Traduction Bad Idea Emily F.6
Disclaimer: I do NOT own Twilight, nor any of the characters in this story. It's all Stephenie Meyer's. I don't own this story neither, I only assure the translation.
Bonjour tout le monde! Je reviens avec une nouvelle histoire, qui n'est pas de moi. Je voulais seulement m'entraîner en anglais. J'apprécie le style d'Emily F.6, et, avec son accord, je traduirai sûrement quelques-unes de ses histoires. J'espère que les francophones apprécieront. N'hésitez pas à me faire part de conseils pour la traduction.
Enjoy!
Partie I
Jasper
Ce n'était pas une bonne idée, j'en étais pleinement conscient. Tout ce que j'avais à faire, c'était de penser à la dernière fois où j'avais vu cette fille… Mais même maintenant, debout à l'extérieur de sa maison, je ne pouvais pas me résoudre à repartir. Je devais vérifier si elle allait bien. Je devais… Je devais m'excuser. Tout était de ma faute, et je n'avais jamais eu l'occasion de lui dire que j'étais désolé. Cela faisait deux mois, deux longs mois que je vivais avec ma famille désormais abattue, toute la famille sauf Edward, que je blâmais tout autant que moi-même. A quoi pensait-il, en l'abandonnant ainsi ? Il l'aimait, et je n'avais jamais senti mon frère plus profondément affligé que quand il était revenu et avait demandé à ce que nous partions tous. Plus d'une fois, les jours suivants le déménagement, je l'avais surpris à courir en direction des bois, dévasté à en juger par ses émotions, et j'étais alors certain qu'il s'éloignait de la maison afin de pouvoir pleurer seul. Et puis il était parti… il nous avait bien sûr ordonné avant son départ de ne pas lier contact… Esmé et Carlisle avaient été bouleversés. Ce n'est que lorsque j'avais trouvé Alice, recroquevillée en boule sur notre lit, sanglotant douloureusement, que j'avais finalement réalisé que je ne pouvais pas le faire… Je ne pouvais pas leur infliger cela, à elle, à Bella, à notre famille. Edward ne pouvait pas nous faire tous du mal ainsi pour ensuite partir.
Je m'étais allongé aux côtés d'Alice sur le lit, je l'avais prise dans mes bras et je l'avais suppliée de me dire ce qui n'allait pas. Il avait fallu un certain temps pour la convaincre, mais j'étais au bout du compte parvenu à apprendre que Bella lui avait envoyé des E-mails… E-mails qu'elle avait eu à retourner à son destinataire à l'aide d'un logiciel illégal qui faisait apparaître ces messages comme non-parvenus à destination. Mais, par le ton qui y était employé, il était clair que Bella était ravagée par les événements… et Alice en était malade. Mais cela n'affectait pas seulement ma femme. Emmett se comportait différemment. Il ne voulait plus se battre avec moi, ou jouer aux jeux vidéo. La plupart du temps, il s'asseyait devant la télévision, fixant un point dans l'espace, ses émotions lourdes et désagréables, ignorant le reste de la famille. Rosalie, perplexe face au comportement de son compagnon, avait essayé de le convaincre d'abandonner sa place devant la télévision pour l'accompagner dans leur chambre, et de cela avaient résulté une dispute et la disparition d'Emmett pendant toute une semaine. J'avais été inquiet qu'il ne retourne à Forks, mais Alice nous avait assurés qu'il se contentait de se défouler et de chasser. Après son retour, son comportement était en partie revenu à la normale, mais il refusait de parler à Edward… Jusqu'au jour où Edward nous quitta.
Carlisle et Esmé étaient plus affectés qu'ils ne voulaient bien le montrer. J'avais senti qu'ils commençaient à éprouver pour Bella la même affection que celle qu'ils prodiguaient au reste de leurs enfants, et Carlisle avait commencé à la voir comme sa fille. Nous avions tous remarqué son affection pour elle, et si nous avions eu besoin d'une raison supplémentaire pour l'accueillir dans la famille, l'amour de nos parents pour elle lui aurait assuré une place inébranlable en son sein. Encore une fois, il ne s'agissait pas seulement d'eux. Emmett avait succombé au charme de la petite humaine et la considérait comme sa petite sœur qu'il devait protéger et taquiner. Alice s'était bien sûr également entichée d'elle, décidant qu'elles seraient meilleures amies et sœurs. Moi-même, je devais avouer que je m'étais attaché à la jeune fille, surtout parce qu'il était impossible de faire autrement à moins d'être aveuglé par les préjugés… comme Rosalie. Depuis le premier jour où je l'avais rencontrée, où j'avais pour la première fois senti son amicalité hésitante, son appréhension face à moi, qui résultait plus d'une crainte d'être rejetée que d'une peur en tant que telle… bref, depuis ce fameux jour, j'avais voulu qu'elle soit heureuse avec nous. Il était évident pour moi – ou bien cela l'avait été avant qu'Edward n'agisse de manière aussi stupide – qu'elle allait faire partie de la famille de façon permanente, et cette conviction était justifiée par les visions persistantes d'Alice.
Désormais, alors que je me trouvais à l'extérieur de la maison, grimpant jusqu'à la fenêtre de sa chambre, je me sentais davantage dans la peau d'un membre inquiet d'une famille venu veiller sur elle plutôt que dans celle d'un voyeur malsain… Je chassai cette dernière pensée de mon esprit et grimpai facilement le long du mur pour ensuite m'accrocher au rebord de sa fenêtre. Bien que ce fût un vendredi après-midi, sa camionnette était stationnée dans l'allée.
La voiture de police de son père n'était pas là, et je pouvais seulement présumer qu'il était au travail, ou bien à la pêche… Bella avait passé beaucoup de week-ends chez nous durant l'été parce que son père était parti pêcher avec Billy Black. Regardant par la fenêtre, je trouvai sa chambre dans le même état que la dernière fois que je l'avais vue… peut-être un peu moins bien rangée. Mais, en y regardant de plus près, je me rendis compte que, en réalité, rien n'était semblable. Sa maigre collection de CD et de DVD avait disparu, il n'y avait pas un seul livre en vue et son lecteur CD se trouvait sur le sol à côté d'une boîte avec des fils que je reconnus immédiatement. Je grimaçai. La stéréo, réalisai-je avec douleur, puis je pensais à la souffrance qu'elle avait dû endurer pour en arriver à une telle extrémité.
Mais ce n'était pas sa chambre, ni la réalisation que ses livres, ses CD et ses films avaient disparu qui me dérangeait le plus. C'était elle. Elle était allongée sur son lit, faisant face au mur, les yeux fermés même si elle ne dormait pas. Son visage était amaigri, sans expression, et je me figeai sur place lorsque je pris en considération sa pâle figure, les cernes foncés, comme des ombres sous ses yeux, les traces rouges sur ses joues. Est-elle malade ? Je ne pouvais dire. Je n'étais certainement pas un médecin, et je n'avais jamais non plus étudié la médecine humaine comme mon père, mon frère et ma sœur. Cela expliquerait sa mine affreuse. Je l'espérais de tout mon cœur. S'il vous plaît, dites-moi que ce n'est pas de ma faute. Pitié, pitié, ne faites pas de moi celui qui lui a infligé cela. Parce qu'au fond, je savais que c'était de ma faute. J'ouvris doucement la fenêtre, prenant une grande inspiration de l'air de sa chambre saturée de son odeur qui n'était pas aussi forte que dans mes souvenirs. J'étais tout de même rassuré d'avoir chassé sur le chemin. La brûlure au fond de ma gorge était inconfortable, mais pas insupportable, et je pris une seconde pour me féliciter avant d'ouvrir un peu plus la fenêtre, juste assez pour me glisser silencieusement à l'intérieur. Pourtant, même lorsque je posai le pied sur le sol, elle n'ouvrit pas les yeux, ni même ne remua. Je m'approchai avec hésitation, marquant une pause avant de décider de ne pas la toucher. Si elle ne savait pas que j'étais ici, alors l'alerter de ma présence en approchant trop près ne donnerait rien de bon à la fin.
Je pris une seconde pour analyser ses émotions, surpris de ne pas avoir plus tôt été frappé par la force de celles-ci. Bella ressentait les choses fortement pour une humaine, presque toujours positivement d'après ce que j'avais pu en juger. Elle était généralement heureuse autour de nous, bien qu'elle fût souvent effrayée par Rosalie. Mais, désormais, elle était… presque vide. Je ressentais ses émotions comme je ressentirais les émotions d'un être comateux. Elles étaient à peine présentes, muettes, un inextricable bourbier d'insensibilité duquel je pouvais à peine tirer quelque chose. Mais une chose était certaine : elle souffrait, mais rejetait cette souffrance de telle sorte qu'elle ne devait même plus en être consciente. Réalisant que me tenir là, à la fixer sans qu'elle s'en aperçoive, était quelque peu pernicieux, je décidai de l'appeler. "Bella ?" dis-je doucement, utilisant mes propres émotions pour l'atteindre. Si elle était malade, alors j'irais trouver de l'aide, mais j'avais besoin de lui parler d'abord. "Bella ?" dis-je un peu plus fort lorsqu'elle ne répondit pas, tant physiquement qu'émotionnellement, à ma première tentative. Je me décidai à aller vers elle et touchai son épaule par-dessus les couvertures qui la recouvraient. "Bella." Cette fois, je parlai normalement, commençant à m'inquiéter de l'absence de réponse. "Eh, Bella, tu m'entends ?" Ses émotions se modifièrent légèrement, un éclair de confusion, de surprise, puis se turent de nouveau. En soupirant, je m'agenouillai près du lit et touchai son visage avec une main qui, j'en étais conscient, allait lui sembler froide, et elle sursauta légèrement, se dégageant. "Bella, ouvre les yeux", ordonnai-je gentiment, ignorant la brûlure dans ma gorge. Mon inquiétude était à ce moment précis plus forte que ma soif. "Allez, Bella. J'ai fait tout ce chemin pour venir te voir. Tu ne peux pas me regarder ?" demandai-je sur un ton gentiment taquin, et j'essayai de l'entourer de confort et d'affection. Elle ouvrit alors les yeux avec hésitation, me regardant avec une émotion que je ne parvins pas vraiment à identifier. "Bonjour Bella", la saluai-je en retirant ma main et en lui souriant légèrement.
Elle me regarda avec stupeur, se recroquevillant sur elle-même comme pour se protéger. "Qu'est-ce qui ne va pas ?" demandai-je gentiment, tentant de l'atteindre à nouveau, mais elle referma les yeux, et, l'espace d'une seconde, je fus secoué par ses émotions… Une agonie saisissante, de la douleur, un sentiment d'abandon ainsi qu'un éclat d'espoir qui fut vite réduit à néant. Je serrai la mâchoire, essayant d'y mettre de l'ordre, mais tout disparut soudainement de nouveau. Je m'autorisai à la toucher encore une fois, caressant son visage qui me sembla alors brûlant, même si les humains étaient toujours très chauds comparés à moi. "Allez, Bella. Parle-moi," suppliai-je. Elle secoua la tête et cacha son visage dans son oreiller. Elle grimaça, et je sentis une vague de douleur émanant d'elle. "Bella, je suis tellement désolé". Je décidai de me lancer à l'eau et m'excuser. Je lui devais certainement cela et méritais sa haine envers moi, mais j'espérais qu'elle essaierait de comprendre… cela lui ressemblait bien. "Je comprendrais si tu ne peux pas me pardonner…" Je m'interrompis lorsqu'elle ouvrit les yeux et me fixa, les yeux pleins de larmes qui débordèrent quelques secondes plus tard. "N'aies pas peur, je ne vais pas te faire de mal". En vérité, ses émotions n'avaient pour moi aucun sens. Elle secoua la tête et un cri de douleur lui échappa. Elle ferma les yeux de nouveau, m'incitant à replacer ma main sur sa joue. "Peux-tu me dire ce qui ne va pas ? Je ne comprends pas ce que tu ressens. S'il te plaît, Bella", l'implorai-je alors qu'elle secouait la tête. Mon inquiétude ne fit que se renforcer.
"Pas réel", gémit-elle dans l'oreiller, et, de confusion, je fronçai les sourcils. Je fus choqué quand elle s'expliqua plus clairement. "T'es pas réel".
"Je ne suis pas… Quoi ? Pas réel ?" Je secouai la tête, incrédule. "Es-tu malade, Bella ?" demandai-je, de plus en plus inquiet, ma main sur sa joue.
"T'es parti. T'es pas réel". Je grimaçai à l'entente de la douleur dans cette affirmation, et je me demandai soudain combien de fois elle avait pu rêver du retour de l'un d'entre nous. Je serrai les dents, de nouveau plein de rage contre mon frère et moi-même.
"Regarde-moi". Je m'assis sur le lit à son côté, me penchant vers elle, et encadrai son visage de mes mains. "Je suis réel, Bella. Je suis aussi très inquiet". Elle secoua la tête, et le peu d'espoir qu'elle ressentait s'anéantit, et je dus lutter contre sa douleur. "Non, Bella, écoute-moi. Je suis réel. Tu peux sentir mes mains.". J'attrapai une de ses mains et la pressai juste assez fort pour rassembler ses doigts. "Tu vois ? Je suis réel. Je suis revenu pour venir te voir… ou plutôt pour m'excuser." Elle cessa de secouer la tête, me fixant avec un mélange d'espoir et de crainte, et je pressai sa main de nouveau. Je fus surpris lorsqu'elle se rapprocha de moi et lâcha ma main pour jeter ses bras autour de mon cou, son visage brûlant contre mon épaule de manière que je savais inconfortable pour elle. Les sanglots faisaient convulser son corps, mais ce n'était pas les pleurs de souffrance qui m'atteignirent le plus… C'étaient ses émotions.
Comme si un barrage se fût brisé en moi, je fus soudain envahi de douleur, de chagrin, d'abandon, de vide et d'un millier d'autres émotions douloureuses qui me firent me raidir. Mes yeux se fermèrent et ma mâchoire se contracta à cette sensation qui m'atteignait physiquement, à ma grande surprise. De peur qu'elle pense que j'étais de nouveau en train de la rejeter, je m'efforçai de lever les bras et d'en entourer Bella, jusqu'à ce que mes mains soient figées sur son dos. J'ouvris soudainement les yeux lorsque je réalisai que je pouvais facilement sentir ses os sous mes paumes. A-t-elle au moins mangé depuis que nous sommes partis ?! criai-je intérieurement, alors conscient que nos actions avaient causé bien plus de dommages que nous ne le pensions. A quelle fréquence les humains doivent-ils manger, déjà ? Plusieurs fois dans la journée, il me semble… Devrais-je l'emmener à l'hôpital ? Je devrais plutôt appeler Carlisle. J'avais pris ma décision. Mon père était au travail quand j'avais décidé de partir au beau milieu de la nuit, en laissant seulement une note pour Alice. Je n'avais pas été sûr alors de ce que je ferais après ma visite à Bella, mais de toute façon, il n'en était plus question désormais. Repartir n'était pas une option. Nous l'avions entraînée dans nos vies, nous l'avions accueillie dans notre famille nous ne pouvions pas l'abandonner ainsi, quelles que soient les pensées d'Edward à ce sujet.
Je fus assez surpris lorsque sa respiration ralentit je réalisai qu'elle avait pleuré jusqu'à l'épuisement. Je la rallongeai doucement sur les oreillers, tout en tirant les couvertures jusqu'à son menton, puis je me levai du lit. Je fis une rapide inspection de la chambre, lâchant un soupir face à l'absence de toutes les choses qu'elle aimait avant, et qui auraient dû se trouver là, puis je quittai la pièce pour me rendre au rez-de-chaussée. Je sortis mon téléphone de ma poche.
Dans notre famille, nous devions respecter quelques règles. Ne pas tuer les humains était la première sur la liste, une règle très importante. Ne pas se montrer aux humains les jours de beau temps, ou nous révéler de toute autre manière, était aussi une règle primordiale. Il existait d'autres règles, la plupart décidées sans concertation, non officielles. Nous respections Carlisle et Esmé, nous leur obéissions si l'occasion l'exigeait, bien qu'il fût rare que nous devions agir contre notre gré. Ils n'aimaient pas quand nous nous battions dans la maison, alors nos revanches personnelles s'effectuaient généralement à l'extérieur, et assez loin afin de ne pas inquiéter Esmé. On attendait également de nous de limiter nos achats ostentatoires à un minimum (voitures, ordinateurs performants et chers, îles…), même si notre argent était géré à merveille sur le marché des actions, et le salaire de Carlisle n'était pas négligeable. Nous devions jouer au mieux nos rôles de bons étudiants et nous efforcer de rester hors des ennuis lorsque nous étions à l'école.
Mais, l'une de nos règles officieuses les plus importantes était que nous étions obligés de répondre au téléphone quand nous n'étions pas partis chasser. Carlisle et Esmé nous aimaient, et rien ne les inquiétait plus que leurs enfants ne répondent pas au téléphone. Les numéros de chacun des membres de la famille étaient enregistrés sur nos appareils, et nous devions obligatoirement répondre quand il y avait du réseau. Ainsi, nous pouvions garder contact, au cas où… Je n'avais pas respecté cette règle. Regardant l'écran de mon téléphone, je me rendis compte que j'avais deux appels manqués de Carlisle, un d'Emmett, quatre d'Esmé et six d'Alice. Je grimaçai face à ce dernier chiffre, mais je décidai que, pour le bien de Bella, je devais appeler d'abord Carlisle.
"As-tu parlé à Alice ?" Les premiers mots de Carlisle me décontenancèrent, et je fronçai les sourcils, soudain inquiet.
"Pas encore… Elle va bien ?"
"Elle est folle d'inquiétude !" s'exclama Carlisle.
"Ne peut-elle pas me voir ?" demandai-je, surpris. Je pensais qu'Alice m'aurait devancé pour annoncer les nouvelles à Carlisle à propos de Bella.
"Elle a du mal à voir Forks en ce moment… Je ne sais pas pourquoi. Mais ce n'est pas le sujet, Jasper. A quoi pensais-tu ?"
J'ignorai sa réprimande. Il pourrait me rouspéter plus tard. "Nous devons revenir à Forks", lui dis-je simplement, ma voix implorante. "Carlisle, tu ne sais pas ce que cela lui fait."
Il marqua une pause et je pus imaginer la douleur qu'il ressentit. "Donc tu l'as vue ?"
"Je suis chez elle. Carlisle, elle a une mine affreuse ! Je pense qu'elle est malade."
"A-t-elle de la fièvre ?" Je savais que ce ton soudainement professionnel était son moyen de combattre le stress et l'inquiétude. Je secouai la tête, tout en sachant qu'il ne pouvait pas me voir.
"Je ne sais pas. Je ne pourrais dire…"
"Bon. Se sent-elle mal ? Mal à l'estomac ? A-t-elle du mal à manger ?" Je fermai les yeux, frustré de ne pas pouvoir répondre à ses questions.
"Carlisle, la seule interaction que j'ai eue avec Bella, ce fut lorsque j'essayais de la convaincre que je n'étais pas le fruit d'une hallucination ou d'un rêve, puis je l'ai tenue pendant cinq minutes alors qu'elle pleurait, avant qu'elle ne perde connaissance. Je ne sais rien, mais je ne pense pas qu'elle ait mangé depuis que nous sommes partis et elle est… une loque émotionnelle." Je marquai une pause, laissant Carlisle le temps de digérer toutes ces informations. "Qu'est-ce que je peux faire ?"
"Où est son père ?"
"Pas ici, en tout cas. Elle était au lit quand je suis arrivé."
"Mais… il est seulement quinze heures à Forks !" sa voix exprimait toute sa surprise.
"Ouais, je sais." J'entendis la respiration de Bella changer et levai les yeux au plafond. "Je crois qu'elle se réveille."
"Essaie de la faire parler, Jasper. Prends sa température : il devrait y avoir un thermomètre dans la salle de bain. Donne-lui de la soupe et vois si elle peut la garder. Elle a l'air d'en avoir bien besoin… Donne-lui seulement du bouillon pour le moment." Je gardai le silence, me demandant comme j'allais faire tout cela. "Il devrait y avoir du bouillon de poulet dans les placards, mets-le au micro-ondes, dans un bol. Quant au thermomètre, place-le sous sa langue, puis appuie sur le bouton. Ensuite, attends jusqu'à ce qu'il bipe. Si sa température est au-dessus de quarante, emmène-la immédiatement à l'hôpital. Je dois aller parler à mon chef…"
"Tout va bien ?"
"Je quitte le travail. Je serai là dès que je le peux. Je dois juste appeler Esmé."
Ce fut avec un soulagement décuplé que je rejoignis Bella dans sa chambre, mais ce soulagement fut de courte durée. Elle était roulée en boule et sanglotait. "Bella ?" Elle se retourna prestement, me fixant avec de grands yeux, et je m'assis à ses côtés. Je pris sa main et soupirai quand ses bras vinrent se refermer autour de moi. Cette manière qu'elle avait de s'accrocher à ma chemise m'inquiétait vraiment. "Eh, qu'est-ce qui ne va pas ?"
"T'es réel", gémit-elle, et je m'éloignai doucement d'elle, détestant lui faire du mal.
"Bien sûr que je suis réel. Nous avons déjà dépassé cette étape." Je commençais à me lever. Elle s'agrippait à moi, visiblement de toutes se forces, mais ses mains ne formaient que des poings lâches autour de ma chemise. "Je reviens tout de suite, d'accord ? Je ne pars pas", promis-je, me dirigeant avec hésitation vers la porte tandis que ses mains retombaient sur son corps, ses émotions de retour au vide et à la douleur. Je me dépêchai d'aller à la salle de bain et de fouiller dans les tiroirs et l'armoire à pharmacie, où je finis par trouver un bâton blanc avec un bout arrondi et un petit écran digital qui prit vie avec un bip lorsque j'appuyai sur le bouton.
Me dépêchant de revenir dans la pièce où elle reposait contre les oreillers, son visage trempé de larmes, je m'assis sur le lit à côté d'elle, me demandant par quelle étape commencer pour prendre sa température. "Euh… Tu peux ouvrir la bouche ?" demandai-je en lui montrant le thermomètre et soupirant de soulagement lorsqu'elle n'eut pas l'air de me prendre pour un idiot. Ouvrant la bouche et élevant la langue, elle s'appuya à nouveau contre les oreillers et ferma les yeux, le thermomètre en bouche. Je devinais que ce n'était pas douloureux, ni même inconfortable, puisqu'elle avait l'air de se rendormir. Après une minute, la chose bipa et je la retirai doucement de la bouche de Bella, tout en lisant l'écran.
Ses émotions exprimaient pour la plupart de la crainte et de la confusion. Je posai le thermomètre sur la table et la regardai. "Bella, je ne vais pas disparaître. Ne t'inquiète pas." Son visage fut instantanément marqué par une expression de reproche et je célébrai intérieurement cette petite victoire, ce petit trait de la jeune fille que j'avais connue auparavant, cette même jeune fille qui était capable d'enguirlander un vampire. "Ecoute, nous pourrons parler de cela plus tard. Là, tout de suite, nous devons parler de toi." Elle fronça les sourcils, confuse. "Je pense que tu es malade, Bella. Depuis combien de temps te sens-tu mal ?"
"J'sais pas." Sa réponse était quelque peu apathique, et mon inquiétude me fit me mordiller la lèvre. Je n'étais pas médecin. Je n'étais pas psychologue. Je n'avais jamais rien étudié de tout cela ! Tout ce que je savais, c'était qu'elle ne se comportait pas normalement, et je ne savais pas si c'était à cause de son traumatisme émotionnel ou bien à cause de la maladie qu'elle pouvait avoir.
"Bon…" Je me penchai pour baisser les couvertures et glissai un bras sous ses épaules et un autre sous ses genoux. Il fallait que je fasse quelque chose, et la nourrir semblait la meilleure chose à faire pour le moment. Elle commença à frissonner aussitôt que je la soulevai du lit, et je grimaçai à son poids. Elle était ridiculement légère, plus légère même qu'avant. Je me dépêchai de descendre les escaliers et la plaçai sur un canapé dans le salon, d'où elle pouvait avoir un point de vue sur la cuisine. Je l'enroulai dans un plaid et lui demandai si elle avait envie d'un peu de soupe, mais je vis avec inquiétude ses yeux se fermer encore une fois. "Ce sera donc de la soupe", marmonnai-je. J'allai à la cuisine et trouvai du bouillon de volaille. J'en versai le contenu dans un bol que je mis au micro-onde.
Je sentis sa gêne et me retournai lorsqu'elle sembla revenir à la vie, s'asseyant et me regardant. "Je… Tu n'es pas obligé de…"
"Reste." ordonnai-je fermement. "Je pense que tu es malade, et tu as besoin de te reposer. Je m'occupe du reste." Une sonnerie m'annonça que le micro-onde avait fini de réchauffer le bouillon et j'en sortis le bol, saisissant au passage une cuillère pour lui porter le tout. "Mange", ordonnai-je, décidant que ma seule option, la voyant regarder le bol avec désintérêt, était de ne pas faire passer mes paroles pour une simple suggestion.
"J'ai pas…" commença-t-elle. Je tentai d'avoir l'air sévère mais ce n'était pas facile : elle avait une mine terrible, elle s'appuyait faiblement contre le dossier du canapé, ses bras mollement resserrés autour d'elle, la couverture sur ses cuisses, tout son corps tremblant d'un froid qu'elle seule pouvait ressentir.
"Bon. Ouvre la bouche", insistai-je, un peu plus délicatement cette fois. Après quelques instants, elle obéit, et une autre vague de gêne me heurta de plein fouet, si bien que je m'interrogeai. Elle était tout juste consciente pour se rendre compte de ma présence, et pourtant elle savait comment être embarrassée face à mes essais maladroits pour la nourrir ? Je lui fis manger quelques cuillères de soupe, m'y prenant doucement pour ne pas l'étouffer, me demandant comment les humains pouvaient avoir assez de patience pour passer tant de temps à se nourrir. Au bout d'un moment, elle secoua la tête, se détournant lorsque je tentai de lui faire avaler une autre cuillerée de soupe, et je posai le bol sur le sol avant de mieux la recouvrir de la couverture. "Tu te sens mieux ?" demandai-je, espérant que le bouillon de volaille soit la recette miracle pour la guérir… Mais elle se contenta de secouer la tête et se pelotonna dans la couverture. "Carlisle va bientôt arriver, il va s'occuper de toi, d'accord ? Où est ton père ?"
"Parti", marmonna-t-elle, les paupières visiblement lourdes.
"Où ?" demandai-je, m'efforçant de rester patient. Qui a dit qu'immortalité allait de pair avec une patience infinie ? Je soupirai en mon for intérieur quand elle ne répondit pas immédiatement. "Bella, où est parti ton père ?"
Elle rouvrit les yeux pour me regarder distraitement. "Mmm ?" Je soupirai, espérant que Carlisle arriverait bientôt. Je me fustigeai à cause de cette pensée.
Ce n'est pas de sa faute si elle est malade ! Arrête de faire le con. Si c'est de la faute de quelqu'un, c'est bien la tienne, Jasper Whitlock. Je me hasardai à poser ma main sur son visage brûlant, surpris lorsque Bella sembla apprécier le contact. "Bella, où est parti ton père ?". Elle cligna des yeux, sembla réfléchir, puis me regarda de nouveau.
"Il est parti pêcher. Tout le week-end, avec Billy… Il est parti." Je pouvais discerner la souffrance, la douleur dont étaient emprunts ses mots, et je devinai que Charlie ne gérait pas bien la situation. Il semblait avoir totalement abandonné la partie.
"Bon. Nous allons prendre soin de toi, ne t'inquiète pas."
"Vous êtes partis." Sa voix reflétait plus de douleur que de colère, et je plaçai ma main sur ses cheveux, les caressant doucement.
"Ma faute", murmura-t-elle, sur le point de s'endormir encore une fois. Ses émotions, auparavant si douloureuses que je ne pouvais pas y faire grand-chose, se calmaient peu à peu, et j'essayai de les apaiser encore plus. "J'suis désolée, Jasper." Sa voix se heurta lorsqu'elle prononça mon nom, et elle reposa sa tête contre mon épaule. "J'étais stupide… désolée."
"Bella…" je secouai la tête, la serrant contre moi. "Ce n'est pas de ta faute, darlin*", murmurai-je en pressant délicatement ses épaules. "Tu n'as rien fait de mal, je te le promets." Je déposai un baiser au sommet de son crâne, la berçant tandis que les larmes tombaient de ses yeux. "C'était ma faute, Bella. Ma faute, et celle d'Edward, et je suis terriblement désolé." Je regardai ses yeux se refermer, sa tête retombant sur le canapé. Les larmes coulaient toujours à travers ses cils, et je lui essuyai délicatement les yeux, la tenant serrée contre moi jusqu'à ce que le téléphone vibre dans ma poche.
En faisant attention de ne pas réveiller Bella, je me levai du canapé et me rendis à la cuisine, où je décrochai. "Je suis en route. Comment va-t-elle ?" demanda Carlisle en guise de salutation.
"Sa température était de trente-neuf degrés. C'est mauvais ?"
"Pas très bon, en tout cas… Mais si nous parvenons à la faire baisser, tout ira bien. A-t-elle avalé quelque chose ?"
"Oui… plus de la moitié d'un bol de bouillon. Ses émotions changent. Au début, elle était presque insensible, ensuite elle souffrait terriblement. Mais elle commence à se calmer un peu. Elle a l'air d'avoir froid, cependant."
"Sûrement dû à la fièvre. Pendant un moment, elle aura des frissons, l'instant d'après elle aura chaud, alors garde un œil sur elle." Carlisle souffla, inquiet. "C'est bon signe qu'elle ait pu avaler quelque chose. A-t-elle des problèmes pour dormir ?"
"Non, elle dort en ce moment."
Carlisle resta silencieux un long moment, avant de demander : "Lui as-tu dit que je venais ?"
"Oui." Carlisle était silencieux mais je savais ce qu'il demandait par là. "Elle n'a pas vraiment réagi. Je ne pense pas qu'elle m'ait cru. Honnêtement, je ne pense même pas qu'elle me croie réellement ici. Elle souffre, Carlisle. Son père est sorti pour le week-end avec Billy, mais il aurait dû savoir…" J'étais frustré. "J'ai du mal à comprendre. Comment a-t-il pu la laisser tomber à ce point ? Elle souffre tellement !"
"Je serai là dans la matinée, plus tôt si je le peux. Appelle Alice. Elle est malade d'inquiétude."
* Je conserve les surnoms affectifs anglais, il y en a trop et ça peut donner des choses vraiment bizarres en français. Darlin', ou darling, est toujours attribué à Jasper dans les fictions de Twilight, sûrement parce qu'il vient du Sud.
En tout cas, j'espère que cela vous a plu. La suite plus tard, le temps de tout traduire (elle écrit beaucoup), peut-être la semaine prochaine, peut-être avant.
