Quinn appuya sur le déclencheur et le flash se leva, donnant à l'appareil la luminosité nécessaire pour prendre la photo. Lorsque celle-ci apparut sur l'écran, elle pencha la tête sur le côté, à moitié satisfaite et regarda à nouveau dans le viseur. Elle ajusta l'objectif, tentant de prendre la plus belle vague qui frappait la falaise, l'écume se dispersant et volant quelques secondes dans l'air pur. Le mouvement de la mer, éternel et continu, l'apaisait. Elle se laissa bercer par la douce réminiscence de son enfance, vécue sur ses mêmes plages. Quinn aimait tant la mer, mais pourtant, elle en avait peur. Quel drôle de paradoxe n'est-ce pas ? Elle en rêvait de s'y baigner, de s'y plonger, de sentir sur se peau la douce caresse de l'eau, sa fraîcheur sur ses membres. Mais les rêves ne se réalisaient pas toujours, parfois il fallait savoir en oublier quelques-uns. Elle avait tellement de rêves, celui de pouvoir devenir photographe à part entière, celui d'avoir un studio avec une chambre noire, celui de s'acheter une maison, celui d'avoir un chien ou peut-être un chat, celui de se réconcilier complètement avec ses deux sœurs, de s'en aller loin, là où le soleil brillerait sur son corps, là où rien ne pourrait l'atteindre, là où tout serait tout simplement parfait et bien sûr celui de se marier, d'avoir une ribambelle d'enfants courant dans toute la maison, de pouvoir être dans les bras de l'homme de sa vie, de son âme sœur, se laisser caresser le dos et de se faire embrasser tendrement. Celui d'être heureuse et complète. Celui d'aimer, celui d'être aimée…Elle regarda ses mains, ses longs doigts fins et les imagina enlacés avec d'autre, elle imagina l'une de ses mains se glisser contre une autre, contre une paume chaude et réconfortante, la caresse d'un pouce sur le dos de sa main. Elle sourit à l'idée de ce rêve et secoua la tête doucement chassant ces idées mièvres et illusoires. Elle reprit contenance et cadra la photographie, elle chercha à prendre l'horizon, le soleil se levant, beau et magique, l'aurore… Elle s'immobilisa et à nouveau appuya sur le déclencheur, le miroir se leva et l'image s'y réfléchit puis le photographie s'afficha. Mais le lever de soleil n'était que l'arrière-plan. Alors que Quinn pensait voir le plus beau paysage qu'il puisse exister, elle contempla un bel homme blond, légèrement rougi par l'effort de sa course. Les yeux bleus et fixés droit devant lui, la bouche fine, le teint pâle malgré tout, et le nez aquilin. Il était beau, ce fut tout ce qu'elle pensa en le voyant. Il était beau tout simplement. La grande brune sourit et caressa rêveusement l'écran. Les rêves ne se réalisaient pas toujours, certes, mais parfois ils se matérialisaient juste devant nos yeux. Elle sut à cet instant qu'il serait son rêve et peut –être même le plus important de tous, l'homme de sa vie.