Voilà donc seize strophes d'alexandrins sur Vous-savez-qui, dans un style très XIXème (Hugo et Baudelaire... Je trouve que c'est ce qui lui va le mieux, non ? )

Forme : quatre quatrains en rimes embrassées (abba), puis quatre en suivies (aabb), puis quatre en alternées (abab). La rime en -ix est un clin d'oeil à Mallarmé (le pauvre).

Notes : Le phénix est le symbole du dernier stade de la transformation alchimique, donc de la pierre philosophale (mais bon je suppose que beaucoup de lecteurs d'Harry Potter savent ça) ; le Styx est un fleuve des Enfers ; le nom original de Tom Jedusor est Tom Riddle - « riddle » en anglais = énigme, devinette... Les mêmes « riddles » que Gollum et Bilbo se posèrent dans le chapitre « Riddles in the dark » (cf Tolkien) Je précise (on ne sait jamais) que je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que Nous-savons-bien-qui « est au fond un pauvre bougre » lol, que je ne rêve pas de lui la nuit, que ce n'est pas mon idole, etc...

Disclaimer : Merci à JK Rowling d'avoir créé ce superbe personnage.

Autoflagellation : Le gros défaut de ce texte est qu'il manque parfois un peu de cohérence, mais la forme étant très contraignante, j'ai eu du mal à instaurer en plus une progression logique.

Il ne suffit pas qu'il y ait des rimes dans un texte pour en faire de la poésie... Lisez donc ça plutôt comme un exercice de style.

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Qui suis-je ? Qui le sait ! Puisqu'on perdit mon nom.

Anagramme, charade, jeux d'un esprit brillant...

Qui s'en souvient encore ? Mais qui donc à présent,

Dis moi, ne connaît pas mon sinistre renom ?

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Mes hauts faits et mes crimes tu ne les ignores pas :

Je suis le ténébreux artisan de malheur.

Mes yeux rouges ont forgé d'innombrables douleurs.

Deuils, brûlures insoutenables et terribles trépas,

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J'ai semé, avec mille hurlements de rire,

Comme un enfant hilare qui renverse ses quilles,

Dieu ivre, invulnérable, dont la verve babille,

Grisé de sa puissance de ne pouvoir périr.

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Je suis le serpent froid, qui tourne dans les corps,

En tintant lourdement comme un écu cassé...

Et mes charmes se paient pour les non initiés

Ils sentiront en eux cet amer prix de mort,

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Ce goût de sang sur la langue, signe que le Travers

Est incrusté en eux plus que sarcles de fer.

Et partout je promène ma longue rotondité,

Repoussant les remords, mordant les volontés...

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Je suis le ressort noir des hâves alchimistes

Qui subliment en chimères leurs philosophies tristes,

Emblèment leur Quête d'une visée d'or, un phénix,

Ne voulant voir la Pierre dans la destruction styx.

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Car pour moi le Grand Oeuvre s'achève en cette couleur,

Sombre et beau Nagini, beau symbole sans pleurs

Sans plumage et mirages, luisant d'écailles noires,

Viens lover en nos âmes ta chair de désespoir...

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Qui suis-je ? Qui est-il ? Vous l'avez su, ce mot.

Celui du spectre hideux qui hante les tombeaux,

Ou subtil, paraissant du côté de l'Oblique,

Légendaire verso d'un visage duplique...

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C'est l'ombre sous le lit, le mangeur de mitaines -

Ronge tes os vermine nous sommes tous des rats -

Nourrissant d'un sang pur sa pâle vie inhumaine

Dardant dans l'ombre ses yeux de serpent et de chat.

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Pourquoi se contenter de simples devinettes ?

Devinette fut mon nom - ridicules Jeux du Sort !

Un nom pour des Moldus qui vivent à l'aveuglette,

Et non pour qui choisit d'être Seigneur - Voldemort !

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J'ai survécu à tout, éternel, immortel.

J'ai fait des choses terribles, jamais vues, ineffables.

Au prix du sang, mon nom brille dans le ciel,

Extraordinaire. Et, conquérant l'innommable,

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J'ai creusé des caveaux dans les bas-fonds des caves,

Et brisé l'évidence de la bête habitude

Animale... Multitude, inconscientes épaves,

Qui n'ont jamais connu ma grande solitude !