Première Aventure de L'Ombre
L'Ombre Du Passé
Il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…
Chapitre un
L'année scolaire se termine à l'Université Impériale de Coruscant. Dans moins de deux semaines, Le campus se viderait car la plupart des étudiants rentreraient dans leur famille pour les vacances annuelles. Tiana Antsassoa, brillante étudiante en histoire, tente de se concentrer sur son dernier cours sur l'histoire du système Corellien en songeant à son retour prochain sur sa planète natale d'Alderaan, où elle pourrait profiter de deux mois de vacances bien mérités. Une fois son cours terminé, la mince et jolie jeune femme aux longs cheveux bruns clairs et aux yeux noisettes expressifs quitta la salle de classe pour rejoindre ses deux meilleurs amis, Arlin Drogan, un jeune homme de 22 ans aux cheveux blonds cendrés, aux yeux verts rieurs et au sourire de petit garçon, et Gabriel Whitesand, originaire de Tatooĩne, aux cheveux noirs et longs, attachés en queue de cheval sur sa nuque et aux magnifiques yeux bleus, âgé de 23 ans. Ils sont tous deux étudiants en histoire politique et travaillent présentement sur un projet commun, une thèse traitant des dernières années de la République, avant l'avènement de l'Empire.
Comme toujours depuis quelques temps, Tiana leur trouve un air très excité et nerveux, un peu comme deux chercheurs sur le point de faire une découverte qui va changer la face de la galaxie. Comme tous les jours, ils l'attendent près de la sortie du bâtiment et l'entoure dès qu'elle arrive à leur hauteur.
A ce moment, Tiana éternue avec force et regarde autour d'elle pour voir ce qui a provoqué cette irritation. Elle remarque alors une jeune fille portant un bouquet de délicates petites fleurs jaunes, d'une espèce très commune dans la galaxie. Étrangement, Tiana y est terriblement allergique. Ne remarquant pas la réaction qu'elle vient de provoquer, la jeune fille au bouquet poursuit sa route en emportant avec elle la cause du malaise de la jeune fille. Près d'elle, Arlin lui tend un mouchoir en disant, tout sourire.
- Tiens, prends ça. On dirait que quelque chose te chatouille le nez!
Tiana prend le mouchoir et constate qu'il renferme quelque chose de plat et de dur. Faisant comme si de rien n'était, elle escamote l'objet d'un geste vif et indiscernable sans même prendre le peine de vérifier de quoi il s'agit, pensant à une nouvelle farce concoctée par ses deux amis. Elle se réjouit cependant de constater que leur sens de l'humour, malgré leur apparente nervosité, n'a pas faibli d'un iota! Après avoir fait disparaître l'objet, elle porte tout naturellement le mouchoir à son visage.
- Bonjour, vous deux, ça va? Lance-t-elle d'un ton joyeux
- Salut, Tiana. Répondirent-ils d'une même voix.
- Comment s'est passé ton dernier cours? Ajoute Arlin.
- Très bien, je te remercie. J'ai réussi à ne pas m'endormir, cette fois! J'ai rarement vu une matière plus ennuyeuse que l'histoire du système Correllien! Lance Tiana à la blague.
Ses deux amis pouffent de rire à ce petit mot d'esprit mais redeviennent bien vite sérieux, Comme si quelque chose de très grave leur sapait leur sens de l'humour. En constatant cela, la jeune fille se dit que c'est peut-être en lien avec leur travail de recherche, aussi lance-t-elle, pour voir leur réaction.
- Dites-moi, et votre thèse sur les causes de la chute de la République, ça avance?
Les deux jeunes gens se lancent un regard plein de sous entendus avant de répondre.
- Nous croyons être tombés par hasard sur quelques chose de très important et de très... hé bien… disons… très mystérieux. Nous ne possédons cependant aucun élément pour venir appuyer la véracité de ces données pour le moment et nous ne sommes même pas sûrs de son authenticité. Je peux seulement te dire que c'est énorme, et encore, je pèse mes mots. Répondit Gabriel sur un ton excité et inquiet.
Il se rapprocha alors tout près d'elle et lui glissa à l'oreille, après avoir soigneusement vérifié que personne ne pouvait surprendre leurs paroles.
- Arlin et moi sommes persuadés que, depuis une semaine, on nous espionne et on nous suit. Ce n'est jamais flagrant, mais l'impression d'être observés persiste et devient plus forte de jours en jours. De plus, hier soir, nous avons la certitude que notre chambre a été fouillée. Comme pour le reste, rien de flagrant, mais juste de petites choses qui n'étaient pas à leur place, ce genre de détails, tu vois? Chuchote Gabriel d'un ton tendu.
- Ce que nous venons de te confier, en le glissant dans ce mouchoir, est une disquette de données. Elle renferme les informations très mystérieuses dont nous venons de te parler. Nous te demandons de la garder en sûreté pour nous, le temps que nous nous assurions que ce n'était pas après elle que notre visiteur d'hier en avait. Peux-tu faire ça pour nous? Renchérit Arlin sur le même ton.
Un frisson qui ne devait rien à la température ambiante passa sur l'échine de Tiana, qui regarda dans les yeux ses deux amis, qu'elle connaissait depuis trois ans, pour constater qu'ils étaient sincères et réellement effrayés. Les deux jeunes gens avaient réussi à lui passer leur nervosité et elle regarda autour d'elle. Elle avait l'impression que tous les regards étaient braqués sur eux et commençait à trouver cette situation de plus en plus surréaliste. Elle commençait même à croire que ses amis étaient devenus paranoïaques.
- Heu… Dit-elle, hésitante. Comme vous voudrez, mais votre attitude me rend… un peu nerveuse. Vous commencez même à me faire peur. Vous êtes sûr que vous allez bien?
À ces mots, ses deux amis se jetèrent un regard et partirent d'un petit rire. C'était bien la première fois qu'ils réussissaient à désarçonner Tiana Antsassoa, la fille la plus difficile à surprendre de tout le campus, qui réussissait même à dérouter les plus pointilleux de ses professeurs avec son souci du détail qui frisait l'obsession. Ils reprirent leur sérieux et Gabriel se pencha plus près encore, pour chuchoter juste dans le creux de son oreille.
- Sans rires, peux-tu nous rendre ce petit service et garder ce disque pour nous?
Il se redressa et la gratifia de son regard le plus craquant. Comme il avait les plus beaux yeux bleus qu'elle ait jamais vus, elle rougit jusqu'à la racine des cheveux et murmura quelque chose comme:
- Oui, bien sûr…
Arlin, ricanant, lui demanda si elle n'avait pas brusquement attrapé un coup de soleil. Rougissant plus encore, Tiana lui assena un coup de coude rageur dans les côtes et il feignit de tomber à la renverse et rigolant de plus belle. Pour un observateur extérieur, il s'agissait seulement de jeunes gens flirtant gentiment ensemble.
Ils sortirent alors du bâtiment universitaire et se retrouvèrent à l'extérieur, sous les chauds rayons du soleil qui, à cette heure de la journée, incendiait de rouge et d'or les façades des élégantes tours qui surplombait le campus de leurs formes gracieuses. Au dessus et autour d'eux, les longues files de véhicules circulants dans les principales voies de circulation produisaient leur habituel vacarme de sifflements, grondement et crissements. Sur la vaste pelouse formant la place centrale du campus de l'Université Impériale de Coruscant, des étudiants flânaient seuls ou en groupes, certains avaient étendus des couvertures sur le sol et pique-niquaient et d'autres étaient assis sur des bancs et lisaient où se contentaient d'observer le magnifique panorama que cette heure de la journée pouvait offrir. On pouvait voir au nord la forme pyramidale du Palais Impériale et, un peu plus près, le bâtiment du Sénat, dont la forme, un dôme au sommet écrasé, était facilement reconnaissable.
- J'adore cette heure de la journée sur Coruscant. C'est vraiment magnifique… Commenta Tiana d'un ton serein.
Ses deux amis acquiescèrent en silence. Ils trouvaient eux aussi que, si une seule raison devait vous amener à visiter le Centre Impérial, c'était le panorama que cette heure de la journée avait à offrir. Cependant, l'émerveillement fut de courte durée car, tout à coup, ils virent arriver, par l'autre extrémité de la place, une troupe d'une trentaine de soldats de chocs de l'Empire, menés par un Officier facilement reconnaissable à son uniforme vert. Ce dernier semblait avoir un peu de mal à suivre la cadence de ses hommes et avait un évident surplus de poids.
Sur le visage de tous les étudiants qui flânaient sur la place centrale du campus, une expression de surprise se peignit et tous se levèrent pour mieux voir ce qui se passait. Les quelques rares non humains présents dans la foule, plutôt méfiants face aux commandos de l'Empire, s'effacèrent en reculant vers l'arrière de la foule, qui avait commencé à entourer les Commandos, visiblement curieuse de savoir ce qui se passait. Tous se demandaient ce que venaient faire ici des commandos de l'Empire puisque l'Université Impériale bénéficiait de sa propre force de sécurité interne, qui était d'ailleurs d'une grande efficacité. Les troupes de chocs n'étaient appelées que lorsqu'un évènement dépassant les capacités d'intervention de ladite force de sécurité survenait, ce qui était très rare. La dernière fois qu'on avait vu des Commandos sur le campus, c'était il y avait plus de deux ans, quand le principal labo de science de l'université avait explosé suite à une série de bévues commises par des étudiants inexpérimentés. Cette dernière fut si violente qu'elle fut visible à des kilomètres à la ronde et on dut déplorer plusieurs morts dans l'affaire. Tiana se rappela avoir alors songé qu'elle était soulagée d'avoir choisi les sciences sociales et non les sciences pures et appliquées lors de son inscription.
Comme la rumeur gagnait les extrémités de la place, la foule se fit plus dense autour de la scène et des murmures curieux courraient dans la foule. –Pourquoi sont-ils ici?…; - Y a-t-il eu un accident?...; -Que se passe-t-il?... Le brouhaha ambiant devenait plus important de minute en minute et les soldats ralentirent leur course en jetant des regards nerveux autour d'eux. De toute évidence, ils avaient une mission à remplir et elle les rendait nerveux. Tiana se dit que la situation pourrait dégénérer très rapidement si cette foule se mettait en colère. Elle se tourna vers Arlin et Gabriel et vit avec surprise qu'ils avaient considérablement blêmit en voyant approcher les Commandos, comme s'ils savaient qu'ils étaient là pour eux. Ils avaient peur mais aucune surprise ne se lisait dans leurs yeux. Elle se retourna vers les soldats qui les encerclaient maintenant de toute part, elle et ses amis, et vit s'approcher le Commandant bedonnant. Sur un signe de lui, deux soldats agrippèrent Tiana par les bras et la firent sortir du cercle qui entourait toujours les deux garçons, maintenant seuls face à trente Commandos de l'Empire…
- Lâchez-moi, espèce de brutes! Vous n'avez pas le droit de me traiter ainsi, j'ai des droits! Lâchez-moi, je vous dis, qu'est-ce que vous faites? Vociféra Tiana de toute sa voix en se débattant comme une tigresse à grands renforts de coups de pieds et de poings.
Les murmures de la foule commencèrent à se changer en cris et en exclamations indignées quand la jeune femme fut repoussée sans ménagement hors du cercle formé par les soldats. Plusieurs étudiants tendirent les bras et la retinrent pour lui éviter de s'étaler bien peu élégamment sur le sol. - Intolérable!... –Pas le droit de!... – Pour qui ils se prennent!... –On a des droits!... Tiana se redressa et se retourna juste a temps pour voir le Commandant du détachement Impérial se planter devant ses deux amis et sortir de sa poche un datapad en prenant un air important et officiel. Quand il se mit à lire, la foule devint plus houleuse encore et elle se faisait aussi plus nombreuse de minute en minute.
- Arlin Drogan et Gabriel Whitesand, vous avez été accusés et reconnus coupables de Haute Trahison envers l'Empire et de collusion avec les forces Rebelles. Commença l'officier d'un ton arrogant. Pour ces crimes, une seule sentence peut être appliquée : la mort.
Quand elle se précipita de nouveau vers ses deux amis maintenant menottés, Tiana fut encore une fois stoppée par deux soldats de choc qui la retinrent par les bras. Elle tenta vainement de s'en dépêtrer mais ils étaient trop forts pour elle. Elle se mit cependant à hurler de nouveau à pleins poumons pour se faire entendre au dessus du grondement de la foule.
- C'est impossible! Je les connais bien, jamais ils ne pourraient faire une chose pareille! Vous vous trompez de cible, je vous dis, ça ne peut pas être eux!
Voyant qu'elle parlait dans le vide, Tiana recommença de se débattre entre les mains de ses geôliers, sans plus de succès qu'auparavant, cependant. Le commandant impérial lui jeta un regard d'avertissement et fit un signe à ses hommes. Encore une fois, elle fut repoussée et encore une fois, des mains secourables lui évitèrent de s'étaler dans la poussière. Elle les remercia d'un regard et tourna de nouveau son attention vers le Commandant bedonnant.
- Restez en dehors de cela, jeune fille! Cette affaire ne vous concerne en rien. Lui lança le commandant en lui jetant un regard par dessus son épaule.
Tiana lui jeta en retour un regard empli d'une telle froideur et d'une telle colère qu'il ne pu le soutenir bien longtemps et détourna bien vite les yeux. Il donna de nouveaux ordres à ses hommes qui se saisirent des deux jeunes gens et les entraînèrent à leur suite. Ils les menèrent vers le bâtiment le plus proche et les fit se coller le dos au mur, face aux soldats qui leurs faisaient maintenant face. Sur un nouveau signe de leur commandant, ils ouvrirent le feu sur les deux jeunes gens désarmés, ce qui eu pour effet de provoquer dans la foules des étudiants un silence ébahis et horrifié. Au bout d'une ou deux minutes de ce silence, des insultes et des cris de colère et d'indignation se mirent à fuser de toute part dans la foule, qui se fit menaçante. Voyant qu'il allait perdre le contrôle de la situation, l'officier demandant des renforts par comlink.
Quand les soldats ouvrirent le feu, Tiana ferma les yeux. Elle ne pouvait croire à la réalité de ce qu'elle venait de voir et sa vision se brouilla de larmes. C'était pire que toutes les rumeurs qu'elle avait pu entendre concernant la cruauté des troupes Impériales. L'entendre est une chose, put-elle constater en cet instant, mais le voir en face de soi en est une toute autre, dix fois pire! La jeune femme en état de choc vacilla alors sur ses pieds et se serait retrouvée par terre si la personne à sa droite ne l'avait pas soutenue. Elle la conduisit hors de la cohue de plus en plus houleuse et la conduisit ensuite vers le centre médical du campus, où on pourrait sans doute l'aider.
Sur place, elle se laissa conduire vers une chaise et s'y laissa choir comme si elle avait cent ans. Elle prit alors conscience d'une horrible réalité : ses deux amis étaient morts, tués devant ses yeux, et elle se prit la tête entre les mains. Des bras se glissèrent autour de ses épaules et tentèrent de la réconforter. Au bout d'un moment, une infirmière vint les voir et elle se tourna vers la personne qui l'avait conduite ici pour la remercier. À sa grande surprise, elle vit qu'il ne s'agissait pas d'un humain, mais d'une jeune Twi' Lek à la peau verte et aux longs tentacules crâniens.
- Vous allez bien, maintenant? Lui demanda-t-elle d'une voix douce.
- Mieux, merci. Puis-je vous demander votre nom? Répondit Tiana d'une voix encore un peu voilée.
- Arisa. Elle la regarda encore une fois dans les yeux et ajouta. Vous ne semblez pas encore au mieux de votre forme. Je peux vous raccompagner à votre chambre si vous voulez. Proposa-t-elle ensuite avec un sourire encourageant.
- Merci… Soupira-t-elle d'une voix éteinte. Au fait, je m'appelle Tiana. Merci de votre aide, vous n'étiez pas obligée…
- Ce n'est rien du tout, je vous assure! Conclut la jeune Twi' Lek.
Tiana demanda alors où étaient les toilettes et s'y rendit pour changer la disquette de place. Elle la transféra donc de la poche intérieure de son blouson vers un endroit de sa personne qui vaudrait à quiconque se risquerait à aller y fouiller une gifle monumentale. Elle quitta ensuite l'infirmerie en compagnie de sa nouvelle amie et elle regagna sa chambre sans encombre car elles évitèrent les zones où l'émeute provoquée par l'exécution des deux jeunes gens faisait encore rage.
Un peu plus tard, après que les forces de sécurité et les troupes de choc aient réussi, en joignant leurs efforts, à contenir et disperser l'émeute que l'exécution des deux jeunes hommes avait déclenchée sur le campus de l'Université Impériale de Coruscant, dans un bureau austère situé dans un des immeubles administratifs qui pullulent dans la cité impériale, une scène assez animée se déroulait entre le commandant de la brigade envoyée sur le campus et son supérieur immédiat, le Général Damian.
Ce bureau était à l'image de l'homme qui l'occupait : austère, mais pas dépouillé, avec quelques touches personnelles ajoutées en dehors de la décoration standard. Le fauteuil, par exemple, semblait plus confortable que ceux fournis en règle générale par l'administration Impériale, sans toutefois être trop luxueux. Il y avait aussi deux hologrammes sur le bureau, qui, autrement, était assez dénudé. L'un deux représentait une femme plutôt jolie tenant dans ses bras un tout petit bébé qui pleurait et elle tentait de le consoler avec des mots doux. Le second représentait une adolescente d'environ 14 ou 15 ans, aux cheveux châtains et aux yeux bruns clairs, qui envoyait des œillades et des baisers vers l'objectif. Les murs étaient nus mais il y avait une plante en pot dans l'un des coins de la pièce qui faisait face à la porte.
- Commandant Drekan, avez-vous seulement idée de la pagaille que vous avez réussi à semer avec votre incommensurable bêtise? S'enquit Damian d'une voix très calme. Savez-vous au moins ce que signifie le mot « discrétion »?
Plutôt mal à l'aise, le Commandant Drekan leva les yeux vers le visage de son supérieur et déglutit avec difficulté car ce qu'il y vit n'augurait rien de bon pour son avenir immédiat. Il lui vint à l'esprit que le qualificatif « irrité » était trop faible pour exprimer l'émotion qui se peignait sur le visage du Général à cet instant et que, pour tenter de rattraper sa bourde avec les deux étudiants, il était de son intérêt de trouver une explication et vite. Il se dit aussi qu'une mauvaise explication ne ferait qu'aggraver son cas, alors il opta pour la simplicité et dit :
- Si je puis me permettre, mon Général, vous m'aviez ordonné d'agir au plus vite.
- Je vous ai aussi conseillé, si ma mémoire est bonne, de ne pas faire de vague et d'opter pour une approche plus discrète, Drekan! Il ne me semble pas vous avoir ordonné de provoquer une émeute en exécutant deux étudiants désarmés devant deux cent de leurs congénères! Félicitation Commandant, car il est plus que probable qu'avec votre inconséquence, vous veniez de pousser plusieurs de ces jeunes à l'esprit très ouvert droit dans les bras de la Rébellion! Il se pencha alors vers l'avant et c'est d'un ton très froid qu'il ajouta : Vous avez de la chance que je ne sois pas le Seigneur Vador car vous ne sortiriez pas vivant de ce bureau, Commandant. Me suis-je bien fait comprendre?
- Oui, général. Répondit Drekan dont le visage avait soudain prit la même teinte verdâtre que son uniforme à la mention de Vador, dont la réputation n'était plus à faire.
Damian ferma les yeux quelques secondes et prit une profonde inspiration pour se donner une contenance avant de poursuivre d'une voix plus calme :
- Avez-vous au moins trouvé le disque, Commandant?
- Non, Général, la fouille des corps et des chambres n'a rien donné. Répondit-il d'une voix tendue.
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Le Général Damian se leva lentement de son fauteuil et posa les deux mains bien à plat sur son bureau. Ainsi, son visage était tout près de celui de son subordonné et il parla alors avec une voix si basse qu'elle n'alla pas plus loin que les oreilles de Drekan,
- Alors si je comprends bien, non seulement vous avez provoqué une émeute en agissant comme le dernier des idiots mais, en plus, vous avez le culot de me dire en face que vous avez fait ça pour… RIEN DU TOUT!
Quand Damian hurla presque les derniers mots dans son oreille, Drekan fit un bond en arrière et se retrouva dos à la porte, la peur inscrite dans toute sa physionomie. Le Général avait contourné son bureau et se tenant maintenant devant lui dans une attitude qui aurait pu pétrifier une cascade. Il posa sur le Commandant un regard assez terrible pour faire fondre du duracier en trente seconde et ce dernier se ratatina quelque peu, de plus en plus inquiet.
- N'avez-vous pas songé une seule seconde que les arrêter pour les interroger était la solution la moins désastreuse pour vous? Bien sur que vous n'y avez pas pensé. On ne vous apprend pas à penser à l'Académie, n'est-ce pas, Drekan?
- Général, j'ai quand même une petite idée de l'endroit où le disque pourrait se trouver, maintenant. Murmura presque Drekan en souhaitant se trouver très loin de ce bureau.
- Dites toujours, Drekan. Voyons si vous pouvez sauver votre peau…
- Je crois que c'est la jeune fille qui était avec eux quand nous les avons interceptés qui l'a. Continua Drekan, un peu plus confiant.
- Quelle fille? Expliquez-vous, Commandant! Reprit Damian d'un ton toujours très froid.
- Elle se nomme Tiana Antsassoa et est Alderaanienne. Elle est étudiante en Histoire à l'université Impériale de Coruscant. Voilà son dossier, Général.
Il tendit au général un datapad que celui-ci se mit à parcourir rapidement. Il releva les yeux au bout d'un long moment et ne semblait pas enchanté du tout. Il jeta à Drekan un regard sombre avant de prendre la parole a nouveau.
- Vous croyez que c'est ce petit génie qui a le disque? Elle est en troisième année universitaire à l'âge précoce de 18 ans, elle maîtrisait 5 langues avant son dixième anniversaire, et en possède 10 aujourd'hui, elle a un sens de l'observation hyper développé et est d'une intelligence de beaucoup supérieure à la moyenne… Énuméra Damian d'un ton de plus en plus sombre, et il ajouta. Que comptez-vous faire pour remédier à cette situation, maintenant, Commandant Drekan?
- Général… sans vouloir vous offenser… Dit-il en jetant un coup d'œil vers les hologrammes posés sur le bureau. Ce n'est qu'une jeune fille. Comment pourrait-elle représenter une menace?
- Ha, vous croyez? N'oubliez pas, Commandant, que plus ils sont intelligents et plus ils posent de questions compromettantes! De plus, comme vous avez tué ses deux amis devant elle, je doute qu'elle soit disposée à nous aider! Nous devrons donc agir de manière discrète, pour qu'elle ne se doute pas de notre présence. Ce sera sûrement une nouveauté, pour vous, Drekan?
Drekan avait un peu repris de sa superbe depuis les dernières minutes et c'est d'une voix beaucoup plus assurée qu'il parla. Il se dit que, de toute façon, il ne pouvait faire davantage pour aggraver son cas…
- Nous avons déjà fait fouiller sa chambre, Général. Nous n'avons pas trouvé le disque. Elle doit l'avoir encore sur elle.
Drekan vit, à la lueur de colère qui revint dans le regard de Damian, qu'il avait commis une autre bourde. Le Général, qui était retourné s'asseoir derrière son bureau, se redressa et toisa de nouveau le pauvre Commandant qui ne savait plus trop où se mettre. Sa voix avait repris une dangereuse douceur quand il prit la parole :
- Vous êtes un idiot, Drekan! Si l'on se fit à ce qui est inscrit à son dossier, elle a un sens de l'observation hors du commun. Vous croyez vraiment qu'elle ne verra pas qu'on a fouillé dans ses affaires dès le premier coup d'œil?
Comme s'il n'était pas déjà suffisamment dans la panade, le Commandant enfonça de nouveau le clou en ajoutant d'une voix confiante :
- Ce sera facile à voir, Général. Nous avons installé des micros et des caméras dans sa chambre.
Ce fut si rapide que Drekan en fut terrifié. Damian bondit de son fauteuil et traversa la pièce pour se retrouver nez à nez avec le Commandant. Il lui hurla alors au visage, hors de lui :
- SORTEZ DE MON BUREAU IMMÉDIATEMENT, COMMANDANT DREKAN, AVANT QUE JE NE VOUS FASSE FUSILLER SUR PLACE POUR GRAVE INCOMPÉTENCE!
Le Commandant Drekan quitta le bureau de Damian au pas de course avec un air totalement affolé. À l'intérieur de la pièce, Damian retourna s'asseoir et prit pour se calmer plusieurs profondes inspirations. Il regarda ensuite l'hologramme de sa fille, Darenna, ce qui avait toujours eu le don de lui rendre sa sérénité également. Au bout d'une quinzaine de minutes, il quitta le bureau et alla se renseigner pour savoir dans quelle salle étaient installés les techniciens qui devaient assurer la surveillance de la jeune Tiana. Il s'y rendit et posa plusieurs questions aux techniciens avant de regarder les écrans, où il ne vit qu'une chambre vide et plongée dans le noir.
De toute évidence, la jeune fille n'était pas rentrée…
Les deux jeunes filles, qui formaient entre elles un contraste saisissant, se dirigeaient vers les bâtiments où se trouvaient les résidences universitaires. La grande Twi'lek à la peau verte et aux longs tentacules crâniens charnus pendant dans son dos soutenant la jeune humaine de petite taille et à la peau très pâle encore un peu abrutie par le tranquillisant qu'on lui avait donné pour soigner son état de choc. C'était le milieu de la soirée et le campus s'était maintenant vidé de la plupart de ses émeutiers, dont certains avaient été arrêtés par les autorités. Ceux-là seraient sans doute relâchés dès le lendemain faute de charges à retenir contre eux sauf celle de perturber l'ordre public.
Tiana se sentait comme… vidée de toutes émotions, comme si elle ne pouvait croire à la réalité de ce qui s'était passé au début de la soirée, il y avait à peine quelques heures de cela. Elle avançait, oublieuse de tout ce qui l'entourait, et laissait Arisa la guider car elle lui avait donné son numéro de chambre et le nom de la résidence où elle logeait. Certaines personnes, reconnaissant l'une ou l'autre des deux filles, les saluait au passage et Arisa ou Tiana leurs rendait leur salut. Elles arrivèrent enfin devant la porte de la chambre de la jeune fille et celle-ci se retourna vers sa compagne pour la remercier encore de son aide.
- Je ne sais pas quoi dire, Arisa… Merci de votre sollicitude, j'en avais bien besoin.
- Ne me remerciez pas, Tiana. C'est tout naturel… Je viendrai vous voir demain matin pour m'assurer que vous allez bien, d'accord? Vous semblez sur le point de vous écrouler…
- Je… non… Ça va aller, maintenant. Je crois que j'ai juste besoin de dormir un peu.
- Si vous le dites… Bonne nuit dans ce cas.
Sur ces paroles, Arisa tourna les talons et Tiana la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle tourne le coin du couloir. Épuisée et un peu nauséeuse, elle pénétra alors dans sa chambre et alluma les lumières…
Quand la lumière s'alluma dans la chambre de la jeune fille, Damian, légèrement surpris, se redressa vivement dans son fauteuil, renversant le gobelet qui était posé sur l'accoudoir. Un technicien s'empressa d'éponger le liquide avant qu'il n'endommage le matériel. Il se pencha en avant et vit une belle jeune fille à la silhouette élancée, aux longs cheveux brun clair et aux yeux noisette pénétrer dans la pièce. Il constata qu'elle avait les yeux rougis par les larmes et les traits tirés, comme si elle avait pleuré récemment. Elle semblait épuisée et avait le regard éteint de ceux qui ont pris un quelconque calmant.
Elle fit quelques pas dans la pièce et sembla soudain se figer et, lentement, regarda autour d'elle, le regard plus alerte et plus éveillé. Le Général poussa un juron étouffé et traita Drekan de tous les noms en constatant que le comportement de la jeune fille ne pouvait avoir qu'une seule signification : elle avait vu que ses affaires avaient été dérangées.
Allant jusqu'à la table de nuit, elle tourna le réveil d'un quart de tour vers la droite en disant :
- Tu n'étais pas posé comme ça, toi…
Elle se dirige ensuite vers le bureau et prends quelques papiers et un datapad pour les remettre dans la position exacte dans laquelle ils étaient avant son départ. Puis elle se tourna vers la porte de la salle de bain et dit, avant de l'entrouvrir légèrement :
- Et toi, tu étais entrouverte et pas fermée…
Damian leva les sourcils avec stupéfaction. Malgré ce qu'il avait lu dans son dossier, il ne s'attendait pas à ce qu'elle puisse se rappeler du plus infime détail de tout ce qu'elle voyait, ça dépassait l'entendement! Elle accrocha alors du coude une petite lampe et celle-ci alla se briser sur le sol, libérant un petit micro que la jeune fille ramassa dans le creux de sa main et porta à son visage pour l'examiner. Damian poussa un autre juron quand elle se mit à regarder les murs et le plafond comme si elle voulait les scanners. Regardant le petit micro dans sa main, elle dit :
- Je suis sûre que tu n'es pas seul ici, toi.
À ces paroles, le Général se raidit et concentra toute son attention sur les prochaines actions de la jeune Tiana, s'attendant au pire. Il la vit reposer le micro sur le bureau et se diriger vers le coin opposé de la pièce. Après quelques minutes, elle découvrit une petite caméra dans une moulure et l'approcha de son visage, qui emplit complètement l'un des écrans. Elle s'exclama alors d'un ton colérique :
- Qui que vous soyez, écoutez-moi bien car je ne le répèterai pas! Si je découvre qui vous êtes et pourquoi vous avez fouillé ma chambre et posé ces instruments ici (elle lève alors le micro et la caméra qu'elle a trouvé), je vous jure d'user de tous mes talents pour vous mettre hors d'état de nuire! Vous avez bien enregistré ça?
Elle broya alors la petite caméra et le micro sous son talon et l'un des écrans devint noir. Poussant un soupir de résignation et d'irritation mêlés, Damian ordonna aux techniciens de continuer leur surveillance et de le prévenir de tout évènement particulier. Sur ce, il tourna les talons et quitta la pièce à grandes enjambées rageuses. Il savait que l'Empereur ne tarderait pas à être au courant de cette affaire, si ce n'était déjà fait car rien ne lui échappait. Il se demanda alors comment il pourrait parler avec diplomatie d'un tel fiasco et espérer pouvoir en réchapper en un seul morceau…
Alors qu'il s'apprêtait à pénétrer dans le turbo élévateur, un technicien le rattrapa au pas de course. À voir l'expression de son visage, Damian se dit que ce ne devait certainement pas être des bonnes nouvelles.
- Monsieur, nous venons de recevoir un message de l'Empereur! Il veut vous voir dans les plus brefs délais!
Fermant un bref moment les yeux, le Général se dit qu'il aurait dut s'y attendre… Prenant une longue et profonde inspiration pour que sa voix demeure calme et posée, il dit au jeune technicien terrifié :
- Bien. Merci, je m'en occupe tout de suite.
-A SUIVRE!-
