LES DEMONS SE CACHENT POUR MOURIR
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Chapitre 1 (?) : A chaque jour suffit sa peine…
Tard, il était beaucoup trop tard pour un réveil, et pourtant il se sentait encore faible, ses yeux brulaient de fatigue et ses os lui criaient de rester couché encore quelques minutes, quelques heures. Chaque matinée était plus douloureuse que la première, une véritable éternité éphémère à survivre, telle un soleil d'hiver qui se levait quelques minutes en retard par rapport à la veille. Balthazar tourna légèrement la tête vers le côté afin d'observer la vieille horloge familiale installée dans un coin de sa chambre. 11 heures et 23 minutes, 5 minutes de décalage avec sa sortie du lit d'hier. Telle était sa malédiction, en retard des jours passés et juste en avance de ceux à venir, condamné à vivre face à cette pendule parfaitement réglée qui continuait à fonctionner à merveille, dans le silence, sans douleur et sans trace de son ancienneté.
Il rabattit son drap sur le côté de son lit, jonché d'une épaisse couche de couvertures en laine, alourdissant le poids de la fine pièce de tissus, ainsi même se lever paraissait être un calvaire. Il s'efforça à la faire tout de même, se décalant doucement, centimètres par centimètres jusqu'à pouvoir décaler ses jambes sur le côté et les poser au sol. Bien sur à l'image du reste de son corps, il eut du mal à se redresser afin de se mettre debout, ça ne le surprenait plus, d'un autre côté, avec le temps, plus grand chose ne le surprenait. Il s'étira vers sa table de nuit contre laquelle était posée sa canne, faisant craquer tous les os de sa colonne et de son épaule. Une fois en main, il la cala au sol et s'en servit pour se mettre debout. Il fit quelques pas en avant, s'appuyant sur son bâton de vieillesse, puis de nouveaux deux ou trois mètres, gardant la canne sans l'utiliser, encore une avancée, puis il la souleva du sol et la prit horizontalement entre ses mains, c'était sa plus grande fierté chaque matin, n'en avoir besoin que pour le démarrage. Le pommeau d'argent en forme de crane de dragon avait perdu toute sa splendeur d'antan, surtout depuis que son propriétaire d'origine, Enoch, son père, était mort suite à l'évènement du Titan… Quand cela était il arrivé ? Il devait bien s'en souvenir, mais il préférait de ne pas se trop remuer les vieilles blessures du passé. En continuant son inspection de l'objet, il arriva au niveau du manche, mais surtout de sa main, faible, pale, couverte de tâches brune de vieillesse, faisant ressortir ses veines bleutées, sculptant son corps de reliefs. Ses doigts se terminaient en ongles noirs et cassés, tels des morceaux de charbons, tout comme la pulpe, là où étaient habituellement ses empreintes digitales, comme carbonisés par le feu qu'il invoquait et maniait. A force de joueur avec le feu, on finit par se bruler, comme disait le dicton.
Celui qui se faisait appeler Bob arriva face à une imposante armoire à glace, elle aussi, usée par le temps, la paroi réfléchissante était comme recouverte d'un film grise opaque, ne laissant que des ilots de surface permettant encore de se contempler. Son œil croisa l'un de ces vestiges, où il arriva à se voir. Tragique portrait qui se dressait face à lui, sur lui. Des cheveux mi- longs d'un gris sombre, une barbe courte qui cachait sa mâchoire et les taches qui la recouvrait, d'immenses poches sous ses yeux surplombaient ses pommettes, sur lesquelles étaient disséminées des écailles, autrefois rouges, ayant toutes perdue leurs éclats, ne ressemblaient plus qu'à une croute jaunasse. Celles ci avaient commencé à recouvrir ses plaies, en guise de cicatrices, il y a quelques temps de cela. Il pouvait les apercevoir sur son torse nu. On ne pouvait pas dire qu'il avait déjà été musclé, mais il était sec… maintenant, il était juste terriblement osseux, courbé… et froid. Avec le temps, son démon intérieur avait lui aussi finit par se faire vieux, à avoir besoin de plus de sommeils, il ne ressentait plus cette chaleur qu'il connaissait d'autrefois, il n'y avait plus que du froid, comme un hiver continu dans ses entrailles, ses artères et ses membres. Il finit par briser sa contemplation, ouvrir son armoire et se saisir d'un pantalon de lin, d'un haut de soie, qu'il recouvrit d'un autre de laine rouge et d'une veste en cuir noir. Cela faisait longtemps qu'il avait abandonné les robes de mages, lui donnant une allure grotesque et dégénérée, et bien qu'il n'accordait que peu d'importance à cela, ce n'était pas le cas de la société… Et diable sait qu'il avait besoin de faire du mieux qu'il pouvait, et qu'il devait tout faire pour rester discret.
Il enfila ses vêtements, une paire de chaussure en daim usé, et se dirigea vers la porte de sa minuscule chambre, l'ouvrit et quitta la pièce. Il descendit les escaliers en bois qui grincèrent sous ses pas et sortit dehors.
Un vacarme monstre parvint à ses oreilles, les voitures filaient et sifflaient tout autours de lui, dont le bruit des moteurs, des pas et des paroles des passants montaient jusqu'en haut des immeubles et gratte-ciels qui émergeaient du goudron de la route et des trottoirs, touchant de leurs pointes les nuages grisâtres formant un dôme au dessus d'eux, rendant Balthazar minuscule par rapport à l'imposante démesure qu'avait pris la cité de Mirage. Le Cratère avait eu le temps de bien changer en 1358 ans, les Eglises avaient disparues, les guildes, les élémentaires et les ordres aussi, ne laissant que pour seule survivante de l'époque qui l'avait vu naitre, l'Eglise de la Lumière, que l'on surnommait simplement l'Eglise ou la Religion. En effet, elle avait tout fait pour se rendre comme seule espoir et rempart contre le chaos crée par les évènements du dernier millénaire, car contre les ténèbres, les êtres les plus communs ne voient que la lumière divine comme recours. Avec le temps, ils avaient réussît à constituer l'armée la plus important du cratère, et décimer celle des autres Partis, occupant les points. Aujourd'hui, ils étaient les dirigeants en tout point, politique, finance, armées, polices, éducations, etc.. De par ce fait, hormis la magie lumineuse avait survécue, mais était devenue bien trop faible à force d'être distribuée tous leurs partisans, quelques miracles arrivaient de temps à autre, mais rien de plus. La magie dont disposait encore l'ancien aventurier était juste un artefact de la puissance du démon qui sommeillait encore en lui, l'imposant à survivre, tout en s'affaiblissant chaque jour passant, dans ce monde qui avait trop évolué à son gout. Shin, Grunlek, Théo… Tous mort l'un après l'autre. Que restait il ? Existait il encore d'autres comme lui ? Tel était le type de questions qu'il se posait chaque jour.
Il posa des lunettes de soleil aux verres rouges bordeaux, afin de dissimuler ses yeux de félins, et se mit à avancer le plus rapidement qu'il le pouvait, malgré la douleur que lui provoquait la marche rapide, en se forçant à esquiver toutes ses personnes qui avançaient dans la rue, sans lui prêter attention, sans prêter attention à rien, ni à personne, hormis à leurs téléphones auxquels ils étaient fixés à longueur de journée. La technologie, ca aussi il n'avait pas réussît à la suivre, et ne pensait pas qu'il allait réussir à y survivre pendant très longtemps encore… Si seulement son démon le laissait mourir un jour. Après un bon quart d'heures de marche, il arriva à un bar-tabac dans lequel il pénétra. En arrivant, il salua le patron, qui l'accueilli chaleureusement de sa voix profonde et de son embonpoint.
« Mais c'est le Vieux Bob que voilà ! Entama t-il, encore en retard, bientôt ce n'est plus un café que tu viendras prendre, mais un déjeuner. Une grande tasse, noir et serré je suppose, avec le dernier Quotidien du Cratère ? »
L'intéressé hocha la tête en souriant de façon amicale, et alla sa placer à une table à l'extérieur. En attendant qu'on lui serve sa commande routinière, il farfouilla le fond des poches de sa veste et en sortit un paquet de tabac et de feuilles, puis roula habillement une cigarette sans filtres, c'est fou ce qu'on peut faire les choses de façon appliquée quand on sait que ca peut nous tuer, pensa t-il. Il saisit un briquet et l'alluma. Celle ci fut consumée au moment où le serveur lui déposa sa boisson et son journal devant lui. Il entama les deux, prenant le temps de profiter des quelques bonheurs que pouvaient tout de même apporter la société moderne, et même si la lecture du journal ne valait pas un bon grimoire et que les informations recensées à l'intérieur était clairement filtrées par l'Eglise, lire lui apportait un réconfort et un passe temps non négligeable.
Cependant, aujourd'hui, Balthazar n'arriva pas à se concentrer, les mots se brouillaient à leurs visions et dans son esprit, lui rendant impossible de savourer son petit bonheur quotidien. Il plia la gazette, la fourra dans une des poches intérieures de son haut, puis se dirigea vers le comptoir pour payer son addition. En s'en approchant, il remarqua que le patron était en pleine discussion avec un inconnu, tout en noir et dont le crane était recouvert d'un bonnet, le dialogue paraissait mouvementé. Il se déplaça le plus discrètement possible pour arriver dos à l'inconnu, et posa la main sur son épaule. Si une chose n'avait pas changé depuis le temps, c'est qu'il avait toujours été curieux, un peu trop, et encore une fois de trop aujourd'hui. En effet, il comprit que ce n'était pas un bonnet que portait la personne, mais une cagoule, et qu'il n'était pas en train de communiquer, mais en train de braquer le gérant du bar, le tenant en joue à l'aide d'un revolver. Etant surement un amateur à son coup d'essai, et surpris par l'intervention du vieil homme, le malfrat appuya sur la gâchette. Tout fut bien trop rapide, la balle partit, la douille fut expulsée, la cervelle du patron fut rependue sur tout le bar, et le tueur commença à déplacer son arme vers celui qu'on surnommait « Le vieux Bob ».
Si le démon était fatigué, il en avait un appétit que plus gargantuesque, et à l'image d'une bête sauvage, il n'attendait pas une seule seconde quand la proie était facile à attraper. La douille se heurta enfin au sol, dans un léger bruit aigu… Et se fut le déferlement.
De l'extérieur, on n'entendit qu'un hurlement, et une irruption de flammes vint exploser les vitrines et les façades du bâtiment, telle une station service dans laquelle on aurait tiré. La population alentours se mit à crier, et à fuir la zone. Des décombres, on aperçut sortir une forme humaine ailée, encore fumante qui s'envola rapidement, se heurtant aux parois miroitantes des immeubles, avant de disparaître complètement dans l'épaisse brume couvrant la cité, pendant que les voitures de pompiers, policiers et journalistes arrivaient en trombe… Il faut dire que Mirage était devenu bien calme depuis que les Intendants avaient tous été tués, enfermés, ou du moins se terraient on ne sait où, et ce genre de phénomène n'était plus censé avoir sa place dans le Cratère.
Quelques heures plus tard, Balthazar se réveilla, nu, entre les décombres d'un château d'eau dans lequel il avait surement foncé, pour se refroidir, dans tous les sens du terme en déduit il.
Dans un bâtiment de police, deux enquêteurs visionnaient ce qu'ils avaient pu récupérer des vidéos de surveillances du bar et des bâtiments alentours. L'un des deux, apparemment le supérieur de l'autre, en voyant l'explosion et ce qu'il comprit être un démon s'enfuir, laissa échapper une grimace. Il saisit un téléphone ce trouvant dans un coin de la pièce et composa un numéro. Quand quelqu'un répondit, il ne prit même pas la peine de se présenter et entama directement avec sa demande.
« Envoyez l'Inquisitor au bâtiment 5B, porte 14, dites lui que c'est une urgence. Je le veux ici dans moins de 30 minutes. »
Puis il raccrocha instantanément, et se remit à visionner les preuves en attendant l'arrivée de celui qu'il venait de convoquer. Ce dernier ne dépassa pas le délai qu'on lui avait imposé et se présenta en vingt minutes. Celui qu'on surnommait l'Inquisitor était couvert d'une armure technologique militaire intégrale noire bordée d'or, à l'image de celle que l'on trouve dans ces bandes dessinées de Super Héros, et avançait d'une démarche lente, en marquant bien chacun de ses pas. Arrivé à hauteur de policier, qu'il dépassait de plusieurs tête, il ôta son casque, sur lequel était gravé un crane, surplombé d'une auréole verticale métallique, comme encastrée au milieu de la tête, à l'image des iconographie religieuse que pouvait propager l'Eglise de la lumière. Son visage apparut, bourru, carré, mal rasé et laissant tomber quelques mèches devant ses yeux aux regard sévère, on ne lui donnait guère plus de 25 ans. Puis il se mit en garde à vous.
« Silverberg, à votre service. »
En espérant que cela vous a plu, je ne sais pas si je dois continuer l'histoire ou pas, j'avais juste envie d'imaginer l'un des héros vieillissant, avancer comme il pouvait dans la société moderne. N'hésitez pas à mettre une review, si vous avez des conseils, des avis ou pour me dire si vous désirez un deuxième chapitre :)
Merci d'avoir pris le temps de me lire :)
