Bonjour bonjour ! Encore une vieille fic hp que j'avais écrite à l'époque. Je l'ai postée telle quelle, avec une relecture rapide, parce que j'ai écrit ça il y a des années et si je me replonge dedans maintenant je vais simplement écrire une autre histoire. Et j'ai plein d'autres histoires en tête que j'ai envie d'écrire. Mais bref. Le titre de la fic vient de l'album d'Izia que j'écoutais à ce moment-là et qui m'avait pas mal inspiré...

J'espère que ça vous plaira


Ils s'étaient rencontrés la toute première année, à la gare, juste devant le train. Les cheveux roux et la robe élimée de Percy indiquait son appartenance aux Weasley mieux qu'une pancarte. De léger tics trahissaient toutes les émotions qui se bousculaient en lui : excitation, curiosité, orgueil de connaître déjà un peu Poudlard grâce à ses frères, angoisse de ne pas réussir aussi bien qu'eux... Un joyeux désordre. Et au milieu de ce tourbillon, il l'avait aperçu. Un enfant un peu trop calme entre les gosses qui voulaient déjà être arrivés, et ceux qui pleuraient dans les robes de leur mère. Les cheveux très courts et les yeux tombants, il affichait une certaine indifférence alors qu'il observait ses congénères. Il avait tourné les yeux vers lui, à un moment, mais ne s'était pas attardé.

« C'est moi »

Dans le train, Percy était resté avec ses deux frères aînés, sans rien dire. Plus il se rapprochait de sa future école, et plus le nœud dans son estomac se serrait, mais il mettait un point d'honneur à dissimuler son angoisse, tandis que Charlie s'extasiait sur le programme de soins aux créatures magiques sous l'œil perplexe de Bill. Le choixpeau l'avait, sans surprise, envoyé à Gryffondor, et Percy avait noté la présence à sa table du garçon de la gare. Il s'appelait Olivier Dubois.

« C'est moi », dit-il en entrant. Il est comme ça, Olivier, il rentre dans l'appartement comme s'il était chez lui. Percy déteste ça. Il pourrait au moins frapper, attendre qu'on vienne lui ouvrir, mais non, il vient sans prévenir, entre et repart comme un voleur. Percy lui en veut de ne venir que pour la nuit, de ne pas être venu pendant plus de deux mois, mais il est incapable de lui fermer sa porte. Parce que depuis deux mois il n'a pensé qu'à lui. Alors il le laisse faire. C'est toujours pareil.

Il n'y avait qu'eux dans le dortoir de leur année, mais pendant longtemps, ils ne se parlèrent pas beaucoup. Percy se rendit vite compte que, bon élève, il n'était tout de même pas aussi brillant que Bill, et qu'il n'avait pas le charisme de Charlie, l'attrapeur prodige de Gryffondor. Percy n'était cependant pas du genre à se résigner : il devait bien y avoir une autre façon de faire ses preuves. La compétition entre les différentes maisons lui donna la réponse : il fallait être irréprochable, que ce soit pendant les cours ou de manière générale, pour faire gagner des points à sa maison. Il devint donc un travailleur acharné et un défenseur assidu et zélé de tout type de règlement. Et quand, distrait de ses révisions méthodiques et assommantes, il tournait ses yeux fatigués vers la fenêtre de la salle commune, il pouvait voir Olivier observer les entraînements de Quidditch d'un air rêveur. Olivier semblait ne jamais travailler. Il se promenait dans le parc la plupart du temps, dans les couloirs du château quand il pleuvait vraiment trop fort. Ses résultats étaient inégaux, sauf en cours de vol. Sur un balai, il changeait du tout au tout, et ses yeux tombants, un peu perdus en temps normal, reflétaient alors une grande volonté. Il agaçait Percy. « Tu devrais travailler tout le temps comme ça, pour faire gagner des points à Gryffondor », lui disait-il souvent en rentrant au dortoir. Olivier l'écoutait, l'air étonné, mais il ne répondait jamais et ne changeait rien à son comportement.

- Tu veux boire quelque chose ?
- ... Du thé, s'il te plaît.

Olivier s'assoit à la petite table en bois de la cuisine. Il n'en revient pas. Après deux mois sans l'avoir vu, Percy lui propose à boire. C'est tellement lui, ça, tellement froid, tellement convenu.
Et tellement prévisible.
- Alors, comment vas-tu ? Ton équipe ? demande Percy en sortant deux tasses.
Olivier commence à lui raconter, un peu. Il ne va pas très bien, et son équipe non plus. Le monde du Quidditch en général s'est légèrement refroidi depuis quelques mois. Le retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, sans doute.
- Je ne te le fais pas dire, s'empresse d'acquiescer Percy, tu n'as pas idée de l'ambiance au Ministère ces derniers temps.
Olivier lève la tête vers le jeune homme alors qu'il sert le thé. Percy ne le remarque même pas, absorbé qu'il est par son petit discours sur les nouvelles mesures du Ministère. C'est vrai, le travail de Percy est tellement utile, tellement plus important que les états d'âme d'Olivier et ses enfantillages. Le Quiddicth... Qui s'intéresse au Quidditch en temps de guerre ? Bien sûr, il ne le dit pas à voix haute, même si ça n'empêche pas Olivier de comprendre. Il n'a que ce qu'il mérite, pense Percy amèrement. Il a beau essayer de ne pas y réfléchir, ils hantent son esprit. Les autres, ceux qui prennent sa place quand Olivier n'est plus avec lui. Ça ne l'aide certainement pas à être aimable.
Olivier rumine en observant le liquide tourner dans sa tasse. Comment a-t-il put oublier, même après deux mois, à quel point il se sent mal ici ? Bien sûr, il connaît la réponse. À chaque fois, il revient en espérant que ce que Percy devient n'est qu'une façade, que derrière l'arrogance et l'avidité se cachent les restes du garçon qu'il connaissait à Poudlard. Celui vers qui se tournait la petite Ginny quand elle avait un problème. Les Weasley... Olivier les aime bien, même s'il ne les connaît que très peu. Percy a toujours été réticent à ce sujet. Il ne lui a permis de rencontrer sa famille qu'une fois, à la condition qu'ils se comportent comme des amis. Olivier n'a pas voulu recommencer.

Les leçons de morale de Percy furent à l'origine d'une amitié bizarre et tranquille. Olivier n'avait que le Quidditch en tête, et devint le gardien de l'équipe de Gryffondor dès sa troisième année. Il parlait facilement aux autres, et les faisait rire un peu, mais sans se lier à eux. Percy n'était pas vraiment apprécié. Alors qu'on le mettait à l'écart, il redoublait d'efforts dans tous les aspects de sa scolarité, et affichait une supériorité raisonnable devant les professeurs. Il n'avait que ses frères, qui le plus souvent avaient d'autres chats à fouetter (après tout il se débrouillait très bien tout seul), et Olivier. Les deux garçons ne se ressemblaient pas, mais ils étaient toujours ensemble. Souvent, ils restaient sans parler. Percy assistait à certains entraînements de Quidditch. Olivier restait à sa table quand Percy travaillait, il ouvrait même un livre, parfois.
« Tu voudrais participer à la sélection de l'équipe cette année ? » avait-il demandé une fois. Percy l'avait dévisagé avec étonnement. Il devait bien savoir, pourtant, qu'il avait le vertige.

« Des nouvelles de ta famille ? »
Olivier se rend compte de sa bourde au moment même où il la fait. Il a posé la question sans réfléchir, mais il sait bien que Percy ne les voit plus. Il a vu l'horrible lettre qu'il a envoyé à son frère quand Harry Potter s'est opposé au ministère. « Potter le Menteur... » Olivier n'y a jamais cru, il s'est disputé avec Percy à ce sujet, à l'époque. Il sait donc pertinemment que lui parler de sa famille est loin d'être une bonne idée. Mais, au fond, il espère que le jeune homme finira par admettre qu'il a été stupide, borné, prétentieux, et qu'il retournera vers eux.
Percy se sent mal. La liste des « raisons d'en vouloir à Dubois », s'est encore allongée. Il ne voit plus sa famille, et n'aime pas qu'on en parle, ce n'est pas compliqué de s'en souvenir, si ? Parce que, s'il en parle, il finira bien par se rendre compte qu'il s'est comporté comme le dernier des imbéciles, qu'il les a tous blessés, qu'il a eu tort. Et ça, ce n'est simplement pas envisageable. Alors il riposte.
« Comment va Melisandra ? »

Un jour, Olivier se mit à parler. « Ma sœur, Mel, je crois qu'elle ne peut pas faire de magie ». Comme ça. Simplement. Percy ne trouva rien à répondre. D'abord parce qu'il était choqué par le fait et par la légèreté avec laquelle son ami en parlait, puis parce qu'il était de son devoir de se montrer tolérant envers les défavorisés. Ça n'avait pas plu à Olivier, sans qu'il comprenne pourquoi... Il se mit à parler, lui aussi. De son père, qu'il admirait beaucoup parce qu'il travaillait au Ministère, même si c'était un poste modeste. De ses frères, les grands : Bill et Charlie, qu'il enviaient, parce qu'ils pouvaient oser toutes ces choses dont lui-même se sentait incapable. Les plus jeunes aussi, Fred et Georges, qui passaient les trois quarts de leur temps à le faire tourner en bourrique, et Ron, et Ginny, les tout petits qui attendaient impatiemment d'aller à Poudlard.

- Tu me parlais des mesures de Scrimgeour ? demande Olivier avec un détachement sans faille.
Il sait très bien que Percy ne lui parle de Mel que pour le vexer. Percy n'aime pas Mel, son attitude provocatrice ; la seule façon qu'elle a trouvé d'assumer sa situation. Il n'aime pas l'air protecteur qu'Olivier prend quand elle est là. Et il n'aime pas le fait qu'elle soit la seule au courant pour eux. C'est pour ça qu'il demande de ses nouvelles si légèrement ; il sait très bien que la petite sœur enchaîne bêtise sur bêtise dans son internat moldu, qu'elle fugue occasionnellement, en clair, qu'elle ne va pas bien du tout.
Un peu honteux d'avoir été mesquin, Percy reprend sa tirade sur le ministre un petit moment. Mais il s'arrête soudain de parler. Il vient de se rendre compte qu'Olivier le regarde sans l'écouter, l'air vaguement agacé.
C'est très déstabilisant.

- Olivier ?

L'intéressé ne répond pas. Il continue de le regarder sans rien dire. Percy se lève d'un coup, poussé par la gêne. Il faut refaire du thé, trouver quelque chose qui le sorte de l'embarras. Mais l'autre lui attrape le bras, et l'attire vers lui pour l'embrasser doucement. Son esprit se vide alors qu'il ferme les yeux. Quand il les rouvre après quelques instants, l'air de l'appartement est plus pur, plus clair, l'atmosphère s'est détendue. « C'est plus simple comme ça, non ? » lui demande Olivier silencieusement. Percy ne peut qu'adhérer, alors il rend le baiser, un peu plus intense, un peu plus pressé. Déjà ils sont debout. Percy tente de les mener hors de la cuisine, il serre Olivier plus fort, une main sur la nuque et l'autre au bas du dos. Ils tournent, tanguent, trébuchent, tout entiers à ce jeu qui veut que leurs bouches restent collées quoi qu'il arrive. Sans s'en rendre compte, ils entrent dans la chambre. Quelques secondes pour respirer, front contre front. Un regard, et ils basculent sur le lit, lentement, ensemble.

« Percy, tu t'es déjà amusé, une fois dans ta vie ? ».
Olivier lança cette phrase un matin, alors que Percy travaillait, encore, sur un devoir d'Histoire de la Magie. Il aimait bien étudier dans son dortoir plutôt que dans la Salle Commune. On y était plus tranquille, à part, évidemment, quand Olivier décidait d'embêter son monde. Percy tourna la tête vers son ami avec lassitude, agacé qu'on le détourne de son essai.

- Qu'est-ce que c'est que cette question ?
- Essaie de répondre au moins, insista Olivier.
- Pourquoi faire ?
Olivier sentait qu'il aurait mieux valu abandonner la discussion tout de suite, ne pas se fâcher, être raisonnable, mais ce n'était pas vraiment son genre. Il se redressa sur son lit pour donner du poids à ses paroles.
- C'est exactement ça dont je parle. Je te pose une question et tu ne fais même pas l'effort d'y réfléchir. T'as décidé à l'avance que ce n'était pas important, alors tu prends tes grands airs de premier de la classe. Et puis, aujourd'hui c'est dimanche, bon sang, et toi t'es déjà en train de bosser ! Je sais pas comment ça se passe dans ta tête, mais je peux pas m'empêcher de penser que tu dois t'ennuyer à mort. Parce que moi, tu m'ennuies sérieusement, pour rester poli.

Percy ne comprenait pas vraiment pourquoi Olivier s'énervait comme ça, mais même sans comprendre, il était vexé. On l'aurait été à moins.
- Pour ton information, je finis le devoir que le professeur Binns nous a demandé sur la Cinquième Guerre Globale des Géants, c'est pour mardi, tu te souviens ? Tu ferais mieux de t'y mettre aussi, au lieu de rester dans ton lit à rien faire.
Olivier étouffa un juron. Il avait complètement oublié ce devoir. Se sentant trop fautif pour répliquer, il regarda Percy retourner à ses parchemins d'un air satisfait, si superbement satisfait qu'il ne put se retenir. Il attrapa l'oreiller derrière son dos et le lança de toutes ses forces sur le rouquin. Olivier vit l'oreiller s'écraser avec succès sur la figure de son camarade de dortoir, mais son sourire victorieux s'effaça bien vite au son que firent les lunettes de sa victime, brisées par le choc. Il allait s'excuser quand, contre toute attente, son oreiller lui revint.
En pleine tête.
« Abruti ! », cria Percy, se jetant sur lui pour l'achever. Olivier se remit vite de sa surprise et se défendit tant bien que mal, rendant chaque coup d'oreiller avec plus ou moins de précision, et bientôt le dortoir se remplit de plumes blanches et d'éclats de rire. La bataille de polochons dura un temps, puis les garçons se calmèrent et s'assirent sur leur lit, essoufflés.
« Percy, demanda Olivier entre deux respirations, pour le devoir de Binns... tu pourrais me donner un coup de main ? »


Voilà pour le premier chapitre !

Note : Mel est un OC de MirandaFauconnette, qui a bien vite fait plus ou moins partie de mon headcanon. On peut la retrouver avec sa progéniture (et son époux !) dans Cognatus, une fanfiction qui malheureusement n'est plus disponible (Poudlard .org ne fonctionne plus et elle est illisible sur harrypotterfanfiction)

u/6268840/MirandaFauconnette