Le Papillon
Chapitre I : Brevoort Hotel
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB, d'Amblin et de Michael Crichton sauf Andréa Malucci, Roberto et Louisa Luìs.
Note de l'auteur : Voili voilà la version de " Yersin " telle que je l'avais imaginé au départ. Mais en écrivant avec Adeline on a confronté nos idées ce qui a donné la fanfiction que vous avez normalement tous lu ;o) Bref ne vous attendez pas à une sorte de copie car en fait l'histoire est fondamentalement différente. Bon j'avoue que cette fanfiction est un peu basée sur le modèle des films français, c'est-à-dire on baise avant et on réfléchit ensuite, donc excusez-moi d'être un peu trop imprégnée de la culture de mon pays ;o) Pour le reste les personnages principaux restent Dave et Jing-Mei mais les personnages secondaires ont une place beaucoup plus importante. Même Abby a son petit rôle ! Par contre même règle que pour " Yersin ", dépressifs de tout poil passez votre chemin !
*** *** ***
La cicatrice descendait de sous son pectoraux droit jusqu'au dessus de sa hanche. Longue de quelques centimètres, elle contrastait par sa couleur mauve contre sa peau olive. D'autres plus minces et souvent de teintes pourpres étaient disséminées un peu partout sur son torse. Dans son dos se trouvaient aussi quelques petites brûlures brunes et rondes. Il passa sa main avec nonchalance sur quelques unes des cicatrices, presque avec affection. Il avait tellement l'habitude de sentir leur aspect rugueux sous ses doigts, elles faisaient parties de lui, elles étaient son passé et donc elles étaient lui.
Il ferma les yeux et tout lui revint en mémoire si distinctement. Il voyait encore les grains de poussières qui dansaient dans le pâle et blanchâtre rayon de soleil passant par la fenêtre. Il sentait encore l'odeur du petit appartement logé sous le toit de l'immeuble délabré. C'était un mélange de moisi, de béton, de ferraille et de pollution. Les sons aussi lui revinrent. Il entendit les éclats de rire de ses sœurs, les sourires silencieux de sa mère, et puis…
" _ J'AI JAMAIS DEMANDE A T'AVOIR ! "
Et puis tous ses muscles tressaillirent soudainement et il rouvrit les yeux. Il poussa un long soupir de lassitude puis cessa de s'admirer dans son miroir pour enfiler un marcel. Il mit par-dessus une chemise blanche fraîchement repassée, et enfin un veston noir sans un grain de poussière. L'hiver de New-York était rude et il n'avait vraiment pas envie de tomber malade. Il n'oublia pas de passer autour de son cou sa chaîne de baptême au bout duquel pendait une croix dorée, il la porta cérémonieusement à ses lèvres et suivit son geste d'un rapide signe de croix sur le front. La journée s'annonçait horrible, sûrement l'une des pires de sa vie…
***
Tout ce dont elle avait besoin c'était d'un double whisky et sans glace. Jing-Mei sortit à grands pas du cimetière pour fuir ce sentiment désagréable qui avait envahi ses entrailles. Il était situé juste en face de l'île de Manhattan et l'herbe toujours verte y était parfaitement tondue. Plusieurs personnes entièrement vêtues de noir étaient silencieusement regroupées autour de quelques sépultures. De nombreux merles se promenaient entres les tombes fleuries avec pour fond les grands immeubles du centre financier. Même si l'absence des deux tours donnait un léger sentiment de mal à l'aise, l'endroit paraissait idyllique et si calme, un endroit parfait pour le repos des morts.
Elle jeta son dévolu sur un petit bar dans la rue faisant face au cimetière. Jing-Mei poussa la lourde porte un peu graisseuse et ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à l'obscurité ambiante. La plupart des clients étaient des hommes et ils se retournèrent tous vers elle la mitraillant de regards intéressés. Jing-Mei nullement impressionnée releva la tête et observa la salle pour trouver une table vide. Soudainement ses yeux furent accrochés par une silhouette familière. Elle mit quelques instants avant de réaliser qui était cet homme et décida d'aller s'asseoir en face de lui.
Il releva le regard surpris en la voyant s'asseoir devant lui. Lui non plus ne s'attendait apparemment pas à la rencontrer dans ce bar si loin de Chicago. C'était la première fois que Jing-Mei le voyait en veston. Cela le changeait … plutôt en bien d'ailleurs. Hormis sa chemise blanche il était lui aussi entièrement vêtu de noir. De plus son regard grave et profond ainsi que son visage figé montrait qu'il n'était pas dans son meilleur jour. Une petite croix en or pendait autour de son cou. Dave Malucci se décida finalement à lui adresser ce sourire dont il avait le secret tout en s'adossant dans le fond de sa chaise :
" _Jing-Mei… Quelle surprise de te voir ici… " Dit-il en articulant lentement. Il n'y avait aucune pointe de joie dans sa voix ce qui contrastait avec ce sourire continuellement collé sur son visage.
Dave observa rapidement la jeune femme assise en face de lui. Elle portait un tailleur noir et de longs bas sombres. Son maquillage discret et sobre ajoutait une note de tristesse en plus à sa tenue. Le mascara avait légèrement coulé faisant ressortir ses yeux encore brillants à cause des larmes.
" _Apparemment on est venu à New-York pour la même chose, " répondit-elle finalement en voyant son regard curieux qui la parcourait. " Qui c'était toi ? " Demanda Jing-Mei la voix légèrement tremblante.
" _Une… Un cousin éloigné, " mentit Dave en bégayant quelque peu. " Je le connaissais à peine. Et toi ? "
" _Et bien… Moi c'était une tante, " mentit à son tour Jing-Mei avec peu d'assurance. " Je ne la connaissais pas très bien non plus. "
Le couple avait parfaitement deviné que celui d'en face n'avait pas dis la vérité. Mais ni l'un ni l'autre n'avait envie de parler de l'être cher qu'ils venaient de perdre. Après tout, Jing-Mei et Dave n'avaient jamais vraiment été amis. Hormis le cas Mafran qui les avaient un peu rapproché, leurs relations avaient constitué en un éternel marivaudage sans but réel. Une silhouette interrompit brusquement leur silencieux et gênant face à face :
" _Toutes mes condoléances monsieur Luìs, " salua un jeune homme au visage rongé par l'acné en tendant une main à Dave. " Je suis un ami de sa classe, elle va beaucoup me manquer. "
" _Merci, " murmura timidement Malucci en évitant le regard de l'adolescent et de Jing-Mei. Il répondit distraitement à la poignée de main, et le jeune homme se retira après un sourire de circonstance.
" _Luìs ? " S'étonna Jing-Mei en le fixant sans pudeur.
"_ Oui… " Balbutia Dave gêné. " Luìs est mon vrai nom de famille, mais comme mes parents n'étaient pas mariés j'utilise le plus souvent celui de ma mère Malucci… Je préfère… "
Jing-Mei nota aussitôt le passé dans sa phrase. Elle se rappelait aussi clairement avoir entendu l'adolescent dire " elle ". Hors Dave lui avait dit qu'il était venu pour l'enterrement d'un cousin. Mais elle n'allait pas se plonger dans un long interrogatoire pour lui arracher la vérité. Elle n'en avait ni l'envie ni le courage. Et puis elle aussi lui avait menti.
" _On doit faire pitié à voir, " reprit Dave en finissant sa bière. Jing-Mei s'aperçut alors qu'elle n'avait même pas commandé. " Tu restes longtemps à New-York ? " Demanda-t-il alors qu'une lueur maligne s'allumait dans son regard. La question était piégée et sous-entendait une invitation à sortir.
" _Une nuit, " répondit-elle en soutenant son regard. " Puis je retourne à Chicago car j'ai beaucoup de choses à faire. Et toi ? "
" _Une semaine, " enchaîna-t-il. " C'est ma ville natale ici et j'ai besoin de me ressourcer… Et puis il n'y a pas grand chose qui m'attend à Chicago. "
" _Tu n'as pas retrouvé d'emploi ? " Demanda-t-elle en passant nerveusement une main dans ses cheveux. Il baissa gravement le visage.
" _Je suis moonligther au Northwestern et au Mercy. Weaver m'a torpillé. Sinon je n'ai pas vraiment d'occupations mais j'arrive à boucler mes fins de mois. C'est le plus important… Et puis ma situation pourrait être pire je n'ai pas à me plaindre… En vérité ma situation a déjà été bien pire… " Avoua-t-il finalement dans un demi sourire. " Enfin je crois… "
" _Je n'aime pas trop cet endroit, " dit soudainement Jing-Mei en changeant brutalement le sujet de la discussion. " Allons autre part. "
" _Où ça ? " Demanda Dave en mettant un billet à côté de sa chope. " Tu sais à cinq heures de l'après-midi il n'y a pas grand chose à faire ici. New-York se réveille surtout la nuit… "
" _Allons à mon hôtel, " proposa Jing-Mei sachant très bien l'offre qu'elle était en train de faire à son ancien collègue.
Il ne sembla pas étonné de la proposition de la jeune femme. Au contraire il lui décocha son large sourire colgate sans la quitter du regard. Jing-Mei avait besoin de se changer les idées et lui aussi. De ce fait Dave ne se fit pas prier.
" _Tu loges où ? "
" _Le Brevoort sur la cinquième, " répondit-elle en attendant sa réaction. Elle ne se fit pas attendre.
" _Wouah ! " S'exclama-t-il provoquant le rire de la jeune femme. " C'est la classe cet hôtel ! Le prix de la nuit doit correspondre à mon loyer mensuel ! "
Jing-Mei se calma, reprit un peu de contenance puis se leva. Il l'aida aussitôt à enfiler son manteau et le couple sortit rapidement du bar. Ils appelèrent un taxi jaune qui s'enfonça aussitôt dans la dense circulation en direction de l'île.
***
La bouteille vide trônait sur la table basse. Un quart d'heure plus tôt, ce fut une bouteille de champagne millésimé aux bulles piquantes et généreuses, chatouillant tout le long de votre œsophage à mesure que le liquide enivrant coulait dans votre gorge. La fenêtre était légèrement entrouverte et les bruits de la circulation remontaient sous forme de rumeurs jusqu'à la chambre. Tous les fauteuils étaient richement brodé et Dave se rappelait sans peine que la dernière fois qu'il était entré dans une chambre du Brevoort, c'était en tant que portier pour se faire un peu d'argent durant les vacances.
Ils avaient trinqué à leurs vies personnelles respectives, apparemment aussi pitoyables l'une que l'autre, au pauvre cas Mafran ce jeune homme qui était mort par leur faute, à cette garce de Kerry Weaver, aux êtres chers qu'ils venaient de perdre… La bouteille était descendue rapidement et leur métabolisme n'avait pas encore eu le temps d'assimiler tout l'alcool. Une douce torpeur et une soudaine légèreté s'étaient emparées d'eux. Tous les deux étaient affalés sur le divan et maintenant que la bouteille était vide, ils allaient pouvoir passer à d'autres occupations, l'alcool ayant totalement anéanti le peu de gêne qui aurait pu subsister entre eux.
Les chaussures à talons de Jing-Mei gisaient dans le hall et sa petite veste avait vite été retirée à cause de la chaleur. La cravate de Dave pendait avec nonchalance sur le bord d'un siège Louis XIV, son veston avait glissé et se trouvait dessous sur le tapis entièrement brodé à la main. Sur le divan Jing-Mei lui tournait le dos alors qu'il l'observait en silence. Dave jeta un dernier regard un peu déçu à la bouteille de champagne vide, puis réorienta tous ses sens vers elle.
Jing-Mei sentit la main de Malucci, où Luìs peu importe, qui se glissait sous son débardeur en soie noire. Ses lèvres se posèrent sur son épaule qu'il mordilla tendrement. Son parfum la captivait et elle frissonna aux petites décharges électriques familières qui lui parcouraient le corps. Il lui retira le débardeur lentement comme si le temps n'avait plus court. Peu pressé ils avaient toute la fin d'après-midi et la nuit devant eux, alors autant faire durer le plaisir.
Dave explorait ce terrain inconnu avec émerveillement. Il y avait souvent songé du temps du County mais cela lui paraissait si lointain à présent, comme une autre vie. Jing-Mei lui faisait toujours dos et il se décida à la retourner vers elle. Il dégrafa rapidement son soutien-gorge d'un geste expérimenté. Tout en faisant glisser le sous-vêtement avec langueur, il se pencha vers elle et goûta à ses lèvres pour la première fois. Elles étaient sucrées et épicés en même temps, un délice qu'il délaissa pourtant pour parcourir son cou vulnérable. Il avait toujours eu une nette attirance pour la nuque des femmes, qu'il considérait comme le champ de bataille entre les pulsions du corps et le raisonnement de la tête.
Jing-Mei sentait ses baisers se durcir. La passion commençait à le gagner tout comme elle. Il effleura du menton ses seins qui se durcirent aussitôt. Puis alors qu'une de ses mains était sagement posé sur les côtes de la jeune femme, elle sentit l'autre prendre un de ses seins pour le diriger droit vers ses lèvres. Jing-Mei sentit tous les muscles de son ventre se crisper, obligeant sa respiration à s'accélérer. Elle se redressa brusquement l'interrompant dans l'exploration de sa poitrine et le força à retrouver le chemin de ses lèvres.
Dave sentait qu'elle voulait le dominer, qu'elle avait besoin de le dominer. Il se laissa faire et l'embrassa profondément. Il sentait le désir gonfler en lui sans que rien ne puisse le stopper. Jing-Mei entreprit de lui enlever sa chemise mais ses doigts nerveux dérapaient sur certains boutons. Il l'aida et la retira rapidement en même temps que le marcel indispensable à cause du temps pluvieux de la côte est. Dave remarqua alors le regard de la jeune femme traversé par une ombre de peur. C'était comme ça à chaque fois.
Jing-Mei eut un léger mouvement de recul en voyant toutes les cicatrices sur le torse de Dave. Et plus particulièrement une longue violette qui partait de son pectoraux et disparaissait sous le tissu de son pantalon. Elle nota aussi un changement dans la respiration de Dave, son souffle était plus haletant comme s'il était effrayé de quelque chose. Elle le força à s'allonger sur le divan et prit place à califourchon sur lui. Elle promena ses mains sur lui en sentant ses muscles qui se nouaient sous sa peau olive. Il sembla se détendre légèrement. Puis ses lèvres se joignirent à ses mains et elle goûta à sa peau salé par l'effort.
Les cicatrices avaient un aspect rugueux qui ne lui déplaisait pas et elle promena longuement sa langue dessus. Dave ne sembla pas s'en offusquer et y prenait même beaucoup de plaisir à entendre ses gémissements. Jing-Mei arriva sur la longue cicatrice mais il interposa aussitôt sa main :
" _Pas celle-là, " supplia-t-il essoufflé. " Toutes mais pas celle-là… "
Jing-Mei lui jeta un regard interrogateur puis finalement continua sa descente en l'évitant. Dave l'en remercia silencieusement. Il la vit faire glisser son pantalon le long de ses jambes avec un sourire gourmand qu'elle ne cherchait même pas à cacher. Il ne lui connaissait vraiment pas ce côté-là de sa personnalité, puis il ferma les yeux pour mieux savourer les sensations qu'elle faisait naître en lui. Son caleçon eut tôt fait de rejoindre son pantalon sur le tapis. Ses doigts se crispèrent au tissu du divan quand elle prit sa verge entre ses lèvres.
Jing-Mei le sentait sous lui qui brûlait d'impatience de reprendre le contrôle des choses. Puis ayant décidée qu'elle s'était assez amusée, elle le laissa se redresser pour qu'à son tour il prenne position au-dessus d'elle. Le regard fiévreux il ne semblait plus conscient de ce qui l'entourait, une seule chose le captivait c'était elle. Bêtement elle se mit à rougir alors qu'ils avaient déjà dépassé depuis longtemps les premiers stades de l'intimité. Il fit glisser sa jupe et rouler avec lenteur chacun de ses bas.
Dave se mit à mordiller les orteils du pied droit de Jing-Mei. Son corps dénudé fut alors agité par quelques rires autant chargé d'excitement que de nervosité. Ses lèvres et ses baisers précédaient ses mains qui se dirigeaient lentement et sûrement vers le point le plus sensible de l'anatomie féminine. Calé entre ses fines et longues jambes, il sollicita le petit bout de peau si sensible. Jing-Mei se mordit aussitôt la lèvre inférieure pour tenter d'étouffer les râles qui remontaient le long de sa gorge. Mais elle ne put se contenir plus longtemps. Dave attentif aux sons et aux mouvements, se sentit encouragé par les tremblements du corps de sa compagne.
La première vague la submergea avant même que Jing-Mei ne s'y attende. Tous les muscles de son corps se tendirent en un seul mouvement. Son esprit ne contrôlait plus rien et son dos s'arqua de lui même alors que des bouffées de plaisir remontaient le long de sa colonne vertébrale. Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle qu'elle sentit les lèvres de Dave chercher avidement les siennes.
Il ne tenait plus. Dave avait l'impression qu'il allait implosé tant il avait envie d'elle à ce moment précis. Une boule de plaisir lui nouait le bas-ventre et se débattait avec rage pour se libérer. Il agrippa une de ses mains et ils nouèrent leurs doigts. Appuyé sur son bras droit alors que Jing-Mei avait son autre main qui faisait des allers retours de sa nuque au bas de son dos, il entra en elle. Leurs ventres se collèrent à cause de leurs cambrures respectives. Il commença son va-et-vient perdant peu à peu le contrôle de lui-même. Il dérivait lentement vers la jouissance suprême guidant Jing-Mei dans son sillage.
Elle vit apparaître un rictus de plaisir et en même temps de douleur sur le visage de Dave. Sentant ce corps masculin tendu à l'extrême, elle était à présent envahie par les mêmes sensations que lui. Elle lâcha subitement sa main pour le plaquer encore plus contre elle, pour qu'il entre encore plus profondément en elle. Mais leurs deux corps avaient atteint leurs limites et après un dernier sursaut, Dave retomba sur elle à bout de souffle. De petits cheveux étaient collés tout autour de son front en sueur alors que sa cage thoracique s'abaissait et se relevait sous forme de saccades. Il voulut se retirer pour rouler sur le côté mais elle le retint :
" _Reste encore un peu… Encore quelques instants… "
Dave ne répondit et cala sa tête dans le creux de son épaule, respirant pleinement l'odeur féminine de Jing-Mei.
***
Le téléphone sonna juste à côté de son tympan gauche. Jing-Mei fit un bond en avant faisant tomber au sol le coussin qu'elle serrait dans ses bras. Elle se trouvait glissée entre les grands draps blancs et froids du lit de sa chambre d'hôtel. Elle ne se rappelait pas s'y être couchée et en voyant la bouteille de champagne vide sur la table basse, Jing-Mei se rappela de ce qui c'était passé la veille et en conclut que Dave l'avait couché après qu'elle se soit endormie. Les sonneries se firent plus insistantes et elle décrocha enfin le combiné :
" _Allô ? "
" _Mademoiselle Chen ? " Demanda une voix polie à l'autre bout du fil. " Vous aviez demandé que l'on vous réveille à huit heures. "
" _Ah… Oui, c'est vrai. Merci. "
" _De rien, " répondit la standardiste avant de raccrocher.
Jing-Mei consulta la petite horloge sur la table de nuit qui indiquait bien huit heures. Son avion ne décollait qu'à onze heures mais elle devait aller faire enregistrer ses bagages. De mauvaise grâce, elle sortit de son lit et enfila un fin peignoir de satin avant de se diriger vers la salle de bains.
***
4 mois plus tard
" _Je veux Carter, Benton dans la baie des ambulances TOUT DE SUITE ! Chuny ! Haleh ! Au lieu de papoter accompagnez-les ! Randi vous me reposez ce journal et répondez au téléphone CA VOUS CHANGERA ! Malik ! Le docteur Kovac vous attend depuis déjà des lustres au rideau 2 ! Abby ! Vous n'êtes pas encore payé pour boire du café alors AU BOULOT ! Mais il n'y a vraiment que moi qui travailles ici ? ! ? "
Kerry hurlait tel un chien enragé au milieu de tout le personnel médical des Urgences, qui courbait l'échine sous ses hurlements. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été autant de si mauvaise humeur et bien sûr, Jing-Mei choisit ce moment pour arriver… en retard de treize bonnes minutes. Et c'est bien connu qu'avec ce chiffre il ne fallait mieux pas être superstitieux.
Sitôt après avoir passé les portes automatiques, elle vit le docteur Weaver les yeux injectés de sang qui se retournait vers lui. Elle vit sa main crispée sur sa béquille, si serrée qu'elle pourrait presque la briser comme une simple brindille. L'envie de prendre ses jambes à son cou et de fuir très loin et très vite effleura aussitôt son esprit. Mais comme l'innocente petite souris face au grand et hypnotisant cobra, Jing-Mei restait tétanisée devant sa supérieure. Elle vit sur sa droite Randi mettre une main devant sa bouche pour que Weaver ne voit pas qu'elle pouffait de rire. Ca allait encore être sa fête. Depuis qu'elle s'était faite réintégrée à l'équipe des Urgences du Cook County, Weaver ne la lâchait pas d'une semelle profitant de chaque occasion pour la rabaisser et de préférence en public.
" _DOCTEUR CHEN ! ! ! QUEL HONNEUR DE VOUS VOIR ENFIN PARMI NOUS ! " Ajouta-t-elle vociférante. Jing-Mei évitait royalement son regard. Mais pourquoi se sentait-elle obligée de hurler quand elle lui parlait ? ? ? " VOUS ETES ENCORE EN RETARD ET POUR LA PEINE JE VOUS CONSIGNE AUX DOSSIERS MINEURES POUR LE RESTE DE LA SEMAINE ! "
" _Oui docteur Weaver, " répondit timidement Jing-Mei en songeant sérieusement à s'engager dans l'armée, car aucun commandant ne pouvait être pire que Kerry Weaver… Sa supérieure s'éloigna d'un pas déterminée. " Sale carne. " Marmonna-t-elle tout bas après s'être assurée qu'elle était trop loin pour l'entendre.
Elle comprenait à présent pourquoi Dave avait finalement craqué et avait osé dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas de Kerry. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour une fois lui répondre et lui avouer tout ce qu'elle avait sur le cœur. Mais Jing-Mei tenait à son emploi au Cook County, elle qui avait déjà eu tant de mal à le récupérer, elle n'allait pas tout gâcher pour " outrage à supérieur ".
" _Hé papillon ! " La tira Randi de ses pensées. " Tes futurs patients t'attendent. "
Jing-Mei lui adressa un pâle sourire. Elle s'approcha du râtelier et prit le premier dossier de la pile. Elle y jeta un bref coup d'œil et y lut " maux de ventre ". Cela ne s'annonçait guère passionnant mais c'était ça aussi son travail. Elle entra dans la pièce des cassiers pour se changer et y rencontra le docteur Lewis. Elle avait apparemment terminé sa garde… Quelle chance, soupira pensivement la jeune femme.
" _Courage, " lui dit Susan comme si elle avait lut dans ses pensées. " Surtout en ce qui concerne Kerry, elle a l'air plutôt de mauvais poil aujourd'hui. Elle a sûrement dû se disputer hier avec sa Sandra. " Renchérit-elle sur un ton moqueur.
Jing-Mei se mit à rire. Entre le docteur Lewis et le docteur Weaver ce n'était pas non plus le grand amour. Elle commença à enfiler sa blouse blanche et surprit le regard curieux de Susan sur elle. Jing-Mei se retourna vers elle en fermant la porte de son casier :
" _Quoi ? " Demanda-t-elle un peu anxieuse.
" _Tu as pris un peu de poids, " rétorqua Susan sur un ton chargé de sous-entendus. Jing-Mei eut le réflexe instinctif de ramener les pans de sa blouse sur son ventre pour le cacher. " C'est bien ce que je pense alors… " Ajouta le docteur Lewis avec un sourire malicieux.
" _S'il-te-plaît, n'en parle à personne, " la supplia aussitôt Jing-Mei honteuse que son secret soit découvert.
" _Je peux au moins savoir qui est le père ? " Demanda Susan calmement car elle ne voulait surtout pas acculer sa jeune collègue.
" _Il n'y en a pas, " rétorqua un peu sèchement Jing-Mei puis prise de remords elle ajouta : " Excuse moi, je dois te paraître un peu sur la défensive mais ce bébé n'était pas vraiment souhaité… Je ne vais sûrement pas le garder tout comme le premier… "
" _Le premier ? " S'exclama Susan surprise.
" _C'est une longue histoire, " rétorqua-t-elle se maudissant d'en avoir encore trop dit. Son ton indiquait clairement qu'elle ne voulait pas continuer la discussion.
Susan referma la porte de son casier puis lança un regard réconfortant à Jing-Mei complètement perdue. Elle lui faisait penser par certains côtés à sa sœur Chloé. Cela lui serra le cœur puis finalement elle rompit le silence d'une voix douce :
" _J'ai conscience que l'on ne se connaît pas très bien, que nous sommes plus des collègues que des amies mais… " Susan fouilla dans l'une des poches de son manteau et en sortit un petit bout de papier avec un numéro de téléphone griffonné dessus. " Mais si jamais tu as besoin de parler, je suis là. "
Elle lui tendit le papier et Jing-Mei le prit d'une main tremblante. Elle le fourra aussitôt dans sa poche sans oser le regarder.
" _Merci, " balbutia-t-elle gênée.
Susan ne répondit rien et se retira en silence de la pièce.
***
" _Chargez à 150, " indiqua calmement John.
Chuny régla aussitôt l'appareil, et Carter posa les plaquettes sur le torse de monsieur Luìs coincé entre la vie et la mort.
" _Dégagez, " dit-il sur le même ton.
Le corps de l'homme fit un bond en avant et tous les regards se portèrent vers le moniteur cardiaque. Un rassurant bip régulier avait prit la place du strident bip continu.
" _On a un rythme, " indiqua Haleh en adressant un sourire de félicitations à Carter.
" _Bon travail les enfants ! " S'exclama John d'avoir au moins réussi à ramener ce patient-là à la vie. Il venait d'être admis il y a peu pour un arrêt cardiaque. Peter Benton avait déserté le bloc puisque ce n'était pas un cas chirurgical, laissant son ancien étudiant prendre les choses en main. " Prévenez-moi quand il reviendra à lui, " ordonna John en retirant sa blouse.
Il sortit du bloc pour aller prendre un peu de café en salle de repos. Il y rencontra Kerry elle aussi en train de remonter le taux de caféine présent dans son sang. John aurait préféré l'éviter mais la compagnie de son ancienne colocataire ne l'avait en fait jamais vraiment dérangé. Contrairement à la plupart de ses autres collègues, il connaissait la véritable personnalité de Kerry. Il savait qu'elle était en fait quelqu'un de très sensible et qu'il ne fallait pas se fier au premier abord. De plus, elle avait toujours été là quand il avait eu besoin d'elle.
" _Fatiguée ? " Demanda Carter avec un grand sourire.
" _Un peu, " admit Kerry en lui rendant son sourire. " Surtout que ma garde n'est pas fini. En plus j'ai l'impression que tout le monde ici fait tout pour m'énerver aujourd'hui. "
" _Moi je n'ai plus que cinq minutes à tirer, " rétorqua John non content de pouvoir quitter pendant quelques heures l'infatigable service des Urgences.
" _Profitez-en pour vous reposer Carter, vous avez l'air vraiment épuisé ! "
" _Dès que monsieur Luìs sera revenu à lui, je m'en irais, " dit-il en se servant du café.
" _Non, allez-vous en ! Je prends vos patients ! " Rétorqua-t-elle sur le ton de l'ordre.
John l'observa quelques instants, puis il la remercia d'un timide hochement de la tête avant de sortir. Kerry était contente de le voir se remettre de toutes les épreuves qu'il avait enduré, et qu'il était inutile de rappeler. Elle l'observa quelques instants à travers les vitres de la salle de repos, puis ce fut au tour de Jing-Mei de rentrer dans la pièce pour se servir du café. Les deux femmes s'échangèrent un regard glacé.
" _John a fini sa garde, " l'informa Kerry sur un ton sec. " Je vous charge de reprendre ses dossiers. "
***
" _Où est le docteur Carter ? " Demanda Chuny au bureau des admissions.
" _Il est parti, " répondit Jing-Mei alors qu'elle finissait de remplir un dossier en retard.
" _Qui prend ses patients ? J'ai monsieur Luìs en salle 4 qui vient de se réveiller. "
" _C'est moi, " répondit-elle en prenant le dossier. Elle le consulta rapidement et vit que c'était un stade terminal de leucémie. Il avait fait un cancer autour du cœur qui s'était généralisé. Encore un cas très gai ! Soupira-t-elle en sachant que cet homme n'en avait plus pour très longtemps.
Elle poussa la porte de la salle 4, tira le rideau entre les deux lits et vint s'asseoir à côté de monsieur Luìs qui semblait très fatigué. Pourtant il lui sourit quand même quand elle posa une main réconfortante sur son avant-bras. Le docteur Chen se sentit bizarrement mal à l'aise. Cet homme lui rappelait quelqu'un mais elle n'arrivait pas à dire qui.
" _Alors comment vous sentez-vous monsieur Luìs ? " Demanda-t-elle sur un ton enjoué.
" _Etant donné les circonstances, " répondit-il avec une pointe d'amertume. " Pas trop mal. Je crois que cette fois c'est vraiment la fin… Je veux signer les papiers pour qu'on ne me réanime plus la prochaine fois. "
" _Etes-vous conscient que la prochaine fois risque d'être dans les prochaines heures ? " Le questionna Jing-Mei en jetant de nouveau un coup d'œil à son dossier.
" _Oui… De toute façon, je ne serais pas pleuré sur cette terre à ma mort, alors à quoi bon faire durer mon calvaire plus longtemps ? " Rétorqua-t-il en levant les yeux au ciel.
" _Vous n'avez pas de famille ? " Demanda-t-elle consciente d'aborder un sujet sensible.
" _J'en ai eu une mais… mais je l'ai détruite. Je n'ai pas vu ni ma femme ni mes enfants depuis quinze ans environ. Et je ne crois pas qu'ils accepteraient de venir me voir, même si je suis à l'article de la mort. "
" _Monsieur Luìs… "
" _Pitié, appelez-moi Roberto. "
" _Roberto, " reprit Jing-Mei. " Donnez-moi leurs noms je peux toujours tenter de les joindre et nous verrons bien. "
" _Ils ne voudront pas me voir, je leur ai fait trop de mal. Vous ne feriez que perdre votre temps ! "
" _Et bien tant pis pour moi si j'aurais perdu mon temps mais au moins j'aurai essayé. Qui ne tente rien n'a rien, donnez-moi leurs noms s'il-vous-plaît. "
Roberto sembla un instant réfléchir, puis d'une voix molle il lui répondit enfin :
" _Ma femme se nomme Andréa Malucci car en fait nous n'étions pas marié. J'ai un fils qui doit avoir à peu près vingt-huit ans et qui se nomme David, et une fille de seize ans environ qui se nomme Louisa. Je n'ai aucune idée d'où ils habitent, je ne sais même pas s'ils vivent aux Etats-Unis ou même s'ils sont encore en vie... "
Roberto remarqua aussitôt le teint blanchâtre de la jeune femme. Elle semblait hagard comme s'il lui avait dit quelque chose de choquant. Il la fixa d'un air interrogateur mais le docteur Chen sembla reprendre ses esprits tout en passant une main nerveuse dans ses cheveux.
" _Je vais voir ça, " répondit Jing-Mei en se voulant rassurante avant de quitter précipitamment la salle.
***
A suivre…
***
Le Petit Mot De La Fin : J'espère que vous avez tout compris à ce premier chapitre. Je paris aussi que vous avez déjà des doutes sur certaines choses… ;o) Bon je m'arrête là je dois passer à l'écriture de " Ce Que Pensent Les Femmes " car je suis à la bourre ! ! !
Chapitre I : Brevoort Hotel
Auteur : Lojie
Disclaimer : Tous les personnages sont la propriété de la WB, d'Amblin et de Michael Crichton sauf Andréa Malucci, Roberto et Louisa Luìs.
Note de l'auteur : Voili voilà la version de " Yersin " telle que je l'avais imaginé au départ. Mais en écrivant avec Adeline on a confronté nos idées ce qui a donné la fanfiction que vous avez normalement tous lu ;o) Bref ne vous attendez pas à une sorte de copie car en fait l'histoire est fondamentalement différente. Bon j'avoue que cette fanfiction est un peu basée sur le modèle des films français, c'est-à-dire on baise avant et on réfléchit ensuite, donc excusez-moi d'être un peu trop imprégnée de la culture de mon pays ;o) Pour le reste les personnages principaux restent Dave et Jing-Mei mais les personnages secondaires ont une place beaucoup plus importante. Même Abby a son petit rôle ! Par contre même règle que pour " Yersin ", dépressifs de tout poil passez votre chemin !
*** *** ***
La cicatrice descendait de sous son pectoraux droit jusqu'au dessus de sa hanche. Longue de quelques centimètres, elle contrastait par sa couleur mauve contre sa peau olive. D'autres plus minces et souvent de teintes pourpres étaient disséminées un peu partout sur son torse. Dans son dos se trouvaient aussi quelques petites brûlures brunes et rondes. Il passa sa main avec nonchalance sur quelques unes des cicatrices, presque avec affection. Il avait tellement l'habitude de sentir leur aspect rugueux sous ses doigts, elles faisaient parties de lui, elles étaient son passé et donc elles étaient lui.
Il ferma les yeux et tout lui revint en mémoire si distinctement. Il voyait encore les grains de poussières qui dansaient dans le pâle et blanchâtre rayon de soleil passant par la fenêtre. Il sentait encore l'odeur du petit appartement logé sous le toit de l'immeuble délabré. C'était un mélange de moisi, de béton, de ferraille et de pollution. Les sons aussi lui revinrent. Il entendit les éclats de rire de ses sœurs, les sourires silencieux de sa mère, et puis…
" _ J'AI JAMAIS DEMANDE A T'AVOIR ! "
Et puis tous ses muscles tressaillirent soudainement et il rouvrit les yeux. Il poussa un long soupir de lassitude puis cessa de s'admirer dans son miroir pour enfiler un marcel. Il mit par-dessus une chemise blanche fraîchement repassée, et enfin un veston noir sans un grain de poussière. L'hiver de New-York était rude et il n'avait vraiment pas envie de tomber malade. Il n'oublia pas de passer autour de son cou sa chaîne de baptême au bout duquel pendait une croix dorée, il la porta cérémonieusement à ses lèvres et suivit son geste d'un rapide signe de croix sur le front. La journée s'annonçait horrible, sûrement l'une des pires de sa vie…
***
Tout ce dont elle avait besoin c'était d'un double whisky et sans glace. Jing-Mei sortit à grands pas du cimetière pour fuir ce sentiment désagréable qui avait envahi ses entrailles. Il était situé juste en face de l'île de Manhattan et l'herbe toujours verte y était parfaitement tondue. Plusieurs personnes entièrement vêtues de noir étaient silencieusement regroupées autour de quelques sépultures. De nombreux merles se promenaient entres les tombes fleuries avec pour fond les grands immeubles du centre financier. Même si l'absence des deux tours donnait un léger sentiment de mal à l'aise, l'endroit paraissait idyllique et si calme, un endroit parfait pour le repos des morts.
Elle jeta son dévolu sur un petit bar dans la rue faisant face au cimetière. Jing-Mei poussa la lourde porte un peu graisseuse et ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à l'obscurité ambiante. La plupart des clients étaient des hommes et ils se retournèrent tous vers elle la mitraillant de regards intéressés. Jing-Mei nullement impressionnée releva la tête et observa la salle pour trouver une table vide. Soudainement ses yeux furent accrochés par une silhouette familière. Elle mit quelques instants avant de réaliser qui était cet homme et décida d'aller s'asseoir en face de lui.
Il releva le regard surpris en la voyant s'asseoir devant lui. Lui non plus ne s'attendait apparemment pas à la rencontrer dans ce bar si loin de Chicago. C'était la première fois que Jing-Mei le voyait en veston. Cela le changeait … plutôt en bien d'ailleurs. Hormis sa chemise blanche il était lui aussi entièrement vêtu de noir. De plus son regard grave et profond ainsi que son visage figé montrait qu'il n'était pas dans son meilleur jour. Une petite croix en or pendait autour de son cou. Dave Malucci se décida finalement à lui adresser ce sourire dont il avait le secret tout en s'adossant dans le fond de sa chaise :
" _Jing-Mei… Quelle surprise de te voir ici… " Dit-il en articulant lentement. Il n'y avait aucune pointe de joie dans sa voix ce qui contrastait avec ce sourire continuellement collé sur son visage.
Dave observa rapidement la jeune femme assise en face de lui. Elle portait un tailleur noir et de longs bas sombres. Son maquillage discret et sobre ajoutait une note de tristesse en plus à sa tenue. Le mascara avait légèrement coulé faisant ressortir ses yeux encore brillants à cause des larmes.
" _Apparemment on est venu à New-York pour la même chose, " répondit-elle finalement en voyant son regard curieux qui la parcourait. " Qui c'était toi ? " Demanda Jing-Mei la voix légèrement tremblante.
" _Une… Un cousin éloigné, " mentit Dave en bégayant quelque peu. " Je le connaissais à peine. Et toi ? "
" _Et bien… Moi c'était une tante, " mentit à son tour Jing-Mei avec peu d'assurance. " Je ne la connaissais pas très bien non plus. "
Le couple avait parfaitement deviné que celui d'en face n'avait pas dis la vérité. Mais ni l'un ni l'autre n'avait envie de parler de l'être cher qu'ils venaient de perdre. Après tout, Jing-Mei et Dave n'avaient jamais vraiment été amis. Hormis le cas Mafran qui les avaient un peu rapproché, leurs relations avaient constitué en un éternel marivaudage sans but réel. Une silhouette interrompit brusquement leur silencieux et gênant face à face :
" _Toutes mes condoléances monsieur Luìs, " salua un jeune homme au visage rongé par l'acné en tendant une main à Dave. " Je suis un ami de sa classe, elle va beaucoup me manquer. "
" _Merci, " murmura timidement Malucci en évitant le regard de l'adolescent et de Jing-Mei. Il répondit distraitement à la poignée de main, et le jeune homme se retira après un sourire de circonstance.
" _Luìs ? " S'étonna Jing-Mei en le fixant sans pudeur.
"_ Oui… " Balbutia Dave gêné. " Luìs est mon vrai nom de famille, mais comme mes parents n'étaient pas mariés j'utilise le plus souvent celui de ma mère Malucci… Je préfère… "
Jing-Mei nota aussitôt le passé dans sa phrase. Elle se rappelait aussi clairement avoir entendu l'adolescent dire " elle ". Hors Dave lui avait dit qu'il était venu pour l'enterrement d'un cousin. Mais elle n'allait pas se plonger dans un long interrogatoire pour lui arracher la vérité. Elle n'en avait ni l'envie ni le courage. Et puis elle aussi lui avait menti.
" _On doit faire pitié à voir, " reprit Dave en finissant sa bière. Jing-Mei s'aperçut alors qu'elle n'avait même pas commandé. " Tu restes longtemps à New-York ? " Demanda-t-il alors qu'une lueur maligne s'allumait dans son regard. La question était piégée et sous-entendait une invitation à sortir.
" _Une nuit, " répondit-elle en soutenant son regard. " Puis je retourne à Chicago car j'ai beaucoup de choses à faire. Et toi ? "
" _Une semaine, " enchaîna-t-il. " C'est ma ville natale ici et j'ai besoin de me ressourcer… Et puis il n'y a pas grand chose qui m'attend à Chicago. "
" _Tu n'as pas retrouvé d'emploi ? " Demanda-t-elle en passant nerveusement une main dans ses cheveux. Il baissa gravement le visage.
" _Je suis moonligther au Northwestern et au Mercy. Weaver m'a torpillé. Sinon je n'ai pas vraiment d'occupations mais j'arrive à boucler mes fins de mois. C'est le plus important… Et puis ma situation pourrait être pire je n'ai pas à me plaindre… En vérité ma situation a déjà été bien pire… " Avoua-t-il finalement dans un demi sourire. " Enfin je crois… "
" _Je n'aime pas trop cet endroit, " dit soudainement Jing-Mei en changeant brutalement le sujet de la discussion. " Allons autre part. "
" _Où ça ? " Demanda Dave en mettant un billet à côté de sa chope. " Tu sais à cinq heures de l'après-midi il n'y a pas grand chose à faire ici. New-York se réveille surtout la nuit… "
" _Allons à mon hôtel, " proposa Jing-Mei sachant très bien l'offre qu'elle était en train de faire à son ancien collègue.
Il ne sembla pas étonné de la proposition de la jeune femme. Au contraire il lui décocha son large sourire colgate sans la quitter du regard. Jing-Mei avait besoin de se changer les idées et lui aussi. De ce fait Dave ne se fit pas prier.
" _Tu loges où ? "
" _Le Brevoort sur la cinquième, " répondit-elle en attendant sa réaction. Elle ne se fit pas attendre.
" _Wouah ! " S'exclama-t-il provoquant le rire de la jeune femme. " C'est la classe cet hôtel ! Le prix de la nuit doit correspondre à mon loyer mensuel ! "
Jing-Mei se calma, reprit un peu de contenance puis se leva. Il l'aida aussitôt à enfiler son manteau et le couple sortit rapidement du bar. Ils appelèrent un taxi jaune qui s'enfonça aussitôt dans la dense circulation en direction de l'île.
***
La bouteille vide trônait sur la table basse. Un quart d'heure plus tôt, ce fut une bouteille de champagne millésimé aux bulles piquantes et généreuses, chatouillant tout le long de votre œsophage à mesure que le liquide enivrant coulait dans votre gorge. La fenêtre était légèrement entrouverte et les bruits de la circulation remontaient sous forme de rumeurs jusqu'à la chambre. Tous les fauteuils étaient richement brodé et Dave se rappelait sans peine que la dernière fois qu'il était entré dans une chambre du Brevoort, c'était en tant que portier pour se faire un peu d'argent durant les vacances.
Ils avaient trinqué à leurs vies personnelles respectives, apparemment aussi pitoyables l'une que l'autre, au pauvre cas Mafran ce jeune homme qui était mort par leur faute, à cette garce de Kerry Weaver, aux êtres chers qu'ils venaient de perdre… La bouteille était descendue rapidement et leur métabolisme n'avait pas encore eu le temps d'assimiler tout l'alcool. Une douce torpeur et une soudaine légèreté s'étaient emparées d'eux. Tous les deux étaient affalés sur le divan et maintenant que la bouteille était vide, ils allaient pouvoir passer à d'autres occupations, l'alcool ayant totalement anéanti le peu de gêne qui aurait pu subsister entre eux.
Les chaussures à talons de Jing-Mei gisaient dans le hall et sa petite veste avait vite été retirée à cause de la chaleur. La cravate de Dave pendait avec nonchalance sur le bord d'un siège Louis XIV, son veston avait glissé et se trouvait dessous sur le tapis entièrement brodé à la main. Sur le divan Jing-Mei lui tournait le dos alors qu'il l'observait en silence. Dave jeta un dernier regard un peu déçu à la bouteille de champagne vide, puis réorienta tous ses sens vers elle.
Jing-Mei sentit la main de Malucci, où Luìs peu importe, qui se glissait sous son débardeur en soie noire. Ses lèvres se posèrent sur son épaule qu'il mordilla tendrement. Son parfum la captivait et elle frissonna aux petites décharges électriques familières qui lui parcouraient le corps. Il lui retira le débardeur lentement comme si le temps n'avait plus court. Peu pressé ils avaient toute la fin d'après-midi et la nuit devant eux, alors autant faire durer le plaisir.
Dave explorait ce terrain inconnu avec émerveillement. Il y avait souvent songé du temps du County mais cela lui paraissait si lointain à présent, comme une autre vie. Jing-Mei lui faisait toujours dos et il se décida à la retourner vers elle. Il dégrafa rapidement son soutien-gorge d'un geste expérimenté. Tout en faisant glisser le sous-vêtement avec langueur, il se pencha vers elle et goûta à ses lèvres pour la première fois. Elles étaient sucrées et épicés en même temps, un délice qu'il délaissa pourtant pour parcourir son cou vulnérable. Il avait toujours eu une nette attirance pour la nuque des femmes, qu'il considérait comme le champ de bataille entre les pulsions du corps et le raisonnement de la tête.
Jing-Mei sentait ses baisers se durcir. La passion commençait à le gagner tout comme elle. Il effleura du menton ses seins qui se durcirent aussitôt. Puis alors qu'une de ses mains était sagement posé sur les côtes de la jeune femme, elle sentit l'autre prendre un de ses seins pour le diriger droit vers ses lèvres. Jing-Mei sentit tous les muscles de son ventre se crisper, obligeant sa respiration à s'accélérer. Elle se redressa brusquement l'interrompant dans l'exploration de sa poitrine et le força à retrouver le chemin de ses lèvres.
Dave sentait qu'elle voulait le dominer, qu'elle avait besoin de le dominer. Il se laissa faire et l'embrassa profondément. Il sentait le désir gonfler en lui sans que rien ne puisse le stopper. Jing-Mei entreprit de lui enlever sa chemise mais ses doigts nerveux dérapaient sur certains boutons. Il l'aida et la retira rapidement en même temps que le marcel indispensable à cause du temps pluvieux de la côte est. Dave remarqua alors le regard de la jeune femme traversé par une ombre de peur. C'était comme ça à chaque fois.
Jing-Mei eut un léger mouvement de recul en voyant toutes les cicatrices sur le torse de Dave. Et plus particulièrement une longue violette qui partait de son pectoraux et disparaissait sous le tissu de son pantalon. Elle nota aussi un changement dans la respiration de Dave, son souffle était plus haletant comme s'il était effrayé de quelque chose. Elle le força à s'allonger sur le divan et prit place à califourchon sur lui. Elle promena ses mains sur lui en sentant ses muscles qui se nouaient sous sa peau olive. Il sembla se détendre légèrement. Puis ses lèvres se joignirent à ses mains et elle goûta à sa peau salé par l'effort.
Les cicatrices avaient un aspect rugueux qui ne lui déplaisait pas et elle promena longuement sa langue dessus. Dave ne sembla pas s'en offusquer et y prenait même beaucoup de plaisir à entendre ses gémissements. Jing-Mei arriva sur la longue cicatrice mais il interposa aussitôt sa main :
" _Pas celle-là, " supplia-t-il essoufflé. " Toutes mais pas celle-là… "
Jing-Mei lui jeta un regard interrogateur puis finalement continua sa descente en l'évitant. Dave l'en remercia silencieusement. Il la vit faire glisser son pantalon le long de ses jambes avec un sourire gourmand qu'elle ne cherchait même pas à cacher. Il ne lui connaissait vraiment pas ce côté-là de sa personnalité, puis il ferma les yeux pour mieux savourer les sensations qu'elle faisait naître en lui. Son caleçon eut tôt fait de rejoindre son pantalon sur le tapis. Ses doigts se crispèrent au tissu du divan quand elle prit sa verge entre ses lèvres.
Jing-Mei le sentait sous lui qui brûlait d'impatience de reprendre le contrôle des choses. Puis ayant décidée qu'elle s'était assez amusée, elle le laissa se redresser pour qu'à son tour il prenne position au-dessus d'elle. Le regard fiévreux il ne semblait plus conscient de ce qui l'entourait, une seule chose le captivait c'était elle. Bêtement elle se mit à rougir alors qu'ils avaient déjà dépassé depuis longtemps les premiers stades de l'intimité. Il fit glisser sa jupe et rouler avec lenteur chacun de ses bas.
Dave se mit à mordiller les orteils du pied droit de Jing-Mei. Son corps dénudé fut alors agité par quelques rires autant chargé d'excitement que de nervosité. Ses lèvres et ses baisers précédaient ses mains qui se dirigeaient lentement et sûrement vers le point le plus sensible de l'anatomie féminine. Calé entre ses fines et longues jambes, il sollicita le petit bout de peau si sensible. Jing-Mei se mordit aussitôt la lèvre inférieure pour tenter d'étouffer les râles qui remontaient le long de sa gorge. Mais elle ne put se contenir plus longtemps. Dave attentif aux sons et aux mouvements, se sentit encouragé par les tremblements du corps de sa compagne.
La première vague la submergea avant même que Jing-Mei ne s'y attende. Tous les muscles de son corps se tendirent en un seul mouvement. Son esprit ne contrôlait plus rien et son dos s'arqua de lui même alors que des bouffées de plaisir remontaient le long de sa colonne vertébrale. Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle qu'elle sentit les lèvres de Dave chercher avidement les siennes.
Il ne tenait plus. Dave avait l'impression qu'il allait implosé tant il avait envie d'elle à ce moment précis. Une boule de plaisir lui nouait le bas-ventre et se débattait avec rage pour se libérer. Il agrippa une de ses mains et ils nouèrent leurs doigts. Appuyé sur son bras droit alors que Jing-Mei avait son autre main qui faisait des allers retours de sa nuque au bas de son dos, il entra en elle. Leurs ventres se collèrent à cause de leurs cambrures respectives. Il commença son va-et-vient perdant peu à peu le contrôle de lui-même. Il dérivait lentement vers la jouissance suprême guidant Jing-Mei dans son sillage.
Elle vit apparaître un rictus de plaisir et en même temps de douleur sur le visage de Dave. Sentant ce corps masculin tendu à l'extrême, elle était à présent envahie par les mêmes sensations que lui. Elle lâcha subitement sa main pour le plaquer encore plus contre elle, pour qu'il entre encore plus profondément en elle. Mais leurs deux corps avaient atteint leurs limites et après un dernier sursaut, Dave retomba sur elle à bout de souffle. De petits cheveux étaient collés tout autour de son front en sueur alors que sa cage thoracique s'abaissait et se relevait sous forme de saccades. Il voulut se retirer pour rouler sur le côté mais elle le retint :
" _Reste encore un peu… Encore quelques instants… "
Dave ne répondit et cala sa tête dans le creux de son épaule, respirant pleinement l'odeur féminine de Jing-Mei.
***
Le téléphone sonna juste à côté de son tympan gauche. Jing-Mei fit un bond en avant faisant tomber au sol le coussin qu'elle serrait dans ses bras. Elle se trouvait glissée entre les grands draps blancs et froids du lit de sa chambre d'hôtel. Elle ne se rappelait pas s'y être couchée et en voyant la bouteille de champagne vide sur la table basse, Jing-Mei se rappela de ce qui c'était passé la veille et en conclut que Dave l'avait couché après qu'elle se soit endormie. Les sonneries se firent plus insistantes et elle décrocha enfin le combiné :
" _Allô ? "
" _Mademoiselle Chen ? " Demanda une voix polie à l'autre bout du fil. " Vous aviez demandé que l'on vous réveille à huit heures. "
" _Ah… Oui, c'est vrai. Merci. "
" _De rien, " répondit la standardiste avant de raccrocher.
Jing-Mei consulta la petite horloge sur la table de nuit qui indiquait bien huit heures. Son avion ne décollait qu'à onze heures mais elle devait aller faire enregistrer ses bagages. De mauvaise grâce, elle sortit de son lit et enfila un fin peignoir de satin avant de se diriger vers la salle de bains.
***
4 mois plus tard
" _Je veux Carter, Benton dans la baie des ambulances TOUT DE SUITE ! Chuny ! Haleh ! Au lieu de papoter accompagnez-les ! Randi vous me reposez ce journal et répondez au téléphone CA VOUS CHANGERA ! Malik ! Le docteur Kovac vous attend depuis déjà des lustres au rideau 2 ! Abby ! Vous n'êtes pas encore payé pour boire du café alors AU BOULOT ! Mais il n'y a vraiment que moi qui travailles ici ? ! ? "
Kerry hurlait tel un chien enragé au milieu de tout le personnel médical des Urgences, qui courbait l'échine sous ses hurlements. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été autant de si mauvaise humeur et bien sûr, Jing-Mei choisit ce moment pour arriver… en retard de treize bonnes minutes. Et c'est bien connu qu'avec ce chiffre il ne fallait mieux pas être superstitieux.
Sitôt après avoir passé les portes automatiques, elle vit le docteur Weaver les yeux injectés de sang qui se retournait vers lui. Elle vit sa main crispée sur sa béquille, si serrée qu'elle pourrait presque la briser comme une simple brindille. L'envie de prendre ses jambes à son cou et de fuir très loin et très vite effleura aussitôt son esprit. Mais comme l'innocente petite souris face au grand et hypnotisant cobra, Jing-Mei restait tétanisée devant sa supérieure. Elle vit sur sa droite Randi mettre une main devant sa bouche pour que Weaver ne voit pas qu'elle pouffait de rire. Ca allait encore être sa fête. Depuis qu'elle s'était faite réintégrée à l'équipe des Urgences du Cook County, Weaver ne la lâchait pas d'une semelle profitant de chaque occasion pour la rabaisser et de préférence en public.
" _DOCTEUR CHEN ! ! ! QUEL HONNEUR DE VOUS VOIR ENFIN PARMI NOUS ! " Ajouta-t-elle vociférante. Jing-Mei évitait royalement son regard. Mais pourquoi se sentait-elle obligée de hurler quand elle lui parlait ? ? ? " VOUS ETES ENCORE EN RETARD ET POUR LA PEINE JE VOUS CONSIGNE AUX DOSSIERS MINEURES POUR LE RESTE DE LA SEMAINE ! "
" _Oui docteur Weaver, " répondit timidement Jing-Mei en songeant sérieusement à s'engager dans l'armée, car aucun commandant ne pouvait être pire que Kerry Weaver… Sa supérieure s'éloigna d'un pas déterminée. " Sale carne. " Marmonna-t-elle tout bas après s'être assurée qu'elle était trop loin pour l'entendre.
Elle comprenait à présent pourquoi Dave avait finalement craqué et avait osé dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas de Kerry. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour une fois lui répondre et lui avouer tout ce qu'elle avait sur le cœur. Mais Jing-Mei tenait à son emploi au Cook County, elle qui avait déjà eu tant de mal à le récupérer, elle n'allait pas tout gâcher pour " outrage à supérieur ".
" _Hé papillon ! " La tira Randi de ses pensées. " Tes futurs patients t'attendent. "
Jing-Mei lui adressa un pâle sourire. Elle s'approcha du râtelier et prit le premier dossier de la pile. Elle y jeta un bref coup d'œil et y lut " maux de ventre ". Cela ne s'annonçait guère passionnant mais c'était ça aussi son travail. Elle entra dans la pièce des cassiers pour se changer et y rencontra le docteur Lewis. Elle avait apparemment terminé sa garde… Quelle chance, soupira pensivement la jeune femme.
" _Courage, " lui dit Susan comme si elle avait lut dans ses pensées. " Surtout en ce qui concerne Kerry, elle a l'air plutôt de mauvais poil aujourd'hui. Elle a sûrement dû se disputer hier avec sa Sandra. " Renchérit-elle sur un ton moqueur.
Jing-Mei se mit à rire. Entre le docteur Lewis et le docteur Weaver ce n'était pas non plus le grand amour. Elle commença à enfiler sa blouse blanche et surprit le regard curieux de Susan sur elle. Jing-Mei se retourna vers elle en fermant la porte de son casier :
" _Quoi ? " Demanda-t-elle un peu anxieuse.
" _Tu as pris un peu de poids, " rétorqua Susan sur un ton chargé de sous-entendus. Jing-Mei eut le réflexe instinctif de ramener les pans de sa blouse sur son ventre pour le cacher. " C'est bien ce que je pense alors… " Ajouta le docteur Lewis avec un sourire malicieux.
" _S'il-te-plaît, n'en parle à personne, " la supplia aussitôt Jing-Mei honteuse que son secret soit découvert.
" _Je peux au moins savoir qui est le père ? " Demanda Susan calmement car elle ne voulait surtout pas acculer sa jeune collègue.
" _Il n'y en a pas, " rétorqua un peu sèchement Jing-Mei puis prise de remords elle ajouta : " Excuse moi, je dois te paraître un peu sur la défensive mais ce bébé n'était pas vraiment souhaité… Je ne vais sûrement pas le garder tout comme le premier… "
" _Le premier ? " S'exclama Susan surprise.
" _C'est une longue histoire, " rétorqua-t-elle se maudissant d'en avoir encore trop dit. Son ton indiquait clairement qu'elle ne voulait pas continuer la discussion.
Susan referma la porte de son casier puis lança un regard réconfortant à Jing-Mei complètement perdue. Elle lui faisait penser par certains côtés à sa sœur Chloé. Cela lui serra le cœur puis finalement elle rompit le silence d'une voix douce :
" _J'ai conscience que l'on ne se connaît pas très bien, que nous sommes plus des collègues que des amies mais… " Susan fouilla dans l'une des poches de son manteau et en sortit un petit bout de papier avec un numéro de téléphone griffonné dessus. " Mais si jamais tu as besoin de parler, je suis là. "
Elle lui tendit le papier et Jing-Mei le prit d'une main tremblante. Elle le fourra aussitôt dans sa poche sans oser le regarder.
" _Merci, " balbutia-t-elle gênée.
Susan ne répondit rien et se retira en silence de la pièce.
***
" _Chargez à 150, " indiqua calmement John.
Chuny régla aussitôt l'appareil, et Carter posa les plaquettes sur le torse de monsieur Luìs coincé entre la vie et la mort.
" _Dégagez, " dit-il sur le même ton.
Le corps de l'homme fit un bond en avant et tous les regards se portèrent vers le moniteur cardiaque. Un rassurant bip régulier avait prit la place du strident bip continu.
" _On a un rythme, " indiqua Haleh en adressant un sourire de félicitations à Carter.
" _Bon travail les enfants ! " S'exclama John d'avoir au moins réussi à ramener ce patient-là à la vie. Il venait d'être admis il y a peu pour un arrêt cardiaque. Peter Benton avait déserté le bloc puisque ce n'était pas un cas chirurgical, laissant son ancien étudiant prendre les choses en main. " Prévenez-moi quand il reviendra à lui, " ordonna John en retirant sa blouse.
Il sortit du bloc pour aller prendre un peu de café en salle de repos. Il y rencontra Kerry elle aussi en train de remonter le taux de caféine présent dans son sang. John aurait préféré l'éviter mais la compagnie de son ancienne colocataire ne l'avait en fait jamais vraiment dérangé. Contrairement à la plupart de ses autres collègues, il connaissait la véritable personnalité de Kerry. Il savait qu'elle était en fait quelqu'un de très sensible et qu'il ne fallait pas se fier au premier abord. De plus, elle avait toujours été là quand il avait eu besoin d'elle.
" _Fatiguée ? " Demanda Carter avec un grand sourire.
" _Un peu, " admit Kerry en lui rendant son sourire. " Surtout que ma garde n'est pas fini. En plus j'ai l'impression que tout le monde ici fait tout pour m'énerver aujourd'hui. "
" _Moi je n'ai plus que cinq minutes à tirer, " rétorqua John non content de pouvoir quitter pendant quelques heures l'infatigable service des Urgences.
" _Profitez-en pour vous reposer Carter, vous avez l'air vraiment épuisé ! "
" _Dès que monsieur Luìs sera revenu à lui, je m'en irais, " dit-il en se servant du café.
" _Non, allez-vous en ! Je prends vos patients ! " Rétorqua-t-elle sur le ton de l'ordre.
John l'observa quelques instants, puis il la remercia d'un timide hochement de la tête avant de sortir. Kerry était contente de le voir se remettre de toutes les épreuves qu'il avait enduré, et qu'il était inutile de rappeler. Elle l'observa quelques instants à travers les vitres de la salle de repos, puis ce fut au tour de Jing-Mei de rentrer dans la pièce pour se servir du café. Les deux femmes s'échangèrent un regard glacé.
" _John a fini sa garde, " l'informa Kerry sur un ton sec. " Je vous charge de reprendre ses dossiers. "
***
" _Où est le docteur Carter ? " Demanda Chuny au bureau des admissions.
" _Il est parti, " répondit Jing-Mei alors qu'elle finissait de remplir un dossier en retard.
" _Qui prend ses patients ? J'ai monsieur Luìs en salle 4 qui vient de se réveiller. "
" _C'est moi, " répondit-elle en prenant le dossier. Elle le consulta rapidement et vit que c'était un stade terminal de leucémie. Il avait fait un cancer autour du cœur qui s'était généralisé. Encore un cas très gai ! Soupira-t-elle en sachant que cet homme n'en avait plus pour très longtemps.
Elle poussa la porte de la salle 4, tira le rideau entre les deux lits et vint s'asseoir à côté de monsieur Luìs qui semblait très fatigué. Pourtant il lui sourit quand même quand elle posa une main réconfortante sur son avant-bras. Le docteur Chen se sentit bizarrement mal à l'aise. Cet homme lui rappelait quelqu'un mais elle n'arrivait pas à dire qui.
" _Alors comment vous sentez-vous monsieur Luìs ? " Demanda-t-elle sur un ton enjoué.
" _Etant donné les circonstances, " répondit-il avec une pointe d'amertume. " Pas trop mal. Je crois que cette fois c'est vraiment la fin… Je veux signer les papiers pour qu'on ne me réanime plus la prochaine fois. "
" _Etes-vous conscient que la prochaine fois risque d'être dans les prochaines heures ? " Le questionna Jing-Mei en jetant de nouveau un coup d'œil à son dossier.
" _Oui… De toute façon, je ne serais pas pleuré sur cette terre à ma mort, alors à quoi bon faire durer mon calvaire plus longtemps ? " Rétorqua-t-il en levant les yeux au ciel.
" _Vous n'avez pas de famille ? " Demanda-t-elle consciente d'aborder un sujet sensible.
" _J'en ai eu une mais… mais je l'ai détruite. Je n'ai pas vu ni ma femme ni mes enfants depuis quinze ans environ. Et je ne crois pas qu'ils accepteraient de venir me voir, même si je suis à l'article de la mort. "
" _Monsieur Luìs… "
" _Pitié, appelez-moi Roberto. "
" _Roberto, " reprit Jing-Mei. " Donnez-moi leurs noms je peux toujours tenter de les joindre et nous verrons bien. "
" _Ils ne voudront pas me voir, je leur ai fait trop de mal. Vous ne feriez que perdre votre temps ! "
" _Et bien tant pis pour moi si j'aurais perdu mon temps mais au moins j'aurai essayé. Qui ne tente rien n'a rien, donnez-moi leurs noms s'il-vous-plaît. "
Roberto sembla un instant réfléchir, puis d'une voix molle il lui répondit enfin :
" _Ma femme se nomme Andréa Malucci car en fait nous n'étions pas marié. J'ai un fils qui doit avoir à peu près vingt-huit ans et qui se nomme David, et une fille de seize ans environ qui se nomme Louisa. Je n'ai aucune idée d'où ils habitent, je ne sais même pas s'ils vivent aux Etats-Unis ou même s'ils sont encore en vie... "
Roberto remarqua aussitôt le teint blanchâtre de la jeune femme. Elle semblait hagard comme s'il lui avait dit quelque chose de choquant. Il la fixa d'un air interrogateur mais le docteur Chen sembla reprendre ses esprits tout en passant une main nerveuse dans ses cheveux.
" _Je vais voir ça, " répondit Jing-Mei en se voulant rassurante avant de quitter précipitamment la salle.
***
A suivre…
***
Le Petit Mot De La Fin : J'espère que vous avez tout compris à ce premier chapitre. Je paris aussi que vous avez déjà des doutes sur certaines choses… ;o) Bon je m'arrête là je dois passer à l'écriture de " Ce Que Pensent Les Femmes " car je suis à la bourre ! ! !
