Je n'ai jamais cru aux contes de fées.
Même si toute ma vie porte à croire que j'attends mon prince charmant et à finir mes jours entourés de merveilleux enfants. Pour moi, les princes charmants ont toujours été des bourreaux. Ils délivrent la jeune et jolie princesse et s'octroient le droit qu'elle reste à leurs côtés jusqu'à leur dernier souffle, mais savent-ils ce dont rêve la princesse ? Après avoir été enfermée pendant ce qui semble être une éternité, la princesse devient à nouveau prisonnière, mais cette fois d'un homme ? À fin de chaque histoire, je contemplais ma mère et lui demandais « La princesse est heureuse ? ». Sa bouche formait un délicat « o » de surprise. Sans doute pensait-elle que sa tendre fille avait les mêmes espérances que la belle princesse.
Je ne pourrais jamais oublier son regard. Ses yeux grands ouverts de surprise ou de terreur qui me dévorent en tentant d'évaluer si je suis une cause perdue. Pour ma mère, la vie se définit ainsi : faire de bonnes études, aider son prochain, trouver un homme élégant qui puisse subvenir à mes besoins, l'épouser et fonder une famille. En grandissant, je suis devenue un des projets de ma mère, entre l'envie de redécorer le salon et rénover la salle de bain. Ma mère avait pour ambition de me rendre parfaite, et elle a réussi. Je suis l'élève la plus brillante de mon lycée, capitaine de l'équipe des cheerleaders, photographe au journal du lycée, et bien sûr bénévole le dimanche au sein de notre paroisse pour aider les plus démunis. Ajouté à cela une chevelure blonde qui est toujours présente sous une queue de cheval haute, une taille fine et souple et vous obtiendrez la parfaite fiancée de l'Amérique : Betty Cooper.
La majorité des habitants de Riverdale envie la réussite de ce projet. Ils ignorent qu'avant de songer à me rendre parfaite elle a eu le choix entre une bouteille de cherry et moi. Au lieu de plonger dans l'alcool, elle a choisi sa fille. Ce qui serait tout à son honneur si on ignorait toutes les deux ses vraies motivations. Depuis que mon père est maire de Riverdale ce qui dure depuis ma tendre enfance, ma mère s'est sentie délaissée. Elle a respecté à la lettre sa définition de la vie et à présent elle est prisonnière d'un prince devenu roi qui a bien du mal à gérer son royaume. Notamment depuis que la ville est divisée en deux, north side et south side.
Le nord regroupe de grandes et nobles familles, entouré de braves gens qui cultivent une définition de la vie similaire à celle de ma mère. Alors que le south side est davantage plus libre, plus insouciant, mais très dangereux. La violence, la loi du plus fort, la drogue et le sexe gratuit comme payant sont leur quotidien. Si nous étions dans un conte de fées je vous dirais que le nord est le pays des glaces : froid, solide, constant et robuste et le sud le pays du feu : attirant, foudroyant, mais délicieusement dangereux. Pourtant vous pouvez me croire les filles du northside pensent souvent aux beaux garçons du southside la nuit quand elles s'ennuient, en particulier aux séduisants serpents. Ce clan de motard a provoqué la rupture de Riverdale. Revendiquant une triste vérité : un favoritisme auprès des plus riches et un abandon des plus pauvres. Une guerre civile a eu lieu selon les archives de la ville, c'est ainsi que la ville s'est sondé en deux.
Depuis ce triste jour, aucun résident du nord n'ose franchir la frontière définie par un terrain vague où se déroulent les soirées des serpents. On ne peut pas en dire autant des résidents du sud qui par provocation déambulent la nuit dans les rues désertes du nord flirtant avec les ennuis. Bien sûr, je n'ai aucune preuve de ces méfaits. Tout cela provient de la bouche colorée de ma meilleure amie : Véronica. Comme dans tous les mauvais romans pour adolescents, la fille coincée et mignonne à toujours une meilleure amie plus dévergondée. Véronica est tout ce qu'un homme attend d'une femme : être belle et séduisante, avoir une certaine classe et prestance, sociable et délicieusement sensuelle. Sauf, que mon amie a également un tempérament de glace. Indépendante et franche on ne peut pas dire qu'elle se compte d'être belle et se taire. C'est ce qui me plaît le plus en elle, et c'est aussi ce qui plaît à Archie, mon meilleur ami.
Archie et moi sommes amis depuis la maternelle, on s'est rencontrés autour d'un coloriage on voulait le même crayon rouge. On a rencontré Veronica quand nous avions 12 ans, elle venait d'emménager après la mort de son père. Nous avons toujours incarné les trois mousquetaires, et cela ne me dérangerait pas jusqu'à ce qu'on grandit. J'ai découvert que les mousquetaires étaient quatre et non trois, et à présent je comprends pourquoi. Être trois quand on est petit ne pose pas de problème, seulement Archie est devenu un homme ce qui n'a pas échappé au reste des jeunes femmes des Riverdale et encore moins à Véronica. Depuis quelque temps le chiffre trois se transforment en deux. J'ai bien remarqué les regards et sourires qu'ils s'échangent et surtout les soirées auxquelles ils participent.
En tant que fille du maire mes parents exigent que je sois exemplaire. Ce qui implique un couvre-feu et interdiction de poser ne serait-ce qu'un orteil à certaines soirées trop bruyantes selon eux. Comprenez par bruyante, que l'alcool, la drogue et le sexe sont permis lors de ses soirées. Et il est impensable que leur précieuse fille unique n'assiste pas à ce genre d'événements. Ce qui agace une nouvelle fois ma meilleure amie.
- Oh je t'en prie Betty ! Ils ne peuvent pas continuer à te garder enfermé dans ta chambre ! se plaint Véronica en s'effondrant de façon dramatique sur mon lit.
- Tu ne connais vraiment pas mes parents depuis tout ce temps ? Véronica roule des yeux, je devrais peut-être changer de réplique.
- Betty tu as dix-sept ans, on est en dernière année de lycée ! On doit faire des choses irréfléchies et débiles dont on se souviendra plus tard.
- Je sais Veronica, je soupire en regardant mon amie prendre une moue dramatique.
- Tu dois venir, en plus c'est une soirée... spéciale.- Spéciale ? Comment ça ?- Eh bien... ma chère B. nous allons nous aventurer en territoire ennemi
Je réprime un frisson en voyant le regard insolent de mon amie.
- Ne me dis pas que cette soirée se déroule...
- Si ! À la frontière de notre monde ma chère Betty. Et il est non négociable que tu ne viennes pas.
- Veronica, on va littéralement aller dans un nid de serpents !
- Et alors ? Il suffira de mettre des talons aiguille aiguisés.
- Je la regarde en mordant ma lèvre inférieure.
- C'est une mauvaise idée...
- Oui je sais, tuer un serpent avec des talons aiguille je risquerais d'abîmer ces beautés dit-elle en soulevant ses longues jambes pour m'exposer ses escarpins noirs à la semelle rouge.
- Veronica ! je grogne devant le large sourire de mon amie
- Écoute Betty... soudain son ton devient plus sérieux. Tu sais Archie commence à...
Je détourne mon regard, je ne souhaite pas entendre ce qu'elle va me dire.
- Archie se rapproche assez de Cheryl... depuis qu'il est devenu capitaine de l'équipe de football, elle n'arrête pas de le coller.
- J'avais remarqué... je réplique en repensant à cette semaine qui vient de se terminer.
Cheryl est tout mon opposée, grande, rousse, séductrice avec des formes avantageuses, ambitieuse et très garce. Elle n'a pas arrêté de se plaindre pendant notre entrainement, car bien évidemment elle fait partie de l'équipe des cheerleaders et à chaque fois qu'elle en avait l'occasion elle se collait à Archie. Si bien que je ne lui ai pas parlé de toute cette semaine.
- Tu dois défendre ton territoire Cooper !
- Quoi ? Je réponds en manquant de m'étouffer.
- Tu dois revendiquer Archie !
- Veronica... tu sais que nous avons dépassé l'époque préhistorique depuis longtemps non ?
- Mon amie émit un doux rire avant de me replacer une mèche de ses cheveux de jais.
- Je veux dire que tu dois t'imposer Betty. Tu dois défendre ce qui est à toi.
- Mais Archie n'est pas à moi... dis-je en soupirant
- Pas encore ! Répond Veronica agacée.
- Peut-être que c'est toi qui devrais le revendiquer, je réplique avec un ton plus assuré.
Veronica me regarde avec surprise et une lueur de terreur apparaît au fond de ses iris. Je connais ce regard, je l'ai déjà vu sur le visage de ma mère, mon père, et Archie. Ce regard de surprise, comment une fille si parfaite peut être aussi sombre ? Puis la terreur se prononce, lorsqu'ils prennent de conscience de qui je suis réellement. Archie et Véronique ont pris l'habitude même si ils sont toujours déstabilisés par ce changement d'attitude.
- Alors je le ferais, souffle mon amie.
Nos regards se croisent et j'ai l'impression de livrer un combat. Un sourire se dessine sur son visage je regarde ses lèvres qui semble me murmurer à l'oreille : « Après tout pourquoi pas ? Puisque tu n'arrives pas séduire Archie, pourquoi je ne tenterais pas ma chance ? »
- Tu n'oserais pas, je chuchote en retenant mon souffle
Veronica hausse les épaules et se lève de manière élégante de mon lit. Elle s'avance vers la porte de ma chambre et marque un temps d'arrêt avant de se retourner lentement vers moi.
- Tu sais Betty c'est vraiment dommage.
- Pour Archie ?
- Non, que tu ne sois pas toi-même plus souvent. Je pense que j'apprécierais cette Betty... tout comme Archie.
J'avale difficilement ma salive. Ses mots glissent en moi comme une brûlure. Veronica m'a toujours soutenu et a toujours été loyale. Peut-être en a-t-elle assez d'être l'amie de cette fille trop ennuyeuse qui ne peut jamais sortie ou du moins qui n'ose pas prendre le risque de le faire.
Je soupire à nouveau en prenant mon téléphone. Je parcours le fil d'actualité d'instant et je découvre sans surprise qu'Archie vient de poster une photo de lui avec Cheryl. Tous deux l'un contre l'autre, Archie porte un jean sombre et un haut noir, Cheryl quant à elle aborde une robe noire moulante dévoilant tous ses atouts féminins. Leurs cheveux s'accordent avec leurs teints pâles similaires, de parfaits jumeaux ou âmes sœurs.
Ils sont magnifiques.
La simple légende de la photo m'agace davantage « Ready for the party ! ». Mon regard se pose sur mon armoire, moi seule sait qu'au fond de cette dernière se trouve une boîte en carton. En apparence elle n'a rien de spécial, ce n'est qu'une vieille boite à chaussure. Pourtant elle renferme la noirceur de la perfection.
Et à cet instant plus rien n'a d'importance que cette seule question : oserais-je ouvrir cette boîte ?
Merci d'avoir lu ce premier chapitre/prologue, j'espère qu'il vous a plu.
N'hésitez pas à me faire part de vos impressions :)
Comme vous l'avez remarqué c'est une fanfiction sur le couple Betty/Jughead, et j'ai certaines libertés concernant les personnages, leur relation, les familles et autres. Tout ça pour être plus à l'aise au niveau de l'histoire.
À très vite 3
