Blabla inutile : un petit bout de fanfiction écrit il y a de longs mois et que je n'ai jamais publié. Voilà l'erreur réparée.

Le titre vient donc du poème "Ode à la neige" de Henri Pichette.

Bonne lecture.


Et

tout là-bas

(à l'heure de mon cœur qui bat tout bas)

quelqu'un

contemple

la rencontre de la neige

floconneuse, innombrable

avec la mer

"Ode à la neige" — Henri Pichette


Sa cicatrice semble pulser sous les doigts de Finn, chaude et enflée, épaisse et monstrueuse dans l'absence de paroles qui hante cet échange.

Personne ne sait rien – ne savait rien, devrait-il dire, dorénavant – de tous ces jours de grisaille qui le font frissonner, de cette vapeur enivrante pour l'esprit qui consume la fièvre vivace qui l'anime pourtant aux yeux de tous.

Personne ne sait que Poe Dameron avance parfois à l'aveugle contre le souffle glacé du monde ; personne ne sait qu'il rêve de possibilités où la vie, sa vie, n'est pas assassinée par cette apocalypse sans visage ; personne ne sait qu'il souffre d'une anxiété qui perle de tous ses pores et qui le marque un peu plus chaque jour d'une blessure au fer rouge.

Personne, jusqu'à ce que Finn découvre cet hyperespace hors de l'horizon qu'aucun être n'avait auparavant remarqué.

Poe représente ce songe d'hiver aux yeux des autres rebelles : une légende d'été, doux, charmant, agréable, jamais extravagant, toujours respectueux, l'âme remplie de rêves et d'égalité. Poe est ce courant d'air qui laisse une trainée de poussière lumineuse derrière lui, éphémère mais caractéristique.

Rien ne laisse présager à ce voile d'apparences qui dessinent un paysage de vagues mourantes dans un impossible silence.

Poe n'est pas son anxiété ; Poe est toutes les couleurs de la mer au soleil, ce bleu irisé, ce cyan profond, cet aplat bleu nuit d'une beauté folle – mais il a aussi cette part détruite où l'ombre tente de le noyer, petit à petit, dans le souvenir de l'automne et des hommes.

Il lance un regard triste, presque apeuré à Finn. Il n'ose même plus respirer, sa peau tendue contre la main rassurante de celui à qui il a donné un nom, une identité propre.

— Tu n'es pas cette ténèbre, murmure-t-il lentement alors que l'aurore perle au coin des yeux de Poe avec la vivacité des matins d'été, brodés de lumière.

Non, il ne sera jamais entièrement cette ténèbre ; ensemble, ils défieront l'azur turquoise où baignent les rivières d'angoisse et de terreur ensemble, ils verront tomber l'or du soir doucement, au milieu du champ de bataille qu'est l'esprit de Poe, le clair de lune apaisant ces cicatrices imparfaites au son de la voix de Finn.