Pour Lune, donc…

Tentations

"Hold me, thrill me, kiss me, kill me" - U2

De l'eau coulait dans la salle de bain. Sirius Black, assis sur son lit, se laissait bercer par le bruit de la douche. Il venait de laisser sa place dans la salle de bains à son filleul, Harry Potter. Depuis que ce dernier avait quitté Poudlard, il était venu rejoindre son parrain à Grimmauld Place. Tous deux combattaient activement les Mangemorts en tant que membres de l'Ordre du Phénix. La lutte qu'ils menaient semblait ne jamais devoir prendre fin. Et le pire, celle qu'elle conduisait irrémédiablement à l'affrontement ultime qui devrait avoir lieu entre Harry et Voldemort. Sirius soupira et se renversa en arrière. Il ne fallait pas qu'il pense à ça. Aujourd'hui déjà, ils avaient failli tous deux y passer, et ne s'en étaient sortis que de justesse. Presque par miracle même...

Ils avaient été chargés de faire une descente dans un lieu de réunion des Mangemorts qu'une équipe de surveillance avait repéré quelques semaines auparavant. Normalement, Kingsley aurait dû les accompagner, mais il avait été blessé lors d'une de ses précédentes missions. Sirius et Harry avaient alors décidé de se rendre sur les lieux en simples observateurs. D'après leurs informations, le groupe de partisans qu'ils devaient surveiller se composait d'à peine une dizaine de membres. Une fois sur place, Harry avait essayé de convaincre son parrain de profiter de l'effet de surprise et de les arrêter, mais Sirius était resté intraitable. Il était sûr qu'il devait ce comportement raisonnable - qui lui ressemblait si peu, il fallait l'avouer - à la seule présence de son filleul qu'il cherchait à protéger.

Sirius passa les bras derrière sa tête et s'étira. Ce faisant, il laissa échapper un gémissement de douleur. Il avait l'impression de sentir chacun de ses muscles. Son torse nu laissait voir des cicatrices - certaines datant d'Azkaban, mais d'autres plus récentes - et de nombreux bleus. Et Sirius savait que le corps de son filleul était tout aussi meurtri que le sien. Frissonnant, il ferma les yeux.

Dissimulés dans les hauteurs d'un entrepôt, Sirius et Harry avaient donc espionné les sbires de Voldemort pour essayer, à défaut de pouvoir mettre un terme à leurs agissements, de découvrir quels étaient ceux qu'ils prévoyaient d'accomplir. Ils avaient reconnu plusieurs des Mangemorts présents. Lorsqu'ils étaient entre eux, et même s'ils gardaient leurs masques, les partisans du Seigneur des Ténèbres se trahissaient par certaines de leurs manies. Lucius Malfoy voulait toujours jouer au chef. Les Lestrange ne cessaient pas de se disputer. Macnair faisait tournoyer un couteau entre ses doigts... Malheureusement, d'où ils se tenaient, Sirius et Harry avaient certes une parfaite vue sur le groupe, mais n'entendaient que la moitié de leur conversation, pourtant animée. Ils avaient alors tenté de traverser la passerelle sur laquelle ils se tenaient pour se placer juste en dessus de la troupe. Et c'est à ce moment que les choses avaient mal tourné. Dans son empressement, Harry avait heurté une caisse, et s'était étalé de tout son long. Le bruit avait attiré l'attention des Mangemorts, qui s'étaient arrêté de parler. Sirius et Harry avaient entendu la voix méprisante de Lucius: « Crabbe, Goyle ! Allez voir là haut ! »

Malgré sa situation, Harry n'avait pu s'empêcher de sourire. Il avait comme un sentiment de déjà vu... Son parrain l'avait rejoint, et l'avait aidé à se relever. Ils n'auraient pas le temps de se dissimuler. Abonnant tout espoir d'échapper à une confrontation, ils avaient sorti leur baguette, attendant de pied ferme que les deux gorilles de Malfoy les trouvent. Ces derniers ne s'étaient pas fait attendre. Mais Sirius était prêt. Avant même qu'ils aient eu le temps de sortir leurs baguettes - on ne pouvait pas dire qu'ils brillaient par leur intelligence - il avait réussi à les désarmer. Entendant le remue ménage, mais ne voyant toujours rien, Malfoy hurla: « Mais vous faites quoi, bande d'abrutis ? » Et il monta lui-même, excédé. En découvrant ses deux gardes du corps à terre, Malfoy s'arrêta. Puis il remarqua Sirius et Harry. « M. Potter... Quel honneur ! Et mon cher cousin... » Sirius serra les dents. Il se jeta sur lui, sans voir que Harry faisait de même. Malfoy n'aimait peut-être pas se salir les mains lui-même, mais il fallait avouer que, lorsqu'il daignait sortir sa baguette, il savait plutôt bien s'en servir. Évitant Sirius, il lança un sort à Harry, qui l'envoya contre la caisse sur laquelle il venait de trébucher.

Harry avait perdu un instant connaissance. Lorsqu'il revint à lui, il découvrit son parrain en bien mauvaise posture. Lucius l'avait acculé contre la balustrade, et Sirius avait lâché sa baguette. Profitant que personne ne l'observait, Harry se glissa jusqu'à celle-ci et cria à son parrain: « Attrape, Sirius ! » Pris par surprise, Lucius relâcha son étreinte. Sirius attrapa sa baguette - décidemment, le Quidditch formait de bons réflexes pour ce genre de situations - et réussit à se dégager. Puis, abandonnant les sorts pour un instant, il fit passer Lucius par dessus la balustrade, et le regarda s'écraser un étage plus bas. La chute n'était pas très grande, mais il ne risquait pas de se réveiller avant un petit moment.

Se remémorant cet incident, Sirius sourit. Avoir réussi à envoyer le noble Lucius Malfoy s'écraser au milieu des caisses d'un entrepôt était plutôt jouissif. Comme quoi, rien ne valait parfois les bonnes veilles méthodes de combat moldues...

Néanmoins, les autres n'allaient pas tarder à débarquer. Et si Sirius avait eu de la chance jusque là, il ne pouvait espérer s'en sortir encore aussi bien. Si au moins ils avaient pu transplaner hors d'ici... Mais dans l'état où ils étaient, c'était beaucoup trop dangereux. Profitant du court moment de répit qui lui était offert, Sirius s'agenouilla auprès de son filleul. Harry croisa son regard, et lui sourit vaillamment. "Beau lancé !"

Sirius pouffa. « Merci ! » Aidant son filleul à s'asseoir, Sirius dégagea les mèches de cheveux qui lui collaient au front. « Ça va aller ? », demanda-t-il doucement. Harry hocha la tête. « Si on arrive à en éliminer quelques uns tout en avançant le long de la passerelle jusqu'à la porte, là-bas, on a peut-être une chance de pouvoir transplaner une fois dehors – « La voix de Sirius fut couverte par le cri de Bellatrix, qui avait décidé de prendre le contrôle des opérations. De sa voix aiguë, elle ordonna: « Vous deux, allez voir ! »

Des pas résonnaient déjà dans les escaliers. Harry sursauta. Sirius resserra son étreinte sur l'épaule du jeune homme, comme pour l'encourager, et l'aida à se mettre sur ses pieds. Harry peina d'abord à trouver son équilibre, et dut s'appuyer à son parrain pour ne pas retomber au sol. Comme Sirius le rattrapait de justesse, deux Mangemorts firent leur apparition en haut des marches. Sirius se retourna brusquement. Il passa la main derrière la nuque de son filleul, et le regarda dans les yeux. « C'est maintenant, Harry. Courage ! » Harry acquiesça résolument, et se dégagea. Cette fois, ses jambes ne le trahirent pas.

Ils n'eurent pas le temps d'échanger d'autres paroles. Macnair venait d'envoyer un sort à Harry, sort qui lui érafla le bras. Avec une rapidité qui impressionna beaucoup son parrain, Harry répondit par un Expelliarmus qui désarma le Mangemort et le fit presque basculer lui aussi de l'autre côté de la balustrade. Mais Sirius n'eut pas le loisir d'admirer les réflexes de son filleul plus longtemps. En effet, Rookwood se dirigeait droit sur lui. Un combat acharné s'engagea immédiatement entre les deux hommes. Contrairement à Crabbe et Goyle, et même à Malfoy - trop sûr de lui - son nouvel adversaire se montrait bien plus coriace. Sirius réussit à éviter nombre des sorts jetés par Rookwood, mais il était déjà couvert de brûlures et d'égratignures. Les Mangemorts ne semblaient pas chercher à les tuer ou les arrêter, simplement à leur faire le plus de mal possible. Risquant un coup d'oeil du côté de son filleul, Sirius put constater qu'il n'en menait pas large. Macnair avait réussi à l'amener au sol, et, au moment où Sirius tournait la tête, il lui donna un violent coup de pied dans les côtes. Harry se recroquevilla sur lui-même. Sirius poussa un cri de rage, et voulut se précipiter sur Macnair, mais Rookwood le repoussa brutalement en arrière, et il alla violemment heurter la balustrade. Sirius tenta de se relever, mais il ne put s'empêcher de grogner de douleur. Il avait l'impression que les barres de la balustrade s'étaient incrustées dans son dos. Relevant les yeux, il constata que la situation ne faisait qu'empirer.

Deux autres Mangemorts venaient de se joindre au groupe. Sirius retint son souffle. Même sous leurs masques, il aurait reconnu ces deux-là n'importe où. Ses deux pires ennemis sur terre... Snape et Wormtail.

Toujours étendu sur son lit, Sirius se permit de sourire. La démarche du premier et les mouvements hésitants du second les auraient trahi sous n'importe quel déguisement. Au même moment, le bruit de la douche s'arrêta. Harry n'allait pas tarder à revenir dans la chambre. Sirius déglutit. Il venait d'avoir une vision très nette de son filleul sortant de la salle de bains, un linge autour de la taille et les cheveux encore plus en bataille que d'habitude. Préférant éviter de se pencher sur la raison de sa soudaine obsession, Sirius se remémora la suite des événements.

En regardant Snape et Pettigrew s'approcher, il avait soudain compris: c'était leur chance, leur seule et unique chance... Se tournant une nouvelle fois vers Harry, il constata avec satisfaction que son filleul avait réussi à se relever. Le regard qu'il jetait aux nouveaux arrivants semblait indiquer que lui aussi avait deviné leur identité. Sirius fit un signe de tête significatif à son filleul, qui acquiesça légèrement en retour. Il se releva alors, et s'avança vers Rookwood, décidé à s'en débarrasser. Mais, à sa grande surprise, celui-ci s'écarta. De la même manière, Macnair recula devant la baguette levée de Harry.

Ce fut Pettigrew qui se positionna devant Harry, Snape glissant vers Sirius. Ce dernier vint à sa rencontre, vérifiant d'un oeil que Harry suivait le mouvement. C'était toujours quelques centimètres de gagnés en direction de la porte... S'approchant le plus possible de Snape, il murmura: « La porte, derrière toi. » Severus eut un bref hochement de tête, et engagea le combat. Il ne ménagea pas Sirius, loin de là. En revanche, il fit en sorte de reculer progressivement, jusqu'à pratiquement se retrouver dos à la porte qui menait au toit du bâtiment. Pendant ce temps, Wormtail n'en menait pas large. Se sachant observé par ses camarades, mais opposé à celui à qui il devait d'être toujours en vie, le traître en avait perdu toutes ses moyens. Et on ne pouvait pas dire qu'il n'en avait jamais possédé beaucoup... Il réussit bien à envoyer quelques sorts à Harry, mais se contenta surtout d'éviter ceux de son adversaire, qui avançait résolument sur lui. Bientôt, Pettigrew et Snape se retrouvèrent acculés au mur. Revenant une nouvelle fois aux bonnes veilles méthodes moldues, Sirius donna soudain un coup de poing sur le nez de Severus, qui s'écroula par terre. Il se retourna ensuite sur Peter, et le stupéfixia. Sans attendre une seconde de plus, Sirius prit son filleul par la main et poussa la porte. Comme prévu, ils se retrouvèrent sur le toit. Mais des bruits de course derrière eux indiquaient que le reste du groupe s'était lancé à leur poursuite. Effectivement, la porte se rouvrit, et un cri de triomphe retentit. Un cri qui ne pouvait appartenir qu'à une femme. Bellatrix. Sans que Sirius ait pu réagir, elle braque sa baguette sur Harry, et un éclair rouge vint le frapper de plein fouet. Sirius, qui venait de reprendre ses esprits, n'hésita qu'une fraction de seconde. Il serra Harry tout contre lui, l'enveloppant de ses deux bras, et disparut.

Et en l'espace de quelques secondes, Sirius et Harry s'étaient retrouvés dans une chambre de Grimmauld Place. Les jambes de Sirius avait alors enfin cédé, et il s'était laissé glisser sur le sol, Harry toujours contre lui. Appuyé contre le lit, Sirius avait poussé un profond soupir et renversé la tête en arrière, les yeux fermés. Sauvés ! Ils étaient sauvés ! Enfin... Soudain, Sirius avait rouvert les yeux. Harry ! Il déplaça doucement son filleul dans ses bras, afin de pouvoir l'observer. Ses lunettes avaient glissé sur son nez, et l'un des verres était rayé. Sirius les lui retira, et les posa sur la couverture. Harry avait les yeux fermés, et semblait toujours inconscient. Mais il respirait tranquillement. Il devait simplement avoir reçu un sort de stupéfixion, et si on ajoutait à ça l'émotion et le combat... Et bien Sirius le laisserait dormir aussi longtemps que nécessaire. Il l'avait bien mérité. Repensant à la façon dont Harry avait fait face à la situation, Sirius ressentit une bouffée de fierté. Son filleul était vraiment un jeune homme exceptionnel. Sur le point de se lever pour déposer Harry sur le lit, Sirius s'arrêta. Ne valait-il pas mieux éviter de le déplacer ? Il risquait de le réveiller...

Ses yeux retombèrent sur le corps de son filleul. Son t-shirt était déchiré à plusieurs endroits (comme le sien d'ailleurs), et il devinait que les brûlures et les griffures qu'il pouvait voir sur ses bras ne s'arrêtaient pas là où commençait le tissu. Son visage était tuméfié, et du sang avait séché sur ses lèvres, à l'endroit où elles arboraient une coupure.

La respiration de Sirius se fit plus rapide. Il ferma les yeux et secoua légèrement la tête. Non. Il fallait qu'il se reprenne. Il ne pouvait pas penser des choses pareilles... Cela ne lui ressemblait pas du tout. Décidant de mettre ses idées bizarres sur le compte de la fatigue et de l'émotion, Sirius rouvrit les yeux, les posant une nouvelle fois sur son filleul endormi.

Et il fut rassuré de voir qu'aucune pensée... étrange... ne lui revint à l'esprit tandis qu'il étudiait l'ampleur des blessures infligées à Harry. C'est-à-dire... jusqu'à ce qu'il se rappelle le coup de pied donné par Macnair. Là, juste à l'endroit où le t-shirt de son filleul se relevait pour découvrir ses côtes. Sirius pouvait voir la peau rougie et tuméfiée. Et il eut soudain l'envie irrépressible de passer sa main sous le vêtement. Juste pour voir la gravité de sa blessure... essaya-t-il de se convaincre. Mais pourquoi avait-il si chaud alors ? Pourquoi n'arrivait-il pas à se décider à déposer Harry sur le lit ?

Sirius détacha difficilement ses yeux du carré de peau toujours à découvert. Mais ils retombèrent alors sur le visage de Harry, et sur ses lèvres enflées à l'endroit de la coupure. Sirius avait l'impression d'être hypnotisé par ces lèvres... Il déglutit difficilement. Non. Ce n'était pas possible. Il avait quarante ans passé, il avait passé pratiquement la moitié de ce temps en prison, il n'avait de toute sa vie jamais eu le moindre penchant homosexuel - et dans un dortoir rempli de garçons, Merlin savait pourtant qu'il aurait eu de quoi - et ce garçon était son filleul, le fils de son meilleur ami. Il ne pouvait PAS avoir envie de l'embrasser.

Si ! Il en avait désespérément envie... Et il n'avait plus ressenti une telle envie depuis bien longtemps. Depuis avant son emprisonnement, pour être exact. Mais pourquoi maintenant ? Cela faisait des années après tout qu'il côtoyait Harry... Sans s'en rendre compte, Sirius posa sa main contre la joue du jeune homme, effleurant ses lèvres du bout des doigts. Et c'est à ce moment que Harry se réveilla.

Il cligna des yeux, et finit par les ouvrir totalement. « Sirius ? », demanda-t-il d'une voix enrouée. A ce moment, Sirius fut heureux de lui avoir enlever ses lunettes. Son filleul n'y voyait sans doute pas assez pour remarquer le trouble qui l'agitait. Il avala une nouvelle fois sa salive. « Oui, Harry, c'est moi. Ça - ça va ? », réussit-il à articuler d'une voix étrangement rauque. Harry remua un peu dans ses bras, essayant de s'asseoir. Il ne put réprimer un gémissement de douleur, et porta la main à ses côtes. « Ça peut aller... et toi ? », répondit-il. « Je vais très bien, ne t'inquiète pas », le rassura Sirius, presque absent. J'ai juste failli te sauter dessus, mais à part ça, tout va bien ! compléta une voix dans sa tête.

Harry avait réussi à s'asseoir. « Tu es sûr ?", demanda-t-il avec inquiétude. « Tu as une drôle de voix... » Sirius se tourna vers son filleul, et constata à son grand soulagement qu'il pouvait le regarder et lui sourire sans arrière-pensée. Tu vieillis, mon pauvre Padfoot. L'action ne te réussit plus... « Je vais parfaitement bien, Harry. En dehors du fait que j'ai l'impression d'avoir passé sous un camion, bien sûr... », termina-t-il malicieusement. « Ah ? Toi aussi ? », s'étonna Harry d'un ton innocent. Et tous deux éclatèrent de rire.

Mais le rire de Sirius ne tarda pas à se transformer en quinte de toux. Il se tenait les côtes, et avait de la peine à reprendre son souffle. Quant à Harry, il avait porté la main à sa lèvre, qui s'était remise à saigner. « On devrait peut-être d'abord se soigner, non ? », proposa-t-il. Toujours incapable de parler, Sirius hocha la tête. « Vas-y toi d'abord, alors. Moi je crois qu'il faut que je reste encore un moment assis. »

Sirius acquiesça, et se leva en chancelant. Il se dirigea vers la salle de bain, et referma la porte derrière lui. Là, il se regarda dans le miroir. Il avait un oeil au beurre noir, et une griffure sur la joue. Son autre pommette était enfle et presque écarlate. Mouais... pensa-t-il. Déjà qu'Azkaban m'avait pas arrangé, si je continue comme ça, ma réputation de beau gosse va en prendre un coup. Sirius sourit à son reflet, mais son sourire se transforma en grimace. Il porta la main à sa joue. Comment disait James, déjà ? Le sex-symbol de Poudlard... Qu'est-ce qu'il dirait s'il me voyait comme ça ! Sirius se rembrunit. Et qu'est-ce qu'il dirait s'il savait ce que le sex-symbol pense en regardant son fils... Sirius secoua la tête. Il fallait qu'il arrête. Ce n'était sûrement rien de plus qu'un délire dû aux récents événements... Il retira son t-shirt en serrant les dents. Un rapide coup d'oeil lui apprit que son torse n'était pas en meilleur état que son visage. Il finit résolument de se déshabiller et entra dans la cabine de douche. Il resta un bon moment sous le jet d'eau chaude, qui délassait ses muscles mais brûlait sa peau là où elle avait été mise à vif. Se rappelant que Harry l'attendait dans l'autre pièce, il se secoua pourtant et sortit de la douche. Après s'être séché, il désinfecta la coupure qui tailladait sa joue, et pansa la griffure qui s'étalait sur son bras et venait de se remettre à saigner. Pour le reste, je peux rien faire. Je sens que je vais faire impression les prochains jours... Quoique Snape et son nez cassé devraient me faire concurrence... Cette pensée réjouissante en tête, il sortit de la salle de bain, un linge autour de la taille, ses cheveux mouillés et emmêlés. Harry s'était levé, et se tenait appuyé au pied du lit. Il sourit en voyant apparaître Sirius. Ce dernier le regarda d'un air intrigué.

« On peut savoir ce qu'il y a de drôle ? »

« Toi », répondit Harry. « Tu me fais presque penser à un grand chien noir hirsute et mouillé... »

Sirius prit un air indigné. « Je vais t'apprendre, moi... « Et il se précipita sur Harry, qui étrangement n'essaya même pas de fuir. Il lui enserra le cou d'un bras, et se mit à le chatouiller de sa main libre. Harry se tordait dans tous les sens, tentant d'échapper à son parrain. « Tu fais moins le malin hein maintenant ? », le taquina Sirius. « Un chien mouillé... Et puis quoi encore ? »

Harry riait aux éclats. « Arrête ! Mais arrête... Aï ! »

Sirius lâcha immédiatement son filleul. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Rien, c'est rien... », répondit Harry en portant à nouveau la main à ses côtes.

Sirius le regardait d'un air désolé... « Pardon... j'aurais dû y penser. »

« T'inquiète, c'est pas grave... »

« Je - je peux voir ? », demanda Sirius d'une voix hachée. Je ne devrais pas faire ça, je ne devrais pas... Harry hocha la tête, presque hésitant. Sirius approcha alors sa main, et souleva doucement le t-shirt de son filleul. En voyant l'étendue de l'ecchymose, il ne put s'empêcher de serrer les dents. « Il n'y est pas allée de main morte, hein ? », essaya-t-il de plaisanter. Il ne savait pas si cela venait de lui, mais l'atmosphère lui semblait soudain extrêmement tendue. Il leva les yeux vers Harry, mais celui-ci évitait son regard. Aurait-il remarqué quelque chose ? paniqua Sirius. Malgré son inquiétude, il n'arrivait pas à lâcher son filleul. Au contraire, Sirius posa gentiment sa main sur la taille de Harry. Il eut alors l'impression que tout son bras s'enflammait, et qu'il ne pourrait jamais retirer sa main. De son côté, Harry sembla frissonner. « Ça - ça te fait très mal ? », parvint à articuler Sirius. Harry secoua la tête, sans un mot. La scène parut durer des heures. Soudain, Harry déclara d'une voix blanche: « Je - je vais aller me doucher aussi. »

Sirius ne trouva pas quoi répondre. Harry était parti avant même qu'il ne pense à le lâcher, et il se retrouva bêtement à regarder la porte par laquelle son filleul venait de disparaître. Au bout d'un moment, il alla s'effondrer sur le lit, sonné. Merlin... Est-ce que Harry avait compris ? Pourquoi avait-il réagi si bizarrement au contact de son parrain ? Mais s'il avait compris, pourquoi n'avait-il eu aucune réaction de rejet ? Enfin... il était quand même parti s'enfermer dans la salle de bains... En entendant couler l'eau, Sirius s'était soudain calmé. Après tout, il n'était même pas sûr de savoir ce qu'il se voulait. Peut-être était-il simplement en train de s'imaginer des choses...

Maintenant que l'eau s'était arrêtée de couler, toutefois, il commençait à craindre le retour de Harry. Il se leva brusquement du lit, et enfila un pantalon. Vu la situation, cela lui semblait plus convenable... et raisonnable... Il était sur le point de passer un t-shirt lorsque la porte s'ouvrit. Et que Harry entra. Harry, vêtu d'un simple caleçon et d'une chemise - ouverte. Oh. Merlin. Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête, mais une chose est sûre: je n'ai qu'une envie, c'est de me laisser tenter. Sirius finit de se rhabiller avant d'oser regarder Harry dans les yeux. Celui-ci lui souriait. Un drôle de sourire...

« Alors... ça va ? Fait du bien, hein ? », demanda Sirius du ton le plus nonchalant qu'il put.

« Ouais... » Harry paraissait hésiter à dire quelque chose. Sirius n'osait même pas ouvrir la bouche, de peur de dire ce qu'il pensait. Finalement, Harry se décida. « En fait, à part mes côtes, j'ai presque rien. Mais je sais pas si je devrais faire quelque chose pour me soigner... » Et il regarda son parrain droit dans les yeux. Sirius aurait qualifié ce regard d'à la fois timide et... provoquant ? Je délire, je délire totalement...

« Euh... je sais pas trop quoi te dire. Je suis pas Mme Pomfrey non plus... », rigola Sirius.

« Mais... tu pourrais peut-être voir ce que tu peux faire ? », insista Harry.

« Ok... Tu - assieds-toi sur le lit ? » Il fait tout pour me rendre les choses encore plus difficiles, c'est pas possible !

Harry obéit. Sirius s'agenouilla devant lui, et, les mains déjà moites, écarta le pan de chemise. Il pouvait sentir que Harry l'observait. Les mains tremblantes, il écarta encore un peu plus le vêtement, et effleura la taille du jeune homme. Harry se tendit. Sirius aurait voulu relever la tête pour le regarder et lui demander où il avait mal exactement, mais il s'en trouva incapable. Soudain, Harry posa la main sur son bras. « Sirius », murmura-t-il.

Et c'en fut trop pour Sirius. Relevant la tête et voyant ces deux grands yeux verts qui le regardaient, il se laissa enfin aller et embrassa Harry. Ce dernier perdit l'équilibre et tomba en arrière sur le lit... où son parrain le suivit. Mais il ne fit rien pour le repousser. Sirius était à présent collé contre lui, et, tandis qu'il continuait à l'embrasser, ses mains remontaient le long de son torse.

Sirius avait maintenant les mains posées sur chacune des épaules de Harry, dans le but évidant de lui retirer totalement son vêtement. Et Harry ne faisait toujours rien pour l'arrêter... Non, je ne peux pas faire ça ! Sirius s'immobilisa brutalement, et se dégagea. Reprenant leur souffle, tous deux se regardèrent longuement. Harry n'avait pas l'air horrifié, ni traumatisé, ni même choqué. Pourtant, je viens presque de le violer là... Sirius n'y comprenait plus rien. Détournant les yeux, il marmonna: « Je - je suis désolé. Cela – «

« Tu es désolé de quoi, Sirius ? », l'interrompit Harry en se redressant. Timidement, il avança la main sur la couverture et saisit celle de son parrain.

Sirius baissa les yeux sur sa main, puis regarda son filleul, stupéfait. De quoi ! Il se fout de moi ? Mais il n'eut pas le temps de se poser plus de questions. Harry s'était rapproché, et venait de poser ses lèvres sur les siennes. « De ça ? », ajouta-t-il, toujours aussi… innocemment.

Sans un mot, Sirius hocha la tête. « Y a pas de quoi », déclara alors fermement Harry. Et il reposa ses lèvres sur celles de Sirius, qui, incapable de résister, se remit à l'embrasser impétueusement. Tandis que sa langue fouillait la bouche de Harry, il l'attira contre lui tout en se couchant sur le lit. Harry avait passé les bras autour de son torse et s'accrochait à lui. Cette fois, Sirius ne perdit pas de temps pour débarrasser Harry de sa chemise. A présent, il lui caressait doucement le dos. Harry avait niché sa tête dans le creux de son épaule, et une de ses mains était glissée sous son t-shirt. Tous deux restèrent ainsi pendant un long moment, sans échanger une seule parole. Puis Harry commença avec insistance à jouer avec le vêtement de Sirius.

« Hé hé, mais qu'est-ce qu'il te prend ? », taquina ce dernier. « Il te dérange mon t-shirt ? »

« Oui, énormément. Il cache tes muscles », plaisanta à son tour Harry.

Sirius éclata de rire. « Si tu me prends par la flatterie... » Et, se redressant, il l'enleva sans se faire prier d'avantage.

« Voilà qui est mieux », déclara Harry d'un ton approbateur, avant de pratiquement se jeter sur son parrain.

Par plaisanterie, Sirius le repoussa. Harry résista, et ils finirent par rouler sur les couvertures, se battant comme de jeunes chiens. Finalement, Sirius eut le dessus. Assis sur les jambes de Harry, il lui maintenait les poignets au-dessus de la tête. Poussant un grognement de frustration, le jeune homme remua les jambes. Sirius resserra son étreinte en riant.

« Sert à rien de te débattre, je ne te lâcherai pas… » Avec ce sourire carnassier typique des Maraudeurs, il ajouta : « Tu ferais donc mieux de te laisser faire. »

Ce fut au tour de Harry de sourire. « Mais… je ne demande pas mieux… », dit-il en remuant encore les jambes, de façon pas si innocente que ça.

Sirius se mordit les lèvres, observant son filleul d'un œil narquois. Le petit insolent ! Il ne sait pas à quoi il s'expose… Resserrant encore son étau sur les jambes de Harry, il se pencha pour l'embrasser. Mais il crut soudain sentir le jeune homme se crisper, et un doute l'effleura. Il s'arrêta net, et relâcha les poignets de son filleul. Regardant Harry droit dans les yeux, il demanda : « Harry… dis-moi la vérité. Tu es sûr que… tout ça… c'est ce que tu veux ? »

Harry le regardait, torturé. Il voulut ouvrir la bouche pour s'expliquer, mais n'en eut pas le temps.

« Je – je t'ai senti hésiter. Je ne voudrais pas que tu te laisses faire pour te mauvaises raisons. Pour me faire plaisir. Ou par peur d'être abandonné », ajouta Sirius prudemment.

Harry voulut protester, et tendit son bras vers son parrain, mais ce dernier lui prit gentiment la main et le repoussa. « Je veux que tu saches, Harry. Quoi qu'il arrive… quoi que tu fasses… je t'aimerais toujours… Et comme tu le veux. » Sur quoi Sirius fit mine de se relever.

Mais Harry fut plus rapide et le fit basculer sur le lit. Abasourdi, Sirius fixait son filleul qui se tenait à genoux à côté de lui. Avant qu'il ait pu prononcer un seul mot, Harry déclara : « Moi aussi je t'aime, Sirius. De toute façon. Un moment, j'ai même cru que tu le faisais pour moi… Si j'ai hésité, c'est juste que… c'est un peu nouveau, quoi. Je – je suis pas très sûr que –«

Sirius leva le bras et l'attira à nouveau contre lui. « Moi non plus Harry… Je sais même pas ce qu'il m'a pris… »

Se nichant tout contre son parrain, Harry murmura : « Moi je suis sûr d'une chose : on a besoin l'un de l'autre. Pour l'instant c'est ça l'important. Pour le reste… on verra. »

« Pour le reste on verra… », répéta Sirius dans un souffle. « Ouais, ça me plaît comme solution. Parce que moi, ce dont je suis sûr, c'est que j'adore te tenir dans mes bras ! »

Harry se mit à rire. « Tombe bien, j'adore ça moi aussi ! » Passant une jambe entre celles de Sirius et un bras autour de son torse, il ferma les yeux, apparemment fermement décidé à s'endormir ainsi. Et ce n'est pas Sirius qui s'en serait plaint. Un sourire sur les lèvres, il songea juste avant de s'endormir Hé oui, James, je suis un sex-symbol... Même ton fils l'a remarqué…