Bonjour à tous! Je vous présente une épopée célèbre en anglais que j'ai la folie de vouloir traduire. (En tout cas, folie ou pas, je compte bien m'en acquitter entièrement, il n'y a pas d'inquiétude à se faire là-dessus)
Il s'agit de Casting Moonshadows de l'auteur Moonsign.
La fiction n'est pas encore achevée, il y a pour l'instant 68 chapitres mais l'auteur met à jour régulièrement.
Nouvelle note du 7/03/10 : l'histoire originale en est maintenant à 73 chapitres.
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Disclaimer (original): J.K. Rowling possède le monde d'Harry Potter et ses merveilleux personnages. Je ne possède rien sauf l'intrigue et quelques OCs. (Eamonn: et moi encore moins puisque je ne fais que traduire!)
Auteur: Moonsign
titre: Casting Moonshadows.
(Projeter des ombres de lune)
Je remercie ma beta-reader royale-de-luxe d'avoir rendu ce chapitre beaucoup plus lisible! :)
I'm being followed by a moonshadow,
moonshadow, moonshadow
Leaping and a hopping on a moonshadow,
moonshadow, moonshadow
And if I ever lose my eyes,
If my colours all run dry,
Yes, if I ever lose my eyes,
Hey… I won't have to cry no more
(Cat Stevens)
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Je suis suivi par l'ombre de la lune,
L'ombre de la lune, l'ombre de la lune,
Bondissant et sautillant sur l'ombre de la lune,
L'ombre de la lune, l'ombre de la lune
Et si jamais je perdais mes yeux,
Si leurs couleurs s'asséchaient,
Oui, si jamais je perdais mes yeux,
Hey… Je n'aurai plus besoin de pleurer
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REMUS:
Remus avait toujours considéré les souvenirs comme étant des photos encadrées, posées sur une étagère. La plupart d'entre elles étaient placées au soleil et disparaissaient avec le temps. Quelquefois la couleur s'estompait, laissant un vague relief du temps, les contours d'un souvenir qui s'est légèrement modifié à force de le raconter. Quelquefois c'étaient ces contours qui s'estompaient et la couleur demeurait éclatante, les taches vives; un vrai relief du temps mais sans les détails.
D'autres souvenirs étaient placés dans le noir, noyés d'ombres. C'étaient ces souvenirs, ceux que l'on veut oublier, qui ne perdaient ni leur couleur ni leur force avec le temps.
Pour Remus, le plus vif de ces souvenirs teintés d'ombres était le souvenir de Cette Nuit. Cette Nuit eut des répercussions qui lui envoyèrent des vibrations qui résonnèrent longtemps et changèrent les évènements pour le reste de sa vie. Le souvenir dont il souhaitait le plus qu'il s'évanouisse et se transforme était celui qui demeurait en lui avec les détails les plus aigus.
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Ce dont Remus se rappelait toujours, bien après que les autres souvenirs de sa mère se soient dissipés, c'était son amour du clair de lune.
Son métier de maîtresse es potions auprès de leur apothicaire local l'obligeait souvent à s'aventurer dehors la nuit pour recueillir quelques ingrédients.
Durant certaines nuits, lorsque le ciel était très clair et que la lune était ronde et éclatante de lumière, elle se faufilait dans la chambre de Remus sans se soucier d'allumer la lumière. Elle enveloppait Remus de sa cape imperméable par-dessus son pyjama et enfilait ses petits pieds dans ses chaussures avant de prendre sa main et de sortir dehors en passant par la porte arrière de la maison.
Tandis qu'elle travaillait, Serena Lupin chantait toutes les chansons moldues de son enfance, toutes chansons qui contenaient le mot « lune », pendant que Remus gambadait librement à ses côtés, joignant sa petite voix enfantine au chant, et contemplant l'ombre de la lune qui tremblotait et bondissait entre les ombres ténébreuses des arbres.
Remus savait que la magie existait, il avait grandi dans une propriété magique, mais la vue des ombres bleu-argentées de la lune et la riche voix obsédante de sa mère semblait tisser une autre espèce de magie dans la forêt. C'était moins évident, mais plus tangible. Tout aussi électrique et sauvage que protecteur et intime.
Le père de Remus ne les rejoignait jamais dans leurs escapades. Ces nuits de clair de lune étaient quelque chose qui n'avait appartenu qu'à eux deux et personne d'autre n'avait la permission de s'y introduire. Remus, si jeune à ce moment, n'avait pas compris à quel point son père lui en voulait parce que sa sauvage et imprévisible femme aimait son fils bien plus que quiconque au monde. John Lupin vénérait ses moindres pas et Serena, en retour, le tolérait affectueusement.
Ainsi, de la fenêtre de la chambre, il observait sombrement les deux petites silhouettes qui se dirigeaient vers la forêt dans leurs manteaux imperméables, saisissant quelques bribes de chansons moldues tandis qu'ils s'éloignaient.
"Souvenir, seul au clair de lune, la lune a-t-elle perdu la mémoire? Elle sourit toute seule…"
"Envole-moi sur la lune et laisse-moi jouer parmi les étoiles. Laisse-moi voir comment est le printemps sur Jupiter et Mars…"
"Quelle merveilleuse nuit pour une danse de lune, avec les étoiles grandissant dans tes yeux…"
Et le plus souvent, il les entendait chanter leur chanson préférée tandis qu'ils ressortaient de la forêt, se tenant par la main, sautillant et dansant tout du long, et les cris de joie de Remus s'envolaient dans la nuit alors que sa mère le faisait tournoyer au-dessus d'elle.
"Je suis suivi par l'ombre de la lune, l'ombre de la lune, l'ombre de la lune, bondissant et sautillant sur l'ombre de la lune, l'ombre de la lune, l'ombre de la lune
Et si jamais je perdais mes mains, ma charrue, mes terres. Oui, si jamais je perdais mes mains, hey- Je n'aurai plus besoin de travailler…"
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Si bien que, la nuit où John Lupin retourna chez lui après sa journée de travail au ministère en apportant la terrible nouvelle que le loup-garou Fenrir Greyback s'était échappé du service psychiatrique pour criminels à Sainte-Mangouste, il n'est pas surprenant que Remus ait choisi le clair de lune pour se réconforter.
Cette Nuit, celle où tout s'effondra dans un accès de violence, de sang et d'ombres de lune, Remus se glissa hors de son lit après un cauchemar et descendit dans le hall jusqu'à la chambre de ses parents à la recherche de sa mère pour qu'elle le console.
Il s'arrêta quand il entendit des bruits de disputes à l'intérieur. Il n'avait encore jamais entendu ses parents se disputer. Son père détestait contrarier sa mère et celle-ci était habituellement trop perdue dans son propre monde pour porter suffisamment d'attention à un conflit pour qu'il ait le temps de dégénérer.
Remus s'approcha de la porte et pressa son oreille contre le bois.
« … Ne peux pas y aller maintenant. Même pour des ingrédients. Qui sait où il se trouve? » disait John. « Je peux les commander pour toi. »
« Mais j'aime me procurer moi-même mes ingrédients! » protesta Serena, la voix implorante, « c'est la principale raison pour laquelle je suis devenue maîtresse es potions! Combien de temps avant que vous ne l'attrapiez? »
« Je ne sais pas! » claqua en retour la voix de John. « Bordel, si on savait où il se trouvait, tu ne penses pas qu'on l'aurait déjà repris à cette heure? Il m'accuse moi Serena de l'avoir envoyé là parce que je suis celui du Département des Créatures Magiques qui l'a trouvé. Il veut se venger de moi, Serena, et il est fou. Penses-tu que je pourrais me le pardonner si jamais il t'attaquait afin de prendre sa revanche? »
« Ce n'est pas JUSTE! »
« Je M'EN FOU! Tu ne sors pas d'ici, Serena, un point c'est tout! »
Remus fit un pas en arrière, tremblant. Il ne comprenait pas ce qu'ils disaient et n'osait pas les interrompre. Alors qu'il retournait dans le hall vers sa chambre, il passa devant la fenêtre et remarqua la pleine lune flottant à proximité, lourde dans le ciel, qui projetait un brillant rayon de lune éclairant le sol boisé.
Remus sentit soudain une vague d'envie l'envahir de gambader librement sous les ombres de la lune. Il avait besoin de sentir cette froide lumière argentée le frapper pour l'aider à oublier son cauchemar et la dispute.
Il s'avança sans faire de bruit et se grandit en s'élevant sur la pointe des pieds pour tirer le loquet de la porte arrière. Il l'ouvrit aussi silencieusement qu'il le put et s'élança vers le jardin. Il n'était pas stupide, et il savait qu'il ne devait pas aller dans la forêt tout seul, alors il se contenta de traîner les pieds dans l'herbe épaisse, murmurant doucement pour lui-même: "Et si jamais je perdais mes jambes, je ne geindrais pas et je ne supplierais pas. Oui, si jamais je perdais mes jambes. Hey – Je n'aurai plus besoin de marcher…"
Il s'allongea sur le dos dans l'herbe et leva le regard sur la pleine lune. En-dehors de sa mère, la pleine lune était la plus jolie chose qu'il ait jamais vue. Elle avait l'air si solide, comme si ce n'était pas normal qu'elle puisse se maintenir dans le ciel, et son pâle éclat semblait venir d'un autre monde. Sous son regard lumineusement rond, Remus sentit les dernières parcelles de son cauchemar se dissoudre et disparaître.
Remus s'assit et se retourna pour la regarder, son cœur battant la chamade. Tout d'un coup, il n'était plus si sûr qu'il puisse rester dehors tout seul. Qui savait quel genre d'horribles créatures surgissaient de la nuit lorsque sa mère n'était pas là pour les tenir éloignées?
Glacé de peur, il concentra son attention sur un buisson qui venait de bruisser et sursauta lorsqu'il s'agita de nouveau. Soudain, deux orbes luisant de jaune-doré apparurent dans les ombres derrière le buisson. Il fallut un moment à Remus pour comprendre que c'étaient des yeux.
Aiguisé par la peur, Remus sauta sur ses pieds et se tourna pour se ruer vers la maison aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Il regrettait plus que tout de s'être aventuré aussi loin dans leur grand jardin. Il y eut un léger bruit sourd derrière lui lorsque la créature bondit des broussailles et se lança à sa poursuite. Il pouvait entendre les coups rythmés des pas qui se rapprochaient toujours plus près de lui et il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.
La vision le fit vaciller, trébucher et s'étaler. La créature était énorme – un loup, lui criait son esprit, envoyant des images du gros, méchant loup des contes de fées que sa mère lui lisait la nuit. Il hurla lorsqu'il bondit sur lui, atterrissant sur sa poitrine, lui coupant la respiration. Des larmes de souffrance troublèrent l'image du loup qui se penchait brusquement, les crocs ouverts. Remus parvint à hurler une seconde fois quand il sentit les dents déchirer son épaule et sa poitrine. La douleur le tailladait, lui arrachant de violents tressautements à travers tout le corps.
« REMUS! »
Il sentit le poids disparaître lorsque le loup fut écarté de sa poitrine et projeté quelques mètres plus loin. Haletant et gémissant de douleur, Remus remua la tête pour voir une silhouette portant de longs cheveux couleur fauve se placer entre lui et le loup.
Serena releva une nouvelle fois sa baguette, mais elle ne fut pas assez rapide.
Le loup roula et bondit une fois de plus, sur Serena cette fois et la jeta au sol.
« Maman… » Remus avait voulu crier, mais c'était à peine s'il pouvait respirer. Il regarda paralysé d'horreur les dents ensanglantées se planter dans son cou et arracher encore et encore.
« Oh mon Dieu! SERENA! »
Pour la seconde fois cette nuit, le loup fut projeté dans les airs. Cette fois, Remus vit son père qui se tenait debout dans son pantalon de pyjama. Même avec sa vue obscurcie par la douleur et la perte de sang, il remarqua que John Lupin se tenait entre sa femme et le loup, laissant son fils ouvert à autre attaque.
Une lueur verte jaillit de la baguette de John en direction du loup qui réussit à la contrer à temps. Il hésita un instant, puis, comme John relevait de nouveau sa baguette, il se détourna et s'enfuit dans la forêt. John s'élança après lui, son corps grésillant de magie et de rage.
Remus se tourna encore pour regarder sa mère. Elle était couverte de sang. Il n'avait jamais vu autant de sang. Ça avait l'air épais et noir sous le clair de lune. Il roula sur son ventre et la douleur se propagea à travers lui. Il gémit doucement.
« Re…mus? »
Sa voix était faible. Il ne l'avait jamais encore entendue ainsi.
« Rem…mus, mon… bébé? »
Ses mots étaient brisés par les tremblements. Rems rassembla toutes ses forces pour s'approcher d'elle. La souffrance était si terrible qu'elle était comme une part entière de lui qu'on aurait détaché.
Après ce qui lui sembla une décennie; il atteignit son but et abaissa son regard. A sa plus grande horreur, il pouvait voir des os, des tendons et des muscles, déchirés et sanglant à sa gorge.
« V… Vis R...r…Remus. » parvint à dire Serena. « T-tu me promets? Ne… les laisse pas te t-transformer en m-monstre comme lui. Le l-loup ne t'a pas changé. Dis-le Remus! »
« Le l-loup ne m'a pas ch-changé, » répéta Remus à travers ses larmes, incapable de la regarder dans les yeux, seulement à l'entaille dans son cou.
« B-bon garçon. R-rap-p-pelle-toi ça. »
Elle devenait un peu confuse. Remus pensa qu'elle essayait peut-être se dire autre chose mais il ne pouvait plus l'entendre. Sa tête était pleine d'un son comme un sifflement qui la rendait trop lourde pour son cou. Il s'effondra sur l'herbe ensanglantée par l'épaule de sa mère et se sentit glisser dans l'inconscience.
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Les chansons citées (dans l'ordre) et leurs artistes:
Moonshadow – Cat Stevens, Memory – Andrew Lloyd Webber, Fly Me To The Moon - Ecrit par Bart Howard en 1954 et chanté à l'origine par Kaye Ballard, Moondance – Van Morrison
