Chapitre 1

Arya s'observait dans son miroir depuis quelques minutes. Ses yeux fixaient leur reflet, perdus dans le vague. Le soir même, elle serait quelqu'un d'autre. Plus une simple jeune fille. Elle serait une Mangemort. Elle ferait partie de l'armée du Seigneur des Ténèbres.

Sortant de sa torpeur, elle secoua la tête. Elle se passa une main dans ses longs cheveux noirs et détourna le regard du miroir.

Lentement, elle alla s'asseoir sur son grand lit à baldaquin. Elle serait peut-être restée là des heures, mais de légers coups frappés à sa porte la firent se lever.

Elle traversa sa chambre, aussi grande qu'une salle de classe, passa devant son bureau en bois verni, devant sa bibliothèque remplie de livres et ouvrit la porte d'un coup sec.

Ses yeux se posèrent sur la silhouette appuyée contre le mur. Raven abordait un petit sourire, comme toujours, mais ses yeux trahissaient sa douleur.

-Tu es très belle ce soir, ma sœur, s'exclama-t-il. Je peux rentrer où tu es occupée ?

Avec un petit soupire, Arya s'écarta pour le laisser rentrer.

Dès qu'il fut à l'intérieur et que la porte fut refermée, il s'accrocha au porte manteau de la jeune fille. Son visage détendu laissa place à une grimace douloureuse et il ferma les yeux.

-T'as des pansements ? Marmonna-t-il.

Arya se maudit d'avoir été aussi stupide. Elle attrapa le bras de son frère et le guida sur son lit.

-Assis-toi, ordonna-t-elle. Je reviens.

Pendant que Raven prenait place sur le couvre lit en satin vert, Arya disparut dans sa salle de bain et revint quelques instants plus tard, les bras chargés de boîtes en tout genre.

Elle s'assit aux côtés de son frère.

-Retourne-toi, murmura-t-elle.

Le jeune homme obtempéra et laissa sa sœur relever sa chemise avec douceur.

Arya se mordit les lèvres pour retenir un gémissement. La chemise noire était imbibée de sang.

-C'est si horrible que ça, Ary ?

La jeune fille acquiesça difficilement. La peau claire de son frère était lacérée par de longues plaies sanguinolentes. Par endroits, elle tombait en lambeaux.

-Qu'est-ce que tu as foutu Raven ?

Ce dernier secoua la tête et déglutit.

-J'ai dit à Père que je ne voulais pas devenir Mangemort. Je veux pas être un des sbires de cette saleté de serpent.

A l'aide de sa manche, Arya s'essuya les yeux.

-Écoute, ça va un peu brûler, mais ça va passer. Père m'interdit d'avoir du dictame, mais ces potions devraient faire l'affaire.

-J'ai confiance en toi, Ary. Sérieusement, t'as envie de devenir Mangemort ? J'arrête pas d'y penser. Ça fait des nuits que ça m'empêche de dormir. J'aurais dû partir il y a des années.

Arya fouilla dans une boîte et en sortit un rouleau de pansements. Elle les appliqua avec douceur sur les plaies de son frère qui gémit.

-Bon, dit-elle en se redressant. Ça devrait aller.

Raven tâta son dos puis se leva. Il se plaça devant le miroir devant lequel s'examinait sa sœur un peu plus tôt et fixa ses épaules couvertes de pansements. Avec un sourire moqueur, il désigna la photo scotchée dans le coin du miroir, représentant sa sœur et Lucius Malefoy, tous les deux souriant à l'objectif. Le jeune homme blond avait passé ses bras autour des épaules d'Arya et déposait de temps à autre un baiser sur les joues rosies de la brunette.

-Roh, mais c'est que c'est le grand amour avec Lucius chéri !

Arya se détourna de son frère et lâcha, d'un ton qu'elle voulait naturel.

-On est juste amis, Raven.

-Mais oui, bien sûr, ria-t-il. Aller, je m'en vais.

Il posa ses mains sur les épaules de la jeune fille, enleva une mèche noire qui lui tombait devant les yeux et déclara :

-Bon, à ce soir, Ary. Merci pour … tout, et fais toi belle, ton Lucius est là, ce soir.

C'est en riant que Raven se retrouva sur le seuil de la porte de sa sœur, après qu'elle lui ait claqué la porte au nez.

Après avoir vérifié que Raven ne se tenait pas derrière la porte, Arya se laissa glisser le long du mur. Elle posa sa tête sur ses genoux et referma ses bras autour d'elle.

Son frère avait dépassé les bornes cette fois. Comme si Père allait leur demander ce qu'ils voulaient faire. Non, leur avenir était tout tracé.

Comme s'ils avaient le choix. Un craquement sonore retentit et la jeune fille leva la tête. Triva, l'elfe de maison, apparut et s'inclina profondément devant Arya.

-Bonsoir mademoiselle, murmura-t-elle.

La demoiselle en question se mit debout et épousseta ses vêtements.

-Triva, salua-t-elle.

L'elfe s'inclina de nouveau. Avec un petit ''pop'', une boîte en carton apparut dans ses mains.

-Votre mère vous demande de vous préparer pour ce soir.

-Très bien, merci Triva, dit-elle d'une voix froide. Et cesse de t'incliner ! Ajouta-t-elle.

Triva s'immobilisa alors qu'elle était en train de faire une révérence.

-Dois-je vous aider à vous préparer ? Demanda-t-elle d'une voix innocente.

-Non, tu peux te retirer, merci, répondit Arya en levant les yeux au ciel.

Après avoir posé la boîte sur le lit vert et s'être inclinée, Triva transplana.

.

Bien qu'elle ait hésité quelques instants, Arya décida de garder sa baguette magique sur elle, et la glissa dans une poche cousue à l'intérieur de la cape que sa mère lui avait fait porter.

Elle ferma la porte de sa chambre et descendit les escaliers de bois ciré. Le Manoir des Nott était immense. Même si cela faisait près de 17 ans qu'elle vivait à l'intérieur, elle était certaine de ne pas en avoir exploré tous les coins et recoins.

Elle arriva dans le couloir sombre qui menait aux parties communes. Quelques lampes étaient accrochées au mur, mais la luminosité restait faible.

Au souvenir d'Arya, le manoir avait toujours été plongé dans l'obscurité. Jamais un rayon de soleil ne pénétrait dans une pièce, jamais elle n'avait été réveillée par la lumière filtrant à travers ses rideaux.

La jeune femme s'arrêta devant la porte du salon. Elle respira un grand coup, et pénétra dans la pièce.

Malgré le feu brûlant dans la cheminée, Arya frissonna en voyant son père, élégamment assis dans un fauteuil de cuir. Il ne daigna pas tourner la tête vers elle.

-Ah, Arya, te voilà.

Il se leva et vint se placer devant elle. Il sortit sa baguette.

-Je suppose que ton frère t'a parlé. J'espère que tu ne partages pas son opinion sur notre Maître.

Arya baissa les yeux.

-Non, Père, murmura-t-elle. Recevoir la marque est un grand honneur pour moi.