Il était une fois un homme bon et honnête qui épousa en secondes noces une femme, la plus rigide et la plus froide que l'on puisse imaginer. Elle avait deux filles du même caractère que leur mère, et qui lui ressemblaient jusqu'à leur colliers de perles et leur ballerines assorties. Le mari avait de son côté une jeune fille, mais d'une joie de vivre et d'une gentillesse sans pareil. Elle tenait cela de sa mère, qui avait été la femme la plus punk rock de son temps.
Les noces n'étaient pas terminées que la belle-mère laissa parler sa vraie nature : elle ne supportait pas les bonnes qualités de la jeune fille, qui rendaient ses filles en comparaison encore plus détestables. Elle la chargea des corvées les plus pénibles de la maison : le lave vaisselle consommait selon la belle-mère trop d'eau, l'aspirateur trop d'électricité et la machine à laver n'enlevait selon elle pas toutes les taches. La jeune fille, née à l'époque des smartphones et du tout numérique avait du apprendre des gestes que sa propre mère n'avait jamais eu à faire. On la forçait à dormir dans le même lit d'enfant qu'elle avait depuis ses six ans, par économie, et où elle ne tenait plus entière depuis des années, pendant que ses sœurs avaient des chambres chauffées, parquetées, avec les lits les plus à la mode et des miroirs où elles contemplaient leur serre-tête et leur jupes en tweed chaque jour que le monde faisait.
Lorsqu'elle avait éclusée les corvées, elle allait se cacher dans le coin du sous-sol où la belle-mère avait fait remiser ses affaires et tous les souvenirs qu'elle avait de sa mère. Elle soufflait la poussière de la vieille Fender, branchait son casque Marshall et tapait doucement de la pointe de ses Converses noires au rythme du Punk Rock des années 90's. Elle remontait toujours du sous-sol les cheveux défaits et les yeux rougis par la poussière et le teint pâli par la fatigue, si bien que la maison l'appelait communément Amy Winehouse. La cadette des deux sœurs, qui était moins malhonnête, l'appelait simplement Amy. Cependant, Amy, avec ses jeans déchirés, ses converses dépareillées et se t shirts noirs, restait malgré tout cent fois plus belle que ses sœurs habillées chez Chloé.
Un jour, le fils du maire de la commune, un garçon facile à vivre et potentiellement la personne la plus aimée des environs, donna une fête à laquelle il invita tout ce que le lycée comptait d'adolescents motivés à passer une bon moment. Les deux sœurs étaient bien entendu invitées, car bien que tartes et incapables de tenir une conversation sans critiquer qui que ce soit, leurs vêtements de marque et leur mauvaise langue étaient réputées dans la région. Les voilà donc très fières d'elles et occupées entre leurs placards, instagram et tumblr pour choisir les tenues et les coiffures qui feraient le plus d'effet. Nouvelle peine pour Amy, car repasser le linge de ses sœurs et le replier derrière elles faisait aussi partie de ses corvées. Exaspérée de les entendre parler de la soirée, elle avait pour une fois remontée son casque fétiche et l'avait vissé sur ses oreilles. MXPX, NoFx et Sum41 couvraient à peine les débats animées des deux pestes.
- Moi, disait l'aînée, je mettrai ma robe rouge de la collection capsule Versace pour H&M et mes bijoux Guess.
- Moi, disait la cadette, je vais juste mettre ma jupe en jean toute simple, mais je sortirais ma veste officier Ralph Lauren avec ma broche Agatha. Tu vas voir si on se retourne pas sur mon passage.
Leur mère fit venir une coiffeuse à domicile pour les friser, les défriser, les brusher, les mécher, et on acheta encore masse de produits de beauté, de blush, de crèmes et de parfums.
Elles appelèrent Amy pour lui demander son avis, car si elle préférait le confort, elle avait tout de même du bon goût. Gentiment, celle-ci les conseilla le mieux du monde, et proposa même de réajuster leur coiffures tape-à-l'œil, ce qu'elles acceptèrent. En se faisant coiffer, elles lui disaient :
« Amy, tu voudrais aller à la soirée ?
- Oh, les filles, arrêtez un peu. C'est pas comme si je pouvais.
- T'as pas tort, le sketch que ce serait si on voyait Amy Winehouse, avec ta tête de toxico, à une fête aussi classe. »
Une autre qu'Amy leur aurait cramé les cheveux discrètement, ou aurait réarrangé l'ensemble de la façon la plus immonde possible. Mais Amy était une fille bien, et avait été élevée par un homme d'une patience infinie. Elle les coiffa bien.
Les deux pestes passèrent deux jours sans manger, autant pour rentrer dans leurs vêtements que parce que l'excitation leur coupait l'appétit. Elles durent refaire leurs manucures une dizaine de fois à force d'esquinter leurs ongles sur des fermetures éclair qui ne voulaient pas se refermer sur leurs imposants arrières-train. Toujours devant leurs miroirs, elles essayaient toutes les poses imaginables pour se rendre plus minces sur leurs selfies pré-soirée.
L'heureux jour arriva enfin. Amy les suivit des yeux le plus longtemps possible, et quand elle ne les vit plus, commença à pleurer. Elle s'enferma dans le sous-sol, lança Radiohead et se demandait à voix haute pourquoi elle devait subir ce genre d'humiliation en permanence. Pourquoi elle devait être une gentille fille. Pourquoi son père n'était jamais là pour la défendre.
Les chansons s'enchaînait, et elle se calmait doucement.
« Papa travaille beaucoup. Maman m'a bien élevée. J'ai un toit au dessus de la tête...C'est pas si ma- »
Creep s'arrêta brusquement et les hauts-parleurs (seule, elle avait débranché le casque) commencèrent à cracher les premières notes de Basket Case. Amy sursauta. Elle n'avait pas réussi à garder tous les Cds de sa mère, Green Day faisait partie des quelques groupes qu'elle n'avait pas pu sauver du ménage par le vide de sa belle-mère. Ahurie, elle s'aperçut qu'en prime de la fumée commençait à sortir des enceintes.
Elle courut vers la porte du sous-sol. Verrouillée. Elle tapa et cria de toutes ses forces, mais la maison était vide, et personne ne pourrait l'entendre depuis la rue. Ses genoux la lâchèrent. Elle allait mourir là ? D'un incendie bizarre ? Dans la CAVE ?
La fumée montait et tournoyait et prit une forme presque humaine pendant que Billie Joe continuait à chanter.
ZAP
Un éclair força Amy, qui attendait sa dernière heure, à lever la tête. Devant elle se tenait un grand brun aux cheveux hérissés qui toussait en essayant de dissiper la fumée autour de lui. C'était un grand gars musclé mais très sec. Il avait un bracelet de force à chaque poignet, un joker tatoué sur l'avant bras, un vieux t-shirt noir taché de peinture verte qui tombait sur un bermuda en jean déchiré et trop grand pour lui. Une chaîne sur le côté et d'énormes chaussures de skate aux pieds.
Amy hurla.
Le type aussi.
« - WOH ! Tu descends d'un étage en toi-même de suite, miss ! Ça va pas d'hurler comme ça ?
- Mais...mais... »
Amy déglutit.
« - QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ CHEZ MOI ? VOUS ÊTES QUI BORDEL ? »
Le type agrandit un peu les yeux, l'air surpris, et regarda mieux autour de lui.
« - Il te font vivre dans une cave ? T'es quoi, Harry Potter ? Non mais sérieusement, il était temps que je débarque, n'importe quoi...barbares...bourges imbus d'eux-même...aucune dignité... »
Il avait entrepris de réarranger les disques autour de lui et les dépoussiérait en marmonnant.
Amy, sous le choc, glissait doucement vers l'indignation. Elle dégagea un pied de lampe du carton le plus proche d'elle et le brandit vers l'intrus.
« - Si vous ne me dites pas ce que vous fichez là, je vais vous…
-Tu vas quoi, miss ? »
Le parfait sourire de tête à claque. Désespérée, elle tenta une dernière fois :
« - Mais vous êtes qui...Bon sang, tu parles d'une soirée...Les saloperies se barrent à une fête où de toute façon je suis pas invitée, pour une fois que j'ai une soirée un peu tranquille, je me retrouve enfermée au sous-sol avec un punk-rocker qui range mes disques. Mais c'est quoi cette soirée de merde...J'en ai marre de vos conneries putain, j'en ai marre…
-Ah ? De quoi donc ? »
Il ne se retournait même plus pour lui parler, absorbé par la collection. Amy explosa.
« -J'en AI RAS LE CUL DE VOS CONNERIES PUTAIN. JE SUIS QUOI, MOI ? L'esclave de la famille ? Pourquoi ? Parce que mon père peut pas être là et que ma belle-mère et ses putains de filles me marchent dessus, c'est une invitation pour le monde à faire pareil ? Parce que je défonce pas tout, vous croyez que ça me fait kiffer de nettoyer vos merdes ? BARRE TOI, CONNARD, BARRE-TOI. Tu crois quoi ? Que je suis là pour le fun ? Moi aussi je veux aller à cette putain de soirée ! Moi aussi, je veux m'amuser ! Je veux rire, je veux danser, je veux avoir 17 ans, et pas comme toutes ces pouffes en talons qui vont remuer du croupion pour se trouver un mec avant la fac ! Je veux les 17 ans de concerts, de bouquins, de fun, de rock auxquels j'ai DROIT . »
Elle lança le pied de lampe qu'elle tenait toujours contre le mur, juste à côté de l'intrus. Elle eut le réflexe de vouloir s'excuser, mais sa juste colère prit le dessus, et elle attendit en silence. Le type se retourna doucement, regarda les débris à côté de lui, et contempla Amy quelques secondes avant de pencher sa tête en arrière et de rire, rire, du rire le plus honnête, le plus communicatif qu'Amy n'avait jamais entendu. Il essuya une larme sur sa joue.
« - Alors tu vas y aller, à ta fête, et tu vas vivre en soir de quoi rattraper les dernières années, où je suis pas digne de mon rang.
- Comment tu...Mais t'es qui au juste ?
- Ton parrain le bon korrigan. T'as qu'à m'appeler Kay. Pose pas de questions et attrape le skate derrière toi. On va dehors. »
Elle entendit le verrou de la porte se débloquer pendant qu'il finissait sa phrase. De plus en plus perdue, elle fit ce qu'il lui avait demandé et le suivit, en se demandant si elle ne s'était pas violemment cogné la tête quand le CD avait sauté et si elle n'était pas en train de rêver.
Dans la cour de la maison, il tendit la main vers elle et Amy lui tendit aussitôt l'objet, sans arriver à deviner ce qu'il allait en faire. La déposer avec à la fête ? Autant rester enfermée au sous-sol…
Kay lissa doucement le skate de la paume de la main, enleva deux grains de poussière imaginaires d'une roue et claqua des doigts. Le skate flotta vers le sol, entouré d'une fumée de plus en plus dense et importante, qui se dissipa pour laisser place à une magnifique Chevrolet old school. Une chevelle 150, selon ce que Kay annonça fièrement. Il tapa ensuite du pied sur le sol, plusieurs secondes, les bras croisés.
« - T'as un animal de compagnie ?
- ...Une de mes sœurs a un lapin nain…
- Ramène-le. »
La pauvre bête, un lapin bélier noir, tremblait comme une feuille quand elle se retrouva dans les grandes mains de Kay, qui la caressa doucement jusqu'à ce qu'elle se calme et claqua de nouveau des doigts. Saisie, Amy vit un genre de Freddie Mercury hispter apparaître dans son jardin. Il avait une moustache presque plus belle que l'original. Il monta d'un bond au volant de la Chevrolet, sortit des Ray-Bans de la boîte à gants et attendit, appuyé sur le volant.
Kay se retourna vers Amy.
« - Eh beh ? Voilà de quoi y aller, à ton parté, là ! Je t'autorise à me faire un câlin et à dire combien je suis formidable.
- Oui, c'est vrai que c'est incroyable...dit Amy prudemment, mais…
- Mais quoi ? T'as la caisse la plus cool du monde, un chauffeur garde du corps qui a tellement de classe que Barney Stinson lui même tomberait amoureux, et t'en veux encore ? Tu… »
A ces mots il réalisa enfin que la jeune fille en face de lui était sapée pour un déménagement d'ampli ou une session au skate park. On avait beau être punk rocker, on allait pas en soirée classe en t-shirt-jean-converses trouées. C'était le moment de sortir les fringues qui avaient été trouées exprès.
Il se gratta la tête un instant, sourit, et se rapprocha d'Amy. Il lui ébouriffa soudain les cheveux si fort qu'elle eut peur qu'il s'emmêle les mains dedans à vie. Elle était si occupée à essayer de le faire lâcher prise qu'elle ne remarqua pas la fumée qui l'entourait et qu'elle ne sentît pas sa posture changer.
Quand Kay la lâcha enfin, elle portait un simple t shirt noir savamment déchiré à l'épaule gauche, coincé dans slim en jean brut attaché par deux ceintures en cuir cloutées qui lui tombaient sur les hanches. Il était légèrement griffé sur le genoux, et on voyait au travers un collant rayé noir et vert. Elle avait comme Kay un bracelet de force à chaque poignet et les cheveux à moitié ébouriffés, striés de quelques mèches décolorés presque à blancs. La fille derrière laquelle courait tous les groupes dans leurs clips. Celle qu'Avril Lavigne avait un jour voulu être, la Girl at the Rock Show de Blink-182. Il lui passa aussi une paire de New Rocks et l'avertit de ne pas dépasser minuit, d'une parce que la magie se dissiperait, de deux parce que si sa belle-mère et autres rentraient avant elle elle risquait d'avoir plus de problèmes que simplement rentrer à pied avec un skate et un lapin nain.
Ébahie et heureuse, elle promis à son parrain de ne pas oublier, dansant presque en s'installant dans la voiture.
Le garçon qui recevait reçu rapidement un tweet l'avertissant de l'arrivée de la fille la plus extraordinaire qu'on ait jamais vu, et que personne ne la connaissait. Il couru la trouver, lui ouvrit la porte, les bras, le cœur en un instant, et la mena là où la soirée se tenait principalement. Le DJ fit ripper son disque, les conversations s'arrêtèrent, plus personne ne danser ou ne draguait tant on détaillait cette fille superbe qui venait de rentrer. On n'entendait confusément qu'une rumeur : « Qu'est-ce qu'elle est belle ! »
Le père de l'hôte lui-même, tout occupé qu'il était à surveiller un peu les jeunes, sourit en la voyant et glissa à sa femme qu'il y avait longtemps qu'il n'avait pas vu une fille de cet âge qui avait autant de gueule et semblait porter son caractère sur elle. Toutes les filles étaient attentives à sa coiffure et sa tenue, cherchant déjà discrètement sur Amazon à acheter la même, pourvu qu'elles puissent atteindre la même impression de beauté sans effort qu'elle affichait.
Le fils la mit à la meilleure place, et l'invita à danser. Elle portait si peu d'intérêt à ce qu'on pouvait penser d'elle, tant elle était heureuse d'être là, que ses pas maladroits et mal exécutés dégageaient trop de joie pour qu'on puisse la critiquer et qu'on l'admira encore davantage. Le buffet était garni de tout ce qu'on pouvait espérer à une fête pareille. Le fils n'approcha pas la moindre part de pizza tant il était occupé à la regarder. Elle retrouva ses sœurs et leur fit la conversation un moment, leur racontant les gentillesse du jeune homme, ce qui les étonna fort, parce qu'elles ne l'avaient pas reconnue.
Alors qu'elles discutaient, Amy entendit une invitée s'exclamer qu'il était déjà 23h45. Elle commença aussitôt à saluer tout le monde, et s'en alla le plus vite possible.
Rentrée chez elle, elle trouva Kay qui l'attendait sur les escaliers de l'entrée et le remercia avec énormément d'émotion, et lui demanda s'il acceptait de la laisser y retourner le week-end suivant, le jeune homme l'ayant invitée de nouveau. Comme elle était occupée à tout lui raconter de sa soirée, elle entendit la voiture de sa belle-mère dans l'allée et partie se cacher dans sa chambre, faisant celle qu'on avait réveillé.
« - Vous en avez mis, du temps, dit-elle en baillant, en se frottant les yeux, et en s'étirant comme si elle sortait du lit.
-Si tu étais venue, lui dit l'une, tu ne te serais pas ennuyée. Y a une fille qui s'est pointée, mais la fille la plus classe, la plus sexy, la plus rock'n'roll que j'aie jamais vue. Elle a parlé avec nous un moment et nous a complimenté et tout. Tout le monde la regardait. »
Amy tremblait presque de joie. Elle leur demanda le nom de la jeune fille, mais elles lui répondirent que personne ne la connaissait, qu'elle était partie presque comme une voleuse et que le fils du maire était complètement abattu, qu'il avait lancé des recherches sur tous les réseaux sociaux possible pour la retrouver. Amy sourit et leur dit :
« - Elle était si jolie, qu'il lui courre derrière comme ça ?
- Ton cynisme de merde, là, tu te le gardes. Elle était super belle mais en plus ils ont passé la soirée à rigoler, à danser, déjà elle était super gentille avec nous, mais en plus apparemment elle est super intelligente et calée sur plein de trucs, à ce qu'il a dit. »
Amy rougit, un peu émue.
« - Pardon, c'est que j'aimerais bien la voir aussi… Y a une autre soirée samedi prochain, non ? Anna, tu me passerai ta robe jaune que tu mets souvent ?
- GENRE, bien sûr, je vais prêter une Sandro à une pauvre fille qui traîne la journée dans la crasse. T'as cru quoi ? »
Amy s'attendait à ce qu'elle refuse, et s'en réjouit. Si ça sœur avait accepté, son plan serait tombé à l'eau.
Le samedi suivant, les deux sœurs allèrent à la fête, et Amy aussi, mais Kay s'était surpassé. Le fils était toujours auprès d'elle, s'excusait de la coller mais disait avoir trop peur qu'elle disparaisse encore. Il était gentil, beaucoup plus timide qu'il en avait l'air (il essaya vaguement de lui prendre la main, rouge vif) et surtout curieux d'énormément de chose. Elle ne s'ennuyait pas avec lui, et oublia cette fois ce que Kay lui avait recommandé. Elle entendit les invité se plaindre qu'il était déjà minuit alors qu'elle pensait qu'il n'était même pas encore 23 heures. Elle se leva d'un bond et s'enfuit à l'écureuil, se faufilant entre les invités sans presque les frôler. Le jeune homme essaya de la suivre, de l'appeler, mais il n'arriva pas à la rattraper. Un de ses bracelets, mal fermé, était tombé derrière elle et il le ramassera soigneusement. Amy arriva chez elle essoufflée, le skate à main, le lapin dans les bras, dans ses habits de tous les jours, son deuxième bracelet comme seul souvenir de sa soirée. Il demanda aux gens qui prenaient l'air dehors s'ils l'avaient vu passer ils dirent qu'ils avaient juste vu sortir un genre de punkette bizarre, qui avait plus l'air d'être passé faire les poussières que la fête.
Quand les deux sœurs revinrent de la fête, Amy leur demanda encore si elles s'étaient bien amusée, et si la jolie fille était venue. Elles dirent que oui, mais qu'elle s'était encore enfuie à minuit, si vite qu'elle avait perdu un de ses bracelets en cuir lourd, un objet magnifique, que le fils du maire l'avait ramassé et qu'il n'avait pas arrêté de le regarder pendant le reste de la fête, et qu'il était certainement fou accroc de sa propriétaire.
Elles étaient dans le vrai. Quelques jours après, les comptes twitter, tumblr et facebook des jeunes de la région relayaient l'invitation du jeune homme à se faire présenter toutes les filles du coin ayant assisté à la fête et susceptibles de porter ce genre d'accessoires avec cette phrase :
« On est en désaccord sur plein de sujets, tu me dois de revenir essayer de m'expliquer pourquoi tu as raison et moi pas. Au cas où, sache qu'en plus je fais bien les crêpes au sucre et que j'envoie jamais de requête Candy Crush. »
Comme on se l'imaginait, un paquet de filles se présentèrent, plus des trois quarts récemment converties au punk rock en voyant Amy à la soirée et qui se retrouvaient honnêtement dans le message du jeune homme, qui désespérait de voir de plus en plus de fausses blondes aux yeux noircis commencer par « Taylor Momsen est mon idole, ma marque préférée c'est Nirvana. »
Il se renfrognait et devenait de plus en plus cassant et triste. Il n'en laissa aucune toucher le bracelet. Elles en portaient déjà toutes, des imitations en skaï immonde payées 3€ et achetées en vitesse au Claire's du centre-ville.
Amy était arrivée discrètement, dans sa tenue habituelle, et sourit de la situation.
« - Ma main au feu que c'est ma taille !
- Évidemment, répondit le jeune homme avec colère, c'est du régl- »
Il s'arrêta en croisant le regard d'Amy. Les deux sœurs, passée pour commérer sur les nouveaux looks, se mirent à rire et à se moquer d'elle.
« - Et en plus, je pense qu'il irait super bien avec celui que j'ai déjà là. » ajouta-t-elle en souriant, sans quitter le jeune homme des yeux.
Kay, qui avait déposé la jeune fille et regardait la scène de loin sourit à son tout, claqua et des doigts et partit en sifflotant Alien Exist. Amy, de nouveau transformée, attrapa la main du jeune homme du bout des doigts, timidement, pendant que lui souriait de plus en plus largement.
Les deux sœurs, médusées, regardèrent leur sœur partir avec le type le plus convoité de la ville.
Ils sortirent longtemps ensemble et vécurent énormément de soirées qu'ils ne virent pas passer, à regarder le ciel en musique comme à se déchaîner pendant des concerts devenus légendaires.
Amy finit ses études et quitta la ville et la maison de sa famille pour aller à l'université, par un heureux hasard, la même que lui avait choisi. Kay apparaissait brièvement quelque fois pour discuter, où squatter sa collection de disque.
Un jour qu'elle sortait de cours, elle leva les yeux vers le ciel et réalisa que sa chance avait tenu à un encouragement léger mais salvateur, et qu'elle avait gagné le moment qu'elle vivait. La magie sauve l'instant, c'est sa volonté qui avait changé le reste.
- Émilie !
Elle tourna la tête pour regarder son homme courir pour la rattraper.
« J'ai tellement hâte de voir la suite ! »
