Préface
Le ciel était découvert en ce début de février, on voyait la lune dans cet infinie étoilée, ronde et protectrice, témoin de tous les pêchés humains. Seule lumière dans les ténèbres sur Terre, si froide mais pourtant si réconfortante dans la pénombre. La petite ville de Campell était profondément endormie, aucuns bruits ne s'échappaient des habitations plongées dans le noir le plus intense, juste bercer par la douce lueur qu'émettait la lune dans le haut ciel.
Pourtant cette nuit qui avait si bien commencer se ternit de nuages menaçant, dévastateurs mais si calmes. Sereins. Une larme solitaire et traîtresse s'échappa d'un nuage, pour finir sa course sur le bitume froid, laissant une trace humide et limpide. Soudain il plut doucement, une gouttelette d'eau pour les larmes retenues mais pourtant si libératrices.
La pluie chantait une douce mélodie, pure mais triste, signe d'un abandon prochain. De deux coeur liés par le sang, bientôt séparés. Les cieux pleuraient, la lune perçait les fins nuages maintenant transparents mais toujours en pleurs. Si tristes. Si seuls. La pluie se calma doucement, laissant place à une légère brume, les nuages avaient disparu mystérieusement dans le ciel noir, comme si ils n'avaient jamais été là.
Au loin on pouvait distinguer une silhouette informe – pour l'instant – se mouvant dans le brouillard factice, irréel. Elle semblait se mouvoir au fil de ses pas, flotter, tellement gracieuse. Plus la forme approchait plus on pouvait la voir, elle traversait la brume se détachant des pièges de cette nuit surnaturelle. La silhouette prit les formes d'une femme, des courbes délicates et enchanteresses. L'air redevint limpide dans la petite rue, et la lune put contempler à son aise la femme venant de nul part. Une longue chevelure argentée à moitié cachée par la longue cape qui traînait sur le sol encore humide. On ne voyait pas le haut de son visage, juste sa bouche, d'un rouge vif, où perlait au coin des lèvres tentatrices, une goutte carmin. La femme portait un paquet près de son sein, protectrice, comme si cette charge qui avait l'air des plus banale était la huitième merveilles du monde.
La femme mystérieuse continua sa progression dans la rue silencieuse, elle finit sa course devant une la bâtisse imposante, elle se demanda pendant quelques seconde si elle faisait le bon choix. Son bébé ne serait pas plus en sécurité que chez les humains.
Elle monta les quelques marches pour s'arrêter sur le perron faisant face à la porte close. Serrant le paquet encore plus près d'elle, comme voulant ne faire plus qu'un avec ce qu'elle portant avec tant d'attention. Elle éloignait un peu le paquet de son corps laissant apparaître un corps de bébé endormit chaudement dans sa couche. La jeune mère dégagea les pans de la couverture blanche pour pouvoir admirer une dernière fois le visage paisible de son nourrisson. On distinguait des traits fins qui n'avait pas encore finis de rendre encore plus beau l'enfant dans ses bras. Tout en le regardant, la femme le regardait, les yeux tendres, aimants mais emplis d'une infinie tristesse. D'un déchirement sans nom. Inhumain. Les larmes coulaient religieusement sur les joues pâles de la femme. Le bébé jusque là endormie ouvrit les yeux, des yeux gris avec une pointe de verre d'eau. Il commença à gigoter dans l'étreinte de sa mère, prit d'un soudain malaise, ressentant ce que ressentait sa mère.
La jeune femme fredonna une berceuse inconnu – inventé, sûrement – qui calma instantanément le bébé. Elle s'accroupit posant délicatement un baisé sur le front de sa progéniture, elle déposa lentement le couffin près de la porte, fredonnant toujours, un sourire fascinant sur son visage pâle et lisse ne laissant trace d'aucune émotions à part l'amour d'une mère à son enfant. Couvrit amoureusement le bébé qui somnolait désormais; l'enfant s'endormit, la femme se leva, les yeux jusque là cacher par la capuche de sa cape laissa voir les yeux métalliques et froids, les yeux de la femme se baissèrent, fixant le médaillons en forme d'étoile qu'elle avait soigneusement mit autour du cou de l'enfant, puis elle disparue, simplement sans bruit. Elle laissait son enfant à la garde de la lune pour cette nuit.
