Vous avez été nombreux à me demander l'histoire d'Albus et Skorpius, en parallèle à « Oublier Poudlard ». Voilà, c'est donc chose faite….
Disclaimer : les personnages sont de JKR
Avertissement : rating M, à tout hasard…pas au début, rassurez-vous.
1. Première année. Enfants d'un sacrifice ?
POV ALBUS
Je m'appelle Potter.
Pas Harry, non.
Albus Severus.
Je suis le fils d'un héros, avec un prénom impossible. Pas facile à vivre.
Pourquoi je ne m'appelle pas James, ou Fred ?
Albus c'est un hommage à l'ancien Directeur de Poudlard, qui s'est sacrifié pour mon père.
Severus, c'est un hommage à un prof de Poudlard, directeur de la maison Serpentard, qui lui aussi s'est sacrifié pour mon père.
Un peu lourd, comme héritage.
Severus, ça a aussi un rapport avec la couleur de mes yeux, et ma grand-mère. Je n'ai jamais bien compris le lien, mais j'ai toujours su que j'étais différent. A cause de mes yeux ?
Mon frère est un vrai Potter, d'après ma mère : courageux, tête brûlée et légèrement rebelle à l'ordre établi.
Ma sœur est une vraie Weasley, d'après mon père : rousse, têtue et directe. Un peu garçon manqué.
Et moi, je ressemble à qui ?
A deux professeurs qui sont morts longtemps avant ma naissance ?
Qui je suis, vraiment ? Pourquoi je suis là ?
Ma mère m'a souvent regardé bizarrement, même avant mon entrée à Poudlard.
Cette entrée, je l'avais attendue et redoutée depuis longtemps.
Attendue car j'ai toujours adoré apprendre, observer, déduire. Ma grand-mère Weasley disait souvent en me regardant : « C'est un contemplatif, cet enfant. » Je ne suis pas sûr que c'était un compliment. Elle était beaucoup plus à l'aise avec mon frère ou mes cousins. Je n'ai jamais aimé me battre, jouer au soldat ou au foot. J'aimais savoir, comprendre.
Redoutée car j'avais peur que le côté Severus, donc Serpentard, prenne le pas sur le côté Potter, donc Gryffondor. Je ne voulais pas être le seul Potter à n'être pas Gryffondor, même si je n'étais pas particulièrement courageux. Les Serpentards étaient des méchants, dans nos légendes familiales.
Je me souviens de ce matin-là, sur le quai 9 3/4. Comment je m'accrochais à la main de mon père. Combien j'avais peur que le Choixpeau fasse le mauvais choix. Qu'il découvre ma vraie nature. Mon goût pour l'ombre et le secret. Peur que tout le monde sache que j'étais différent.
Mon père m'a toujours regardé avec infiniment de tendresse, mais ce matin-là il a su trouver les mots pour me rassurer, et j'ai compris qu'il serait toujours là pour moi, qu'il m'aimerait toujours, quoiqu'il arrive. Même si j'étais différent.
Je savais aussi que je ne pourrais pas vraiment compter sur James pour m'aider, trop accaparé par ses copains, et par les filles.
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Lors de la cérémonie de la répartition, j'ai prié pour être à Gryffondor, sous le regard goguenard de mon frère, qui n'avait pas arrêté de me répéter dans le train que j'étais un Serpentard dans l'âme.
Le Choixpeau a hésité, marmonné, et j'ai cru mourir sur place.
Et enfin, il a dit tout fort : « Gryffondor », et j'ai respiré.
Puis il a murmuré : « Tu le regretteras », et j'ai haussé les épaules.
Evidemment, le Choixpeau avait raison.
J'ai pleuré des nuits entières quelques mois plus tard de n'être pas à Serpentard.
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La première année a été un peu difficile. J'avais du mal à m'intégrer parmi les élèves de Gryffondor, bruyants, sportifs, et James m'ignorait.
C'était pas facile de s'appeler Potter, et d'être le fils d'un héros. Toujours ces regards curieux, ces légendes sur mon père. Pour moi, c'était mon père, mon soutien, et c'est tout. C'est James qui portait haut le flambeau familial de l'héroïsme. Les exploits qu'il racontait me donnaient envie de disparaître sous terre. Je ne voulais pas en parler avec les autres. Je fuyais tous ceux- et celles- qui me parlaient de lui. Je crois que j'ai fui tout le monde, au final.
Les cours, heureusement, étaient des moments de bonheur, et j'adorais plus que tout aller en bibliothèque et étudier, au calme.
Savoir, comprendre.
A la bibliothèque il y avait aussi souvent ce garçon blond qui était dans ma classe.
Skorpius Malfoy. Un serpentard.
Je l'ai détesté dès le début des cours car il avait de meilleurs résultats que moi, surtout en potions, ma matière préférée.
On ne l'entendait pas, en général, il ne participait pas pendant la classe, mais il avait toujours les meilleures notes. Agaçant. Je l'observais souvent à la dérobée pour comprendre son secret.
Travaillait-il plus que moi ? Etait-il plus intelligent ?
Plus cultivé sans doute. Il connaissait les réponses à toutes les questions, même sur les potions qu'on n'avait pas encore étudiées.
Alors je passais encore plus de temps en bibliothèque, pour lire et apprendre des formules par coeur. Pour être meilleur que lui. Je crevais de jalousie devant ses notes.
Je crois qu'il était encore plus seul et timide que moi. Il avait souvent l'air triste. Il paraît qu'il écrivait tous les jours à son père. Mon frère se serait moqué de moi si j'avais fait ça.
Et puis il y avait toutes ces histoires sur sa famille…je ne les écoutais pas vraiment, ça ne m'intéressait pas plus que les légendes sur mon père, mais j'ai vite compris que j'étais sensé le détester, car son père et le mien avaient été ennemis.
Alors je l'ai détesté, méprisé…et secrètement envié.
La seule matière où je le battais, c'était le Quidditch, et j'ai pris ma revanche. J'étais content d'être plus rapide, et de lui flanquer des coups de pied au passage. De le voir au bord des larmes.
C'était pas très intelligent.
J'avais 11 ans.
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POV SKORPIUS
C'est en rentrant à Poudlard que je me suis rendu compte que j'étais différent des autres. Jusqu'alors j'avais toujours vécu seul avec mes parents, sans vraiment fréquenter d'enfants. Je trouvais les enfants du village avec qui j'allais à l'école un peu vulgaires, bruyants, agités.
En arrivant à Poudlard je me suis aperçu que tous enfants étaient comme ça.
Sauf lui. Le garçon aux yeux verts.
Il ne courait pas comme un fou derrière un ballon, ne disait pas de gros mots, ne traînait pas les pieds pour aller en classe.
Lui aussi appréciait les cours, et travaillait.
Mais je ne voulais pas lui laisser ma place, celle du meilleur élève.
Il fallait absolument que je sois le meilleur, pour plaire à mon père.
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Mon père, cet inconnu qui vivait sous le même toit que moi.
Toute mon enfance je l'ai observé, j'ai attendu une marque d'affection de sa part, sans grand résultat. Pudeur, indifférence ?
Il était présent tout en étant absent. Pensif. Ailleurs.
Dans ses potions. A les traduire des livres anciens. A les préparer. Puis à les boire.
Je n'arrivais pas à attirer son attention sans le fâcher. Il n'y avait que quand je lui posais des questions sur ses potions qu'il s'animait un peu. Qu'il s'intéressait un peu à moi. Alors j'ai réclamé d'en savoir toujours plus, tout le temps.
Je suis devenu imbattable sur cet art, pour plaire à mon père. Les ingrédients, les sorts.
Il me regardait avec un doux sourire, un peu triste, mais sa main tremblait et le voile retombait sur ses yeux.
Je pensais que c'était de ma faute, ces absences, ce vide. Que je n'étais pas le garçon qu'il espérait. Qu'il attendait.
Peut-être aurait-il préféré une fille, ou un autre garçon ?
Plus sage, plus intelligent que moi ? Ou est-ce que je lui ressemblais trop ?
Je savais que son enfance avait été difficile, et son adolescence complexe, à Poudlard. Lui ne m'en a jamais parlé. Il ne parlait jamais du passé, de Poudlard. C'était tabou chez nous.
Ma mère m'a raconté les évènements d'alors, les mauvais choix de notre famille, la disparition de mes grands-parents. Elle essayait de dédramatiser, mais j'avais peur.
Elle m'a prévenu qu'on risquait de me raconter beaucoup de choses négatives sur nous, au Collège. Qu'il faudrait que je sois courageux. Mais je me moquais de l'avis des autres, il n'y avait que mon père qui était important pour moi.
En entrant à Poudlard, je me suis juré d'être le meilleur, pour lui plaire.
Venger l'honneur déchu de mon père. L'honneur des Malfoy. Qu'il soit fier de moi.
Mais en fait je n'étais pas vraiment sûr qu'il s'apercevrait de mon départ, puisque j'étais déjà une ombre pour lui.
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La veille du départ j'avais fait les achats de la rentrée avec ma mère, mais il n'a pas voulu m'accompagner, et n'a pas été intéressé par ma baguette.
Quand je lui ai demandé en quel bois la sienne était faite, je l'ai vu pâlir. J'avais enfreint le tabou, parlé du passé. J'ai essayé de poser des questions, mais c'est ma mère qui m'a répondu.
Le lendemain, je les ai quittés sur le quai, le cœur gros.
Dans le train j'ai croisé un garçon aux yeux verts, qui avait l'air aussi perdu que moi, avec ses tonnes de bouquins. Son frère se moquait de lui, je crois.
J'ai essayé de lui sourire, mais son frère a chuchoté quelque chose à son oreille et il m'a regardé avec effroi.
J'ai compris pourquoi lors de la cérémonie du Choixpeau : c'était un Potter.
J'ai soupiré : il ne serait jamais mon ami. Tant pis.
Alors il est devenu mon ennemi, mon rival.
Lui aussi voulait être le premier dans toutes les matières, mais j'avais des heures d'études d'avance. Et j'avais tout à prouver à mon père.
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Je passais mon temps libre en bibliothèque, et Albus aussi. Je l'observais souvent, dans le reflet des vitres de la bibliothèque. Il était tellement concentré, la tête légèrement penchée, sa langue dépassant un peu, à faire ses devoirs. Je savais qu'il voulait être meilleur que moi.
Inexplicablement, je me sentais proche de lui, rassuré par sa présence lointaine, alors qu'il me méprisait parce que j'étais un Malfoy.
Parfois je me disais que si nous nous étions appelés autrement, on aurait pu être amis. Que j'aurais pu lui apprendre des sorts, des secrets que j'avais lus dans les bouquins de mon père, en cachette. Lui faire découvrir la Wicca, qui m'a tant aidé à ne pas me sentir seul et malheureux, à Poudlard, où personne ne m'aimait. Partager la première place.
Très vite nous nous sommes retrouvés en concurrence constante, dans toutes les matières. Il n'était meilleur que moi qu'en Quidditch, alors j'ai réclamé un nouveau balai à mon père.
Dans mes lettres, je le citais souvent, mais mon père ne voulait pas en entendre parler, et m'enjoignait de ne pas l'approcher.
En fait, je ne l'approchais guère, sauf pendant les matchs quand il prenait un malin plaisir à me poursuivre pour me balancer des coups de pied. J'avais peur mais j'aimais ça, le sentir juste derrière moi, sur son balai, à tenter de me faire tomber. Parce que dans ces moments-là il ne s'intéressait qu'à moi, j'étais la personne la plus importante pour lui.
Puis je me suis aperçu qu'en cours aussi j'étais la personne la plus importante pour lui, celui qui lui volait parfois l'attention des professeurs. Sauf du professeur Londubat, qui avait craché mon nom à la rentrée et me regardait avec dégoût. Albus était son chouchou, définitivement, et je masquais ma rancœur sous du mépris.
On se fusillait du regard, en cours.
En fait, on s'épiait sans cesse et je crois que nos regards se croisaient souvent, dans la vitre de la bibliothèque.
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Un jour, en mai, je me suis retrouvé avec lui, en cours de potions, à partager le même chaudron. Hasard ?
La potion que nous devions faire était compliquée, et je pense que le professeur a fait exprès de nous mettre ensemble. On était un peu désarçonnés, à devoir travailler ensemble, sans la protection de notre rivalité silencieuse.
Mon cœur battait fort tandis qu'il me lisait le protocole de préparation et que j'ajoutais les ingrédients, avec parcimonie et délicatesse. Il chuchotait presque alors que les autres éclataient de rire de voir leur potion échouer lamentablement. Il regardait alternativement son livre et mes mains et je savais que je n'avais pas droit à l'erreur.
Il était hors de question pour nous de la rater, et on mettait tout notre cœur à suivre religieusement les indications.
Ca m'a semblé des heures, mais petit à petit on s'est détendus et la potion prenait forme.
On murmurait parfois, pour ne pas que les autres nous copient, la tête penchée l'un vers l'autre au dessus du chaudron, en parfaite harmonie.
A la fin, quand la potion est subitement devenue rose et épaisse, on a poussé un cri de joie et il m'a lancé un sourire éclatant. Ses yeux verts étincelaient, et il m'a brièvement serré le bras.
J'ai cru que mon cœur allait exploser de bonheur.
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A partir de là notre rivalité a diminué, et, si on ne se parlait toujours pas, on échangeait parfois des sourires, en bibliothèque.
Le dernier jour, le jour du départ, on était à la traîne, tous les deux, avec nos malles remplies de livres et je voyais qu'Albus était fou de rage que son frère ne l'aide pas.
Du coup on est arrivés tous les deux bons derniers au train et on s'est aidés mutuellement à grimper dedans.
Naturellement on s'est installés ensemble dans le wagon le plus éloigné, et il a sorti un livre et s'est plongé dedans.
Alors j'ai sorti ma planchette de ouija et j'ai vu son regard s'éclairer.
- C'est quoi ?
- C'est un ouija, tu ne connais pas ?
- Non, ça sert à quoi ?
- A dire l'avenir…tu veux essayer ?
Il a acquiescé et j'étais secrètement ravi de son intérêt.
On a passé tout le voyage à poser des questions de plus en plus farfelues, et à la fin on riait comme des fous, sous le regard interloqué des autres passagers.
Je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup d'aspect de la magie qu'il ne connaissait pas, car il vivait comme un moldu, et j'ai eu beau jeu de lui promettre de lui faire découvrir plein de sorts et de légendes magiques s'il venait chez moi pendant les vacances.
A nouveau il a souri radieusement et mon cœur a battu plus vite.
Sur le quai il a couru vers ses parents et moi vers les miens. Je savais que mon père ne serait pas d'accord quand il apprendrait son nom, alors j'ai tout misé sur ma mère…quand mon père a refusé d'un ton sec en pâlissant, mes yeux se sont remplis de larmes et ma mère a craqué.
Elle s'est dirigée avec moi vers les parents d'Albus et j'ai vu qu'il avait utilisé la même stratégie. Sa mère a salué la mienne avec chaleur alors que nos pères avaient blêmi.
Avec le recul, je pense que c'est à ce moment-là que la vie et l'équilibre de nos familles ont définitivement basculé.
Bien sûr, sur le moment, Albus et moi on ne s'est aperçu de rien, mais en fait rien n'a plus jamais été comme avant, chez nous.
A cause de nous ?
Je me souviens, des mois plus tard, avoir surpris une conversation téléphonique houleuse entre ma mère et la sienne, et avoir entendu cette phrase qui m'a marqué à jamais : « Ces garçons ne sont qu'un alibi ».
Je n'en ai pas compris le sens, mais j'ai immédiatement senti que c'était vrai, douloureusement vrai…
A suivre….
Merci de votre lecture et vos commentaires….
