Bonjour à tous, et bienvenue sur Le Poids des Souvenirs !
Il s'agit de la première fanfiction (je considère mes autres textes comme des One-Shot, y compris Le Vent de l'Hiver, malgré sa longueur :p) que je poste sur ce site, bien qu'elle soit déjà entièrement disponible sur le forum codelyokofr.
Donc oui, il s'agit d'une fanfiction Code Lyoko. Je la posterai à priori sur un rythme hebdomadaire. Si je ne me perds pas dans les dates.
Concernant la forme, elle compte 20 chapitres et un épilogue, de taille variable. Si je ne me trompe pas, le plus court fait quatre pages word standards et le plus longs doit en faire 17.
Concernant la forme, l'image de couverture dit tout. Le premier chapitre recadre normalement l'action sans que j'ai besoin d'en rajouter. Je précise cependant que ce texte ne tient pas compte des évènements de CLE ni des Chronicles.
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre 1 :
Le Réveil de l'Égaré
Le choc est rude ! Ils ne m'avaient pas prévenu que le retour de Lyoko serait aussi désagréable. Et puis je ne me souviens pas trop de ce qui s'est passé sur le monde virtuel, c'est normal ? Ou c'est parce qu'il s'agit de mon premier voyage ? Je me souviens du cinquième territoire. J'y étais avec Aelita. J'avais une tenue supercool et une épée énorme, dans les deux sens du terme. Un zanbatõ si je ne me trompe pas. Bon, j'avoue, je me suis un peu emporté. D'ailleurs je crois que j'ai énervé Aelita à la façon dont elle m'a dit qu'on n'était pas dans un jeu vidéo (même si les décors ressemblaient carrément à Galactic Battle).
Je me suis peut-être un peu trop précipité pour aller activer la fameuse clé qui devait nous permettre d'aller dans…le cœur de Lyoko, je crois bien qu'Aelita a appelé ce lieu de cette façon. Un bloc bleuté est sorti du sol et m'a bloqué le chemin, puis j'ai entendu un genre de beuglement bizarre. Et des bestioles sensass ont débarqué. Aelita les a appelés des rampants. C'est vrai que la partie inférieure de leur corps, qui ressemblait à une queue de serpent steampunk, trainait par terre. Bon, là j'ai directement laissé tomber la clé. C'était peut-être pas très futé de ma part, mais j'avais trop envie d'essayer mon épée !
Et là je me suis éclaté ! J'en ai défoncé au moins dix sans qu'un seul ne me touche avec les lasers qu'ils tiraient de leurs drôles de têtes plates. En clair : j'ai assuré comme une bête, de quoi montrer à Yumi qu'elle a eu raison de me faire confiance.
Pendant ce temps-là, Aelita a dû s'occuper de sa clé, parce qu'elle m'a dit à un moment qu'il fallait qu'on y aille. Sauf que là d'autres blocs sont sortis du sol et nous ont séparés. Puis une sorte de méduse volante est arrivée. Jérémie m'a crié je sais pas trop comment que je devais me tirer, mais il était hors de question que je fuie devant de la poiscaille. Même si les méduses ne sont pas des poissons. Elle m'a arraché mon arme mais après elle a cessé de bouger. J'ai cru que je lui faisais peur, ou un truc comme ça, mais ensuite elle a avancé ses tentacules puis…plus rien. Elle m'a battu je suppose. C'est sûrement pour ça que je suis de retour dans le scanner.
La fumée autour de moi s'est un peu dissipée. Je suis pas mal sonné en fait, je m'en rends compte seulement maintenant. Je me sens complètement crevé.
Yumi et Ulrich sont face à moi. Ils ont l'air ravis, tant mieux, j'ai dû faire du bon boulot ! Je veux m'avancer vers eux, mais voilà que je vacille. Ils se précipitent pour me rattraper. Ulrich n'a même pas l'air contrarié que Yumi me prenne -bon d'accord, seulement presque- dans ses bras. Bizarre.
Aelita est arrivée d'un scanner également. Je me demande si elle s'est faite avoir par la méduse aussi. Ils ont un peu parlé avec Jérémie, mais je n'ai pas écouté, je me sens encore trop éreinté pour suivre une conversation qui ne se fait pas en face à face. Mais il y a quand même une chose que je voudrais savoir :
« Alors, je me suis bien débrouillé ? »
Pourquoi ils font des têtes aussi estomaquées tout d'un coup ?
Plusieurs mois. Je n'arrive toujours pas à y croire. Quand les autres m'ont annoncé ça j'ai cru qu'ils plaisantaient. Et quand ils ont continué à me le répéter après que j'ai éclaté de rire, j'ai même pensé qu'il s'agissait d'un genre de bizutage. Mais je dois bien me rendre à l'évidence, ils m'ont dit la vérité. XANA a pris le contrôle de mon corps et je les ai combattus. Contre mon gré évidemment. Même contre ma lucidité. Mais apparemment ils ne semblent pas accorder la moindre importance à ce détail, à la façon dont ils me traitent. À les voir agir, on croirait presque que je me suis rangé aux côtés de XANA volontairement. Pourtant ils avaient l'air tellement heureux de me voir, juste après mon « retour ». Même Yumi, dont je croyais pourtant être proche, m'évite et refuse de rester en ma présence quand elle peut l'éviter. Je suppose que leur plaisir de me voir ne venait que du soulagement de m'avoir récupéré avant que qui que ce soit ne se doute de quoi que ce soit.
Parce qu'il y a ça aussi. Je ne sais pas ce qu'ils ont trafiqué en créant une copie de moi, mais ça n'a apparemment pas été une réussite, ne serait-ce que pour moi. Je dois avouer que ça m'a vraiment fait plaisir quand j'ai constaté que mes parents refusaient de croire que cette copie soit leur fils. Et peut-être encore plus quand ils ont tout de suite réalisé que c'était de nouveau moi. Mais comme ils ne peuvent pas comprendre ce qu'il s'est passé et pourquoi j'ai agi si bizarrement ces derniers temps, maintenant ils sont fous d'inquiétude. Et à côté de ça je me fais féliciter par tous les abrutis de ma classe pour mon super canular. Comme si j'avais besoin de ça après m'être fait virer de mon ancien bahut. Décidément être amoureux n'apporte que des emmerdes.
Enfin au moins me voilà de retour. Maigre consolation mais après tout j'aurais pu être dévirtualisé à jamais, tomber dans la mer numérique ou un truc comme ça. Et pourtant je suis à nouveau dans cette chambre dont j'ai hérité en arrivant à Kadic. Une chambre rectangulaire aux murs entre le brun et le jaune sale. La grande fenêtre en face de la porte m'a toujours fait penser à une fenêtre d'entrepôt industriel, impression renforcée par la fissure qui en part pour rejoindre le mur de droite. En-dessous, mes affaires posées au hasard rendent bien compte de mes hobbys, toujours pratiqués avec plus ou moins d'assiduité : une guitare dans sa housse, quelques affiches des subdigitals punaisées de travers, un ampli, un chevalet avec une toile blanche abandonnée avant même d'avoir été commencée, un meuble blanc avec deux-trois bouquins dessus. À droite, le bureau gris. Juste un ordinateur dessus, c'est bien la preuve qu'il accueille plus mes parties de jeux vidéo que mes révisions. N'étant pas quelqu'un que le désordre étouffe, le reste de ma chambre en atteste, si je travaillais dessus je peux assurer que des feuilles pêle-mêle en témoigneraient. À gauche, l'armoire, avec mes fringues dedans et ma chaîne hifi dessus. Oh, et mes affaires de cours, aussi. Ajoutez deux chaises qui traînent au beau milieu de la pièce, mes chaussures balancées n'importe où, la corbeille à papier pleine dans un coin, et le lit tout de suite à droite de la porte, dans le sens de la longueur avec moi affalé dessus, et vous avez la composition de la pièce à l'instant même.
Je peux au moins reconnaître ça à mon double, il l'a laissée dans l'état exact où je l'ai moi-même quittée avant de devenir le lieutenant de XANA.
À chaque fois que je pense à ça, ça me fait soupirer. En fait, quand j'y pense j'ai envie de hurler. Je voudrais frapper de toutes mes forces sur un truc, si possible Jérémie, ou Ulrich mais pas exactement pour la même raison. Mais ça ne résoudrait rien. En fait ce n'est pas d'avoir disparu pendant plusieurs mois qui me met dans un tel état d'abattement, c'est que personne ne le sache. J'ai perdu une partie de ma vie et les seules personnes avec qui je pourrais en parler semblent penser que je mérite de me sentir aussi mal. Parce-que ce que je veux vraiment finalement, c'est qu'ils viennent me voir pour me dire qu'ils savent que ce n'était pas moi, que j'étais un prisonnier, un otage, et rien d'autre, que je peux continuer le combat à leurs côtés. Je crois que c'est le seul moyen pour que je puisse me relever. Mais ça n'arrivera pas.
Le meilleur moyen pour ne plus penser à tout ça, c'est encore de dormir.
Il est dressé devant elle. Un guerrier avec une épée impressionnante. Une épée faite pour détruire. Elle lance ses champs de force ridicules, qu'il détourne facilement. Elle ne fera pas long feu. Montre lui donc le cadeau que t'a fait XANA. Un coup d'épée dans le vide et il envoie une onde de choc vers la jeune fille aux cheveux roses. En un coup ses points de vie tombent à zéro. La vision de son corps projeté vers l'arrière qui se cambre en disparaissant dans l'envol de ses pixels est d'une jouissance sans nom.
Va, lieutenant. C'est l'heure de détruire.
Je me réveille en sursaut. Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce que c'était que ce rêve, cette…vision ? Je suis en sueur. Mon cœur est complètement affolé et j'ai mal dans la poitrine. Comment j'ai pu voir un truc pareil ? Ça pourrait être un souvenir. C'est sûrement ce qui s'est passé juste après que l'IA ait pris mon contrôle, mais comment j'ai fait pour le voir à la troisième personne ?
Restons calme. C'est peut-être normal. Je ne sais rien de l'amnésie, peut-être que les souvenirs se reconstruisent…bizarrement. 'Tain, et je ne peux même pas en parler pour rationnaliser tout ça. Je me sens nauséeux. J'espère que je ne vais pas vomir, manquerait plus que ça. Mais je suis quand même vraiment pas bien.
5h43. Je n'ai pas envie de m'endormir à nouveau, autant me lever. Me changer les idées est sans doute le meilleur moyen de ne pas ressasser ce qui vient de se passer. Et dire que je pensais que dormir serait une bonne idée. Je vais tenter de me doucher, ça marchera peut-être mieux.
Il fait encore nuit noire. Je ne vais pas allumer les lumières, avec ma chance ça va être le seul matin où Jim sera atteint d'insomnie. Et tant qu'à faire j'aimerais autant éviter de voir quelqu'un maintenant.
Je me croirais presque seul au monde à avancer comme ça. Les portes des chambres alignées de chaque côté du couloir ont quelque chose d'angoissant au milieu de la nuit. Je me sens un peu oppressé. Si je me laissais aller, je me mettrais à croire que des rampants vont en sortir tout-à-coup. Et que les tentacules de la méduse vont s'enrouler autour de moi par derrière pour m'emporter dans les ténèbres, ha ha. Hum. Mais c'est pas vrai, je n'ai plus aucun contrôle sur moi ou quoi ? Il faut vraiment que je me retourne pour vérifier qu'il n'y a pas de monstre caché dans mon dos ? Et puis zut, il n'y a personne ici, qu'est-ce que ça peut faire que je me retourne !
PUTAIN DE MERDE ! Mon cœur vient de rater un battement, là ! Tout ça à cause d'un extincteur que j'ai vu du coin de l'œil et dont j'avais oublié la position. Je suis pitoyable. Je me crois dans Shining ? Encore heureux qu'il n'y ait pas de tuyaux anti-incendie.
Me voilà devant les douches. Ici aussi c'est assez morbide, de nuit. Les cloisons carrelées qui parsèment la pièce lui donnent tout de suite un aspect lugubre dans la semi-pénombre. Surtout qu'avec la porte ouverte sur le couloir, la seule source de lumière c'est le symbole de sortie de secours qui éclaire en verdâtre. Je me croirais dans le laboratoire d'un savant fou. Au moins je n'ai pas eu peur de mon reflet en entrant. D'ailleurs ici je n'ai aucune raison de ne pas allumer la lumière.
Je dépose ma trousse de toilette sur un banc et entre dans une cabine. Le robinet grince un peu quand je l'ouvre. D'habitude, enfin l'habitude d'il y a plusieurs mois, je me lève toujours à la bourre et je me douche en vitesse. Ça doit faire une éternité que je n'ai pas pu profiter d'une vraie douche. Ceci dit c'est plus écolo…
L'eau coule sur le haut de mon crane. Elle est chaude, miracle ! Il n'y a pas à dire, l'eau chaude c'est apaisant. Et je pense pouvoir affirmer que j'en ai besoin en ce moment, d'être apaisé. En fait c'est un peu – beaucoup, carrément – le bordel dans ma tête. Je croyais m'être engagé dans une guerre pour sauver les autres, je croyais que je combattrais cette identité artificielle appelée XANA jusqu'à ce que nous trouvions un moyen de la détruire, je croyais entrer dans une équipe pour laquelle je donnerais tout et qui ne me laisserait jamais tomber… Quelle blague. Oh, je sais bien qu'ils ne m'ont pas laissé tomber, qu'ils ont tout tenté pour me ramener et tout ce qu'on voudra. Mais pourquoi ne comprennent-ils pas que c'est maintenant que j'ai besoin de leur aide ? Je sais que je devrais leur être reconnaissant de m'avoir sauvé, mais quitte à être honnête avec moi-même je suis dans une rage noire. Je leur en veux vraiment d'oser me dire que je ne suis pas digne de confiance, et je n'arrive pas à m'empêcher de leur souhaiter un échec retentissant. Je voudrais pouvoir les regarder de haut, leur dire « Vous voyez ? Vous aussi XANA vous a eus. » et ensuite les aider à s'en relever et rester à jamais au-dessus de ce qu'ils sont en leur pardonnant ce qu'ils ont fait. Mais bon, c'est très égoïste de ma part étant donné que leur échec impliquerait probablement la fin du monde…
Contrairement au sommeil, la douche était une bonne idée finalement. Même si je l'ai passée à ressasser la situation dans ma tête, je me sens un peu mieux maintenant. Et j'ai passé 40 minutes sous l'eau, sans même m'en rendre compte. Avec un peu de chance j'ai fini l'eau chaude, ha ha ! Mais maintenant j'ai la peau rougie, c'est malin. Enfin tant pis, ça va vite s'atténuer.
Et me voilà qui fait face aux miroirs de la salle des lavabos. Je n'ai pas changé. Pourquoi est-ce que je n'ai pas changé ? Je veux dire, c'est normal que mon apparence soit restée la même, Aelita n'a pas vieilli en 10 ans passés dans le supercalculateur, c'est évident qu'en quelques mois je ne peux pas être différent, mais est-ce que je ne devrais pas quand même avoir quelque chose de changé qui montre ce que j'ai vécu ? Pourtant je suis toujours exactement le même. Toujours le même physique avantageux, avec mes cheveux noirs qui tombent devant mes yeux tout aussi sombres. Là ils sont collés sur mon front par l'eau, mais ça ne change rien à l'affaire. Je suis toujours aussi grand, même si je ne bats pas de record de taille. J'ai toujours la même musculature, présente sans être imposante. Rien n'a changé. Quoiqu'à la réflexion j'ai peut-être le regard un peu plus terne qu'avant. Et encore. Je me fais sûrement des idées.
6h37. Encore vingt minutes avant de pouvoir aller prendre le petit dèj. C'est bien quelque chose qui ne m'est jamais arrivé. Du coup je ne sais absolument pas quoi faire pour occuper le temps. Avant je ne m'ennuyais jamais. Quand j'avais rien de spécial de prévu, je sortais me faire un ciné, ou je lançais Galactic Battle, mais là je n'ai pas trop le temps d'aller me faire un ciné, et jouer Galactic Battle a perdu tout son côté divertissant depuis que je suis allé sur Lyoko. Comment jouer à un jeu de guerre quand on l'a faite pour de vrai ?
Tant pis je n'ai qu'à relire le cours de maths. Ça ne pourra pas faire de mal à mes résultats scolaires. Déjà que j'étais mauvais à la base, avec cette espèce de mollusque qui a pris ma place ces derniers mois mes notes n'ont pas dû s'arranger. Je vais sans doute redoubler. Et vu que j'ai raté une bonne partie de l'année, je suppose que ce ne sera pas une si mauvaise chose. Sauf si je me retrouve dans la classe des quatre autres. Si je pouvais éviter ça, ça m'arrangerait.
Du coup j'ai attrapé un bouquin, mais je n'arrive pas à rester concentré dessus. Je n'ai jamais été un lecteur assidu, mais là je suis dans un tel état d'énervement que je n'arrive pas à enregistrer le moindre mot avant de passer au suivant. C'est frustrant et ça m'énerve encore plus. Je vais passer une bonne première journée.
