Chapitre 1
Un Miracle
J'effectuai mon travail de fourmi d'arrache-pied, je commençais à faiblir mais je continuais à coudre cette chemise bouton après bouton, manche après manche. Comme vous avez pu le constater, je suis une pauvre couturière, en manque d'argent, sans famille, sans amis, sans vie. Je n'ai jamais connu mes parents, je n'ai jamais été heureuse. La dernière fois que j'ai souri remonte à très longtemps. Il y a peu de choses pertinentes à savoir sur moi, toute ma vie j'ai fui les orphelinats, ça a commencé lorsque j'avais quatorze ans, puis quinze ans puis dix-sept ans. J'ai été forcée à voler des objets dans des maisons. C'est fou ce que l'on peut faire lorsqu'on est désespérée, jeune, innocente, et surtout, seule. Il était difficile de d'être orphelin pendant la "drôle de guerre". L'Amérique était en crise. Après avoir fui tous ces orphelinats je m'étais réfugiée dans une usine désaffectée. Puis j'ai logé dans l'appartement dans lequel j'habite actuellement, si on peut appeler ça un appartement... Il n'y avait pas le chauffage, simplement l'eau courante -froide, bien sûr. Autant dire que mon existence a été minable.
Le moment que je redoutais le plus était arrivé chercher le courrier… Ridicule pour n'importe quel terrien ordinaire, mais pour moi, c'était le moment le plus stressant dans la journée. Avec mon faible salaire, le risque de recevoir une lettre d'huissier était omniprésent. Après avoir pris une grande inspiration, je sortis alors de mon appartement. Puis descendis par les escaliers, j'ouvris la boîte aux lettres et découvris plusieurs lettres. Je les pris ne les regarda pas et les monta dans mon humble demeure.
Après avoir poussé la grande porte, je pris une grande inspiration avant de lire les inscriptions sur les lettres. Ma plus grande peur arriva : une lettre des huissiers de justice… Le sentiment que je sentis à ce moment était indescriptible, je m'imaginais alors le pire et, sans même l'ouvrir, je m'assis sur mon lit, la tête entre les genoux et me mit à sangloter, presque jusqu'à avoir envie de mourir, mais je me dis que c'était trop bête et qu'un miracle pouvait arriver même si j'avais cessé de croire en Dieu depuis de nombreuses années, en réalité, avec toutes les mésaventures que j'ai connues, je n'ai jamais cru en lui, ni à quoi que ce soit d'ailleurs.
Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, je me dirigeai vers ma salle de bains, le visage encore mouillé et rougi par les larmes. Je me regardai alors dans la glace fissurée se trouvant au-dessus du minuscule lavabo. Mes yeux étaient rouge sang tant j'avais pleuré. En regardant de plus près, je vis que mon iris avait également changé de couleur, ce qui me surprit, mais ce n'était pas une couleur normale qu'avait prit celui-ci, il était lui aussi rouge mais ma pupille était restée noire. Je regardai ensuite mes mains qui étaient douloureuses, je ne savais pas pour quelle raison mais une sorte de gaz rouge s'y était tapis. Mes mains étaient gonflées et endolories. Je ne comprenais ce qui m'arrivait, je me lavai les mains pour tenter d'enlever cette ce flux rouge mes mains mais elle ne voulut pas s'enlever. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte, ce qui n'était jamais arrivé, du moment pas que je me souvienne.
Je m'y dirigeais essayant-en vain-de cacher que j'avais pleuré et surtout de cacher mes yeux rouges, de peur que j'aie une remarque désobligeante à ce sujet. J'ouvrai alors la porte et vis un homme imposant d'une vingtaine d'années en costume noir avec des pointes de vert ; ce n'était pas un costume comme on voyait tous les jours : il portait une redingote verte et le reste de son costume était noir. Il avait des cheveux d'un noir intense qui lui allaient presque jusqu'aux épaules. Il portait des lunettes de soleil noires mais l'intensité de ses yeux verts se percevait derrière celles-ci. Il était charmant malgré son absence de sourire. « Mademoiselle Mary Garett ? » me demanda-t-il. « Que voulez-vous ? » dis-je pensant que c'était un représentant de la justice, tout en gardant la tête baissée. « Relevez la tête, je sais que vos yeux sont rouges. » Je fus étonnée qu'il sache cela car je n'avais pas levé la tête pour le saluer. Je fis donc ce qu'il me dit de faire. « Comment saviez-vous ? » « Suivez-moi. » me coupa-t-il. « Pas avant que vous me disiez qui vous êtes ! » le réprimandais-je. « Je ne suis pas huissier, c'est tout ce que je peux vous dire ». Je compris alors ce qu'il insinuait, je pensait que c'était une sorte de devin ou un charlatan mais sentit une énorme sécurité lorsqu'il m'adressait la parole. J'avais décidé de le suivre, malgré tout. Je le suivis alors à travers ces couloirs qui m'étaient si familiers et pensait que je n'allais jamais les retrouver. Il ne m'attendait pas et marchait à grandes enjambées je dus donc presque courir avant de le rattraper et de lui demander « Où m'emmenez-vous ? » il me répondit avec un petit sourire dans le coin des lèvres « Dans un endroit où vos valeurs seront respectées et où vous serez jugée à votre juste valeur. » Je me demandais ce qu'il insinuait. Comment une pauvre couturière de Brooklyn importait une quelconque personne. Curieuse je le questionnais une nouvelle fois « Qui pourrait bien s'intéresser à une pauvre couturière ? » Son sourire s'élargit encore et je sentis une certaine confiance dans son ton de voix. « Bien plus de gens que vous ne le pensez » Devais-je faire confiance à cet inconnu sorti de nulle part ? Devais-je le suivre ? Je dois commencer à croire à ma bonne étoile, même si cela ne m'était jamais arrivé auparavant. "Et, comment s'appelle cet endroit ?" Je sentis comme une grande aisance lorsqu'il prononça ces mots " Asgard. Cet endroit s'appelle Asgard."
Sur ces mots, nous continuâmes notre chemin. C'est vrai que c'est imprudent de faire confiance à quelqu'un qu'on ne connaît même pas mais je me fichais de ce qui m'arriverait de bien ou de mal, car, ma situation ne pouvait pas être pire. Ce pouvait être un tueur en série mais je ne pense pas que s'en était un un, il avait prédit trop de choses, comme par exemple, le fait d'avoir dit qu'il n'était pas un huissier de justice. Asgard... Ce nom ne me dit rien, mais ce nom sonne presque comme de la musique à mes oreilles. Je ne l'avais pas remarqué mais quelque chose qui ne m'était pas arrivé depuis des lustres se passa : un grand sourire se dessina sur mon visage et je commençai à croire aux miracles.
