MENTEUR, MENTEUR
Spoilers : Harry Potter et la chambre des secrets
Disclaimer : Les personnages appartiennent entièrement à JK Rowling, qui les prête gentiment à qui veut écrire des fics... Merci, Joann.
A propos de cette fic : Elle est déjà entièrement écrite et comporte 5 chapitres. Les chapitres 1 à 4 seront postés à raison d'un chapitre par semaine. Le chapitre 5 arrivera le vendredi suivant la mise en ligne du chapitre 4.
Les Éditions de Traverse
"Il me gonfle. Sérieusement, il me gonfle.
- Moi aussi, Jimmy, moi aussi... Mais t'en fais pas. La mi-août
est déjà passée, on reprend en septembre... Plus
que quelques jours à se le coltiner...
- Ouais. Ben j'aurais pas autant besoin de fric, j'aurais démissionné
au début de l'été, tu vois..." bougonna le
dénommé Jimmy.
Les pauses café de Jimmy et Paul démarraient tout le temps sur la même discussion, depuis qu'ils étaient arrivés au service des corrections de la maison d'édition "Les Éditions de Traverse". Ils avaient à peine 18 ans et venaient d'obtenir leurs ASPICS. Ils allaient intégrer, après les vacances, l'un la prestigieuse école de Médicomages de Ste Mangouste, l'autre, le centre de formation des Aurors. Sauf qu'en arrivant dans la salle de pause ce jour là, ils n'avaient pas vu qu'il y avait déjà quelqu'un.
"De qui parlez-vous, jeunes gens ?" demanda ironiquement le
sorcier qui se trouvait là. Les deux garçons
déglutirent en même temps : ils se trouvaient, ni plus
ni moins, devant M. Rutherford, directeur des Éditions de
Traverse. Leur big boss, quoi.
Jimmy s'éclaircit la gorge et tenta de lui expliquer la
situation : "Nous parlions d'un collègue, monsieur...
- Dans quel service travaillez-vous ?
- Service des corrections magiques, monsieur.
- Effectivement, vous devez avoir bien besoin d'argent pour
travailler dans ce service," s'esclaffa le grand patron. "Mais
continuez donc.
- Euh..." fut tout ce que Jimmy réussit à
articuler. Il avait été déstabilisé par
le fait que le grand patron dénigre une partie de ses
employés.
"Allons, mon jeune ami ! Lancer de simples sorts de correction
est enfantin... Et du coup, le travail plutôt ingrat. Mais
j'aime beaucoup ce service. Voyez-vous, c'est dans ce service que
commencent tous nos collaborateurs. Parce que je tiens à ce
qu'ils connaissent toutes les facettes de l'édition. Et puis,
cela apprend l'humilité à certains... Les autres
employés sont, pour la plupart, des étudiants en
vacances, comme vous. Par ailleurs, c'est grâce à vous
que les livres que nous publions sont totalement exempts de fautes
d'orthographe, ce qui est un grand service à rendre à
notre belle langue... Mais revenons-en à nos moutons... De qui
parliez vous ?"
Paul, en observant son patron, eut l'impression de voir un Albus
Dumbledore en plus jeune. Le vénérable sorcier qui
tenait cette maison d'édition semblait être un véritable
gamin... Aussi, reprit-il l'histoire, confiant.
"Il s'agit de Lockhart. Il est prétentieux et passe son
temps à se vanter de tous les exploits qu'il aurait soi-disant
accomplis... C'est lassant et ridicule. D'autant plus que certains
des exploits dont il se vante ont été accomplis par
d'autres devant nous, et qu'il est le seul employé à
être au service des corrections depuis plus de deux ans ! Soit
depuis qu'il a quitté Poudlard...
- Effectivement, il doit pulvériser le record de longévité
au service des corrections. Mais ça me donne une idée...
Je vais peut-être lui donner une chance... On verra bien s'il
la prend... Merci, les enfants, je crois que vous venez d'égayer
ma journée."
Et sur ces mots, M. Rutherford quitta la pièce en riant doucement, laissant derrière lui deux jeunes étudiants mortifiés et pressés de démarrer leurs études.
Inconscient de l'échange qui avait eu lieu à son sujet la veille, Gilderoy était en train de se préparer pour se rendre à son travail, comme tous les matins. Il avait réglé son réveil sur six heures, afin d'avoir le temps de se faire beau. Il était donc dans sa salle de bains depuis une bonne heure et demie, à s'infliger de multiples sorts de mise en valeur, qu'il avait appris à travers les magazines féminins de sa maman.
Une heure et demie dans la salle de bain pour une moldue est normal. Pour un moldu c'est plutôt considéré comme exagéré. Concernant un sorcier, cela dépasse l'entendement. Effectivement, ce qui, pour un moldu, demande au minimum un quart d'heure, nécessite à peine trente secondes à un sorcier bien entraîné. Et entraîné, Gilderoy l'était...
Il prit le solide petit déjeuner préparé par sa maman, chez qui il vivait encore et, enfin, il prit le métro à huit heures pour se rendre à son travail. Chaque fois qu'il passait le portillon du métro, Gilderoy ressentait une certaine gêne ; il ne savait pas transplaner. Mais, une fois installé dans le train, il s'inventait des histoires et, arrivé à son bureau, il était persuadé d'avoir raison de prendre le métro plutôt que de vulgairement transplaner, comme tous ses collègues.
Il se rendit à son pupitre, où l'attendait sa pile de parchemins à corriger avant de les porter au service de la mise en page. Sauf qu'il était vide. Seul, un petit parchemin trônait dessus. Une sueur froide coula le long de son dos, lorsqu'il se rendit compte qu'il s'agissait d'une convocation de la part de M. Rutherford. Cette fois-ci, il était viré. Qu'allait-il donc pouvoir raconter à sa maman ?
Gilderoy se rendit directement au bureau de M. Rutherford. En passant toutefois par le service comptabilité pour saluer un ami qui n'était pas arrivé, puis par le secrétariat général, avec l'idée de saluer une sorcière qu'il avait rencontrée à son arrivée dans l'entreprise. Il en ressortit extrêmement vexé – et donc rouge pivoine. Non seulement, il avait écorché son prénom, ce qui n'avait pas aidé les secrétaires pour savoir de qui il parlait, mais en plus, il avait ainsi appris qu'elle avait quitté la société plus de 18 mois auparavant... Il se rendit ensuite à la salle de la pause café, où il croisa quelques uns des étudiants qui travaillaient aux pupitres à côté de lui. Il attrapa la petite bouteille qu'il avait pris soin de dissimuler pour les moments où il voulait s'accorder "une petite lampée" en cachette de ses collègues. Il ne vit pas le regard réprobateur d'une petite sorcière qui prenait un café et siffla la bouteille d'un trait.
Enfin, il arriva, légèrement titubant, jusqu'au secrétariat de M. Rutherford. La secrétaire le regarda, éberluée en sentant l'haleine chargée de Gilderoy. Elle lui prit la convocation des mains et lui demanda de s'asseoir. Elle disparut dans le bureau de son patron et en ressortit quelques secondes après. Elle alla taper sur l'épaule d'un Gilderoy Lockhart légèrement abruti par l'alcool et lui signala qu'il était attendu. Gilderoy tenta de se lever. Il y parvint au troisième essai et tituba jusqu'à la porte que la secrétaire lui avait indiquée.
Le soir même, il ne se souvenait plus du tout de ce qui s'était passé dans le bureau de M. Rutherford.
"M'maaaaan !!! Chuis rentré !
- Gilderoy, mon chéri, enfin !!! J'étais inquiète, tu aurais dû rentrer il y a au moins dix minutes ! Tu aurais pu m'envoyer un hibou, quand même !
- Désolé, m'man... J'ai été convoqué par M. Rutherford, aujourd'hui... J'ai eu une promotion !
- Une promotion ? Ooooh, mon Gildounet ! C'est formidable !!! Tu es sur le chemin de la gloire, mon chéri...
- Oui ! Je suis le plus jeune promu du service..." répondit le fiston, un grand sourire sur les lèvres. Il avait manifestement oublié tous ceux qu'il avait vu recevoir une promotion pendant les deux années précédentes.
Mme Lockhart, impatiente de connaître les détails,
installa son fiston chéri dans le salon et prépara le
dîner en un temps record. "Gildounet" lui expliqua
tout en mangeant : "Tu comprends, m'man, ils ont besoin d'idées
de livres, aux éditions, sinon, ils ne peuvent rien éditer...
Et là, ils sont en pleine pénurie..." Gilderoy
omettait de dire que les Éditions de Traverse avaient une
quinzaine de collections dont la sortie était planifiée,
soit minimum 150 livres magiques à éditer. "Alors
M. Rutherford s'est renseigné auprès de mes collègues
et il a entendu parler de moi. Je vais aller en Roumanie, à la
recherche d'un sujet pour une nouvelle collection...
- Une collection ?
- Oui, m'man, ils veulent que je trouve une idée pour une
nouvelle collection de livres. Tu comprends, ils vont bientôt
épuiser les quelques collections actuellement en vente. Ils
ont besoin d'un grand coup pour ne pas couler...
- Mais pourquoi la Roumanie ?
- Ca me faisait envie. C'est un beau pays, paraît-il..."
La soirée entre la mère et le fils continua sur cette
lancée, l'un omettant sans complexe tout ce qui ne
l'arrangeait pas, l'autre en adoration devant sa formidable
progéniture.
Mme Lockhart ne sut ainsi jamais que si son cher Gildounet devait se
rendre en Roumanie, c'était parce que M. Rutherford avait
contraint et forcé son enfant chéri à accepter
une mission hautement dangereuse, qui consistait à retrouver
un sorcier amateur de chasse au loup-garou...
La suite, mercredi prochain ! Bonne semaine à tous. :)
Steamboat Willie.
