Titre: Si je te Perds, je me Perds.
Fandom: Desperate Housewives.
Disclaimer: Les personnages utilisés pour écrire cette fanfiction ne m'appartiennent pas. Ils appartiennent à ABC. Je ne suis donc pas rémunérée pour cette production écrite.
Personnages: Adam, Dylan et Katherine Mayfair; Andrew et Bree van de Kamp; Gabrielle Solis, Lynette Scavo; Maynard James, Michael et Susan Delfino et Robin Gallagher.
Pairing: Katherine Mayfair et Robin Gallagher.
Rating: M (+16), en raison de l'évocation de quelques scènes érotiques et violentes tout au long de certains chapitres.
Nombre de Chapitres: 11.
Nombre de Mots: 22051.
Résumé: Katherine Mayfair est de retour dans la banlieue de Wisteria Lane après un voyage à Paris en compagnie de Robin Gallagher qu'elle qualifie de désastreux.
Une automobile couleur gris métallisé s'arrêta discrètement dans la nuit noire de la banlieue de Wisteria Lane. Après un long moment de tension imaginaire intense, la porte côté passager s'ouvrit lentement. Deux escarpins à talons hauts claquèrent bruyamment tour à tour lorsque les pieds qu'ils entouraient se posèrent sur le bitume. Apparut alors une grande rousse aux yeux olives. Katherine Mayfair. Sans avoir pris le soin de prévenir qui que ce soit, elle avait pris la décision de faire officiellement son grand retour à Wisteria Lane après un bien court voyage dans l'éternelle capitale du romantisme, la si grande ville de Paris, quasiment située au centre de la France.
Presque aussitôt après être sortie de la voiture, Katherine posa machinalement une main sur ses lèvres rosées pour étouffer un bâillement. Elle était épuisée. Si épuisée que c'était à peine si elle tenait debout. En fait, elle n'était pas réellement fatiguée mais le fait était que son vol – ou plutôt ses vols puisqu'elle avait été forcée de changer de vol en cours de route, notamment aux environs de New York - Paris / Fairview lui avait semblé interminable. Aussi incroyable que cela puisse paraître pour un individu ayant déjà pris l'avion auparavant, Katherine avait eu l'impression de s'être embarquée dans un voyage sans fin. Cependant, l'avion avait bien fini par se poser et cela l'avait brusquement amenée à la dure réalité de la vie.
Maintenant qu'elle était si proche de chez elle qu'elle pouvait presque respirer l'odeur d'un bon bois brûlé dans sa cheminée, elle se sentait comme un mort-vivant. Elle avait plus que tout besoin de se lover dans les bras du divin Morphée et de dormir jusqu'au lever du soleil voir peut-être même jusqu'à ce que mort s'en suive.
L'air frais lui fit l'effet d'un brusque électrochoc. Son cœur se pinça dans sa poitrine. Elle réalisa soudain la terrible ampleur de sa situation actuelle. Elle était, en effet, en train de vivre un retour douloureux à la case départ. Les jeux étaient faits. Et elle avait malheureusement perdu la partie. En vérité, il ne fallait absolument pas avoir peur des mots et dire carrément qu'elle avait complètement manqué sa partie risquée dans le jeu de la vie. Son armoire à trophée imaginaire était à présent vide de toute victoire. Elle recommençait tout à zéro comme si ses combats passés n'étaient finalement qu'un brouillard translucide qui la hantait.
Katherine resta un moment immobile à observer ce qui avait pendant longtemps été sa demeure résidentielle. Elle pencha la tête sur le côté, attentive aux moindres sons qui l'entourait. Malheureusement pour elle, la banlieue de Wisteria Lane était plongée dans le silence le plus complet. Il était tard. Terriblement tard. À une heure aussi tardive, tout le monde devait sans doute être envolé au pays des rêves depuis plusieurs heures maintenant.
Tout à coup, Katherine frissonna. Elle avait froid. Pire que tout, elle avait peur. Peur de se retrouver seule face à elle-même dans cette immense – et bien vite – maison.
Une porte claqua à quelques mètres derrière elle. Un homme sortit de l'automobile et se posta à côté d'elle. Comme par automatisme, il ôta son manteau et le posa délicatement sur les épaules de la femme aux cheveux roux. Elle se tourna vers lui, déposa un tendre baiser sur sa joue et le remercia vivement de sa générosité.
_ Ce n'est rien, murmura-t-il avant de l'embrasser le plus normalement du monde sur le front.
Il s'apprêta à retourner vers son automobile quand il sentit un profond malaise se dégager du corps de Katherine.
_ Tu veux peut-être que je reste?, demanda-t-il.
_ Non. Je préfère rester seule.
Elle hésita un moment avant de reprendre la parole.
_ Merci, Adam. Je te remercie du fond du cœur. Tu es quelqu'un de bien. Vraiment.
Elle soupira nerveusement avant de continuer.
_ Je pense que ça n'a pas dû être facile pour toi de me voir après tout ce que nous avons vécu. J'ai été un monstre avec toi. Je n'aurais pas dû te mentir. Jamais. Tu étais mon mari et tu m'avais promis devant Dieu lui-même de rester avec moi pour le meilleur et pour le pire. J'aurais dû te faire confiance. J'aurais dû te raconter la vérité au sujet de Dylan...
Face à de si touchantes paroles, Adam prit conscience du fait que les regrets de Katherine étaient sincères au plus haut point. Comme pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas la moindre raison de s'excuser envers lui, il revint sur ses pas et se posta face à elle. Il lui attrapa le menton d'un main et lui caressa la joue de l'autre. Pour toute réponse au discours de Katherine, il haussa les épaules. Certes, il avait pris la révélation de Katherine comme une trahison mais il n'avait jamais cessé de l'aimer. Mais elle lui avait menti pendant des années. De plus, elle avait tué un homme de sang froid. Un homme qui, pour sa défense, lui avait fait vivre les pires tourments pendant des années.
Katherine posa sa main sur celle de son ex-mari et la dégagea de son visage.
_ Et je suis sincèrement désolée de me montrer aussi égoïste aujourd'hui, reprit-elle. Je suis tellement désolée, si tu savais! Mais il faut que tu saches que je ne savais vraiment pas vers qui me tourner. Tu étais ma seule solution.
Adam plongea son regard dans celui de son ex-femme.
_ Tu dois me détester, dit Katherine en levant les mains au ciel.
_ Je ne te déteste pas.
_ Et pourtant, tu as de quoi.
_ Tu—tu es sûre que tu ne veux pas que je reste?, demanda-t-il à nouveau. Je me ferais aussi petit qu'une fourmis. Je peux coucher sur le canapé, si tu veux. Rien ne t'oblige à m'inviter dans ton lit.
Il lui adressa un clin d'œil complice.
Prenant soudain conscience de la tournure que prenait la situation, elle sentit son corps se raidir. Elle n'arrivait pas à le croire; il essayait de la séduire. Seigneur Dieu, ce n'était pas possible! Il n'avait vraiment pas la moindre pitié. Il osait tenter de la charmer alors qu'elle était au plus mal. Elle roula des yeux.
_ Les hommes, tous les mêmes, pensa-t-elle.
Fort heureusement pour elle, elle était complètement insensible à son petit jeu. Elle ne voulait pas l'inviter chez elle. Pas maintenant. Pas si tôt.
Soudain sur la défensive, Katherine s'adossa contre l'automobile et croisa les bras sur sa poitrine.
_ Ce serait étrange. Nous deux, dans la même maison.
L'homme soupira, visiblement déçu de la réponse de Katherine. Cependant, il n'insista pas davantage. Il était évident que son ex-femme ne voulait pas de lui cette nuit. Elle voulait se retrouver seule. Seule face à ses pensées sombres. Et Adam n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait bien se passer dans l'esprit compliqué de Katherine parce qu'elle avait énormément changé depuis leur dernière rencontre.
À l'aéroport, après l'avoir salué d'une chaleureuse embrassade, elle lui avait avoué ne pas souhaiter lui faire part de la raison de son appel au bout de six longues années de silence radio. Tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer chez elle après un court séjour à Paris. Elle lui avait expliqué avoir été obligée d'écourter son voyage dans la capitale française pour raisons personnelles. Puis, elle s'était plongée dans un silence sordide jusqu'à son arrivée devant son ancienne maison.
Adam savait que si Katherine était si distante, c'était parce que, au fond de son être torturé, elle cachait une souffrance énorme.
Il s'était passé quelque chose à Paris. Quelque chose qui avait obligé Katherine à fuir et à retourner à Wisteria Lane, cette banlieue qu'elle chérissait et haïssait à la fois.
Adam était si persuadé d'avoir raison qu'il était presque prêt à en donner sa main de gynécologue renommé à couper. Il connaissait Katherine comme sa poche. Après tout, ce n'était pas sans raison qu'il la considérait comme la femme de sa vie. Il avait gâché sa chance en la trompant avec une autre femme. Mais il le savait à présent, notamment en raison du comportement terriblement froid de Katherine. Même si elle était la seule femme capable de le rendre heureux dans ce monde, il prit la décision de ne pas tenter quoi que ce soit jusqu'à nouvel ordre...
Il ne pouvait cependant pas s'empêcher de se souvenir des moments heureux partagés en sa compagnie. Il fut une époque où il l'avait aimée à se damner. Jadis, cette femme qui lui était si tendrement dévouée, n'avait pas le moindre le secret pour lui. La seule fois où elle avait eu le malheur de lui mentir, c'était au sujet de Dylan. Dylan n'était pas le fruit des entrailles de Katherine car la véritable Dylan Davis était malheureusement décédée dans sa jeunesse suite à un accident domestique. Et Katherine avait tellement eu mal à la simple idée de tirer un trait définitif sur sa fille qu'elle avait adopté une jeune romaine dans un orphelinat religieux.
Katherine frissonna à nouveau ce qui poussa Adam à sortir soudainement de ses pensées.
Il sentit grandir en lui un curieux sentiment de générosité. Il ne pouvait pas quitter si brusquement la Katherine Mayfair qu'il avait sous les yeux. Son comportement était si étrange qu'il craignait de voir naître un nouveau secret terrifiant dans l'esprit de son ex-femme. Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait horreur de rester sans rien faire. Il voulait absolument rester auprès d'elle, ne serait-ce que pour la veiller jusqu'à ce qu'elle déclare ne plus avoir besoin d'une épaule pour pleurer.
Comme si elle avait ressenti l'empathie d'Adam à son égard, Katherine tourna les yeux vers lui et lui fit signe de s'en aller. Adam grimaça.
_ Sûre?, dit-il.
_ Certaine.
Cette fois-ci, il ne prit même pas la peine de broncher. Il sortit les valises de Katherine du coffre de son automobile, les porta jusqu'à la porte d'entrée de la maison et embrassa à nouveau son ex-femme sur le front, comme pour la protéger des événements à venir. Puis, il se contenta de s'installer confortablement à bord de son véhicule et d'appuyer sur l'accélérateur.
Katherine resta un instant immobile pour observer sagement la voiture disparaître dans les ténèbres de l'impasse de Wisteria Lane avec un petit pincement au cœur. Peut-être aurait-elle au moins dû l'inviter à boire un verre. Après tout, c'était la moindre des choses puisqu'il avait pris du temps dans son travail pour venir la chercher à l'aéroport et la déposer chez elle.
Elle sentit le poids d'un tissu étranger sur ses épaules frêles. Elle prit soudain conscience du fait qu'Adam lui avait laissé sa veste. Avec une certaine curiosité, elle passa franchement ses mains dans les poches du vêtement. Elle fut surprise de découvrir dans l'une d'elle une vieille photographie les représentant tous les deux lors d'une étreinte amoureuse le jour de leur premier anniversaire de mariage. Elle tourna la photographie et vit qu'un mot était griffonné à l'encre bleue sur l'arrière. Adam lui avait indiqué son adresse actuelle et son numéro de téléphone portable personnel au cas où elle aurait envie de le recontacter dans un futur proche. Katherine ne tiqua pas. Elle se contenta de replacer calmement la photographie dans la poche droite de la veste. Elle baissa la tête pour enfouir son nez fin dans le linge et inspira le parfum aromatique-aquatique de son ex-mari. Elle ne put s'empêcher de sourire béatement face aux nombreuses réminiscences qui lui venaient à l'esprit.
Mais la réalité la rattrapa bien vite. Katherine tourna lentement les talons vers la maison. Elle se sentit soudain extrêmement mal à l'aise face à cet ensemble cruellement vide. Elle craignait d'y entrer et d'être profondément blessée par le calme qui y régnait. Cette maison avait perdu toute sa vitalité avec les années. Dylan avait emporté toute sa joie de vivre avec elle lorsqu'elle avait pris la décision de quitter la demeure familiale pour s'installer avec son petit ami. Le petit Maynard James avait comblé ce manque pendant un temps. Puis, Robin avait pris le relais. Mais aujourd'hui, il n'y avait plus qu'elle. Elle était seule. Seule face au néant.
Katherine gonfla ses joues et soupira. Malgré l'étrange sentiment de frayeur qui la possédait, elle n'avait pourtant pas d'autres choix que de rentrer chez elle. Elle ne pouvait pas se permettre de coucher dehors comme un vulgaire sans abri sous prétexte qu'elle n'aimait pas le silence.
Elle fouilla dans son sac à main à la recherche de ses clés. Elle prit une profonde inspiration et ouvrit lentement la porte de la maison. Elle saisit ses valises et les glissa une à une à l'intérieur.
Une fois ses affaires au complet dans la maison, elle ferma lentement la porte derrière elle. Elle eut soudain la sensation de voir la Terre tourner autour d'elle. La nausée lui monta au bord des lèvres. Elle se laissa brusquement tomber sur le sol. Ses genoux heurtèrent le parquet. Elle gémit presque immédiatement de douleur. Elle resta un moment immobile avant de s'asseoir en position de fœtus contre le mur.
Elle porta l'une de ses mains à sa tête. Son front était brûlant. Elle était épuisée. Elle était terrifiée. Pire encore, elle avait le cœur brisé. Elle vivait l'une des peines de cœur les plus pénibles à imaginer, et cela uniquement parce que Paris n'avait définitivement pas été aussi romantique que prévu.
