Ce sentiment indescriptible qui vous prend aux entrailles, Pietros le sentait amèrement bien. Pourquoi ? Pourquoi Barca l'avait-il abandonné ? Et leurs rêves de liberté ? Leurs voyages ? Tout ce qu'ils s'étaient promis dans le secret ? Le jeune esclave sentit les larmes affluaient, trop longtemps retenues. Honteusement - et complètement anéanti - il quitta la pièce et partit se réfugier sans réfléchir dans la cellule de son amant… l'ancienne cellule de son ex-amant. Mais les bras de Barca n'étaient plus là. Juste son odeur et les pigeons, enfermés dans leurs cages. L'information ne sembla pas faire percuter le jeune homme. Barca ne serait jamais parti en les laissant là, il le savait très bien pour l'avoir mainte fois entendu dire qu'il les libérerait comme eux seraient libres. Mais tellement dépité, détruit et le coeur brisé, il n'y pensa pas, occupé à pleurer dans son coin.
Ses hoquets de douleur et ses reniflements attirèrent l'attention de certains gladiateurs. Crixus - ami proche de Barca - osa s'aventurer dans la petite cellule. Il ne le dirait jamais ouvertement, bien trop fier, mais ça lui fendait le coeur de voir Pietros dans cet état. Il était le petit protégé de Barca. La chose la plus précieuse qu'il avait. Et de plus, la soi-disant libération du gladiateur lui semblait tellement étrange. Comment la bête de Carthage aurait-elle pu laisser tout ce qui lui était vital ? Les pigeons d'Auctus… Pietros. Partir sans un aurevoir, une accolade, un petit mot, un dernier combat. Ça ne ressemblait pas au Barca qu'ils connaissaient tous. Il aurait donné sa vie pour le jeune esclave alors pourquoi l'abandonner ici ? En y pensent, n'était-ce pas ce qu'il faisait tous les jours ? Il se battait dans l'arène dans le seul espoir d'amasser assez d'argent pour payer sa liberté et celle de Pietros, risquant à tout moment de tomber sur plus fort que lui. Et il partirait à la moindre occasion sans son amant ? Pour une histoire d'argent ?
- Pietros…
Le jeune garçon ne prit pas la peine de relever la tête. Il ne souhaitait voir personne, encore moins Crixus. Il lui rappelait amèrement que Barca l'avait abandonné. De toute façon à quoi aurait-il pu s'attendre ? Barca ne l'aimait pas. C'était tout. Il était juste un passe-temps... Le gaulois s'installa à côté de lui, sur le sol, silencieux. Que pouvait-il dire ? Il n'avait jamais été doué avec les mots, il n'était qu'un gaulois sans réelle éducation. Puis de toute façon, rien n'apaiserait le coeur meurtri de Pietros. Mise à part le retour de Barca.
Le jeune esclave leva les yeux vers Crixus, un sourire sur les lèvres. Le gaulois lui sourit à son tour. "il sourit tout le temps ça me donne mal à la tête parfois". Repenser aux paroles de Barca fit mal au coeur à Crixus. Pietros se releva, comme soudainement conscient d'une chose importante.
- Je dois y aller.
Sans un mot de plus, Pietros passa devant le gladiateur, la mort dans l'âme. Comment pourrait-il survivre sans Barca ? Le moment de la journée qu'il préférait, c'était lorsqu'il quittait le Doctore et venait se jeter sur son gladiateur. Que ferait-il de ses soirées ? Qui lui demanderait de se taire en râlant que les potins ne l'intéressait pas ? Qui l'embrasserait avec amour ?
- Pietros... N'oublie pas qu'il t'aimait. Il ne t'aurait jamais abandonné comme ça.
Le jeune homme marqua un temps d'arrêt. Que lui était-il arrivé alors ? Où était son Barca ? Alors qu'il quittait les cellules, le pas lent, les larmes glissant le long de ses joues, une paire de yeux le suivirent avec un appétit malsain.
Je pleure en écrivant. *PAN* Pourtant, ce n'est pas du grand art mais ça me rend toute chose de penser à la mort de Barca...
