Disclamer : Tout à JKR, sauf l'histoire qui est à moi

Bêta : Archimède

Note : C'était à l'origine un OS mais vu sa taille (53 pages écrites en 10 jours, Inspiration a très bien bossé, même si j'aurais préféré qu'elle bosse sur autre chose) ma bêta m'a fortement conseillée de le couper en parties. Donc, ce n'est plus un OS mais une mini fic de 4 chapitres que je posterai le samedi et le mercredi, autant que faire se peut.

Le rating M est justifié, mention de scènes entre hommes et langage parfois... cru. Pour ceux ou celles que cela rebute, passez votre chemin.

Pour ceux qui me connaissent, le pauvre Harry sera encore malmené mais ça sera un happy end.

Je tiens à préciser que ce n'est PAS un Drarry (autant le préciser tout de suite et vous comprendrez rapidement pourquoi), que ça n'en sera PAS un et que les mécontents peuvent prendre la porte d'office. Pour les autres, bonne lecture.

/!\Dans cette fiction, la guerre n'a pas eu lieu pendant la 7ème année de Harry, mais pendant la 6ème/!\


Le droit au bonheur

Partie 1

Théodore Nott, sorcier efflanqué et Serpentard de Septième Année de son état, était un solitaire. Sa propre maison le trouvait étrange et les autres le rejetaient parce que son père avait eu l'audace d'être un Mangemort, simplement parce qu'il avait un tatouage hideux sur le bras qui symbolisait son rattachement à Lord Voldemort.

Ce dernier était mort l'année précédente, tué par Harry Potter, Survivant et Vainqueur, laissant ses suivants aux mains des Aurors. Le jeune Théo avait ainsi vu son paternel être emmené à Azkaban où il avait croupi là, avant son procès dont l'issue était connue de tous.

Le jeune homme, lui, n'avait jamais voulu prendre la marque. De toute manière, il était bien trop jeune, le puissant mage noir ne tatouant que les personnes majeures – et comme Théo n'avait que seize ans à l'époque, il n'avait pas été inquiété.

Maintenant, il se retrouvait orphelin, à la tête d'une fortune qui lui permettait de vivre simplement sans travailler mais sans excès, le ministère n'ayant pas vu l'intérêt de la lui retirer.

Mais son argent ne lui permettait pas d'avoir ce qu'il désirait depuis plusieurs mois, à savoir Harry Potter.

Son cœur s'était amouraché du Gryffondor courageux qui ignorait totalement cette attirance et ce n'était pas Théo qui le lui dirait. Il n'avait pas envie de recevoir un sortilège. Résultat, le châtain aux yeux noirs gardait le silence et souffrait sans rien montrer, non sans espoir qu'un jour, le beau brun aux yeux verts le verrait.

0o0

La Salle sur Demande avait toujours été le théâtre muet de diverses scènes. Mais la plus troublante resterait sans doute celle de l'union entre un Gryffondor et un Serpentard, et non des moindres.

Les deux protagonistes en question étaient Harry Potter et Drago Malefoy, amants la nuit et ennemis le jour. Ils venaient là se retrouver chaque soir pour assouvir des pulsions, mais aucun n'avait la même raison à avancer.

Le premier, Drago, aristocrate de Sang-Pur, élevé dans les plus pures traditions sorcières, était gay mais le refusait. Il n'était point convenable d'aimer une personne de son sexe, et encore moins lorsqu'on était fiancé.

En effet, le blondinet, d'une arrogance à toute épreuve, était promis depuis sa naissance à Pansy Parkinson, élève de son année et de sa maison. Ils devaient convoler en justes noces après l'obtention de leurs ASPICs, à la fin de l'année. Mais ça ne l'empêchait pas de s'envoyer en l'air avec le Survivant. Dans cette relation, il n'y avait aucun amour. Du moins, pas dans les deux sens.

Car le second, Harry, était fou amoureux de son amant, mais savait que ce ne serait jamais réciproque. Drago – Malefoy – avait été clair. Entre eux, ce n'était que du sexe. Pas de sentiments.

De cette attirance, seules deux autres personnes étaient au courant : Ron Weasley et Hermione Granger, parce qu'ils étaient les meilleurs amis d'Harry. Mais ils n'acceptaient pas.

L'homosexualité et l'amour de Harry pour le blond prétentieux n'étaient pas ce qui leur posait problème, bien qu'ils se seraient passés de ce dernier détail. Non, ce qui les ennuyait, c'était que le brun n'était pas heureux et que sa relation malsaine avec Malefoy le détruisait à petit feu.

Un matin, lors du déjeuner dans la Grande Salle, un hibou se posa devant le Survivant, tendit la patte et s'envola sitôt son courrier récupéré. Il n'était pas anormal qu'un volatile se pose pendant le repas, juste devant Harry. Personne n'y faisait attention, mais tous se demandaient ce qu'il pouvait bien y avoir dans ces lettres.

Le jeune homme ouvrit la missive qui se révéla être très courte.

« S.D, 23. »

Pour d'aucun, cette note était sibylline, mais Harry en comprenait parfaitement la signification : Salle sur Demande, à vingt-trois heures, ce soir. C'était un système qu'ils avaient mis en place après leur première « nuit ». Malefoy ne voulait pas prendre le risque que tout le monde sache, alors il allait à l'essentiel. Le contenu ne changeait de toute manière que fort rarement.

Potter pinça les lèvres. Malgré son envie de ne pas s'y rendre, il savait qu'il irait. Il avait besoin de Drago comme un camé de sa drogue.

Ils se voyaient tous les soirs depuis trois mois, depuis la rentrée. Harry avait fait le premier pas en allant voir son amour secret, histoire de lui parler de son attirance. Drago n'avait pas eu la réaction escomptée. Au lieu de l'écouter, il l'avait traîné dans une salle – la Salle sur Demande – et l'avait proprement baisé, se fichant totalement qu'il s'agisse de la première fois du Gryffondor. Puis il était parti en lui proposant de remettre ça, selon son envie.

Voyant là un moyen de se rapprocher de Malefoy, Harry n'avait pas dit non, espérant ainsi que le blond ait lui aussi des sentiments. Jusqu'à ce que son amant lui apprenne qu'eux deux, ce n'était rien, et qu'il ne valait mieux pas en parler à l'extérieur. Drago couchait avec le brun parce qu'il était le seul qui ne dirait rien sur leur relation clandestine. Il n'y avait pas d'amour, et il n'y en aurait jamais.

Le cœur en miette, Harry avait néanmoins acquiescé, acceptant les conditions : pas de sentiments, sinon leur relation prenait fin. Et il ne voulait pas, il refusait tout bonnement de voir son amour s'éloigner de lui.

Mais tous les jours, il se demandait s'il n'allait pas révéler la vérité. Tous les soirs, quand Drago le prenait durement, le faisant jouir et hurler comme jamais, à la fois de douleur et de plaisir, il avait peur de crier « je t'aime ».

Malgré les dires du Serpentard, le Gryffondor espérait que ses sentiments étaient réciproques, que Drago refusait de l'admettre parce qu'il avait peur que Harry ne ressente pas la même chose.

- Pourquoi tu te fais du mal ? s'enquit Ron alors qu'ils remontaient le couloir qui les menait à la bibliothèque, Hermione en remorque, absorbée par la lecture d'un volumineux exemplaire du traité des gobelins, édition de 1589, parfaitement préservée par une batterie de sorts. Pourquoi tu y vas en sachant pertinemment que tu vas revenir en pleurs ce soir ?

- Je ne sais pas, j'ai...

- Besoin de lui, grommela Ron. J'ai compris. Mais Harry, tu te détruis !

Le Survivant soupira. Ils avaient déjà eu cette conversation, des centaines de fois. À dire vrai, ils l'avaient à chaque invitation reçue.

- Tu ne comprends pas, Ron.

- Non, c'est un fait. Je ne comprends pas. Je ne comprendrai jamais. Il n'éprouve rien pour toi et te fait du mal. Tu n'es pas heureux et tu ne le seras jamais avec ce type ! Parce qu'il est tout bonnement incapable d'aimer qui que ce soit. Mais c'est ta vie.

Ils arrivèrent aux abords de la bibliothèque. Ron allait ouvrir la porte. À partir de cet instant, le silence était de mise à l'intérieur de ce temple du savoir dédié à l'étude et à l'adoration des livres.

- Quoique tu fasses, Harry, je ne te le répéterai jamais assez, mais je suis là. Surtout s'il faut réparer les pots cassés de ce crétin.

- Merci Ron, souffla l'Élu d'une voix émue.

Ils entrèrent, suivis par Hermione qui n'avait pas lâché le livre des yeux, pas même pour retrouver son chemin. C'était comme si elle avait un détecteur à obstacle, car lorsqu'il y en avait qui se présentait, elle l'évitait aisément, sans lever la tête. Elle ne s'était pas non plus trompée dans les intersections, semblant suivre ses amis à la voix.

Mais malgré ses capacités hors normes, elle n'avait pas écouté un traître mot de la conversation entre ses amis.

0o0

À vingt-deux heures et cinquante sept minutes, Harry était dans la Salle sur Demande, assis sur le lit, à attendre Drago. Son cœur battait la chamade et ses mains étaient moites.

Dans trois minutes, il verrait l'élu de son cœur. C'était stupide, mais il ne pouvait s'empêcher d'être heureux de cette perspective. Ils s'étaient invectivés quelques heures avant et le blond avait frappé son amant, l'envoyant à l'infirmerie. Harry ne lui en tenait pas rigueur. Si cette haine était tout ce qu'il pouvait obtenir de lui, alors il l'acceptait sans réserve, même si elle laissait des traces, comme un œil au beurre noir.

Vingt-trois heures piles, la porte de la Salle sur Demande s'ouvrit sur une tête blonde.

- Déjà là ? Pour un peu, je vais croire que tu adores te faire défoncer, ricana Malefoy en guise de « bonsoir ». Ou que tu es attiré par moi.

Le cœur de Harry manqua un battement. Drago avait mis le doigt dessus. Il aimait se sentir possédé, mais aussi le fait que le Serpentard le prenne jouait beaucoup.

- Déshabille-toi et mets-toi à quatre pattes. Je suis pressé alors on se dépêche !

Le brun obtempéra rapidement, presque fébrilement et regarda du coin de l'œil Drago faire de même. L'aristocrate était bien fait de sa personne. Le Quidditch avait sculpté son corps harmonieusement et la nature avait fait le reste, le dotant d'un organe de taille respectable, bien que légèrement plus gros que la normale.

Le pénis ne mit que quelque secondes, à la vue du corps allongé sous lui, pour prendre vie et se dresser. Drago, d'un geste de baguette, lubrifia son sexe, l'entrée de l'intimité de son amant et étira celle-ci. Il n'avait pas le temps ni l'envie de s'embarrasser avec des préliminaires.

Il se hâta de pénétrer Harry, lentement pour ne pas le blesser, et parce qu'il adorait sentir les chairs brûlantes enserrer et aspirer peu à peu sa verge. Il entendit le brun couiner mais n'arrêta pas sa progression. Il laisserait le temps à son amant d'accepter sa présence imposante en lui avant de le pilonner rageusement.

Sous lui, Harry se mordait la lèvre à cause de la douleur. Son propre sexe était mou et ne risquait pas de durcir avec ce traitement. Ses doigts se crispèrent sur les draps. Drago était de mauvaise humeur et cela se sentait. D'ordinaire, il n'était pas si directif et ils prenaient un peu de temps pour s'exciter mutuellement, même si cela ne durait jamais bien longtemps.

Heureusement que Drago attendit, parce qu'il s'était mis à bouger immédiatement, amoureux ou pas, Harry ne l'aurait pas accepté. Il n'était pas une bête ! Il voulait un peu de considération tout de même !

Lorsque la douleur reflua, Harry remua légèrement et Drago se mit à se mouvoir lentement d'abord, puis plus durement.

Le Gryffondor cria soudain lorsque le gland de son partenaire effleura sa prostate, lui faisant voir des étoiles.

Satisfait, le blond s'empressa d'aller titiller cet endroit plus que sensible, non sans agripper les hanches de Harry, plantant ses ongles dans la peau légèrement hâlée. Il laisserait des marques mais n'en avait que faire.

Il pilonnait avec ardeur ce corps dans lequel il adorait se perdre et qui ne lui tenait pas rigueur de sa violence. Harry arborait le coquard qu'il lui avait fait sous le coup de la rage, parce qu'il était là, au mauvais – ou au bon – moment.

Sa rage était due au fait que son mariage se rapprochait et que plus les jours passaient, moins il avait envie d'épouser Pansy. Une autre demoiselle lui aurait davantage convenu, pour peu qu'elle soit un tant soit peu jolie à regarder, ce qui n'était pas le cas de sa fiancée. Et cette dernière semblait prendre un plaisir à le coller, tout en jacassant à propos de tout et de rien d'une voix affreusement suraiguë qui lui donnait des migraines.

Même s'il détestait Harry, le jeune homme avait la bonne idée de faire ce qu'il lui demandait, sans dire quoique ce soit.

Drago accéléra encore le rythme en grognant et se déversa dans l'antre de son amant. Il ne lui laissa pas le temps de jouir à son tour qu'il se retira aussitôt après avoir éjaculé. Le tout n'avait duré que quinze minutes.

- Y a pas à dire, Potter, t'es encore meilleur qu'une pute, lâcha-t-il en se levant.

Harry sentit son cœur s'arrêter, broyé par cette simple phrase. Le pire était qu'il s'agissait de l'entière vérité. Il n'était qu'une pute, sauf qu'il n'était pas payé pour cette séance, comme pour toutes les autres. Il écartait les cuisses et n'embrassait pas. Drago le baisait et repartait, le laissant là, misérable.

Lorsque la porte claqua, il éclata en sanglots. Depuis trois mois qu'il couchait avec le blond, jamais cette phrase n'avait été dite.

Non, Drago ne l'aimerait jamais. C'était une certitude. Ou alors, son amour pour lui était bien caché.

Harry sortit à son tour de la Salle sur Demande vers minuit. Il était resté près de trois quart d'heure à pleurer sa peine. Caché sous sa cape d'invisibilité, il avançait avec précaution. Même s'il était invisible, il ne voulait pas rencontrer les Préfets ou les professeurs qui faisaient leur ronde.

Arrivé devant le portrait de la Grosse Dame, le Gryffondor murmura le mot de passe, en espérant qu'elle l'entendrait et qu'elle ne poserait aucune question de cette voix venant de nulle part. Il espérait qu'en entrant, ses amis seraient présents.

Ses deux vœux furent exaucés. La gardienne de la tour fit pivoter son portrait pour dévoiler le trou menant dans la salle commune. Ron et Hermione étaient présents, penchés tous les deux sur des livres. Ils étaient seuls, les autres élèves avaient dû aller se coucher.

- Tu rentres tôt, constata le rouquin lorsque son meilleur ami apparut de sous sa cape. Ça va ? Non, apparemment, ça ne va pas. Je le savais ! Viens.

Sans broncher, Harry se traîna vers le canapé et s'y laissa tomber. En voyant ses yeux rouges, Ron et Hermione comprirent qu'il avait pleuré.

- Que s'est-il passé ? voulut savoir la brunette d'une voix douce. Il t'a fait du mal ?

- Non... enfin pas plus que d'ordinaire. C'est...

Il serra les dents. Non, il n'était pas question que les larmes coulent de nouveau. Il avait assez pleuré.

- C'est ce qu'il m'a dit.

- Il t'a dit quoi ?

- Oubliez. Je vais me coucher. Je crois que je prends cette histoire trop à cœur.

Personne ne le retint malgré l'envie. Ron et Hermione se regardèrent, inquiets pour leur ami. Si Harry en était venu à pleurer, ça voulait dire que Malefoy avait fait quelque chose d'assez grave. Non pas que le Survivant soit insensible, mais il versait peu de larmes, et encore moins depuis la fin de la guerre l'année précédente.

Drago Malefoy le détruisait, et le pire était qu'aucun des deux protagonistes ne s'en rendait compte.

Pour les deux amis, une chose était certaine : le blond ne savait pas aimer et ne saurait jamais. Harry s'en rendrait compte un jour, mais peut-être qu'alors, il serait trop tard.

Protégé par les rideaux de son baldaquin, le brun réfléchissait. Il savait qu'il devait mettre un terme à cette relation, que ce n'était pas sain, mais il ne pouvait pas, parce que cela voulait dire cesser de voir Drago et il doutait que son cœur puisse s'en remettre.

L'amour était aveugle et rendait bête, Harry le savait. Il en avait la preuve tous les jours. Par amour, il acceptait tout de son amant. Il savait aussi que si Drago lui demandait encore de coucher avec le lendemain soir, il le ferait.

Harry ne s'était pas trompé. Au déjeuner, le jour suivant, un hibou se posa devant lui sous les regards réprobateurs de ses amis. C'était un autre rendez-vous, même heure, même endroit.

Même s'ils n'acceptaient pas, Ron et Hermione ne pouvaient rien dire, au risque de braquer le Vainqueur de Voldemort.

Le soir-même, aux alentours de vingt-deux heures quarante, ils le virent quitter la salle commune après le couvre-feu, se cachant sous sa cape d'invisibilité juste avant de passer le portrait. Hermione se tourna vers Ron, le visage fermé, mais ses yeux en disaient beaucoup. Elle était inquiète. Le rouquin l'était aussi et à juste titre. Ils avaient tous les deux un mauvais pressentiment.

Comme la veille, Harry était dans la Salle sur Demande un peu avant vingt-trois heures. Il retira la cape d'invisibilité, la plia et la rangea dans sa poche. Son amant arriva pile à l'heure. Cette fois, pas un mot ne fut échangé entre eux, Drago se contenta de le fixer froidement.

- Pourquoi tu ne vas pas voir Pomfresh pour ton œil ? demanda-t-il après un long silence.

Il n'avait pas bougé de sa place, debout près de la porte.

- Je n'y ai pas pensé, avoua Harry, surpris par le ton presque doux et dépourvu de sarcasmes. J'ai tellement l'habitude des blessures qu'une de plus ne me fait plus rien. En plus, il ne me fait pas mal, donc...

- Je vois.

Harry leva les yeux qu'il avait gardés rivés sur les pierres qui composaient le sol. Le Serpentard était magnifique, comme toujours, et il n'avait pas cet air hautain qu'il arborait en permanence, y compris quand ils n'étaient que tous les deux.

Le Gryffondor se surprit à espérer que c'était parce qu'il avait enfin compris ou qu'il s'était rendu compte qu'il était amoureux de lui. Pour un peu, le brun aurait souri, mais la seule manifestation de joie qu'il exprima fut son cœur qui accéléra, lui donnant l'impression de résonner dans la Salle sur Demande.

- Quoi ? s'enquit Malefoy en apercevant un petit sourire.

- Rien, se hâta de répondre son amant. Tu... tu dois partir ?

Pourquoi cette question lui sembla être dite sur un ton un peu trop suppliant ?

- C'est étonnant que tu poses la question, répliqua Malefoy en retrouvant son air insupportable, parce que ce soir, si je reste, ça ne dépendra que de toi.

- De... de moi ? Pourquoi ? s'inquiéta le brun.

Qu'avait-il fait ?

- Tu vois, j'ai entendu une rumeur aujourd'hui, et j'avoue que ça ne m'a pas plu du tout.

- Une rumeur ?

Le cœur de Harry s'emballa. Les rumeurs n'étaient jamais bon signe, et il le savait pour en avoir fait l'expérience les années passées. Dans tous les cas, le ton glacial de Drago n'augurait rien de bon.

- Oui, cracha l'héritier Malefoy. D'après certaines personnes que je ne nommerai pas, mais que tu connais très bien, tu serais amoureux de moi.

Les battements cessèrent soudain et le sang du brun déserta son visage. Il eut brusquement froid, puis affreusement chaud. Qui ? Quelles étaient ces personnes qu'il connaissait très bien ? À part Ron et Hermione, en qui il avait toute confiance, il ne voyait pas.

Était-ce si flagrant qu'il aimait Drago ? Qui avait deviné et lancé cette rumeur ?

Le Serpentard s'approcha lentement, le regard froid et meurtrier.

Même après avoir vaincu le plus grand mage noir, Harry eut peur de Drago en cet instant.

- C'est Pansy qui m'a raconté cette histoire.

- Elle... elle affabule, bégaya son vis-à-vis.

- Ah ? J'en doute. Parce que l'origine de la rumeur, c'était toi ! Alors ? ! Oui ou non ? !

Voyant que le Survivant ne répondait pas, Drago s'énerva, l'attrapa par le col de sa chemise d'uniforme et le souleva du lit.

Depuis la mort du Lord Noir, le Serpentard n'avait peur de personne, ou presque – son père était le seul à parvenir à le faire trembler d'un regard – et ce n'était pas Potter qui allait y parvenir. Pas avec cet air terrifié.

- Réponds ! hurla-t-il en secouant le pauvre malheureux tel un prunier.

Harry suffoquait. La poigne de Drago l'empêchait de respirer. Il n'avait pas la force de se débattre, encore sonné par ce qu'il venait d'apprendre. Lui qui avait tout fait pour que cet amour reste secret, avait simplement vendu la mèche sans faire attention.

- Oui, siffla-t-il, contraint et forcé.

Il ne pouvait pas mentir et ne voulait pas. Il ne voulait plus. Drago devait savoir la vérité. Mais rien ne se passa comme il l'avait escompté dans ses rêves les plus fous. Son agresseur le relâcha, comme brûlé et lui jeta un regard dégoûté.

- N'espère jamais que ce soit réciproque ! éructa Malefoy d'une voix dangereusement basse. Je ne t'ai jamais aimé et je ne t'aimerai jamais. Tu n'étais rien de plus qu'un trou dans lequel je pouvais mettre ma bite ! Tu n'étais qu'une pute à mes yeux, je t'ai toujours considéré comme tel ! Il n'a jamais été question d'amour. Maintenant, si tu penses que notre... relation pourra reprendre, tu te fourres le doigt dans l'œil. Tu peux aller te jeter de la tour d'Astronomie, ça ne me fera ni chaud ni froid. Maintenant, dégage d'ici ! Et si tu parles de notre... intermède à qui que ce soit, crois-moi, les racontars sur toi et ta présumée folie en Cinquième Année ne seront rien !

Harry hocha la tête avant de déguerpir, sans avoir vraiment entendu la fin de la tirade glaciale du Serpentard.

Il courut à perdre haleine à travers le château sans savoir où ses pas le conduisaient. Tout à sa peine, il ne se rendait pas compte qu'il montait et descendait des escaliers et que ceux-ci bougeaient, modifiant sa direction.

Quand Harry s'arrêta, épuisé par sa course et l'attaque de Drago, il s'aperçut qu'il se trouvait au sommet de la tour d'Astronomie. Son inconscient l'avait conduit là où son – ex – amant avait suggéré qu'il se rende.

Le cœur en miettes, le jeune homme s'approcha de la balustrade qui entourait l'endroit et plongea son regard dans l'infinie de la nuit. Le ciel était chargé de nuages, empêchant ainsi de voir les étoiles. Pourtant, chercher l'une d'elles aurait peut-être rassuré le jeune homme. Par exemple celle de Sirius, celle de son défunt parrain, mort par sa faute lors de l'attaque du Ministère à la fin de la Cinquième Année.

En cet instant, Harry aurait bien voulu lui parler, se confier, même si ce n'était qu'une étoile et qu'elle ne lui répondrait jamais. En la fixant, il aurait eu l'impression d'avoir Sirius Black en face de lui.

L'homme, le meilleur ami de son père, lui manquait atrocement. Il le connaissait peu mais s'était attaché à lui. Sa mort l'avait anéanti. Tout comme celles d'autres personnes l'année suivante, lors de la bataille de Poudlard, notamment Remus – l'autre meilleur ami de James Potter, la dernière attache de Harry avec le souvenir de ses parents – ainsi que Fred, le frère de Ron. Ce dernier avait encore du mal à en parler sans éprouver une forte envie de pleurer.

Le brun ferma les yeux et se laissa glisser contre la balustrade, recroquevillé sur lui-même, avant de pleurer doucement.

Drago ne l'avait jamais aimé et ne l'aimerait pas davantage.

Harry avait l'impression d'être inutile. Si la seule personne qu'il aimait rejetait ses sentiments, alors la vie ne valait pas la peine d'être vécue.

Il avait assez donné et voulait un peu de retour. Mais il se rendait compte qu'il n'en aurait jamais.

Le corps tremblant à cause du froid, il se leva et s'agrippa au rebord de la rambarde. Ce pourrait être son dernier vol. C'était une idée tentante et plus il y pensait, plus elle lui paraissait alléchante. Mais alors qu'il posait le pied sur une des barres de la balustrade, il se figea en pensant à ses amis.

Ron lui avait dit un jour qu'il avait perdu un frère, il ne supporterait pas d'en perdre un autre. Madame Weasley lui revint ensuite en mémoire avec ses sourires, ses étreintes, ses cadeaux, ses petites attentions. Monsieur Weasley suivit rapidement, avec son air enjoué. Puis les autres membres de la famille de Ron défilèrent dans son esprit. Ils étaient ce qui se rapprochait le plus d'un foyer pour lui.

Il ne pouvait pas les abandonner, pas comme ça.

Hermione arriva à son tour. Mais au lieu d'un visage, il la vit debout devant lui, les mains sur les hanches.

- Le suicide n'est pas une option ! Imagine que tu aies l'opportunité de tourner la page et de trouver une personne qui t'aimera. Si tu sautes, tu ne sauras jamais si tu pouvais être heureux.

Le pied, chaussé de baskets trop grandes et trouées, retomba sur le sol et Harry se recula.

Le suicide n'était pas une option.

Il s'était toujours demandé pourquoi certaines allaient jusque là parce qu'elles avaient été rejetées, maintenant il comprenait.

Voir son amour être refusé, avoir été utilisé par la personne qu'on aimait en espérant se voir être aimé en retour était humiliant. Ça faisait mal.

Harry souffrait.

Mais, malgré sa douleur, il se disait que sa mort ne ferait pas que rendre service. Et puis il imaginait les titres de la Gazette du Sorcier : « Le Survivant ne peut survivre à un chagrin d'amour », « Une fin tragique pour le Vainqueur du Monde Sorcier : il se jette du haut de la tour d'Astronomie, vaincu par l'arme qui avait détruit Vous-Savez-Qui », « Le Survivant rejeté par celui qu'il aimait ».

- Tu peux aller te jeter de la tour d'Astronomie, ça ne me fera ni chaud ni froid, fit une voix glaciale, bien connue.

Celle de Drago.

Harry se retourna brusquement, presque certain de voir le blond derrière lui. Mais il n'y avait personne. Pourtant, cette voix lui avait semblé si réelle.

Le jeune homme ferma les yeux, faisant malgré lui défiler les dernières secondes avant sa fuite. C'était ce que son – ex – amant lui avait dit juste avant que Harry ne parte en courant. Il s'agissait de la phrase que le brun avait vaguement entendue dans la brume qui entourait son esprit à cet instant-là.

Il se rendit compte qu'il lui avait presque obéi, qu'il était prêt à mettre fin à sa vie parce que cela ferait plaisir à Drago. Une vie pour laquelle il s'était battu.

Harry refusait de faire ce pas de plus, parce qu'il s'imaginait la réaction de son amour. Ce dernier rirait sans doute, se moquant du Survivant.

- Il a voulu faire son intéressant une dernière fois, ricana la voix glaciale et traînante du jeune Malefoy, semblant résonner dans la nuit.

Le brun se laissa tomber sur le sol, les épaules tremblantes. Il se traîna jusqu'à la porte et s'arrêta aux escaliers, préférant fuir cet endroit pour ne plus être tenté.

Il resta là, dans un coin, roulé en boule, secoué par les sanglots, se moquant comme d'une guigne d'être trouvé et de voir le nombre de points de sa maison diminuer drastiquement parce qu'il se trouvait dans les couloirs à une heure indue. Tout ce qui lui importait était sa peine. Le reste n'avait plus d'importance. Et encore moins les bruits de pas dans l'escalier qui s'approchaient de lui.

- Potter ?

Le susnommé leva à peine les yeux. Les lunettes brouillées par les larmes ne l'aidèrent pas à savoir qui était son interlocuteur et la voix ne lui disait rien.

Et dire qu'un instant, il avait cru qu'il s'agissait de Drago.

- Retirez-moi autant de points que vous voulez mais fichez-moi la paix, marmonna-t-il dans un souffle.

- Vu ton état, c'est hors de question.

Harry sentit qu'on s'installait à ses côtés. Le corps chaud d'un inconnu se colla contre le sien, le réchauffant partiellement. Ce fut à cet instant que le brun se rendit compte qu'il tremblait de froid.

- Je ne suis pas préfet de toute manière, je n'ai pas le pouvoir de retirer des points. Et je suis un peu jeune pour être professeur.

- Alors qu'est-ce que tu fais dehors ? grogna Harry, passant au tutoiement sans vraiment s'en apercevoir.

- Je suis insomniaque. Tiens, prends ce mouchoir.

Harry tendit la main pour récupérer le morceau de tissu et se moucha fort peu élégamment. Il s'essuya ensuite les yeux avant de faire mine de le rendre.

- Garde-le, j'en ai d'autres. Et tu en as plus besoin que moi.

- Merci, renifla Harry en le rangeant dan sa poche.

Il savait qu'il aurait dû partir mais quelque chose le retenait. Était-ce la présence de l'inconnu ? Peut-être.

Il retira ses lunettes pour les essuyer et voir enfin l'identité de son interlocuteur, car c'était indéniablement un homme. Une fois ses verres un peu plus propres et la monture remise sur son nez, Harry se rendit compte de la présence de Théodore Nott à ses côtés. Il ne put empêcher un air surpris de se dessiner sur son visage.

- Tu parais étonné de me voir, affirma le châtain.

- Heu... oui. Désolé, sans lunettes, je ne vois pas bien.

Harry se mordit la langue en se morigénant. Mais quelle mouche l'avait piqué pour dire une telle chose ? Pas que ce soit un secret, mais il ne connaissait pas vraiment Nott.

À dire vrai, il ne savait rien ou presque du châtain, mis à part qu'il avait son âge, qu'il était à Serpentard et qu'il était assez discret.

- Je peux te poser une question ? demanda justement ce dernier. Si c'est trop indiscret, tu me le dis.

- Vas-y, j'ignore si j'ai la réponse.

- Tu l'as, pour cette question du moins. Pourquoi pleurais-tu quand je suis monté ?

Harry fronça les sourcils. Devait-il lui faire confiance ? C'était un Serpentard après tout, et de son année. Qui sait, peut-être qu'il irait tout raconter à Drago qui sauterait sur l'occasion.

- Je sais que ça ne me regarde pas, se hâta de rajouter Théo, mais voir les gens pleurer m'a toujours paru étrange.

Le brun devait vraiment avoir l'air abasourdi parce que son voisin sourit. En réalité, il étira légèrement la bouche mais pour Harry, ça ressemblait à un sourire.

- Désolé. C'est juste que je ne sais pas pleurer, confia l'autre. Alors quand je vois les autres faire, je me demande toujours pourquoi. Je ne sais pas rire non plus. Sourire encore moins, un vrai sourire je veux dire. Et je n'ai jamais réussi à me mettre en colère. J'aime bien savoir ce qui provoque ces émotions chez les autres. Mais on me trouve en général trop étrange, donc on me fuit. Si tu le fais, je ne t'en tiendrai pas rigueur.

- Comment peut-on ne pas pouvoir montrer ses émotions ? C'est...

- J'ai dû, à un moment. Mais je ne m'en souviens pas.

- Et l'amour ?

- Ce n'est pas une émotion. C'est un sentiment, mais je doute parvenir à montrer à une personne que je l'aime, même si je fais de mon mieux.

Malgré lui, Harry ne pouvait s'empêcher d'être curieux. Il n'avait jamais vu un tel phénomène. Cela ne l'effrayait pas, non. Si Théo était intrigué par la démonstration des émotions et des sentiments des autres, son vis-à-vis voulait en savoir davantage sur cette incapacité à ne pas extérioriser.

- Mais tu ressens la colère ? Ou la tristesse ?

- Oui, ce sont ces émotions qui font de nous des êtres vivants et des êtres humains, mais je ne suis pas capable de les montrer. Pour vous, je donne l'impression de porter un masque. Tout le monde dans ma maison a voulu tenter l'expérience de me faire pleurer ou de me mettre en colère. Mais en sept ans, ils ne sont parvenus à rien.

- Pourquoi tu me dis ça à moi alors qu'on est ennemis ?

- C'est ce que tu penses ? Que toi et moi sommes ennemis parce que nous venons de deux maisons opposées ?

- Moi ? Non. C'est ce que toi tu aurais pu penser.

Le brun ne savait pas ce qui lui prenait. Il se sentait parfaitement calme alors que quelques minutes auparavant, il était en larmes et prêt à mettre fin à sa vie. Était-ce dû au fait que son voisin paraissait tellement serein ? Il ne saurait le dire.

- Je n'ai jamais vu les maisons comme des rivales. Elles se complètent toutes. L'être humain généralise trop. La preuve, on déclare que Serpentard est la pire des maisons simplement parce que des personnes, une ou deux, ont eu la mauvaise idée de se proclamer Mage Noir. Je pense à Voldemort. Serpentard lui-même n'était pas tout blanc. Mais personne ne l'est. Regarde dans les autres maisons. On dit que tous les Mangemorts sont chez nous, mais ce n'est pas vrai. Bon nombre viennent de Gryffondor, de Serdaigle et même de Poufsouffle.

Harry ne put le contredire. Il en avait un parfait exemple en tête : Peter Pettigrow, le troisième meilleur ami de son père qui n'avait pas hésité à le vendre pour sauver sa peau, et à se mettre au service de celui qu'il pensait être le plus puissant.

Les deux garçons se turent, fixant l'escalier. Ils se fichaient de savoir qu'on risquait de les prendre à tout moment, ils étaient parfaitement bien.

C'était étrange d'ailleurs. Harry ne connaissait pas Théo et il se sentait à l'aise en sa présence. Ils n'avaient jamais parlé ensemble et voilà qu'ils discutaient comme deux amis, le plus naturellement du monde. Le Gryffondor avait presque l'impression de se retrouver avec Ron, c'était dire.

- Tu n'as pas répondu à ma question, fit soudain le Serpentard de sa voix calme.

- Tu as déjà été amoureux ?

- Oui.

- Pareil. J'aime une personne. À en crever. J'espérais qu'elle m'aimait elle aussi, d'autant qu'on... enfin voilà. Et...

Il se tut, la mâchoire serrée, incapable de continuer. Une boule s'était formée dans sa gorge et menaçait d'exploser s'il continuait.

- Et elle t'a rejeté.

- C'est ça. Je suis pitoyable à pleurer. Mais...

- Tu n'as pas à t'excuser de manifester ce que tu ressens vraiment, Potter. Au contraire, ça te rend plus humain. Tu es peut-être un héros, mais tu as le droit aussi de montrer tes faiblesses. Un chagrin d'amour peut amener à faire n'importe quoi. L'amour est un sentiment fort, mais lorsqu'il est brisé, on se sent mal. C'est normal que tu sois dans cet état. Tu n'as pas à te justifier.

Harry sourit, du moins il tenta. Ce que disait Théo était sage. Très mature aussi pour quelqu'un de son âge.

- En revanche, et excuse-moi de te le dire franchement, mais coucher avec une personne qui ne t'a jamais dit qu'elle tenait un peu à toi, c'était stupide.

- Qu'est-ce que tu en sais ? cracha le Gryffondor, sentant soudain la colère monter.

- Je suis amoureux. Comme toi. Lui ne m'a jamais remarqué. Je ne sais même pas s'il sait comment je m'appelle. Mais, même en étant fou de lui, je n'irais pas me jeter dans ses bras pour lui demander de coucher avec moi. Parce que mes sentiments ne sont pas réciproques et que s'il me rejetait, je souffrirais autant que toi.

Cette diatribe était sensée. Harry ne pouvait que l'admettre. Ron et Hermione n'avaient eu de cesse de lui répéter qu'il souffrirait. Ils avaient eu raison. Pourtant, le jeune homme n'avait pas vu d'autre alternative. Il voulait Drago, son cœur et son corps, se contentant du second en attendant le premier. Maintenant, il avait perdu les deux et savait que ça lui manquerait.

- Sans doute, mais au moins, j'ai eu un peu de ce que je voulais et je sais qu'il ne m'aimera jamais.

- Et tu en es satisfait ? répliqua Théo. Tu peux être amoureux d'une personne, mais ne jamais lui en parler. C'est peut-être un comportement étonnant, mais...

- Mais, si la personne l'ignore et qu'elle aussi t'aime, vous serez deux crétins.

- Tu es amoureux d'un garçon ? lâcha le châtain, comme si le reste de leur conversation était moins importante. J'ignorais que... que tu étais... gay.

Harry rougit. C'était une information qu'il avait gardée secrète. À part ses amis et Drago – vu qu'ils couchaient ensemble – personne n'était au courant. Jusqu'à ce soir, puisqu'il avait lâché bêtement le morceau. Mais d'après ce qu'il avait entendu, il n'était pas le seul.

- Et alors ? répliqua-t-il sur la défensive.

- Rien du tout. C'est étonnant. Je t'aurais cru hétéro vu que tu sortais avec la fille Weasley l'année dernière.

- C'était... une couverture.

C'était la stricte vérité. Ginny avait été parfaitement d'accord pour servir de couverture à Harry qui avait toujours su – du moins depuis la fin de la Cinquième Année – qu'il était gay. Ainsi, les tabloïds le laisseraient tranquille. Cette année encore, ils étaient officiellement ensemble, même s'ils apparaissaient comme étant de bons amis.

- C'est loin d'être bête, accorda Théo. Bien, je crois que je vais continuer mon tour. Tu devrais rentrer rapidement, tu es glacé et tu n'arrêtes pas de claquer des dents. Il est...

Il jeta un tempus avec sa baguette.

- Ah oui, presque trois heures du matin.

- C'est passé vite, constata Harry en se relevant.

- Sans l'ombre d'un doute, ajouta Théo. Tu as plus de conversation qu'on ne pourrait le penser.

- Et tu es plus sympathique que ce qu'on pourrait croire. Sans vouloir te vexer. J'ai été ravi de cette discussion.

Il vit les lèvres de Théo s'étirer en ce qui devait être pour lui un sourire. Le Serpentard n'était pas capable de mieux. En retour, le Gryffondor le gratifia d'un signe de tête en guise de remerciement.

- Tu crois que tu me diras un jour le nom de la personne que tu aimes ? demanda-t-il sans pouvoir se retenir. Je le connais peut-être.

C'était affreusement indiscret, mais Harry n'était pas connu pour son tact et sa réflexion.

- Tu le connais, mais nous ne sommes pas assez proches toi et moi pour que je te divulgue son identité. Bonne nuit, fit Théo en amorçant une descente.

- Oui, bonne nuit. Et… Nott ! appela Harry tandis son voisin de discussion s'arrêtait après avoir descendu une dizaine de marche. Merci.

- Je t'en prie. Surtout dis-toi que si la personne qui t'a rejeté l'a fait, c'est qu'elle ne te mérite pas et que chacun a le droit au bonheur.

Il reprit sa descente en accélérant le pas, sous le regard du brun qui le vit se perdre dans l'obscurité de la tour.

Le Gryffondor ne parvenait pas à croire qu'il ait pu avoir une discussion avec un Serpentard. Mais il devait avouer qu'elle lui avait fait le plus grand bien, même s'il savait que tourner la page serait très difficile. Oublier Drago, son corps et le reste lui semblait impossible pour l'instant.

0o0

Théo sautillait presque de joie. Il avait préféré garder pour lui le nom de son amour bien qu'il ait été juste à côté de lui.

Harry savait comment il s'appelait. Il connaissait son existence, et ils avaient même discuté tous les deux. Pas une simple discussion de politesse, non ! C'était allé plus loin.

Le Serpentard était aux anges et, pour la première fois de sa vie, regrettait amèrement de ne pouvoir manifester son bonheur autrement que par ces petits sauts. Une chose était certaine, au lieu de rentrer dans sa salle commune comme il le faisait à l'accoutumé vers cinq heures, il allait s'y rendre maintenant et s'allonger afin de se remémorer cette nuit.

Si Harry pouvait ressentir la même chose que lui, Théo serait plus heureux encore. Mais rien n'était sûr. Le Gryffondor avait accepté de parler, il n'avait cependant montré aucune inclination pour le châtain, et le jeune Nott ne voulait pas vivre la même chose que son amour secret : le rejet.

Il regagna son lit en faisant attention à ne réveiller personne, et se glissa avec plaisir entre les draps encore froids. Son corps glacé se réchauffa assez rapidement, et plus encore quand il se déshabilla et lança ses vêtements à ses pieds. Demain, c'était samedi, son uniforme irait au nettoyage. Le week-end, les élèves pouvaient mettre ce qu'ils voulaient.

Les yeux clos, Théo attendait le sommeil qui arriva assez vite.

Pour la première fois depuis la mort de son père, le jeune homme s'endormit et ne fit aucun cauchemar.


À suivre


Alors, verdict ? Je continue ou je dois arrêter le massacre ?