J'attendais dans la pièce exiguë qui servait de salle d'attente au bureau du directeur du quartier général des Aurors du Ministère de la magie, mon directeur.
Je venais d'être convoquer par celui-ci via un de ces avions en papiers ensorcelés qui permettait de transmettre des messages au sein du ministère.
J'étais assis depuis une bonne demi-heure sur une chaise particulièrement inconfortable quand la secrétaire m'invita à entrer dans le bureau.
- Ah! Monsieur Potter!, s'écria le directeur en me voyant entrer, bonjour, bonjour! Asseyez-vous, je vous en pris.
Je m'assis sur la chaise, tout aussi inconfortable que celle de la salle d'attente, qui lui faisait face de l'autre côté du bureau encombré de paperasse, tout en le saluant à mon tour.
- C'est votre jour de chance Potter! J'ai une mission pour vous, votre première en solo et à l'étranger! Je voulais envoyer Cannell mais il est malade; il a attrapé la dragoncelle je crois ou quelque chose du genre, enfin bref, vous êtes le seul Auror disponible pour cette mission donc vous partez demain pour San Francisco! Et voici votre ordre de mission avec tous les détails Potter. Vous pouvez y aller, vous viendrez me faire votre rapport à votre retour. Bonne chance !
Il me tendit une liasse de parchemin, je le remerciais et sortit du bureau. Je n'en revenais pas, après ce long et laborieux entrainement, j'allais enfin réaliser une mission solo, et à l'autre bout du monde en plus! Je sentais l'excitation monter en moi, mais celle-ci était accompagnée d'une légère pointe d'anxiété; j'espérais être à la hauteur.
En rentrant dans mon petit appartement londonien, je me plongeais immédiatement dans la lecture du dossier.
Apparemment, plusieurs membres de la communauté de sorciers de San Francisco avaient été assassinées par le sortilège Avada Kedavra au cours des six derniers mois et le bureau des aurores soupçonnait un gang de mages qui se faisait appelé les Gardien du sang, encore un groupe de tarés extrémistes à fond dans le délire sang pur, d'être impliqué dans ces attentats.
Ceux-ci sévissaient principalement en Grande-Bretagne depuis quelques années, mais aussi dans le reste de l'Europe et dernièrement, suite aux nombreuses arrestations ayant eu lieu au sein de leurs rangs, ils se faisaient discrets. Visiblement, ils avaient décidé que le Nouveau-Monde serait une terre plus propice pour implanter leur haine des nés Moldus et de tout ce qui n'était pas 100% sorcier.
Au début, ils s'étaient fait connaitre par leur discours politiquement incorrect, qui était devenu de plus en plus haineux vinrent ensuite les actes violents commis ouvertement à l'encontre de tous ceux qui n'étaient pas de sang pur, mais cela n'avait encore jamais été jusqu'au meurtre.
La disparition outre atlantique de ces sorciers et sorcières d'origine moldue était en effet inquiétante et tout le sérieux de cette mission m'apparut clairement; je devais trouver les coupables et quand ce serait fait, contacter le bureau pour qu'il m'envoie les renforts nécessaires à leur arrestation.
Je commençais à angoisser sérieusement, et pas seulement parce que j'avais peur de ne pas être assez bon; cette mission allait être dangereuse, si ces mauvais sorciers me repéraient avant que les renforts n'arrivent, je risquais d'être en très mauvaise posture.
En plus, la police moldue avait déjà commencé son enquête sur ces disparitions en série et j'allais devoir me faire passer pour un journaliste d'investigation free lance engagé par un journal appelé The Bay Mirror dont le journaliste habituel avait pour l'occasion été victime d'un petit accident, rien de grave, juste de quoi ne pas pouvoir aller travailler pour quelques temps. Sous cette nouvelle identité, je pourrais enquêter plus ou moins à ma guise sur les évènements, en espérant que la police moldue ne me mette pas trop de bâtons dans les roues.
Au milieu des parchemins, qui m'indiquaient aussi mon adresse sur place, ma fausse biographie et quelques autres informations utiles du même genre, je trouvais aussi un permis de conduire et un passeport plus vrai que nature.
Le bureau des Aurors avait vraiment bien fait les choses, je gardais le même nom et la même date de naissance mais maintenant j'étais un jeune britannique né quelque part en Cornouailles, expatrié aux USA pour faire des études de journalisme à la prestigieuse université de Yale et diplômé depuis 3 ans.
J'espérais ne rencontrer personne ayant étudié là-bas car les infos fournies par le Ministère sur cette fac étaient assez succinctes. En fait, j'espérais que personne ne me poserais trop de questions sur mon passé car je sentais que cela entrainerait des situations pour le moins embarrassantes.
Il était plus de trois heures du matin quand j'allais enfin me coucher après avoir préparé toutes mes affaires pour mon séjour aux Etats Unis. Cependant, je ne pouvais m'endormir, l'excitation était trop forte et je me retournais encore et encore dans mon lit. Quand finalement le sommeil me gagna, il fut hanté de rêves peuplés de sorciers encapuchonnés qui apparaissaient aux coins de rues sombres et inconnues. Décidément, cette première mission n'allait pas être de tout repos.
Le matin, malgré ma nuit courte et agitée, je n'étais pas le moins du monde fatigué, j'étais prêt à affronter tous les sorciers maléfiques du monde, après tout, j'avais bien défait Lord Voldemort, le plus grand mage noir de tous les temps.
Il était 8h30 (heure londonienne), je m'apprêtais à transplaner vers la Californie. Le transplanage intercontinental n'était pas une tâche aisée et demandait une grande concentration si je ne voulais pas me retrouver désartibulé, ce qui était une expérience particulièrement désagréable. Je gardais en mémoire le souvenir cuisant de mon premier transplanage intercontinental, au cours duquel mon oreille gauche était restée en Angleterre alors que le reste de mon corps avait réapparu sous le soleil d'Egypte, heureusement que j'étais cette fois là accompagné d'un Auror confirmé qui m'avait sorti de ce mauvais pas.
Seulement, aujourd'hui j'étais tout seul et je devais parcourir pratiquement 10 000 km d'un seul coup. Comme on me l'avait appris, je ralentis ma respiration, vida mon esprit de toutes pensées parasites, et me concentrais sur ma destination, je me visualisais à San Francisco, dans le séjour de l'appartement que j'allais habiter pour quelques temps. Quand j'atteignis un niveau de concentration satisfaisant, je transplanai enfin.
Je rouvris les yeux dans mon nouvel appartement, sans rien avoir laissé derrière moi fort heureusement. Il faisait noir et j'allumai les lumières d'un coup de ma baguette magique. Le logement correspondait aux photos que m'avait fourni le Ministère, il était petit mais fonctionnel et propre, assez proche du journal ou je travaillerais.
Comme on était en pleine nuit je n'étais pas pressé et rangeais tranquillement mes affaires avant d'aller faire un tour sur les lieux des meurtres; à une heure pareille je ne risquais pas d'être dérangé.
