Twilight et ses personnages appartiennent à Stephenie Meyer. Cette histoire et les modifications apportées au sujet d'origine sont entièrement miennes.

Comme toujours, vous trouverez des petits bonus sur mon blog. Pour cette fiction, j'ai trouvé énormément d'images pour illustrer.


Les Prétendants

Par Pichou1490

- première partie -

Cette histoire se passe au XIXème siècle, temps des dames et des gentlemen, des crinolines et des queues de pie, des salles de bal et des champs de bataille … des demoiselles, et de leurs prétendants.

Nous sommes au printemps 1865 et, aux États-Unis, la guerre de sécession fait rage depuis quatre ans déjà. Certains de nos personnages y auront combattu mais d'autres, en particuliers ces dames, auront trouvé des loisirs bien plus plaisants pour aider le temps à s'écouler plus vite. C'est pourquoi, bien loin des canons des confédérés, nous commencerons notre récit en Europe.


- Munich, en Bavière, le 28 mars 1865 -

« Vais bien -stop- Suis à Philly -stop- Victoire imminente -stop- Rentrez bientôt -stop- »

Ce court télégramme fut reçu avec grande joie par les trois dames présentes dans le salon.

Renée Swan, d'abord, fut soulagée d'apprendre qu'elle n'était pas veuve. Quatre années de guerre, lorsque l'on est mariée à un important Général de l'armée de l'Union, peuvent vous apporter beaucoup d'inquiétude quant à l'avenir de votre mariage. Elle était donc soulagée et heureuse de pouvoir rentrer chez elle, mais tout de même un peu déçue de devoir bientôt quitter l'Europe.

Isabella Swan, elle, parvenait à peine à contenir sa joie. Son père était vivant et en bonne santé, et aux vues de ce que contenait le message, il ne risquait presque plus rien. Cette guerre ne le lui avait pas pris et ils seraient tous très bientôt réunis chez eux, à Philadelphie. Elle avait beaucoup apprécié son séjour en Europe avec sa mère et son amie Alice Brandon, mais il lui tardait maintenant de rentrer.

La jeune miss Brandon justement, était celle qui exprimait son ravissement avec le plus grand enthousiasme. Visiter l'Europe avait bien sûr été une expérience unique, une qu'elle n'aurait jamais espérée même dans ses rêves les plus fous, mais elle brûlait maintenant d'envie de rentrer aux États-Unis et de parader dans ses nouvelles toilettes à la mode. Ce serait sa petite revanche personnelle. Bien entendu, elle était aussi ravie et rassurée de savoir que le Général Swan se portait bien.

Aucune d'entre elles n'eut le temps de décider ou d'organiser quoi que ce soit avant qu'une nouvelle personne entre dans la pièce. Les quatre dames se saluèrent d'un signe de tête respectueux et d'une légère révérence avant que la conversation ne reprenne.

« Oh Augusta, nous avons reçu un télégramme ! » S'exclama Renée Swan. « Il est de Charles. La guerre est sur le point de se terminer et il nous invite à rentrer. »

« Voilà qui est fort bien, et qui semble toutes vous réjouir. » Répondit ladite Augusta. « Je pourrais presque en croire que vous n'étiez pas bien ici, parmi nous. »

« Oh, Augusta. » Cajola Renée Swan.

« Ma tante, vous savez fort bien que nous avons passé un excellent moment en votre compagnie à tous. Mais c'est une si joyeuse pensée de savoir que nous retrouverons bientôt papa et tous nos amis. Voilà maintenant bien longtemps que nous sommes parties. » Lança la jeune Isabella.

« Longtemps ? » S'exclama Augusta en tournant de grands yeux sur sa nièce. « Mais voyons que sont six mois dans une vie ? »

« Certes, ce n'est que peu de temps, mais voilà presque quatre années que la guerre a éclatée et que Charles nous manque à toutes. » Tempéra Renée.

« Soit. Je donnerai des ordres pour qu'on fasse en sorte d'arranger votre voyage au plus vite. » Capitula Augusta, faisant sourire les deux jeunes filles. « Et mon James vous accompagnera, lui qui meurt d'envie de traverser l'Atlantique et de visiter le Nouveau-Monde. Il sera ainsi votre escorte. Je ne tolèrerai pas que ma sœur et deux jeunes filles voyagent seules à travers l'Europe. » Lâcha-t-elle d'un ton sans réplique.

« C'est très attentionné de ta part Augusta. Mais j'ai bien peur que notre cher James ne trouve une Amérique bien affaiblie après ces années de conflit. » Répondit Renée Swan.

« Peu importe. Voilà des semaines qu'il parle de cette idée de voyage ! Il m'a dit clairement 'Voilà des années que l'idée de cette aventure me fascine. J'accompagnerai ma tante et ma chère cousine lors de leur retour. Du moins, si elles veulent bien de moi.' »

« Bien sûr que nous voulons de lui ! » S'exclama Renée. « Après l'hospitalité que vous nous avez tous généreusement offerte, il serait fort impoli de notre part de ne pas recevoir mon cher neveu chez nous. Je crains pourtant qu'il ne trouve notre petite maison de Philadelphie bien différente et inférieure à ce qu'il a l'habitude de voir ici, à Munich. »

« Allons, allons ! Mon James n'est pas un délicat ! Et il a lui-même choisi de faire ce voyage, il n'a donc aucune raison de se plaindre. » Tempéra Augusta. « De plus, je doute fortement que la maison de ma sœur ne soit pas bien entretenue et invitante. »

« Vous avez tout à fait raison, ma tante. Notre maison n'est certainement pas un palais, mais je vous rappelle, maman, que c'est l'une des plus grandes et des plus belles de la ville. Mon cousin James y sera sans nul doute fort à son aise. » Déclara Isabella pour rassurer sa mère.

« Alors tout est réglé. Je vais donner des ordres, faire prévenir James, et vous pourrez tous partir très bientôt. Votre présence va me manquer , et la pauvre Thérèse va être effondrée, elle qui s'était tant attachée à vous deux. » Déclara Augusta, reconnaissant pour la première fois la présence d'Alice dans la pièce. « Mais c'est ainsi ! Et puis elle repartira bientôt pour le pensionnat après tout. Je suis certaine qu'il lui en restera néanmoins des souvenirs forts plaisants. » Conclu-t-elle avant de quitter le salon.

« Je dois trouver madame Perton, qu'elle commence à organiser nos affaires. » Indiqua Renée avant de partir à son tour, laissant les deux jeunes filles seules.

« Oh Isabella comme je suis heureuse de rentrer ! Je ne veux pas me montrer ingrate mais je ne me sens pas à ma place ici. Chez nous je suis peut-être l'orpheline, mais ici je ne suis tout simplement personne. » Se désola Alice avant de reprendre avec plus d'enthousiasme. « Comme j'ai hâte de retrouver nos amis, montrer nos belles toilettes, raconter notre voyage … »

« Tu veux dire nous vanter de notre voyage. » La coupa Isabella d'un air taquin.

« Oui, peut-être bien. » Avoua Alice en tentant de dissimuler un sourire. « Mais ils l'auront mérité. Ha ! Quelle bonne plaisanterie ! La pauvre petite demoiselle Brandon qui n'a ni maison ni famille … Et bien cette demoiselle Brandon aura traversé l'Europe ! Elle aura dormi dans de somptueux palais et aura fréquenté la meilleure société que le monde puisse rêver d'avoir ! » S'exclama-t-elle en riant.

« C'est une belle revanche, en effet. Mais souviens-toi aussi que tous ne pensent pas ainsi. »

« Je le sais bien. Et ce sont ces personnes là qu'il me tarde de revoir. »

« Dans moins d'un mois nous serons à la maison, et tout redeviendra comme avant. » Lança Isabella d'un ton rêveur.

« Tout ou presque. N'oublions pas ce cher cousin James. » Grimaça Alice.

« J'ai cru ne pouvoir contenir mon hurlement d'horreur quand ma tante a dit qu'il nous accompagnerait. Mais il nous est impossible de le refuser, ce serait trop impoli. Jamais ma mère ne s'en laisserait convaincre. »

« Et puis je crois qu'elle l'aime bien. Pour toi je veux dire. Je pense qu'elle veut vous marier. » Termina Alice dans un chuchotement.

« Quel cauchemar cela serait ! Être mariée à un homme comme lui … j'en ai des frissons d'horreur à cette simple pensée. Heureusement mon cher papa saura m'écouter et il refusera de lui donner ma main. » Dit Isabella, toute fière de son pouvoir de persuasion sur son père.

« Il verra l'Amérique et repartira bredouille. » Plaisanta Alice.

« En tous les cas, il reviendra sans moi. » Acquiesça Isabella.


Mais qui sont ces dames, demanderez-vous, et ces messieurs qu'elles mentionnent ? Et pourquoi parle-t-elles de palais, d'Europe et d'Amérique ? Voilà qui vous éclairera.

Cette histoire commence en vérité quelques années plus tôt, en 1846, en France, où deux jeunes personnes se sont rencontrées lors d'une réunion mondaine.

Charles Swan Pelham-Clinton était le fils de Henri Pelham-Clinton, Duc de Newcastle et Comte de Lincoln, et de Marie Swan. Mais aucun titre ni aucun avenir glorieux ne l'attendait en Angleterre, et cela il le savait bien car il n'était que le troisième fils du couple. Il aurait pu envisager de rester dans ce pays où il avait grandi, et embrasser une carrière militaire, ecclésiastique ou judiciaire, mais il refusait d'être toujours le troisième fils de. Son projet un peu fou était de partir pour les colonies, le Nouveau-Monde qui faisait rêver ceux un temps soit peu aventuriers. Et aventurier, Charles Swan l'était plus que nul autre.

Lors d'un séjour en France, il avait eu la chance de faire la connaissance de Marie-Renée de Habsbourg-Toscane, fille de Léopold II, le Grand-duc de Toscane, et de Marie de Saxe. Il existait peu de chances qu'ils évoluent dans les mêmes cercles, mais ils s'étaient pourtant rencontrés et avaient quelques fois conversé. La jeune fille avait était passionnée par le côté aventureux de Charles, partageant elle-même ce trait de personnalité.

Il l'avait courtisée et elle avait convaincu son père d'accepter l'union. Les fiançailles furent de courte durée et leur voyage de noces consista en une croisière entre Liverpool et New-York. La princesse de Toscane avait certes perdus son titre et ses privilèges européens, mais elle gagna rapidement une place dans la plus haute société américaine, et particulièrement à Philadelphie où le couple s'installa.

Leur richesse et leur noble parenté n'étaient pas un secret gardé de tous, mais tout le monde les connaissait comme les Swan. Charles avait choisi de porter le nom de sa mère et de s'illustrer par ses seuls mérites.

Rapidement une petite Isabella vit le jour. Elle fut malheureusement l'unique enfant du couple qui ne lésina pas sur son éducation. Elle étudia d'abord avec les meilleurs précepteurs puis dans les meilleurs pensionnats. Ses manières et son esprit, en plus de sa dote et des connexions de ses parents, en faisait un des meilleurs partis de Pennsylvanie.

Il existait peu de personnes en qui Isabella avait toute confiance, mais Alice Brandon faisait sans nul doute partie de ces quelques privilégiés.

La jeune fille s'était brusquement retrouvée orpheline le jour où ses parents avaient tout deux trouvé la mort lors d'un voyage, alors que la jeune fille était en pensionnat. Alors âgée de quinze ans, elle avait était placée sous la garde d'un tuteur, un des plus proches amis de son père, le Général Charles Swan. Elle avait été acceptée par la famille et, lorsqu'elle ne séjournait pas à l'école, elle vivait chez eux. Bien que deux ans la séparent d'Isabella, les deux adolescentes avaient lié une amitié profonde qui, cinq ans plus tard, restait inchangée et toujours aussi forte. C'est pourquoi lorsque la guerre civile avait éclatée, les Swan n'avaient pas réfléchis avant d'inclure Alice à leurs projets.

Charles, entant que Major-Général de l'armée de l'Union, avait combattu et mené ses troupes à travers les diverses batailles. Les dames demeurèrent à Philadelphie jusqu'à ce que les combats ne se rapprochent trop du nord. Charles Swan avait alors pris des dispositions, les envoyant d'abord dans le Maine, avant qu'elles ne partent en Europe pour les six derniers mois de guerre.

Bien qu'inquiète pour son époux, Renée avait été ravie de retrouver ses nombreux frères et sœurs dispersés dans les meilleures maisons d'Europe, et tout particulièrement sa sœur Augusta d'un an son ainée. Elles passèrent toutes les quelques mois d'hiver en Toscane avant de partir pour la Bavière.

Augusta de Habsbourg-Toscane s'était montrée un peu plus judicieuse que Renée dans ses choix de mariage. Ou plutôt, elle avait laissé les autres faire un choix judicieux pour elle.

En 1844, elle avait épousé un prince de Bavière, Léopold de Wittelsbach, neveu des rois de Bavière et de Grèce. Tous deux avaient eu cinq enfants, dont James était l'ainé.

Ce dernier avait une grande passion pour le pouvoir, l'argent et les femmes … mais aussi pour la chasse. Lorsqu'il avait rencontré sa cousine Isabella, fraichement débarquée d'Amérique, il avait vu là le moyen de réunir toutes ses passions. Elle ne lui apporterait certes du pouvoir qu'aux États-Unis, mais cette lacune était comblée par une dote imposante et une figure qu'il jugeait appréciable. En plus de cela, la jeune fille ne semblait pas se pâmer devant lui, ce qui le forcerait à chasser un peu. Voilà pourquoi il avait décidé de suivre ces dames outre atlantique. Et si au passage il pouvait conquérir et profiter des charmes de l'exubérante miss Brandon, cela n'en serait que plus parfait.


Tenant sa parole, Augusta avait donné des ordres pour que tout soit arrangé. L'importance et la richesse des voyageurs avaient facilité l'obtention des titres de transport mais cela ne réduisait en rien la distance, ni ne faisait avancer la locomotive ou les chevaux plus vite. Une semaine tout juste après la réception du télégramme, deux calèches quittèrent la München Residenz transportant les dames et James, leur femmes de chambre et valet personnels, ainsi que les nombreuses malles.

Parfois en train, d'autres fois en attelage, faisant halte pour la nuit ou pour une collation, toute cette troupe effectua le trajet entre Munich et Le Havre en trois longues et éreintantes journées.

Arrivés au port français, ils embarquèrent à bord du Washington, paquebot à roue de la compagnie générale transatlantique, qui effectuait ses derniers voyages entre la France et les États-Unis. La traversée de l'Atlantique mettrait près de deux semaines et la pauvre Renée se sentait déjà souffrante rien qu'à cette idée. Le voyage de l'aller l'avait vue désespérément malade et cloitrée dans sa cabine. Les demoiselles craignaient de devoir tenir compagnie à James, chose qu'elles avaient pu éviter jusque là grâce à la présence de Renée, mais heureusement il se trouva aussi incommodé que sa tante. Isabella et Alice purent donc profiter de leur traversée sans se soucier du désagréable gentleman.

Le quatrième jour qu'elles passèrent sur l'océan accueilli la nouvelle que, le 9 avril 1865, le Général Lee avait rendu les armes devant le Général Grant à la bataille d'Appotomax. Comme Charles Swan l'avait dit dans son télégramme, la guerre était maintenant terminée, bien que quelques-uns tentent encore de résister.

Le matin du 19 avril, tous débarquèrent sur les quais de New-York pour presque aussitôt prendre le train et continuer leur voyage vers Philadelphie. Après trois heures de ballotage sur les rails américains, ils arrivèrent en gare de Philadelphie où deux de leurs voitures les attendaient. C'est avec un immense soulagement, après seize jours de voyage, que tous virent apparaitre la résidence des Swan.

Charles devait sans doute guetter leur arrivée car il se retrouva dehors et à la porte de la voiture quand celle-ci s'arrêta.

« Enfin vous voilà ! » S'exclama-t-il en assistant son épouse hors du véhicule.

« Oui enfin. » Soupira Renée en le serrant brièvement contre elle. Les retrouvailles plus intimes prendraient place plus tard, à l'abri des regards indiscrets. « J'ai bien cru que ce voyage n'en finirait pas. »

« Mais … Madame regardez ça ! Je laisse partir une petite brailleuse et il me revient une véritable jeune femme ! » Commenta-t-il alors que sa fille sautait dans ses bras, ne se souciant pas de ce qui se faisait ou non.

« Ne dites pas d'âneries Charles. Vous l'avez vue à plusieurs reprises ces quatre dernières années. » Le fustigea gentiment son épouse.

« Certes, mais je ne m'étais rendu compte de rien. Une vraie dame ma foi ! »

« Oh papa comme vous nous avez manqué. Je suis bien contente que cette guerre soit terminée. Dites que vous ne partirez plus ! Dites-le je vous en prie. » Lança Isabella dans une moue suppliante.

« Allons, allons, ne redevenez pas la petite brailleuse dont je parlais à l'instant. » La gronda-t-il gentiment. « Je ne devrais pas avoir à repartir, si ce n'est quelques jours à l'occasion. Êtes-vous rassurée ? » Demanda-t-il, et Isabella se contenta de hausser les épaules comme une enfant qui boude, ce qui fit rire son père. « Et voilà Alice ! Comment se porte notre chère demoiselle Brandon ? » Salua-t-il.

« Bien monsieur. Je suis particulièrement heureuse et soulagée que nous soyons enfin tous réunis ici après ces horribles années. Non pas que nos occupations eut été horribles ! » S'empressa-t-elle de se corriger.

« Je n'en doute pas ! Regardez-vous, toutes apprêtées dans vos belles toilettes. Rien qu'à vous regarder je me sens plus pauvres de dizaines de dollars ! »

« Et vous n'avez encore rien vu Charles ! » Lança Renée avant d'être interrompue par un léger raclement de gorge. « Oh mais où sont passées mes manières ! Très cher, voici monsieur James de Wittelsbach, le fils de ma sœur Augusta. » Présenta Renée.

« Monsieur, soyez le bienvenu en notre maison. » Le salua Charles.

« Je vous remercie de m'accueillir si généreusement, monsieur Swan. » Répondit James en s'inclinant poliment comme le demandaient les convenances.

« C'est la moindre des choses, voyons. » Conclu le maitre de maison.

« Quelles sont les nouvelles papa ? Et comment vont nos amis ? Les Cullen ? Nous n'avons reçu aucune lettre depuis que nous avons quitté le Maine. » Questionna Isabella en s'accrochant au bras de son père qui les escortait, elle et Alice, vers l'intérieur de la demeure.

« Je crois que toutes nos relations se portent bien. Mais je n'ai pas eu le temps de me mettre à la page en ce qui concerne les rumeurs du voisinage si c'est ce que vous demandez. » Les taquina-t-il.

« Oh, nous nous occuperons de cela dès que nous retrouverons la société de Philadelphie. » Le rassura Alice avec tout son sérieux. « Quand pensez-vous que cela sera ? »

« Dès ce soir mesdemoiselles, dès ce soir. »

« Ce soir ! » S'exclamèrent les trois dames. « Enfin, Charles, vous n'y pensez pas ! » Continua Renée.

« Les Sherwood donnent une réception pour célébrer la victoire de l'Union. »

« En avons-nous manquées beaucoup ? » S'empressa de demander Alice.

« Les Rogers ont donné un dîner il y a deux jours, mais rien de bien excitant pour deux jeunes filles en quête d'amusement. » Répondit-il. « Alors que ce soir … »

Isabella sourit, autant à l'idée de retrouver leurs connaissances qu'à la vue de l'enthousiasme de son amie Alice.

« Mais voyons, nous n'avons rien à nous mettre. » Contra Renée.

« Maman vous plaisantez j'espère ! Et toutes nos toilettes que nous avons fait faire en Europe ? »

« Sommes-nous au moins invitées ? » Demanda-t-elle à son époux.

« Madame Sherwood m'a donné l'invitation en main propre, et elle m'a demandé la date prévue de votre retour. Lorsque je lui ai donné une estimation, elle m'a bien précisé qu'elle prendrait cela comme une insulte si vous étiez en ville et que vous ne veniez pas. Sauf, bien entendu, si le voyage vous avez trop incommodées. » Expliqua Charles.

« Oh maman, acceptez, je vous en prie. Nous ferons une sieste cet après-midi. » Lança Isabella, alors qu'Alice appuyait la demande d'un air suppliant.

« Soit. Mais vous porterez une de vos toilettes les plus sobres. Il serait de mauvais gout d'arriver apprêtée comme à la Cour du roi de Bavière. »

« Pas trop sobre tout de même. Je sais déjà ce que je vais porter ! Sarah, il faut vite défaire nos malles avant que tout ne soit trop froissé pour être mis ce soir. » Lança Alice à la femme de chambre qu'elle partageait avec Isabella.

Les deux jeunes filles s'éclipsèrent vers l'étage, suivies par des domestiques portant leurs bagages et la pauvre Sarah qui était déjà remise au travail, à peine arrivée à destination.

« Mon pauvre neveu, je crains que nous soyons déjà lancés dans le tourbillon des réceptions. » S'excusa Renée.

« Ma tante, si cela ne vous pose pas de problème, je préfèrerai rester ici ce soir. »

« Voyons, ne vous sentez pas obligé de … »

« Du tout. » La coupa James. « Je suis encore incommodé par la traversée et j'aurai aimé me retirer tôt ce soir. »

« Alors je resterai avec vous. » Décida Renée.

« Quel non-sens, ma tante ! Allez retrouver vos connaissances ! Je suis certain qu'un maigre diner dans ma chambre et une bonne nuit de sommeil dans un lit qui ne tangue pas suffiront à me remettre sur pieds. »

« En êtes vous sûr ? »

« Tout à fait. » Dit-il avec certitude. « Je ne serai pas des meilleures compagnies ce soir, je le crains. »

« Alors … nous irons chez les Sherwood, Charles. » Conclu-t-elle en se tournant vers son époux.