Hello ! :)

Alors, vous vous demandez sans doute comment justifier l'existence d'un tel recueil. Et bien, simplement parce que du 1er au 7 avril se dérouloe un évènement nommé la Gruvia's week, organisée sur le site anglophone Tumblr. Si vous êtes fan de ce couple, je vous invite à y jeter un coup d'oeil, de nombreuses créations y verront le jour !

C'est donc parti pour le premier thème : Glace & Eau.

Bonne lecture !


Liste des thèmes :

Premier jour - Glace & Eau

Deuxième jour - Non-dits

Troisième jour - Univers Alternatif

Quatrième jour - Travail d'équipe

Cinquième jour - Toucher

Sixième jour - Peine

Septième jour - Timidité


Chronologie : Aucune chronologie particulière, même s'il serait préférable de placer cette histoire assez longtemps après que Juvia soit devenue une mage de Fairy Tail selon moi.

Genre : Friendship/Romance

Rating : K+

Personnages : Juvia et Grey.

Pairing : Du Gruvia très très léger.

Disclaimer : Les personnages de Fairy Tail ainsi que son univers appartiennent à Hiro Mashima.


— Glace & Eau —

Un long et délicieux frisson parcouru la colonne vertébrale de la jeune femme lorsqu'elle referma la porte d'entrée derrière elle.

Juvia ferma les yeux et soupira d'aise ; immédiatement, la chair de poule se répandit sur tout son corps, hérissant un duvet clair sur ses bras jusqu'à sa nuque. Une vague de chaleur s'en suivit, accompagnée d'un sourire comblé, qui étira doucement les lèvres rougies par le froid de la mage d'eau.

Exaltant.

Un flocon de neige se posa sur sa joue. C'était froid, mordant ; mais aussi délicieusement piquant, vivifiant. Entièrement fait d'eau mais pourtant si différent de l'élément qu'elle connaissait, si différent de la nature même de ce qu'elle était. Aussi apaisant que la présence de la pluie pour elle.

Mais avec un petit peu de Grey en plus, d'une certaine manière.

L'écho d'un rire remonta le long de sa gorge, soulevant imperceptiblement sa poitrine tout juste recouverte d'une chemise de nuit blanche, dont les extrémités en dentelle ressemblaient à la forme des flocons de neige. Le froid cherchait à s'insinuer en elle de toutes les façons possibles, s'engouffrait dans ses cheveux ébouriffés, ses vêtements, soulevait la robe de chambre satinée qu'elle avait tout de même décidé de porter, mordait sa peau, ses oreilles, le bout de son nez et ses doigts fins et graciles, qui risquaient de bientôt prendre une teinte bleutée.

Mais qu'importe ; il neigeait. Il neigeait, et pour rien, rien au monde elle n'aurait raté une occasion pareille d'observer le phénomène de plus près. Pour de vrai ; en secret. À l'abri du regard et du jugement des autres.

Il n'y avait qu'elle, et toute cette neige. Le ciel bleu et clair, le vent glacé mais léger, les battements de son cœur dans sa poitrine et le sourire qui recourbait timidement ses lèvres.

Juvia se sentit rougir et se mordilla la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire, tant l'euphorie qui s'était emparée d'elle était grande. Il lui avait dit que cette chemise lui allait bien, la veille, avant de se coucher dans l'une des chambres du chalet quelque peu vieilli mais étrangement chaleureux dans lequel ils logeaient, le temps d'une mission au nord. Dans un murmure amusé. Un souffle, discret, comme il savait si bien le faire. Du bout des lèvres, masquant ce qui paraissait de trop tout en allant directement à l'essentiel.

Pour elle.

Juvia avait rougit et s'était contentée de le remercier, avant de filer se coucher. Elle avait eut du mal à dormir, à vrai dire ; savoir qu'elle se trouvait dans la chambre où il avait vécu enfant, dans la chambre de celle qui avait été un tournant décisif dans sa vie et accompagné de son rival de toujours l'avait vaguement perturbée. À chaque fois que son regard aux profondeurs aussi insondables qu'un océan s'était posé sur le plus petit objet, elle n'avait pût s'empêcher de s'approcher, trop curieuse, trop excitée par le voyage et la présence toute proche de l'amour de sa vie dans la pièce d'à côté pour dormir. Elle avait tout observé, sans jamais rien toucher. Même lorsque son visage s'était enfoui dans l'oreiller après un dernier regard à la lueur des étoiles qu'elle discernait derrière la buée de la vitre, elle avait cru sentir son odeur, son parfum, sa présence, tout partout autour d'elle — et ça l'avait rendue tellement, tellement heureuse.

Elle s'était endormie plus vite qu'elle ne l'aurait pensé, probablement épuisée par le voyage. Mais lorsqu'elle se réveilla — assez tôt, pour une raison qu'elle ignorait — le lendemain matin, le décor avait changé.

La mage d'eau s'était d'abord frotté les yeux, incrédule, en ne distinguant que du blanc à l'extérieur, visible par la fenêtre. Sceptique, elle avait alors attrapé un pan de sa robe de chambre pour en essuyer la surface, recouverte de buée.

Une exclamation de stupeur s'était échappée d'entre ses lèvres arrondies en un « o » aux courbes surprises et étonnées, sans qu'elle ne cherche seulement à y faire quoi que ce soit.

Il avait neigé.

Juvia avait déjà vu de la neige, lorsqu'elle était enfant. Elle se souvenait encore de ce matin là, où sa réaction avait été du même genre ; enfantine, naïve, sincère. Immédiatement, elle s'était habillée avec ce qui lui était passé sous la main et jetée vers l'extérieur, courant avec toute la vitesse dont ses jambes de petite fille étaient capables, parcourant les couloirs d'un grand manoir sans se soucier du regard des domestiques sur son chemin.

L'un de ses premiers éclats de rire avait vu le jour ce jour-là. Le froid l'avait saisie, mais elle n'avait pas reculé pour autant. Une des domestiques entrain de déblayer le sol s'était tournée vers elle, surprise de l'entendre rire de si bon matin. Juvia lui avait rendu son sourire et s'était approchée pour l'aider, curieuse de savoir quelle pouvait bien être la texture de cette étrange matière, dont elle n'avait jusqu'ici que vaguement entendu parler.

Toute la maisonnée avait été ravie de voir leur jeune maîtresse comme ça. Heureuse, insouciante. Un sourire innocent et émerveillé peint sur ses petites lèvres d'enfant.

Mais ça n'avait pas duré longtemps.

Juvia avait vu d'autres enfants s'amuser à se lancer des boules de neige, un peu plus loin dans le jardin. Eux aussi, ils riaient, les joues rougies par le froid, leurs visage polissons fendus par de grands sourires. Curieuse, elle s'était timidement approchée et les avait observés, analysant stratagèmes et techniques d'approche, attaques et ripostes. Elle avait eut envie d'essayer.

Alors ils s'étaient arrêtés. Ils l'avaient regardé, et leurs sourires avaient tout simplement fané, bien vite remplacés par des grimaces écœurées. L'un d'eux avait même ri, moqueur, cruel qu'il était ; et les paroles venimeuses s'étaient enchaînées, alors qu'elle sentait le monde s'effondrer sous ses pieds.

« Tu ne peux pas jouer avec nous. »

Elle avait reculé.

« Tu vas encore tout gâcher. »

Son cœur avait douloureusement bondi dans sa poitrine, à la façon dont il avait insisté sur le « encore ».

« Et voilà, tu pleures. Vas t'en. On ne veut pas de toi ici. »

Les larmes s'étaient mis à brûler ses yeux sombres, où toute trace de joie avait disparu. Plus de neige, plus de soleil, plus de jeu.

Juste le froid. Le vide.

« Tu sers à rien. Il faut toujours que tu nous pourrisses la vie, de toute façon. »

Et la pluie s'était mise à tomber.

Ils étaient en plein hiver, et pourtant, la neige, douce et légère avait laissé place à une pluie torrentielle, qui s'était aussi douloureusement abattue aux alentours qu'une tempête de grêle. Tous étaient rentrés se mettre à l'abri, pestant contre le temps qui faisait des siennes.

Pas elle.

Elle, elle était restée sous la pluie. Elle était resté sous le froid, avait enduré la puissance des éléments, sans même que ça ne lui arrache un pincement douloureux. Ça la traversait littéralement, ne lui laissait aucune marque, aucune sensation. Ses parents s'étaient inquiétés à son sujet, à cause de ces étranges capacités qui lui avaient valu ce qu'elle était aujourd'hui.

Juvia était devenue une femme de pluie.

La mage soupira à l'évocation de ce souvenir et se reprit, un sourire confiant aux lèvres. Elle n'avait plus de raison de faire s'abattre la pluie aux alentours, à présent. Elle n'avait plus de raison de faire pleuvoir sa tristesse sur le monde, d'étendre son malheur aux autres.

Parce qu'il lui avait montré la beauté du soleil.

Avec un sourire, avec ses sentiments, son cœur pur et sincère, il avait dissipé les nuages et séché la pluie qui coulait de ses yeux. Il lui avait montré à quel point un temps ensoleillé pouvait être agréable, à quel point la chaleur de ses amis pouvait être importante, vitale, si bien qu'elle ne pût rapidement plus s'en passer.

De ce qu'il lui avait apprit. Mais de lui, aussi. Surtout, même.

Il lui avait transmis le pouvoir qui faisait que les membres de cette guilde étaient si puissants. Il lui avait apprit la magie des sentiments. Leur force. Leur nature, ce qui faisait leur beauté, leur particularité.

Juvia lui en sera éternellement reconnaissante. Elle l'aimait, de tout son cœur ; pour ça. Pour ce qu'il lui avait apprit, pour le soleil qu'il lui avait montré, pour la chaleur qu'il lui avait donnée, lui qui était d'ordinaire un personnage si froid.

Juvia éclata de rire ; comme ça, sans raison. Parce qu'elle en avait envie. Parce qu'elle savait que si elle était restée à Phantom Lord, jamais elle n'aurait pût le faire. Jamais elle n'aurait pût se sentir si bien, juste grâce à un sourire discret, quelques mots sincères, des paroles au sens caché. Jamais elle ne se serait fait de vrais amis, une vraie famille, dont tous les membres l'acceptaient pleinement comme elle était.

Si la pluie n'avait pas rencontré la glace, jamais sa vie n'aurait été telle qu'elle l'était aujourd'hui. Si la pluie ne s'était pas arrêtée, sans doute n'aurait-elle jamais connu d'autre fin qu'une tragédie vécue en solitaire.

Juvia fit un pas dans la neige. C'était humide et froid. De l'eau et de la glace en même temps. Un brusque frisson remonta le long de sa jambe, et ses dents se mirent à claquer, ses membres à trembler. Mais elle en fit un autre, le tapis blanc épousant la forme de ses pieds nus dans un bruit sourd. Puis un autre, et encore un autre, les yeux brillants d'un émerveillement presque enfantin et un sourire plus que ravi éclairant son visage.

La jeune femme étouffa un rire et jeta un coup d'œil vers la porte d'entrée de ce qui avait été autrefois la maison d'Ul. Ses lèvres rougies se parèrent d'un sourire attendri en imaginant à quoi pouvaient bien ressembler Lyon et Grey — surtout Grey — lorsqu'ils étaient petits. Elle se mordilla la lèvre pour s'empêcher de rire — de crier, de hurler, de chanter. Grey devait encore dormir. Il était tôt, après tout, et elle savait qu'il aimait traîner au lit. De plus, vu la neige qui était tombée en une seule nuit, elle doutait que ça n'ait pas d'incidence sur le fonctionnement normal de la ville.

Des flocons blancs s'étaient accrochés à ses cheveux, complètement ébouriffés de la nuit qu'elle venait de passer ; mais elle n'y fit pas attention, le cœur battant, le sourire aux lèvres, les joues rougies et les yeux brillants, joyeuse, heureuse, complètement euphorique. Elle se sentait mieux que jamais, en pleine forme, prête à courir sur des kilomètres et des kilomètres sans s'arrêter, à courir pour poursuivre ce qu'elle convoitait sans faillir.

Alors, elle se mit à danser.

Elle se mit à danser en même temps que les battements effrénés de son cœur. Chaque pas soulevait un peu de neige poudreuse derrière elle, virevoltant au grès du vent ; comme elle. Elle dansait.

Elle dansait pour accompagner son cœur liquide, épris d'un autre dont elle avait appris à apprécier la froideur et le silence. Elle dansait pour suivre les éclats de rire qui avaient fini par s'échapper de sa gorge, résonnant dans la vallée comme bon leur semblait.

Elle dansait avec la neige qui tombait, tournait, tournait. Elle dansait pour ses yeux qui brillaient, pour ses sens éveillés, pour l'odeur des sapins et de la neige toute fraîche, celle du bois humide et de la pluie gelée ; de la neige.

Ce mélange si spectaculaire de glace et d'eau, qui s'étendait à perte de vue sous ses yeux.

Elle dansait sans vraiment en connaître la raison. Comme une folle — elle était folle. Parce qu'elle était amoureuse. Parce qu'elle se sentait bien. Parce que Grey avait voulu qu'elle vienne avec lui ici, le temps d'une mission ; juste avec elle, sans Natsu, sans Erza, sans Lucy, sans Wendy. Sans personne d'autre.

Ils n'y avait qu'eux. Eux, et ce mélange de glace et d'eau. Eux, et toute cette neige.

Il y avait cette femme de pluie échevelée, tout juste vêtue d'une pauvre nuisette qu'elle avait agrémentée d'une robe de chambre. Il y avait son sourire, ses éclats de rire, les pas désorganisés et pourtant étrangement gracieux qui l'animaient ; et elle dansait, dansait, tournait, virevoltait dans la neige, sans pouvoir s'arrêter. Comme elle aurait aimé le faire lorsqu'elle était enfant.

Comme elle le faisait maintenant ; parce que, quelque part, ce nouveau départ avait été une renaissance pour elle. Une course endiablée dirigée par l'amour et l'honnêteté ; l'amour de la famille, l'amour des amis — et puis cet amour là, qu'elle pouvait qualifier de plus froid. Cet amour là, unique en son genre et qui se démarquait des autres. Cet amour là, juste à côté d'elle.

Elle savait qu'il était là ; elle avait sentit la fumée qu'il avait soufflé après avoir tiré sur sa cigarette, assis sur une des marches devant l'entrée. Elle l'avait entendu rire, soupirer, amusé.

Et elle avait continué ; parce qu'il la regardait. Elle avait continué de danser, d'évoluer en même temps que la neige qui tombait ; parce qu'elle se sentait bien. Parce qu'il ne disait rien.

Parce que tout allait bien.

Elle l'avait vu se lever, avant de tournoyer, tournoyer à nouveau. Il faisait partie du monde qu'elle s'était créé, pièce maîtresse de son bonheur constant. Elle dansait, mais elle percevait tout de même sa présence à ses côtés. Elle voyait des petits bouts de couleurs, appartenant sans nul doute au tee-shirt bleu marine qu'il avait rapidement enfilé.

Et elle sentit l'emprise de sa main autour de son poignet.

« Eh... Fais gaffe quand même, la prévint-il doucement, de peur de briser la bulle de bonheur dans laquelle elle s'était enfermée. Tu pourrais...

— Grey-sama danse avec Juvia... », le coupa-t-elle d'une petite voix au timbre rêveur et lointain, un sourire ravi aux lèvres.

Il y avait ce mage de glace et cette mage d'eau, immobiles. Il y avait ces magies complémentaires, et autour, la neige qui voletait au grès du vent, eau transformée en une glace légère à la forme astrale. Ce silence, indécis mais agréable, propre à eux et en accord avec les échanges entre leurs regards.

Le monde se mît à tanguer autour de ses pieds ; elle avait la tête qui tournait.

Mais elle souriait ; alors il se mît à sourire à son tour. À rire, même.

Il y avait ces sourires. Cette joie dont la source leur était inconnue. Cette euphorie qu'elle lui avait transmise, inconsciemment, doucement, naturellement ; comme l'eau se transforme en glace, comme la pluie se transforme en neige.

Il y avait ces mages. L'une amoureuse, l'autre encore indécis ; et puis leur danse, timide et hésitante, teintée d'une complicité acquise grâce au temps et d'une allégresse grandissante et silencieuse. Il dansait parce qu'elle dansait. Il dansait parce qu'il aimait la voir sourire. Elle dansait parce qu'elle l'était ; souriante, heureuse. Heureuse qu'il danse avec elle.

« Grey-sama danse avec Juvia, répéta la jeune femme entre deux éclats de rire, les yeux brillants de bonheur. Juvia… Juvia est heureuse d'être ici. Juvia aime la neige.

— J'aime la neige aussi. », répondit le brun dans un souffle, ralentissant inconsciemment le rythme auquel ils s'étaient adaptés.

Et il lui rendit son sourire ; parce que même s'il n'était pas du genre à hurler tout ce qu'il ressentait dès que l'envie lui prenait, même s'il n'était pas quelqu'un qui n'exprimait pas facilement ce qu'il pensait, qui n'appréciait pas tellement le contact et les déclarations embarrassantes, il pouvait au moins lui offrir ça. Un peu de ce bonheur. Parce que c'était facile et simple — et étrangement, assez satisfaisant.

Parce que quoi qu'il en dise, il aimait voir ce bonheur dans les yeux de Juvia. Cette satisfaction dans son sourire — et tous les sentiments que ça impliquait, peut-être. Parce qu'il était capable de lui offrir ça — au moins ça, en attendant de trouver le courage de s'occuper du reste. La rendre heureuse en lui offrant ces quelques instants de bonheur, loin des autres, loin du monde. Dans leur monde.

Un monde fait de glace et d'eau.


Le Gruvia est vraiment très léger pour ce thème, mais j'ai préféré m'occuper de Juvia pour celui-ci. Le prochain thème - celui de demain, donc - sera quant à lui axé sur les pensées de Grey.

Merci pour votre lecture ! ( Et vive le Gruvia, héhé ! :) )