Note de l'Auteur : Cela fait un moment que l'envie ne m'a pas prise, comme ça, irrésistiblement, d'écrire. Mais ces derniers temps, me voilà bien productive à ce niveau, pour mon plus grand bonheur. J'espère que cet OS, pourtant loin d'être original, vous plaira quand même :)

Au cas où, je laisse le champ libre à -éventuellement- des OS qui feront suite à celui là:)

Pour vous replacer dans l'histoire, nous sommes environs deux où trois ans après de retour de Kyo :)

Couple : Mon habituel Kyo x Yuya

Bien sûr, jamais rien au niveau de SDK ne m'a appartenu, sauf quelques personnages, de ci de là.

Résumé :

Parce que c'est dur, de sauter dans l'inconnu sans savoir si à l'arrivée, quelqu'un sera là pour nous rattraper.

Deux chieurs

L'été cette année là était torride. Les japonais étouffaient sous la chaleur qui était comme un poids sur leurs épaules. Beaucoup étaient fatigués, d'autres tombaient malade et malheureusement, certains ne résistaient pas à cette canicule.

Pour cette raison, cela faisait une semaine que Kyo et Yuya s'étaient arrêtés dans un petit village au Nord d'Edo. Il était gênant de marcher tandis que les rayons du soleil leur brûlaient le dos. De plus, Kyo, inquiet, ne souhaitait pas poursuivre du moment que la chaleur perdurerait.

Le Démon était soucieux. Il ne le montrait pas et ne s'abaisserait pas à le dire, mais sa compagne l'inquiétait. Telle qu'il l'a connaissait, Yuya était vive, positive, allante, sociable et colérique. Elle avait une force de caractère assez peu commune et une foi inébranlable en la personne qu'il était. Depuis son retour, leur relation avait évoluée. Il était évident qu'après tant d'aventures et de révélations, notamment concernant leurs sentiments respectifs -jamais réellement avoués mais toujours assumés- les choses étaient bien différentes. Ils possédaient un petit restaurant le long d'une route, vivaient tranquillement et recevaient régulièrement la visite de leurs anciens compagnons. Récemment, il avait été décidé de fermer le restaurant un temps. Cette année, c'était eux qui iraient rendre visite à tous leurs amis. Oui mais, car il y avait toujours un « mais », le Démon trouvait sa femme bien étrange.

Avec la chaleur qui leur était tombée sur le coin du nez, elle s'était rapidement fatiguée, le poussant à l'inquiétude lorsqu'il la retrouvait pâle comme un linge ou lorsque son estomac se vidait de son repas à peine avalé. Il n'était pas question de poursuivre dans ces conditions, quoi qu'il veuille bien en dire. Il avait tellement de dettes à payer à cette femme qu'il fallait qu'elle se remette vite.

Alors ils avaient rapidement trouvé une auberge et Yuya avait été mise -de mauvaise grâce- au repos forcé.

« Kyo, je t'assure que je vais bien »

Le ton se voulait rassurant mais Kyo ne la connaissait que trop bien, elle ne voulait pas les retarder, ne voulait pas être une gêne ou un poids.

« Tu te tais, tu te couches et tu dors.»

Voyant le samurai si sérieux, la jeune femme ne protesta pas et reposa sa tête sur le futon. Ses cheveux détachés s'éparpillèrent sus elle et ses yeux se fermèrent. Actuellement, elle ne se sentait pas si mal que ça en réalité. Cette «faiblesse » était plus épisodique qu'autre chose.

Mais au troisième jour, alors que Yuya vomissait alors tous les jours, Kyo fit venir un médecin. Ce dernier avait d'ailleurs hésité un long moment à se rendre auprès de la malade, craignant son compagnon plus que la Peste.

C'était un petit homme assez banal à l'œil fin et au regard vif. Il était à un âge où son crâne se dégarnissait déjà et où son estomac -bien rempli sûrement par son épouse- avançait pour le dissuader de regarder ses pieds. Sa voix était douce et rassurante, ses gestes précis et sûrs. Yuya se senti relativement en confiance mais regrettait l'absence de Kyo, qui n'avait pas souhaité rester.

La jeune femme répondit honnêtement à toutes les questions et se prêta à tous les examens d'usage, ne comprenant pas trop où le spécialiste voulait en venir. L'auscultation, qui prit trente bonnes minutes -car le médecin était du genre à prendre le temps- se termina peu avant midi et peu après que Yuya ait de nouveau vidé son estomac. Alors seulement le docteur s'agenouilla à côté de Yuya avec un doux sourire sur le visage.

« Je comprend que votre compagnon se soit inquiété ainsi, les hommes s'inquiètent toujours... »

Sans trop saisir, Yuya attendit qu'il poursuive.

« Actuellement, vous n'avez rien de grave, je dirais même que c'est une très bonne nouvelle »

« ... »

« Madame... »

Kyo commençait à s'impatienter. Il n'avait pas été bien loin, se contentant de prendre place dans l'espace restaurant de l'auberge. Le temps -et pourtant il était homme de patience- lui parut d'une longueur extrême. Qu'est-ce que cette fille pouvait bien avoir pour que cela prenne un temps pareil ?

Aucun membre du personnel n'osait l'accoster. Il émanait de l'homme une impression de tension et même si d'ordinaire les gens ne l'approchaient pas d'avantage, là, ils faisaient de longs détours pour être certain de ne pas l'ennuyer.

Lorsque le médecin passa devant lui pour partir, il lui adressa un sourire -certes coincé- mais un sourire tout de même, ce qui rassura, sûrement un peu, le Démon qu'il était. Avec lenteur il se dirigea alors vers la chambre qu'il partageait avec sa blonde qui attirait les problèmes.

Lorsque le panneau de la chambre glissa dans un son léger et calme, pour laisser entrer l'homme aux milles victimes, l'ex chasseuse de prime n'eut pas réellement de réaction. Les yeux rouges eurent beau la questionner du regard et en silence, les pupilles émeraudes ne les avait même pas remarqués. Se voyant ignoré par la femme dont les yeux étaient rivés sur le vide, il claqua le panneau en le refermant, pas assez fort pour la faire sursauter mais assez pour attirer son attention.

Il vit sa tête blonde pivoter en douceur, ses yeux toujours un peu hagards et lorsque sa peau vira au rouge en se posant sur lui, il ne put que se demander ce qui se passait.

« Alors ? »

« ... »

« Hey ! »

« ... »

« Je... »

Les mots avaient du mal à se frayer un chemin à travers sa gorge. Le diagnostique était tellement improbable qu'elle n'arrivait pas à l'assimiler. Alors de là à l'annoncer à Kyo, il y avait un fossé qu'elle n'avait pour le moment pas la force de franchir. Pire, elle avait l'impression qu'elle devait faire un bond dans le vide, que Kyo l'attendait à la réception mais que le fait qu'il la rattrape ou pas n'était actuellement pas joué d'avance. Pourtant là, elle le sentait énervé. Il s'impatientait de savoir ce qu'elle pouvait bien avoir et savait que plus elle patientait, plus il allait « craindre » le pire. D'un coup cela lui rappela les combats passés, le dragon de Shinrei et la dernière étoile imprimée sur sa poitrine. A ce moment il n'avait pas aimé patienter. Mais là, il ne s'agissait pas d'ouvrir son kimono pour avoir la réponse...

« Je... »

« Planche à Pain, accouche ! »

« ... »

« ... »

« Il a dit que c'est parce que... j'avais grossi »

Elle n'avait réellement pas su quoi inventer et s'il croyait à cette histoire là, le monde allait marcher sur la tête. D'ailleurs son expression ne bougea pas d'un poil face au visage crispé de Yuya. Mais pour autant, il n'insista pas. Pourtant, dans un sens, cela n'avait rien d'un mensonge. A y regarder de plus prêt, ce que la jeune femme n'avait pas fait avant... elle avait bel et bien grossi. Et elle parierait sa chemise qu'à la prochaine nuit... -pensée qui la fit rougir-, le Démon ne manquerait pas d'y prêter lui aussi attention.

Dans tous les cas de figure, il faudrait bien qu'ils en parlent à un moment donné... Et c'était en songeant à comment faire que la journée se passa sans un mot échangé.

Au matin lorsque Kyo ouvrit les yeux, la vision qu'il surprit l'arrêta net. Yuya était levée avant lui et comme ci les rôles avaient été échangés, elle était assise prêt de la fenêtre, les yeux perdus sur la rue à peine animée. Le levé du jour lui éclairait son visage soucieux mais calme, ses cheveux n'étaient pas encore attachés et descendaient sur son dos détendu et chose qu'il ne compris pas, elle avait un bras posé négligemment sur son ventre, comme pour le protéger. Cette dernière impression fut fugitive et il n'y prêta que peu d'attention. Cependant, il la sentait prête à lui dire qu'elle maladie elle avait attrapé.

« … Tu es bien matinale, pour une fille malade »

Il n'y avait ni moquerie ni reproche dans cette approche façon Démon. Sa femme ne prit pas la peine de se retourner pour lui répondre, peut être cela serait-il plus facile ainsi. Le fossé était toujours aussi profond que la veille mais, pour une raison qui lui était inconnue, elle pensait qu'à la réception, Kyo tendrait ses longs bras sûrs et protecteurs. Ses paroles arrivèrent avec calme et douceur.

« Je n'ai pas réellement dormi »

« ... »

« Kyo... Est-ce que tu me trouve chiante ? »

« ...Ne demande pas une évidence »

« Kyo... je crois que je vais être encore un peu plus chiante... »

« ... »

« Kyo... il paraît qu'en fait, nous serons deux, à être chiants... »

« Quoi ? Parle plus clairement si tu veux qu'on te comprennes »

« ... »

« ... »

« Kyo... ça donnerait quoi, un mélange de toi et moi ? »

« Sûrement un truc marrant... »

Il avait dit ça en s'imaginant mal un mélange d'eux deux mais il avait alors vu sa femme se retourner un léger sourire inquiet sur le visage.

« Sûrement hein... on verra ça bientôt »

Il fallut au final un certain temps à Kyo pour assimiler ces différentes informations. Deux personnes chiantes, un mélange d'elle, de lui et le fait de voir le tout bientôt arriver. Et deux minutes plus tard Kyo était toujours plongé dans les prunelles vertes de son esclave, de sa planche à pain, de sa femme... et de la future mère de son enfant.

Yuya attendait, tendue, une réaction quelconque, d'être rattrapée ou non alors qu'elle tombait dans ce fossé. La réaction arriva en son temps et de la manière que Kyo maîtrisait le mieux...

Il s'assit, s'alluma une pipe, la regarda une fois de plus droit dans les yeux et affichant un sourire amusé déclara :

« Voilà qui promet d'être intéressant »

Le Démon avait effectivement bien réceptionné sa femme à l'atterrissage et quelques larmes de soulagement perlèrent alors sur la peau pâle de sa planche à pain.