Titre : Le chantage

Rating : M

Pairing : Slash, Yaoi, Snarry

Disclaimer : Personnage de JKR, idée d'AudeSnape et texte de… Ah ben c'est moi !

Statut : Terminée (Quatre chapitres)

Résumé : Et dire que tout cela avait commencé avec une stupide histoire de chantage…

NdA: Tout ceci est le résultat d'un défi lancé par AudeSnape. Ça a juste un peu dérapé ensuite… L'intitulé du défi - des deux défis en réalité…- seront publiés en note d'auteur à la fin du quatrième chapitre.

Bêta : Merci à Yuko01 pour la correction rapide et efficace !


Hermione regardait son ami avec suspicion. Harry avait un sourire au coin des lèvres, et bien qu'il essayait de le cacher, il n'était pas très doué. En soit, ce n'était pas vraiment étrange, Harry était quelqu'un de souriant. Ce qui l'était plus en revanche, c'était qu'ils étaient actuellement au fond des cachots, dans la salle de classe la plus sombre de Poudlard : l'antre de la chauve-souris des cachots, le Professeur Snape.

Habituellement, Harry ne souriait jamais dans cette pièce. C'était, non seulement un endroit inopportun pour l'amusement, mais surtout une sorte de principe fondamental pour les Gryffondors. Ne jamais rire en présence de Severus Snape. De toute façon, c'était sujet à punition…

Le plus troublant était en réalité que le sourire d'Harry était tout sauf celui qu'ils avaient l'habitude de voir. Un sourire diabolique, Serpentard et perfide faisait un drôle d'effet sur ce visage presque angélique.

« Harry ? » murmura-t-elle.

Le jeune homme se retourna, un faux air innocent plaqué sur le visage. Il fronça les sourcils en s'adressant à elle lorsqu'il vit sa mine sérieuse.

« Quoi 'Mione ? »

« Qu'est-ce ce que tu as ? » articula-t-elle exagérément sans pour autant émettre un son.

Harry se contenta de feindre l'incompréhension avant de se retourner vers le devoir que le professeur lui avait rendu quelques minutes auparavant. Son air profondément satisfait n'était pas rassurant. Hermione se demanda un instant s'il n'avait pas trouvé sur sa copie un ingrédient mortel qu'il pourrait glisser dans le jus de citrouille de son professeur détesté. Enfin… Snape n'était pas du genre à boire un simple jus de citrouille. Elle l'imaginait plutôt en train de disséquer l'intestin grêle d'un rat tout en buvant un thé noir sans sucre. En bref, quelque chose de fort, racé et puissant en bouche.

Mais là n'était pas le sujet.

Harry avait définitivement l'air louche et Hermione était bien décidée à savoir pourquoi.

Lorsque Snape aboya la fin de la classe de septième année, Hermione rangea ses affaires à la hâte et se précipita vers la sortie où l'attendaient déjà les deux autres membres du Trio d'Or. Ils prirent immédiatement le chemin de la Grande Salle, l'estomac de Ron criant famine.

« Dis-moi 'Mione, combien as-tu eu à ce contrôle ? Si ta note est inférieure à Effort Exceptionnel, je pourrai plaider ça auprès de ma mère pour justifier mon T, » dit celui-ci avec espoir.

« J'ai eu Effort Exceptionnel Ronald, et laisse-moi en dehors des disputes de ta maman. Elle a bien raison de te secouer comme un prunier de temps en temps, tu ne fais aucun effort. »

« Mais- » commença le rouquin.

« Et toi Harry, » le coupa-t-elle. « Quelle est ta note ? »

« J'ai eu un Optimal ! » déclara le jeune homme avec fierté.

Si la mâchoire d'Hermione n'avait pas été si bien accrochée, elle serait probablement tombée. Harry l'avait surpassée en potion ? Invraisemblable…

« C'est une blague ? » demanda Ron, tout aussi stupéfait.

« Bien sûr que non ! » répondit Harry. « J'ai vraiment fait du mieux que je pouvais et Snape a dû le remarquer, » explique-t-il en haussant les épaules, continuant son chemin dans les couloirs.

Hermione fronça les sourcils.

« Harry, j'ai lu ton essai et il n'était pas terrible ! Tu as fait le strict minimum. Tu as même fini vingt minutes avant Ron, c'est pour dire ! »

« Hé ! » dit le rouquin, outré.

« Tu as lu mon essai ? » s'énerva Harry.

« Oh arrête un peu ! Tu l'avais laissé en plein milieu de la salle commune pour faire une partie de Bavboules avec Seamus. »

Harry rougit.

« Oh… Oh tu parles de ce jour-là ? Et bien… J'ai repris mon essai le lendemain pour le modifier. Je l'ai largement amélioré, » dit-il légèrement mal à l'aise.

« Tu l'as fait la veille, » asséna froidement Hermione, stoppant son avancée, les mains sur les hanches.

« Et bien oui… » répondit Harry de plus en plus rouge. « On avait métamorphose et sortilège juste avant potion et comme je ne comprenais de toute façon pas, j'ai repris mon devoir et j'ai changé des choses. Je me suis senti inspiré soudainement. Vraiment… » dit-il avec de moins en moins de conviction.

« Je ne te crois pas Harry, » répondit Hermione avec le nez relevé.

« Un Optimal, il a obtenu un Optimal… » se lamenta Ron à côté d'eux. « Comment je vais dire ça à maman… »

Harry et Hermione se tournèrent vers lui à l'unisson pour le voir, pâle comme s'il avait vu une araignée, tirer ses cheveux avec ses doigts.

« Eh mec… c'est pas grave tu sais… Molly n'est pas si terrible, » dit Harry, secrètement ravi de la diversion offerte par son ami.

« Tu n'imagines pas… » gémit Ron. « Elle a demandé une dérogation pour que quelqu'un de l'extérieur puisse entrer dans l'établissement et me donner des cours de soutien… »

« Quoi ? » interrogea Hermione. « Le Professeur Dumbledore n'accepterait jamais ça ! Nous sommes en guerre, tout le monde est très méfiant. »

« Oui, » répondit Ron l'air morose. « Sauf s'il s'agit de l'un des membres reconnus de l'Ordre du Phénix… Comme mon frère, Bill ! »

« Quoi ? Bill va venir te donner des cours particuliers ? »

« À moi et aux autres qui veulent participer… Il a quitté Gringott en même temps qu'il a quitté Fleur et il n'a toujours pas de travail depuis... »

« J'avais presque oublié… » murmura Hermione, se souvenant des évènements passés.

Après leur cinquième année d'étude, Bill s'était fait mordre par Greyback un soir de pleine lune où il était en surveillance du Square Grimmaurd. Il était avec Remus Lupin sur le palier devant la maison, discutant tranquillement, lorsqu'ils avaient vu Harry en sang sur le trottoir d'en face. Ni une ni deux, ils s'étaient précipités sur lui pour lui venir en aide. Mais évidemment, ce n'était qu'un leurre. Les Mangemorts avaient attrapé un moldu, l'avaient torturé et lui avaient donné du polynectar, contenant un cheveu de Potter, sûrement récupéré par un Serpentard.

Bien sûr, les deux courageux Gryffondors n'avaient pas réfléchi et s'étaient jetés dans la gueule du loup. Bill avait été mordu et les deux hommes avaient été capturés. Enfermés et torturés pendant des mois, ils avaient réussi à s'échapper de façon mystérieuse pour le Trio d'Or.

Ils s'étaient rapprochés au cours des mois qui avaient suivi, continuant l'entente forte qu'ils avaient entamé lors de leur détention. Ils avaient besoin d'en parler, de rester ensemble. Bill avait aussi besoin de conseils, d'informations sur sa nouvelle condition de loup-garou, mais il avait aussi besoin d'être rassuré… Ils avaient beaucoup parlé, jusqu'à connaître chaque détails de la vie de l'autre.

Et puis, un an plus tard, Remus Lupin était mort lors d'une attaque éclair au Chemin de Traverse.

C'était avec tristesse que Bill avait remarqué que le corps de Remus, dans son cercueil, ne souriait pas. C'était idiot car les morts ne pouvaient pas sourire, mais chez Remus, c'était encore plus marqué. Il y avait une grimace de souffrance discrète marquant ses rides.

D'après la rumeur, juste avant de mourir , une personne voyait sa vie défiler devant ses yeux… Celle du loup-garou n'avait pas dû être heureuse pour que, même dans la mort, il ne soit pas en paix.

Cette perte, au delà de l'immense peine qu'il avait ressenti, l'avait fait réfléchir. Il s'était demandé s'il était heureux. Il ne l'était pas.

Chaque jour, il sentait un poids de plus en plus pressant sur sa poitrine. Il se sentait opprimé, oppressé. Puis il avait compris. Son loup. Il retenait son loup. Il avait réprimé sa nouvelle particularité, sa deuxième âme, pendant longtemps, pour sa fiancée Fleur, sa mère, sa famille. Pour ne pas leur faire peur, pour ne pas les blesser, pour ne pas les faire fuir.

Ce que Remus avait fait toute sa vie.

Alors, Bill avait réagi. Il ne voulait pas mourir comme Remus ; malheureux, frustré, perdu. Il voulait être heureux, il voulait être lui. Il avait pris ses affaires et avait quitté Fleur, quitté Gringott et expliqué à sa famille son problème, tout ce qu'il avait sur le coeur.

Depuis, il était suivi par un psychomage qui avait diagnostiqué un choc post-traumatique.

« Vous n'imaginez pas… » gémit Ron, les sortant de leurs souvenirs. « Si Bill vient à l'école, je vais mourir de honte… »

« De quoi parles-tu ? » demanda Hermione en fronçant les sourcils.

« Vous pensez vraiment que Bill est un saint ? Pourquoi pensez-vous que Fred et George soient aussi farceur ? Ils ont eu de très bons professeurs. Non seulement Bill va me faire passer pour le raté de la famille, mais en plus, il va m'en faire baver. »

« Je suis sûr que tu exagères Ron, » répondit Harry avec de petites tapes sur son épaule. « Et puis… Tu n'as qu'à dire à ta mère que j'ai eu une mauvaise note. »

« Harry ! » cria Hermione, exaspérée.

« J'essaye de l'aider ! » se défendit Harry.

« Ma mère demande mes notes à Dumbledore… » dit Ron les épaules basses. « Et tu sais à quel point elle te considère comme son fils… Elle lui demande aussi tes résultats. Je ne sais pas si Dumbledore a accepté de les lui donner, mais s'il l'a fait et que je lui mens, je suis doublement foutu ! »

Harry fit une grimace et poussa légèrement son ami pour le faire avancer. Il ne savait pas quoi dire au rouquin, mais il savait comment gérer un Ron déprimé : la nourriture. Il ignora par la même occasion le regard suspect de son amie et dirigea le Trio vers la Grande Salle, soucieux.

Au-delà des problèmes de Ron, Harry avait un sombre secret et ne tenait pas du tout à ce qu'Hermione mette le doigt dessus. Mais il savait bien que son amie était curieuse et perspicace. Maintenant qu'elle avait repéré quelque chose, il devrait être très prudent.

Pour autant, il n'avait pas l'intention d'arrêter son petit manège. La sensation de pouvoir était trop bonne. Enfin il possédait sa revanche. Enfin il pouvait punir l'homme qui avait été si injuste avec lui. Enfin, il était en position de pouvoir par rapport à Severus Snape.

Ce qu'il faisait n'était pas très Gryffondor et cela ne lui ressemblait absolument pas, mais la tentation de faire ressortir son côté Serpentard avait été trop forte. Lorsque après une chute de balais et une visite à l'infirmerie, il avait vu son professeur se tordre de douleur, ses vêtements déchirés dévoilant la marque des Ténèbres, cela avait été trop tentant.

Il avait tout d'abord été choqué, mais il ne pouvait pas dire qu'il ne s'en doutait pas. Et puis un plan s'était monté dans son esprit : sa vengeance.

Harry était sorti discrètement de l'infirmerie et, après le cours de potion du lendemain, avait joué le tout pour le tout.

Flash back

« Professeur ? » appela Harry lorsque le dernier élève fut sorti de la salle.

Celui-ci releva la tête de ses copies, cachant sa surprise de voir un élève resté pour lui parler volontairement. Surtout cet élève-là…

« Potter ? N'avez-vous pas d'autres choses à faire que de m'empêcher de faire mon travail ? Comme vous pavanez dans les couloirs à essayer de faire passer votre énorme tête dans les por- »

« J'ai tout vu, » le coupa Harry sans écouter les insultes romancées de son professeur.

« Plaît-il ? » demanda l'homme en noir.

« Je vous ai vu hier à l'infirmerie, » répondit Harry. « Enfin, j'ai surtout vu une partie de vous que je n'aurais pas dû voir. Vous vous êtes d'ailleurs empressé de la cacher lorsque l'infirmière est arrivée. Ne sait-elle pas ? »

« Que voulez-vous dire ? » demanda le professeur d'une voix traînante, cachant tout trouble qu'il aurait pu avoir.

« Que vous êtes un Mangemort, » assena Harry.

« Vous êtes comme votre père, » répondit calmement l'homme. « Une imagination débordante et un plaisir malsain à semer la pagaille. »

« Peut-être, » dit Harry en haussant les épaules. « Mais je sais ce que j'ai vu et je suis sûr que si j'en parle au directeur, au comité et même aux parents d'élèves, ils me croiront. Je suis le Survivant. Je pourrais peut-être enfin me servir de cette notoriété que j'ai tant détesté. Et vous serez renvoyer. »

« Le directeur est au courant. »

« Et qu'en est-il de Fudge ? Des parents d'élèves ? »

« Vous ne feriez pas ça… »

« Vous croyez ? » demanda Harry, un faux air innocent plaqué sur le visage. « Vous savez que le Choixpeau a voulu m'envoyer à Serpentard ? Et mon côté Serpentard en a marre de se faire piétiner par votre foutue rancoeur ! Il en a marre d'être tourné en ridicule en permanence ! Marre d'avoir l'impression d'être misérable dès que nous sommes dans la même pièce ! Cette fois-ci ça suffit, je vais réparer les injustices que vous avez commises. Je vais me venger. Je vais vous faire regretter. »

Harry respirait fort lorsqu'il termina sa tirade. Pourtant, il ne prit pas le temps de se reprendre avant de continuer :

« Je veux être Auror, » dit-il en fixant son professeur dans les yeux. « Pour ça je dois avoir des bonnes notes en potion et vous allez me les donner, sinon vous perdrez votre poste et peut-être même votre liberté si vous ne courrez pas assez vite pour éviter Azkaban. Je veux un Optimal à chaque devoir écrit et une bonne note, mais réaliste pour ne pas trop attirer l'attention, pour chaque potion. Si j'ai un Optimal au prochain devoir je saurai que vous avez accepté. »

Dès qu'il eut fini sa phrase et sans un regard pour son interlocuteur, Harry tourna les talons et sortit de la salle de classe.

Fin du flash back

C'était plus de trois semaines auparavant.

La première copie que le professeur avait rendue, il avait susurré une phrase pour que seul Harry l'entende :

« Ne pensez pas que vous avez gagné… je vais vous écraser Potter… »

Au début, Harry avait eu peur, il ne sortait de la tour Gryffondor que pour les cours et les repas, ayant l'impression qu'il se prendrait un Avada entre les yeux dès qu'il serait seul. Mais les jours passant, il s'était dit que cette phrase anodine était peut-être juste une façon pour Snape de ne pas perdre la face.

En tous cas, il ne lui était rien arrivé et plus le temps passait, plus il avait l'impression que son plan était parfait.

Il surveillait tout de même toujours ses arrières. Snape était après tout un Mangemort et Harry n'avait aucune confiance en lui. Le professeur avait dit que Dumbledore était au courant et Harry était persuadé que c'était vrai. Le directeur savait toujours tout. Mais alors, pourquoi le gardait-il ? Était-ce une façon de garder ses ennemis proches de lui ?

Le Trio d'Or arriva dans la Grande Salle et, comme prévu, Ron se jeta sur son assiette, oubliant ses soucis. Hermione jeta des oeillades suspicieuses à Harry, mais s'abstint de tout commentaire et le repas put se dérouler dans une bonne ambiance.

.oOo.

Quelques jours plus tard, alors que Ron avait oublié cette histoire de tutorat, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent subitement.

Hermione et Harry jetèrent un coup d'oeil à celles-ci avant de braquer leur regard sur leur ami rouquin. Ils avaient bien évidemment reconnu le nouvel arrivant et il savait que l'effet serait dévastateur sur le moral de Ronald. Oui, ce serait un coup dur.

Bill Weasley avançait à pas vif sous le regard de tous les élèves de la Grande Salle. Il était beau et avait un style indéniable. Beaucoup d'élèves rougissaient déjà. Bill avait un petit sourire narquois aux lèvres et lui seul savait pourquoi. Lorsqu'il arriva à hauteur du Trio d'Or, il prit la parole bien fort pour que tout le monde l'entende :

« Ronnie ! Maman m'a donné pour mission de te faire un gros bisous sur chaque joue, pour te donner du courage pour tes cours supplémentaires. Par contre, tu m'excuseras, mais je ne vais pas le faire, vu le jus de viande qui coule sur ton menton, » dit-il en lui mettant de petites tapes dans le dos avant de partir vers la table des professeurs.

« C'est le début de mon humiliation… » gémit Ron avant de s'effondrer sur la table.

« Dur… » se contenta de dire Harry en lui tapotant l'épaule, sous l'oeil sévère d'Hermione.

Le Professeur Dumbledore, les yeux plus pétillants que jamais, se leva plus gracieusement que son âge aurait dû le lui permettre et pris la parole.

« Je vous présente à tous Bill Weasley, » dit-il en faisant un geste de main vers le rouquin. « Bill était à Poudlard il n'y a pas si longtemps. Il a été le préfet de la maison Gryffondor et a brillamment réussi ses examens de fin d'année. Il a ensuite travaillé pendant plusieurs années comme briseur de sort à Gringott. Il sera à Poudlard pour quelques mois et de façon complètement bénévole, afin de vous aider à réussir vos examens. Les cours de soutien sont optionnels et vous pourrez vous inscrire auprès de vos directeurs de maison respectifs. Merci de lui accorder un accueil des plus chaleureux. »

Aussitôt, un tonnerre d'applaudissements se fit entendre dans toute la salle. Certains Serpentards refusèrent de se mêler à l'enthousiasme mais les autres offrirent un salut poli. Déjà, certaines filles entreprenantes envisageaient de s'inscrire à ces cours et de séduire ce charmant nouveau professeur.

Ronald, de son côté, affalé sur la table, gémissait misérablement.

« Il va détruire ma réputation… Toutes ses années où j'ai tout fait pour être le meilleur des gardiens, pour enfin voir les filles tomber à mes pieds… Tout est fini. »

« Bon sang Ron, » s'énerva Hermione. « Ce n'est pas la fin du monde, la réputation ne fait pas tout. Réussir tes examens est bien plus important ! »

« Plus important que sortir de l'école toujours puceau ? » demanda le rouquin effondré.

« Ron ! » s'indigna Hermione.

« Surtout qu'on a parié en quatrième année, ça va te coûter un max, » rit Seamus à côté d'eux.

Il retourna cependant bien vite à son assiette lorsqu'il reçut un regard noir de la jeune fille aux cheveux broussailleux.

« Si je prends du polynectar pour ressembler à Harry ça compte ? » demanda Ron soudainement plein d'espoir.

Il prit un coup derrière la tête de la part d'Hermione et une exclamation indignée de son meilleur ami.

« Hé ! » cria celui-ci. « Tu ne fais pas de cochonnerie avec mon corps ! »

« D'autant plus que ça ne marcherait peut-être pas, tu sais bien qu'Harry préfère les muscles et les poils, à moins que tu ne veuilles te faire un mec… » réfléchit Dean.

« Mais non ! Même dans le corps d'un autre je garderai ma tête, donc je peux faire fonctionner son outil avec ce qui m'excite moi. Et si ça ne marche pas, je peux toujours me faire un mec, ça marcherait pas vrai ?! »

« Mais tu vas te taire ?! » hurla Harry en plongeant la tête de Ron dans son assiette.

Il força son ami à rester dans cette position et parla à voix basse pour que seules les personnes proches entendent :

« Je te rappelle que personne à part le dortoir et Hermione ne connaît mon attirance pour les hommes et j'aimerais que cela reste entre nous pour le moment. De plus, je te conseille vivement ne pas utiliser ma foutue notoriété pour pouvoir lever n'importe quelle greluche venue. Ouvre les yeux bon sang… »

« Y a-t-il un problème messieurs ? » demanda le professeur McGonagall, s'arrêtant derrière eux.

« Pas du tout, » répondit Harry avec un sourire forcé. « J'ai cru que Ron avait des poux, » dit-il en relâchant la chevelure de son ami. « Je vérifiais simplement. »

Le professeur de métamorphose lui lança un regard d'avertissement, ne croyant pas une seule seconde à son histoire, avant de se détourner et de reprendre son chemin vers la Grande Porte.

« Harry, » dit Ron en crachant une feuille de salade que son ami lui avait fait manger en lui plongeant la tête dans son assiette. « Où as-tu appris à mentir comme ça ?! »

Harry se contenta de hausser les épaules avant de continuer à manger tranquillement.

Lorsque le repas fut fini, ils se levèrent et furent rejoint par Bill qui crocheta le cou de son petit frère avec son bras.

« Alors les jeunes ? Qui va s'inscrire à des cours de soutien avec un mec super cool qui n'est d'autre que moi ? »

« Je pense que je vais le faire ! » répondit subitement Hermione.

« 'Mione… » soupira Harry. « Tu es la meilleure dans toutes les classes. »

« Oui, sauf en potion, » répondit-elle avec un regard suspicieux.

Harry se contenta de lever les yeux au ciel et continua son chemin.

« Tu sais, » lui dit Bill. « Personne n'avait encore vu Snape mettre une si bonne note à un Gryffondor. Si tu n'étais pas toi, j'aurais pu penser que toi et Snape étiez dans une relation plus intime que prof et élève. »

Harry écarquilla les yeux d'horreur et Bill éclata d'un rire tonitruant. La vie à Poudlard allait changer.

.oOo.

Une semaine après l'arrivée de Bill, Harry mangeait tranquillement au côté de ses amis dans la Grande Salle. Il ne faisait pas partie du groupe de soutien et passait la plupart de son temps à réconforter son ami Ron au bord de la crise de nerf, tout en évitant de répondre aux questions insistantes d'Hermione sur ses notes.

Effectivement, la vie avait changé.

Pourtant, Harry était loin d'imaginer à quel point au moment où il prit son verre de jus de citrouille.

Dès qu'il reposa son verre fraîchement vidé, il comprit que quelque chose n'allait pas. Une pression sur sa poitrine et un goût étrange dans sa bouche lui prouva qu'il avait raison. Immédiatement, il pensa à un empoisonnement.

Il leva les yeux vers la table des professeurs pour avertir le directeur, mais au lieu de voir des yeux bleus scintillants, il tomba dans deux lacs noirs sans fond. Les yeux de Snape étaient braqués sur lui et, comble de l'horreur, son visage affichait un sourire machiavélique.

Harry leva une main et la posa sur sa poitrine lorsqu'il sentit une torsion étrange. Snape… Snape lui avait fait quelque chose. L'instinct d'Harry lui disait que ce n'était pas dangereux et, lorsque les effets se firent sentir, il comprit qu'il avait raison.

D'un geste brusque, il se leva de son banc et couru vers les portes sous les regards anxieux. Au détour d'un couloir, il percuta quelqu'un mais n'y fit pas attention, se dirigeant vers son but : les toilettes.

Il entendit des pas derrière lui et ce fut lorsqu'il referma la porte des toilettes qu'il comprit que celui ou celle qu'il avait bousculé le poursuivait. Il continua tout de même ce qu'il était venu faire et, avec précipitation, enleva sa cape, son pull et déchira presque sa chemise.

Devant le miroir et sous ses yeux ébahis, il regarda ce qu'il avait soupçonné : il avait une poitrine.

« Putain, » murmura-t-il en touchant les appendices étranges qui ornaient maintenant son torse.

« Harry ? Qu'est ce que- » dit Bill en entrant dans la pièce.

Il s'arrêta cependant lorsqu'il vit les nouvelles forme du meilleur ami de son petit frère.

« C'est pas les miens ! » cria Harry en croisant les bras devant lui. « Il y avait un truc dans mon jus, » dit-il précipitamment.

« Calme toi… calme-toi… » dit Bill en s'approchant prudemment. « Tu dis qu'une potion a été glissée dans ton gobelet ? Une potion qui fait pousser une poitrine féminine et les cheveux ? »

« Les… quoi ? » demanda Harry en se tournant à nouveau vers le miroir.

Effectivement, ses cheveux avaient poussé jusqu'à ses épaules de façon chaotique. Il hoqueta de terreur et se tourna vers Bill, oubliant de cacher ses nouveaux attributs.

« Tu… hum… Tu crois qu'il n'y a que ça ? » demanda l'ancien briseur de sort avec un regard significatif vers son pantalon.

Harry pâlit et, brusquement encore, tira son jean et son boxer vers l'avant pour jeter un oeil.

Là où il y avait habituellement un pénis - qui lui allait d'ailleurs parfaitement bien - il n'y avait maintenant qu'une toison de poils noirs.

« Putain… » dit-il à nouveau. « Je suis une fille ! Je suis une putain de fille ! J'aime les gars d'accord ?! Mais c'est pas pour ça que je suis une fille ! »

« Harry calme-toi ! » s'exclama Bill en l'attrapant par les épaules, non sans jeter un oeil à la paire de sein qui ballota légèrement.

« Tu n'es pas une fille. Tu es un homme ! Un vrai. Maintenant reprends-toi et explique-moi. Tu dis qu'il y avait une potion dans ton gobelet ? »

« Snape… » murmura Harry.

« Snape ? Que vient-il faire là-dedans ? »

« C'est lui qui a mis une potion dans mon jus de citrouille ! »

« Pourquoi aurait-il fait ça ? » demanda Bill incrédule.

« Je le fais chanter ! Ok ? Je me le suis mis à dos ! Il avait le sourire ! Je sais que c'est lui. Qu'est ce que… Et puis… Je vais faire quoi ?! » hurla Harry en tirant sur ses cheveux long.

Bill voulait demander ce qu'était cette histoire de chantage, mais l'impératif maintenant , était de calmer Harry.

« Ok… Ok… Chut… » murmura-t-il en le serrant contre lui. « Ce n'est rien ne t'inquiètes pas. Je connais le sortilège pour couper les cheveux. Ma mère tenait absolument à me l'apprendre au cas où je veuille enfin me les couper comme elle l'espérait depuis si longtemps. Tu me laisses faire ? » demanda-t-il ensuite.

Harry hocha la tête frénétiquement et se recula pour laisser Bill sortir sa baguette, ce que celui-ci fit aussitôt.

Avec un mouvement souple et soigné, l'ancien briseur de sort murmura l'incantation qui permit aux cheveux de Harry de se raccourcir pour redevenir la réplique presque exacte de l'ancienne coupe ébouriffée d'Harry.

Celui-ci jeta un œil dans le miroir et soupira de soulagement lorsqu'il vit son reflet plus familier. Il grimaça cependant lorsque son regard se posa à nouveau sur la paire de seins qu'il possédait maintenant.

Ils n'étaient pas bien énorme. Un peu moins gros que ceux d'Hermione s'il pouvait se fier au peu de poitrines qu'il avait vu jusqu'à présent. De plus, elles étaient toujours couvertes d'une chemise au minimum et il n'avait jamais vraiment regardé. Il avait gardé ses tétons bruns mais ses poils avaient disparu. Apparemment, les seuls survivants de la potion avaient été ceux sous ses bras, sur ses jambes et au niveau de son intimité.

« Et pour ça ? » dit-il en pointant du doigt son nouveau fardeau.

« Pour ça quoi ? »

« Comment les enlever ? »

« Et bien… » dit Bill en se frottant la nuque l'air gêné. « Ce n'est pas aussi simple que pour les cheveux… Je ne suis pas chirurgomage et je ne sais pas… couper des seins ! Il va falloir demander à Snape si c'est bien lui et comment il a fait. De mon côté, je vais faire des recherches sur une telle potion. »

« Alors il faut les cacher ! » dit Harry avec détermination.

« Pourquoi ? »

« Je ne veux pas que qui que ce soit me voit avec ça ! »

« Très bien, très bien… » grogna Bill. « Ah ! » dit-il soudainement.

Il fit un nouveau geste de baguette et aussitôt, une longue bande de tissu en sortit. Il la tendit à Harry qui se contenta de lever un sourcil d'interrogation.

Bill soupira, prit la bande à deux mains et s'approcha du jeune homme. Il fit ce qu'il pouvait pour ne pas trop regarder, ni trop toucher, mais hélas, ne put s'empêcher lorsqu'il sentit la peau frémir sous ses doigts. Gêné et le rouge aux joues, il s'appliqua à poser la bande autour du torse du Gryffondor comprimant légèrement sa poitrine pour laisser le moins de relief possible.

Lorsqu'il eut fini, il recula et regarda le résultat.

« Et bien voilà, » dit-il avec entrain. « Avec ta chemise, ton pull et ta robe, personne ne remarquera cette particularité. Il faudra juste faire attention à te dénuder en privé… »

« Merci Bill, » soupira Harry.

« Pas de problème. Maintenant dépêche toi de te rhabiller, n'importe qui pourrait venir. Heureusement que c'est l'heure du repas. Je m'y rendais quand je t'ai vu avec tes cheveux qui s'allongeaient progressivement… »

Harry acquiesça et enfila son pull et sa robe. Il ramassa sa chemise dont tous les boutons avaient sauté et se tourna vers le frère de son meilleur ami.

« Je vais régler cette histoire, » dit-il avec détermination. « C'est entre lui et moi ! »

« Ne veux-tu pas me raconter ? »

« Pas maintenant Bill… Je veux juste aller me coucher et… ne plus penser. Merci de m'avoir aidé, » dit Harry en serrant l'ancien briseur de sort dans ses bras.

Toujours pris dans l'étreinte, ils entendirent la porte s'ouvrir et deux hoquets de stupeur.

« Oh non… » gémit Ron. « Ne me dit pas que tu te tapes mon frère… »

Bill serra plus fort et ricana. Il se pencha à l'oreille d'Harry pour lui susurrer :

« N'oublie pas de les sortir de leur bandage la nuit. Ce n'est pas bon de laisser de si beaux seins aussi comprimés. »

.oOo.

Le lendemain, lorsque Harry ouvrit les yeux, il sourit.

Il avait fait un rêve vraiment idiot. Cette histoire avec Snape le rendait fébrile et lui faisait avoir des pensées absurdes. Il avait rêvé que Snape l'avait transformé en femme ! Il avait des seins, des cheveux longs et surtout, plus de pénis. Rien qu'en y repensant, Harry avait des haut-le-cœur.

Pris d'un doute, il passa une main dans ses cheveux, s'assurant qu'ils soient toujours aussi courts. Parfait. Il se mit à rire lorsqu'il repensa à ce rêve idiot. Avec un soupir de contentement, sa main descendit sur son cou, puis sur son torse.

Mais il y sentit une protubérance inopinée et, fronçant les sourcils, malaxa légèrement.

Avec un cri bref et un peu trop aiguë pour lui, il se redressa dans son lit en comprenant ce qu'était la bosse sous ses doigts. Il toucha frénétiquement son corps pour confirmer ce qu'il ne voulait pourtant pas réaliser : il était une fille.

« Ça va mec ? » demanda Ron derrière les rideaux fermés de son lit à baldaquin.

« Ouais ! Ouais… » dit Harry en cachant sa poitrine sous le drap au cas où quelqu'un passerait la tête par la maigre ouverture. « J'ai… J'ai fait un cauchemar… Snape en petite tenue, tu imagines… »

« Mon pauvre vieux… » souffla Ron. « Je suis sûr que c'est une raison suffisante pour sécher le premier cours ! »

« Ne t'inquiète pas Ron… J'arrive, » dit Harry.

Il regarda autour de lui et vit le bandage que Bill lui avait invoqué. Alors, ce n'était pas un rêve… Il était réellement devenu une fille - ou une femme - à cause d'une potion de Severus Snape. Bill l'avait aidé, puis Ron était arrivé, accompagné d'Hermione.

Ces derniers s'étaient levés de table peu de temps après lui et étaient partis à sa recherche, d'abord dans le dortoir des Gryffondors puis avaient fait le tour des toilettes pour hommes de Poudlard. Lorsqu'ils avaient enfin trouvé Harry, celui-ci avait prétexté une subite nausée, mais son câlin avec Bill et sa chemise déchirée dans sa main prouvaient que ce n'était pas la principale cause de son absence.

Cependant, ils n'avaient rien dit et s'était contentés de raccompagné Harry au dortoir.

Et maintenant, Harry devait feindre que tout allait bien. Qu'il n'avait pas de poitrine. Qu'il était toujours un homme, toujours viril. Il ne pensait pas que le corps était si important dans l'identité, mais de tout évidence, il se sentait très vulnérable et bien moins sûr de lui depuis qu'il n'avait plus de pénis.

Il prit la bande de tissu et commença à l'enrouler autour de son torse. C'était compliqué, il n'avait encore jamais fait une chose pareille et c'était aussi légèrement douloureux.

Une fois fini, il enleva son bas de pyjama et évita bien de regarder entre ses jambes pour garder un soupçon de mystère. Il mit ses vêtements préparés à l'avance au pied de son lit et, lorsqu'il fut sûr que tout était parfait, sortit de l'abri confortable que formaient ses rideaux.

Derrière, Ron fourrait ses dernières affaires dans son sac, l'uniforme froissé, les cheveux en bataille. Il semblait que, comme d'habitude, il avait prit plus de temps dans une bataille d'oreiller avec ses colocataires que dans sa préparation pour les cours. Harry fit un mouvement de tête pour donner le départ et tous deux sortirent du dortoir.

En bas des escaliers, Hermione les attendait patiemment, un grimoire entre les mains. Lorsqu'elle les vit arriver, elle s'empressa de le fermer et de se lever. Comme d'habitude, elle lança un regard étrange à Harry, mais plus insistant cette fois-ci.

« Tu as changé… » dit Hermione. « Tu t'es coupé les cheveux ? Ils ont l'air plus courts... »

Harry déglutit et regarda son amie.

« Ne dit pas n'importe quoi, j'ai pas changé de coupe en pleine nuit… »

« Oui peut-être… » concéda Hermione.

« Et si nous allions manger ? » dit Harry bien trop gaiement pour que ce soit naturel. « J'entends d'ici le ventre de Ron s'exprimer. »

Hermione gloussa et Ron grogna. C'était une chose plutôt habituelle pour un matin de cours, et c'était réconfortant pour Harry d'avoir un semblant de normalité alors qu'il sentait que sa chemise cachait une paire de seins écrasée par un bandage.

« On a quel cours ? » demanda-t-il quelques minutes plus tard, alors qu'il s'asseyait à la table des Gryffondors.

« Tu devrais le savoir… Tu es sensé avoir fait tes devoirs… » soupira Hermione.

« Hum… Oui… c'est vrai. Mais j'ai pris de l'avance et je ne me souviens plus. »

« Et préparé tes affaires pour aujourd'hui… »

« Je l'ai fait hier soir et là… Je suis trop dans le brouillard pour réfléchir. Allez 'Mione dit moi s'il-te-plaît, » dit-il avec une moue triste.

« D'accord… » grogna-t-elle avec tout de même un petit sourire. « Nous avons métamorphose en première heure, sortilège en deuxième et potion cette après-midi. »

Harry fit tomber sa fourchette de surprise. Potion. Il avait déjà oublié. Aujourd'hui, il devrait affronter Snape pour lui demander d'enlever ses… choses. Mais vu comme s'étaient passées les dernières entrevues, les espoirs étaient minces.

Il releva la tête et regarda la table des professeurs. Comme la veille, Snape le regardait, un léger sourire sur les lèvres. Le bâtard graisseux savait très bien dans quel état il était et s'en délectait.

Harry tourna les yeux vers Bill qui, à la table des professeurs, les regardait à tour de rôle, l'air perplexe. Il ne serait d'aucune aide dans les négociations, mais au moins, il ferait des recherches pour annuler les effets de la potion… C'était déjà ça…

Imaginant la future confrontation avec le Maître des Potions, Harry était certain qu'il allait payer cher pour son petit chantage. En même temps, il avait toujours une information de taille dans sa manche : Severus Snape était toujours un Mangemort.

« Harry ? » dit Hermione à côté de lui, le faisant sortir de ses songes.

« Oh… Oui, pardon. Je repensais à mon rêve. »

« Beuh ! » gémit Ron à côté de lui.

Harry laissa le rouquin raconter à leurs amis l'histoire supposé de son rêve alors qu'il s'armait de courage et prévoyait tous les scénarios possibles pour cette rencontre.

Pourtant, il n'aurait jamais pu imaginer que son plan, au premier abord si parfait, allait prendre un tournant aussi radical.

À la fin de son cours de potion, le dernier de la journée, Harry attendit que tous les autres élèves soient sortis et se planta devant le bureau. Il avait eu du mal à trouver une excuse pour convaincre Ron et Hermione de le laisser seul, mais il avait finalement affirmé que le Professeur McGonagall avait organisé cet entretien pour que Harry puisse parler avec le Professeur Snape de ses difficultés en potion.

Cette excuse était très bancale, mais Hermione rayonnait de fierté lorsqu'elle avait vu qu'Harry semblait très motivé à une explication sérieuse. Ron, quant à lui, l'avait regardé comme s'il avait annoncé une liaison amoureuse avec Lucius Malfoy. L'expression était assez parlante…

Il était donc devant le bureau, essayant de garder son visage dans une grimace la plus arrogante possible alors qu'il avait juste envie de partir en pleurant. Cette potion avait agi sur ses hormones ? Ou était-ce juste une réaction normale au stress qu'il cumulait ? Il attendait tout simplement de savoir à quelle sauce il allait être mangé.

« Monsieur Potter, » dit le professeur d'une voix grave et basse. « Puis-je connaître la raison de votre visite ? »

Même si Harry n'avait pas regardé son professeur, il aurait senti son sourire narquois dans son intonation. Par les balloches de Merlin, cet homme se moquait ouvertement de lui !

« Rendez-moi ma… morphologie initiale ! »

Cette fois-ci, Snape avait ricané. Mais, vraiment ricané ! Au point qu'on voyait ses dents à travers ses lèvres fines. Salaud…

« Non, » répondit-il finalement d'une voix calme.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! » cria Harry. « Je vais vous dénoncer ! Je vais dire à tout le monde ce que vous m'avez fait ! »

« Allez-y. Vous devrez prouver à tout le monde que vous devez maintenant être appelé "la Survivante", » ricana encore Snape. « Vous allez devoir montrer vos seins et peut-être même votre vagin à Albus pour qu'il vous croit… »

« Je le ferai ! » scanda Harry nettement moins sûr de lui maintenant.

« Très bien, et quand se sera fait, vous viendrez m'expliquer comment vous pourriez le convaincre que c'est moi qui ai glissé cette potion dans votre jus de citrouille. »

« Je le ferai. »

« Vous lui direz comment vous pouvez imaginer qu'une potion a pu faire cela, alors qu'elle n'existe pas et que seul un très puissant sortilège de magie noire, impossible à faire à Poudlard, aurait pu vous donner une anatomie féminine. »

« Je le ferai… » dit Harry d'une voix assurée quoique légèrement tremblante.

« Et bien sûr, vous lui expliquerez pourquoi je l'ai fait… »

Harry qui s'apprêtait à répéter sa phrase, ferma la bouche si fort qu'elle claqua dans le silence de la pièce.

« Et bien oui, » dit Snape d'une voix moqueuse. « Vous lui expliquerez votre petit chantage à mon encontre et pourquoi j'ai dû réagir. Vous croira-t-il pour tout ça ? »

« Il… Il a une Pensine, je lui montrerai cette conversation. »

Snape ricana encore.

« La Pensine qui est en ce moment même dans un pièce scellée au Ministère ? »

« Qu… quoi ? » souffla Harry.

« Pensiez-vous vraiment que je me pliais à votre minable petit chantage sans aucune idée derrière la tête ? Avant hier le Ministre lui même est venu chercher la Pensine du directeur pour le procès programmé de deux Mangemorts présumés. Elle restera dans une pièce scellée avec les souvenirs pendant plusieurs semaines. »

Harry écoutait attentivement, de plus en plus pâle, de plus en plus persuadé qu'il allait devoir apprendre à vivre sans son précieux pénis.

« Je peux attendre plusieurs semaines, » dit-il.

« Bien sûr… C'est pour cette raison que vous êtes ici à me demander d'inverser la potion. Sachez simplement que je connais beaucoup d'autre potion, et au moment où Albus retrouvera sa Pensine, vous aurez oublié toute cette conversation. Vous serez toujours une femme, mais vous ne saurez plus pourquoi, ni à cause de qui. Vous avez cependant encore quelques jours pour accepter ma proposition. »

« Vous êtes toujours un Mangemort et je pourrais le dire à tout le monde. »

« Certes, et je ne compte pas vous enlever ce souvenir. »

« Pourquoi ? » demanda Harry la gorge serrée.

« Vous allez comprendre… » répondit simplement le professeur.

Le silence s'étira entre les deux hommes alors que Snape continuait à corriger négligemment ses copies, sans se soucier - du moins en apparence - de la conversation.

« Quelle proposition ? » demanda finalement Harry, les yeux baissés vers ses pieds.

« Je vous donnerai l'antidote si vous passez une soirée dans mes appartements, vêtu en femme. »

« Pardon ?! » s'étrangla Harry, relevant subitement la tête.

« Vous avez bien entendu. »

« Vous êtes complètement fou ! Vieux pervers ! »

D'un geste vif et fluide, le professeur Snape se leva de sa chaise et attrapa Harry par le col, le rapprochant de son visage jusqu'à ce qu'il soit presque affalé sur le bureau.

« Je n'ai aucun penchant pour ce genre de chose Potter et vous savoir à mes côtés pour toute une soirée m'exècre, mais vous serez humilié. Vous comprendrez l'utilité de cacher quelque chose qui vous fait honte. Vous comprendrez que parfois, nos choix, ont des conséquences désastreuses. Mais vous le comprendrez à plus faible échelle, pour que votre coeur de Gryffondor le supporte. Au lieu de l'humiliation public que je voulais vous réserver, vous vous contenterez d'une humiliation avec le professeur que vous aimez le moins. Vous pouvez vous estimer heureux. »

Après son discours, le Maître de potion, repoussa son élève avec force, ce qui le fit chuter sur son séant.

Harry, pâle comme la mort, recula sur les fesses, terrifié par la soudaine colère de son professeur. Pourtant, son courage - ou sa stupidité comme il l'appelait parfois - refit surface et il parla d'une voix tremblante, mais pleine de hargne.

« Il est hors de question que je fasse ça ! Allez brûler en enfer ! » dit-il avant de se relever à toute vitesse et de, courageusement, fuir le bureau.

Harry courut jusqu'à la salle commune de Gryffondor mais, complètement désorienté, ne trouva pas le mot de passe que le portrait de la Grosse Dame attendait. Sans prendre en compte les cris du tableau, il repartit en sens inverse.

Il se sentait oppressé et le dénouage de sa cravate ne changea pas ce fait. Il devait sortir, respirer l'air frais.

Se dirigeant vers la tour d'astronomie, Harry ne remarqua pas qu'il était de nouveau suivi. La seule chose qui tournait dans sa tête à ce moment précis étaient les remarques acerbes de son professeur.

Snape voulait lui faire honte, comme lui avait honte de sa Marque des Ténèbres. Les choix. Les conséquences désastreuses… Serait-il possible que Snape soit effectivement un espion pour l'Ordre du Phénix ? Regrettant le choix qu'il avait fait en ralliant les Mangemorts, il s'était tourné vers Dumbledore pour aider ? Cette suggestion même était risible. Pourtant, Snape avait été plus que jamais ouvert au moment où il avait dit toutes ces choses. Dans ses yeux transparaissait la vérité.

Bien sûr, Harry avait vaguement entendu parlé du fait que Snape était un espion mais d'une part, il n'y avait jamais cru, et d'autre part, il imaginait un espion comme dans les rares films policiers Moldus qu'il avait vu : un homme musclé habillé en noir et équipé de tout un tas de gadgets pour regarder de loin une réunion macabre entre deux hommes au crâne rasé.

Il avait au moins raison pour l'homme en noir et le crâne rasé de l'ennemi… Ça aurait pu être drôle si Harry n'avait pas été si désorienté. Jamais il n'avait pensé que Snape puisse être aussi impliqué dans les Mangemorts, et lorsqu'il avait vu la marque, il avait immédiatement pensé que l'homme s'était bien moqué d'eux et était devenu Mangemort dans le dos de Dumbledore.

Quoique cette histoire n'était pas logique non plus… Mais dans son esprit, Snape ne pouvait absolument pas faire partie des gentils.

Bien qu'il déteste cet homme, il ne pouvait pas souhaiter qu'il fasse partie des réunions qu'il avait vu parfois en rêve. Tout était toujours très flou, mais il y voyait le sang, la torture physique, psychologique… Non… Il ne le souhaiterait pas même à son pire ennemi. Imaginer que Snape en fasse partie, qu'il souffre de cette façon était… perturbant.

Arrivé en haut de la tour, Harry respira un bol d'air frais. La nuit commençait à tomber et il ancra ses deux mains sur la barrière pour regarder l'horizon. Malgré sa respiration profonde, il n'arrivait pas à faire le plein d'oxygène.

Avec rage, il dénoua sa cravate et enleva sa robe, la jetant par terre. Son pull et sa chemise suivirent le même chemin peu de temps après, et dans un état un peu second, il enleva le bandage autour de son torse et respira profondément, remplissant ses poumons et bombant sa poitrine.

« C'est la deuxième fois en deux jours que je vois ça, » dit une voix à sa droite.

Harry sursauta mais ne pensa pas à se couvrir. Bill avait déjà vu ce qu'il y avait à voir et de toute façon, il ne considérait pas cette paire de seins comme lui appartenant. Il se tourna seulement vers lui et lui sourit légèrement.

« Hey… » dit-il l'air morose.

« Oi, » répondit simplement Bill en essayant de ne pas lorgner sur la poitrine devant lui.

Le silence s'installa entre eux, seulement brisé par le souffle erratique d'Harry. Il pouvait enfin respirer et en profiter malgré le froid persistant qui lui provoqua la chair de poule et des tétons arrogamment dressés au bout de ses seins charnus.

« Tu as trouvé un antidote ? » demanda-t-il de façon posée, sachant au fond de lui que la réponse serait négative.

« Je n'ai même pas trouvé la potion pouvant provoquer un tel changement. Je connais un sort… mais c'est de la magie noire et il est irréversible… »

« Alors il m'a dit la vérité… »

« Qui ? » demanda Bill en posant des sorts sur la porte pour que personne ne puisse entrer dans la pièce ou entendre leur conversation.

« Snape. »

« Vas-tu enfin me dire quelle est cette histoire de chantage entre vous ? »

« Snape est un Mangemort, » assena Harry.

Il y eut un silence et Harry regarda l'ancien briseur de sort qui attendait la suite, sans réaction apparente.

« Et ? » demanda-t-il finalement.

« Il est Mangemort bon sang… Voldemort veut ma peau ! Il veut me tuer et je côtoie l'un de ses sbires tous les jours. »

Harry se tourna pour être dos à la rambarde et s'affala au sol, la tête dans les mains.

« Par les tétons dressés d'Harry Potter ! Tu ne l'as tout de même pas fait chanter à ce sujet ?! » cria Bill en se mettant à genoux à ses côtés.

Malgré tout ce qui lui passait par la tête, le Gryffondor ne put s'empêcher de s'étrangler de rire : les aînés des frères Weasley inventaient toujours des formulations étranges.

« Je ne sais pas si je peux te le dire, » murmura Bill. « Mais Snape est effectivement un Mangemort et il est un espion pour le compte de l'Ordre du Phénix. Il partage les informations et aide à garder le clan des ténèbres en échec. »

« Comment peux-tu en être si sûr ? »

« Il nous a libéré ! Lorsque nous étions enfermés dans les cachots du Lord Noir, Remus et moi, c'est lui qui est venu à notre secours. »

« Quoi ? » souffla Harry.

« Franchement… » soupira Bill. « Tu pensais sincèrement que nous nous étions enfuis seuls d'un château dont les défenses sont presque aussi lourdes que celles de Poudlard ? »

« Tu es un briseur de sort ! Remus était professeur de défense contre les forces du mal et vous êtes deux loup-garou qui plus est. Vous étiez deux sorciers puissants ! »

« Mais nous étions sans baguette Harry… Un sorcier sans baguette est complètement sans défense, n'oublie jamais ça… Quant à nos côtés loup-garou, à part nous entre-tuer à chaque pleine lune dans ce cachot sinistre, ça n'a servi à rien. C'est difficile à dire, mais je dois ma vie et mon respect à Severus Snape. »

« Je peux pas… Il… il m'a demandé de venir dans ses appartements et de passer la soirée habillé en femme pour me faire comprendre l'humiliation, les conséquences de nos gestes et d'autres bêtises. »

Bill ne put s'empêcher de pouffer derrière sa main.

« On ne peut pas lui reprocher de ne pas essayer d'être pédagogue. »

« Arrête de rire… » gémit Harry en donnant un coup d'épaule dans celle de Bill.

« Oh ne m'en veut pas Harry, c'est assez drôle ce qui t'arrive ! Je veux dire, tu as été transformé en femme. Sais-tu combien d'années j'ai essayé de faire ça à mes frangins ? En plus de ça, tu es plutôt pas mal, » sourit Bill, alors qu'Harry enlevait ses lunettes pour essuyer ses yeux dans sa chemise toujours au sol. « Tu as une ossature un peu forte pour une femme, mais c'est assez harmonieux. Et ses yeux par Merlin… » continua Bill en voyant son vis-à-vis le regarder à travers sa frange et sans ses horribles lunettes.

Il était l'image même de l'innocence en cet instant, avec ses grands yeux verts humides et ses cheveux en bataille. Il était toujours torse nu et ses seins se dressaient au-dessus d'un ventre plat. Il ressemblait à une jeune femme rebelle malgré sa mâchoire un peu carrée et ses épaules musclées. Harry était réellement séduisant. Ou était-ce séduisante ? Peu importe...

Pris d'une impulsion soudaine, Bill se pencha en avant et, avec douceur, posa ses lèvres sur celles du Survivant. Il leva sa main pour la poser sur la joue douce d'Harry avant de la plonger dans ses cheveux noirs. Pressant ses lèvres un peu plus, il gémit de plaisir et entrouvrit sa bouche pour y laisser glisser sa langue.

Harry, surpris et ne sachant pas encore si c'était de la bonne façon, ouvrit ses lèvres à son tour. Il enroula ses bras autour du cou de Bill et se rapprocha jusqu'à ce que leurs torses se touchent.

Un nouveau gémissement de plaisir les sortit tous les deux de leur transe, sans vraiment savoir qui l'avait émis.

Bill se retira lentement et posa son front contre celui d'Harry, la respiration légèrement haletante.

« Je suis désolé… » murmura-t-il. « Je... tu étais sexy devant moi… sans tes lunettes, les seins nus.. »

« C'est ça n'est-ce pas ? Ce sont les seins qui te plaisent chez moi. Tu sais que je suis toujours un homme, pas vrai ? »

« Oui je le sais… mais disons que je l'ai oublié un instant… Ce n'est pas que pour tes seins, Harry. Tu es beau à l'intérieur comme à l'extérieur. Le fait de te voir dans ce corps m'a juste donné la décharge supplémentaire pour tenter ma chance, mais… Même si j'aimerais dire que le sexe n'a aucune importance, je n'imagine pas avoir des rapports un jour avec un homme. »

« Comme je n'imagine pas avoir un jour des rapports avec quelqu'un qui fait partie de ma famille d'adoption… »

« Merci Harry, tu viens d'éteindre de façon spectaculaire mon début d'érection. »

Harry éclata de rire tout en lâchant le cou de Bill avant de s'éloigner de lui.

« Tout va bien n'est-ce-pas ? On est cool ? » demanda-t-il après quelques minutes de silence paisible.

« On est cool, » répondit Bill en se levant, aidant Harry à faire de même.

Celui-ci se rhabilla sommairement et se dirigea vers la sortie vers laquelle le briseur de sort l'attendait déjà.

« Au moins grâce à cette histoire, je suis maintenant sûr à cent pour cent d'être gay… » murmura-t-il avec un sourire, oubliant momentanément ses mésaventures de la journée.


Voilà, j'espère que ce début d'histoire vous plaît. La suite jeudi prochain. N'hésitez pas à me laisser des reviews pour me donner votre avis et à la semaine prochaine ;)