Il releva sa main et baissa les yeux sur ses poignets et ses avant-bras pour regarder avec un sourire satisfait les plaies qui s'étalaient sur sa peau.

Son sourire n'était pas un beau sourire, un de ceux qui font qu'il est tout simplement beau, non, c'était plutôt un de ceux qu'il faisait sur scène, un de ces sourires de psychopathe qu'il avait lorsqu'il se mutilait sous les cris des folles furieuses de groupies.

Le sang coulait le long de son bras, de son poignet et ses mains, mélangé aux gouttes de pluie glacées qui tombaient sur lui. Il baissa sa main sur son bras, enfonçant la lame brillante sous les rayons de la lune dans sa peau déjà meurtrie et trempée par le sang et la pluie qui continuait de tomber, indifférente aux larmes qui brouillaient sa vue et inondaient ses joues. Il fit glisser la lame sur sa peau, profondément, d'abord doucement, puis plus violemment, cherchant par la douleur qui assaillait son corps à oublier celle qui poignardait son cœur.

Bientôt ce serait terminé. Il le sentait. Il allait mourir, là, dans ce parc, allongé dans l'herbe, sous le ce cerisier en fleur qui pleurait sur lui ses pétales comme pour lui offrir un cercueil. Il sentait ses forces et sa vie le quitter, à mesure que son sang s'écoulait.

Il allait quitter ce monde, enfin il serait libre. Libre de cette image qu'il donnait de lui, libre de ces filles qui hurlaient son nom, pensant le connaître alors qu'elles ne savaient rien de ce qu'il vivait, de ce qu'il ressentait. Il serait enfin heureux.

Il ferma les yeux en souriant et dit adieu à la vie dans un dernier soupir, se laissant porter vers une autre vie.