Le silence, aussi bruyant que le chaos, fit place pour la première fois depuis les quarante dernières heures à Poudlard. Le gazon, arraché par endroits, avait perdu son éclat qui rendait la verdure si vivante. Les arbres dansaient avec le vent, chantant un air douloureux, mais promettant un avenir certainement meilleur. Le sol était recouvert de corps, vivants et morts, tous symbolisant la mort dans son plus simple appareil. Accoté à un chêne déraciné, le célèbre et non le moindre Harry Potter fixait les étoiles. Au moment de la mort au grand mage noir, la guerre n'avait fait que continuer de plus belle, donnant au jeune homme la vision cauchemardesque de la défaite. Mais il n'en était rien. Bien que Voldemort fût retourné en enfer, il fallut une nuit entière pour que la rage contenue chez les sorciers se dissipe pour enfin célébrer la bonne nouvelle. En une nuit, tous les mangemorts furent exterminés, avec un nombre incalculable de sorciers bons en plus.
Les pieds nus, dû à une course effrénée, mue par la douleur de la survie, Potter chantait en une sombre litanie les morts qui lui étaient connues. Rogue, Sirius, Lupin, Tonx, Maugré, Albus, Cédric, Fred, presque Bill, et tant d'autres. Une mince silhouette se détacha alors du sombre décor des cadavres frais du matin et vint à la rencontre du survivant. Ginerva s'agenouilla devant l'homme qu'elle aimait et chanta une douce mélodie qui arracha à son amant une larme amère.
Quand tu ne crois plus
Que tout est perdu
Quand trompé
Déçu
Meurtri
Aidé par la jeune femme, Harry se relève enfin après avoir passé les six dernières heures au sol. Ginny chante, encore et toujours.
Quand assis par terre
Plus rien pouvoir faire
Tout seul
Dans ton désert
Quand mal
Trop mal
On marche à genoux
La main dans celle calleuse de son amour, Ginerva montre le chaos du bout des doigts, un sourire fin et triste sur les lèvres.
Quand sourds
Les hommes
N'entendent plus
Le cri des hommes
Harry regarda le désastre, les jambes démembré, les familles déchirées. Les cris de haine, de souffrance, de désespoir. Une femme et son mari, côte à côte, tous deux réunis dans la mort. Tonx, Rémus.
Tu verras
L'aube revient quand même
Tu verras
Le jour se lève encore
Même si
Tu ne crois plus à l'aurore
Tu verras
Le jour se lève encore
La voix de Ginny s'éleva dans le ciel étoilé, forçant les blessés et les survivants à la regarder. Tous laissèrent couler une larme traîtresse, comme hypnotisés par la douceur et la douleur de la chanson.
Quand la terre Saigne ses blessures
Sous l'avion qui crache la mort
Quand l'homme chacal Tire à bout portant
Sur l'enfant qui rêve ou qui dort
Quand mal Trop mal
Tu voudrais larguer
Ginny avança d'un pas, traînant Harry à sa suite. Elle sourit fièrement, se remémorant tous les beaux moments. Potter fixa son amour et porta sa main gauche à sa bouche pour embrasser le jonc en or muni d'une pierre jaune.
Larguer Tout larguer
Quand la folie des hommes
Nous mène à l'horreur
Nous mène au dégoût
N'oublie pas
Ginny lève les yeux vers le ciel. Tous les regards, blessé, détruit, épuisés, scrutèrent les éclats du firmaments. Une étoile filante passa, laissant une longue traînée brillante dans la noirceur de leurs vies.
L'aube revient quand même
Et même pâle
Le jour se lève encore
Etonné
On reprend le corps à corps
Allons-y puisque
Le jour se lève encore
En un mouvement fluide du bras, Ginny s'arracha à Potter et se plaça devant lui. « C'est enfin fini, vivons, à présents ! ». Il ouvra la bouche et s'interrompit, car son aimé lui barra les lèvres d'un chaste baiser. Sans lâcher le regard verdoyant de son premier amour, la jeune femme éleva la voix et la mélodie prit un air vivant, combattant.
Suivons les rivières
Gardons les torrents
Restons en colère
Soyons vigilants
À reculons, Ginny s'approcha du lieu du drame, criant presque sa joie et sa vie. Tout en chantant, elle se mit à tourner sur elle-même, invitant le vent à danser avec elle. Les feuilles mortes volèrent au-dessus de sa tête, les oiseaux s'adaptèrent au rythme envoûtant de l'air et Harry fit entendre sa voix grave, accompagnant sa future femme dans son air de bonheur.
Même si
Tout semble fini
N'oublions jamais
Qu'au bout d'une nuit
Qu'au bout de la nuit
Les villageois, les professeurs, les élèves, tous les accompagnèrent. Le sol frémit sous leur pas de danse effréné, Poudlard se mit à vivre avec eux, laissant le monde entier entendre le murmure d'un air nouveau. Partout, dans chaque maison, dans tous les pays, à chaque ville, les résidents, les villageois, les êtres humains laissèrent couler une larme. Les moldus aussi, sans comprendre pourquoi.
Doucement
L'aube revient quand même
Et même pâle
Le jour se lève encore
Le sourire aux lèvres, Harry rejoint sa douce sous les caresses du vent, emprisonnant la fine taille de sa poigne ferme et l'attira contre lui.
Etonné
On reprend le corps à corps
Continue
Le soleil se lève encore
Tu verras Le jour se lève encore
Même si
Tu ne crois plus à l'aurore
Un baisé les empêcha de clore la musique, mais les autres finirent à leur place, heureux de surmonter cette guerre.
Tu verras
Le jour se lève encore
Encore encore...
Fin
