Our potion
Disclaimer : Je ne suis pas J.K Rowling donc Harry Potter, son univers et ses personnages ne sont pas ma propriété. Seuls l'histoire et les personnages OC sont miens.
Résumé : À cause d'une potion ratée, Snape se retrouve coincé dans son corps de onze ans. Contraint par Albus de prendre une autre identité, il devra veiller au bien-être du survivant de très…très près. Quel lien réussira-t-il à créer avec le fils de son bourreau d'enfance ? Quel rôle jouera-t-il désormais dans la guerre qui se prépare face au seigneur des ténèbres ?
Warning : Cette fanfiction est un univers alternatif donc ne vous attendez pas à ce que le caractère des personnages soit respecté. Je n'ai pas encore défini de Pairing car ce n'est pas vraiment l'essentiel de l'histoire. Ici il est plutôt question d'amitié et de fraternité mais aussi de frissons et d'aventures.
Sur ces belles paroles, bonne lecture à tous !
Quand Snape rencontre Potter
« - En plus je vais avoir quarante ans.
Quand ?
Un jour ! »
Répliques extraites du film ''Quand Harry rencontre Sally''.
Severus Snape n'était pas connu pour être un homme extrêmement patient. Il détestait la lenteur et n'aimait guère que quiconque retarde son travail. Aussi, il fulminait profondément de rage lorsque Trelawney, professeur de Divination à Poudlard l'empêcha de rejoindre ses donjons parce qu'elle avait tout à coup reçu une illumination à propos de son avenir. La femme maigre portant un châle sur ses cheveux s'était mise en travers de son chemin et avait posé une de ses longues mains sur son bras. Ses yeux agrandis par ses lunettes étaient soudain devenus vitreux.
« L'espion se transformera ce soir. Solitaire, blessé et amer, il devra faire un choix. L'amour pour guider ou la haine pour détruire. Un seul choix l'espion fera… et de sa décision dépendra l'issue de la guerre. »
« Lâchez-moi, sale harpie ! » lança sèchement le maître des potions.
Il retira vivement la main de Trelawney de son bras et fusilla l'enseignante du regard avant de la pousser hors de son chemin pour rejoindre ses cachots. Il pesta contre la femme et ses stupides prédictions à deux noises. Il était de notoriété publique que Snape haïssait et méprisait profondément Sybille Trelawney. Pour l'homme, elle était l'une des causes du décès de sa précieuse Lily. Sans ses prédictions, le seigneur des ténèbres n'aurait jamais attaqué les Potter et Lily serait toujours en vie aujourd'hui. Il blâmait Trelawney autant que lui-même car il était le seul à avoir rapporté les dires de la voyante à Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Il avait été stupide à l'époque et son imbécilité avait coûté la vie à sa Lily. Une chose dont il ne se pardonnerait jamais et il essayait d'apaiser cette culpabilité autant qu'il le pouvait en servant l'Ordre du Phénix et en se soumettant aux ordres d'Albus Dumbledore.
Il repoussa au loin toutes ces pensées et pénétra dans ses quartiers avec empressement. Il avait quitté ses appartements un peu plus tôt en laissant une potion expérimentale sur le feu pour aller cueillir quelques plantes dans la Forêt Interdite avant la tombée de la nuit et en revenant, il avait croisé la route de cette insupportable bonne femme de Sybille Trelawney. Il poussa un grognement enragé rien qu'à la pensée de l'enseignante. Il ne comprenait pas pourquoi Dumbledore laissait la femme enseigner une matière aussi insignifiante à Poudlard. Elle n'avait aucune compétence en matière de divination et tout ce qui sortait la plupart du temps de la bouche de cette charlatane n'était autre que des prédictions de mort. Rien que cette semaine, elle avait prédit sa mort au moins une douzaine de fois.
Il effaça cette femme de ses pensées et se concentra sur son travail de potionniste. Il devrait impérativement vérifier sa potion et voir si les résultats seraient concluants cette fois-ci. Il faisait des recherches sur le sortilège du doloris depuis pratiquement dix ans et espérait pouvoir annihiler les effets dévastateurs de l'impardonnable sur le cerveau. Il se dirigea vers son laboratoire de potions et jeta un coup d'œil par-dessus les fumées puis pâlit subitement en avisant la couleur de sa potion. Elle était censée prendre une teinte jaunâtre que noirâtre. Il parcourut rapidement ses essais et chercha à savoir où il avait fait une erreur lorsque des éclatements de bulles se firent entendre. Il réagit aussitôt et sortit sa baguette magique pour faire disparaître la potion qui était désormais inutile mais n'en eût jamais le temps car une explosion retentit dans la salle. Quelques éclaboussures vinrent s'échouer sur son corps et quelques secondes plus tard, un intense brasier s'alluma au plus profond de son être, le faisant hurler de douleur. Il sentit son monde s'écrouler et sa vision s'obscurcir.
Il se réveilla quelques temps plus tard, les membres engourdis et légèrement douloureux avec une gorge sèche et en feu. Il battit tout doucement ses paupières, laissant un peu de temps à sa vue pour s'habituer à la luminosité de la pièce. Il balaya d'un regard onyx la salle et reconnut les lits alignés de l'infirmerie de l'école. Il étouffa un grognement agacé et ferma les yeux. Il ne se souvenait pas de s'être rendu à l'infirmerie donc il supposa que Dumbledore devait y être pour quelque chose car il était la seule personne à pouvoir se rendre dans ses quartiers sans avoir besoin de mot de passe. Il préféra ne pas s'attarder sur le fait que le directeur ait une fois de plus violer son espace privé. Il savait qu'il était de mauvaise foi car le vieil homme avait probablement sauvé sa vie.
« De retour parmi nous ? »
L'espion tourna la tête sur le côté et vit Madame Pomfresh se diriger vers lui avec un grand sourire. L'infirmière était l'une des seules personnes de Poudlard à lui sourire avec sincérité. Elle lui servit un verre d'eau et l'aida à boire. Il fronça les sourcils en remarquant que la femme semblait beaucoup plus grande que la dernière fois.
« Comment te sens-tu, Severus ? » lui demanda-t-elle.
« Un peu endolori mais j'ai connu pire » répondit-il.
Le visage de l'infirmière se rembrunit à sa réponse et il se réprimanda pour son manque de délicatesse envers la femme âgée. Elle se sentait coupable de la carrière de mangemort qu'il avait eu à embrasser à sa sortie de Poudlard car elle pensait qu'elle aurait pu changer les choses si elle s'était interposée un peu plus entre lui et les maraudeurs. Et à chaque fois qu'il faisait allusions à ses souffrances passées, Pomfresh s'en blâmait automatiquement.
« Pompom » souffla-t-il avec désolation.
Elle secoua la tête et il comprit qu'il valait mieux ne pas pousser sur cette voie.
« À ce que je constate, tu n'as pas perdu tes souvenirs. Une bonne ou une mauvaise chose, je ne saurais le dire » dit-elle en agitant sa baguette au-dessus du potionniste.
« De quoi parlez-vous ? » questionna-t-il, perplexe.
« De ton accident de potion. De quoi d'autre ? » grommela-t-elle, irritée. « Albus t'a lévité jusqu'ici dans un état critique. Nous avons dû faire appel à des spécialistes de St-Mangouste pour qu'ils s'occupent de toi. Tu as passé deux mois dans le coma et aucun médicomage n'aurait pu dire si tu allais t'en sortir ou pas et surtout dans quel état mental. »
Severus était confus et ne comprenait rien de ce que lui racontait l'infirmière. Deux mois dans le coma ? Comment cela était-il possible ? Il avait eu comme l'impression que son accident s'était déroulé la veille. Que lui était-il arrivé exactement ? Quels avaient été les effets de la potion sur lui ?
« Pompom ? »
Sa voix était aiguë et non grave comme d'habitude. C'était une voix jeune, presque enfantine, différente de la sienne. Aussitôt une panique s'insinua dans son esprit.
« Que m'est-il arrivé ? » pressa-t-il, anxieux.
« Oh mon cher ! »
Pomfresh transfigura un miroir et le plaça devant lui pour qu'il puisse voir son reflet dans la glace. Ce qu'il y vit le fit pâlir d'horreur. Il devait certainement être en train de rêver. Ce n'était pas possible.
« Dîtes-moi que je rêve » supplia-t-il.
« Je suis désolé, Severus. »
« Non ! » cria-t-il en secouant la tête. « Non… non…non…non… »
« Severus. »
« Ce n'est pas possible ! »
« Tu dois te calmer » conseilla l'infirmière.
« Comment puis-je me calmer quand je ressemble à ça ? » hurla-t-il, excédé.
« Je sais que c'est difficile pour toi mais tu dois essayer de reprendre ton calme, Severus. »
Le maître des potions sentit des larmes glisser sur ses joues tandis qu'il fixait son reflet dans la glace. C'était horrible. Il avait rajeuni de plusieurs années et semblait avoir en 10 et 11 ans.
« Selon les médicomages et les examens qu'ils ont effectué sur toi, tu aurais 11 ans » dit Pomfresh.
« La potion… il doit y avoir des résidus. Je pourrais certainement inverser le processus et revenir à mon état normal. »
« C'est impossible. »
Severus et Pomfresh se tournèrent vers Dumbledore qui venait de faire son apparition dans l'aile médicale de l'école. Il affichait une mine grave et fit signe à l'infirmière de les laisser seuls. Pomfresh hésita un moment avant de finir par céder. Elle pressa doucement le bras du jeune garçon en signe de soutien et de réconfort avant de se retirer dans son bureau.
« Renwood Talon vous a examiné et a pu extraire quelques échantillons de la potion que vous expérimentiez dans votre laboratoire. Il est sans appel, Severus. Vous avez rajeuni de façon définitive et il vous faudra vieillir normalement car aucune potion de vieillissement ne pourra vous ramener à votre âge véritable » lui apprit Dumbledore d'un ton calme.
Severus devint livide à l'annonce du vieil homme et sentit un profond désespoir laver son esprit.
Renwood Talon était un grand maître potionniste. Il était connu dans le monde entier pour ses potions médicales qui avaient sauvé la vie de plusieurs milliers de sorciers. Et ce fut aussi le maître de Severus car après ses études à Poudlard, il fut accepté en tant qu'apprenti du maître des potions grâce aux relations de Lucius Malfoy et à son argent. Si le potionniste affirmait que son état était irréversible alors il n'avait plus aucun espoir. Il était condamné à grandir. Une perspective qui ne l'enchantait guère. Il avait 31 ans pas 11. Un adulte prisonnier dans un corps de pré-ado.
Dumbledore tira une chaise jusqu'à son lit et s'assit, ses yeux bleus fixés sur lui. Il attendit que le directeur puisse exprimer sa pensée, sachant que désormais, il n'était plus d'aucune utilité pour le vieux mage. Il avait rajeuni et ne pourrait donc plus servir d'espion lors du retour du seigneur des ténèbres.
« Il y a deux mois que le professeur Severus Tobias Snape a été enterré au cimetière de Godric's Hollow, décédé des suites d'un accident de potions dans son laboratoire » poursuivit Albus, les traits du visage impassible. « Pour le monde sorcier et pratiquement tout le corps enseignant de Poudlard vous croient tous morts. Les seules personnes au courant de votre état sont Minerva, Poppy et moi-même. Les médicomages de St-Mangouste ne parleront pas à cause du secret professionnel et j'ai dû jeter un oubliette à Renwood Talon pour plus de sûreté. »
Severus hocha simplement la tête, n'ayant aucun commentaire à faire sur les décisions prises par le sorcier le plus célèbre de leur époque.
« Qu'allez-vous faire de moi ? » demanda-t-il, d'un ton distant.
Il n'était pas dupe et savait que si Dumbledore avait pris toutes ces précautions, c'était parce qu'il avait une idée en tête et qu'il aurait un rôle à jouer dans ses nouveaux plans. Après tout, il avait eu deux longs mois pour y réfléchir.
« Comme vous le savez, Voldemort n'a pas vraiment été détruit la nuit du 31 octobre 1981 et lorsqu'il fera son retour parmi nous, il faudra que nous soyons préparés » dit-il, plongeant son regard azur dans les prunelles de l'ancien mangemort. « Harry aura besoin de protection et vous avez fait le serment de tout faire pour protéger l'enfant. »
« Crachez vos bonbons, Albus ! » siffla froidement Severus.
« Vous veillerez au bien-être d'Harry, vous le guiderez à travers le monde magique et ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour assurer sa protection. »
« Et comment voulez-vous que je fasse une telle chose lorsque je me retrouve coincé dans ce corps ? » cracha l'ancien espion.
« Orion Myron Viridian, votre nouvelle identité. Vous êtes le fils d'Artemisia Viridian et de Severus Snape. Vous avez été élevé par votre mère sans jamais connaître l'identité de votre père. Vous avez su que votre géniteur était Severus Snape qu'au jour de la lecture du testament de votre mère mais malheureusement, votre père décédait une semaine après sans que vous ayez réussi à prendre contact avec lui » déclara Dumbledore.
« Viridian ? » releva Severus, les yeux plissés.
« Une famille de sang-pur apparentée aux Prince. Vous serez reconnu comme l'héritier de ces deux maisons lorsque vous aurez avalé cette potion » expliqua le vieux sorcier en tendant une fiole transparente au jeune garçon.
Severus lança un regard noir à la fiole. Il ne prenait aucune potion brassée par un inconnu.
« C'est une potion récemment inventée par Talon. Il a pu récupérer quelques mèches de cheveux d'Artemisia Viridian ainsi qu'un échantillon de son sang avant que son corps ne soit réduit en cendres. »
« Je suppose que les effets sont définitifs » déduisit-il sombrement.
Albus ne répondit pas mais son regard parlait pour lui. Severus poussa un léger soupir avant de finir par arracher la fiole des mains du directeur et d'avaler la potion sans plus tarder. La potion ne tarda pas à faire effet et ressemblait à une version améliorée et permanente du polynectar. Albus lui remit un miroir et il put admirer son nouveau reflet.
Il croisa un regard lapis-lazuli circonspect et remarqua de façon notable que les traits de son visage, autrefois durs, s'étaient adoucis. Son teint cireux avait fait place à une peau pâle et fine. Son nez proéminent qui avait été source de moqueries et d'humiliations s'était affiné et ajoutait une touche de noblesse à son visage. Ses cheveux s'étaient considérablement allongés, atteignant une taille similaire à celle de Lucius Malefoy. À part ces changements, il ressemblait toujours fortement à son ancien lui. La ressemblance était presque parfaite et il passerait sans problème pour son propre fils. Il pouvait admettre que Dumbledore s'était surpassé pour lui créer une nouvelle identité qui tiendrait la route.
« Excellent ! » s'exclama Albus, ravi. « Je vais vous laisser vous reposer. La semaine prochaine Hagrid vous accompagnera sur le Chemin de Traverse pour acheter tout ce dont vous aurez besoin cette année. »
Dumbledore ne lui laissa pas le temps d'aligner deux mots qu'il avait déjà quitté l'infirmerie. Severus cligna stupidement des yeux et se demanda quelques secondes plus tard ce qu'attendait le directeur de lui. Il avait cru comprendre qu'il serait de nouveau scolarisé à Poudlard mais ce qu'il souhaitait savoir c'était quel rôle il jouerait cette fois-ci dans la protection de Potter. Comment protègerait-il le gamin du seigneur des ténèbres s'il se trouvait dans ce corps ?
Il se pinça l'arête du nez et sentit poindre un mal de tête. Il fallait toujours que tout se résume à Potter.
Maudit soit-il, pensa l'ancien professeur.
Une semaine plus tard, Severus désormais connu sous le nom d'Orion Myron Viridian était debout près des portes du château, attendant avec impatience l'arrivée d'Hagrid. Il faisait nuit et malgré le manteau qui avait été transfiguré par le directeur, il pouvait ressentir la fraîcheur de la nuit.
« Où Hagrid m'emmènera-t-il ? » questionna Orion.
« Tu le sauras au moment voulu, mon garçon » répondit Albus. « Hagrid ! »
L'ancien mangemort grinça des dents à la réponse évasive du directeur. Cela faisait une semaine qu'il avait essayé de savoir ce que mijotait le vieil homme mais il n'avait malheureusement pas pu le découvrir car il avait été dans l'incapacité de quitter l'infirmerie. Orion darda ses yeux lapis-lazuli sur le gardien des clés et des lieux de l'école qui s'avançait vers eux.
« Professeur Dumbledore. Jeune homme. »
« C'est l'enfant dont je t'ai parlé, Hagrid. Il s'appelle Orion. »
« Ravi de faire ta connaissance, Orion. »
Hagrid lui tendit la main avec un grand sourire et Orion serra la main du demi-géant en lui retournant son sourire.
« Moi de même, monsieur. »
« Appelle-moi, Hagrid. »
Orion acquiesça. Hagrid avait certainement été ce qui se rapprochait d'un ami pour lui lorsqu'il était encore étudiant à Poudlard. Le demi-géant fut une présence réconfortante pour le jeune serpentard et un excellent guide pour la Forêt Interdite. Indubitablement, Hagrid avait su gagner son respect.
« On se reverra à la rentrée, Orion. Passe une bonne fin de vacances » lança Dumbledore avant de rebrousser chemin.
Une alarme s'alluma aussitôt dans le cerveau de l'ancien serpentard.
Comment ça, ils se reverront à la rentrée ?
« Hagrid ? »
« Oui. »
« Où allons-nous ? » l'interrogea Orion.
« Nous allons chercher Harry. J'ai reçu l'ordre du professeur Dumbledore de vous accompagner tous les deux sur le chemin de traverse » répondit le demi-géant.
« Harry » fit Orion, perdu.
« Oui, Harry Potter. »
Orion arrêta de marcher et laissa l'information arriver jusqu'à son cerveau avant de pousser un puissant « Quoi ? » qui résonna autour d'eux.
Il était resté silencieux durant tout le trajet, ruminant encore ses pensées. Il s'était laissé une fois de plus avoir par Dumbledore et savait désormais ce que le vieux fou avait en tête. Dire qu'il était en colère, était un euphémisme. Non seulement il était contraint de devoir grandir à nouveau mais en plus, il allait devoir jouer au garde du corps pour Saint Potter, sauveur du monde sorcier, destructeur de mage noir. Et il était sûr que ce n'était que le début de son cauchemar car avec Albus, il y avait toujours des pièges. Il était aussi sournois que le seigneur des ténèbres et utilisait des stratagèmes peu recommandables pour un gryffondor.
Orion trouvait le trajet long et ne comprenait pas pourquoi la famille de Potter irait passer ses vacances au sommet d'un rocher dans une cabane à l'allure misérable. Il y avait une tempête ce soir-là et en quelques minutes, l'ancien mangemort et le demi-géant se trouvèrent tremper jusqu'aux os. Hagrid tenait fermement la main du jeune garçon et les mena jusqu'à la porte de la cabane. Il frappa à la porte, faisant trembler l'habitacle. Personne ne répondit, aussi, le demi-géant insista et frappa à nouveau.
« Qui est là ? » cria une voix derrière la porte. « Je vous préviens, je suis armé ! »
Hagrid poussa un grognement agacé avant de décider de changer de tactique et utiliser la manière forte. Il donna un coup de pied sur la porte et celle-ci fut arrachée de ses gonds puis tomba à plat sur le sol dans un fracas assourdissant.
Le demi-géant se tint un instant dans l'encadrement avant de pousser Orion à l'intérieur de la masure. Il se courba lorsqu'il entra pour ne pas se cogner la tête contre le plafond. Il se pencha, ramassa la porte et la remit sans difficulté sur ses gonds.
« Si vous aviez une tasse de thé, ce ne serait pas de refus » dit Hagrid. « Le voyage ne fut pas facile pour nous. »
Il s'avança vers le canapé où Dudley était resté assis, pétrifié de terreur tandis que l'ancien professeur de potions dévisagea le survivant, incrédule. Il rencontra le regard du jeune garçon et son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Potter était le portrait craché de son père mais avait tout de même hérité de la couleur si singulière des yeux de sa mère.
« Bouge-toi un peu, gros tas » dit le demi-géant à Dudley.
Dudley poussa un petit cri et courut se réfugier derrière sa mère, tout aussi terrifiée, qui se cachait elle-même derrière Vernon.
Severus observa le couple avec un certain mépris non voilé et reconnut sans difficulté, Pétunia anciennement Evans, la sœur de Lily. Il n'arrivait pas à croire que Dumbledore ait été assez fou pour permettre à cette face de cheval d'élever le fils de Lily. Elle détestait la magie et haïssait sa sœur. Il doutait sincèrement que Lily ait un jour souhaité que son fils se retrouve entre les mains de sa sœur.
« Et voilà Harry ! » s'exclama Hagrid en souriant.
Harry détourna son regard du garçon aux yeux si étranges qu'il était difficile de ne pas vouloir l'admirer pour découvrir quelle était la nuance exacte de ses iris. Il leva la tête vers le visage hirsute du demi-géant.
« La dernière fois que je t'ai vu, tu n'étais encore qu'un bébé »dit-il. « Tu ressembles beaucoup à ton père, mais tu as les yeux de ta maman. »
Vernon laissa échapper un drôle de grognement et Orion roula des yeux.
« Hagrid ! » grogna-t-il.
Il était trempé, aurait certainement besoin d'une douche bien chaude sinon il pourrait bien tomber malade et était fatigué par leur voyage. Il n'était pas sûr qu'il pourrait supporter tout ce cirque encore longtemps.
« Ah oui ! Pardon, Orion. J'ai oublié de faire les présentations » s'excusa-t-il. « Harry, je te présente Orion Viridian. Orion, c'est Harry Potter. Et moi, je suis Rubeus Hagrid, Gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. »
« Monsieur, j'exige que vous sortiez d'ici immédiatement » ordonna Vernon. « Vous avez commis une violation de domicile avec effraction. »
« Ah, ça suffit, Dursley, espèce de vieux pruneau ! » dit le demi-géant.
Il tendit le bras, arracha le fusil des mains de Vernon, fit un nœud avec le canon aussi facilement que s'il avait été en caoutchouc et le jeta dans un coin de la pièce. Vernon émit à nouveau un drôle de bruit, comme une souris sur laquelle on aurait marché.
« Je te souhaite un bon anniversaire, Harry » dit Hagrid en tournant le dos aux Dursley. Je t'ai apporté quelque chose. J'ai dû m'asseoir un peu dessus pendant le voyage, mais ça doit être très bon quand même. »
Il tira d'une poche de son manteau noir une boîte en carton légèrement aplatie. Harry l'ouvrit en tremblant et découvrit à l'intérieur un gros gâteau au chocolat un peu fondu sur lequel était écrit avec un glaçage vert: « Joyeux anniversaire Harry ».
Harry leva les yeux vers le demi-géant. Il aurait voulu lui dire merci, mais les mots se perdirent dans sa gorge et il fixa le gâteau de longues minutes, s'attendant à ce qu'il disparaisse d'une minute à l'autre.
Orion fronça légèrement les sourcils, observant avec minutie chaque détail qui se présentait à lui. Il n'était désormais plus un espion mais gardait tout de même ses réflexes et il n'aimait pas ce qu'il était en train de voir, ce qu'il découvrait à propos du survivant. Il aurait souhaité faire face à un gamin pourri gâté et imbu de sa personne comme son père et son parrain. Non, se trouver face à un jeune garçon bien trop maigre pour son âge, au corps chétif, vêtu de haillons que même les elfes de maison ne pourraient porter.
L'ancien serpentard ignora Hagrid qui redemanda du thé avant de finir par se servir soi-même dans les sacs des Dursley. Il passa son manteau sur Orion et l'adulte redevenu enfant soupira de soulagement. Il était au chaud.
« Tu vas continuer à le fixer encore longtemps ? » lâcha-t-il d'un ton sec.
« Euh…hum…non… oui… je veux dire que… » bredouilla Harry, levant les yeux vers Orion.
« Sujet + verbe + complément, Potter. Essaie, je suis sûr que tu finiras par aligner une phrase. »
Harry cligna plusieurs fois des yeux, éberlué. C'était la première fois qu'un gamin lui parlait tout en ignorant la présence de Dudley dans la pièce. D'habitude, c'était le contraire. Il était souvent ignoré au profit de son cousin et aucun garçon ne voulait lui parler car ils avaient tous peur de se faire tabasser par Dudley et sa bande.
« Oui, je… je vais le manger » finit-il par dire.
« N'aurais-tu pas oublié quelque chose, Potter ? » l'interrogea Orion d'une voix doucereuse.
« Quoi ? »
« Qu'elle est la première chose que l'on fait lorsqu'on reçoit un présent ? »
Harry jeta un regard dérouté à Orion, réfléchissant à la question du garçon avant que ses yeux ne s'illuminent de compréhension. Il rougit subitement, honteux d'avoir zappé ce point.
« Merci beaucoup pour le gâteau, monsieur. »
« Hagrid » le reprit le demi-géant qui faisait cuire des saucisses dans la cheminée de la cabane. « C'était un plaisir pour moi, Harry. »
Hagrid donna les saucisses aux deux garçons mais Orion refusa poliment la nourriture préparée par le demi-géant. Il accepta simplement une tasse de thé et regarda Harry se goinfrer sans prendre la peine de respirer comme s'il n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Il était évident que les manières du survivant était à revoir.
« Désolé, mais je ne sais toujours pas qui vous êtes » dit Harry, brisant le silence qui s'était installé dans la pièce.
« Orion est le fils du professeur Snape. Son père enseignait les potions à Poudlard. Il est décédé y a deux mois. Et moi, comme je te l'ai dit, je suis le Gardien des Clés de Poudlard. Tu sais déjà ce qu'est Poudlard, j'imagine ? »
Harry lança un regard désolé au garçon à l'annonce du décès du père de ce dernier.
« Euh…non… » répondit-il, ne sachant pas ce qu'était Poudlard.
Hagrid parut scandalisé et Orion renifla simplement avec dédain. Que fallait-il s'attendre de l'éducation de Pétunia ?
« Désolé » dit précipitamment Harry.
« Désolé ? » aboya Hagrid en se tournant vers les Dursley qui se tassèrent sur eux-mêmes en essayant de disparaître dans la pénombre. « C'est eux qui devraient être désolés ! Je savais que tu ne recevais pas les lettres mais j'ignorais que tu n'avais même pas entendu parler de Poudlard ! Tu ne t'es donc jamais demandé où tes parents avaient appris tout ça ? »
« Tout ça quoi ? » s'étonna Harry.
« TOUT ÇA QUOI ? » tonna Hagrid. « Attends un peu ! »
Il se leva d'un bond. Sa colère était telle qu'il semblait remplir tout l'espace de la cabane. Les Dursley s'étaient recroquevillés contre le mur.
« Vous n'allez pas me dire… que ce garçon... ce garçon, ne sait rien sur... sur RIEN ? » rugit Hagrid.
Harry pensa qu'il exagérait. Après tout, il était allé à l'école et il avait eu de bonnes notes.
« Je sais quand même certaines choses » dit-il. « J'ai fait des mathématiques et tout ça... »
Mais Hagrid eut un geste dédaigneux de la main.
« Je voulais dire que tu ne sais rien de notre monde, de ton monde. De mon monde. Du monde de tes parents. »
« Quel monde ? »
Hagrid parut sur le point d'exploser et Orion décida finalement d'intervenir.
« Tu es un sorcier, Potter. »
Un grand silence s'abattit soudain sur la cabane. On n'entendait plus que le bruit de la mer et le sifflement du vent.
« Je suis un quoi ? » balbutia Harry.
« Un sorcier, Potter, et ne me le fais pas répéter une troisième fois sinon tu finiras comme ingrédients à potions » avertit-il. « Dans notre monde, par-là, je veux dire le monde magique ou sorcier si tu veux, tu es très célèbre. Certainement le sorcier le plus célèbre après Albus Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie Poudlard. Tu es connu dans notre monde car il y a dix ans, tu as défait un mage noir alors que tu n'étais âgé que d'un an. Le seigneur des ténèbres a attaqué la maison des Potter la nuit d'Halloween, tes parents sont morts ce jour-là et c'est ainsi que tu as eu cette cicatrice sur le front et qui permettra à tout sorcier de te reconnaître comme étant le sauveur, le seul à avoir survécu au sortilège de mort. »
Harry toucha sa cicatrice et laissa des larmes couler sur ses joues alors qu'il apprenait enfin la vérité sur son passé. Il était un sorcier.
« Je ne l'aurais pas mieux expliqué » dit Hagrid en félicitant Orion. « Maintenant il est temps que tu lises ta lettre, Harry. »
Harry tendit la main pour prendre l'enveloppe au parchemin jauni sur laquelle était écrit à l'encre vert émeraude : « Mr H. Potter, sur le plancher de la cabane au sommet du rocher, en pleine mer. » Il ouvrit l'enveloppe et lut la lettre qu'elle contenait:
COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur: Albus Dumbledore
(Commandeur du Grand-Ordre de Merlin, Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef,
Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers)
Cher Mr Potter,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.
Veuillez croire, cher Mr Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice adjointe
Harry avait tout un tas de questions à poser et ne savait pas par où commencer. Orion rappela à Hagrid qu'il devait répondre à la lettre de McGonagall, ce que le demi-géant fit sans plus tarder en utilisant un hibou qu'il avait dissimulé dans l'une des grandes poches de son manteau.
« Où en étions-nous ? » demanda Hagrid.
À ce moment, Vernon, le teint toujours grisâtre, mais l'air furieux, vint se poster devant la cheminée.
« Il n'est pas question qu'il s'en aille » dit-il.
Hagrid poussa un grognement.
« J'aimerais bien voir qu'un Moldu dans votre genre s'avise de l'en empêcher » dit-il.
« Un quoi ? » demanda Harry, intéressé.
« Un Moldu, c'est ainsi que nous appelons les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques. Et manque de chance, tu as grandi dans la plus incroyable famille de Moldus que j'aie jamais rencontrée » dit Hagrid.
« Quand nous l'avons pris avec nous, nous nous sommes juré d'en finir avec ces balivernes » dit Vernon. « Juré qu'on allait le débarrasser de tout ça. Un sorcier ! Et puis quoi, encore ? »
« Vous saviez ? » s'écria Harry. « Vous saviez que je suis un... un sorcier ? »
« Nous le savions ! » hurla soudain Pétunia d'une voix perçante. « Bien sûr que nous le savions ! Comment aurait-il pu en être autrement quand on sait ce qu'était ma maudite sœur ! Un jour, elle a fait la connaissance de ton père » lança-t-elle en pointant Orion du doigt avec fureur.
Elle ricana avec mépris tandis qu'elle dévisageait l'ancien mangemort.
« Ce bâtard de Snape a dit à ma sœur qu'elle était une sorcière et Lily fut impatiente de recevoir sa lettre. Un jour, elle en a reçu une, exactement comme celle-ci et elle est partie dans cette école avec lui…Quand elle revenait à la maison pour les vacances, elle avait les poches pleines de têtards et elle changeait les tasses de thé en rats d'égout. J'étais la seule à la voir telle qu'elle était: un monstre ! Mais avec mon père et ma mère, il n'y en avait que pour elle, c'était Lily par-ci, Lily par-là, ils étaient si fiers d'avoir une sorcière dans la famille ! »
Elle s'interrompit pour respirer profondément puis elle reprit sa tirade. On aurait dit qu'elle avait attendu des années avant d'oser dire tout ce qu'elle avait sur le cœur.
« Et puis, elle a rencontré ce Potter, à l'école » reprit-elle. « Ils se sont mariés et tu es arrivé. Moi, je savais bien que tu serais comme eux, aussi bizarre, aussi... anormal... Et pour finir, quelqu'un l'a fait exploser et on a hérité de toi ! »
Harry était devenu très pâle. Il mit un certain temps à retrouver sa voix.
« Alors…tout ce temps… cette histoire… que des mensonges ? » murmura Harry d'une voix douloureuse. « Vous m'aviez menti toutes ces années en me disant que mes parents étaient morts dans un accident de voiture. »
« UN ACCIDENT DE VOITURE ? » rugit Hagrid, en sursautant si violemment que les Dursley retournèrent se terrer dans un coin de la cabane. « Comment un simple accident de voiture aurait-il pu tuer Lily et James Potter ? C'est une insulte ! Un scandale ! Harry Potter ne connaît même pas sa propre histoire, alors que dans notre monde, tous les enfants connaissent son nom ! »
« Hagrid, je pense qu'il serait peut-être temps de se reposer. Potter a tout le temps de connaître son histoire. Une journée de plus à attendre ne lui fera aucun mal » suggéra Orion.
« Hum… oui, tu as certainement raison » approuva Hagrid. « Tu ressembles tellement au professeur Snape. Je suis sûr qu'il aurait été fier de t'avoir pour fils. »
« Je ne crois pas. »
« Tu ne devrais pas écouter ce que racontent les gens à propos du professeur Snape. C'était un professeur sévère et exigeant mais quelqu'un de bien. Un homme intelligent et très courageux. Je l'ai connu lorsqu'il était enfant et je peux t'assurer qu'il aurait été heureux de savoir qu'il avait un fils même s'il ne l'aurait pas montré » assura Hagrid avec un sourire nostalgique au coin des lèvres.
Orion haussa les épaules et masqua ses émotions derrière ses barrières d'occlumancie. La foi qu'Hagrid avait envers lui semblait inébranlable et c'était quelque chose qu'il n'avouerait jamais mais qui le touchait profondément.
« Je crois que vous avez fait une erreur, je ne suis pas un sorcier » dit Harry.
À la grande surprise d'Harry, Hagrid éclata de rire et Orion le regarda d'un air qui disait qu'il pensait qu'il était stupide.
« Pas un sorcier ? Rappelle-toi : il ne s'est jamais rien passé quand tu avais peur ou que tu étais en colère ? »
Harry contempla le feu dans la cheminée. Maintenant qu'il y pensait... Toutes ces choses étranges qui rendaient furieux son oncle et sa tante s'étaient toujours produites lorsqu'il était furieux, ou sous le coup d'une émotion... Poursuivi par la bande de Dudley, il s'était soudain retrouvé hors de leur portée... Paniqué à l'idée d'aller à l'école avec sa coupe de cheveux ridicule, il avait réussi à faire repousser sa tignasse... Et la dernière fois que Dudley l'avait frappé, ne s'était-il pas vengé, sans même s'en rendre compte, en lâchant sur lui le boa constrictor ?
Harry leva à nouveau les yeux vers Hagrid. Il lui sourit et vit que le demi-géant rayonnait.
« Tu vois ? » dit Hagrid. « Harry Potter, pas un sorcier ? Attends donc d'être à Poudlard et tu verras comme tu es célèbre ! »
Mais Vernon ne voulait pas abandonner la partie.
« Il n'ira pas là-bas » dit-il d'une voix sifflante. « Il fera ses études au collège de son quartier et il nous en sera très reconnaissant. J'ai lu ces lettres et j'ai vu toutes les sottises qu'on l'obligeait à acheter, des grimoires, des baguettes magiques, des... »
« S'il a envie d'y aller, ce n'est pas un gros Moldu dans votre genre qui pourra s'y opposer » grogna Hagrid. « Vous vous croyez suffisamment fort pour empêcher le fils de Lily et James Potter de faire ses études à Poudlard ? Vous êtes fou ! Il y est inscrit depuis sa naissance. Il va étudier dans la meilleure école de sorcellerie du monde. Sept ans là-bas et il sera transformé. Pour changer, il aura des camarades qui appartiennent au même monde que lui, et il étudiera avec l'un des plus grands maîtres que le collège Poudlard ait jamais comptés, Albus Dumbled... »
« JE REFUSE DE PAYER UN SOU POUR QU'UN VIEUX CINGLÉ LUI APPRENNE DES TOURS DE MAGIE ! » s'écria Vernon.
Mais cette fois, il était allé trop loin. Hagrid empoigna son parapluie et le fit tournoyer au-dessus de sa tête.
« JAMAIS PLUS ... INSULTER ... ALBUS ... DUMBLEDORE ... DEVANT ... MOI ... » tonna-t-il.
« Assez ! » rugit furieusement Orion.
Le jeune maître des potions fumait littéralement de rage et remercia Merlin et tous les mages de ne pas avoir sa baguette à l'instant car il était certain que Vernon Dursley aurait reçu un sort ou deux entre les yeux. Hagrid baissa soudainement son parapluie et lança un regard choqué au gamin qui affichait la même mine sévère du professeur de potions qu'il avait eu l'immense plaisir de côtoyer à Poudlard. Vernon s'éloigna du demi-géant, se mettant devant sa famille comme pour les protéger d'Orion.
« Il serait peut-être temps de mettre les choses à plat. Dursley, sachez que peu nous importe votre avis sur le fait que Potter soit un sorcier et qu'il aille étudier à Poudlard. Votre mot n'a aucune valeur quant au choix de l'avenir de Potter. Il ira à Poudlard que vous le vouliez ou non. Question finance, Potter est l'héritier d'une grande famille sorcière et n'a certainement pas besoin de votre argent. Et pour finir, vous feriez mieux de la fermer sagement car au cas où vous l'auriez oublié, nous sommes des sorciers. Pour votre propre bien, faites comme si nous n'étions pas là » susurra-t-il d'une voix narquoise.
Vernon laissa échapper un véritable rugissement, il attrapa aussitôt Dudley et Pétunia et les entraîna dans l'autre pièce. Puis il jeta un dernier regard terrifié à Orion et claqua la porte.
« Hum…merci, Orion » dit Hagrid.
Orion balaya les remerciements du demi-géant d'un geste dédaigneux.
« Il se fait tard, Hagrid, donc nous ferions mieux de dormir. »
Le garde-chasse opina de la tête en accord avec le jeune maître des potions. Orion fit signe à Potter de se rapprocher et ils dormirent tous deux dans le manteau d'Hagrid, tout près de la cheminée.
Le lendemain, pour retourner à la civilisation, ils furent obligés d'emprunter aux Dursley leur embarcation pour rejoindre le port. Orion était resté silencieux tout au long de la traversée tandis qu'Harry ne pouvait s'empêcher de questionner Hagrid au sujet du monde sorcier. Ils montèrent l'escalier de pierre qui menait à la rue et Orion s'arrêta soudainement, imité par le survivant.
« Pourquoi vous arrêtez-vous tout à coup ? » questionna Hagrid.
« Ne devrais-tu pas faire signe au Magicobus ? » demanda Orion.
« Je ne peux pas, Orion, je n'ai plus de baguette » répondit tristement le demi-géant.
« C'est quoi le Magicobus ? » demanda Harry, curieux.
« Pas maintenant, Potter » dit sèchement Orion.
Il trouvait le gamin Potter très insupportable avec toutes ses questions qui n'en finissaient jamais. Harry ouvrit la bouche pour protester et demander à l'autre garçon d'arrêter de l'appeler ''Potter'' car il avait un prénom et c'était ''Harry'' mais il opta pour un repli stratégique et resta silencieux.
« Tu as été capable de faire un peu de magie donc je déduis que ce parapluie est bien plus que ça » supposa-t-il. « Vas-y, Hagrid, appelle le Magicobus. »
« Je n'ai pas le droit de faire de la magie maintenant qu'Harry est avec nous. »
« Tu ne fais pas de la magie, Hagrid. Tu fais juste un signe au Magicobus » gronda Orion.
Hagrid marmonna quelque chose dans sa barbe à propos des Snape et tendit son parapluie rose. Il ne se passa rien pendant une minute puis ils entendirent une forte détonation et apparut devant eux un bus violet à double impériale. Sur le pare-brise était écrit en lettres d'or : Magicobus.
« Eh ben ! » fit Hagrid en se grattant la tête. « Encore une bonne idée, Orion. Cela nous évitera de prendre des transports moldus pour se rendre à Londres. »
Orion s'empêcha de lever les yeux au ciel et monta dans le bus sans plus tarder. Il adorait le demi-géant et le trouvait compétent dans certains domaines mais certainement pas dans celui de s'occuper de deux enfants. Il valait mieux qu'il prenne les rennes de cette sortie sinon ils n'en sortiraient rien de bon. Potter avait besoin de bien plus que ce qui était écrit sur la liste des fournitures et Hagrid, aussi gentil soit-il, ne le comprenait pas. Ils arrivèrent bien vite à Londres et furent déposés devant le Chaudron Baveur. Orion se précipita dans un coin pour vomir tout le thé qu'il avait bu ce matin. Il était celui qui avait proposé le Magicobus mais avait oublié qu'il n'était plus un adulte donc qu'un tel mode de transport était difficile à supporter pour un gamin de son âge. Il jeta un coup d'œil à Potter et constata que ce dernier se portait bien. Il était un peu pâle mais certainement pas nauséeux.
« Est-ce que ça va ? » s'inquiéta Harry.
« Oui, je…je… »
« Sujet + verbe + complément, Viridian. Je suis sûr que tu es capable d'aligner une simple phrase. Ça ne doit pas être trop difficile pour toi, après tout » railla le survivant dans une fausse imitation du jeune maître des potions.
Orion secoua la tête quelque peu décontenancé par la répartie d'Harry. C'était la première fois que le garçon adoptait un ton aussi léger et bien qu'il voulut remettre le jeune impertinent à sa place, il laissa couler… pour l'instant.
« Très drôle, Potter » cracha-t-il, excédé.
Harry sourit fièrement. Il était satisfait de lui-même et même s'il venait à peine de rencontrer Orion, il avait à peu près saisi comment fonctionnait le garçon. Il courut après Orion qui entra dans un pub miteux et minuscule qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à ce que le jeune sorcier ne s'y dirige. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et s'assura qu'Hagrid suivait derrière eux. Les conversations s'interrompirent dans le pub à l'entrée du garde-chasse. Tout le monde semblait connaître Hagrid ; on lui adressait de toutes parts des signes de main et des sourires.
« Comme d'habitude, Hagrid ? » demanda le barman en tendant la main vers une rangée de verres.
« Peux pas, Tom. Je suis en mission pour Poudlard » répondit le demi-géant en donnant une tape sur l'épaule de chacun des deux garçons.
« Seigneur Dieu » dit le barman en regardant Harry. « C'est... Est-ce que c'est vraiment ?... »
Soudain, les clients du Chaudron Baveur ne dirent plus un mot, ne firent plus un geste.
« Par le ciel » murmura le vieux barman. « Harry Potter. Quel honneur ! »
Il se hâta de contourner le comptoir et se précipita sur Harry pour lui serrer la main. Il avait les larmes aux yeux.
« Soyez le bienvenu, Mr Potter. Bienvenue parmi nous. »
Harry voulut serrer la main du barman mais il fut tiré en arrière par Orion qui paraissait irrité.
« Nous sommes pressés. Une prochaine fois pour les présentations » maugréa Orion avant de tirer le garçon qui a survécu à l'arrière du pub.
L'ancien professeur de potions connaissait très bien les lieux donc n'eut aucune difficulté à les faire passer de l'autre côté du mur, sur le Chemin de Traverse. Au-delà, une rue pavée serpentait devant eux à perte de vue.
« Bienvenue sur le Chemin de Traverse, Potter » dit Orion.
« Hé ! Pas si vite les garçons » cria Hagrid derrière eux.
Orion fusilla le demi-géant du regard. Plus la journée s'étirait et plus l'homme accumulait les bourdes. Il se demanda sérieusement si Dumbledore n'était pas en train de perdre la tête pour confier une telle mission à Hagrid. Harry ne connaissait rien au monde sorcier et la personne qui aurait été mieux placée pour lui faire découvrir ce monde n'était certainement pas le demi-géant. D'ordinaire, cette tâche aurait été à la charge d'un professeur puisque Potter était au même rang qu'un né-moldu à cause de son manque de connaissances sur la communauté magique.
Hagrid se racla la gorge et demanda aux jeunes garçons de le suivre. Ils se dirigeaient tous les trois vers Gringotts, la banque des sorciers. Harry posait son regard sur toutes les boutiques du Chemin de Traverse, s'émerveillant sur chaque article, ne remarquant jamais le regard fixé sur lui.
Ils entrèrent dans la banque et s'approchèrent du comptoir.
« Bonjour » dit Hagrid à un gobelin. « On est venus prendre un peu d'argent dans le coffre de Mr Potter et de Mr Viridian. »
« Vous avez les clés ? » demanda le gobelin.
Hagrid commença à vider ses poches, répandant quelques biscuits moisis sur le livre de comptes du gobelin.
« Les voilà » dit-il en montrant deux minuscules clés d'or. « J'ai aussi une lettre du professeur Dumbledore. C'est au sujet de Vous-Savez-Quoi, dans le coffre numéro 713. »
Le gobelin examina les clés et lut attentivement la lettre.
« Très bien » dit-il. « Je vais vous faire accompagner dans la salle des coffres. Gripsec ! »
Un autre gobelin apparut et les conduisit aussitôt vers l'une des portes du hall.
« Qu'est-ce que c'est, le Vous-Savez-Quoi dans le coffre numéro 713 ? » demanda Harry.
« Ça, je ne peux pas le dire » répondit Hagrid d'un air mystérieux. « Très secret. Une affaire qui concerne Poudlard. Dumbledore m'a confié une mission mais je n'ai pas le droit d'en parler. »
Orion se mordilla la lèvre d'un air pensif. Il savait ce qu'il y avait dans le coffre 713 et il s'interrogea sur les intentions du directeur de Poudlard. Il n'aimait pas la direction que prenait ses pensées et encore moins toutes les implications qu'il y avait derrière.
Ils se rendirent tout d'abord au coffre de Potter où Orion conseilla au garçon de prendre un peu plus d'argent que ce qu'avait estimé Hagrid.
« Pourquoi ? » avait demandé Harry, perplexe.
« Tu ne réfléchis donc jamais, Potter ? » s'était énervé Orion. « Tu auras besoin de vêtements pas seulement des uniformes scolaires. Tu auras besoin de manteaux mais aussi des chaussures. En plus de manuels scolaires, tu pourrais t'acheter d'autres bouquins et pourquoi pas des jouets pour des gamins de ton âge. »
« Je ne suis pas un gamin » s'était indigné Harry.
« Alors commence à utiliser un peu tes méninges et à te comporter en grand ! » avait répliqué le jeune maître des potions.
Harry avait fini par suivre les conseils d'Orion et à retirer un peu plus d'argent. Hagrid avait voulu protester mais Orion le remit sèchement à sa place.
« C'est son argent et il en fait ce qu'il veut. Il pourrait vider son coffre en un jour que Dumbledore n'aurait pas son mot à dire là-dedans. Sorcier puissant et célèbre, soit-il. »
Ils terminèrent leur voyage à Gringotts par le coffre 713 où Hagrid récupéra un petit paquet. Après une nouvelle course endiablée dans les profondeurs de Gringotts, ils se retrouvèrent au-dehors, sous un soleil éclatant qui les fit cligner des yeux. Harry avait hâte de commencer à dépenser son argent. Peu lui importait combien valaient les Gallions en livres sterling, tout ce dont il était sûr, c'est qu'il n'avait jamais été aussi riche. Même Dudley n'avait jamais eu autant d'argent à sa disposition.
« Tu peux nous laisser, Hagrid. Potter et moi pourrons faire nos achats sans ton aide. On te retrouve au Chaudron Baveur lorsque nous avons fini, qu'en dis-tu ? » proposa Orion.
« Je ne sais pas. C'est que Dumbledore m'a demandé de veiller sur vous… »
« Je connais cette rue comme le fond de ma poche, Hagrid » le coupa Orion. « J'y ai été plusieurs fois. De plus, que veux-tu qu'il nous arrive au milieu de tout ce monde ? »
Hagrid sembla réfléchir un moment avant de finir par prendre une décision et hocher la tête.
« Très bien » accepta-t-il. « Moi, je vais aller me prendre un petit remontant. À tout à l'heure, les garçons. »
« À plus tard, Hagrid » lança Harry.
Harry regarda le demi-géant se mêler à la foule avant de finir par disparaître de sa vue puis il se tourna vers Orion.
« Par quoi commençons-nous ? » demanda-t-il.
« Par l'ophtalmomage » répondit Orion.
« Qu'est-ce que c'est ? » questionna le survivant.
« Un ophtalmologue, si tu préfères » reprit Orion.
« Pourquoi va-t-on chez un ophtalmologue ? »
« Mais pour toi, imbécile ! » s'agaça l'ancien mangemort.
Harry écarquilla les yeux, stupéfait, puis battit lentement des paupières pour ne pas pleurer. C'était la première fois que quelqu'un faisait autant attention à lui. Hagrid avait été très gentil en lui offrant son premier gâteau d'anniversaire mais ce n'était pas la même chose avec Orion. Le garçon était constamment irrité et de mauvaise humeur, l'appelant toujours par Potter et non Harry mais cela n'avait pas grande importance lorsque ce dernier pensait à ce dont il aurait besoin et s'inquiétait pour lui, même s'il essayait de le cacher sous une expression sévère ou dédaigneuse.
Il suivit Orion jusqu'au cabinet d'ophtalmologie qui était à quelques mètres de la banque et ils en ressortirent une demi-heure plus tard. Ses lunettes avaient été changées par une paire adaptée à sa vue. Il s'était offert deux autres paires de style différent. Une sans monture et une paire de lunettes en demi-lune ainsi que des lentilles. Il voyait désormais nettement mieux qu'un peu plus tôt.
Ils enchaînèrent avec les magasins de vêtements. Harry commanda divers habits sous les conseils de son nouvel ami car pour lui, Orion en était devenu un. Orion choisit aussi plusieurs tenues plus particulièrement de couleur noire mais variait aussi les teintes autant que possible. Il ne devrait pas trop se comporter comme l'adulte qu'il fut pour ne pas éveiller les soupçons quant à sa véritable identité.
Ils finirent leurs achats de vêtements en passant par la boutique de Madame Guipure pour obtenir leurs uniformes scolaires. Ensuite, ils passèrent par la librairie pour acheter tout ce dont ils auraient besoin pour leurs études. Ils achetèrent tous leurs manuels scolaires, des plumes, des parchemins et de l'encre.
Orion ajouta à leurs manuels scolaires d'autres livres comme :
-Les Contes de Beedle le Barde, Guide d'Herbologie
-La Défense magique appliquée et son usage contre les forces du Mal
-L'Histoire de Poudlard
-Guide pour Potionniste en Chaudron
-Les Potions de grands pouvoirs
-Le Quidditch à travers les âges
-Sorts et contresorts
« Pourquoi achètes-tu autant de livres ? Ils ne sont pas sur la liste de fournitures » demanda Harry, intrigué.
« C'est pour toi, Potter. Une compilation de bouquins à lire pour élargir tes connaissances. Avec ça, tu en apprendras un peu plus sur la magie » répondit Orion.
« Merci. »
Orion renifla avec dédain avant de quitter la librairie pour la boutique de l'apothicaire. Harry fut fasciné par tout ce qu'il vit dans le magasin malgré l'odeur pestilentielle qui y régnait, un mélange d'œufs pourris et de choux avariés. Orion fut celui qui sélectionna tout ce dont ils auraient besoin en potions et Harry n'osa pas contredire le garçon car il remarqua que ce dernier semblait parfaitement connaître son sujet et qu'il était passionné par ce domaine. En dehors de ce qui était marqué sur leur liste de fournitures, Orion acheta divers ingrédients.
« Que vas-tu faire de tout ça ? » l'interrogea-t-il.
« Brasser des potions, bien sûr » répondit Orion avec suffisance.
« Bien sûr. Mais où avais-je donc la tête ? » ironisa Harry en roulant des yeux.
Orion lui lança un regard noir puis sortit de la boutique d'un pas pressé.
« Hé ! Attends-moi ! »
Ils continuèrent leurs emplettes dans les boutiques qui s'alignaient le long de la rue et bientôt, il ne resta plus que la baguette magique à acheter.
« Je dois aller faire une course, toi, pendant ce temps, tu peux aller faire un tour du côté de l'animalerie. Tu auras besoin d'un hibou » suggéra Orion.
« Mais… »
« Je ne dure pas » promit le jeune maître des potions.
Harry soupira puis obéit tout simplement et entra dans la boutique tandis qu'Orion se précipita vers le magasin qu'il avait repéré tout à l'heure. Vingt minutes plus tard, Harry sortit du magasin de hiboux avec deux grandes cages, à l'intérieur de la première, une magnifique chouette aux plumes blanches comme la neige dormait paisiblement, la tête sous l'aile et dans la seconde, un chat noir aux yeux verts se léchait la pâte de façon hautaine et gracieuse. Orion le retrouva à l'entrée du magasin et leva un sourcil en observant le chat qui les ignorait totalement.
« Potter, je t'avais dit de t'acheter uniquement un hibou. »
« C'est pour toi » dit Harry en remettant le chat à Orion. « Il m'a fait penser à toi lorsque je l'ai vu et je n'ai pas pu résister. »
« Potter, je ne peux pas accepter. »
« Tu m'as offert des livres et tu m'as emmené chez l'ophtalmo. Laisse-moi t'offrir à mon tour quelque chose » dit-il.
Orion dévisagea l'animal un long moment avant de finir par soupirer et d'accepter à contrecœur le cadeau du survivant. Ils finirent leurs achats avec l'achat de leurs baguettes. Orion avait dû s'en racheter une autre car celle qu'il utilisait lorsqu'il était adulte avait été prise par Dumbledore. Ils quittèrent le Chemin de Traverse et rejoignirent Hagrid au Chaudron Baveur qui était vidée de sa clientèle.
« Ça s'est bien passé ? » leur demanda le géant tout en les faisant sortir du pub.
« C'était génial ! » s'exclama Harry, Joyeux.
« Je suis content de te l'entendre dire. » dit Hagrid. « Voici vos billets pour Poudlard. 1er septembre, gare de King's Cross. Si vous avez un souci avec les Dursley, n'hésitez pas à m'écrire. »
« Comment ça si vous avez des soucis avec les Dursley ? Qu'est-ce que ça veut dire ? » questionna Orion d'un ton méfiant.
« Je suis désolé, Orion. J'ai oublié de te le dire mais le professeur Dumbledore m'a dit que je devais te confier aux Dursley. Ils ont été prévenu, ne t'en fais pas. »
« Quoi ? » s'écria Orion, ahuri.
« Vous devriez rentrer maintenant. On se reverra à Poudlard, les garçons. »
« Hagrid » siffla Orion.
Le garde-chasse ignora l'appel de l'ancien professeur de potions et fit signe au Magicobus qui apparut quelques secondes plus tard. Hagrid les fit monter dans le bus sans plus tarder et disparut aussitôt.
Orion cligna stupidement des yeux, se demandant ce qui venait de se passer avant de pousser un cri de colère tandis que le Magicobus les menait au 4, Privet Drive.
« Dumbledore ! » hurla-t-il.
