Encore une fois, j'en étais réduit à faire les 100 pas dans ma bibliothèque, tranquillement, uniquement pour passer le temps. Sur mon bureau se tenait de nombreux parchemins, dont la moitié n'était même pas ouvert. Je savais qu'à l'intérieur ne se trouverait que des demandes de budget, que le résultat des récoltes de l'année, et autres choses aussi bêtes et aussi ennuyantes. Peut-être, avec un peu de chance, se trouverait-il une information sur des bandits s'attaquant à un village...ça me changerait un peu!
Depuis plusieurs générations déjà que mon royaume évoluait dans la paix la plus grande et la plus totale qui soit. C'en était déprimant, vraiment. Je n'avais jamais eu l'impression d'être un empereur, seulement un fonctionnaire qui se charge de paperasse à tous les jours! J'en avais assez.
-Général!
Pas de réponse. Mais où était-il, encore, celui-là? Je lui avais pourtant dit qu'il devait être près de moi en tout temps... Ce n'est pas comme-ci notre pays allait être attaqué! Il devait rester près de moi... Je n'aimais pas quand il était loin, je ne pouvais pas le surveiller, alors...
-Général!
Encore une fois, pas de réponse. Encore une fois, ses devoirs avaient dù l'appeler auprès de son armée. Même si nous n'étions plus en guerre depuis des années, il tenait à se que ses hommes soient terriblement bien entraîné. Ce n'était pas surprenant, avec un général comme lui, si notre armée était réputée invincible...
-Votre Majesté appelle?
-Oui, Aoi. Le général est-il...
-Le général Reita est partit il y a deux heures avec le capitaine Kai, Maître.
-Il est parti avec Kai?
Non, je ne pouvais pas y croire. Rei, me faire ça à moi? Partir avec... Kai? Alors là ils vont m'entendre parler dès qu'ils reviendront, ces deux-là.
-Majesté Uruha, je vous pris de m'excusez, vous avez sans doute mal entendu. Ils sont partis inspecter la garnison à la porte Nord, histoire de s'assurer qu'une norme optimal de sécurité soit maintenue.
Je dévisageai un instant mon majordome. Ses yeux noirs ne mentaient pas, il ne disait pas ça simplement pour faire redescendre ma jalousie. Je laissai tomber un soupir. Mon fidèle Aoi était bien le seul homme du royaume à connaître mon plus grand secret. Je lui étais toujours reconnaissant de son silence.
-Je vous en pris, ne vous inquiéter pas Majesté, ils devraient revenir d'une minute à l'autre maintenant.
-Aoi... Ils sont vraiment à la porte Nord, hein?
Je l'entendis rire légèrement. Je me détournai pour regarder à la fenêtre. D'ici, je pouvais voir l'étendu des jardins toujours parfaitement entretenu. Mon royaume, je ne l'avais jamais vu. Je restais enfermé dans mon palais, sortant quelques fois au temple pour les occasions spéciales et pour que le peuple sache que leur puissant empereur les protégeait toujours. Puissant... C'était surtout grâce au Général Reita si la paix était si bien installé en mon royaume.
-Aoi, as-tu déjà vu le paysage au delà des murs du palais?
-Oui, Uruha-sama. Je suis né dans le village au porte du palais.
-Et... à quoi cela ressemble-t-il?
-C'est...
Il s'approcha de moi par derrière et passa ses mains autour de ma taille amoureusement. Je savais bien que ce n'était qu'un jeu devenu naturel entre nous, il n'était pas amoureux de moi. D'ailleurs, je me demandais sincèrement s'il pouvait vraiment aimer quelqu'un. Mais confortablement installé au creux de ses bras, en fermant les yeux je pouvais imaginer que c'était ceux de mon bien-aimé général...
-Voulez-vous vraiment savoir, Uruha-sama?
-Non, non, ce n'est pas nécessaire. Je n'ai pas le droit de rêver à ce que je ne pourrai jamais voir.
-Ou bien préfèreriez-vous que Reita-sama vous chuchote la beauté des paysages extérieurs à l'oreille, doucement...
Il se rapprocha, assez pour que je sente son souffle chaud sur sa nuque, puis ses derniers mots glissés à mon oreille. Ses mains descendirent, caressant mes hanches par dessus l'épais tissus de ma riche robe brodée. Il commença à embrasser mon cou, ma mâchoire. Toujours gardant les yeux fermés, je soupirai d'aise. Mon majordome était vraiment le meilleur...
-Rei...
Mon majordome avait beau être le meilleur, je rêvais sans cesse de mon beau général. Mais je n'y pouvais rien, je n'avais pas encore trouver assez de courage pour lui avouer ce que je ressentais pour lui. En attendant...
-Uruha-sama, me permettrez-vous de...
Je savais ce qu'il voulait. J'ouvris les yeux pour regarder par la fenêtre avant la suite des évènements. Un détail, toutefois, retint mon attention.
-Aoi, aoi! Regarde, regarde! Ils sont de retours, il sont de retours!
Au loin dans le jardin était visible la crinière blanche du magnifique cheval que j'avais offert il y a deux ans à mon général préféré. Deux pas derrière suivait la crinière de jais du capitaine Kai. Bousculant mon majordome, je me dépêchai de sortir de la pièce et descendre quatre à quatre les marches qui menaient au rez-de-chaussé. J'arrivai tout essoufflé à l'extérieur, l'air majestueux malgré tout. Rei et Kai discutait tranquillement en revenant des écuries. Tout deux firent un profond salut en m'apercevant.
-C'est bon, relevez-vous. Quelles sont les nouvelles, général?
-Excellente, Uruha-sama. La garnison du Nord dépasse mes attentes. Si on essaie de nous attaquer, ce n'est pas par là que l'ennemi pourra passer.
-Bien, bien. Capitaine, je vous donne votre congé. Général, j'ai besoin de vous parler en privé.
Kai salua de nouveau avant de s'éclipser. Rei me fit un grand sourire en me suivant, quelques pas derrière. Je n'aimais pas du tout cette distance qu'il s'entêtait à maintenir entre nous sous prétexte que j'étais son supérieur hiérarchique. Il pourrait facilement faire un coup d'état pour me renverser quand il le souhaitait, pourtant. Mais non, il m'était fidèle depuis notre plus tendre enfance.
Une fois franchi la porte de mes appartements privés, je me retourner vers lui.
-Uruha-sama, que voulez-vous...
-Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça quand on est en privé, Rei. Je préférais quand on était encore des gamins et que tu m'appelais affectueusement Ruwa-chan...
-Mais c'est parce que Ruwa-chan était si mignon et fragile, à l'époque. Je ne peux plus donner un tel surnom à l'homme le plus puissant du pays.
Je savais bien qu'il me niaisait. Pour lui, je resterai toujours son Ruwa-chan. Nous étions meilleurs amis depuis l'enfance, après tout... Mais je voulais être plus que son meilleur ami. Ne ressentait-il pas la même chose à mon égard? Il s'assit sur mon lit, l'air innocent. Je m'assis à côté de lui et laisser tomber ma tête contre son épaule.
-Tu vas bien, Ruwa-chan?
-Je suis fatigué, laisse-moi me reposer comme ça encore un peu...
-Tu négliges encore ton entraînement à l'épée, hein? Si tu t'entraînais plus, tu aurais plus de force et d'énergie.
-On est pas tous aussi hyperactif que toi, Rei. Et puis, j'ai pas besoin de m'entraîner...
-On sait jamais. Si un assassin...
-Un assassin ne réussira jamais à se rendre jusqu'à moi tant que le général Reita sera vivant.
-Hm... c'est juste.
Je m'installai plus confortablement sur mon épaule. Le fait qu'il ne me repousse pas voulait-il dire qu'il restait la même chose pour moi que moi pour lui? Je déposai ma main sur sa cuisse. Il la prit délicatement entre ses fortes mains et avant de la montai à sa bouche pour y déposer un léger baiser innocent.
-Tu devrais peut-être te coucher alors si t'es fatigué.
-Non, ça va. Je m'ennuie, c'est tout. Tu ne pourrais pas m'emmener un jour pour faire le tour du royaume?
-Tu sais bien que c'est impossible. Ta position d'oblige à rester ici et à gérer les affaires du royaume...
-Justement, c'est emmerdant! Tu es le seul à t'amuser!
-Mais tu es l'empereur, tu peux faire tout ce que tu veux à l'intérieur de ton palais. On pourrait sans doute trouver quelque chose pour te changer les idées un peu... Tiens, tu devrais choisir une de tes concubines et prendre femme. Ça t'amuserait, te changerait les idées et tu pourrais même donner un véritable héritier au royaume.
-Non, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas me marier. Et puis, les concubines sont toutes pareils, elles m'ennuient aussi. Pour l'héritier, je m'en fiche. Quand je crèverai, vous n'aurez qu'à donner le royaume à mon premier né.
-Si je me souviens bien, ton premier enfant est une magnifique petite fille de 5 ans déjà...
-Je m'en fiche. À l'ainé des garçon, alors? Parce que j'ai pas que des filles, hein?
-Non, tu as 2 fils, je crois... Mais tous illégitime.
-Pour ce que ça change!
Les enfants, c'est pas mon truc. Tout comme les femmes. Il ne pouvait pas comprendre, Rei, que j'aimais les beaux hommes musclé comme lui? Mon orientation ne devait pourtant plus être un secret pour personne dans le palais, et pourtant il s'entêtait à me la ramener sur l'histoire du mariage! Je quittai son épaule pour marcher rageusement dans la pièce. Il avait un talent certain pour me faire fâcher. Mais je l'aimais tellement...
-Écoute, Ruwa-chan... Je sais que c'est pas naturel pour un empereur mais... Demain c'est la foire aux esclaves au village. Si vous voulez, je peux leur demander de venir vous présentez quelques uns de leurs meilleurs marchandises.
-J'ai déjà assez de personnel, à quoi me servirait des esclaves? Je n'aurai rien à leur faire faire.
-J'inventerai peut-être un terme mais... peut-être... prendre des concubins?
Ah ben finalement, il était aussi au courant que les autres au sujet de mon orientation. Mais des concubins? J'avais déjà Aoi, c'était suffisant. Quoique son idée ne me déplaisait pas tant que ça. Je pris le temps d'y réfléchir un peu.
-D'accord, demande-leur de passer par le palais. Si je ne trouve rien d'intéressant, ton idée aura au moins eu le mérite de me faire faire de quoi d'autre que de la paperasse pour une journée.
-Très bien, je vais de ce pas avertir les organisateurs.
Mon bon beau se précipita vers la porte, heureux de pouvoir m'être utile.
-Rei...
-Oui?
-Tu comptes repartir bientôt avec le capitaine Kai?
-Non, pourquoi? On a terminé la tournée des garnisons et la revue de la relève. Je ne compte pas m'éloigner du palais avant au mois au moins, à moins de mesure d'urgence.
-Très bien..
-Quelque chose ne va pas?
-Non, non. Je n'aime juste pas quand tu t'en vas...
-Tu sais bien que je ne suis jamais parti très longtemps, pourtant. Je peux avoir mon congé, maintenant?
Je lui répondi d'un léger signe de tête, bien malgré moi. J'aurais voulu qu'il reste, encore. Je posais ma main sur mon coeur. Il débattait, comme toujours quand j'avais la chance d'être si proche de mon beau blond...
-Aoi...
-Vous m'avez appeler, Uruha-sama?
-Son idée n'est peut-être pas si mauvaise que ça...
-Pardonnez-moi, mais quel idée?
Je tournai vers lui un regard suppliant.
-Avec son idée, je n'aurai plus besoin de te faire faire des choses qui dépasse tes tâches habituels.
-Mais, votre majesté, prendre soin de vous est ma première et seul préocupation...
Je m'emparai de ses lèvres pour le faire taire, fermai les yeux et m'imaginant embrasser mon général chéri. Aoi me rendit passionnément mon baiser, avant de me pousser sur le lit. Doucement, il m'enleva ma robe, caressant ma pau nue de ses lèvres chaudes. Ah, si seulement j'étais dans les bras de Rei...
