre à se voir, à bavarder, faisant connaissance, alors qu'elle savait déjà qu'elle n'en aimerait pas d'autre que lui… Quand il l'avait appelée pour lui demander de venir, elle l'avait fait sans hésiter. Elle avait tout misé. Tout…
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Il se rappela leur première rencontre. Là encore, il s'était émerveillé. Elle était belle, elle était intelligente. En un mot, elle était merveilleuse. La femme qui lui fallait. La femme de sa vie, il le savait. C'est pour ça qu'il l'avait fait venir près de lui. Parce qu'il la voulait avec lui. Pourtant… pourtant il l'avait repoussée… trop souvent, trop longtemps.
_ A n'importe quel âge
Le travail est un problème
On le résout toujours
En brûlant ceux qu'on aime
C'est comme au casino
On joue la martingale
Il l'aimait, il le savait, depuis le premier jour… Il n'avait pas le choix, il ne pouvait plus lutter. Non. Il lui restait une dernière carte à abattre. Il allait tenter, tout miser. Même s'il ne restait qu'une infime chance, même si le zéros n'était pas loin, même si… non ! Il n'allait pas se défiler.
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Perdue dans ses pensées, elle n'aperçut la personne que quand celle-ci fit un pas de côté pour l'éviter.
_ Et puis sort le zéro
Et le rideau final
Elle leva les yeux vers elle et le vit, trempé, son imperméable, pendant sur ses épaules. Des gouttelettes d'eau nichées dans sa barbe. Ses yeux bleus, ces yeux qui la hantaient depuis dix ans brillaient d'une lueur qu'elle ne leur connaissait pas. Deux feux, deux brasiers, brûlant d'un sentiment qu'elle espérait tant voir. Elle sourit alors. Peut-être que finalement une des ses illusions était réelle après tout…
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Il remarqua une promeneuse solitaire, se dirigeant vers lui, sans le voir. Il ne pouvait s'agir que d'une femme. Sa taille gracile, ses cheveux courts, jouets du vent, tout lui disait qu'il s'agissait d'une femme. Il aurait tant aimé que ce soit cette femme. Celle à qui il ne cessait de penser. Celle qui peuplait ses rêves depuis dix ans, et habitait ses nuits, depuis sept.
_ Et puis sort le zéro…
Quand il avait fait un pas de côté, il n'avait remarqué la personne. Il ne sut que c'était elle que quand ses yeux avaient rencontré ce regard noisette, qu'il aimait. Ce regard qui le réchauffait, qui lui parlait mieux que des mots. Son sourire le réchauffa instantanément. Il se décida alors.
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Leurs lèvres se rencontrèrent, se savourèrent. Premier baiser, tendre, presque religieux qu'ils approfondirent bien vite, libérant la passion, l'amour qui les liait depuis toujours. Nul besoin de mots, l'autre suffisait, ils s'étaient trouvés. C'était tout ce qui comptait.
Et le rideau final
