Prologue

Sa valise s'effondra gauchement sur le plancher brunâtre de l'entrée de la maison, tandis qu'il tournait sa tête dans ma direction, enfonçant ainsi son regard chocolat, similaire au mien, dans mes yeux surchargés de tristesse et de douleur. Cependant, la surprise m'habitait quand au faite que mon frère n'est pas prit conscience du mal qu'il m'infligeait, lui qui disait que quiconque pourrait être en mesure de lire en moi comme dans un livre ouvert. Emmett savait pourtant que je n'étais pas encore très bien rétablie de la mort de nos parents, malgré que cela faisait quatre ans. Le temps avait eu beau s'écouler, la blessure n'avait toujours pas complètement cicatrisé.

_ Je suis désolé, souffla-t-il en baissant le regard, trouvant sans doute ses pieds plus intéressants.

Que s'attendait-il comme réponse ? Et pourquoi même, s'excusait-il ? C'était lui qui choisissait de partir, de m'abandonner, loin de moi l'idée de le mettre à la porte alors qu'il était tout ce qu'il me restait.

Je fermai les yeux, libérant quelques larmes qui s'échouèrent sur mes joues, avant de finir leurs traversées dans mon cou. Je l'entendais approcher, mais je ne prenais pas la peine de rouvrir les yeux. Le plancher craquait sous ses pas et ce n'est que lorsque je n'entendais plus rien que je rouvrais lentement les paupières. A présent, mon frère n'était plus qu'à quelques mètres de moi et me regardait. Il amorça un faible sourire, que je ne fus pas en mesure de lui rendre : je n'avais pas la force de sourire et je ne voulais pas faire un effort, surtout pour lui.

_ Arriveras-tu à me pardonner ?

J'ouvrais la bouche, mais la refermait aussitôt. C'était une bonne question : arriverais-je à lui pardonner ? Réussirais-je à oublier son abandon ? A faire comme-ci rien ne s'était passé ? C'étaient des questions qui restaient pour l'instant sans réponse.

_ Je ne sais pas, chuchotais-je.

_ Je suis certain que tu arriveras à oublier ce que je fais aujourd'hui. Ça prendra du temps je pense, mais tu y arriveras.

Je ne savais pas si c'était moi ou plutôt lui-même qu'il tentait de convaincre, mais pour moi, cela ne marchait aucunement. Comment pourrais-je oublier que mon grand frère me laissais seule ici, pour poursuivre sa vie à Los Angeles ?

_ Tu ne peux pas me faire ça, Emmett ! M'écriais-je, terrifiée à l'idée de me retrouver seule. Emmène-moi avec toi !

Je le suppliais complètement, mais ceci n'avait guère d'importance sur l'instant.

_ Il faut que tu comprennes que je ne serais pas toujours présent pour toi, Bella. Que j'ai grandi et que, arrivé à un certain âge, on change.

Il croisa les bras sur sa poitrine en reculant d'un pas. Je commençais à le perdre.

_ Je n'ai que dix-huit ans ! Lui faisais-je remarquer. Je ne m'en sortirais jamais toute seule et tu le sais pertinemment !

_ Tu vas très bien t'en sortir, contra-t-il. Je ne doute pas de toi une seule seconde.

_ Je t'en prie, Emmett, ne me laisse pas.

Mon frère serra les poings. Je venais de le mettre en colère ; cela ne m'étonnait guère à vrai dire, mon frère s'était toujours très vite emporté.

_ J'ai vingt-et-un ans, merde ! J'ai largement passé l'âge d'être commandé par une gamine qui vient d'être majeur il y a seulement quelques mois ! Je n'ai pas besoin de toi dans ma vie, je veux poursuivre la mienne comme je le souhaite !

Une larme roula sur ma joue. Je n'avais jamais aimé qu'il me cri ainsi dessus. Il me faisait du mal, mais il n'avait pas l'air de s'en rendre compte, à moins qu'il préférait ignorer les conséquences de son comportement sur moi. Je savais, cependant, que j'aurai dû répliquer face à sa tirade plus que blessante, mais les mots m'échappaient. Je ne pensais pas qu'il aurait le courage de me le lancer au visage.

Voyant que je ne répondais rien, il retourna vers la porte d'entrée et saisit sa valise.

_ Combien as-tu de drogue dans ton sang, en ce moment ? Le questionnais-je.

La question était partie d'elle-même. La seule fois où j'avais oser la lui poser, il ne m'avait plus adressé la parole de toute la semaine. Je savais très bien qu'il n'aimait pas que je le juge sur ce qu'il faisait, que savoir combien de gramme il avait encore avalé ne me regardait absolument pas, mais j'étais sa petite sœur, j'avais tout de même le droit de savoir, de m'inquiéter pour lui. J'ignorais pourquoi il m'écartait ainsi de sa vie.

_ Ceci ne te regarde pas, rétorqua-t-il durement. Mêle-toi de ton monde, tu ne fais plus partie du mien.

Je me laissais tomber à genoux, alors qu'il ouvrait la porte, prêt à partir. Il m'échappait, il allait partir et je n'allais plus jamais le revoir.

_ Tu ne peux pas, Emmett, chuchotais-je. Je vais devenir quoi sans toi ? A... à la mort de papa et maman, tu avais juré d'être toujours près de moi tant que j'en éprouverais le besoin. Te rends-tu compte que tu brises la dernière promesse que tu auras faites aux parents ?

_ J'ai changé, Bella. Rien ne me fera revenir sur ma décision.

Un coup de klaxon se faisait soudainement entendre. Je savais que ce serait le moment où il allait franchir la porte et ne plus jamais revenir.

_ Jeff m'attend, je dois y aller.

Il ouvrit la porte et je le hélai en me relevant. Je le rejoignais rapidement dans le hall et déposais ma main sur son avant bras.

_ Je t'aime, Emmett. Tu es mon grand frère et cela ne changera jamais. Quoi que tu puisses devenir, je t'aimerai toujours. Mais je t'en supplie, ne fait pas ça. Qu'auraient pensé papa et maman s'ils avaient apprit que tu te droguais ? Tu crois vraiment qu'ils seraient fière de leur fils ?

J'essayais de contrôler ma voix pour qu'elle reste calme et ne monte pas dans les aigus, comme souvent lorsque ma voix tremblait par les larmes que je tentais de retenir. Emmett ferma les yeux, soupira avant de les rouvrir et retira son bras de mon emprise sans peine, me faisant reculer légèrement.

_ Ils ne sont plus là. Si toute ma vie je me fis à ce que papa et maman auraient voulu, je n'aurais pas fini.

Sa valise à la main, il traversa la distance qui nous séparait et vint déposer un baiser sur mon front. J'aurai aimé le repousser, lui dire qu'à partir du moment où il passerait cette fichue porte, il ne serait plus mon frère, qu'il ne serait plus rien pour moi. Mais je n'étais pas comme ça. Et si jamais un jour il réapparaissait dans ma vie, je l'accepterais à nouveau à bras ouverts, rien que parce qu'il était mon frère et que quoi qu'il pouvait faire, je l'aimerais toujours. Et ça, Emmett le savait parfaitement.

_ Je t'aime, petite sœur, souffla-t-il.

Cette fois-ci, au moment de traverser la porte, il daigna me regarder une dernière fois et me fit un petit sourire.

_ Prend soin de toi, Bella.

Il passa le seuil de la porte et ferma celle-ci derrière-lui. Les larmes coulèrent sans s'arrêter sur mes joues, tandis que je me ruais à la fenêtre de la cuisine, celle qui donnait juste sur la rue devant la maison. J'eus seulement le temps d'apercevoir la portière avant passager de la voiture noire se fermer, que le véhicule redémarrait. Je ne quittais pas la voiture des yeux, jusqu'à ce qu'elle devienne invisible pour mes yeux d'humaine.

Je t'aime aussi, grand frère.


Je dédie ce petit début à une fille que j'apprécie beaucoup, Floridianna, ma petite sadique :D