Résumé : Dumbledore n'a jamais existé. Sous le gouvernement de Grindelwald, les nés-Moldus sont traqués et exterminés. Hermione, miraculée, est exilée en Italie après le meurtre de sa mère… et rêve de vengeance. Sa volonté pourrait changer le destin de tout un continent.

Couple : vous le découvrirez plus tard.
Les personnages de JKR seront bien présents.

A présent, nous sommes le 11 décembre au soir, et je vous souhaite une excellente lecture...

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SORCIERE en HIVER

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Pour tous les habitants du quartier résidentiel de Dixton, le 11 décembre 1991 devait être le jour d'un tragique fait divers : celui de l'assassinat d'Evannah Granger.

Ce onze décembre au soir, derrière une baie vitrée lumineuse, trois personnes jouaient aux cartes. C'étaient Evannah, son mari et sa fille. Ils s'étaient installés à Dixton après avoir reçu l'appel à exercer de l'Ordre des Dentistes du Pays de Galle, il y a une dizaine d'années, et menaient depuis une vie sans histoire. On ne leur connaissait pas d'ennemis, avait témoigné la voisine. Pas d'ennemis assez terribles pour faire… ça.

Ce soir-là, deux hommes étaient apparus près du pavillon des Granger. Nul n'aurait pu dire à quoi ils ressemblaient : une ample cape ébène masquait leurs traits. Les étoiles brillaient lorsqu'ils entrèrent dans le jardin glacé. Ils passèrent un bref instant sous la lumière du lampadaire, mais on n'en vit pas davantage. Ils marchaient vite. Ils étaient pressés.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant la baie vitrée, ils partagèrent une longue respiration. Puis l'un d'eux sortit de sous sa cape une baguette tremblante. Un rayon de lumière en jaillit et la baie vitrée explosa. La surprise des Granger fut totale.

L'un des hommes s'avança sur les débris de verre. Sous la capuche noire, on ne voyait qu'un menton et un sourire. Il tourna la tête vers son compagnon.

— Je propose qu'on commence par un Doloris.

L'autre acquiesça. Il brandit sa baguette vers le père.

Le rayon le frappa en pleine poitrine.

Le pauvre homme hurla. Sous les cris suraigus de sa femme, ses yeux se révulsèrent. Il eut un hoquet malheureux, s'étouffa à demi, et enfin tomba immobile.

— Oh, la ferme ! grommela l'autre agresseur alors qu'Evannah se précipitait vers son mari en criant.

Il leva sa baguette et, d'un mouvement souple qu'il dessina dans les airs, il lui trancha la gorge.

La femme hoqueta. Un flot vermillion jaillit de son cou pour imprégner le sol.

Elle ne devait jamais rejoindre son mari. Elle s'effondra à mi-chemin, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.

— Où est la gamine ? marmonna le plus bavard. Ah. Ici.

Hermione tremblait. Elle s'accrochait désespérément au corps inerte de son père. Elle avait manqué sa chance de fuir.

L'un des agresseurs la pointa avec son arme. Le rayon vert fusa.

Mais le sort ne devait jamais la frapper. Dans un accès salvateur de magie instinctive, Hermione transplana, entraînant avec elle son père qu'elle n'avait pas lâché.

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Hermione n'avait jamais fait de magie, oui oui oui, elle était juste très forte aux cartes. De toute manière, la magie n'existait pas – enfin si, elle existait. Mais elle n'était pas surnaturelle –.

Intéressant, n'est-ce pas, de vouloir se persuader de cela lorsqu'on venait juste de se téléporter de son salon à l'aire de jeux au beau milieu de la forêt, juste après que deux magiciens aient coupé la gorge de votre mère sans même l'approcher et que vous vous accrochiez désespérément à père perclus de douleur.

Soit ses cauchemars atteignaient le comble du glauque, soit oui, elle pouvait se remettre en question. Et paniquer.

Hermione n'aimait pas paniquer. Ce n'était pas rationnel. Elle n'aimait pas ce qui allait à l'encontre de la logique et par conséquent, elle détestait le cauchemar qu'elle était en train de faire. Elle savait d'instinct qu'un monstre allait apparaître des sous-bois alors qu'elle venait tout juste de sauver sa peau : c'était toujours comme ça dans les cauchemars. Elle était donc consciente qu'il fallait s'organiser pour survivre, et vite. L'autre option était de se suicider mais elle était une grande fille et elle ne voulait pas se réveiller en hurlant et réveiller ses parents. Elle chercha donc un branchage et se concentra de toutes ses forces pour le changer en épée : elle reconnaissait la forêt, c'était la forêt de Dean et on lui avait raconté qu'il s'y cachait des dragons (et quoi de mieux qu'une épée pour lutter contre un dragon ?).

Mais la branche ne s'agrandit pas. Hermione se trouva bête. Elle avait le choix entre grimper à un arbre en hissant son père, creuser un fossé – parce que dans les rêves c'était toujours plus rapide – ou essayer de trouver un chemin au hasard. Mais cette option était très mauvaise. Même si elle connaissait le chemin, ses rêves se chargeaient toujours de changer la géographie.

Il fallait donc qu'elle reste sur place. Et, pour la tâche qu'elle devait accomplir, elle avait besoin d'aide.

— Papa ?

— Hermione, coassa son père.

Il avait des coupures sur tout le corps. Hermione se demanda s'il serait en mesure de lui donner un coup de main. Cela paraissait peu probable – il tremblait de partout – mais elle ne perdait rien à essayer.

— Je voudrais creuser un fossé pour nous protéger des monstres. Tu m'aides ?

Il gémit. Hermione le regarda. Il paraissait un peu trop faible.

C'est alors que la première goutte de pluie tomba.

Il ne pleuvait jamais dans les cauchemars. C'était une règle fondamentale, tout comme il n'y avait pas de couleurs, d'odeur ou de douleur. Hermione savait ça comme elle savait que son père n'y était jamais en état de faiblesse. Elle tendit la main : de l'eau tomba sur sa paume. Dans les cauchemars, l'eau ne mouillait jamais, et ce n'était pas le cas de cette eau-là.

— Est-ce que tout ça est réel ?

Hermione se pinça. Ça faisait mal. Et puis il faisait froid, et elle n'aurait jamais dû ressentir ça dans un rêve.

—C'est donc réel, murmura-t-elle avec horreur.

Donc la magie existait. Donc elle s'était téléportée en pleine forêt. Mais surtout, donc, sa mère était en train de se vider de son sang dans le salon. En compagnie de tueurs fous furieux. A une heure de marche forcée.

Il fallait qu'elle appelle la police.

Non, il fallait qu'elle appelle une ambulance.

—Papa, tu as ton portable ?

Il ne répondit pas.

Hermione lui prit le pouls. Il était beaucoup trop rapide. Son corps était tout raide il s'était recroquevillé et balançait d'avant en arrière. Au moins il n'était pas mort, mais ça n'allait pas fort non plus.

Hermione lui fit les poches. Pas de portable. C'était bien sa veine : ce n'était pas ici qu'elle allait trouver une cabine téléphonique.

Il y eut un craquement sonore. Une femme apparut de nulle part. Hermione sursauta.

—C'est vous, dit la femme d'une voix tendue.

— Oui, c'est moi.

C'était la discussion la plus insensée qu'elle ait eu depuis des lustres, mais la situation n'avait rien de sensé. La femme les détaillait à travers d'étranges lunettes. Ç'aurait bien pu être la continuité de son rêve, qui aurait cessé d'être un cauchemar, sauf que tout ça était bien réel. Au moins la femme n'était-elle pas un homme. Derrière cette scandaleuse lapalissade, Hermione s'assurait qu'elle n'avait pas affaire aux assassins-magiciens.

— C'est ton père ? demanda la femme, qui n'avait pas fini de les disséquer de ses yeux noirs.

—Oui, murmura-t-elle.

—Il va bien ?

Hermione haussa les épaules. La réponse était quand même assez évidente. Maintenant qu'elle avait cessé de croire qu'elle était dans son lit, tous les petits détails – les larmes aux coins de ses yeux, ses poings crispés, les bleus sur sa peau blafarde – hurlaient l'état misérable dans laquelle il se trouvait.

— Vous avez un portable ?

La femme regarda nerveusement autour d'eux.

— Tu es folle ?! s'inquiéta-t-elle.

— Mon père a besoin d'aide. Et ma mère, aussi. Je ne veux pas qu'elle meure.

Hermione sentit son ventre se serrer. Maintenant qu'elle le disait, c'était comme si ce qu'elle avait pris pour une fiction basculait enfin dans la réalité. Elle en prenait conscience dans sestripes. Plus que ses tripes, c'était sa tête qui se mettait à tourner à plein régime. Son empathie.

Sa mère. Entourée de deux psychopathes. Agonisante.

Morte.

— Si elle est avec eux, dit la femme qui semblait un peu trop bien renseignée, alors c'est trop tard. Pour ton père en revanche… Revigor, prononça-t-elle en pointant sur son père un objet très fin.

Une baguette.

Son père reprit aussitôt des couleurs et se redressa. Il avait toujours l'air extrêmement désorienté. Il regarda la forêt qui l'entourait avec une expression hallucinée, puis il croisa le regard de la femme.

—Qui êtes-vous ?

Elle afficha un énorme sourire.

—Hestia Jones, dit-elle en lui tendant la main, enchantée. Je n'ai pas beaucoup de temps, précisa-t-elle.

— Pour quoi ? demanda-t-il, confus.

— Pour vous sauver, lâcha-t-elle sur le ton de l'évidence. Vos agresseurs vont arriver d'une minute à l'autre. Vous imaginez bien que si j'ai pu vous trouver, pour eux, ce sera un jeu d'enfants !

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« J'ai tué ma mère, » se répétait silencieusement Hermione. « J'ai tué ma mère et je ne m'en suis même pas aperçue. » Les paroles d'Hestia Jones tournaient dans sa tête sans qu'elle parvienne à s'en débarrasser.

« Monsieur William Granger, vous êtes un Moldu. »

Hestia ne s'était pas adressée à elle. Pas tout de suite.

« Cela signifie que vous faites partie de la foule de personnes qui ne maîtrisent pas la magie. Votre fille, par contre, est une sorcière.

— Et ma femme ?

— C'était une Moldue. Oui, des naissances spéciales peuvent se produire dans les familles sans magie. Je précise – parce qu'on m'a déjà fait ce coup une fois – que ce n'est pas un monstre et que ce n'est pas non plus Hollywood. Ce sont juste des pouvoirs. Comme celui de transplaner… »

Elle avait fait un geste pour englober la pièce. Dans la forêt, elle leur avait pris la main et ils s'étaient téléportés dans un petit salon aux fauteuils recouverts de velours d'un rose de très mauvais goût. Ça n'avait pas été une sensation très agréable – comme si tout leur corps était passé dans un rouleau compresseur –.

« Le problème qui nous amène ici, » elle avait désigné la pièce de nouveau, « n'est pas vous, ni même les pouvoirs de votre fille, mais la combinaison des deux. La plupart des sorciers de ce pays n'aiment pas que les leurs ne naissent pas au bon endroit.

— Vous voulez dire qu'ils n'aiment tellement pas ça qu'ils nous assassinent ?

— C'est exactement ça » avait reconnu Hestia en pinçant les lèvres avec une moue désapprobatrice. « Mais ne vous inquiétez pas. Je vais vous aider à quitter le pays. »

Comme il blêmissait chaque minute davantage, elle lui avait donné quelque chose à boire, puis elle avait fait exactement ce qu'elle avait promis. Elle les avait déposés dans un avion pour Milan et avait disparu. Juste avant, la bouche pincée et en tenant le téléphone du bout des ongles, elle avait appelé le SAMU.

« Si elle ne survit pas, ce sera marqué dans les journaux » avait-elle conclu. « Et comme je vous ai dit que je doutais que mon appel soit utile… »

Ça avait été juste ce qu'il fallait pour qu'Hermione se précipite pour vomir dans les toilettes.

Après ça, Hermione avait répondu par monosyllabes à son père qui ne parlait que pour se rassurer.

Le programme était donc le suivant : ils atterrissaient à Milan, ils prenaient le train de nuit pour Venise, et ensuite seulement ils seraient autorisés à réfléchir.

En d'autres circonstances, Hermione aurait adoré voyager avec son père. Mais c'était la nuit, il faisait froid – il n'y avait guère plus de deux degrés de gagnés sur la température anglo-saxonne – et ils n'étaient pas en vacances.

« Quelqu'un vous vous récupérera à Venise » avait expliqué Hestia, très pressée. « Je le connais, il s'occupera bien de vous. »

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A suivre ;)
Les chapitres suivants seront plus longs !