C'était un entraînement comme les autres. Après cette dernière guerre sainte où les chevaliers d'or avaient été ressuscités par la volonté d'Athéna, la vie avait repris son cours au Sanctuaire. C'était le mois de Septembre, il faisait très chaud dans l'arène à cette heure où le soleil était encore bien haut dans le ciel de Grèce. Shura et Aphrodite étaient assis dans les gradins et regardaient les autres entraîner une vingtaine d'apprentis. Aldébaran surveillait en les encourageant un groupe qui courait tout autour de l'arène à des rythmes alternés. Un bon programme de cardio comme il aimait à dire avant de lancer un de ses rires sonores. Mû entraînait Kiki tandis qu'un peu plus loin Milo s'occupait de deux apprentis qu'il avait mis en combat singulier. L'un d'eux avait bien du mal à résister à son adversaire, l'autre était plus rapide, plus intuitif, il avait toujours une longueur d'avance.

- Allez Nicomède, relève-toi et réplique plus vite que ça. On pourrait presque entendre ton cerveau réfléchir à une parade à cette vitesse-là !

- Il n'en a pas, ce lourdaud !

C'était Misty qui venait de parler. Toujours aussi imbu de lui-même, le chevalier d'argent du Lézard avait approché le groupe, lassé de voir un entraînement qu'il jugeait non divertissant pour ne pas dire indigne du Sanctuaire.

- Misty, l'entraînement sert à s'améliorer. Ils sont arrivés il n'y a que neuf mois, ils ne peuvent être des chevaliers du jour au lendemain, lui dit froidement Milo.

- Ouais, t'as pas toujours été brillant toi à ton époque, pleurnichard. Toujours dans les jupes de mon frère et pas très fut-fut ! lui cria Kanon qui venait d'arriver en haut de l'arène après une entrevue avec le grand Pope.

- Tu as perdu le sens des réalités Kanon, lui répondit Misty avec hauteur. N'étais-tu pas déjà exilé au Cap Sounion ou en proie à des délires de grandeurs ? ricanait-il.

Kanon eu un sourire torve. – Naaan, j'étais bien là quand tu t'es fait démonté par une jeune Marine très prometteuse déjà.

Misty cessa de sourire, de ce petit sourire suffisant qu'il savait si bien faire.

- Tais-toi ! Je n'ai que faire de ton opinion. Ces deux larves m'ennuient à mourir. Et c'est pas cet empoté de Kiki qui ne sait que casser des pierres à distance qui va relever le niveau, dit-il en parcourant l'arène du regard, tel un Jules César prêt à condamner à mort des gladiateurs peu combatifs.

- Eh, oh ! Non mais vous entendez ce gros pataud ? Il riait moins quand j'ai apporté l'armure de Pégase sur la plage où il est mort au Japon, rétorqua Kiki.

- Tous les chevaliers du Bélier maîtrisent la psychokinésie, petit effronté, ça ne veut pas dire que tu es une lumière parce que tu brigues l'armure de Mû… répondit Misty qui enfin s'amusait un peu de la situation. Il était devenu en cinq minutes l'attraction de l'arène et même Shura et Aphrodite qui n'aimaient pas particulièrement le Lézard s'arrêtèrent de discuter entre eux pour suivre les joutes verbales 20 mètres plus bas.

- Mon élève fait des progrès considérables dans de nombreux domaines et tu n'es pas en position de juger de sa progression, lança calmement Mû à Misty.

Il se concentra à nouveau sur Kiki et continua son cours. Milo fit de même et les conversations reprirent dans les gradins aussi Misty lança une attaque aux pieds de Nicomède qui tomba sous la surprise et reçut de plein fouet l'attaque de l'autre apprenti. Eh ! hurla Milo. Il commençait à l'énerver ce Misty. Qu'il aille se soulager dans un bordel à Athènes si les hormones le travaillaient ! Même à Rodorio, en payant, il trouverait bien une pauvresse prête à supporter le Français. Milo se plaça devant les apprentis et Misty rit et relança une attaque aux pieds de Nicomède. L'aura dorée de Milo l'entoura alors ce qui força un Misty pas courageux face à un adversaire 1000 fois plus puissant que lui à se tourner vers Kiki. Il lui shoota un caillou de l'arène. « Arrête celui-là ! » lui dit-il en souriant tel un mauvais adolescent. Kiki n'avait pas dévié le caillou. Il ne s'était pas attendu à être pris à partie si soudainement, toujours à son admiration du cosmos doré de Milo. C'était toujours impressionnant un cosmos de chevalier d'or. La pierre était pourtant à l'arrêt à un centimètre de son visage et elle retomba au sol. Kiki regarda alors la seule personne présente capable d'une telle chose. Mû n'avait pas bougé, il avait les yeux fermés, était d'un calme absolu. Aphrodite plus haut frissonna intérieurement en retrouvant le Mû de son combat au premier temple lorsqu'il avait été ressuscité par Hadès. Mû ouvrit les yeux et vit Kiki qui le regardait avec un air de gratitude. Il tourna le regard vers Misty. Ce dernier rit mais accrocha soudain le regard si pur du Bélier. Le rire se fana. Mû était telle une statue, stoïque, il respirait la sérénité et il fixait Misty qui, absorbé dans son regard, ne bougeait plus. Milo observait la scène. Il sentait une force tranquille envahir l'arène. Ceci aurait pu dissuader Thanatos lui-même d'approcher Mû pensa le Scorpion. La force était pesante, palpable et il vit un Misty éteint, calmé, marcher hors de l'arène sans un regard pour Kiki ou quiconque.

- Ah ah ah, ouais dégage ! lui lança Kanon en allant s'asseoir à côté de Shura.

- Allons Kiki, si tu courais un peu avec le groupe d'Aldébaran pour terminer ta séance d'aujourd'hui.

- Oui Maître Mû. Et Kiki courut rejoindre le groupe.

Mû monta s'asseoir à côté de Kanon.

- Tsssss, quel tache ce type ! dit Kanon en secouant la tête.

- Il faut croire qu'il s'ennuie grave, lui répondit Mû dans un soupir.

Ils se sourirent. Misty était coutumier des scandales et aimait être admiré. Il se croyait si beau, il n'avait d'ailleurs jamais supporté que le grand Pope de son époque, un Saga fou à lier mais néanmoins esthète, ne puisse juger Aphrodite infiniment plus attirant que lui. Pourtant, même si Misty était un homme d'une grande beauté physique, Aphrodite était d'une autre ligue. Le visage du Suédois était d'une telle pureté, sa force de chevalier d'or se conjuguant à la finesse de ses traits, que personne ne pourrait soutenir la comparaison.

Milo continua d'entraîner ses deux apprentis pendant une bonne heure. Cependant, il n'était plus tout à fait présent. Son esprit revoyait Mû, si calme, si sûr de lui, il n'avait même pas levé le petit doigt… Un sourire se dessina sur son visage.