Il y avait des journées comme ça où tout allait mal quoique l'on pouvait faire.

Dès le matin c'était les ennuis qui commençaient et une seule envie restait en tête : Demeurer confortablement au lit en attendant que ces sombres moments passent.
Un plaisir que certains pouvaient s'offrir sans problème.

Mais hélas quand on faisait partie des jeunes recrues d'une armée impitoyable il n'était pas question de rester traîner au lit. Ou simplement se détendre à souffler avant une dure journée qui débutait déjà en grandes pompes.

De quoi mettre encore plus de bonne humeur, ironiquement parlant.

Les quelques brimades de ses compagnons de dortoir et surtout d'un en particulier, Jean en avait l'habitude. Et savait plus ou moins les démonter verbalement avec son caractère fort et direct, quand ils n'en venaient pas aux mains malgré les interventions salutaires de leurs amis.

Cela aurait été une journée banale si leur instructeur ne s'en était pas mêlé lui aussi. Comme si on lui avait passé le mot, il semblait particulièrement remonté contre Jean. Plus que d'habitude en tout cas.
Le reprenant toujours sur sa manière de se battre ou de répondre, ne le quittant pas d'une semelle si bien que le jeune homme n'avait pas pu passer un moment à se la couler douce. Des moments de pause amplement mérités comme il le disait si bien et s'en ventait même. Alors que ce n'était peut être pas lui qui en fournissait le plus pendant les heures de travail mais là n'était pas la question.

Cette éreintante journée à tout niveau prenait bientôt fin. Et le moment de repos n'avait jamais été aussi bien accueilli, à classer à présent tout ces événements au rang de détails passés. Un jour de plus à mettre dans ses pires souvenirs de l'armée.
Heureusement que la police militaire lui promettaient déjà des instants plus glorieux et reposants dans une vraie ville. À ne plus supporter les remarques blessantes et les entraînements quasi inhumains, et penser à son but était d'un grand réconfort pour se motiver.

Certains peuvent décompresser suite à ce genre de mauvais moments en se plaignant des heures et des heures, d'autres usent de violence pour calmer leurs nerfs. Mais Jean pensait avoir bien meilleur remède face à tout cela. Bien meilleur et agréable, et qu'il attendait avec impatience durant la journée.

Si bien qu'il ne perdait jamais de temps à se mettre au lit, et ne se privait d'ailleurs pas pour faire quelques remarques moqueuses à Eren. Lui demandant que si il traînait autant était ce parce qu'il avait peur du noir ou bien de faire des mauvais rêves...
Des remarques venimeuses accompagnées d'un petit ricanement qui bien sûr faisait vite rager Eren et jubiler son rival.

Mais ils étaient au moins en accord sur une chose, ce n'était pas le moment pour une énième dispute vu la fatigue qui commençait à gagner de plus en plus chacun.

En total décalage avec cette attitude puérile, les instants d'après étaient bien plus intenses et calmes... D'une certaine manière.
Car une fois que la pièce était plongée dans le noir, Jean pouvait enfin agir comme il le voulait et se reposer suite à cette journée pire que monstrueuse pour lui.
Et serrer la main de Marco dans la sienne lui faisait déjà tout oublier. Le doux sourire que son ami lui offrait en retour était la touche finale pour se sentir mieux face à tout ces rabaissements.

Il fallait vraiment que cette personne compte plus qu'un simple ami pour que chacun de ses gestes lui fasse tant d'effets.

Bien sûr leur relation avait commencé par de l'amitié, et Jean n'aurait jamais pensé pouvoir un jour ressentir de tels sentiments pour un homme. Surtout en apprenant que ce dernier l'aimait un peu plus qu'un simple ami qu'il pensait pourtant avoir.
Enfin, le jeune homme n'avait pas perdu au change. Au contraire, il avait beaucoup gagné avec Marco. Et avait évolué aussi, petit à petit, comme leur relation.

Et en tant que spectateur, Marco avait vu son complice encaisser toute la journée ce flot de plus ou moins mauvaises ondes.

Ce sentiment de frustration l'avait vite envahi comme il n'avait rien pu faire, là à la vue de tous alors que venir le serrer dans ses bras pour lui remonter le moral était une des pensées qui l'avait le plus hanté pendant la journée
Cette irrésistible envie de le réconforter en plus de lui faire plaisir et complètement oublier en lui offrant un petit moment d'éternité...

Après une journée pareille ils avaient bien le droit de désobéir un peu, Marco avait cette envie dévorante de brûler ces interdis, encore plus que d'habitude.

Peut être que le regard brûlant de son ami ou sa main qui serrait la sienne un peu plus fort que d'habitude y était pour quelque chose. Jean avait à l'esprit des pensées un peu plus innocentes et émotives. Se rendant vraiment compte de la chance qu'il avait d'avoir Marco à ses cotés et qui avait de tels sentiments à son égard. Si un jour il aurait su qu'un de ses amis proches allait devenir de plus en plus proche de lui...

Le soldat était d'ailleurs trop occupé à se perdre dans les yeux de son camarade qui justement voulait être encore plus proche de lui. C'était donc le moment d'en profiter de cette feinte sûre, Marco décida de commencer par combler la distance si moindre entre leurs visages inévitablement attirés. En lui donnant sans plus attendre un baiser bref mais très doux.

Où leurs lèvres se caressaient et s'effleuraient plus que vraiment s'embrasser sauvagement comme ils avaient l'habitude de le faire après avoir passé une journée à éviter à contre cœur tout contacts un peu trop affectifs et donc mal vus par certains.

Justement ce manque se faisait particulièrement sentir quand son compagnon répondait à l'instant et beaucoup plus passionnément à cette timide embrassade, sa langue allant chercher presque de force sa compagne pour lui faire savamment payer ce petit jeu de frustration.
Marco l'attirait encore plus quand il attisait si doucement son envie, qu'il le taquinait alors qu'il savait qu'il était trop impatient. Ou alors c'était parce que le jeune homme ne pouvait pas se passer de son ami si loyal et sincère.

Néanmoins, ce faux innocent avait autre chose en tête. Quelque chose de certes un peu plus gênant et osé, réducteur pour certain, mais fort et plaisant surtout.
En plus son esprit était à présent trop embrumé par le plaisir pour que sa raison, pourtant si présente en temps normal, lui signal en urgence de tout arrêter avant de se faire repérer.

Jusqu'ici personne ne les avait débusqué dans leurs petits moments de romance. Ou du moins personne ne s'était manifesté.

Que ça soit pendant les moments de repos ou dans une cachette sommaire de leurs différents lieux d'entraînement. Il fallait savoir user d'ingéniosité quand on vivait une romance plutôt interdite.
À commencer par ne pas jouer les difficiles quand un coin sombre ou une grange peu accueillante était le seul lieu de rendez-vous amoureux possible et confortable.

Leur relation avançait peut être doucement, surtout au niveau des relations physiques, mais il n'était pas évident d'échanger quelques contacts dans un milieu tel que l'armée où se retrouver seuls en toute intimité était un luxe doublé d'un privilège.

Il fallait donc en profiter quand l'occasion se présentait, en plus de se changer les idées après une dure journée...