La jeune femme releva brusquement la tête pour dégager les cheveux bruns qui obstruaient son champ de vision. Elle regarda les deux hommes qui la menaçaient depuis plus d'une heure. Elle lécha le sang qui perlait au coin de ses lèvres avec un sourire sadique faisant vaguement penser à celui qu'aurait eu un squale si il avait pu sourire.

L'homme brun s'approcha et frappa à nouveau avec un air imperturbable. Il murmura à l'oreille de la captive une énième mise en garde :

« Je te préviens, je ne fais pas de traitement de faveur aux femmes. Alors pour la dernière fois, articula-t'il pour être sûr de se faire comprendre, dis-moi où il se cache ! »

Elle fixa ses ravisseurs tour à tour, avec un vague regard de folle-à-lier. Elle resta silencieuse, souriant toujours et ne ressentant visiblement aucune douleur.

Le deuxième homme, d'un blond presque irréel, jubilait. Enfin, il allait entrer en jeu.

Son collègue lui fit signe de sortir son revolver.

« Puisque la charmante mademoiselle Storm ne veut rien nous dire, inutile de s'en encombrer, sourit-il à l'intention de l'intéressée. Larry, reprit-il pour le blond, liquide-là. »

Tu n'aurais pas pu trouver meilleur verbe, songea la jeune femme.

Le brun quitta la pièce.

Le dénommé Larry posa le canon de son arme sur la tempe de la demoiselle.

« Une dernière volonté ? questionna-t'il dans un élan mélodramatique.

Pouvez-vous de donner l'heure ? »

Surpris, le raviseur indiqua dix-sept heures.

Parfait, je suis dans les temps, se dit-elle.

Le blond, n'en pouvant plus de cette femme étrange qui refusait de parler, perdit patience et appuya sur la détente.

Le coup partit, traversant le crâne de la jeune femme.

Elle ne chancela pas. Ne cria pas. Ne mourut pas.

« C'est... c'est impossible... »

Nouveau sourire sadique de la part de la captive.

Le blond contourna la chaise où était assise sa « victime » et trouva la balle l'attendant sagement sur le sol, pleine de sang.

« Elle a atteint sa cible, tu devrais être morte ! » cria-t'il à la femme, le visage déchiré par la peur.

Il voyait distinctement sur ses tempes le trou qu'avait-fait le projectile.

La captive ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, elle les rouvrit et les trous se refermèrent.

L'homme n'en croyait pas ses yeux, il faisait un cauchemar. Ce devait être un cauchemar.

La femme partit dans un petit rire discret. Soudain, elle s'évapora. La chaise sur laquelle elle était assise quelques secondes auparavant était vide, les liens qui l'attachaient pendant misérablement jusqu'au sol.

Le criminel recula précipitemment, les larmes coulant sur ses joues, et le revolver dans la main bien qu'inutile. Il s'arrêta brusquement , se rendant compte qu'il pataugeait.

De l'eau ? Mais elle n'était pas là il y a quelques minutes ! Et la sécheresse dure depuis deux mois !

Une sensation désagréable le fit frissonner. L'eau remontait le long de sa jambe. Toute seule...

Il se retourna, personne.Tant pis pour elle, je dirai à Meison que je l'ai butée. Il se mit à courir vers la porte. Mais un immense mur d'eau se forma instantanément pour lui barrer le passage.

« C'est pas humain ! » hurla-t'il, à bout de nerfs.

Une immense main aquatique se forma et le saisit par le cou, lui enveloppant la tête et le noyant en quelques secondes.

La main le relâcha. Le mur d'eau reprit forme humaine. Il redevint la jeune femme attachée quelques minutes auparavant.

« Tu as raison, je ne suis pas humaine... » murmura-t'elle à l'oreille du mort.