Pairing : Alice & Jasper, All humans.
Rating: M, finalement.
Disclamer: Tous les personnages de cette fic appartiennent bien sûr à Stephenie Meyer.
Bonjour à tous !
Je reviens donc sur ff avec cette fic, commencée à poster il y a un bout de temps maintenant...Mais j'ai été victime du syndrome page blanche et dépression post-fic terminée après Les éclats de nos coeurs... J'ai remanié les 3 premiers chapitres déjà postés, les étoffant un peu, parce qu'il manquait quand même 2/3 petits trucs à mon goût...
Bonne lecture!
"J'ai appris en lisant Freud que les échecs sont parfois voulus par l'inconscient..."
Marilyn Monroe.
Chapitre 1.
The break dance
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Le réveil résonna dans la pièce sombre, l'emplissant de sa sonnerie. Stridente. Désagréable. Alice grogna et sortit machinalement le bras de l'amas de couvertures qui l'enveloppaient, écrasant du plat de la main le petit radio réveil. Aussitôt, l'alarme se tut, et elle soupira de soulagement face au silence revenu. Bienfaiteur. Confortable. Elle se renfonça dans ses couvertures et se rassoupit, épuisée.
Mais quelques minutes plus tard, l'alarme se déclencha une nouvelle fois, impitoyable. Lui arrachant un gémissement de protestation. Vain. Inutile. A nouveau, elle abattit sa main sur le réveil et au prix d'un effort qui lui parut surhumain, Alice parvint à entrouvrir les yeux, les posant machinalement droit devant elle, sur les chiffres lumineux de l'écran. 5h00.
Elle roula sur le côté et s'extirpa de l'amoncellement de couvertures multicolores. Elle avait toujours été frileuse, bien que native de Seattle. Plutôt paradoxal. Ses lèvres s'étirèrent en un mince sourire à cette dernière pensée. Et puis, elle se décida à se lever, mobilisant ses muscles courbaturés, encore endormis.
A l'aveuglette, elle prit la direction de la salle de bains, ses pieds nus s'enfonçant délicieusement dans la moquette moelleuse. Elle se doucha rapidement, l'eau fraîche finissant de la réveiller tout à fait. Elle se brossa les dents d'une main tandis qu'elle démêlait ses boucles brunes de l'autre, avant de les réunir en une haute queue de cheval. Elle revêtit un pull épais et un jean avant de détailler le reflet renvoyé par le large miroir. Jaugeant d'un oeil appréciateur la gracilité de son corps. Sa maigre poitrine. Ses épaules fines. Ses bras délicats. L'uniformité de ses formes quasi inexistantes. C'était bien ainsi. Ce corps, elle l'avait façonné, années après années, depuis toujours. Et il était parfait.
Elle attrapa son sac traînant sur un des fauteuils du petit salon, saisit au passage une pomme qu'elle mangerait en cours de route et sortit en claquant la porte. Sa voisine du haut détestait ça. Cette mégère. Elle gloussa à la pensée qu'elle avait été à coup sûr réveillée en sursaut.
Elle dévala d'un pas sautillant les trois étages de son immeuble, avant de s'engouffrer dans la rue sombre, encore endormie. Elle hâta le pas sous l'air froid du matin qui lui picota le visage. Au bout de quelques minutes, elle parvint à destination, poussant la porte de la patinoire. Doucement. Comme celle d'un temple.
A l'intérieur, tout était silencieux. Aussi calme qu'au dehors. Mais tous les spots étaient déjà allumés, baignant chaque pièce d'une lumière blanche et artificielle. Alice fila dans les vestiaires et se changea rapidement, enfilant jogging et tee-shirt à la hâte. Elle passa ses mitaines et saisit ses patins, précautionneusement rangés dans son casier.
En chaussettes, elle traversa les vestiaires d'un pas rapide. Comme chaque matin, elle prit un instant pour admirer la large piste de glace. Se laissant envahir par des sensations familières. Une à une. D'abord, le froid dégagé par la glace devant elle, qui la fit frissonner, et picota légèrement la peau nue de son visage, de son cou et de ses bras. Puis, l'odeur de la glace, presque insignifiante, mais qui lui fit froncer le nez de plaisir. La vue de l'immense patinoire. Elle adorait regarder cette glace encore parfaitement lisse. Miroitant la lumière artificielle des grands spots, et la reflétant en mille rayons scintillants. Presque irisés. Enfin, cette attirance qu'elle ne pouvait combattre. Qu'elle n'avait jamais pu combattre. Comme un appel.
" Tu es en retard, Alice !"
La voix d'Aro, ferme et froide, la fit sursauter. La sortant de sa contemplation. Désagréablement. Elle grommela des excuses à peine audibles et il lui lança un regard sévère.
"Les champions ne sont jamais en retard. Si tu veux être l'un d'eux, commence par arriver à l'heure !", assena-t-il, implacable.
Alice soupira et se laissa tomber sur un des bancs en bois entourant la piste, afin d'enfiler ses patins. James s'assit à ses côtés, lui adressant un sourire réconfortant.
"Ne fais pas attention, il s'est levé du mauvais pied.", souffla-t-il en glissant une main le long de son dos, lui arrachant un frisson délicieux avant qu'elle n'haussât les épaules. C'était là une affirmation sans réel sens. Aro se levait toujours du mauvais pied.
Elle se pencha et noua les lacets de ses patins avec des gestes rapides et fluides. Rodés. Enserrant ses pieds puis ses chevilles finement musclées dans leur étreinte familière. Douce mais ferme. Après quoi, elle se releva sans vaciller, en équilibre sur les fines lames d'acier. Elle fit quelques pas vers la petite ouverture de la rambarde laissant entrevoir la glace scintillante. James s'écarta pour la laisser passer la première, dans un élan de galanterie moqueuse, qu'il accentua même d'une courbette ridicule. Elle éclata de rire et enjamba la petite marche.
Sans hésiter, elle s'élança sur la glace, y glissant parfaitement. Elle jubilait, adorant être la première à pénétrer sur la glace, y laissant les premières traînées blanches, brisant son étendue parfaite et immaculée. Elle soupira d'aise et prit de la vitesse, effectuant un premier tour de piste.
James la rejoignit rapidement, patinant à ses côtés, leurs mouvements parfaitement synchronisés. Comme toujours. Ils s'entraînaient pour ça, après tout. Chaque jour. Chaque semaine. Chaque mois. Depuis près de deux ans. Alice avait parfois même l'impression que ça faisait beaucoup plus longtemps. Sans aucun doute, c'était son meilleur partenaire. Comme s'ils avaient été faits pour patiner ensemble. Depuis toujours. Leurs corps se trouvaient facilement, s'adaptaient parfaitement. Elle, petite et gracile. Lui, grand et robuste.
Au bout de nombreux tours de piste, de plus en plus rapides, et lorsqu'elle ne sentit plus le froid lui piquer la peau, Alice entendit Aro s'écrier, depuis le bord de la patinoire :
"Très bien, les jeunes, en place pour la première chorégraphie !"
La main de James vint aussitôt agripper sa taille tandis que la musique s'élevait dans l'immense salle, aérienne. Elle frissonna au contact de la main de James sur la sienne. Elle aimait bien James. Un peu trop. De toute évidence, trop.
Et puis, Alice ne pensa plus à rien. La musique. Et la danse. Plus rien d'autre ne comptait. Plus rien d'autre n'existait.
Elle virevolta aux sons des notes rapides, se cambrant dans les bras de son partenaire, souple, gracieuse, avant de le laisser la soulever dans les airs. Confiante. Totalement. Il la projeta soudain dans les airs et elle jubila sous la sensation. Elle adorait ça. Littéralement. Cette impression de liberté lors de ces sauts périlleux. Comme si elle volait. Fendant l'air froid et flottant un instant dans celui-ci. Puis, trop vite, elle atterrit fermement sur le sol, les deux bras solides de James rétablissant son équilibre et amortissant le choc. Et elle glissa de plus belle, dansant sur la glace blanche, si blanche. Encore et encore.
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Alice souleva les altères en grimaçant, tous les muscles tendus sous l'effort. Elle tint deux minutes les bras tendus, à deux doigts de céder sous le regard perçant d'Aro, avant de relâcher les deux blocs de fontes sur le sol. Et de recommencer.
C'était la chose qu'elle aimait le moins dans son quotidien. Ces heures interminables de musculation. Soulever cette fonte en gestes répétitifs. Encore et encore. Le haut du corps, puis le bas. Sous l'œil attentif de Aro, et celui, brûlant, de James. Des heures interminables durant lesquelles la patinoire était occupée par l'équipe de hockey. Ces brutes. Elle entendait parfois les chocs de leurs corps sertis d'épaisses protections depuis cette salle de muscu. Les rebonds du palet sous leurs coups de crosses. Et leurs cris sauvages. Des brutes.
"Alice !", gronda Aro, la sortant de ses récriminations mentales à l'encontre des hockeyeurs.
Elle pinça les lèvres et saisit à nouveau ses altères, retenant un gémissement sous leur poids. Plus important au fur et à mesure que la séance avançait et que sa fatigue se faisait ressentir. Mais elle devait en passer par là, elle le savait. C'était pour cette raison qu'elle ne s'autorisait jamais une plainte à haute voix. Elle devait se maintenir en forme, durcir ses muscles, un peu plus chaque jour. Pour pouvoir patiner plus vite. S'élancer plus haut. Se réceptionner plus fermement.
Après la séance de musculation, elle irait manger avec James. Des pâtes. Sucres lents. Puis, ils patineraient jusqu'au soir. Et elle rentrerait chez elle. Se doucherait. Et s'endormirait presque aussitôt après, sans même avaler quelque chose, épuisée. A moins que James la rejoigne. Ca lui arrivait, parfois. Histoire d'évacuer la pression. Elle sourit à cette dernière idée et lança un coup d'oeil aguicheur à l'intéressé. Il ricana avant de lui rendre son sourire. Elle frissonna sous la brûlure de ses yeux bleus, déglutissant péniblement. Avant de reprendre son exercice sous l'injonction sèche et impitoyable de leur entraîneur, qui la fit sursauter.
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Elle traversa son salon pour aller ouvrir la porte, en pestant contre les coups impatients qui s'y abattaient. Sa voisine allait encore l'attendre dans le couloir pour la sermonner et la menacer de la dénoncer à la propriétaire pour tapage nocturne. Elle déverrouilla la serrure et James bondit presque sur elle, refermant la porte d'un coup de pied précis. Habitué.
Ses larges mains agrippèrent sa taille tandis qu'il plaquait ses lèvres charnues sur les siennes en grognant.
"Tu m'as bien allumé toute la journée, ma petite chaudasse..."
Elle leva les yeux au ciel avant de reprendre leur baiser. James n'avait jamais été très subtil. Elle gémit sous la langue exigeante qui investissait sa bouche. Réceptive. Comme toujours. Il lui déchira son tee-shirt, lui arrachant un cri de protestation et d'excitation mêlées.
"Et maintenant, tu vas récolter ce que tu as semé...", souffla-t-il contre ses lèvres, balayant son visage d'un souffle chaud. Brûlant. Qui l'irradia toute entière, mêlé à la promesse sensuelle que ses paroles contenaient. Promesse dangereuse aussi, elle le savait. Elle avait l'habitude. Lorsque James débarquait chez elle aussi excité, c'était à la fois bon et...mauvais.
Ses mains vinrent malaxer sa minuscule poitrine. Ferme. Musclée. Lui coupant le souffle par leur rudesse.
"Déshabille-toi complètement.", ordonna-t-il, déclenchant une série de frissons inarrêtables tout au long de son dos. D'anticipation.
Elle baissa son pantalon et sa culotte d'un même mouvement tandis qu'il l'imitait. Elle nota son érection proéminente, fièrement dressée tandis qu'il la forçait à s'agenouiller, approchant son sexe de son visage. Il passa une main derrière sa nuque et elle ouvrit la bouche, docile. Il était imposant et elle n'avait jamais réussi à le prendre entièrement en bouche. Pourtant, il insistait à chaque fois, retentant l'expérience.
"Allez, détends-toi, Al'. Détends-toi...", supplia-t-il en faisant de petits mouvements secs, butant contre le fond de sa bouche. En vain, elle eut un haut-le-coeur qui le fit soupirer. D'agacement. "Pas grave...Suce!"
Elle s'activa sur sa queue, alternant des mouvements rapides et d'autres, plus lascifs. Enroulant sa langue autour de lui. L'enserrant entre ses lèvres. Le mordillant légèrement. Il poussa un râle rauque et elle crut qu'il allait jouir, mais il la repoussa brusquement. Surprise, elle perdit l'équilibre et se rattrapa de ses mains, à quatre pattes. Alors qu'elle allait se redresser, les mains de James vinrent enserrer ses hanches, la maintenant dans cette position. Elle sentit son érection contre ses fesses et une onde de désir la traversa, humidifiant l'intérieur de ses cuisses.
Il fit courir un doigt le long de sa colonne vertébrale et elle frémit, laissant échapper un gémissement. A nouveau, elle tenta de se redresser, souhaitant avoir un peu plus de contrôle. Mais James bloqua son mouvement, en se penchant sur elle, imbriquant son corps au sien, pour lui murmurer à l'oreille:
"Tttt ttt...Al', laisse-toi faire! Je sais que tu adores quand je te prends comme ça..."
Elle gémit à nouveau, sentant sa verge gonfler un peu plus contre ses fesses tandis qu'il malaxait ses seins sans douceur. Il lui mordilla le lobe de l'oreille et elle haleta, consumée de désir. A cet instant, elle aurait été capable de le supplier. Vraiment.
"Et moi aussi, j'adore te baiser comme ça...", susurra-t-il avant de se redresser, empoignant ses fesses et la pénétrant brusquement. Elle poussa un cri sous la violence de l'intrusion, mais il n'y prêta guère attention, sortant d'elle complètement pour revenir plus profondément encore. Entièrement. Il poussa un râle rauque en s'immobilisant, fiché en elle.
"Bordel, t'es si bonne, Al' !", s'exclama-t-il avant d'entamer des mouvements de va-et-vient. Secs. Brutaux. Puissants. Pourtant, Alice ne tarda pas gémir puis crier de plaisir. De douleur aussi. Lorsque les mains de James serraient ses hanches fines un peu trop fort, ou qu'il entrait en elle un peu trop violemment.
Le sexe avec James était comme ça depuis la première fois. Brutal. Violent. Incroyablement bon. Mais bestial. Souvent douloureux, aussi. Pas de mots doux. Pas de tendresse. Aucun sentiments. Surtout aucun sentiments. Et c'était parfait ainsi.
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Elle accéléra sur la ligne droite à la sortie de la petite ville. Elle avait espéré y croiser des visages familiers en la traversant, mais Forks était déserte en ce dimanche matin pluvieux. La végétation se faisait de plus en plus dense sur les deux côtés de la route s'enfonçant dans la forêt, et Alice bifurqua bientôt à droite, sur un chemin de terre quasi invisible pour quelqu'un qui ne serait jamais venu ici. Elle ralentit en s'engageant sur l'allée boueuse, apercevant rapidement la façade immaculée de la maison de son enfance. Inchangée. Rassurante.
Elle se gara devant la porte à côté du gigantesque 4x4 d'Emmett, coupa le moteur et ouvrit la portière. Elle grimaça en avisant tour à tour le sol boueux et ses escarpins Jimmy Choo, lui ayant coûté une petite fortune. On était en mars, la pire saison pour venir à Forks. Finalement, elle soupira et s'extirpa précautionneusement de sa voiture, slalomant prudemment entre les flaques jusqu'au perron salvateur. Elle sonna et la porte s'ouvrit presque immédiatement, la faisant soupçonner sa mère de l'avoir guetté par la fenêtre de la cuisine.
Cette dernière l'attira immédiatement dans ses bras. Alice sourit doucement, inspirant l'odeur maternelle et les réminiscences toutes enfantines qui l'accompagnait. C'était bon de rentrer chez soi.
"Alice, mon coeur ! Tu es toute maigre, regarde-toi ! Et toute pâlotte !"
Elle leva les yeux au ciel en conservant son sourire, plus qu'habituée à ces remarques récurrentes.
"Aro te fait trop travailler !", continua Esmée, tandis qu'Alice faisait quelques pas dans le hall, se débarrassant de son manteau et son écharpe.
Sa mère s'en empara aussitôt et elle se dirigea droit vers le salon, suivant les éclats de voix masculines et familières qui lui parvenaient. Celle de son père. Basse et calme. Celle, enthousiaste, d'Emmett. Toujours trop forte. Et le doux ténor d'Edward. Elle souriait déjà, avant même de les rejoindre.
Lorsqu'elle apparut sur le seuil du salon, ils se turent, avant de sourire et qu'Emmett ne s'exclame puissamment:
"Voilà notre petit lutin ! Toujours en retard, comme à son habitude !"
Elle rit doucement.
"Les femmes sont toujours en retard, Em'. C'est pour mieux combler vos yeux avides. Lorsque tu auras enfin une copine stable, tu comprendras!
- Tu peux parler quant à la stabilité de mes relations amoureuses...", la railla-t-il, provoquant un ricanement de la part d'Edward.
Elle encaissa en souriant et saisit le verre de vin que son père lui tendait, déposant un baiser sur la joue de ce dernier avant de s'affaler sur le canapé, entre ses deux frères.
"Il semblerait en effet qu'il s'agisse là d'une tare familiale! s'exclama-t-elle. Tonton Freud aurait peut-être son mot à dire là-dessus...Qu'en dis-tu, papa ?"
Carlisle haussa un sourcil, mais Esmée répondit à sa place en pénétrant dans le salon avec un plat de petits fours délicieusement odorants. Et qui détournèrent définitivement l'attention d'Emmett.
"Freud ne trouverait certainement aucune raison parentale à tout ça !, trancha Esmée. Après tout, nous ne sommes aucunement responsables de vos mauvais caractères respectifs !"
Alice sourit tandis qu'elle trempait ses lèvres dans son verre. Comme toujours, sa mère avait le dernier mot. Elle se pencha pour attraper un petit four. Seulement un. Qu'elle laissa fondre dans sa bouche. Délicieux. Divin. Elle s'adossa sur le canapé, se serrant un peu plus contre Edward, qui baissa machinalement son épaule pour qu'elle puisse y appuyer sa tête.
"Tu joueras après, Edward ?", demanda-t-elle, pleine d'espoir.
Il eut ce sourire en coin adorable et ses yeux verts croisèrent les siens, leur exacte réplique.
"Bien sûr !", assura-t-il.
"Et nous regarderons le match après manger !", s'exclama Emmett, déjà surexcité à cette simple idée.
"Oh non, Emmett ! Pas de hockey !", s'écria-t-elle, écoeurée.
"Tttt tttt tttt, petite soeur ! C'est la finale régionale, aucune négociation possible !", annonça-t-il fermement. Et elle savait qu'il serait effectivement inflexible. Emmett était malléable sur beaucoup de sujets, à son plus grand bonheur de soeur cadette, mais pas sur le sport. Elle soupira, agacée. Avant de s'engoncer dans le canapé en gémissant, faussement désespérée.
"Non négociable, j'ai dis !", insista Emmett face à sa moue boudeuse.
Elle finit son verre et Esmée les fit passer à table dans un joyeux brouhaha. Emmett parla de son club de sport, puis du petit garage qu'il venait récemment d'ouvrir. Carlisle leur parla de l'hôpital, et Esmée de la dernière commande dont elle était chargée, destinée à une certaine Oprah Winsfrey. Elle jubilait. Puis Edward parla vaguement de ses cours à Juillard. Et Alice dut lui tirer les vers du nez pour qu'il accepte de lâcher trois mots sur une certaine fille. Toujours la même depuis des mois, en fait. Isabella. Au train où allait les choses entre eux, il se passerait encore deux ans avant qu'ils n'osent s'adresser la parole. Alice leva les yeux au ciel, à la fois surexcitée et agacée.
"Et toi Lily ?", s'enquit Carlisle, délivrant son fils de l'interrogatoire en règle dont il faisait l'objet.
Alice surprit le regard reconnaissant d'Edward vers son père et se promit de ne pas le laisser s'en tirer à si bon compte.
"Les championnats régionaux sont dans deux semaines ! On s'entraîne plus dur que jamais! Vous viendrez, n'est-ce pas ?"
Question stupide. Bien sûr qu'ils viendraient. Tous. Ils l'avaient toujours . Ils étaient sa famille. Son clan. Son refuge. Ses premiers supporters. Ils venaient toujours.
Ses petits repas de famille avaient lieu chaque dimanche et Alice n'en aurait raté un pour rien au monde. Ils clôturaient en beauté ses semaines rudes et fatigantes, inlassablement. Rassurants par leur répétition. Lorsque le repas serait terminé, les garçons iraient s'installer au salon, devant le match, se lançant dans les paris les plus fous, et leurs éclats de voix surexcités encourageant telle ou telle équipe, ou s'extasiant sur telle ou telle action retentiraient dans la maison chaleureuse. Sa mère et elle débarrasseraient rapidement la table, prendraient un thé à la menthe en papotant de tout et de rien, avant de les rejoindre à la mi-temps, un peu plus indifférentes qu'eux quand au résultat du match en cours.
Puis, Edward jouerait un ou deux morceaux au piano. Enchanteurs. Les emportant par la magie de son talent inné. Emmett proposerait une partie de poker, qu'ils disputeraient avec passion. Et puis, Carlisle raccompagnerait Edward à l'aéroport. Lorsqu'il reviendrait, Emmett et elle prendraient congé en même temps.
Les dimanches se suivaient et se ressemblaient, mais Alice n'y aurait absolument rien changé, même si elle en avait eu la possibilité. Parce qu'elle adorait ça. Elle adorait ces moments. Précieux. Habituels mais uniques. Elle adorait les exclamations râleuses d'Emmett lorsque son équipe favorite perdait le match. Sa moue boudeuse sous les railleries d'Edward. Les rires de son père face à leurs chamailleries incessantes. Bienveillants. Les mouvements des doigts d'Edward sur les touches du clavier. Fluides. Coordonnés. Apaisants. Le sourire d'Esmée lorsqu'elle lui montrait les croquis qu'elle avait eu le temps d'esquisser dans la semaine. Fier. Appréciateur.
Et puis une nouvelle semaine commencerait. La glace. Les sauts. Les pirouettes. La danse. Les repas avec James. La glace. Les séances de musculation. Les réprimandes sévères d'Aro. Les soirées avec James. Les réprobations de la voisine. La glace.
Sa vie était une mécanique bien huilée. Parfaitement coordonnée. Impeccablement planifiée. Centrée autour d'une seule chose, du plus loin qu'elle se souvienne : le patinage.
Et elle était parfaite ainsi.
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Alice revint à la patinoire un peu plus tôt que d'habitude. Elle n'avait pas mangé avec James, ce dernier prétextant un rendez-vous a la banque. Elle haussa les épaules en poussant la porte des vestiaires. Après tout, c'était peut-être vrai, cette histoire de rendez-vous. Aro n'avait d'ailleurs même pas tiqué lorsque James lui avait annoncé qu'il aurait peut être un peu de retard pour la reprise de l'entrainement. Étonnant.
Alice se débarrassa de son manteau et de ses chaussures et saisit ses patins, se dirigeant vers la patinoire. Elle s'assit sur le petit banc et commença à nouer ces derniers. Soudain, un bruit caractéristique lui fit relever la tête. Étonnée. Quelqu'un était en train de patiner. James était-il rentré plus tôt, finalement? Elle fronça les sourcils en se redressant légèrement sur le banc. Ce n'était pas James. Pas plus qu'un des hockeyeurs avec qui ils partageaient la patinoire.
Un instant, elle eut le souffle coupé face à la beauté de la femme qui patinait sur la glace rayée. Grande. Élancée. Des formes finement musclées. Des jambes interminables. Elle semblait indestructible. Sa peau laiteuse faisait ressortir des boucles flamboyantes, sauvages, lâchées sur ses épaules, virevoltant, indomptables, autour de son visage parfait.
Elle patinait bien. Très bien, même. Pourtant, Alice eut beau fouiller dans sa mémoire, elle était sûre de ne jamais l'avoir croisé. Ni ici, ni lors de compétitions officielles, ni lors de galas. Elle finit de lacer ses patins, s'arrachant à la contemplation de l'inconnue. Puis, elle se remit debout et s'avança vers la glace. L'inconnue devait l'avoir vu à son tour car elle-même se dirigea vers la rambarde. Elles s'y trouvèrent face à face au même moment. Immédiatement, son regard d'acier déplut à Alice. La façon dont elle la scrutait lui fit froid dans le dos. Ses yeux avaient un éclat métallique possédant quelque chose d'indéfinissable. De dangereux.
"Bonjour !", lança-t-elle.
Sa voix était rocailleuse. Un brin moqueuse. Elle la dominait d'une bonne tête et Alice dût lever la tête pour soutenir son regard.
"Bonjour !, répondit-elle. C'est la première fois que l'on se voit... Vous venez souvent patiner ici ?", s'enquit-elle.
Les lèvres charnues de la femme s'étirèrent en un sourire.
"Non. C'est la première fois que je mets les pieds à Seattle. Mais j'avoue que ça me plaît bien...je n'étais normalement que de passage...mais je vais peut-être rester plus longtemps que prévu...", susurra-t-elle.
Alice ne comprit pas pourquoi son ton semblait receler une menace. Elle cligna des yeux, gênée par le regard intense braqué sur elle.
"Eh bien...bienvenue à Seattle! Et peut-être à bientôt, alors !", répondit-elle poliment.
Le sourire de la femme s'élargit tandis que ses patins quittaient la glace, et qu'Alice s'y élançait.
"Oui...Peut-être à bientôt !", l'entendit-elle murmurer dans son dos.
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Le grondement des spectateurs, amassés dans les hautes tribunes. Le bruit caractéristique de l'acier fendant la glace. Le scintillement de celle-ci, plus irisée que jamais.
Alice s'efforçait de maintenir une bulle de calme autour d'elle, tandis que la tension dans les vestiaires était presque palpable. Elle détaillait chaque couple de participants autour d'elle. Evaluant leur potentiel et les risques qu'ils soient de réels concurrents. Elle pinça les lèvres, lissa du bout des doigts sa robe argentée, et porta une main à ses cheveux, relevés en un chignon complexe. Elle surprit le regard d'une de ses concurrentes sur elle. Moqueur. Et elle s'agaça. Elle était nerveuse, et ça se voyait. Trop.
James la rejoignit, souriant. Sûr de lui. Plus qu'elle. Rassurant. Elle s'agrippa à son bras, essayant de capter un peu de sa chaleur. En vain. Elle ferma les paupières et se remémora mentalement leur chorégraphie. Puis, elle sourit à son tour, satisfaite. Ils gagneraient. Ils gagnaient toujours.
Elle promena ses yeux sur la pancarte affichant en caractères immenses et rouge vif : « 35ème Championnats Régionaux de Patinage Artistique ». Et elle sourit à nouveau. Ce titre, ils l'avaient déjà gagné les deux années précédentes. Et elle l'avait déjà remporté aux côtés de Jeremy, et d'Alec auparavant. Mais cette année…Cette année, c'était différent. Parce que cette année, il y avait les Jeux Olympiques. Son cœur se mit instantanément à battre plus fort à cette simple évocation. Son but. Le but de toute sa vie. Les Jeux Olympiques.
James poussa doucement son bras, la tirant de ses réflexions. Ce serait bientôt à eux. Elle inspira profondément, soudain oppressée, mais le suivit. Sur le bord de la patinoire, Aro leur fit ses dernières recommandations, tandis que derrière eux résonnait un tonnerre d'applaudissements, saluant la prestation du couple précédent. Alice sentit ses mains devenir moites. James, habitué à ses états de stress accompagnant chacune de leurs représentations, l'entraîna à sa suite sur la glace.
Alice glissa doucement, gagnant le centre de la patinoire tout en parcourant les tribunes des yeux. Elle croisa le regard azuréen de son père, si calme. Celui de sa mère, confiant. Celui d'Edward, encourageant. Et celui d'Emmett, rieur, qui gesticulait exagérément dans sa direction. Elle lui fit malgré tout un petit signe de la main, et un immense sourire s'étala sur le visage de son frère. Alice soupira, apaisée. Sa famille était là, comme toujours. Tout irait bien.
Elle prit position aux côtés de James. Puis, la musique retentit, les lançant sur la glace. Et elle ne pensa à plus rien d'autre. Ni aux autres participants. Ni aux Jeux Olympiques. Ni au regard perçant d'Aro sur elle. Elle ne pensa à plus rien d'autre. Que la musique. La danse. Et la glace.
Elle plaqua un sourire charmeur sur son visage lorsqu'ils passèrent devant le jury, prenant de la vitesse sur la glace lisse. James la souleva dans ses bras solides et elle étendit les bras, prête à s'envoler plus haut que jamais. Il la balança dans les airs et elle retint sa respiration, contractant tous ses muscles. Et puis, elle redescendit vers le sol. Et James ne tendit pas les bras. Et ne la rattrapa pas.
Le choc fut violent, lui coupant le souffle. Elle ne ressentit rien immédiatement. Ensuite, elle entendit la musique dérailler puis s'arrêter. Un murmure parcourir le public. Un cri, sans doute celui de sa mère.
Elle tenta d'ouvrir les yeux mais n'y arriva pas. Ses oreilles se mirent à bourdonner désagréablement et elle fut prise de vertiges.
Elle sentit alors la glace sous elle, et elle frissonna, soudain transie de froid. Elle tenta de bouger. Vainement.
Et enfin vint la douleur. Intense. Violente. Lui arrachant une longue plainte aiguë. Déchirante.
Ses jambes, ses hanches, son dos, ses bras, même sa tête. Pas une seule partie de son corps n'était épargnée par la vague douloureuse. Et quand cela devint trop insupportable, elle sombra.
Et ce fut le noir. Le noir absolu.
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Voilà donc pour ce premier chapitre un peu remanié, et rallongé. J'espère que ce premier chapitre vous a plu...
Vos avis et impressions sont les bienvenus, bons ou mauvais...
Biz & à bientôt.
Temperance.
