Un coup dans le sac de frappe puis deux, trois, dix, vingt, cent, sans s'arrêter à tel point que le sang commençait à rougir les bandes de tissus qui entouraient ses mains. La douleur irradiait dans ses bras mais ne parvenait pas à annilher sa colère. Alors, il continua à frapper, frapper, frapper.
La journée de travail avait été comme souvent épuisante, mais le plus dur avait été la conversation tendue qu'il avait eu avec elle le matin même. Il s'était résolu à poser la question qui le taraudait depuis la veille et sa réponse l'avait mis dans une rage folle. Quand à la fin de la journée, Gibbs leur avait ordonné de rentrer chez eux, il avait été soulagé de ne plus avoir à lui faire face. En gagnant l'ascenseur, il avait pensé à faire un footing pour se défouler mais la rigueur du temps l'en avait dissuadée. Il avait opté pour le sous-sol, la salle de sport et le sac de frappe, même si la boxe n'était pas vraiment son fort.
Il n'avait rien vu venir. Pourtant, il la connaissait bien, ses qualités comme ses travers. Mais il pensait naïvement qu'elle avait changé, que la nature de leur relation avait changé.
Elle avait couché avec Adam en Israël. Il se sentait trompé, trahi. Elle avait tenté de se justifier en lui parlant de la solitude éprouvée lors de l'enterrement de son père. Mais cette excuse, il ne l'acceptait pas. Il était là pour elle, il lui avait dit à l'aéroport lors de son départ mais comme toujours, elle l'avait tenu à distance et avait préféré les bras d'un autre pour se consoler.
Il était jusqu'alors confiant, presque certain qu'il ne leur restait que quelques pas à franchir pour être enfin ensemble. Et là, c'etait un véritable coup de poignard dans le cœur qu'elle venait de lui infliger.
Pour une fois, il était à court de paroles et le silence qu'il avait maintenu toute la journée avait paru suspect à toute l'équipe. Il était blessé, malheureux, en colère et ne savait pas comment se débarrasser de ses sentiments négatifs.
Evidemment, elle l'avait suivi et elle se tenait à présent devant lui.
Elle avait revêtu une tenue de sport et avait tressé ses cheveux, mais il savait que sa présence n'était pas le résultat d'une envie soudaine d'exercice physique. Elle était venue là pour arranger les choses entre eux.
Mission impossible avait-t-il envie de lui dire mais il préféra garder le silence.
Elle se saisit du sac de frappe et le coinça contre son corps pour le stabiliser. Il n'avait aucunement besoin de son aide et envoya un puissant coup dans l'accessoire de gym qui la fit à peine bouger.
"Pour plus de puissance, le coup doit partir de l'épaule" lui dit-elle
Il la regarda droit dans les yeux avant de lui déclarer froidement :
"Je n'ai pas besoin d'un entraineur".
"Peut-être d'un sparring partner" proposa-t-elle en lui souriant
"Je n'ai pas envie de ma battre avec toi" répliqua-t-il en haussant le ton
"Tu devrais essayer, cela permet d'évacuer les tensions" dit-elle en gardant un calme apparent
"Cela ne m'intéresse pas." dit-il en lui adressant un regard énervé
"Tu as peur de moi" affirma-t-elle en le dévisageant
Il éclata de rire avant de dire en approchant son visage à quelques centimètres du sien :
" La fille du Mossad avec son Krav-Maga ne me font plus peur depuis bien longtemps."
"Alors, bats-toi" dit-elle en le défiant du regard.
"Cela n'arrangera rien." lança-t-il en se reculant
"Essaye, tu verras" dit-elle en projetant violement le sac de frappe en sa direction. Il fit un pas de côté, et seule son épaule fut touchée.
Plus que la douleur, ce fut ce geste déplacé qui le rendit furieux. Sans réfléchir, il se précipita sur elle, la saisit par les épaules et grâce à un mouvement de jambe, la renversa sur le tapis.
Elle chuta violement en arrière et il tomba avec elle.
Il se retrouva au dessus d'elle.
Elle semblait estomaquée par la situation et le regardait avec incrédulité.
Il approcha alors son visage du sien et lui dit :
"Tu essayes toujours de résoudre tes problèmes en te battant ou en baisant, mais ce n'est pas mon cas" .
Il se releva précipitamment et se dirigea vers les vestiaires. Pris de tremblements incontrôlables, il eut bien du mal à enlever les bandes qui enveloppaient ses mains. Il essaya de se calmer en empoignant fermement les rebords d'un lavabo et en respirant tête baissée. En se redressant, il ne put échapper à son reflet dans le miroir et il eut l'envie de le briser avec ses poings tellement il se détestait.
Il avait agi comme un con et n'avait fait qu'empirer les choses entre eux.
Il pria pour qu'une douche brulante parvienne à l'apaiser ou tout du moins à lui faire oublier l'incident avec Ziva. Il se déchaussa et se déshabilla rapidement avant d'entrer dans une cabine.
Il régla la température au maximum et se positionna sous le jet d'eau. Les tremblements s'atténuèrent, remplacés par un violent mal de cœur.
Il posa son front contre une paroi de la douche et resta immobile attendant que son corps se calme.
Il sentit tout à coup une main se poser sur son épaule. Il ne comprit pas tout de suite son geste, voulait-elle qu'il se retourne pour lui asséner un coup, au mieux une gifle?
Mais il comprit que sa main était posée délicatement dans un geste de réconfort. Il poussa malgré lui un soupir de soulagement et posa une main sur la sienne.
Ils restèrent un moment qui lui parut incroyablement long ainsi avant qu'elle dise :
"Tes jointures doivent te faire souffrir. Si tu veux, je peux appliquer dessus de la crème cicatrisante". Avec sa main libre, elle l'invita à se retourner et à lui faire face.
Il n'avait pas le courage de la regarder dans les yeux mais son regard baissé s'arrêta sur sa poitrine dénudée.
Il n'avait pas imaginé une seconde qu'elle avait pénétré dans la douche complétement nue.
Il réussit au prix d'un grand effort à détacher ses yeux de cette vision hautement érotique pour observer son visage.
Elle avait la tête légèrement inclinée et arborait un sourire satisfait. Elle savait très bien ce qu'elle faisait et l'effet que tout cela produirait sur lui.
"Je trouve que c'est une attitude très tendancieuse à avoir envers un collègue et que notre formatrice en relations humaines qualifierait cela de harcèlement". dit-il en lui adressant un sourire condescendant
"Je pense qu'on peut voir aussi cela comme le geste d'une personne qui s'inquiète et qui prend soin de son collègue."
"Nue? je ne crois pas que cela soit acceptable."
"Ok, disons plutôt que c'est une personne qui essaye de réaliser le fantasme d'un de ses collègues."
Le culot de Ziva le fit éclater de rire.
"Madame le Saint Bernard, merci du fond du cœur pour votre dévouement, mais il est temps de sortir d'ici" dit-il
"Ce n'était pas un de tes fantasmes?" demanda-t-elle un sourire malicieux accroché aux lèvres.
"Une partie seulement. Après, il y aurait des trucs un peu plus crus et graphiques à expliquer. " dit-il en approchant sa bouche de la sienne.
Avant de toucher ses lèvres, il dévia sa trajectoire et murmura dans le creux de son oreille :
"J'ai envie de faire des tas de choses avec toi mais c'est pas le bon jour."
Il se recula et fut content de constater qu'elle semblait complétement frustrée.
Il jeta un dernier coup d'œil à son magnifique corps nu, ruisselant de gouttes d'eau avant de sortir de la cabine de douche.
...
