Hello!
Donc comme dit dans le résumé, c'est un triple-shot sur un triangle amoureux Draco/Ginny/Harry. Quel surprise, rien de tout cela ne m'appartient, et je ne gagne aucun argent en publiant cette histoire. Le premier chapitre est celui de Draco. J'espère que tout cela vous plaira, je pense publier un chapitre par jour, donc d'ici jeudi la fic devrait être complète. J'espère que cela vous plaira et que vous serez généreuses en reviews :)
A +!
This is how I disappear
J'entends toquer. Je décide de ne pas aller ouvrir immédiatement, tirant une dernière fois sur ma clope. Nouveau coup, j'écrase mon mégot dans l'assiette où des restes de mon dîner pourrissent déjà. Elle peut bien attendre un peu. En me levant, je jette un coup d'oeil dans la psyché, en face de mon lit. Mes cheveux ne sont pas coiffés, et je ne porte qu'un bas de pyjama. Tant pis, je n'ai pas à mieux me préparer pour elle. Je ne crois même pas qu'elle remarquera ma tenue, de toute façon. Je ne prends pas la peine de ranger un peu le foutoir qu'est devenu mon appartement.
Debout devant la porte, ma main effleure la poignée. Mon coeur se met à tambouriner dans ma poitrine, je passe une main sur mon visage. Je m'étais pourtant juré de ne pas lui ouvrir, ce soir. Impatiente, elle appuie sur la sonette. Elle sait bien que je suis là, je n'ai pas le choix. Mon coeur me crit de lui ouvrir, de profiter encore une fois de ce corps que je connais par coeur, tandis que mon esprit me hurle d'être plus fort que la chair, et de la laisser dehors. J'hésite une dernière fois, sachant pourtant déjà que je ne résisterai pas. C'est ainsi.
Alors qu'elle se remet à sonner, j'ouvre enfin la modeste porte de mon appartement. Elle est là, debout devant moi, son sac à main pendant à son coude, son balai posé contre le mur du hall. Mon coeur fait un bond. Ses cheveux mouillés dégoulinent sur son décolleté. Elle a l'air trempée jusqu'aux os, sa robe noir indécemment collée à son corps, me laissant apercevoir toutes ces courbes que je connais déjà. Elle me sourit, faisant une nouvelle fois chavirer mon estomac, et retire ses chaussures. Je ne lui réponds pas. Encore une fois, elle passe la porte de chez moi pour me briser le coeur, pour lacérer mon âme. Je ne veux plus d'elle, parce que c'est devenu trop dur. Trop dur de la voir entrer ici comme dans un motel, faire comme bon lui semble, rester autant de temps qu'elle le souhaite, puis repartir et me laisser seul, déchiré, impuissant.
Elle me salue gentiment, embrasse ma joue. L'empreinte humide de ses lèvres rondes reste quelques secondes sur mon visage, et je ne peux m'empêcher d'y passer mes doigts. Elle demande à prendre une douche, je ne refuse pas. Je ne refuse jamais rien, de toute façon. Elle sait qu'elle me mène par le bout du nez, et elle en profite plus que de raison. Planté là, j'entends le loquet de la salle de bains se fermer, et l'eau qui commence à couler. A travers la fenêtre du salon, j'aperçois la pluie torrentielle qui s'abat sur Londres, et les éclairs détonants qui strient le ciel. Nuit sordides pour amants sordides. Je passe une nouvelle fois une main sur mon visage. Comment ai-je pu en arriver là ?
Tout cela avait commencé plusieurs années plus tôt. Elle était mariée et fidèle, jusqu'à ce que nos chemins se recroisent. Je ne l'avais plus vue depuis Poudlard. Et là, je la voyais femme, belle, mère... J'en avais pris un sacré coup, moi qui était déjà divorcé et qui n'avais même plus le droit de voir mon fils. Elle était venue me parler, elle avait dit que j'avais changé. D'après elle, le petit con de Serpentard avait laissé place à un homme charmant. Nous avions déjà eu une aventure, du temps du collège, mais rien de sérieux, bien sûr. Elle faisait partie de mon tableau de chasse, et je faisais partie du sien, tout allait bien. Mais ce jour là, nous avons échangé nos adresses, et quelques semaines plus tard, elle tapait chez moi pour la première fois.
Elle disait être dépressive, elle disait qu'elle le quitterait bientôt car il ne la voyait plus, elle disait ne plus supporter d'être devenue une mère avant d'être une femme. Elle disait qu'elle avait besoin de moi. Elle était belle, elle était douce, et elle avait besoin de moi. Je ne me rappelle même plus si j'en étais déjà amoureux en ce temps là. Je ne crois pas, non. Au début c'était un jeu pour moi. Etre l'amant de la femme de mon ex meilleur ennemi, vous imaginez bien la fierté que je ressentais. Mais avec le temps, les années, j'ai compris que je n'étais plus seulement amant.
Je voulais qu'elle le quitte, qu'elle vienne habiter chez moi, je voulais m'occuper de ses enfants... Bref, je voulais remplacer le mari. Et elle, elle ne voulait surtout pas changer de vie. C'est là que j'ai compris, je pense. J'étais amoureux, plein d'espoir et de projets, et elle me tuait un peu plus chaque fois qu'elle me touchait, car elle ne ressentait rien. Derrière cette peau douce et chaude, un coeur de pierre battait pour un autre. J'ai compris qu'elle l'aimait plus que tout, qu'elle ne le laisserait jamais, et que j'étais juste un moyen pour elle de faire tampon, quand le quotidien devenait trop pesant.
Et depuis lors, on rejoue la même scène plusieurs fois par semaine. Dès que je rentre du boulot, je me demande si elle va venir. Je me jure que si elle vient, je la laisse pleurante devant la porte. Mais je la laisse entrer, et nous faisons l'amour. Elle est douce, tendre, et à la fois tigresse. Chaque fois, c'est encore meilleur que la fois précédente. Elle reste ensuite quelques minutes dans le lit avec moi, me caresse parfois le dos ou les bras. Elle pense me convaincre ainsi qu'elle ne veut plus partir. Mais bientôt, elle enfile sa satanée robe, m'embrasse une dernière fois. Elle m'adresse son plus grand sourire pour se faire pardonner, et passe la porte.
Justement, j'entends la porte de la salle de bains qui s'ouvre. Elle arrive devant moi, occupée à sécher ses cheveux avec une serviette éponge. Elle ne ressemble pas vraiment à ma femme idéale. J'aime en général les femmes grandes, blondes et longilignes. Dites-le, des femmes comme ma mère, quoi... Elle est assez petite, avec des formes rondes, presque obscènes, et bein sûr, elle est rousse. Mais elle est belle. Ses grands yeux bleu saphir, ses taches de rousseur qui lui donnent un air de gamine éternelle, ses lèvres roses et pleines, ses mains délicates... Elle est plus que belle.
Elle ne porte plus que ses sous-vêtements. Un ensemble noir, bordé de fine dentelle. Il tranche indécemment avec sa peau blanche et laiteuse. Elle me sourit, cette fois je ne peux m'empêcher de lui répondre. Délaissant ses cheveux encore humides, elle s'approche de moi. Elle a cette façon féline et torride de me fixer, de venir vers moi, et je sens déjà cette chaleur doucereuse envahir mon bas ventre. Elle passe une main dans mon dos, me serre contre elle. Elle doit sûrement sentir mon coeur battre contre elle. Je passe ma main derrière sa tête, la maintenant blottie contre mon torse.
J'aimerais la tenir comme ça contre moi pour l'éternité. Peut-être même jusqu'à ce qu'elle s'étouffe. Je débloque. Elle se met à caresser mon dos, ses ongles déclenchent des frissons le long de ma colonne vertébrale. Ses lèvres déposent un baiser sur mon torse, puis un autre sur ma clavicule, puis dans mon cou, puis derrière mon oreille. Elle me chuchotte que je lui ai manqué, je ferme les paupières. Je ne veux pas entendre ses mensonges. Je veux simplement pouvoir l'aimer, pouvoir la toucher, la caresser, la serrer. Même si ce n'est que pour une heure, j'aimerais qu'elle me laisse en paix ce temps là.
Pour la faire taire, je scelle nos lèvres. Sa bouche est douce, accueillante, et lorsqu'elle l'entrouvre je sens enfin toute la chaleur dont j'ai besoin. Sa langue passe sur la mienne, câline, et nos mains s'enlacent. Lentement, je la conduis jusqu'au lit. Elle s'y écroule sur le dos, éclate de rire. Elle est joyeuse, insouciante, libre, à l'heure où je me sens le plus grave et enchainé. Je lui souris pourtant. Je fais si bien semblant. Mes mains passent sous sa poitrine, enveloppent sa taille, soulèvent ses hanches et caressent ses jambes. J'entends ses soupirs lorsque je la touche.
Je suis allongé sur le lit, le drap remonté jusqu'à mes hanches. Elle passe sa main sur mon ventre, y dessine des arabesques imaginaires. Je crache des petits nuages de fumée bleutée, elle les efface de sa main libre. Elle n'aime pas que je fume. J'entends sa respiration, encore un peu haletante. Elle a été parfaite, comme toujours. Elle m'a donné toute la tendresse dont j'avais besoin, comme toujours, elle m'a fait croire pendant presque une heure que j'étais le seul qui comptait à ses yeux. Lentement, je la sens s'éloigner. Elle rabat le drap sur sa poitrine dans une fausse pudeur qui m'écoeure. Elle me sourit et embrasse mon front, comme si j'étais un enfant.
"Tu t'en vas ?" Demandé-je quand elle se lève. Je sais bien qu'elle s'en va. Elle ne reste jamais dormir. Elle ne prend jamais le petit-déjeuner.
"Je n'ai pas le choix" Répond-elle, faussement triste. Elle veut me faire croire qu'elle regrette de devoir partir. Elle veut me faire croire qu'elle culpabilise de me laisser seul. J'hoche simplement la tête. La gorge serrée, je suis incapable de lui répondre.
Elle remet ses sous-vêtements, enfile sa robe. Elle cherche ses chaussures partout, et je ne prends pas la peine de lui dire qu'elle les a laissées dans l'entrée. Je veux la contempler encore quelques secondes, aussi bête que cela puisse paraitre. Elle attache ses cheveux en un minuscule chignon. Je voudrais l'insulter, lui cracher mon venin, balancer toute ma haine sur elle, comme je l'aurais fait adolescent. Mais elle m'a transformé, je dois l'avouer. Elle a fait de moi un chien, un moins que rien, un fantôme. Et les fantômes ne peuvent pas blesser les vivants. Le Draco de Poudlard a disparut, mort et enterré, et il a laissé place à ce qu'elle appelle un homme charmant. Ce que moi j'appelle une merde.
"Je t'aime, Dray" Souffle-t-elle contre mon oreille.
Mon estomac se noue. Je ne lui réponds pas. Je ne la regarde même pas. Comment peut-elle sciemment me planter ces poignards dans le coeur, et n'en garder aucun remord ? Elle m'aime ? C'est ce qu'elle dit à chaque fois, mais torture-t-on les gens qu'on aime de la sorte ? Elle ne sait que mentir. Elle n'a même pas idée de ce que veut dire le mot aimer. J'entends la porte se refermer derrière elle, je suis à nouveau seul. Aimer... Moi non plus je ne savais pas ce que c'était avant de devenir l'amant de Ginny. J'avais cru le savoir quand je m'étais marié, mais je me trompais.
Aimer, c'est à la fois la meilleure et la pire des sensations. L'esprit qui ne peut plus se concentrer sur rien d'autre que cette femme, qui vient même hanter mes rêves. La gorge qui se serre, l'estomac qui chavire, le coeur qui bat la chamade, les frissons qui parcourent mon corps chaque fois qu'elle me touche, mes mains qui se crispent. C'est tellement bon, que dès que j'en manque, ça en devient douloureux. Dès qu'elle n'est plus là, je ne peux penser qu'à elle, et mon imagination est tellement tordue qu'elle m'en fait mal. Je l'imagine dans les bras de Potter, l'embrassant en rentrant de chez moi, caressant les têtes angéliques des enfants qu'elle lui a donné, lui préparant des petits-déjeuners au lit, lui offrant son corps parfait peut-être plus qu'elle ne me l'offre. J'en ai la nausée.
Et moi j'en suis là, seul, à l'attendre, désespérément. Comme un con. A me tordre les doigts, à me tirer les cheveux, à prendre je ne sais quelles pilules pour calmer mes crises de nerfs. Moi qui voudrais pouvoir laisser aller toute ma rage et ma jalousie. Moi qui voudrais taper contre les murs, aller là bas et tous les massacrer, pour enfin être débarrassé de ces démons. Moi qui voudrais la faire souffrir à mon tour, la faire souffrir comme je souffre, la mettre à bout de nerfs, la faire pleurer comme je pleure pour elle, la faire hurler comme j'aimerais hurler.
Mais voilà, en ouvrant la porte chaque soir, en acceptant de la voir, de la toucher, de l'embrasser, j'ai signé ce contrat maudit. Je n'ai plus le choix, parce que je ne plus me passer d'elle, et je suis contraint et forcé d'accepter ma place. La place de l'amant. Celui dont elle a besoin, dont elle ne peut pas se passer. Celui qui lui fait oublier l'espace de quelques heures son quotidien morose. Celui qu'elle dit aimer, mais qui n'est qu'une échappatoire. Celui qui restera officieux, qui restera son pêché, son secret. Celui qui l'aime tellement, qui se meurt pour elle, qui déplacerait des montagnes pour ses yeux. Mais celui qui doit se taire et accepter le peu qu'elle daigne lui donner. L'amant.
