Titre : Avant qu'il ne soit trop tard...

Auteur : Serya-chan

Couple : AkuRoku (pour changer :D C'est trop original de ma part n'est-ce pas ? xD)

Et non, ce n'est pas le nouveau chapitre de ma fic ^^" Mais une nouvelle histoire courte, pour vous faire patienter lol XD Attendez, j'ai publié le dernier chapitre il y a même pas un mois... vous pensiez que le chapitre 13 allait déjà être prêt XD tut tut tut... eh non n_n"

Alors ceci est une histoire que j'avais commencé il y a fort fort longtemps, même avant mon tout premier one-shot AkuRoku... Je l'avais commencé alors que j'étais en panne d'inspiration pour ma fic... Il trainaît sur mon ordi... et vu que j'avais peur qu'il prenne la poussière, je l'ai sorti pour le révéler au grand jour XD Au début, ce devait être un one-shot, mais étant donné qu'il était bien trop long et que j'avais peur de vous ennuyer, j'ai préféré le séparer en deux lol... cela fera donc une histoire en deux ou trois chapitres... c'est ridicule je sais xD. Alors j'espère que vous n'êtes pas trop allergique aux ambiances romantiques... enfin j'avais commencé à écrire ça alors que j'étais dans ma période un peu "fleur bleue-déprime" ... Ne vous attendez pas à quelque chose d'extraordinaire ^^" Vous pouvez toujours lire si vous vous ennuyez, ou que vous manquez d'AkuRoku.


Le jeune homme introduit sa clé dans le trou de la serrure de sa maison en poussant un long soupir. Il allait enfin pouvoir se reposer après sa dure journée de travail. Il passa sa main dans sa chevelure rousse, et poussa doucement la porte. Il pointa la tête à l'intérieur et constata que le hall d'entrée était vide.

« Axel ? T'es là ? » demanda Reno en refermant la porte derrière lui.

Ne recevant aucune réponse de la part de son frère, il haussa les épaules et entra dans la cuisine, son estomac criant famine. Il se figea quand il vit quelqu'un en train de dévaliser de frigo.

« Axel ?! Mais qu'est-ce que tu fous ?! » hurla Reno en s'approchant de son jeune frère qui ne semblait pas vraiment lui prêter attention. Axel, dont la longue chevelure était aussi flamboyante que celle de Reno, avait vidé tous les compartiments du congélateur. Il semblait être à la recherche de quelque chose. Après de longues recherches infructueuses, Axel poussa un juron et se leva pour regarder son frère.

« Elles sont où ? »

« De quoi ? » demanda Reno en sourcillant.

« A ton avis ? » reprit Axel en regardant Reno droit dans les yeux.

« Je ne vois pas de quoi tu parles… »

Axel gonfla les joues en fronçant les sourcils.

« Je te parle des glaces à l'eau de mer ! » cria Axel en refermant la porte du frigo. « Me dis pas que t'as tout mangé ? »

Reno sourit de toutes ses dents, tout en se grattant la nuque d'un air gêné. « Désolé, j'ai pas pu m'en empêcher ! »

Axel leva ses poings qui se mirent à trembler : il essayait de se contrôler pour ne pas étriper son frère. Il réussit finalement à se calmer et observa sa montre d'un air contrarié.

« Je vais devoir partir en acheter sur la route ! Ca va encore me mettre en retard ! »

« En retard ? » fit Reno d'un air songeur.

Axel ne lui répondit pas et attrapa les clés posées sur la table de la cuisine. Puis il courut jusqu'au salon pour récupérer l'argent posé sur le meuble, avant de se diriger vers le hall d'entrée. Il enfila rapidement ses chaussures ; seulement il était déjà suffisamment en retard et ne prit pas le temps de s'asseoir pour les enfiler. Du coup il perdit l'équilibre et se retrouva face contre terre, ses chaussures toujours à côté de lui. Il entendit son frère éclater de rire derrière lui, mais il se releva, comme si de rien n'était. Reno, adossé contre la rampe d'escalier l'interpella.

« A peine rentré de cours tu t'en vas déjà ? » demanda t-il un sourcil haussé. « Tu vas où comme ça ? »

Axel se releva et s'assit correctement au sol pour mettre ses chaussures et marmonna :

« Voir quelqu'un… »

Il ne dit rien d'autre, trop occupé à se bagarrer pour défaire le nœud qui s'était formé dans le lacet d'une de ses chaussures. Reno sourit et demanda :

« Et c'est qui, ce quelqu'un ? »

« Ca te regarde pas… »

Reno vit la mine renfrognée de son frère et décida d'en rajouter une petite couche.

« Aah… je vois… une petite amie ? Ou plutôt UN petit ami ? » demanda t-il avec un sourire pétillant de malice.

« Jamais de la vie ! » répondit Axel en tournant la tête vers son frère, un peut trop rapidement d'ailleurs, et il faillit s'en faire torticolis… « Aïe… » ajouta t-il en se massant le cou.

« T'excite pas comme ça ! Je te pose juste une question. »

« Ouais, bah m'en pose plus pour le moment, je suis déjà en retard… »

Sur ce, il se leva et sortit de la maison, laissant Reno encore sur sa faim…

°-°-°-°

Axel courait à toute vitesse dans les rues de la Cité du Crépuscule. Son frère avait encore trouvé le moyen de le mettre en retard ! Comme toujours d'ailleurs… Le rouquin prit le temps de s'arrêter devant un marchand de glaces et commanda deux glaces à l'eau de mer.

« Ca fera 150 munnies. » fit la vendeuse avec un sourire.

« C'est toujours aussi cher ! Arnaque ! » lança Axel en sortant de ses poches le peu d'argent qu'il avait prit. « Ca n'aurait pas augmenté depuis la dernière fois ? » tenta vainement le roux pour essayer de faire baisser le prix, sachant que le montant initial de deux glaces à l'eau de mer était bien de 150 munnies…

« C'est à prendre ou à laisser… » marmonna la vendeuse avec dédain. Ce n'était pas la première fois qu'Axel essayait de la berner.

« Raah… » fit-il en tendant l'argent à la jeune femme, qui lui donna ses deux glaces.

« Tu as encore un rendez-vous ? » demanda la femme, son visage s'adoucissant un peu.

« Comment vous savez ? »

« On est vendredi, et il est 17h… je te vois souvent passer à toute vitesse devant mon stand de glaces et te diriger vers le clocher. Je suppose que tu ne manges pas ces deux glaces tout seul.

« Vous êtes perspicace. » répondit Axel.

« Non pas tant que ça, je prends juste le temps d'observer. » répondit-elle en haussant les épaules. Elle afficha un sourire malicieux. « Alors ? C'est un rendez-vous galant ? »

« Mais qu'est-ce que vous avez tous avec ça ?! Et puis de toute façon, c'est pas une fille que je vais voir… » répondit Axel en se grattant la nuque, les joues rouges.

« Et alors ? »

« Pardon ? »

« Qu'est-ce que cela change au fait que tu te rendes à un rendez-vous galant ? » demanda t-elle en croisant les bras.

La conversation commençait à prendre une tournure qui ne plaisait pas à Axel, dont la couleur des joues commençait à s'avoisiner à celle de ses cheveux. Il ne prit pas la peine de répondre à la question de la commerçante et s'en alla.

°-°-°-°

Les gens avaient vraiment la manie de se mêler des choses qui ne les regardaient pas ! C'est ce que pensait Axel en pressant le pas vers le clocher de la Cité du Crépuscule. Il avait pris l'habitude de s'y rendre en fin de semaine, afin d'admirer le coucher du soleil tout en hauteur, une glace à l'eau de mer à la main. Mais il n'y était jamais seul, c'est pourquoi il prenait toujours deux glaces avec lui. Et en général, il y était toujours avec la même personne… Axel devait être en retard de dix minutes maintenant, et espérait fortement qu'elle(1) ne soit pas déjà partie, cette personne n'étant pas très patiente… Il contourna une rue et arriva devant une petite étendue de pelouse située en hauteur. Un endroit qu'il connaissait bien aussi, et il y pouvait admirer le coucher du soleil dans toute sa splendeur, ce n'était pas pour rien qu'on l'appelait la Colline du Couchant. Par simple curiosité, il décida de monter la petite pente y menant tout en haut, aussi histoire de voir s'il ne croiserait pas quelques amis. Une fois en haut de la colline, il fut tout de suite ébloui par la lumière du soleil couchant, et il dut se cacher le visage d'un bras, afin de ne pas s'abîmer les pupilles. Une fois bien habitué par cette éclat de lumière orange, il baissa légèrement le bras. C'est là qu'il put apercevoir une fine silhouette, assise dans l'herbe. Et après quelques minutieuses observations, il put finalement reconnaître cette silhouette. Elle était reconnaissable entre mille. Une personne petite, au corps effilé, et dont les cheveux blonds n'étaient jamais coiffés ; en bataille donc. Quelle chance ! C'était la personne qu'il cherchait. Il s'approcha de lui sur la pointe des pieds. Une fois suffisamment proche de lui, et il lui plaqua les mains sur les yeux, et dit avec un sourire :

« Devine qui c'est. »

Le garçon pencha la tête en arrière, et Axel put le voir sourire.

« Un idiot que je connais bien. » lança le garçon blond. A ces mots, le rouquin ne put s'empêcher d'éclater de rire.

« Gagné ! T'es toujours aussi gentil avec moi, Roxas…» fit-il en retirant ses mains des yeux du garçon.

Le garçon du nom de Roxas se retourna et s'assit en face d'Axel, qui lui demanda avec un faux air sévère :

« Tu étais censé m'attendre en haut du Clocher, et moi je te retrouve ici. Pourquoi ? »

« Par envie de changer. »

« Ah. » fit Axel. « Tu aurais pu me prévenir, quand même. »

« Mais j'ai essayé ! Mais apparemment tu as oubli ton portable chez toi. »

« Mais pas du tout ! » lança Axel en fouillant dans ses poches pour sortir son portable. «Merde, oublie ce que je viens de dire. » ajouta t-il en constatant que ses poches étaient vides. Il était parti dans la précipitation de chez lui, et l'avait oublié. « Ca fait longtemps que tu m'attends ? »

«Oui… t'es toujours aussi ponctuel… » répondit Roxas, ironiquement bien sûr.

« Oh ça va, hein ! »

Roxas sortit son habituel rire cristallin, qui d'ailleurs fit rougir Axel. Le blondinet le remarqua et arrêta tout de suite de s'esclaffer pour regarder son ami en inclinant la tête sur le côté.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda t-il en haussant les sourcils.

« Non, tout va bien… » mentit Axel. Mentir ? Pas vraiment… Il ne mentait qu'à moitié en fait… quand il était avec Roxas, tout allait parfaitement bien.

Roxas soupira sans se poser trop de questions et s'allongea sur la pelouse fraîche. Il saisit une petite poignée d'herbe et l'arracha à la terre, pour la laisser s'enfuir de ses doigts ensuite. Puis lentement il ferma les yeux, trop épuisé pour les laisser ouvert. Axel le regarda s'assoupir et décida de se mettre en meilleur position pour l'observer dormir. Il se mit sur le ventre, se retenant sur ses coudes. Puis doucement, il pencha la tête vers celle du blondinet, qui bien sûr n'avait pas remarqué qu'Axel était aussi proche de lui. Mais Roxas choisit exactement le moment où son ami commençait à rougir en fixant ses lèvres pour se réveiller. Lorsque les pupilles bleu saphir de Roxas croisèrent celles vert émeraude d'Axel, celui-ci se redressa immédiatement. Et avant que Roxas ne puisse lui demander pourquoi il était aussi proche de lui, il prit la parole.

« Bon, j'ai apporté ça. » dit-il en sortant les deux glaces qu'il avait achetées. Il s'attendait déjà à la réaction de Roxas, alors il se boucha les oreilles à l'avance.

« DES GLACES A L'EAU DE MER !!! » hurla Roxas en bavant devant les deux friandises que son ami avait sorties.

Il se rua dessus, arrachant presque le bras d'Axel qui commençait déjà à manger la sienne, pensant que Roxas devrait apprendre à se calmer quand il voit des glaces à l'eau de mer. Mais comment résister à cette glace sucrée et salée à la fois ? Non ce n'était pas possible. Et Axel avait aussi vite comprit qu'il ne pouvait pas résister non plus à Roxas quand il était dans cet état-là. Il était tout bonnement adorable. Pour prendre bien le temps d'observer Roxas, il arrêta de déguster sa glace.

Le vent faisait virevolter ses cheveux, et la lumière du soleil mettait quelques reflets orangés dans ses mèches souples. Puis Axel s'attarda sur ses yeux. Ces yeux d'un bleu hypnotique. Cela faisait maintenant au moins dix ans que les deux garçons se connaissaient, et malgré çela, Axel avait encore du mal à s'habituer ; il n'avait jamais vu de bleu aussi intense dans les yeux d'une personne. Outre ses joues adorablement rosées, quelque chose dans le visage de Roxas lui donnait un air enfantin, malgré ses seize ans, soit deux ans de moins qu'Axel. Il fallait vraiment l'avouer, Roxas était vraiment beau, et ce, sous tous les angles, et Axel n'y restait pas indifférent. La vision qu'il avait de Roxas en ce moment était belle, beaucoup trop belle. Et là, il était en train d'admirer ce magnifique spectacle, sans remarquer que sa glace commençait à fondre.

« Axel, ta glace fond ! » cria Roxas en voyant qu'Axel était dans un autre monde.

Le rouquin cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Puis il reprit peu à peu ses esprits, se rendant compte que sa glace commençait à couler sur l'herbe.

« Et merde… »

Il tenta de se rattraper et engouffra la totalité de ce qui lui restait de glace dans la bouche, et fit une grimace quand ses dents se glacèrent.

« Espèce d'idiot. Quelle idée aussi d'avaler ta glace d'un coup. » lança Roxas d'un air exaspéré.

« Traite-moi d'idiot, et tu n'auras plus de glace à l'eau de mer gratuite. » répondit Axel avec un sourire sournois.

« … c'est du chantage… »

« Non. Pas du tout. »

« Si. »

« Nan. »

« Et moi je te dis que si. »

« Et moi je te dis que non. »

Et évidemment, ils éclatèrent de rire devant la débilité qu'avait pris la conversation. Mais Roxas s'arrêta aussi vite qu'il avait commencé.

« Tu sais… »

« Hm ? » fit Axel, remarquant le ton plus solennel qu'avait pris son ami.

« Je me suis toujours demandé si… on restera toujours comme ça… »

« Comment ça ? » reprit Axel en haussant un sourcil.

« Tu crois qu'on pourra toujours rester ainsi ? Sans se soucier du reste. Imagine qu'on soit séparé un jour. »

Roxas avait pris un air un peu plus mélancolique, et baissa la tête. Axel afficha un sourire tendre et posa sa main sur son épaule.

« Je vois pas ce qui pourrait nous séparer. A part si, bien entendu, l'un d'entre nous déménage, mais ça je pense que ça n'arrivera jamais… »

Il y eut un court silence.

« N'est-ce pas ? » reprit Axel, un peu moins rassuré.

« Oui, bien sûr. Il n'y a pas de risque… »

« Alors pourquoi tu t'inquiètes ? Il y a quelque chose d'autre, qui selon toi risquerait de nous séparer ? »

Roxas déglutit et rougit.

« Une petite amie… »

Les yeux d'Axel s'agrandirent au point de presque sortir de leur orbite.

« Heeiin ? » gémit-il, peu sûr de ce qu'il venait d'entendre.

« T'as très bien entendu. » ajouta Roxas en hochant la tête les yeux fermés. « T'as 18 ans, t'as fini le lycée, et en plus de ça, t'es beau et ça ne m'étonnerait pas qu'à la fac, une fille succombe à ton charme, et te demande de sortir avec elle. Et évidemment je suis sûr que tu vas accepter. Vous allez passer plein de temps ensemble, et du coup, tu vas finir par m'oublier. »

Le regard d'Axel s'était complètement figé. Roxas avait dit qu'il était… beau ? Il rougit, vraiment flatté. Mais il reprit un peu de contenance et essaya de contrôler ses battements de cœur. Roxas avait vraiment l'air sérieux.

« Je te rassure… de ce côté-là, t'as pas à t'inquiéter. Je n'aime personne, et je suis persuadé que personne ne succombera à mon charme, comme tu le dis si bien. Et je t'interdis de dire que je t'oublierai, car tu sais très bien que c'est faux. »

« Tu n'aimes vraiment personne ? » demanda Roxas.

« Personne… » marmonna Axel en se grattant le menton.

Un menteur. C'est tout ce qu'il était. S'il disait à Roxas le nom de la personne dont il était tombé amoureux, ce qui était sûr selon lui, c'est que son ami prendrait ses jambes à son cou…

« Et toi ? Tu aimes quelqu'un ? » demanda t-il soudainement, pour changer de sujet.

Le blondinet devint rouge comme une pivoine, ce qu'Axel ne manqua pas de remarquer.

« Je le savais… » dit-il avec un sourire. « C'est qui ? »

« … »

« Allez ! » cria t-il en lui ébouriffant les cheveux plus qu'ils ne les étaient. « Dis tout à copain Axel ! »

« C'est quelqu'un que tu connais pas… »

« Ah ? »

Axel regrettait amèrement d'avoir retourné la conversation sur les amours de Roxas… En fait ce n'était pas le bon sujet ! Quel idiot de l'avoir choisi ! Il faut dire que le blond, dans son lycée, était très populaire, et Axel voyait souvent des filles lui tourner autour. Et s'il aimait l'une d'entre elles ? Son cœur se retourna à cette idée. Roxas n'ajouta rien à ce sujet. Il faut croire que cela le gênait aussi de parler ouvertement d'amour avec quelqu'un. Même si c'était avec un ami proche.

Le vent se leva, et un frisson parcourut le corps de Roxas, qui baissa la tête pour tenter de se cacher le visage dans son écharpe. Le soleil était complètement tombé à présent, et le froid dominait dans l'air. Axel vit les bras de son ami trembler légèrement. Une idée lui traversa l'esprit. Après un petit moment d'hésitation, il s'approcha de lui, et le prit dans ses bras, pour le réchauffer un peu.

« Bah ? » fit Roxas, un peu sonné.

« T'as l'air d'avoir froid… ça te dérange pas, au moins, que je te fasse ça ? »

« Non… » répondit le blondinet en collant son oreille contre son torse.

Axel sourit alors.

« Tant mieux… » murmura t-il doucement.

« Tant mieux… » refit-il, cette fois d'une voix beaucoup plus douce, que Roxas n'avait pas été en mesure d'entendre. Et délicatement, le rouquin passa sa main dans les cheveux de son ami, à qui cela n'avait pas l'air de déranger, puisqu'il se laissa bercer par Axel, avant de s'assoupir de nouveau…

°-°-°-°

« Et tu sais ce qu'il a osé me dire ?! » hurla une jeune fille blonde aux yeux verts à la coiffure étrange, sachant que deux de ses mèches de cheveux ressemblaient à des antennes. Elle était assise à une table du réfectoire de l'université de la Cité du Crépuscule, en compagnie d'un jeune homme de son âge, blond aux yeux vert pâle.

« Nan… vas-y, raconte. » lui répondit le garçon à la coiffure punk.

Son amie blonde afficha une mine courroucée et croisa les bras.

« Ca a l'air de trop t'intéresser ce que je dis... » dit-elle, une pointe d'ironie dans la voix.

« Non. Je m'en fous, en fait. »

« Ca a le mérite d'être clair au moins… »

Elle attrapa son verre d'eau et en but une gorgée. A travers le verre transparent, elle aperçut une silhouette rousse se précipiter à leur table. Elle posa alors violemment le récipient sur la table.

« Axel ! » cria t-elle, heureuse de voir son ami.

Le rouquin lui sourit et posa son sac à bandoulière au sol, avant de prendre place à côté de son amie. Le garçon blond assit en face de lui, lui tendit un cahier rouge dont Axel s'empara.

« C'est les cours de ce matin. C'est quoi ton excuse cette fois pour être arrivé en retard ? » demanda t-il, amusé. C'était la quatrième fois en une semaine qu'Axel s'absentait au cours du matin.

« La ferme Demyx. Je t'en pose des questions, moi ? »

Demyx afficha un faux air outré.

« Ce n'est pas parce que tu n'arrives pas à dormir, car tu penses trop à Roxas, que tu dois me parler sur ce ton ! » répondit-il, sur la défensive.

« Raah mais tais-toi ! » cria Axel, les joues écarlates.

La blonde à côté d'eux bailla bruyamment. Elle aussi avait mal dormi, vue la soirée torride qu'elle avait passée la veille.

« Faudra que je dise à Marluxia d'aller moins vite avec moi au lit la prochaine fois ! » dit-elle en s'étirant sans aucune retenue.

Demyx recracha toute l'eau que contenait sa bouche et fixa son amie les yeux ouverts à l'extrême.

« Larxene ! Mais t'es folle de parler de ça aussi fort ?! »

« Bah quoi ? » fit Larxene avec une petite moue. « C'est l'amouuur !!! » ajouta t-elle, les yeux remplis d'étoiles.

« Tu es folle… »

« Folle amoureuse, ouais ! »

Demyx préféra ne rien ajouter d'autre. La désinvolture et le manque de gêne de Larxene finiront bien par lui jouer des tours. Il regarda alors Axel en face de lui. Il semblait jouer avec sa fourchette, et ce qui était dans son assiette maintenant, ne ressemblait plus qu'à une purée de divers aliments.

« Allô Axeeel ? » fit Larxene et tapotant l'épaule de son ami, qui évidemment, sursauta.

« Hmm ? » gémit le roux et se tournant mollement vers son amie.

« Tu penses encore à Roxas, c'est ça ? » dit-elle en joignant ses mains et en faisant une grimace ridicule.

Axel ferma les yeux et soupira. Il mentirait s'il répondait que non…

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? » dit-il, toujours en jouant avec sa fourchette.

« Et alors quoi ? » demanda Demyx. « Tu crois qu'on a rien remarqué ? »

Le rouquin observa tour à tour Larxene et Demyx, dont les expressions se faisaient plus sérieuses au fil des secondes.

« Me regardez pas comme ça, vous me faîtes peur ! » lança Axel sur le ton de la plaisanterie.

Mais cela ne faisait pas rire ses deux amis, qui croisèrent simultanément les bras, leur regard ne se détournant pas du roux. Devant le silence de ce dernier, Demyx explosa.

« Arrête de tourner autour du pot ! Quand vas-tu enfin dire ouvertement que t'es tombé raide dingue de Roxas ?! »

Le roux en lâcha sa fourchette. Il devint écarlate et baissa la tête.

« Ca se voit tant que ça ? »

Demyx sourit. Il avait gagné. C'était la première fois qu'Axel le leur avouait.

« C'est trop mignooooon ! » hurla Larxene en prenant le rouquin dans ses bras. « Si tu veux, je peux te donner des conseils pour faire ta déclaration ! »

« Tu veux qu'il lui saute dessus en lui faisant une demande en mariage comme toi tu l'as fait avec ton mec ? » demanda Demyx, perplexe.

« Ouiiiiiiiii ! Je sens que ça va être trop bien ! » cria Larxene, toute excitée.

« Je veux pas me taper la honte ! » cracha Axel en fronçant les sourcils. « Et de toute façon, j'ai pas l'intention de le lui avouer, si vous voulez tout savoir… »

Demyx s'arrêta de manger. Larxene se calma, d'un seul coup, après avoir entendu la phrase que venait de prononcer Axel.

« C'est une blague ? » demanda la blonde en regardant son ami d'un air inquiet.

« Nan… » Il sourit tristement. « Je suis un mec. »

« Ben et alors ? » fit Demyx, décontenancé. « Moi, je suis un garçon, ce qui ne m'a pas empêché de vivre le grand amour avec Zexion… »

« Oui mais toi, t'as pas eu de problème pour faire ta déclaration, sachant que tu savais déjà si Zexion était gay ou pas. Là c'est différent. » expliqua Larxene, comprenant pourquoi Axel était réticent à l'idée de tout avouer au blond.

« T'as tout compris Larxene ! Ca m'étonne de toi ! » rit Axel en tapant l'épaule de son amie, qui fit la moue.

« Tu te moques de moi, alors que je compatis… je suis vexée quand même. »

« Ah ? Désolé. »

Axel regarda son assiette avec dégoût. Son repas ne ressemblait plus à rien, écrasé comme il était. Il se leva et prit son plateau afin d'aller le ranger. Ses deux amis l'imitèrent.

Une fois sortis de la cantine, Larxene sortit son emploi du temps de son sac.

« Aah... ! Il me reste encore quatre heures de cours ! Moi qui voulais trouver un beau cadeau de Noël pour Marlulu, cet après-midi. »

« Tu auras tout le temps de le faire ce week-end. » dit Demyx en se grattant le haut du crâne… il avait oublié que Noël approchait à grands pas d'eux…Enfin non pas tant que ça... un mois et demi quand même. Mais c'est toujours mieux de s'y prendre à l'avance pour les cadeaux. Quel cadeau pourrait-il bien offrir à Zexion ? Un livre peut-être… Axel semblait lui aussi réfléchir. « Tu penses à ce que tu pourrais offrir à ton petit blondinet d'amour, hein ? » demanda t-il avec un sourire malicieux.

Axel ne répondit pas, trop absorbé par ses pensées. Il voulait lui offrir un cadeau qui assure. Un cadeau dont il serait sûr qu'il plairait à Roxas.

« En parlant de Roxas… » commença Larxene avec sérieux. « Je pense quand même que tu devrais le lui dire… »

« On a déjà parlé de ça… j'ai pas envie de revenir dessus… » lâcha Axel en soupirant. « Je vais déprimer, sinon. Et je suis sérieux. »

« Comme tu es défaitiste ! Je suis sûr que tu meurs d'envie de tout lui avouer. Alors, lance-toi ! » cria Demyx.

« Mais mets-toi un peu à ma place ! » gronda le roux.

Demyx lâcha un soupir d'éxaspération… Comment aborder le sujet sans énerver Axel… Puis une idée lui traversa la tête… une idée qui lui faisait un peu peur d'ailleurs…

« Et imagine qu'un jour… vous veniez à être séparés, Roxas et toi ? »

Axel déglutit.

« Si vous veniez à ne plus jamais vous revoir… Tu n'as pas peur d'avoir des regrets ? Regretter de ne jamais lui avoir dit ce que tu ressentais… » Il eut une boule dans la gorge. « Moi… je sais que je l'aurai vraiment mal vécu… c'est en partie pour ça que je me suis lancé avec Zexion… »

« Roxas et moi avons déjà eu cette conversation… Et je ne vois pas du tout ce qui pourrait nous séparer tous les deux… »

Le roux enfila son sac sur une épaule et salua ses deux amis, avant de s'éloigner vers le bâtiment de son prochain cours… Demyx était sûr qu'Axel se rendrait compte un jour, que la vie n'était pas toujours rose…

°-°-°-°

« Alors ? Quand vas-tu te décider à lui déclarer ton amour à ton rouquin adoré ? » demanda un jeune châtain à la coiffure désordonnée.

Roxas toussa bruyamment à la question que lui avait posé son ami, au point de faillir s'étouffer. Le châtain lui donna quelques claques dans le dos pour l'empêcher de mourir bêtement, étouffé par un morceau de pomme coincé dans la gorge.

« Sora ! » hurla le blond avant de s'essuyer la bouche.

« Ben quoi ? » fit innocemment le dit Sora en mettant un doigt sur ses lèvres. « J'ai dit quelque chose de mal, peut-être. »

« Oui, voilà. »

« Ah… »

Sora était une bonne connaissance de Roxas. Les deux garçons étaient dans la même classe depuis presque trois ans, et ils s'étaient vite liés d'amitié. La chose frappante que l'on pouvait remarquer entre Sora et Roxas, était leur ressemblance physique. Outre les cheveux un peu plus longs de Sora virant sur le châtain foncé, on pourrait dire que les deux garçons avaient exactement les mêmes traits de visage, et d'ailleurs beaucoup de personnes les avaient pris pour des jumeaux. Mais niveau caractère, Sora était complètement l'opposé du blond. Le châtain était d'un naturel gentil, enjoué, parfois désinvolte et à la sociabilité parfaite, tandis que le blond lui était froid, indifférent et plutôt renfermé sur lui-même. Enfin, cela dépendait surtout des personnes avec qui il était… Sora était l'une des rares personnes, avec Axel, à avoir réussi à lui arracher un sourire. Et facilement, qui plus est. Le châtain en était plutôt fier. Là, les deux garçons se trouvaient chez Roxas, car ils avaient quatre heures de libre entre deux cours. Le blond voulait en profiter pour souffler un peu, et aussi expliquer à Sora un devoir que ce dernier n'avait pas compris. Mais Sora était quelqu'un enclin à la paresse, et en ce moment il ne semblait pas avoir envie de travailler. Il préférait bombarder de questions son ami au sujet de sa relation avec Axel, qui était selon le châtain, plutôt ambiguë.

« N'as-tu jamais eu envie de goûter au grand amour ? »

« Epargne-moi de tes conversations niaiseuses sur l'amour, s'il te plaît. »

« C'est pas niaiseux ! » protesta Sora en frappant son poing sur le lit où Roxas était assis. « C'est juste beau ! Si tu savais comme je suis heureux depuis que je suis avec Riku ! » ajouta t-il en pensant à son petit ami. « Il est si beau, si gentil, si protecteur, si taciturne, si mystérieux... »

Sora était complètement aux anges, avec l'image de son amant dans la tête, et il arborait un sourire vraiment idiot, ce qui amusa Roxas. Le blond se coucha sur le dos et croisa les bras derrière sa tête.

« C'est bien ce que je disais, quand on parle d'amour avec toi, ça devient niaiseux. » lança Roxas en regardant le plafond.

Sora fronça les sourcils.

« De toute façon, je sais très bien que quand tu es tout seul chez toi, tu dois être exactement dans le même état que moi… »

Roxas devint rouge pivoine et se redressa pour regarder son ami.

« Ne me compare pas à toi ! »

Mais Sora continua de plus belle :

« Attends, je vais essayer de t'imaginer en train de penser à Axel… » dit-il en se levant.

Il s'approcha du grand miroir en face du lit. Roxas l'observa faire.

« Je t'aime Axel ! » commença Sora en imitant la voix de Roxas, en faisant un sourire très niais. « Embrasse-moi ! Pas là… non ! Arrête ! »

Roxas écarquilla les yeux. A quoi pouvait bien penser Sora en disant cela ? Le châtain poursuivit alors, en hurlant :

« Oui, ici ! Laisse-moi éprouver cette sensation ! Laisse-moi ressentir ta chaleur ! »

C'est à ce moment que Roxas se leva et attrapa Sora par le bras.

« C'est bon, arrête-toi là. » lui dit-il, une teinte vermeille lui colorant les joues.

« Je t'ai bien imité, hein ? » lui demanda Sora, tout sourire.

« Non. »

« Menteur. »

Roxas s'apprêtait à lui répondre, mais une forte voix en dehors de sa chambre le fit sursauter. Il déglutit et regarda Sora, qui était tout aussi inquiet.

Le blond ouvrit légèrement sa chambre et scruta le salon du regard. Entre l'entrebâillement de la porte, il put apercevoir sa mère et son beau-père… Roxas se mordit alors la lèvre. C'était leur troisième dispute depuis le début de la semaine. Cela commençait à bien faire. Il referma alors la porte, et regarda Sora, qui dit en souriant tristement :

« Ils se disputent encore, c'est ça ? »

Roxas hocha doucement la tête.

« Je ne te mets pas à la porte mais… »

« C'est bon, j'ai compris. Ne t'en fais pas pour ça. » l'interrompit Sora en lui faisant un clin d'œil.

Il prit son sac et sortit de la chambre en lui disant au revoir… Roxas le laissa partir en souriant, mais resta muet… Il se laissa tomber sur le lit et se mit sur le ventre. Il s'empara de son coussin et le mit sur ses oreilles. Son père était mort il y avait environ onze ans, et sa mère s'était remariée environ un an après, avec son beau-père, qu'elle avait rencontré à la Cité du Crépuscule. La petite famille avait fini par s'y installer et cela faisait maintenant dix ans qu'ils y vivaient. Mais malheureusement leurs conflits conjugaux étaient de plus en plus fréquents, et Roxas commençait vraiment à mal le vivre. Il mit de côtés ses soucis, et pensa plutôt à la conversation qu'il avait eue avec Sora. Malgré sa naïveté et sa lenteur, le châtain avait quand même réussi à voir dans son cœur. Il faut croire que Roxas s'y était pris un peu mal pour cacher ses sentiments…

°-°-°-°

Puis les semaines passèrent d'une rapidité déconcertante. Roxas ne les avait pas vues défiler… Et de toute façon, il s'en fichait. Il s'occupait davantage de ce qui se passait entre sa mère et son beau-père. Et il avait de quoi s'inquiéter. Ils se disputaient de plus en plus souvent, et parfois pour des broutilles. Roxas n'essayait cependant pas de les réconcilier, de peur d'envenimer que plus les choses. Un matin, alors que Roxas s'apprêtait à sortir voir des amis, il fut interpellé par sa mère, qui l'attendait au salon avec son mari. Il les y rejoignit en traînassant. Lorsqu'il pénétra dans le séjour, il ne fut pas surpris par cette atmosphère lourde qui régnait dans la pièce. Les deux adultes étaient assis l'un à côté de l'autre près de la table, les bras croisés, même s'ils gardaient une certaine distance.

« Assieds-toi… » dit sa mère en indiquant d'un signe de tête la chaise en face d'elle.

Le blond obéit. Il avait du faire quelque chose de mal pour qu'ils soient aussi sérieux. Il s'attendait déjà à se faire sermonner, alors il baissa la tête, l'air honteux.

« Roxas, regarde-nous. » fit l'homme les sourcils froncés.

Le blond releva donc la tête, s'attendant au pire…

°-°-°-°

Axel s'activait à faire ses devoirs dans sa chambre. Manquer les cours du matin ne lui apportait vraiment rien de bon, et évidemment, il était obligé de rattraper toutes les leçons en retard. De quoi le bloquer chez lui tout un week-end. Il s'était enfermé à clé dans sa chambre, de peur d'être dérangé par ses parents ou Reno. Il fit tomber son stylo lorsqu'il sentit son portable vibrer dans la poche de son jean. Les gens choisissaient vraiment mal leurs moments pour l'appeler. Lui qui ne voulait pas être dérangé ! Il ouvrit le clapet de son téléphone. Il fit un sourire en voyant que Roxas lui avait envoyé un message lui disant de venir le rejoindre à la Colline du Couchant. Là, ça changeait tout ! Ses devoirs attendront bien quelques heures. Il prit sa veste et sortit en vitesse de sa chambre, en claquant la porte.

°-°-°-°

Axel montait la pente menant tout en haut de la Colline en se tenant au mur. Il avait considérablement neigé pendant la nuit, et le sol avait gelé à certains endroits, le rendant assez glissant. Lorsqu'il fut en haut, il vit Roxas assit sur l'herbe, jouant avec la poudreuse qui la recouvrait. Il fut assez choqué de voir qu'un simple gilet recouvrait les frêles épaules de son ami, alors que la température était inférieure à zéro. Le blond entendit du bruit derrière lui, mais ne se retourna pas pour autant…

« Salut… » dit Roxas, sans regarder Axel.

Celui-ci était perplexe. Quelque chose n'allait pas dans le comportement de Roxas. Il posa ses deux mains sur ses épaules et le força à le regarder…

Une larme perlait le long de la joue du blond, et mourut sur le sol. Plusieurs autres la rejoignirent.

« Roxas ? »

Il recueillit une larme sur son doigt et lança un regard inquiet à son ami, qui s'essuya les yeux du dos de la main. Puis il regarda le roux fixement.

« Je dois absolument te parler. »

Axel acquiesça.

« Je… » Le blond se gratta la joue. « Mes… »

Mes… ? Axel ne supportait plus cette attente insupportable !

« Je vais… »

Axel tira la manche de son pull pour le forcer à continuer.

« Je vais devoir déménager… » avoua enfin Roxas dans un murmure.

Axel lâcha le bras de Roxas sous le coup de la stupeur. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Le blond profita du silence de son ami pour continuer.

« Ma mère et mon beau-père ont décidé de se séparer. Je ne pensais pas que leurs disputes les feraient en arriver là…j'ai été idiot… c'était prévisible, ça faisait plusieurs mois que ça durait. Ils m'ont mis au courant hier… Ma mère désire s'installer… à Midgar… j'ai de la famille là-bas. »

«Midgar ?! » hurla Axel.

Une centaine de kilomètres séparaient Midgar et la Cité du Crépuscule.

Roxas semblait avoir fini de se confier.

Allez… dis quelque chose ! pensa Axel, la tête baissée.

L'idée que Roxas puisse être loin de lui lui avait toujours parue impensable. Ridicule !

Ce n'est pas possible…

Et pourtant il savait que c'était vrai. Il aurait voulu que ce ne soit qu'un rêve… ou plutôt un cauchemar. Que devait-il lui dire ? Roxas s'attendait-il à ce qu'il lui réponde quelque chose de particulier ?

Pourquoi tu ne dis rien ? se demandait Roxas devant le manque de réaction de son ami. Dans une telle situation, il aurait du au moins essayer de le réconforter. Mais Axel n'avait même pas l'air d'avoir compris pourquoi il avait versé des larmes. Peut-être pensait-il que la séparation de ses parents l'affectait… Ce n'était pas faux. Il n'allait tout de même pas rester de marbre à l'idée que sa mère et son beau-père se séparent ? Mais ce n'était pas tout à fait vrai non plus. Cela ne constituait qu'une infime partie de sa peine.

« Dis quelque chose. N'importe quoi ! » voulait hurler Roxas.

Mais Axel restait muet, encore sous le choc.

Et Roxas le prit affreusement mal. Alors il s'en fichait ? Il se fichait du fait qu'ils ne puissent plus jamais se revoir ?! C'était aberrant. Écoeurant. Il détourna son regard du roux, et commença à quitter les lieux. Axel vit avec horreur Roxas s'éloigner de lui, au ralenti, la tête baissé. Il ne pouvait pas parler, sa gorge était trop serrée, il avait trop mal au coeur. Il ne pouvait plus bouger. Ses poings était serrés, au point qu'il put sentir ses ongles rentrer dans sa chair.

...

Combien de minutes s'étaient écoulées entre le moment où il avait rejoint Roxas en haut de la Colline, et le moment où le blond s'était éclipsé ? Axel n'avait plus Roxas dans son champ de vision. Le rouquin se mit à paniquer et fit errer son regard sur les alentours. Mais rien. Pas de Roxas. Il commença à courir, et descendit de la Colline à sa recherche.

Il vit alors son ami à l'autre bout d'un passage piétons.

« Roxas !» hurla Axel, aussi fort qu'il put.

Le blond sursauta, et il reconnut sans problème la voix d'Axel. Il se retourna et vit le roux traverser la rue à grandes enjambées. Mais Roxas écarquilla les yeux à la vue de ce camion qui s'approchait dangereusement de son ami, à une vitesse folle. Le coeur de Roxas fit un bond. Axel ne pourrait pas l'éviter !

Axel vit Roxas s'avancer vers lui en courant.

Mais contrairement à ce à quoi il s'attendait,

Roxas l'ejecta violemment en arrière.

Axel sentit sa tête heurter le sol, avant de perdre connaissance...

°-°-°-°

Axel ouvrit légèrement les paupières; sa vision était troublée. Tout ce qu'il voyait n'était que deux formes floues, au-dessus de lui. Puis sa vue devint plus précise, et put enfin voir deux inconnus à ses côtés, le regardant d'un air inquiet. Il se leva brusquement : Où était-il donc ?!

"Ne te lève pas aussi vite !" lui lança un des individus.

"T'as pris un sacré coup sur la tête ! " ajouta l'autre.

Le rouquin regarda leurs vêtements, et put reconnaître des uniformes de secouristes. Des ambulanciers ? Qu'est-ce qu'ils faisaient avec lui ? Il regarda les alentours et reconnut facilement le quartier de la Colline du Couchant.

La Colline du Couchant. Pourquoi s'y était-il rendu, déjà ? Ah oui ! On lui avait demandé de s'y rendre. Mais qui ? Il fouilla un peu dans sa mémoire et l'image d'une certaine personne lui surgit...

"Roxas !!"

Il se souvenait, maintenant ! Roxas lui avait demandé de le rejoindre au haut de la colline. Le divorce de ses parents, il lui en avait parlé. Son déménagement, aussi. Tout lui revenait en mémoire. Mais où était-il passé ? Tout ce dont il se souvenait, c'était de s'être fait éjecter en arrière par ce dernier. Puis plus rien. L'inquiétude se lisait sur son visage. Il se rongea l'ongle du pouce et observa autour de lui. Tout le monde le regardait avec des yeux ronds mais il n'y prêta pas attention. Axel n'entendait rien qu'un brouhaha incessant qui ne contribuait pas à calmer son mal de tête. Il vit alors plusieurs personnes attroupées. Il y avait des ambulanciers parmi elles. Un grand véhicule. Une ambulance. Sans plus attendre, il se précipita vers ces gens. Les hommes en uniforme lui barrèrent la route.

"Vous ne devez pas vous approcher !" lui lança l'un d'entre eux, comprenant où le roux voulait se rendre.

Mais Axel continuait à avancer, en bousculant quelques passants qui lui lançèrent un regard mauvais, avant de reprendre leur chemin.

Puis le rouquin se pétrifia... horrifié par ce qu'il voyait devant lui...

Ce rouge... c'était du sang... il en était certain. La tache se répandait rapidement sur le sol... Ce même sol où était étendu ce jeune homme à la chevelure d'ange.

"Ro...xas..." fit le roux. Sa voix mourut dans sa gorge, bien trop douloureuse pour qu'il puisse prononcer ne serait-ce qu'encore un seul mot.

Roxas était couché au milieu du liquide écarlate. Il ne bougeait pas. Ses paupières étaient totalement closes. Un filet de sang coulait de sa bouche, et de ses tempes... Axel se laissa tomber au sol, à genoux devant le corps inerte de la personne la plus chère à son coeur. Inconsciemment, il fit tremper sa main dans le liquide rouge et en relaissa quelques gouttes couler de ses doigts. Une main se posa sur son épaule et le secoua légèrement pour le faire revenir à lui. Après quelques instants de silence de la part du roux, celui-ci leva la tête et fixa d'un regard mort le visage du secouriste, qui compatissait. L'homme ferma les yeux, navré de lui demander de s'éloigner. Mais le rouquin ne semblait pas vouloir se lever. Il fut donc forcé de lui prendre le bras et de le redresser, tout en le tirant vers l'arrière...

°-°-°-°

"Dans le...coma ?" fit une jeune femme blonde d'une voix faible.

Le médecin en face d'elle hocha tristement la tête, l'air désolé. La blonde fondit littéralement en larmes, la main sur sa bouche pour cacher le son de quelques hoquets qui s'y échappaient. Son mari à côté d'elle était tout aussi bouleversé. La jeune et son mari avaient appris la triste nouvelle quelques heures après l'arrivée du jeune blond à l'hôpital. Sora qui avait appelé Roxas, s'était étonné que ce dernier ne réponde pas au téléphone. Il avait été finalement prévenu par la mère du blond. Il était accompagné par son amant, Riku. Le jeune homme aux long cheveux argentés attendait le châtain dans l'un des couloirs de l'hôpital, assis les bras croisés. Il aperçut les deux époux. L'une en larmes et l'autre les traits tirés vers le bas, essayant de la réconforter. Riku baissa tristement la tête à cette vision. Dans la petite chambre d'hôpital, Axel et Sora observaient silencieusement leur ami, toujours plongé dans un profond sommeil. Sora demanda, la gorge serrée :

"Qu'est-ce que... qui s'est passé... au juste ?"

Et comme il s'y attendait, il ne reçut aucune réponse de la part du roux, qui ne semblait même pas avoir entendu la question. Axel était assis au chevet de Roxas, les mains sur les genoux. Les larmes montèrent aux yeux de Sora qui se précipita vers la porte et sortit de la pièce, pour déverser ses larmes dans les bras réconfortants de Riku, qui le serra aussi fort qu'il put. Axel n'avait même pas entendu la porte claquer. Non... tout ce qui parvenait à ses oreilles était ce "bip bip" incessant de l'électrocardiographe, mesurant les faibles battements de coeur du blond, qui respirait lentement. Bien trop lentement. Ce masque sur son visage était tout ce qui lui permettait de vivre. Non, de survivre. Contrairement à Sora, Axel ne pleurait pas. Enfin, il avait arrêté de pleurer. Bien trop fatigué pour, mais ce n'était pas l'envie qui l'en manquait. D'énormes cernes creusaient le bas de ses yeux émeraudes. Il ne s'était pas reposé une seconde. Il regardait fixement les paupières du blond, avec le mince espoir de les voir s'ouvrir. Et cela faisait près de trois heures qu'il attendait. Qu'il attendait de le voir se réveiller, de le voir lui sourire, pour pouvoir enfin le prendre dans ses bras. Le sentir contre lui, sentir les battements de son coeur, s'assurer qu'il était bien en vie. Puis la question de Sora lui revint en mémoire. Que s'était-il passé ? Axel se souvenait avoir vu Roxas se jeter sur lui au moment où il traversait la rue pour le retrouver. Mais il n'avait pas vu ce camion arriver. Roxas aurait alors tenté de le protéger...? Mais il en avait payé le prix. Et maintenant, voilà à quoi il en était réduit. Forcé de rester dans cette chambre étroite, attendant la guérison de plusieurs plaies et fractures multiples, et attendant l'heure de son éveil. Et tout ça, à cause de qui ? Et bien à cause de lui. Il était le seul coupable. Roxas ne méritait pas ça, ce ne devrait pas être lui qui devrait être coincé dans cette foutue chambre ! Et pourquoi en était-on arrivé là ? Tout simplement parce que Roxas était vraiment quelqu'un de trop gentil pour avoir pu s'intéresser à quelqu'un d'aussi idiot que lui. Il s'était toujours sentit plus vivant aux côtés de Roxas, et le côtoyer lui avait donné envie de tout surpasser. De tout surpasser pour Roxas, à côté de qui, il se sentait tout petit, misérable. Il avait toujours voulu devenir quelqu'un de mieux que ce qu'il était à présent. Quelqu'un de bien mieux, capable de tout pour protéger Roxas. Mais au final, il n'avait pas avancé d'un pouce. Et il n'avait pas été en mesure de le protéger à ce moment là ! Et plus il repensait à toutes les fois où Roxas l'avait aidé, plus son coeur lui faisait souffrir.

« Tu crois qu'on pourra toujours rester ainsi ? Sans se soucier du reste. Imagine qu'on soit séparé un jour. »

Cette phrase prononcé par le blond lui revint en mémoire. Comme un flash.

« Et imagine qu'un jour… vous veniez à être séparés, Roxas et toi ? »

Les paroles de Demyx résonnèrent longtemps dans sa tête...

« Si vous veniez à ne plus jamais vous revoir… Tu n'as pas peur d'avoir des regrets ? Regretter de ne jamais lui avoir dit ce que tu ressentais… »

Cette dernière phrase se répéta plus d'une dizaine de fois dans sa tête. Ses mains se mirent alors à trembler, de peur. Il comprenait enfin ce que craignait Demyx. Cela faisait plusieurs heures qu'Axel attendait le réveil de Roxas. Mais, et si toute cette attente était vaine ? Et si tous ces espoirs qu'il s'était crées étaient faux ? Et si Roxas était endormi à jamais ? Non ! Il ne voulait pas y croire ! Il se leva brusquement en faisant tomber sa chaise et tapa du poing sur le matelas où était alité Roxas.

"Non..." chuchota Axel, la tête baissée.

Il prit la main de Roxas et la serra de toutes ses forces.

"Réveille-toi..." Il approcha cette petite main de ses lèvres. "Réveille-toi."

Puis il observa le visage du blond. Malheureusement, aucun de ses traits n'avaient changés. Il serra les dents. Et la prise qu'il exerçait sur la main de Roxas se relâcha. Mais pris de rage, il plaqua ses deux mains sur les épaules du garçon blond.

"Tu n'as pas le droit !" cria t-il en commençant à le secouer. Ses doigts maintenaient fermement ses épaules. En temps normal, Roxas lui aurait dit qu'il lui fait mal. "Tu devrais réagir, non ?! Réveille-toi ! Tu n'as pas le droit de me laisser comme ça !"

Axel hurlait d'une voix qui lui venait du plus profond de sa gorge. Malgré tous ses appels désespérés, Roxas refusait toujours de répondre. Il lâcha alors les épaules de son ami, et tomba à genoux, les bras le long de son corps, la tête posée contre le matelas. Pendant un certain temps, il s'était voilé la face, ne comprenant pas vraiment ce qu'il ressentait. Mais à partir du moment où il l'avait enfin réalisé, il n'avait jamais été en mesure de le laisser transparaître... ce trop plein d'amour. Car au final, malgré ces nombreuses années d'amitiés, Axel n'avait jamais pu lui dire...

Il n'avait jamais pu dire à Roxas à quel point il l'aimait.

Il serra le tissu du drap entre ses mains, jusqu'à ce que les jointures de ses doigts en deviennent blanches. Puis il sentit une main se poser sur son épaule. Il releva la tête avec l'unique espoir de voir Roxas enfin réveillé. Mais cet espoir s'envola quand il vit le visage attristé et compatissant de l'infirmière.

"Les visites sont terminées pour aujourd'hui..." annonça t-elle, navrée.

Le roux se leva sans faire d'histoires et sortit de la pièce, tout en lançant un dernier regard, au jeune blond couché sur le lit.

Une fois à l'extérieur de l'hôpital, il sentit quelque chose d'humide lui tomber sur le nez. Il releva la tête pour regarder le ciel éclaboussé d'étoiles. D'épais nuages commençaient les recouvrir. Ce n'était pas de la neige mais de la pluie. Axel sourit... mais tristement. Tant mieux qu'il ne neige pas ! Bien qu'il détestait le froid, il avait toujours trouvé en la neige quelque chose de beau. Roxas aussi aimait beaucoup la neige. Il ne voulait pas qu'il neige ! Surtout pas ! Il aurait la désagréable impression que le ciel se moque de lui, à le regarder d'en haut, en train de s'apitoyer sur son sort, tandis que lui, brillerait de ses milliers d'étoiles en laissant tomber ses magnifiques flocons de neige. Heureusement pour Axel, le ciel exhaussa son voeux, et il commença à pleuvoir en averse. Le roux commença à pouffer, pour partir dans un éclat de rire incontrôlé.

"On dirait que le ciel est de mon côté..." dit-il en s'adossant contre un mur, une main plaquée contre ses yeux.

Puis les rires s'atténuèrent, pour laisser place à des hoquets. Une perle coula le long de la joue d'Axel. Et ce n'était pas de la pluie, car cette perle était salée...


Fini pour le premier chapitre =) A bientôt pour la suite ^^