Yo.

Alors voilà, ça a commencé...

Le jour historique de la renaissance d'Il Faut Buter Les Patates.

Cette histoire était déjà un monstre de crétinisme...

Attendez-vous à pire encore.

BWAHAHHAHAHAHHA

Bon, plus sérieusement, je sais que ce n'est toujours pas parfait, j'ai encore vachement de problèmes pour passer d'un évènement à un autre, et j'ai encore pas mal de défauts.

Mais je suis tout de même plutôt fière de mes nouveaux chapitres.

À part ça, Sasa57 a fait un super calcul et d'après ce calcul il n'y aura pas de nouveau chapitre avant cinq mois.

Bon, je m'engage de une à ne pas avoir (trop) de retard.

Et arrivée aux derniers chapitres, il y a moins de choses à réécrire, donc il se pourrait même qu'ils sortent un peu plus rapidement et donc que vous puissiez reprendre le cours ''normal'' d'IFBLP dans trois quatre mois.

Mais je promet rien.

À tout les coups, et vu mon habituelle ponctualité, ça fait comme si j'étais juste très en retard.

Faut voir les choses du bon côté ;)

Bon, je vous laisse à votre lecture. :)


BORDEL DE CHIURE DE PIGEON RADIOACTIF!

J'ai bien fait de jamais croire à la science.

Ils sont bien beaux à sortir leurs jolis chiffres tout compliqué avec toutes ces phrases et ces théories, ''D'après les scientifiques, jurer permet de diminuer la douleur de moitié.''

Connards de scientifiques.

Menteurs.

J'ai toujours aussi mal à la tête.

Et en fait non j'ai pas seulement à la tête, j'ai mal partout.

PARTOUT !

Et attention pas le petit mal partout de rien du tout !

Nan nan nan pauvres fous, là c'est LE mal de tête qui donne l'impression d'être la savane africaine pendant la période de reproduction effrénée des éléphants d'Afrique.

Et j'y étais moi dans cette savane, et je peux vous dire que ça bouge bien !

Sérieusement, on aurait même pu voir le noyau terrestre tellement les couches terrestres se fendaient.

Faut dire qu'avec une centaine d'éléphants qui se sautent dessus comme des lapins, la savane tient pas le coup.

Enfin, c'était comme ça dans mes souvenirs.

Bon, certes j'avais cinq ans.

Mais je m'en souviens comme si c'était hier.

Enfin je crois.

Je sais que c'est l'été où mon petit frère est né.

Quel putain de brailleur celui-là.

Mon père l'avait attrapé et soulevé par dessus sa tête en mettant une tâche de terre sur son front.

Et au cas où vous vous demanderiez, oui j'étais à côté à imiter le singe en chantant.

Bon. Mon père aimait beaucoup le roi lion. Alors. Bon. Voilà.

Tout ça pour dire que même à ce moment là mon petit frère braillait moins que l'autre petit con de gosse à côté de moi.

Nan, attendez c'était pas pour ça au départ que je parlais de la savane.

Je pense vraiment trop. C'est un sacré handicap vous savez.

Parce que. Bon. Imaginez, vous êtes dans un train, un contrôleur vous demande votre tiquet, vous l'avez vous, votre tiquet, mais la tête du contrôleur vous rappelle celle de votre chien, mort il y a quelques temps.

Du coup vous vous demandez si ce contrôleur ne serait pas la réincarnation de votre chien.

Et le temps que vous réfléchissiez à un stratagème pour le piéger et lui faire avouer qu'il est la réincarnation de votre caniche nain, le contrôleur vous a pris pour une fraudeuse et vous a traîné hors du train parce que votre absence de réponse était un ''outrage à agent''.

Bon, au moins vous êtes fixés, ce contrôleur n'est pas votre bon vieux patapouf, lui il avait un cœur d'ange.

Mais il vous a fait raté votre train, c'était le dernier et vous vous retrouvez à devoir passer la nuit à des centaines de kilomètres de chez vous.

Et quand vous arrivez enfin à retrouver un train qui vous ramène chez vous, vos professeurs ne croient pas du tout à votre excuse pour votre absence.

Et voilà, vous avez trop pensé, et vous êtes dans la merde.

Tout ça pour dire que je pense trop.

Et que j'ai mal.

Voilà. J'ai mal. Affreusement mal. Je souffre.

Si quelqu'un pouvait me tuer et achever mes souffrances ça m'irait bien.

Ou bien même tuer le mioche qui braille sans interruption, ça ira aussi.

En même temps, vous savez quoi, ma grand-mère m'a toujours dit de pas demander aux autres de faire quelque chose qu'on pourrait faire soi-même.

C'est vrai qu'une fois j'ai essayé de demander à mon frère d'aller aux toilettes à ma place, ça c'est plutôt mal terminé.

Mais pas plus mal que quand j'ai demandé à ma grand-mère de m'aider à faire mes lacets.

Elles les avait attachés entre eux.

Histoire de me donner une leçon, ''Ne jamais faire confiance aux autres''.

Sacrée grand-mère.

Je vais suivre ses conseils je vais plutôt exterminer par moi-même ce morveux hurlant.

Et je me ferais un joli dessin avec le sang qui sortira de ses entrailles.

Peut-être un petit panda qui fait du toboggan, c'est un dessin plutôt compliqué, mais un très joli dessin.

Je me demande si j'aurais, enfin plutôt si lui aura pour le coup, assez de sang.

Un nouveau hurlement plus strident que les autres manque de faire exploser mon crâne.

Ce gamin... Ce gamin est le gamin le plus chiant que j'ai jamais rencontré de ma vie.

On est d'accord, quand il crie comme ça c'est qu'il cherche vraiment à se faire tuer ?

Et le pire dans tout ça c'est que je suis pratiquement sûre qu'il n'a aucune raison de crier.

Combien on parie qu'il crie juste pour son plaisir ?

Moi je vous parie trois euros.

Avec ça c'est le début de ma fortune.

On sait jamais après tout, et puis faut jamais perdre espoir.

Il y a bien un mec qui a réussit à échanger un trombone contre tellement de choses qu'il s'est retrouvé avec une maison.

Et une boîte de 100 trombones vaut une quinzaine de centimes.

Donc, avec trois euros je peux m'acheter pleins de boîtes, donc pleins de trombones, donc pleins de maisons.

Et dans deux mois New York m'appartient.

Ah, vous ferez moins les malins ce jour là !

Mais en attendant je vais lui donner une raison de pleurer moi il va voir ce qu'il va voir, c'est à dire ma main, sa joue et il va faire le rapprochement.

Ou alors c'est moi qui vais le faire.

Nan, je vais définitivement faire le rapprochement à sa place.

Motivée par ce nouveau plan, j'ouvre difficilement les yeux.

Première information, tout est flou et tourne autour de moi.

C'est trop lumineux aussi.

Je suis dans le vagin de Dieu ou quoi ?

Ou alors j'ai un peu trop bu, mais ça m'étonne, j'ai pas de souvenirs de cuite.

En même temps, quand on se retrouve avec une gueule de bois on se rappelle rarement de sa soirée.

C'est comme cette légende urbaine là, de l'autre baltringue qui se serait cassé la jambe, mais qui était trop bourré pour s'en rappeler du coup en se levant le lendemain matin, il s'est appuyé sur sa jambe et il s'est évanoui.

C'est dans ces moments que je me dis que la race humaine est vraiment conne.

J'me demande comment on a pu survivre à l'évolution.

Alors que, je tiens à le préciser, les T-Rex ont quand même évolués en poules.

En poules quoi.

Ça doit faire mal sur leurs C.V. de grands méchants, ''dinosaure terrorisant le monde puis suite à un remaniement de notre planète engendré par une météorite, reconversion en poule''.

J'suis pas sûre que Dark Vador les accepte dans son armée.

En même temps, vous me direz, ils ont des trop petits bras pour tenir des armes ou se battre correctement.

Mais remarquez, après, donnez leurs des longues pinces et ils deviennent indestructibles.

Note à moi-même, ne jamais répéter cette idée et ainsi sauver une énième fois la terre.

J'me demande pourquoi, après tout ce que je fait pour sauver cette planète, je suis toujours à terre sans que personne ne se précipite pour me sauver.

Les personnes deviennent de plus en plus centrées sur elles-mêmes.

Je place une main derrière mon crâne, vérifiant qu'aucun traumatisme crânien ou autres chewing-gums collants n'aient fait leurs apparitions durant ma brève relation avec le trottoir.

"Relation avec le trottoir"...

Dis comme ça on dirait que j'ai fait la prostituée.

Ce qui, entendons-nous bien, est totalement faux.

Je suis fauchée, c'est un fait, et je vis constamment à crédit soit.

Mais je ne vend pas mon corps.

Pourtant je suis persuadée que des tas de gens en voudraient !

Au moins pour la science.

On a toujours besoin de cobayes non ?

Je tente de me relever sans chanceler ou tomber.

Bien évidemment ma tentative échoue lamentablement.

Ma vie est nulle.

Et si l'échec est douloureux... Le bitume l'est encore plus.

Franchement cette journée commençait déjà très mal, c'était probablement l'une des pires journées de ma vie.

Mais là je crois qu'on atteint des records.

Je papillonne des yeux et balance mon regard autour de moi.

Ce pays est incroyable, toutes ces personnes sont enfermées dans leurs petits mondes, sans même se préoccuper de moi.

Je suis quand même une jeune adolescente en jupe qui vient de se ramasser pour la deuxième fois en moins de deux secondes sur le trottoir.

Je sais pas, il n'y a même pas des pervers qui se précipiteraient pour regarder ma culotte et m'aider à me relever ?

Le groupe d'écolier là-bas par exemple.

Mais non.

Pourtant je suis presque sûre que je suis pas si repoussante, et puis merde, ils ont quoi, quinze ans à tout casser, et puis à quinze ans on s'en fout pas mal de ce que c'est tant qu'on voit une culotte non ?

J'ai même déjà vu un mec qui a mis une culotte à son chien.

Un putain de chien.

Je vaux mieux que ça.

Et c'est l'une des rares fois où je suis persuadée de ce que je raconte.

Alors pourquoi personne ne s'intéresse à moi ?

Non pas que je voudrais qu'on s'intéresse à ma culotte hein, je vous rassure tout de suite, je ne suis pas exhibitionniste ni en manque à ce point.

Mais quand même, quand vous êtes entourée d'adolescents boutonneux dont des magazines porno dépassent de leurs sacs, que vous tombez par deux fois sous leurs yeux et qu'ils ne vous adressent même pas un regard, il y a de quoi vous questionner.

Je regarde mes mains.

Bon, il n'y a pas d'anneau doré étrange, donc il n'y a aucune raison pour que je sois devenue invisible.

Donc, ils sont bien en train de m'ignorer.

Les connards.

Même les adultes alors que techniquement ils sont plus responsables ne m'aident pas.

C'est bien une preuve que la maturité est totalement surfaite.

À quarante ans, ils devraient quand même savoir que ça ne se fait pas de laisser quelqu'un tomber sous leurs yeux sans bouger !

Bah non, continuons notre route et laissons la toute seule cette pauvre fille !

Après tout c'est pas comme si elle venait de se ramasser violemment sur les fesses et qu'elle s'est sûrement cassée une cheville et brisé le coxys.

Je vais mourir dans d'atroces souffrances.

J'essaye de me relever à plusieurs reprises mais mon corps semble peser une tonne et je me retrouve toujours fesses contre terre.

Je sais que j'ai un peu grossi, mais quand même pas à ce point.

... Si ?

Je soupire et jettent des regards haineux aux personnes m'entourant.

Mon regard s'arrête sur un écureuil, perché sur une branche.

Un jour un écureuil a voulu me voler un pop-corn, je l'ai laissé faire, vu que je suis gentille moi et une demi-seconde plus tard, il se ramenait avec toute sa famille écureuil, ils m'ont attaqués dans le dos, ils étaient des dizaines ces fourbes... J'ai plus jamais revu mon pop-corn. Les écureuils sont vils de nature.

Et comme par hasard, quand c'est un gamin qui hurle, LÀ les écureuils sont des petites créatures toute mignonne, mais quand moi je crie, alors là ils sortent les dents et me mordent au sang !

Résidus d'urinoirs.

Sur le coup ces mots me semblaient assez bien décrire l'état d'esprit de ces écureuils.

C'est vrai que maintenant, ça fait ridicule.

Je me met à genoux, et rampe maladroitement entre les personnes immobiles.

Je reconnais quelques magasins autour de moi, si je me trompe pas je suis sur la rue marchande à côté de mon lycée.

Bon.

Si ça se trouve on a fait une petite soirée et on a mis de la drogue dans mon verre et je me suis fait tabassée et violée ! Et on m'a abandonné sur le bord de route, et je reprend tout juste connaissance !

Ou bien la CIA m'a interrogée, persuadée que j'étais une espionne internationale.

Oui, j'ai lu quelque part que souvent les agents secrets se cachent sous des apparences très banales, à la limite du minable.

Et vu ma vie, on pourrait croire que je suis une agente de génie.

En même temps, si j'ai lu ça, ils devaient pas être très doués pour garder secret leur stratégie.

Ma main bute contre un morceau métallique et du sang perle au bout de mon doigt.

-Que fait un morceau métallique en pleine rue ? À qui appartient cette chose ? Qu'on se dénonce ! Je suis gravement blessée et je n'hésiterais pas à m'en servir ! Euh non attendez, c'est pas avec ma blessure que je vais pouvoir faire quelque chose... Je fais des études de droit et j'hésiterais pas à m'en servir ! Je sais très bien que je peux vous attaquer ! Regardez, je saigne, là du sang c'est horrible ! Ma splendide peau immaculée ! J'exige réparation ! C'est une horreur, un outrage, un crime, une monstruosité !

Pour appuyer ma tirade je fourre ma main et sa minuscule entaille sous le nez d'un homme pressé qui passait à mes côtés.

Il ne me jette même pas un regard, les yeux toujours vissés sur son portable.

Bon, là je commence à en avoir marre des égoïstes.

Un deuxième cri se mêle à celui du gamin.

Celui-ci est plus aigu et beaucoup plus reconnaissable.

Un peu comme si une truie se faisait violemment égorgée sous les yeux de son mari qui se fait lui-même torturer par un python qui lui lècherait les doigts de pieds.

Enfin les sabots.

Bref, c'est le cri de ma meilleure amie.

Unruhe, fille cadette de la glorieuse famille Kasuro.

Famille Kasuro qui possède l'entreprise des cuvettes de toilettes ''Kasuro''.

Et beaucoup de gens ont besoin de cuvettes.

Bref, Unruhe c'est une petite tête de soleil aux courts cheveux blonds et aux grands yeux gris.

Et un des signes qui la caractérise encore plus que son apparente froideur est qu'elle ne perd jamais son calme.

Jamais un pas de travers, ou un mot plus haut que l'autre.

La seule fois où je l'ai jamais vu crier c'était cet été quand le serpent de son frère s'était retrouvé enfermée avec elle pendant une journée complète dans la buanderie.

Serpent que j'ai d'ailleurs nommé moi-même.

Chaton, c'est mignon comme nom non ?

Un coup d'oeil autour de moi m'apprend que Chaton n'est pas à mes côtés.

Donc, elle a une autre raison de crier.

Serait-ce donc déjà 2012 ?

L'arrivée des shamans diaboliques ?

Les soviétiques qui nous attaquent à coup de salles de bains ?

L'invasion des martiens de Los Angeles?

Non, ça y est je sais, c'est les nains.

Ils se sont finalement vengés des concours de lancés de nains.

C'est bien d'un certain côté, ils prennent leur indépendance.

Ou pire encore, l'invasion des Patates?

Je me retourne, prête à sauver l'humanité.

C'est à dire prête à m'enfuir à toutes jambes, puisque l'humanité est un ensemble de personne, et jusqu'à preuve du contraire je suis un personne.

Jusque là vous suivez ?

Donc me sauver constitue une aide au sauvetage de l'humanité.

Mais pour me sauver il faut savoir de quoi je m'enfuis.

Je repère une petite tâche blonde au loin d'où semble provenir le long hurlement.

C'est bien ma meilleure amie, et des larmes coulent le long de ses joues.

Elle a les mains qui tremblent et elle les plaque contre sa bouche, essayant vraisemblablement de se retenir d'hurler.

Je me rappelle d'un jour où j'avais dit ''Le jour où on verra Unruhe pleurer ce sera aussi le jour de l'apocalypse''.

Une angoisse sourde commence à s'infiltrer en moi au moment où je repère les traces de sang sur ses mains.

Bon, alors là c'est sûr, c'est un coup des zombies.

Je m'approche et dirige mon regard dans la même direction que ma meilleure amie.

Des toilettes.

Elle regarde des putain de toilette.

Au passage, on dit un ou une toilette ?

L'appel est lancé, j'attend vos réponses Jean-Pierre.

En attendant, on va appeler ça un W.C. C'est plus simple.

On reprend.

C'est quoi cette phobie minable, elle a peur des W.C ?

C'est plutôt ironique en sachant que...

Enfin merde, sa famille possède quand même la plus grande entreprise de cuvette de toilette du monde.

Elle est vraiment mal tombée Unruhe hein...

J'allais ouvrir la bouche pour me moquer d'elle quand je remarque quelque chose.

Le W.C est entouré de morceaux de métal et couvert de sang.

Je me fraye un chemin dans la foule devenue compacte.

En fait je pardonnerais presque aux personnes de ne pas m'avoir aidé, c'est sûr que quand on a sous les yeux un W.C couvert de sang, on pense plus à regarder ça qu'à aider son prochain.

Ah, une main dépasse de sous le siège des toilettes

Et même tout un corps en fait, celui d'une fille allongée sur le ventre et dont la tête est coincée sous le W.C.

D'où le sang.

Bordel, cette fille a vraiment eu une mort atrocement ridicule.

Vous vous imaginez, monter tranquillement au Paradis, hop petite soirée de bienvenue pour les nouveaux, un ange arrive et décidé de faire un petit tour de table pour apprendre à mieux se connaître ":

-Eh, salut, t'es morte comment toi ?

-Oh, moi j'étais en mission humanitaire et une révolte a éclatée, je me suis prise une balle en sauvant des dizaines d'enfants, et toi ?

-Je faisais les boutiques et un W.C m'est tombé dessus.

-Ah... Dis moi c'est vraiment une mort merdique.

-C'est le cas de le dire."

Et voilà, vous êtes encore une fois la risée de tous.

Pauvre fille, elle n'avait pas l'air méchante, elle avait des genoux étranges, mais elle n'avait pas l'air méchante.

Enfin de ce qu'on peut encore distinguer.

Elle a de longs cheveux noirs ondulés, qui tirent maintenant sur le rouge.

Pauvre pauvre fille...

Franchement si un jour je devais mourir j'aimerais au moins que mes cheveux restent intactes.

C'est vrai quoi, déjà que je n'ai rien d'exceptionnel, la seule chose dont je suis fière c'est bien mes cheveux.

Et puis peu importe ce dont je peux ou pas me vanter, je pourrais toujours dire qu'au moins je suis pas morte écrasée par un putain de toilette !

C'est quand même horrible ce que je viens de faire.

Me moquer d'une morte, c'est horrible, j'irais en enfer pour ça.

Remarquez, après tout il suffit d'un peu de logique, si ça se trouve les morts souhaitent être considérés comme des personnes normales.

Or, je me moque de toutes les personnes normales.

Donc je peux, non je DOIS me moquer des personnes mortes.

Ouais, c'est exactement comme ça que je compte échapper à l'enfer.

On a tous nos propres façons de survivre dans ce monde.

Mais il faut croire que la fille sous les toilettes n'avait pas la bonne.

Ça lui apprendra à avoir la même veste que moi.

Et la même robe, et les mêmes chaussures.

C'est dingue avec la mondialisation tout le monde se ressemble.

Je commencerais même à trouver ça effrayant.

Mon pied tape à nouveau dans un bout de métal alors que j'essayais toujours de rejoindre Unruhe.

Je le ramasse et l'observe attentivement.

C'est écrit en russe.

Bon, j'avais raison pour une chose en tout cas, les soviétiques ont bel et bien tentés de nous exterminer avec des instruments de salle de bain.

La mort de mon clone n'aura pas servi à rien.

Le monde saura que j'ai des supers pouvoirs de prédiction de l'apocalypse !

Et qu'on ne parle pas de toutes les autres théories d'apocalypse qui elles ne se sont pas réalisées.

Ce n'est plus qu'une question de temps.

Et ensuite on ira tous rejoindre mon clone dans l'au-delà.

Et d'où vient mon clone en fait ?

Nom d'un lama des mers aquatiques !

Je crois que j'ai compris.

En fait non, je sais que j'ai compris.

C'est un coup des patates.

Créer des clones de toute la planète et ensuite recréer l'humanité, de façon très lente, en remplaçant lentement et un à un chaque homme, chaque femme, chaque enfant, chaque transsexuel, chaque transsexuelle, chaque hermaphrodite...

Tous !

Et une fois qu'elles auront recréer toute la population, elles pourront l'assouvir !

Ou alors...

Je regarde de nouveau ma meilleure amie, un peu plus loin.

Mes jambes ont refusés de m'amener plus proche d'elle.

Je soupire en essuyant les larmes qui s'accumulent dans mes yeux.

Faut croire que mon corps a compris avant moi.

Ma gorge devient sèche et mon souffle se fait plus court.

Unruhe n'aurait probablement pas crié si fort si elle ne connaissait pas la personne morte sous ses yeux.

Quand je vous dis qu'elle est vraiment calme.

Enfin à l'extérieur., à l'intérieur cette fille est comme une tempête, constamment à réagir de façon surdosée.

Vous saviez vous que lorsque le poulpe stresse, il se mange lui-même ?

Et bien, disons qu'un poulpe est quelqu'un de très calme et posé face à Unruhe.

Du coup, depuis ses six ans, elle a appris à ne plus rien laisser paraître.

J'inspire un long moment avant de me décider à regarder la vérité en face.

Parler d'Unruhe ne fait que retarder la chose.

Je serais cette fille.

Donc, je serais morte.

Je suis morte.

Je me suis fait tuée par des putains de toilettes tombés de je-ne-sais-où sur ma tête.

Ma vie n'était pas fameuse, mais alors là je crois que c'est un record.

J'y crois pas, même dans ma mort je suis obligée d'être ridicule ?

Sérieusement, il doit y avoir quelqu'un qui s'amuse à jouer au Jumanji avec ma vie.

Bon, on respire calmement et on réfléchit.

J'essaye d'appliquer mes propres conseils et de respirer profondément.

Bien évidemment, je m'étouffe dans la manœuvre.

Donc, si je récapitule, je me suis fait exploser la tête par des toilettes et maintenant je m'étouffe et personne ne peut m'aider puisque je suis morte et que personne ne peut me voir.

J'en ai sérieusement marre de ma vie.

Enfin, de ma mort.

Et puis merde, j'en ai marre de tout.

Voilà, là au moins c'est bon tout le monde est d'accord.

Je commence à voir tout noir et l'air ne passe plus du tout dans mes poumons.

Je tombe à terre et crache mes poumons.

De façon figuré, sinon je serais morte.

Encore une fois.

Ce serait vraiment ridicule, explosée par des toilettes et de nouveau tuée en s'étouffant avec sa salive.

Bon, on se relève et on repense à tout ce que ma bonne vieille tata Lexy m'as appris.

Soit rester calme et réfléchir.

Bien.

Tout va bien.

Je vais rester calme, c'est pas comme si je m'étais fait exploser le crâne par des chiottes.

Et c'est pas comme si j'étais morte mais toujours dans ce monde à jouer à la femme invisible.

Ma tête tourne encore et je me retrouve une nouvelle fois à terre.

Bon, autant rassembler mes souvenirs.

On voulait fêter la validation de nos semestres respectifs avec mon groupe d'amis, donc on devait se retrouver ce soir pour aller au restaurant et ensuite sûrement à une petite fête où on se serait incrustés à grand coups d'énormes sourires et de décolletés.

Et dont on se serait sûrement fait jeter au bout de quelques heures.

Donc, je ne sortais pas de fête et je ne m'étais pas fait droguée, je passais juste une après-midi à faire les magasins en prévision de la fête.

Au moins je ne me ferais pas violée et abandonnée dans les buissons ce soir !

Je suis très optimiste, je vois toujours le bon côté des choses.

Et c'est très utile quand, comme moi vous vous faîtes écraser la tête par des toilettes russes.

Dommage, j'étais persuadée que je mourais un jour très lointain, après des années à tourmenter des âmes innocentes, et j'aurais probablement rendu l'âme au cours d'un concours de boisson ou d'un concours de lancer de nains.

Peut-être que je me serais faîte enlevée par une pseudo-secte que j'aurais énervée.

Ça peut arriver, j'ai un certain talent pour me mettre les gens à dos.

J'ai aussi un certain talent pour divaguer et ne pas affronter la réalité.

J'inspire longuement et mon souffle se calme, je ferme les yeux, chassant les dernières larmes qui remontaient le long de mes yeux.

Relativisons.

Ma mort fera sûrement rire les gens des générations après moi.

Et je serais peut-être même célèbre.

J'ai été célèbre une fois.

Mais ça c'est une autre histoire.

Et puis, j'ai été élevée par ma tante.

En quoi ça devrait m'aider à relativiser ?

Mais je vais vous le dire, laissez-moi parler nom de nom !

Donc, ma tante, tata Lexy, m'a élevée, vu que mes parents sont des historiens reconnus qui parcourent le globe avec leurs sacs à dos.

Du coup on les voit une semaine tout les mois à peu près.

Et le reste du temps, on reste avec notre tante.

Qui est plutôt, comment dire... portée sur le spirituel et toutes ces choses mystico-étranges.

Bon, j'avoue qu'une partie de moi croit à certaines de ces choses.

Mais faut dire que ma tante n'avait pas de petit ami et un travail qui ne la prenait que très moyennement, donc elle avait tout son temps pour nous conditionner mon frère et moi.

C'est dingue comme nos cerveaux sont maléables.

Enfin, une de ces choses qu'elle me rabâchait était qu'il fallait que je reste calme après ma mort et que j'attende mon ''ange gardien''.

Oui, cette femme était totalement barrée.

Elle nous faisait manger un piment chaque soir pour éloigner les malédictions.

Oui, c'est totalement stupide.

Et inutile.

Parce que sérieusement, si être la seule personne à se prendre des toilettes sur la gueule en pleine journée et entourée de plein de monde n'est pas une malédiction, j'me demande bien ce que c'est.

Et j'ai bien l'impression qu'elle utilisait ses malédictions pour un peu tout aussi, honnêtement, vous connaissez beaucoup de démons qui iraient vous arracher vos dents et vous les fourrez dans vos oreilles sous prétexte que vous ne brossez pas bien les dents ?

Sans parler des démons des légumes et des devoirs.

Bon.

Mon enfance a été bercée de mensonges.

Mais de toutes façons j'avais pas vraiment l'intention de partir pour une aventure qui me mènerait aux quatre coins de la galaxie, alors autant rester assise ici en attendant patiemment mon ''ange gardien''.

Alors je reste assise bien sagement à coté de mon corps en l'attendant.

Et puis si les bouddhistes ne se sont pas trompés et qu'il y a ne serait-ce qu'une once de vérité dans tout ce qu'ils disent, le karma existe, et il y a une histoire avec l'équilibre des forces, le ying et le yang et un pervers en slip qui finit cloué sur une croix non ?

En tout cas, si l'équilibre des forces existe et vu l'énorme merde qui résume ma vie entière, mon ange gardien a intérêt à être Ryan Gosling.

Blond, un peu grand, avec de grands yeux verts en amandes, musclé sans vraiment l'être...

Ça valait le coup de se prendre un toilette sur la tronche pour rencontrer l'homme de ses rêves non ?

Le silence me répond et j'attend tranquillement, les minutes s'étirent, lentement.

Qu'est ce qu'il fait, il s'est perdu en chemin ou quoi ?

Nan parce que je ne supportes pas les personnes qui se perdent tout le temps, c'est pas compliqué de suivre un chemin mince !

Les minutes s'étirent encore et mon dos me tiraille.

Je m'affaisse de plus en plus et ma tête tient de moins en moins droite.

Ce con ne peut pas s'être perdu.

Ce serait vraiment la seule façon de rendre ma journée encore plus nulle.

Sérieusement, si ça continue je vais me prendre pour Bridget Jones.

Et encore, elle a deux hommes qui lui courent après elle.

Et elle ne finit pas la cervelle en morceau sous des chiottes soviétiques.

...

J'aurais dû préciser que mon ange gardien devait avoir un GPS intégré.

Dès qu'il arrive je tape un scandale.

J'irais le ramener au service après vente des anges gardiens.

J'ai pas souffert toute une vie pour me retrouver seule dans la mort.

Ça doit bien faire deux heures que je l'attend, des policiers sont arrivés sur les lieux et tout le monde a été évacué.

On a donné une couverture à Unruhe.

C'est dingue ça, à croire qu'une couverture l'aidera.

Elle a vu sa meilleure amie se faire exploser le crane sous ses yeux, elle a mon sang sur son visage et sur ses mains, mais tout va bien, maintenant elle a une couverture !

Parfois je me dis qu'ils sont cons quand même les policiers.

Je me relève et vais m'allonger la tête sur les pieds de ma meilleure amie.

Bon, forcément ça fait moins classe que la tête sur les genoux ou sur l'épaule mais c'est pas de ma faute si elle veut pas s'assoir.

Des cheveux blonds frôlent mon visage et je rouvre les yeux intriguées.

Deux grandes pupilles grises orageuses se plantent dans mes yeux.

Elle peut me voir ?

J'agite vaguement de la main en faisant un grand sourire.

Elle ouvre la bouche et ses yeux s'agrandissent.

Et puis je sens quelque chose m'arriver dessus.

Enfin, me traverser serait plus juste.

Je rouvre les yeux que j'avais fermé par réflexe.

Ah, bon, pourquoi pas, ma meilleure amie vient de me vomir dessus.

J'pense qu'on a franchi un nouveau cap dans notre amitié là.

Elle a l'air de vouloir recommencer.

Je me relève précipitamment et coure me rassoir à côté de mon corps.

Un policier est en train de dessiner les contours de mon cadavre.

Voilà bien une phrase que j'aurais pas pensé pouvoir dire un jour.

Comme quoi, ne jamais dire jamais.

C'est stupide comme phrase, on dit deux fois le mot ''jamais'' alors que c'est justement pour nous dire de ne jamais le dire qu'on le dit.

Ils devraient plutôt dire ''Jamais dire jamais mais je viens de le dire deux fois donc on va plutôt dire qu'il faut limiter le nombre de fois où on dit jamais''.

Là ce serait plus logique.

Vous comprenez, moi je suis quelqu'un de très logique et...

-Nan mais il se fout de moi ? Mes jambes ne sont pas aussi grosses, t'es carrément incapable de tracer un trait ou quoi ? Je sais qu'il faut pas être très futé pour entrer dans la police mais quand même on apprend en maternelle à tracer des traites ! Bon, certes moi j'y arrivais pas mais tout les autres y arrivaient bordel et... Et tu te rends compte que tu souilles une personne morte ? Quand j'serais au paradis j'veillerais personnellement à ce que tu ne puisses pas y rentrer ! ESPÈCE D'INCAPABLE !

Je souffle un peu et tente de frapper l'incapable.

Pendant dix secondes.

Ensuite je me suis rendue compte que ça ne servirait à rien et je me suis totalement affalée par terre.

Je. Suis. Morte.

De fatigue je voulais dire, mais c'est vrai que les deux marchent dans ce cas.

Encore une blague que je n'aurais jamais cru pouvoir faire.

Finalement la mort est assez sympa.

J'étire mes bras et soupire longuement.

-J'me présente, je m'appelle Henry, j'aim'rais bien réussir ma vie, être aimééééééééééééé !

Voilà une autre chose que j'aurais jamais pu faire, chanter à haute voix sans que personne ne fuit.

En fait, la mort c'est surfait, on nous vend ça comme quelque chose d'incroyable mais en fait on reste juste assis comme des cons et on se fait chier.

Autant me présenter alors.

Oui, je garde le sens des devoirs, se présenter donne toujours une impression de confiance mutuelle et on part sur de meilleures bases pour le futur.

Oui je vous parle déjà depuis des heures et j'aurais pu me présenter avant, mais je me suis pris des toilettes sur le crâne, alors le simple fait que je ne sois pas en train d'hurler en pleurer toutes les larmes de mon corps relève du miracle.

Moi c'est Alex KICHIGAI, mon père était japonais et ma mère chinoise, et moi je suis mal foutue.

Woaw, on a affaire à des rigolos de services.

Bref, ma mère est née en France et elle a toujours mal vécu d'être loin de l'Europe d'où mon nom assez européen.

Mon père n'avait pas le courage de faire face à ma mère et de me donner un nom Japonais.

C'est con, j'aurais pu avoir un de ces prénoms japonais qui veulent toujours dire quelque chose comme "destinée" ou "fleur de l'ombre", tout le monde a ça à mon lycée.

Et moi je me retrouve avec Alex.

Essayez de vous faire respecter après vous.

Surtout que mon nom de famille veut bien dire quelque chose lui, et oui Kichigai désigne l'homme qui joue le fou dans le théâtre au Japon.

Crédibilité : zéro.

Surtout qu'on dirait qu'où qu'on aille au Japon, notre prénom veut toujours dire quelque chose, de plus ou moins cool.

Je tire plus sur le moins moi.

Mais même autrement, j'ai l'impression qu'à mon lycée avoir les cheveux bruns ou noirs c'est d'une rareté incroyable.

Pourtant, c'est la couleur de cheveux naturelle de tout les Asiatiques, non ?

Mais non, dans ma classe c'était une explosion de couleurs, du rose, du turquoise, du vert...

On se serait cru dans un paquet de dragibus.

...

Donc si on récapitule, je m'appelle Alex "acteur jouant le fou", j'ai les cheveux bruns et deux yeux couleurs caca d'oies, et j'ai vécu entourée de "Lune étoilée Printemps de cerisiers" qui ont des cheveux roses et des yeux dorés.

Et on est censé tous naître égaux.

Sérieusement, j'envisage de me faire rembourser.

Et si "Lune étoilée Printemps de cerisiers" y trouve un truc à redire, je la frappe.

De toutes façons, elle a un nom de désodorisant pour chiottes.


Voilà voilà.

Bon, si vous avez une quelconque idée de ce que je pourrais améliorer ou même de chose à rajouter comme des petits bonus de temps en temps ou des remarques, ou des sortes de petites fiches d'informations sur des personnages...

N'hésitez pas.

Ah, et la question du ''un ou une toilette'' c'est vraiment une question que je me pose.

Même internet n'a pas su me répondre.

Donc je compte sur vous, je vous sais vaillants et au coeur tendre et fort !

Bref, j'ai aussi bloqué sur avoir ''à faire'' ou ''affaire'' à quelqu'un.

D'après internet, c'est avoir affaire.

Bon, internet n'est pas connu pour sa fiabilité sans failles, mais voilà.

Et bien...

À la semaine prochaine. ;)