Chapitre 1 : Lève toi et marche
« Que le soleil vienne éclairer tout à coup les habitants d'une caverne obscure, qu'il darde impétueusement ses rayons dans leurs yeux non préparés, il ne fera que les aveugler pour jamais. »
Jean le Rond d'Alembert
Potions. Encore.
Ce n'était pas tant la matière que le professeur qu'Harry détestait. En réalité, il aimait bien les potions. Ajouter un peu plus ou un peu moins d'orties et au lieu d'obtenir un remède contre les furoncles on pouvait obtenir un puissant poison qui liquéfiait irrémédiablement l'estomac.
C'était vraiment intéressant. De minuscules détails pouvaient changer la face du monde.
Le problème… C'était le prof.
Harry n'en pouvait plus de ces sarcasmes permanents, ces zéros à répétition, ces retenues injustifiées et ces pertes de points tout aussi aberrantes.
Heureusement que la fin de l'année scolaire approchait. Il ne restait plus qu'un mois avant les BUSES. Même si son rêve premier était de poursuivre un formation d'Auror après Poudlard, il n'était pas sur qu'il aurait le courage de supporter Snape pendant encore 2 ans…. S'il parvenait à obtenir un Optimal lors de son examen, ce qui n'était, franchement, pas courut d'avance. D'abord parce que depuis quelques semaines, il n'avait eu rien d'autre de des zéros et ensuite parce que même s'il était quasiment sûr qu'hors de la présence de Snape et de ses habituelles remarques sarcastiques il parviendrai à réussir correctement sa potion, un manque de travail évident dans cette matière depuis maintenant 5 ans, l'empêcherait d'obtenir la note maximale lors de l'évaluation théorique.
Toujours est-il que ce matin là il se trouvait encore dans les cachots en compagnie des Griffondors et Serpentards de 5ème année. Depuis son lamentable renvoi des cours d'occlumencie, Snape était encore plus odieux que d'habitude en classe. Et oui, étonnamment c'était possible.
5 minutes après le début du cours, le jeune Griffondor venait déjà de faire perdre 5 points à sa maison car sa cravate était mise de travers et un pan de sa chemine dépassait de son pantalon. Bien évidemment il n'était pas le seul, à l'image de ces deux idiots qu'étaient Crabbe et Goyle qui avaient l'air encore plus débraillés que lui, mais Snape ne leur fit aucun commentaire et ne leur lança même pas le regard méprisant qu'il avait l'habitude d'envoyer à tous ceux qui étaient mal habillés.
Quand il réveillé ce matin là, Harry avait tout de suite eut un mauvais pressentiment. Une sorte de tiraillement permanent au ventre, et pour prévenir toute catastrophe, il s'était retourné dans son lit feignant une maladie imaginaire mais Hermione l'en avait tiré à grand renforts de claques sur le bras et il s'était finalement résigné à poser une pied, puis l'autre, sur le sol.
Il avait mal dormi, sa cicatrice le picotait et il n'était donc vraiment pas d'humeur à supporter les quolibets incessants de son professeur de potions.
« Harry, il te manque un crochet de Serpent. » murmura Hermione en lui montrant les ingrédients disposés sur sa table.
Harry releva la tête et compta par lui-même le nombre de crochets présents. Il n'y en avait que trois au lieu des 4 indiqués dans la recette. Pourtant, il était sûr qu'il avait tous, il y a encore 5 minutes. Suspicieusement, il jeta un coup d'oeil autour de lui en direction de ses camarades.
Additionnant 1+1 sans grande difficulté ou plutôt le sourire en coin de Malfoy et les regards amusés de certains Serpentards, le jeune Griffondor comprit qu'il avait encore été victime d'une tentative de sabotage.
« Merci » siffla t'il à l'attention d'Hermione avant de retourner furieusement au bureau du Maitre des Potions pour aller chercher le crochet manquant, tout en essayant d'ignorer le regard perçant du professeur. S'il réussit à l'éviter, il n'avait, en revanche, aucun moyen de fermer ses oreilles avant qu'inévitablement Snape n'ouvre la bouche pour invectiver une de ses remarques acides dont lui seul avait le secret.
« Potter, » commença l'espion d'une voix doucereuse, assez forte cependant pour que tout le monde puisse entendre, « Je commence à penser que vous devriez retourner en classe de première année…non même là je crois qu'ils savent compter jusqu'à 4… Ahhh la génétique » soupira t-il faussement pensif, provoquant le redoublement des rires chez les Serpents.
Les joues brûlantes d'humiliation, le jeune Griffondor retourna vivement vers sa place en évitant dans le même temps un croche pied peu subtil de la part de Crabbe et ignorant une remarque sarcastique de Malfoy qu'il ne prit même pas la peine d'essayer de comprendre.
LUX_AETENRA
C'était plaisant. Terriblement jouissif même. Le voir serrer le bureau de peur de ne pas savoir se contrôler….
Ses jointures était blanches, sa langue devait pratiquement saigner et ses dents allaient bientôt s'enfoncer dans ses gencives tant il serrait les mâchoires. Ses cheveux en bataille se dressaient sur sa tête à tel point qu'on pouvait légitimement se demander s'il ne venait pas de ressortir d'un buisson épineux. Le garçon était rouge d'humiliation et de colère. Severus pouvait pratiquement voir la fumée sortir de ses orifices.
Le tableau était tout simplement magnifique. Digne d'entrer au British Museum.
Mais malgré tout, Severus était déçu.
Se déchainer sur Potter lui permettait de passer une bonne journée, cependant depuis quelques temps, le garçon faisait vraiment tout pour ne pas se faire remarquer et le professeur ne pouvait que se contenter de faits mineurs… Et donc de punitions mineures.
Ah le petit saligaud s'était bien amusé, et se pensait au dessus des lois. Et bien maintenant il devait bien déchanter. Et Dumbledore qui lui avait dit qu'il avait sûrement été un peu trop curieux.
Comme si.
Comme si Harry Potter, fils de James Potter agissait par simple curiosité. C'était insensé. Il y avait forcément quelque chose de malveillant derrière. Cet abruti n'était pas un Potter pour rien.
Mais il aurait sa revanche. Petit à petit. Mais il l'aurait.
Et elle serait d'autant plus belle.
LUX_AETENRA
Pour avoir demandé un peu trop bruyamment le flacon contenant l'eau du fleuve de Léthé à Seamus, Harry fit faire perdre 5 points de plus à sa maison.
Malgré tout, et à sa grande surprise, sa potion avait la même couleur que celle d'Hermione ce qui était plutôt bon signe. Il ne lui restait plus que 4 étapes sur les 18 que contenait la recette et il aurait fini.
Peut-être que pour une fois, il aurait autre chose qu'un zéro. Peut-être.
Le jeune Griffondor se gratta machinalement les cheveux en attendant le sachet d'épine de Porc-épic. Ce geste anodin ne passa malheureusement pas inaperçu aux yeux du professeur.
« Potter, ne croyez vous pas que vos cheveux sont assez emmêlés pour qu'en plus vous passiez votre main dedans toutes les 5 minutes ? »
Avant qu'Harry n'ai pu répondre qu'il préférait avoir les cheveux emmêlés que les mêmes cheveux gras que ceux de son professeur, ce qui l'aurait très certainement emmené en retenue à frotter les toilettes avec une brosse à dents, il sentit une violente douleur au niveau de sa cicatrice.
Le jeune Lion ne se rendit pas compte que le sachet qu'il venait de recevoir de la main de son camarade venait d'exploser en tombant à terre. Il se retrouva dans une immense salle, très sombre malgré la lumière qui inondait la pièce au travers de grands vitraux.
Le serpent était à ses cotés. Il le caressait d'un air absent tandis qu'il s'avançait élégamment vers une masse noire, informe, tapie dans un coin obscur de la salle.
Ses pieds étaient nus mais le contact de ses orteils sur la pierre froide lui procurait une intense sensation de plaisir.
Il vivait.
Il avait un corps qui lui permettait de percevoir les éléments extérieurs.
Il n'était pas cette essence qui avait erré çà et là pendant quatorze longues années.
L'homme devant lui, tremblant comme il les aimait, leva la tête et gémit quand il croisa son regard.
Il n'avait pas eu les informations qu'il voulait, et ça… Ce n'était tout simplement pas possible. Rockwook avait pourtant dit que son ancien collègue travaillait dans ce département, il était donc impossible qu'il ne sache pas.
« Je te le demande une dernière fois « siffla t-il à l'attention de l'homme comment s'appelait-il déjà… Ah oui, Stewarf « quels sont les ingrédients pour l'élixir de Régénérescence ? »
« Je ne sais pas « sanglota l'homme « S'il vous plait, je ne sais—»
Pourvu d'un sentiment de colère mêlé à une jouissance infinie, il leva sa baguette et prononça un Crutiatus.
Qu'il était magique de voir ces corps s'articuler dans des angles improbables, le son de leur souffrance résonnait comme une douce musique à ses oreilles. L'être humain dans toute sa splendeur.
L'homme pleurait, suppliait de mourir, assurait qu'il ne savait pas et lui, lui riait.
Aussi vite qu'il était arrivé dans la grande salle inconnue, Harry soudainement retrouva la fraicheur des cachots et sa luminosité lugubre.
Après ce qu'il venait de faire, même la voix grave et profonde de son professeur lui procurait un sentiment de sécurité. Il en était presque heureux. Presque….
Quand son cerveau réussit enfin à décortiquer et à assembler ses mots un à un et ensemble, la colère et la rage que le Lion éprouvait envers le Directeur de la Maison des Serpentards réapparurent aussitôt.
D'un bond il se releva, sans tenir compte de la douleur de ses genoux qui avaient durement rencontré la pierre humide des cachots tout en frottant inconsciemment sa cicatrice qui pulsait douloureusement sur son front.
« Qu'avez vous dit ? » siffla t'il si bas qu'il avait lui-même du mal à s'entendre au milieu des ricanements des Serpents.
Ses yeux verts rencontrèrent les deux orbes sombres de son professeur qui affichait à l'instant un visage particulièrement malveillant.
Depuis l'arrêt brutal des cours d'occlumencie, le visage de Snape à son égard avait changé. A l'origine, quand le professeur rencontrait par inadvertance son regard, un profond dégoût se peignait sur ses traits. Mais là, en plus de cette antipathie permanente, l'homme abordait un masque particulièrement haineux. Si les regards avaient pu tuer, nul doute qu'Harry serait déjà mort. Il ne savait pas si Remus avait parlé à Snape au sujet de la Pensine mais s'il l'avait fait, eh bien les choses étaient bien pires qu'initialement.
« J'ai dit Potter » répéta le professeur en articulant exagérément comme s'il s'adressait à un enfant de 5 ans, « que ce n'est pas la peine de vous mettre en scène de cette façon. Plaquez une fois pour toutes vos cheveux sur votre front pour cacher cette cicatrice et arrêtez d'y toucher. Nous savons tous que vous ne seriez rien d'autre qu'un petit poltron sans importante aux yeux des autres sans cette cicatrice. Mais par pitié, même si vous en très fier… »
Les gloussements des Serpentards se transformèrent en halètements horrifiés quand le corps du professeur traversa la salle de classe pour aller rencontrer violement le mur de pierre derrière son bureau renversant au passage tous les parchemins qui y étaient posés.
Un brouhaha indescriptible s'en suivit. De la fumée noirâtre s'échappait des chaudrons, les flacons de potions posés sur les étagères de bois s'entrechoquaient et les cris des étudiants bourdonnaient aux oreilles d'Harry.
Mais il n'entendait rien. Rien d'autre que la rage qui bouillonnait en lui.
La colère irradiait ses pores et il était sûr que ses camarades pouvaient la voir. Et quand bien même ils ne pouvaient pas, ils la sentaient sûrement. Le jeune sorcier s'avança lentement vers le professeur se délectant de la peur qui flasha sur son visage avant d'être avalée par un masque neutre.
Harry se dégagea violement de la poigne d'Hermione et lança un regard meurtrier à Ron le défiant de tenter quoi que ce soit. Le rouquin ramena précipitamment à lui la main qu'il allait poser sur le bras de son ami.
D'un geste négligent de la main, Harry envoya la baguette que le professeur avait tirée de sa poche au dessus d'une étagère.
Il n'avait même pas sorti la sienne. Une nouvelle fois, un éclair de surprise apparut sur les traits de l'homme.
Quand le Lion arriva devant lui, l'espion s'était relevé sur toute sa hauteur et le toisait avec son visage habituel : haineux et méprisant.
Tant mieux, c'était les deux sentiments qu'il éprouvait à l'égard du professeur en ce moment même. Pour une fois qu'ils allaient de pair.
Oh qu'il haïssait cette colère brute et animale qui envahissait chaque fibre de son corps. La même qu'il avait ressentie quelques minutes plus tôt juste avant qu'il ne lance l'Impardonnable sur le corps tremblant dans la grande salle inconnue.
Mais il en était incapable de s'en débarrasser et il se surprit à aimer ce sentiment de puissance qui se dégageait sa personne ainsi que celui de peur qu'il avait engendré chez l'ex-Mangemort.
« Je vous interdis de… » commença t'il en pointant son index gauche vers Snape.
« Vous n'avez rien à m'interdire Potter… » gronda le professeur d'une voix menaçante.
« Taisez vous ! » coupa t'il.
Les objets tremblèrent encore plus forts et certains flacons tombèrent dans un bruit de verre brisé. Des pots de cafards entreposées sur les étagères chutèrent eux-aussi se répandirent sur le sol laissant une trace gluante à l'endroit où le formol avait touché le pierre.
La salle était devenue silencieuse mis à part les supplications de quelques valeureux camarades de classe qui lui demandaient de se calmer.
Certains élèves s'étaient rapprochés du duo tandis qu'Hermione, fidèle à elle-même et à sa froide raison, lançait des Evanesco sur tous les chaudrons qui menaçaient d'exploser.
Un dôme d'or semblable à celui de celui du cimetière de Little Hangleton apparu autour d'eux sans qu'Harry en comprenne l'origine bien qu'il se doutait que c'est lui qui l'avait crée.
Ils étaient coupés du monde. Il n'y avait plus aucun bruit, seule la respiration sifflante d'Harry venait troubler le silence.
Il était seul face au professeur.
Seul, et pour la première fois, il en était content.
Snape avait considérablement pâli.
« Vous allez m'écouter maintenant » dit-il en s'approchant de l'ex-Mangemort qui semblait se forcer à ne pas reculer.
L'homme ouvrit la bouche et ses lèvres remuèrent mais aucun son n'en sortit. Harry ignora l'expression indignée et reprit.
« Que vous m'insultiez passe encore. Bien que je commence à croire que derrière moi, c'est l'image de mon père que vous voulez atteindre. Eh bien laissez moi vous dire Snape que c'est une tentative pathétique. Vous m'en voulez pour la Pensine ? » Et sans attendre une réponse qui ne viendrait pas mais qui était inscrite sur le visage de l'homme, Harry continua. « Eh bien professeur ce n'est pas du tout ce que vous croyez. Je sais ce que c'est que d'être humilié Snape. Je sais ce que vous avez ressenti. Quand j'ai vu ce que mon père vous a fait j'ai eu honte d'être son fils, et d'être le filleul de Sirius. »
La colère qui avait animé les traits de l'homme à l'évocation de l'incident de la Pensine laissa subitement place à une stupéfaction sur le visage du Mangemort. Harry regarda quelques secondes autour de lui. Les étudiants s'étaient rapprochés et Hermione semblait s'égosiller et faisait de grands gestes pour attirer l'attention de Harry mais il ne s'en soucia guère reportant son attention sur l'homme qui s'avançait vers lui, bras tendus, apparemment prêt à le maitriser par la force.
Mu par la colère, Harry leva les paumes devant lui, l'homme perdit l'équilibre sa tête claquant une nouvelle fois sur le mur de pierre.
L'espion porta ses mains à sa gorge comme si une force invisible lui enserrait le cou et Harry se rendit compte que sa main semblait serrer dans le vide comme s'il étranglait à distance. Le pouvoir parcourait son corps, et lui provoquait une étrange sensation, une sorte de picotement agréable chatouillait ses bras.
Le jeune orphelin s'avança, s'accroupit aux cotés de l'homme passablement sonné et il lui chuchota à son oreille :
« Qu'est ce que vous croyez Snape ? Que je suis heureux d'être le fils d'un homme qui a attaqué les plus faibles pendant des années ? Pour qui me prenez vous ? Le digne fils de mon père… Je ne suis pas comme ça. Mais vous êtes trop enfoncé dans votre propre haine pour voir vraiment le visage des gens qui vous entourent.
Vous avez vécu l'humiliation et pourtant vous me faites la même chose, vous m'attaquez alors que vous savez très bien que je ne peux pas me défendre. Vous faites exactement la même chose que lui alors que vous en avez été victime. Vous l'avez vu Snape, vous l'avez vu dans mes souvenirs que mon cousin me faisait la même chose.
Je vous absous de toute dette que vous devez à mon père, Snape. Je n'ai pas besoin d'un protecteur qui s'efforce depuis ma première année de me faire virer de Poudlard. »
L'homme essaya de se redresser quand Harry parla de la dette qu'il avait envers James Potter mais Harry diminua l'espace qu'il y avait entre son pouce et ses autres doigts. Snape eut une grimace de souffrance rapidement ravalée par un rictus hautain et planta son regard noir dans les yeux verts de Harry. Même dans les moments où il était en position de faiblesse l'homme était incapable de se départir de son orgueil. Les yeux onyx étaient si noirs que même les Ténèbres paraissaient lumineuses en comparaison.
« Je ne suis pas heureux d'être le fils de cet homme. » Annonça t'il en articulant exagérément. « Ni le filleul de son ami d'ailleurs. Je ne suis même pas sûr qu'aujourd'hui Sirius se soit vraiment rendu compte de la portée de ses actes. »
Il resta un moment silencieux, le souffle rapide de l'homme lui parvenait aux oreilles, son haleine sentait les herbes fraiches, bizarrement il s'était attendu à la même odeur que celle des vieilles chaussettes de Ron restées trop longtemps sous son matelas.
« Par contre, je suis heureux d'être le fils de la femme qui vous a défendu devant lui. Qui a tenu tête au petit arrogant qu'était mon père.
Et je suis aussi heureux d'être le fils de l'homme qui a donné sa vie pour protéger sa femme et son enfant. Un homme courageux et brave. Qui a fait face à la mort pour protéger les gens qu'il aimait. Jusqu'au bout. »
Harry se releva brutalement et haussa le ton. Il sorti la baguette de sa poche et la pointa devant Snape tout en penchant son buste vers l'homme.
« Vous pouvez pensez ce que vous voulez de moi Snape, me rendre la vie impossible mais je vous interdis de dire que je suis heureux d'avoir cette cicatrice » dit-il en levant ses cheveux. « Vous croyez vraiment que je suis heureux de porter la marque qui me rappelle tout les jours que mes parents sont morts par ma faute ? Cette marque qui me rappelle que ma mère, cette sale-sang-de-bourbe a fait barrage avec son corps pour me protéger quand Voldemort voulait me tuer ? Eh bien quoi Snape. » Ajouta t'il quand les dernières couleurs quittèrent le visage déjà blafard de Snape. « Ne me dites pas que maintenant vous détestez cette appellation Sang-de-Bourbe alors que vous l'utilisiez bien à mon âge et ça n'avait pas l'air de vous choquer. Ca sonnait bien dans votre bouche pourtant » ajouta il l'air faussement songeur.
« Tous ces morts » et il su que la tristesse prenait peu à peu la place de la colère dans son cœur, « Cédric, ma mère, mon père, les autres ils sont tous morts parce que j'existe. C'est comme si j'avais tenu moi même la baguette qui les a tué. Si je pouvais changer le passé, j'aurai tout fait pour ne pas exister. »
Les larmes lui brulaient les yeux, il les ferma quelques secondes. Sa voix avait failli. Mais il mourrait avant de pleurer devant Snape. Harry se redressa en levant le menton et en baissant ses yeux vers son professeur toujours muet.
« Pensez ce que vous voulez de moi Professeur mais je suis heureux d'être le fils de mes parents. D'être le fils de James Potter et Lily Evans, deux êtres humains qui se sont battus jusqu'à y perdre la vie, pour une cause qui leur semblait juste.
Malgré cela, ils n'en sont pas moins humains et c'est à ce titre qu'ils sont faillibles Snape. Je pensais que vous l'aviez compris. »
Il tourna les talons en remarquant à peine que les frontières du dôme avaient disparu. Les cris des élèves arrivaient avec force à ses oreilles. Sans un mot, sans un geste pour eux, il traversa la haie que les étudiants avaient créée à son passage et sortit dans le couloir en courant. Il ne s'arrêta pas quand il entendit la voix de Dean.
Les couloirs étaient calmes, la plupart des étudiants encore en cours. Sans un mot d'excuse pour la grosse dame qu'il avait réveillé en hurlant le mot de passe de l'entrée de la salle commune des Griffondors, il s'engouffra dans les dortoirs.
Il s'assit en tailleur sur son lit, plaça son visage entre ses mains et prenant de profondes inspirations pour se calmer.
Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il aurait autre chose qu'un zéro en potions.
Ce qu'il avait dit à Snape lui revint subitement en pleine figure.
Oh le professeur allait l'écharper sur la place publique. Il lui avait donné une raison pour le renvoyer sur un plateau d'argent.
Quand Snape en parlerait à Ombrage…
Ombrage…
Mon Dieu Ombrage...
Il était mort.
Quand cette vieille folle aurait vent de ce qu'il avait fait à Snape, il ne donnerait pas cher de sa peau. Littéralement
Le simple souvenir du sourire machiavélique de Rusard et la lueur de folie dansante dans les yeux de la Grande Inquisitrice quand ils avaient attrapé Fred et Georges, lui donnait des frissons dans le dos.
Harry repoussa cette horrible pensée au plus profond de son esprit et se dirigea vers son lit. Prenant appui de son bras gauche sur le matelas, il tira sa malle, rangée dessous.
Il fallait qu'il parle à Sirius au plus vite, lui demander conseil. Et le seul moyen pour cela c'était le paquet que l'homme lui avait donné à Noël. Le contacter par la cheminée était bien trop risqué surtout sans l'aide d'Hermione, Ron et des jumeaux.
Le jeune Griffondor ne savait pas ce que le paquet contenait mais se souvenait des mots de son parrain : « Je veux que tu t'en serves si tu as besoin de moi, d'accord ? »
Sirius saurait quoi dire pour le rassurer, et le guiderait pour faire face au conséquences. Après tout, il n'était pas le seul en tort si ? Aussi bizarre que cela puisse paraitre, Harry était presque certain qu'Ombrage ne tiendrait pas compte du fait que Snape l'ait insulté en prétendant qu'il était fier d'avoir cette cicatrice, et il était même sur qu'elle ne l'écouterai même pas.
Et puis… Voyons le beau coté des choses, s'il était renvoyé, il pourrait passer du temps avec Sirius, comme il lui avait promis. Hors de question qu'il retourne à l'année chez son oncle et sa tante.
Harry enfonça sa main dans la malle, y prit la carte des Maraudeurs, la cape d'invisibilité et le petit paquet.
Il allait ouvrir l'emballage quand il entendit des voix provenant de la salle commune. Quand il reconnu celle de Ron, il se releva d'un bond en fermant hâtivement la valise et le repoussant prestement sous le lit. Les pas devenaient de plus en plus distinct et Harry se doutait que Ron arriverait dans le dortoir d'une seconde à l'autre.
Il se redressa et courut dans un coin caché sous la cape d'invisibilité de on père. Harry terré derrière le lit de Neville, ne vit pas ce que son ami faisait mais il se doutait qu'il fouillait la pièce du regard.
Merde, il avait dans sa fuite oublié le paquet posé hâtivement sur le lit.
Il traita le rouquin de tous les noms quand il se rendit compte qu'il furetait dans sa propre malle à la recherche très certainement de la carte des Maraudeurs.
Puis les pas s'éloignèrent et le silence revint. Harry attendit encore quelques secondes puis se releva. Le jeune homme jura une nouvelle fois quand il se rendit compte que Ron avait pris le cadeau de Sirius, mais n'eut pas le temps de sortir son juron favori qu'une nouvelle fois sa vue se déroba et bientôt il fut de retour dans l'immense salle qu'il avait quittée quelques minutes plus tôt. Là, à travers les yeux de Voldemort, il vit une silhouette bossue, encapuchonnée s'agenouiller élégamment devant lui.
« Maitre j'ai de bonnes nouvelles… » commença la personne, une pointe d'excitation dans la voix, Sirius Black s'est apparemment caché dans la Cabane Hurlante de Pré au Lard dans le but de joindre son filleul. »
« Excellent excellent Nott. Ramène-le moi. »
« Bien Maitre » répondit humblement le Mangemort en se courbant à la manière d'un elfe de maison.
« Mais d'abord, je voudrais que tu t'occupe de notre jeune ami ici présent. »
Dit-il d'une voix aigue en tournant les yeux vers une masse informe parcourue de spasmes. »
Du siège où il était assis, il leva négligemment sa baguette et la victime hurla.
Harry ouvrit les yeux, il était allongé par terre, à quelques centimètres d'un tapis rouge et or et du pied du lit de Ron.
Sirius était en danger.
Pourquoi s'était-il risqué à venir dans la cabane hurlante. Savait-il déjà pour Snape ?
Pas le temps de prévenir les autres, Nott pouvait arriver d'un instant à l'autre.
LUX_AETENRA
A en juger par le sang qui coulait le long de sa nuque, Severus se doutait que sa tête n'aimait pas rencontrer les pierres des cachots.
Il n'aimait pas non plus être l'objet de tous les regards sachant que ses mains tremblaient sans qu'il puisse les contrôler.
« Sortez tous. La classe est finie. » Dit-il essayant de placer le venin habituel dans sa voix, tout du moins dissimulant au mieux les tremblements de celle-ci. « Weasley, Granger » aboya t'il.
Les deux jeunes gens s'approchèrent tremblants du bureau, n'osant pas le regarder alors que les autres lui lançait des regards en coin, inquiets pour ses Serpents, victorieux pour les Lions.
« Retrouvez Potter et dites lui qu'il est convoqué dans mon bureau pour midi au plus tard, s'il n'y est pas… j'informerai personnellement la Grande Inquisitrice. »
Le professeur était certain que ses lèvres s'étaient étirées en un horrible rictus malveillant et il en était doublement content. D'abord parce qu'à en croire les expressions indignées inscrites sur les visages des deux Griffondors il n'avait rien perdu de sa prestance et ensuite parce que bien que la menace était complètement factice, elle était tout à fait plausible.
Après tout, il était l'horrible bâtard des cachots…
Dans deux heures maximum, tout le château serait au courant, et Potter était trop dans le collimateur de la Grande Inquisitrice pour tenter de faire quoi que ce soit.
Quoi que
Quoi que
D'un geste sec de la main, il les fit sortir de la salle, ce qu'ils s'empressèrent de faire, pressés de retrouver leur ami pour lui éviter des ennuis supplémentaires.
Restés seul, Severus s'appuya sur son bureau et ferma les yeux.
Il avait mal à la tête. Le sang battait contre ses tempes et l'empêcher de réfléchir correctement à la situation actuelle. Pour preuve, d'un geste rageur, complètement inutile, dont il était sûr qu'il regretterait sitôt sa colère redescendue à son plafond normal, le Professeur balaya d'un revers de main la surface de son bureau renversant plumes, livres, encriers et parchemins sur le sol.
Parfait, rien ne pouvait être pire, maintenant toutes les copies de ses élèves quelques soit les années, quelques soient les maisons, étaient mélangées.
Tout ça à cause de…. Potter
Pourquoi cet abruti avait réagi comme ça ? Il n'était pas censé réagir ainsi.
Ca faisait des années que le professeur se moquait ouvertement de lui à l'aide de sarcasmes, piques et parfois même de ses élèves mais le garçon n'avait jamais eu une réaction aussi disproportionnée.
Et d'où lui venait ce pouvoir ? Sans baguette en plus.
Le maitre des Potions était bien sûr capable de lancer des sorts potables sans baguette, merci aux entrainements intensifs lors de sa formation de Mangemort – quoi que, tout les serviteurs du Seigneur des Ténèbres n'y arrivaient pas - mais ce stupide gosse avait réussi à maintenir un dôme insonorisé, l'avait désarmé, avait bridé sa magie et l'avait pratiquement étranglé.
Tout ça en même temps.
Il se massa la gorge. Le gamin n'y était pas allé de main morte, c'était à peine s'il avait pu respirer.
Severus avait eu beau essayé d'ôter le sort du silence via un informulé, il en avait été incapable.
Et prendre son autre baguette aurait été trop risqué, vu la facilité avec laquelle il avait été démuni de la première, il valait mieux qu'il garde ses bottes secrètes le plus longtemps possible.
Après tout ce n'est pas comme s'il avait été en danger de mort…
Non non non, Severus avait juste été mis à terre par un ridicule enfant de 15 ans en colère pour il ne savait quelle raison, isolé du reste de la classe par un bouclier qu'il aurait été incapable de reproduire et désarmé par ce même gamin qui lui avait hurlé ses 4 vérités.
Parce que malgré lui, le Maitre des Potions n'avait pu qu'être impressionné par le discours du jeune homme.
Dégoulinant de vérité brute. Craché avec dégout.
Vous avez vécu l'humiliation et pourtant vous me faites la même chose, vous m'attaquez alors que vous savez très bien que je ne peux pas me défendre et vous le savez bien. Vous faites exactement la même chose que lui alors que vous en avez été victime.
Il se revoyait 20 ans avant, la tête en bas, sa robe de sorcier tombée, dévoilant par la même occasion son caleçon, le tout sous les yeux d'une trentaine de personne qui riait à gorge déployée satisfaisant ainsi Potter et sa bande.
Etait-il vraiment la personne que Potter avait décrite ?
Non, il n'était pas lâche. Il ne s'y prenait pas à 4 pour l'humilier.
Mais oui, il utilisait son statut de professeur pour le rabaisser.
Et oui, il aimait que ses Serpentards rient quand il faisait un commentaire désobligeant à l'égard du Griffondor. Des Griffondors. Des autres maisons que la sienne.
Où était la différence ?
Peut être que c'était encore pire, dans le sens où c'est lui qui était censé être raisonnable, lui qui était censé avoir l'expérience du monde, la maturité nécessaire pour aborder l'univers extérieur.
Mais c'est Potter Jr qui avait commencé.
Depuis le début, ce petit arrogant ne cherchait qu'à se pavaner dans tout le château sous les yeux ébahis de sa suite comme son père avant lui.
C'était Potter qui s'était introduit dans sa vie privée en regardant dans la Pensine.
C'était Potter encore qui venait de l'humilier devant une classe de 20 personnes.
C'était Potter
C'était Potter qui avait commencé.
Lui et son père avaient les mêmes expressions de haine. Leur bouche s'étirait au même endroit, leurs cheveux se dressaient au même endroit. Ils avaient le même froncement de sourcils.
Et ce menton, relevé si dignement…
Et ses yeux
Oh ces yeux
Ses yeux
Lily
Les mêmes
Le même vert étincelant de fureur, la même colère.
Impitoyables
Impardonnables
Il avait espéré ne plus jamais les revoir. Ne plus revoir cette fureur, ne plus ressentir cette douleur.
Bien sûr qu'il avait essayé de détourner le regard, regarder quelques centimètres plus à gauche comme d'habitude pour voir les cheveux en broussaille du fils de son ennemi mais il en avait été incapable.
Il avait été comme attiré irrémédiablement par les profondeurs de ce vert.
Ses yeux.
Etait-ce vraiment Potter qui avait commencé ?
LUX_AETENRA
Harry fulminait. Non il n'était pas fou et non il n'était pas possédé par le Seigneur de Ténèbres.
Du moins il l'espérait.
Il avait juste perdu son calme face aux insinuations de Snape. Pourquoi personne ne semblait le comprendre ?
Caché sous sa cape d'invisibilité, il entendait les conversations des élèves. Et malheureusement, lui et sa crise de colère étaient le principal sujet de leur discussion.
Il arriva au Grand Hall, il ne lui restait plus qu'à franchir la porte –fermée- du château, passer devant la cabane d'Hagrid sans se faire repérer à son odeur par Crockdur et enfin, réussir à ne pas se faire frapper par les branches du Saule Cogneur.
Relativement facile en perspective…
Sans trop comprendre comment il avait fait, Harry se retrouva dans le souterrain humide et sombre qu'il avait emprunté pendant sa troisième année alors qu'il essayait de sauver Ron emmené par un immense Sinistros.
Dieu qu'il haïssait ce tunnel.
Il n'avait jamais aimé le noir, merci au placard sous l'escalier du 4 Privet Drive. Merci aux longues heures passées à ne pas bouger, à écouter d'une oreille attentive tous les bruits potentiels, à essayer de reconnaitre un son inhabituel qui serait celui du monstre des placards venant prendre les méchants petits garçons.
Merci, en somme, à l'oncle Vernon et sa haine incompressible.
Des gouttes d'eau s'échappaient de la roche et venaient se fracasser sur les flaques déjà formées.
Le tout résonnait si fort qu'Harry se demandait pourquoi il n'avait jamais entendu ce son depuis son dortoir.
Le dos courbé, il devait pratiquement se mettre à quatre pattes pour progresser dans le tunnel. Ca avait été largement plus facile pendant sa troisième année, plus petit, il n'avait pas eu besoin de se baisser.
Avant d'ouvrir la porte entrouverte de la maison qui donnait accès au tunnel, il se débarrassa de sa cape et posa à carte à terre.
Le jeune Griffondor la poussa doucement, baguette à la main et avança dans la pièce éclairée par les rayons du soleil passants à travers les planches de bois qui obstruaient les fenêtres. Il avança de quelques pas, peu rassuré par le silence.
« Sirius ? » Murmura t'il doucement.
Tout à coup, la porte derrière lui se referma sans qu'il y applique la moindre pression. Il fit volte face, le cœur tambourinant dans sa cage thoracique tout en se demandant s'il n'avait pas fait une erreur.
Il eu la réponse à sa question quand deux silhouettes s'avancèrent vers lui.
« F'est sgentil de ta part de nous rendre fissite Féfé Pfotter. »
« Vraiment très gentil. »
Aucune des deux voix n'appartenait à Sirius.
LUX_AETENRA
Severus ne se rappelait pas quand il avait autorisé Ombrage à enter dans son bureau mais le fait est qu'elle était là, assise devant lui, une tasse de thé à la main, souriant de toutes ses dents.
Oh qu'il mourrait d'envie de lui faire ravaler son sourire et de changer la couleur de ses robes en un vert foncé et boueux. Elle aurait vraiment l'air d'un crapaud.
Pour une fois que les élèves trouvaient un surnom correct.
Il s'était toujours demandé pourquoi ces petits idiots l'avaient surnommé la « chauve souris des cachots ».
Le maître des Potions n'avait jamais aimé ses animaux, trop barbares à son goût, et lui qui avait justement passé des années à parfaire son mouvement de robes, il était révolté que l'on puisse le comparer à ces bestioles si grossières.
Pourquoi Potter le mettait toujours dans des situations compliquées ?
D'abord pendant sa première année quand Severus avait du se confronter à Quirell et donc irrémédiablement au Seigneur des Ténèbres, l'année suivante quand il avait fallu persuader un Lucius Malfoy peu convaincu que de sa place de professeur, il ne pouvait rien faire pour le Mage Noir.
En troisième année, enfin, il avait cru pouvoir se venger de l'humiliation subie pendant ses années passées à Poudlard, mais c'était bien-sûr sans compter sur Potter et Granger qui s'étaient débrouillés -encore aujourd'hui il se demandait comment- pour aider le sale Cabot à s'échapper.
Enfin en quatrième année, il avait du subir les foudres de son maitre quand il s'était présenté à genoux implorant son pardon avec deux heures de retard sur les autres Mangemorts.
Et maintenant, s'il faisait le compte, il ne lui restait plus qu'un demi dixième de secondes pour trouver une excuse plausible à la question d'Ombrage avant que son silence ne paraisse suspect aux yeux de la Grande Inquisitrice de Poudlard.
« Potter était en train de paresser comme à son habitude et n'a pas supporté que je lui en fasse la remarque. » Répondit-il d'un ton glacial
Si ça ce n'était pas plausible, il voyait mal ce qui pouvait l'être. Sauf pour une fois, à la décharge du gamin, c'était à moitié faux.
Il n'aima pas du tout l'air de jubilation qui passa sur le visage d'Ombrage.
Pas du tout.
Pas du tout du tout.
Encore moins le rire de petite fille qui s'échappa de sa bouche de crapaud.
Il haïssait Potter, mais le laisser à cette femme lui semblait être un destin si horrible qu'il préférait encore le livrer pieds et poings liés au Seigneur des Ténèbres.
Elle gloussa une nouvelle fois, puis planta ses yeux machiavéliques dans les siens tout en buvant une gorgée de son thé. Aux fruits rouge si son nez ne lui faisait pas défaut. Il le haïssait. Les fruits lui laissaient un gout amer dans la bouche dont il mettait des heures à se séparer.
« Potter vient de signer son papier pour le renvoi de cette école. » déclara t'elle d'une horrible voix de petite fille satisfaite après un caprice.
« Si je puis me permettre Madame la Grande Inquisitrice, malgré toute l'inimité qui me lie à Potter, et comprenez moi bien je rêverai que ce garçon soit exclu, je ne pense pas qu'il y ai assez d'éléments à charge contre lui. Si vous l'expulsez, il portera très certainement plainte au Mangemagot pour abus de pouvoir et il me semble bien que cet été, malgré la grave accusation dont il était l'objet, le garçon s'en est sorti indemne.
Potter m'a attaqué, c'est vrai mais je certifie qu'il n'a absolument pas fait usage de sa baguette.
Cela ne passera pas devant le tribunal et il me semble que le Ministère est plus que malmené en ces périodes troublées, une mauvaise publicité ne serait pas la bienvenue.
Je pense donc qu'il faille régler cette affaire en interne, entre lui et moi. »
Cela faisait deux fois en moins de 5 minutes que Severus sauvait la mise de l'insupportable-gamin-qui-ne-faisait-que-lui-pourrir-la-vie.
En d'autres circonstances, le professeur de Potions aurait mis tout ce qu'il avait son pouvoir pour exclure définitivement ce petit imbécile de Poudlard, mais avec Voldemort dans la nature il serait plus que déraisonnable que de laisser cet abruti laisser hors du château sans aucune autre surveillance que celle de cet autre abruti qui osait rappeler qu'il était son parrain.
Dire qu'il avait été en colère après qu'Albus ai osé lui rappeler qu'il ne fallait pas mettre Potter en difficulté devant elle, aurait été un euphémisme. L'idée d'utiliser un impardonnable contre le vieux fou lui même avait traversé l'esprit. Heureusement que ce jour là, Minerva était présente, elle l'avait tellement sermonné que pour un peu, il se serait excusé. Rien n'y avait fait, ni son regard hautain, ni sa grimace méprisante, ni son parfait mouvement de cape rageur, sa collègue avait continué de lui crier dessus comme à un élève de première année jusqu'à ce qu'elle n'ai pratiquement plus de souffle. Il était donc sortit, furieux contre ses collègues sans avoir eu le temps – ni le courage de dire tout ce qu'il pensait de Dumbledore. Et il pensait beaucoup de choses de Dumbledore.
Ombrage semblait avoir avalé un citron entier. Le sourire du Crapaud avait complètement disparu et les lèvres de Severus manquèrent de tressauter en un rictus méprisant.
« Très bien, très bien. Mais je signifierai à ce garçon qu'il est en sursis. » grogna Ombrage.
Elle n'avait visiblement pas pensé à cette éventualité, trop heureuse de pouvoir satisfaire les souhaits de cet idiot de Fudge. Le vieux crapaud amena sa tasse à ses lèvres de la main gauche, tenant de la droite quelques centimètres en dessous, la soucoupe. Son auriculaire boudiné dont la main tenait la anse était relevé dans un geste si peu délicat que Severus faillit se permettre de lui donner une des nombreuses leçons de code aristocratique inculquées par Lucius au cours de sa jeunesse. Se mordant douloureusement la langue, le Maitre des Potions ne pu retenir un mouvement agacé d'ongles claquants rythmiquement sur la table.
Voyant là le début d'une profonde exaspération, Ombrage recommença à parler de sa voix mielleuse.
« Puis-je vous demander Severus quelle punition allez vous allouer à ce jeune délinquant ? » Minauda t'elle.
Il manqua de s'étrangler avec le peu de salive présente dans sa bouche quand il entendit qu'elle avait utilisé son prénom. Jamais, jamais il ne s'y ferait.
Ca y est, sa maigre patience déjà grandement épuisée par le morveux-qui-ne-pouvait-pas-rester-en-place-cinq-secondes venait d'atteindre son niveau le plus bas.
Severus étudia le visage qu'il avait en face de lui. Rond, gras, tiré, moche. Hideux, détestable, haïssable, méprisable.
A la seconde où il l'avait vue lors de la réunion des professeurs en août, il avait su qu'ils n'allaient pas être amis.
Le professeur de Potions avait failli rire quand, lors du petit discours que cette vieille mégère leur avait réservé, Minerva avait reniflé si grossièrement que toutes les têtes s'étaient tournées vers la professeur de métamorphose.
Failli
Personne ne devait être au courant que le professeur des Potions savait rire. D'ailleurs personne n'était au courant et lui-même l'oubliait parfois.
Mensonges, Potter, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, Ridicule, Aberration, Ministère, Cornélius, Loyauté.
Ces mots là étaient ressortis si souvent de sa bouche de crapaud que le professeur de potions s'était demandé si elle en connaissait d'autres.
Qu'est ce que Severus abhorrait cet hideux sourire qui ne quittait plus les coins de sa bouche flasque et molle depuis qu'elle était arrivée dans son bureau, toute pimpante, relatant avec une fierté non dissimulée que les membres de sa brigade inquisitoriale étaient venu la voir pour lui rapporter l'altercation qu'il avait eu avec Potter.
Oh oui, il détestait cette femme plus que tout. Son physique, son odeur, sa démarche, son étroitesse d'esprit, sa faiblesse magique. Tout.
El le pire du pire c'est qu'à chaque fois qu'Ombrage le voyait, Severus avait l'impression qu'elle se redressait un peu, et remontait le soutien-gorge de façon à mettre en valeur sa poitrine.
C'est ce que lui avait fait remarquer Minerva lors d'un diner dans la Grande Salle. Il avait alors regardé attentivement – mais discrètement- et n'avait pu que confirmer intérieurement les soupçons de la vielle femme. Un autre Impardonnable avait failli sortir de sa baguette ce jour là.
Le professeur ne pouvait que répondre à la question pour ne pas éveiller les soupçons. Ombrage lui avait déjà rapporté plusieurs fois des discussions qu'elle avait eu avec Lucius au ministère et il ne pouvait pas se permettre de faire douter le blond quant à sa loyauté envers le Seigneur des Ténèbres.
Refuser de punir Potter serait refuser de vouloir l'anéantir. A partir de là… L'équation était simple.
« Je comptais le mettre en retenue jusqu'à la fin de l'année. » Affirma t'il avec tout le mépris qu'il avait en stock -et Merlin savait qu'il en avait beaucoup. « De 18h à 23 h tous les jours, ça devrait lui faire passer l'envie de s'en prendre à un professeur. »
Elle avait presque l'air déçu.
Rectification, elle était déçue.
« Si je puis me permettre Severus, à mon avis cette punition n'est que trop indulgente pour ce garçon. Il est à l'évidence mauvais et il m'incombe de le remettre sur le droit chemin. Après mentir comme il le fait quant au retour de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, maintenant il attaque un professeur… » Une autre gorgée de thé plus tard… « non vraiment ce garçon n'est pas très équilibré. Ses retenues avec moi ne changent rien, il est toujours aussi grossier, impoli et menteur.
Il faut que d'abord le retrouver, à ce qu'il paraît il se cache quelque part dans le château. Il est introuvable pour le moment, mais j'ai autorisé les membres de ma Brigade Inquisitoriale à ne pas assister au cours de McGonagall pour poursuivre leurs recherches. »
Professeur McGonagall espèce de vieux bonbon rose tout moisi.
Severus mourrait d'envie de lui dire qu'il se serait bien passé de son avis mais il n'eu pas le temps de joindre la paroles aux pensées puisqu'elle continua de son horrible voix crissante :
« Il faut pour cela je pense une punition corporelle. Et ce serait un honneur pour moi de vous demander de le châtier vous même, comme il se doit puisque c'est à vous qu'il s'en est pris. »
Il était sûr que son cœur avait raté quelques battements.
Lui ? Punir corporellement Potter ?
Jamais.
Il n'avait jamais levé la main sur un enfant et ce n'était certainement pas maintenant qu'il commencerait.
Et certainement pas sur ce maudit garçon aux yeux verts.
Avant qu'il n'ait pu lui répondre que oui, l'idée l'intéressait beaucoup, une violente douleur irradia son avant-bras gauche et il dû faire appel à tout son self- contrôle pour ne pas le ramener à sa poitrine et ainsi attirer l'attention d'Ombrage.
Dans une grimace de souffrance qu'il pu aisément faire passer pour un rictus sadique, Severus répondit :
« L'idée me plairait beaucoup Dolores, je dois le reconnaître. Je me vois malheureusement dans l'obligation de vous quitter, j'ai reçu un hibou juste avant que vous n'arriviez qui m'indique que quelques ingrédients rares mais nécessaires pour mes potions sont disponibles et j'aimerai passer le prendre avant mon autre cours. Je ne vous montre pas la sortie, je pense que vous avez trouvé l'entrée toute seule. »
« Oui oui ne vous inquiétez pas Severus » gloussa la femme en se levant après avoir fait disparaître sa tasse d'un sort. Informulé, il fallait le reconnaître. « Je vous laisse me faire savoir quand vous êtes prêt pour cette punition. J'ai bien sur à disposition tous les instruments qu'il vous faut. Le plus tôt serait le mieux, et peut être que plusieurs séances ne seraient pas de refus. Après tout, je sais d'expérience que Potter est incroyablement borné. »
Potter est incroyablement borné.
Potter est incroyablement stupide aurait été plus juste.
Le professeur lui donna un coup sec de la tête en guise d'assentiment et lui tourna le dos pour l'enjoindre à sortir plus rapidement.
« Ah et professeur, j'aurai besoin que vous m'apportiez rapidement un fiole de Veritasserum, j'aimerai interroger Potter sur ses fréquentations. » ajouta la femme sur le pas de la porte.
« Bien sur professeur, je vous la donnerai prochainement. » répondit-il avec froideur.
Il failli rajouter le 'dans un mois le temps que la potion murisse' qui menacer de quitter ses lèvres, mais il se retint, se rappelant difficilement qu'il fallait à tout prix garder ses relations cordiales avec Ombrage surtout quand il s'agissait de Potter.
La douleur irradiait littéralement son bras et il se demanda s'il parviendrai à tenir jusqu'au point de transplanage le plus proche.
Du Veritasserum pour interroger Potter.
Et voilà, encore une situation difficile dans laquelle il faudrait à la fois ne pas commettre d'impairs pour rester du côté du Ministère ET aider Potter à se tirer de ce mauvais pas.
Dès qu'elle fut partie avec un claironnant « bonne journée Severus » baveux, poisseux et collant, il fourra en toute hâte quelques potions dans ses poches et sortit des cachots.
Il tomba nez à nez avec Granger et Weasley qui sortaient de la Grande Salle. Quand ils arrivèrent à sa hauteur, ils lui l'informèrent d'une petite voix qu'ils n'avaient pas trouvé Potter.
Harry qu'ils disaient. Et il y avait une telle inquiétude dans leur voix qu'il était forcé de les croire.
Il se délecta de leurs expressions faciales quand il les informa que la directrice était au courant et que Potter ferait mieux d'aller la voir.
Sans attendre leur réponse il partit en direction de la Grande Porte dans un mouvement de cape magistral. Qu'est ce qu'ils les affectionnaient…
Où était cet idiot Potter? Pourquoi se cachait-il ? Avait il peur de lui ?
Au quel cas, malgré l'humiliation subie ce matin, ça serait le jour le plus merveilleux de sa vie.
Il était pratiquement sûr que Potter n'avait jamais eu peur de lui.
Oh si peut être, juste une fois, il y a quelques semaines quand Severus l'avait surpris dans sa Pensine.
Là, Potter avait eu peur.
Et il y avait eu de quoi.
Le fait que le morveux s'en soit sortit indemne ce jour là, relevait plus de la chance que de la maitrise de sa colère. Si cet abruti ne s'était pas enfui à toutes jambes comme il l'avait fait, il aurait très certainement reçu plus qu'un pot de cafard mort sur la tête.
Le garçon qui-avait-survécu avait été sur le point de ne plus se voir accorder ce surnom très longtemps.
Severus était sûr que la trace de sa poigne sur le bras du garçon avait mis au moins une semaine avant de disparaître complètement et le professeur était secrètement étonné que Potter ne soit pas allé voir Pomfresh pour demander une potion contre la douleur. Il connaissait sa force et savait justement qu'il ne l'avait pas maitrisée.
De toutes ses années d'enseignement à enseigner à des petits cornichons qui ne comprennent rien à la beauté d'un chaudron bouillonnant, un et un seul avait réussi à le mettre hors de lui et ainsi ternir son self contrôle légendaire : Potter.
Et il attendait toujours des excuses pour cette histoire de Pensine. Quoi que… Severus n'était pas sur qu'il les veuille vraiment. C'était plus facile d'avoir une véritable raison pour maltraiter le gosse. Non pas qu'il n'en avait pas… Le seul fait d'être le fils de James Potter constituait un crime passible de toutes les peines du monde.
Severus franchit les derniers mètres qui le séparaient de l'enceinte virtuelle de Poudlard avec difficulté, serrant fortement son bras contre son torse dans une tentative complètement futile de se protéger de la douleur.
Sitôt après avoir fait disparaitre la grille qui montrait la limite du domaine, et transformé ses robes en tenue de Mangemort, il remonta prestement sa manche gauche et plaqua deux doigts sur le tatouage animé de son avant bras.
Qu'est ce que le Seigneur des Ténèbres pouvait bien lui vouloir un jeudi à midi ? Il savait pourtant bien que son absence serait considérée comme suspecte si trop longue.
Lorsque que ses pieds touchèrent le sol, il s'autorisa à ouvrir les yeux et mit quelques secondes avant de s'habituer à la pénombre.
« Severus... » Siffla le monstre et l'espion sentit des frissons lui parcourir l'échine « nous t'attendions pour commencer les festivités. Encore un peu et j'aurais pensé que tu t'étais perdu… »
Le Mangemort s'obligea à courber le dos devant son maitre puis rejoignit le large cercle crée autour d'une fine silhouette aux cheveux hirsutes terrée dans un coin sombre de la pièce.
« Aujourd'hui, mes amis » reprit le Seigneur des Ténèbres d'une voix plus forte à l'attention de tous ses sujets, « est le début d'une ère nouvelle. »
Et soudain la lumière se fit dans sa tête. Une dizaine de flambeaux retenus par des piquets en métal sur les murs de pierre venait de s'embraser.
Derrière son capuchon de Mangemort, ses yeux noirs rencontrèrent des yeux verts brillants d'une peur contenue.
Et à ce moment là, il était sûr que tous les deux avaient eu la même pensée.
Le début de la fin.
