Petites précisions pour commencer:
- Les souvenirs sont écrits en italique.
- La fic contient 4 chapitres.
- Disclaimer : les personnages ont tous été empruntés à M. Kishimoto... Mais je n'ai pas jamais promis de les lui rendre après.
oooooOOOOooooOOOOooooo
Si vous êtes éveillé avant l'aube, il vous reste deux possibilités. La meilleure c'est de vous rendormir.
Évidemment, quand ce n'est plus possible c'est frustrant. Mais vous pouvez tout de même rester au chaud et continuer à rêver les yeux ouverts.
Ce que je dis là ne concerne bien entendu que les personnes sensées, celles qui aiment leur oreiller. Ca exclu d'emblée les allumés comme Rock Lee ou Kiba… Pourtant, même lorsque vous n'êtes pas un fanatique de l'effort inutile ou un crétin agité, il arrive parfois que vous ne puissiez rester couché.
Et aujourd'hui, justement, est un de ces jours très chiants où je ne peux demeurer davantage dans mon lit.
Il flotte dans ma chambre une odeur de renfermé. Je m'extirpe des couvertures et m'habille sans bruit. J'essaye d'oublier le rêve que j'ai encore fait. Et s'il y a toujours des ombres dans mon esprit lorsque je pousse la porte d'entrée, je suis cependant suffisamment lucide à présent pour veiller à ne pas la faire grincer : je suis matinal, pas dingue, ma mère m'arracherait les yeux si je la réveillais si tôt.
Je vais voir Asuma. Ca ne m'amuse pas. En plus, il pleut. C'est galère, vous n'imaginez même pas.
Mais il faut que j'y aille.
Il n'y aura plus de repos pour moi de toute façon. Je sais bien pourquoi. Ça fait partie des milliers de choses que je sais et qui ne me servent à rien.
Les rues sont désertes et je suis déjà trempé. J'allume une cigarette. Évidemment, ça ne change rien à l'humidité et au fait que je sois le seul timbré dehors. Malgré tout, ça me réconforte un peu. J'ai une sorte d'alibi: je suis sorti pour fumer.
Et je songe que présentement Asuma guide mes pas. Mais je ne sais si c'est une prière ou un constat.
En passant devant le terrain d'entraînement, je suis brusquement tiré de mes pensées : quelqu'un m'appelle par mon prénom. A la façon dont la voix achoppe sur la troisième syllabe, je sais à qui elle appartient avant même de me retourner.
Et puis Hinata me rejoint:
«-Bonjour Shikamaa..maru-kun.
-'lut Hinata. »
Je croise son regard. Une fraction de seconde. Aussitôt, elle baisse les yeux sur ses mains. Et reste là, muette et très concentrée sur les cuticules de ses pouces. C'est ce qu'on appelle "avoir de la conversation"!
Pourtant, je jure que j'essaye toujours de la mettre à l'aise, mais ça donne à peu près autant de résultats que lorsque Gai cherche à convaincre Neji de porter la même tenue de combat que lui… Je me demande comment Naruto peut supporter ça, surtout que ça empire furieusement lorsqu'il est là. Oui, je sais qu'elle est gentille, mais c'est chiant qu'elle ne puisse pas se détendre...
Sans quitter ses doigts des yeux, elle demande :« Toi aussi tu… tu viens t'entraîner ?»
«-Pff… nan, mais t'as vu l'heure ? » Et voilà! Ça c'est ce crétin de Naruto qui déteint ! Je soupire :
«- Hinata, il n'est même pas encore 6 heures du matin... » Et là, rien que de me souvenir de l'heure qu'il est, c'est plus fort que moi : je baille.
Elle paraît surprise, lève rapidement les yeux vers moi et s'en retourne vite à l'inspection de ses phalanges (au cas où l'une d'entre elles aurait disparue je suppose). «Excuse-moi, c'est idiot. Bien sûr: c'est beau…beaucoup trop tôt pour, pour s'entraîner. Mais…Mais pour moi, c'est nécessaire. Je veux dire , si… si… si je veux être à la même hauteur que les autres…je dois m'entraîner davantage et...»
Qu'elle me gonfle quand elle se dénigre comme ça! Sérieux : c'est une ninja de Konoha, à quoi elle joue ? D'ailleurs elle semble enfin se rendre compte que je la regarde de travers, parce qu' elle s'arrête soudainement de parler. Elle paraît effarée. Et puis elle se mord la lèvre et se dépêche d'ajouter:
«-Non! Non! Pas toi Shikamaru-kun ! Tu..n'en as pas besoin ! Toi…tu n'es pas si nul! Non! Je ne pensais absolument pas à ça… Mais, mais comme tu es là si tôt, j'en ai déduis que… mais, mais, bien sûr: je me suis trompée… Je ne voudrais pas que tu crois que je pense que tu… en fait, je ne voulais pas dire ça… c'est… enfin je…»
Là, il faut vraiment que je l'arrête avant qu'elle ne s'enfonce davantage. C'est galère de devoir toujours gérer la conversation pour deux… Mais bon, dans le fond j'aime bien Hinata et, sincèrement, je déteste la voir se torturer de la sorte.
«-Je sais Hinata. Ce matin je vais voir Asuma.
-…
-Allez, bonne chance pour ton entraînement. Dis-je en tournant les talons.
-Ah? Merci Shikamaru-kun. Euh… bonne route…»
Je soupire. Je pense à Asuma, à ce qu'il m'a dit à la rivière. C'est gonflant, mais si je veux devenir aussi cool que lui il faut bien que je fasse quelque chose pour ça… Et puis maintenant que je suis réveillé, après tout, le plus dur est fait ! Du coup, je me retourne. Hinata est encore là, mais elle est tournée vers le terrain d'entraînement.
«-Eh Hinata! Je crois que t'es la personne la plus courageuse que je connaisse ! Même Neji ne commence pas l'entraînement avant 6h… »
Elle se retourne et même à dix pas, dans le noir je peux voir qu'elle rougit.
«-Fais gaffe, si tu continues comme ça, tu va finir Hokage avant Naruto et il ne te le pardonnera certainement pas….»
Là, elle rit franchement, tellement l'idée lui paraît folle.
Je la fixe dans les yeux.
«- Bon, peut-être pas. Mais tu es tellement plus courageuse que tu ne le crois...»
Nos regards s'affrontent : son incrédulité contre ma sincérité et ma confiance en elle. Elle baisse un peu les yeux et puis les relève et me sourit. Écarlate. Je lui rends son sourire.
«-Tchao Hinata »dis-je, en reprenant mon chemin. Je ne me retourne pas: je ne veux pas qu'elle pense que malgré ce que j'ai dit je m'en fais pour elle.
Et puis, cette conversation m'a encore rappelé Asuma et des souvenirs m'assaillent sans que j'ai vraiment ni la force ni l'envie de les chasser. Il est devenu le centre gravité de ma pensée. Tout m'y ramène et je ne lutte pas.
Je laisse mon esprit vagabonder, tandis que mes pas me guident seuls.