La douleur quand il sent la lame s'enfoncer pour blesser sa chair. Le plaisir de voir le sang qui coule, traçant des sillons rouges sur sa peau pâle. Puis le bonheur de savoir qu'il souffre parce qu'il l'a décidé et pas parce que les autres l'ont voulu.
Tout ça est devenu une habitude, comme un rituel. Quand il est seul avec lui-même, avec ses idées noires, que les larmes commencent à lui piquer les yeux, plutôt que de les laisser couler, il se mutile. Il préfère meurtrir son corps plutôt que de laisser s'échapper ces gouttes salées. Car pleurer ne sert à rien. A rien d'autre que se sentir faible. Faible et trahi. La vulnérabilité est une faiblesse, et pleurer montre qu'on est vulnérable car quelqu'un a réussi à nous atteindre et à nous blesser. Trahi car quelqu'un a réussi à percer cette carapace qu'on a construit pour se protéger et a atteint le cœur pour ensuite le briser, le piétiner et le laisser comme ça, en morceaux. Alors que quand il se blesse, il se sent fort, car c'est lui qui a décidé quand il aurait mal, quand il souffrirait. Dans ces moment, il se sent maître de ses sentiments, maître de son cœur qui le trahi chaque fois qu'il s'attache à des gens qui finiront par lui faire du mal. Parfois il se dit que ce serait plus simple de se fermer complètement aux autres, mais il n'y arrive pas, chaque fois il se fait avoir, puis il souffre, et quand il a enfin réussi à se reconstruire, quelqu'un d'autre le brise, chaque fois ça recommence, comme un cercle infernal, il a si peur que ça ne s'arrête jamais… Est-ce qu'il trouverait un jour quelqu'un qui ne le piétinerait pas comme tous les autres? Plusieurs fois il avait cru que c'était terminé, mais ses illusions s'étaient brisées, chaque fois le faisant sombrer un peu plus profondément dans le désespoir. Autant en amitié qu'en amour, tout n'avait été qu'une suite de déceptions et de désillusions.
Une fois de plus une amitié lui avait fait du mal, il y avait cru. Il avait placé tellement d'espoirs dans cette relation. Et encore une fois ça avait mal tourné. Le pire c'est qu'il ne savait même pas pourquoi. Un simple message, avait mit fin à tout ça sans qu'il comprenne.
"Va te faire foutre et ne t'approche plus de moi."
Pas même une explication, rien d'autre que cette phrase. Il avait essayé de comprendre, de savoir ce qu'il avait fait, mais rien n'était venu. Rien que des "j'ai pas envie de te le dire maintenant" ou encore "tu le sauras quand j'aurais envie de le dire mais pour l'instant j'ai pas le temps". Est-ce qu'il était quelqu'un de si détestable, banal et sans intérêt pour ne pas mériter l'amitié ou l'amour de qui que ce soit? Pour ne pas mériter d'être apprécié rien qu'un peu?
Mais que pouvait-il faire? Il ne trouvait aucune solution. Alors tout continue, se répète inlassablement. Chaque fois il souffrira, puis remontera la pente pour mieux sombrer encore et encore.
