Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Tadatoshi Fujimaki. L'auteur ne retire aucun profit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.
Note de l'auteur : C'est ma première incursion dans ce fandom. je ne connais que l'animé et j'ai voulu montrer deux des personnages sous un angle nouveau, en dehors des terrains de basket bien que ce ne soit pas un UA.
Le dernier match contre Yosen qui voit la victoire de Seirin ne nous dit pas encore qui sera le vainqueur de la Winter Cup. Pourtant, mon histoire se situe après la fin de cette compétition à laquelle je ne fais absolument pas allusion puisque j'en ignore tout du terme. Il y a également quelques spéculations de ma part notées en fin de chapitres parce que je n'ai trouvé aucune précision sur le sujet.
Malgré toute l'attention portée à la correction, il doit certainement trainer encore quelques fautes. Soyez indulgents. Merci
J'espère que cela vous plaira malgré tout et n'hésitez à me le dire. Bonne Lecture.
Une question de motivation
Jeudi. Plus qu'un jour et ce serait le week-end. Mais y avait-il réellement des week-ends pour les joueurs de Seirin ? Non, parce qu'ils s'entrainaient. Riko leur laissait juste le temps de réviser leurs cours et après ils étaient sur le parquet du gymnase à répéter inlassablement les bases et les nouveaux schémas d'attaque et de défense en fonction de l'adversaire du prochain match.
Ils s'étaient qualifiés pour la Winter Cup et avaient gagné contre Aomine et Murasakibara. Contre l'équipe de Midorima, ils avaient réussi un match nul. Qui serait leur prochain adversaire ? Kaijo ? Rakuzan ? Toutes ces questions tournaient dans la tête de Kagami. La Génération des Miracles… Son but… Les battre… Les battre tous ! Ses capacités naturelles et les progrès qu'il avait faits le plaçaient sur leurs talons. Et ils l'avaient bien sentie cette impression qu'un étranger pénétrait sur leur domaine…
Il s'arrêta sur le terrain non loin de chez lui et sortit un ballon de son sac. Il joua. Seul. Imaginant des adversaires face à lui. Ils avaient le visage de ceux qu'il avait battus. Comme s'il refaisait le match pour les battre encore. Et encore. Et encore ! Une véritable obsession.
- Avec quelqu'un en face c'est plus amusant, non ?
Cette voix moqueuse…
- Qu'est-ce que tu fous là, Aomine ?
- Un contre un et je te réponds si tu me bats, le provoqua l'as de Touou.(1)
- Je t'ai déjà battu, t'as oublié ?
- Parce que tu crois pouvoir le refaire ? Rêve pas ! Alors ?
- J'ai pas besoin de…
Mais Kagami n'eut pas le temps de finir sa phrase. Aomine avait bondi, pris le ballon et dunké. En à peine le temps d'une respiration.
- Si tu veux ta balle, faudra venir la chercher !
- Pourquoi tu fais ça ? demanda Taiga qui n'avait pas envie de ce petit affrontement.
- Parce que j'ai encore ma défaite en travers de la gorge figure-toi, et le fait que tu sois parvenu à entrer dans la zone, ça me rend dingue ! T'es pas comme nous ! T'en es encore très loin ! gronda Aomine qui ne souriait plus.
- Les résultats de Seirin parlent d'eux-mêmes. Pourquoi tu t'obstines à le nier ?
- Parce que le seul à pouvoir me battre… c'est moi !
Encore une fois, Aomine passa Kagami, qui ne l'en empêcha pas vraiment, et marqua. Il avait de nouveau sur le visage, cette expression triomphante qu'il arborait dans tous ces matchs. Cette expression qui disait : "peu importe vos efforts, vous allez perdre !" Et ça, l'as de Seirin l'avait en horreur. Il bougea si vite qu'Aomine put à peine le suivre. Il sauta pour l'empêcher de marquer mais Kagami se permit un double-clutch qui laissa son adversaire pétrifié. Les deux joueurs se défièrent du regard et Taiga fit tourner la balle sur son doigt.
- J'ai récupéré mon bien et j'ai marqué. Tu ne m'impressionnes plus, Aomine.
- Je ne t'ai pas encore montré tout ce dont je suis capable, se vanta Daiki avec un regard sauvage.
- Une autre fois peut-être, je dois rentrer. J'ai un devoir en science demain.
- Il est déjà si tard ? Et merde !
- A un d'ces jours…
- Euh… Attends…
- Quoi encore ?
- T'es bon en anglais, non ?
- Hein ?
- Ben oui, t'as vécu aux Etats Unis pendant plusieurs années, t'es bilingue.
- Euh… oui… Pourquoi ?
- Ben… Je me demandais si…, hésita Daiki.
- Quoi donc ? Bouge-toi ! J'ai pas que ça à faire. Tu veux quoi ?
- Ok ! Ça m'arrache la bouche de te demander ça mais, tu pourrais m'aider à réviser ce week-end ? J'ai un contrôle lundi.
- Quoi ? Tu me demandes de…
- Ben ouais… tout le reste ça va, mais l'anglais c'est ma bête noire. Je peux te payer les cours que tu me donneras. Si tu me les donnes…
Kagami n'en revenait pas. Celui qu'il considérait comme son seul rival sur le terrain, un gars qu'il ne supportait ni en peinture, ni en nature, lui demandait de l'aider en anglais. Si un jour quelqu'un lui avait dit ça, il aurait éclaté de rire à s'en fêler les côtes. Ou à s'étouffer.
- Donne-moi ton numéro de téléphone pour que je t'envoie mon adresse.
- Tu peux venir chez moi, si tu veux.
- Y a ta famille ?
- Ben oui.(2)
- Chez moi y a personne. On sera au calme.
- Ok. Tiens.
Kagami envoya son adresse par sms, mit son ballon dans son sac et tourna les talons pour partir.
- Samedi matin, dix heures, lança-t-il par-dessus son épaule. Et sois pas en retard. J'ai entrainement après.
Aomine regarda le basketteur s'éloigner. Il s'en voulait de lui avoir demandé ça mais il savait que Kagami était le seul qui pouvait réellement l'aider. Il avait aussi pensé à Himuro, mais il ne le connaissait pas. Par contre il était certain qu'il l'aurait étripé au bout de trois minutes. Il ne supportait pas ce type qui s'était cru plus fort que Kagami. Il était à des années-lumière de lui arriver à la cheville. Et même, d'après ses propres critères, Tatsuya avait atteint ses limites. Il prit son sac et rentra chez lui.
Kagami n'en revenait toujours pas. Aomine lui avait demandé de l'aider en anglais. Et lui ? Pourquoi avait-il accepté ? Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Il rentra chez lui et constata avec plaisir que la femme de ménage était passée. Il alla directement dans sa chambre pour poser son sac et se déshabiller. Pour l'instant tout ce qu'il voulait c'était prendre une douche. L'eau chaude délassa son corps et éclaircit son esprit. Il prit deux bananes dans le frigo et une brique de jus de fruit qu'il posa sur la table et alla chercher ses affaires pour commencer à réviser son cours de sciences. Le système digestif. Passionnant. Comme à son habitude, il relut une dizaine fois la leçon, la recopia de tête à plusieurs reprises et se fit une petite liste des choses principales à retenir qu'il consulterait une dernière fois juste avant le cours. Il avait pris son temps, il n'était pas même pas vingt-trois heures. Il se demanda si Aomine était encore réveillé. Il pourrait lui envoyer un sms. Mais bon sang ! Pourquoi il ferait ça, hein ? Pourquoi ? Depuis que ce dernier lui avait demandé ça, il n'arrêtait pas d'y songer. Comment allait-il s'y prendre ? Il n'avait jamais joué les profs. Que ferait un professeur avant de commencer ? Mais bien sûr. C'était comme lorsqu'on intégrait une nouvelle équipe. On était évalué, testé pour que l'entraineur connaisse vos capacités. Voilà ce qu'il devait faire. Evaluer le niveau d'Aomine en anglais. Maintenant qu'il avait un point de départ, il alluma la télévision et calla la chaine qui retransmettait les matchs de la NBA.
Le vendredi passa vite. Kagami s'en était bien sorti en science et il se rendait au gymnase. Il croisa Kuroko et lui parla d'Aomine.
- Tu dis rien ?
- Je suis surpris que tu aies accepté. Tu ne l'aimes pas, répondit calmement l'ombre de Seirin.
- Je sais. Même moi je ne comprends pas. Mais bon, j'ai dit oui et il va même me payer pour ça.
- Alors tu as bien fait. Crois-moi, ça a dû lui couter de faire ça.
- Je m'en doute. Tu connais un peu son niveau en anglais ?
- Moyen pour autant que je m'en souvienne. Si tu veux vraiment l'aider, il faut que tu trouves quelque chose pour le motiver. Le fait qu'il puisse rater ses examens n'est pas suffisant. Aomine est comme toi. Si ça ne le motive pas, il ne s'investit pas.
- Hein ? Comment ça je ne m'investis pas ? s'énerva Taiga
- Toi tu veux battre la Génération des Miracles, c'est pour ça que tu t'entraines autant, que tu es même retourné aux Etats Unis pour aller voir ton ancien entraineur. C'est ton moteur, ce qui te fait avancer. Pour Aomine il faudra que tu trouves ce qui le fera s'investir sérieusement en anglais. Sinon, il va te faire une vie impossible. Et tu sais à quel point il est doué pour ça aussi.
Ils arrivèrent au vestiaire et s'habillèrent pour l'entrainement. Tout en étant concentré sur ses exercices et les stratégies, Kagami réfléchissait. Quelque chose qui motiverait Aomine pour faire des efforts en anglais. Et soudain la solution lui apparut. C'était tellement évident. Enfin à ses yeux, mais serait-ce suffisant pour le démon de Touou comme il l'avait surnommé ?
Kagami avait mis son réveil à neuf heures. Persuadé qu'Aomine serait en retard, il s'était dit qu'il aurait le temps de prendre un bon petit-déjeuner, une douche tout en réfléchissant à la meilleure manière de tester le niveau de son "élève". Il se prépara des pancakes avec de la confiture de framboise et un chocolat chaud qu'il termina tranquillement sur le balcon. La journée s'annonçait belle même s'il faisait encore un peu frais. Il fit la petite vaisselle et s'en alla faire sa toilette. L'eau chaude acheva de le réveiller et malgré ce qui l'attendait dans les prochaines heures, il n'était pas inquiet. Si Aomine la ramenait un peu trop, il pourrait toujours le mettre dehors et il se trouverait un autre prof. Une serviette autour des hanches, il se brossa les dents et tenta de discipliner ses cheveux. Il s'aspergea d'eau de toilette, mit du déodorant, bref des gestes qu'il faisait sans même y penser. Alors qu'il se rinçait la bouche, la sonnette retentit. Il regarda l'horloge dans le hall. Neuf heures cinquante-cinq. Ainsi donc Aomine connaissait la signification du mot ponctualité malgré sa détestable habitude d'arriver en retard à la plupart de ses matchs.
- Oui ? fit-il dans l'interphone.
- C'est moi.
L'as de Seirin appuya sur l'ouverture de la porte de l'immeuble et entrebâilla la porte.
- T'es là ? fit Aomine en risquant un œil à l'intérieur.
- Rentre, cria Taiga depuis la salle de bain. Le salon, c'est tout droit. Installe-toi, j'arrive.
Aomine n'était pas dénué de politesse quand il le fallait. Aussi, fit-il exactement ce qu'on lui avait dit sauf qu'il passa devant la salle de bain. Il ne put que voir Kagami finir de se préparer encore torse nu. Il lui fallut tout juste une seconde pour remarquer le physique athlétique de son rival. Il n'avait rien à lui envier. Un étrange frisson le parcourut.
- Va t'installer, j'arrive le temps de m'habiller.
- Ok.
Daiki s'assit sur le canapé non sans avoir regardé les lieux. Spartiate. Le strict minimum. Et beaucoup de place. Cuisine à l'américaine, et trois autres portes. Probablement deux chambres et les toilettes.
- Voilà. Tu veux boire quelque chose ? demanda Kagami en se dirigeant vers le frigo.
- Euh… Un jus de fruit ou même de l'eau. Merci.
- Je vais commencer par tester ton niveau si je veux savoir comment m'y prendre. Mais d'abord, dis-moi plutôt ce que tu as du mal à comprendre. Tiens, un jus d'ananas, c'est bon ?
- Parfait. En fait je crois que j'ai accumulé des lacunes au fil des années. J'ai toujours réussi à me maintenir à peine au-dessus de la moyenne, mais là les examens arrivent et je crois que cette fois, je vais vraiment avoir du mal.
- Je vois… On a trois heures devant nous. Je ne vais te parler qu'en anglais et tu me répondras de la même façon. Si tu fais des erreurs, je te les expliquerai.
- Euh… d'accord…
Pendant presque deux heures, la langue de Shakespeare retentit dans l'appartement et effectivement, Aomine avait pas mal de difficultés. Mais contre toute attente, Kagami se montra patient et fit preuve de qualités pédagogiques qu'il ne soupçonnait pas lui-même. Finalement, ça ne lui déplaisait pas tant que ça si ce n'était qu'il ne supportait pas Aomine. Pourtant celui-ci se montra très différent du joueur de basket que Taiga connaissait. Il était concentré, posait des questions pour bien comprendre ses erreurs et assimiler les explications sans montrer une seule fois ce côté arrogant et détestable de sa personnalité. Kagami avait l'impression d'avoir un inconnu devant lui. De toute évidence, Daiki voulait progresser et avoir une bonne note à son devoir. Il était intelligent. Ce n'était pas seulement un sportif exceptionnel qui croit son avenir tout tracé grâce à ses dons au basket. Il semblait avoir conscience que ce n'était peut-être pas une carrière si facile même pour lui. Il préférait donc s'assurer d'avoir plusieurs cordes à son arc. Vers midi et demi, Kagami leur prépara un déjeuner rapide.
- J'ai pas pensé à prendre des bento en venant, fit Aomine en dégustant les nouilles sautées au poulet et petits légumes.
- C'est rien, j'ai l'habitude de cuisiner.
- Tu vis tout seul ici ? Tes parents ne sont pas là.
- Mon père devait rester, mais il a dû remplacer un directeur hospitalisé dans une des succursales de sa boite en Amérique. Il est parti peu après la rentrée de septembre.
- Et ta mère ?
- Elle est décédée à ma naissance.
- Excuse-moi, je…
- C'est rien, tu savais pas. Je n'ai aucun souvenir d'elle. Mon père m'en parle souvent et on a beaucoup de photos mais… ça ne la remplacera jamais. Mais c'est mieux que rien du tout. Et toi ? Ta famille ?
- Mon père, ma mère, ma petite sœur en deuxième année au collège et mon petit frère en primaire. (3)
- Finalement on a bien fait de faire ça chez moi, conclut Kagami en esquissant un léger sourire.
- A quelle heure tu as ton entrainement ?
- What ? Sorry, I don't understand japanese.
- Ok… on y retourne… soupira Daiki avec un petit sourire.
- Do you want a coffee ?
- Yes, thank you.
Taiga sourit à son tour. Jusqu'à quatorze heures trente, la leçon se déroula bien. Puis Kagami dut aller au gymnase.
- Alors, tu en penses quoi ? lui demanda Aomine sur le point de partir.
- On va dire que tu n'as pas fait de progrès flagrants, mais tu sembles avoir compris tes erreurs. Et c'est déjà très bien en si peu de temps. Demain on passera à des choses plus compliquées. Inutile de prendre ton livre, on a le même.
- D'accord. Combien je te dois ?
- On en reparlera.
- Comme tu veux. Demain, même heure ?
- Même heure.
L'entrainement de Seirin se déroula parfaitement bien. Riko leur cria dessus comme d'habitude, ils écoutèrent ses conseils et ses recommandations comme d'habitude et elle les lâcha avec une demi-heure de retard comme d'habitude. En bref, un samedi après-midi habituel. Et le même rituel recommença pour Kagami. Maison, repas et une folle envie de jouer. Il prit son ballon et se rendit sur le terrain non loin de chez lui. Il joua tant qu'il en eut la force et ce n'est que vers minuit qu'il rentra enfin. Il prit une douche rapide et s'écroula nu sur son lit jusqu'au lendemain matin neuf heures quand son réveil le sortit de son rêve et qu'il faillit faire un vol plané jusqu'au mur opposé. Il traina un peu au lit, du moins le crut-il lorsqu'il fut à nouveau réveillé par une sonnerie. Celle de l'interphone.
- Et merde…, grommela-t-il en se levant rapidement. Oui ?
- Salut, c'est moi.
- Monte.
Comme la veille, il entrebâilla la porte et alla enfiler un caleçon et un t-shirt. Moins gêné que la première fois, Aomine alla directement au salon tandis que Kagami se préparait des céréales avec un jus de fruit.
- Je t'ai réveillé ?
- Oui et non. J'ai mis mon réveil mais je me suis assoupi jusqu'à ce que tu sonnes.
- Mal dormi ?
- Couché tard et fatigué, répondait mécaniquement l'as de Seirin.
- T'as regardé un porno sur la chaine cryptée ? le chambra Daiki sur un ton provocant.
- Même pas. J'ai été joué sur le terrain à côté.
- Comment on s'y prend aujourd'hui ?
- Déjà on va voir s'y t'as retenu ce qu'on a fait hier.
Et de nouveau les deux adolescents se mirent à parler en anglais. A l'heure du déjeuner, ils mangèrent les bentos apportés par Aomine qui avait bien remarqué que son compagnon avait haussé le niveau de la conversation. Il avait plus de mal à suivre que la veille et ça commençait à l'énerver. Ce qui n'échappa pas à Taiga, lui remettant en mémoire son idée pour motiver l'as de Touou.
- Tu veux qu'on fasse une pause ? lui proposa-t-il. On peut aller jouer sur le terrain pas très loin.
- Tu dois être maso, rétorqua Aomine.
- Pourquoi ?
- Tu veux perdre, affirma catégoriquement Daiki
- T'as oublié ? le nargua Kagami. Tu ne m'impressionnes plus. On y va ?
Une fois sur terrain, ils s'échauffèrent tranquillement sans trop forcer mais bien vite, ils s'emballèrent et se mirent à jouer à fond. Tellement qu'ils ne virent pas un groupe de jeunes qui les regardaient d'un mauvais œil. Finalement Kagami entendit qu'on les appelait.
- Vous avez assez joué, non ? C'est à notre tour d'utiliser le terrain.
- Et si on jouait cette utilisation en faisant un match, déclara Aomine, le regard sauvage. Vous six contre nous deux !
- Vous jouez bien mais faut pas vous surestimer les mecs. On est bon nous aussi.
- Eh, si on joue ensemble, faudra qu'on se fasse des passes et c'est pas ton truc, observa Taiga.
- J'peux me les faire tout seul si t'as peur, le provoqua Daiki.
- Pfff… joue pas perso, ok ?
- Ok. Alors ? Faites voir comme vous êtes bons ?
- A vous de commencer puisque vous n'êtes que deux, fit l'un des gars, grand seigneur.
Grosse erreur. Aomine partit comme une fusée et Kagami lui fit une passe qui traversa tout le terrain. Trois secondes de jeu, deux points. Ce fut un véritable festival. Les six joueurs ne touchaient le ballon que lors de la remise en jeu sous le panneau après que les deux as leur plantaient dunk sur dunk. Ils étaient impossibles à suivre. Trop rapides, trop précis, trop feinteurs, trop imprévisibles, trop tout. Après une vingtaine de minutes, les six gars, humiliés dans les grandes largeurs, capitulèrent et quittèrent le terrain à la recherche d'un autre, plus paisible.
En sueur, les deux as s'assirent à même le sol. Ils étaient quand même bien fatigués.
- Je suis surpris de voir que tu es capable de jouer en équipe, observa Kagami en s'essuyant le visage avec sa serviette.
- Je sais que j'ai un style bien particulier, mais je connais quand même les bases. Contre six, j'aurais quand même eu du mal et comme je déteste perdre autant que toi, j'ai préféré jouer en équipe. C'est un choix stratégique pour gagner à coup sûr !
- Donc tu me considères comme un bon joueur, digne d'être ton coéquipier, le nargua Kagami.
- T'emballe pas… On reste ennemis.
- Je crois que le terme est un peu fort. Disons… rivaux ?
- Si tu veux. Pour moi c'est pareil, gronda Daiki d'une voix où ressortait son arrogance habituelle.
- Je voulais te demander quelque chose depuis un moment, reprit Taiga.
- Hmm… ?
- Pourquoi as-tu accepté d'aider Kuroko à améliorer ses shoots ?
- Il est venu me le demander… Et faut dire qu'il est vraiment nul à ce niveau. Je sais pas… Peut-être parce que j'ai perdu contre lui, contre toi, j'ai eu envie que la prochaine fois qu'on jouerait soit encore plus dure… et plus amusante…
- T'es un peu maso toi aussi, observa Kagami.
- Quoi ? Plus l'adversaire est fort, plus c'est génial de jouer, non ?
- Mouais… C'est vrai… On rentre ? Faut continuer ton cours d'anglais.
C'est à contre cœur qu'Aomine suivit Kagami.
Arrivés chez Taiga, ils se désaltérèrent abondement et s'assirent un moment sur les tabourets du comptoir de la cuisine tout en parlant de ce simulacre de match… en anglais. Voyant qu'Aomine recommençait à s'énerver, Kagami songea qu'il était temps de revenir à un niveau plus abordable pour lui. Le japonais.
- Va prendre une douche, je vais te prêter des fringues, lui dit-il.
- J'veux bien.
- Les serviettes sont dans le placard.
Il alla dans sa chambre où il prit un caleçon, une paire de chaussettes, un t-shirt et un bas de survêtement tandis qu'Aomine entrait dans la salle de bain. Et ce fut la scène inverse qui se produisit. Cette fois, Kagami vit son compagnon en boxer et tout comme lui, il ne lui fallut qu'une seconde pour analyser le basketteur. Et le même genre de trouble fugace le traversa.
Une fois douchés, les deux garçons reprirent la leçon en anglais mais Aomine semblait se déconcentrer de plus en plus pour une raison que Kagami n'arrivait pas à déterminer. La fin d'après-midi fut plutôt chaotique entre les deux joueurs qui commencèrent à s'envoyer des vannes. Vers dix-sept heures, Taiga jeta l'éponge.
- Bon, ça suffit ! s'écria-t-il. C'est toi qui as un exam demain ! Tu m'as demandé de t'aider et je l'ai fait. Maintenant si tu veux te planter, ça te regarde. Mais si tu le rates, ne compte plus sur moi !
- Tu baisses vite les bras, dis donc ! s'énerva Daiki à son tour. Je croyais que ça t'amusait que j'ai besoin de toi ?
- J'ai jamais dit ça. Mais j'avais pensé à un truc qui te motiverait toi.
- Et c'est quoi ?
- T'as un passeport en cours de validité ?
- Oui, pourquoi ? demanda Aomine qui ne comprenait pas du tout où Kagami voulait en venir.
- Si tu réussis ton devoir de demain et tes examens de fin d'année, on part aux Etats Unis pendant les vacances. Avant la rentrée. Une dizaine de jours. Là-bas tu rencontreras des gars contre qui tu pourras te défoncer comme jamais ça t'est arrivé. Alex nous hébergera. Ça te tente ? Si tes parents sont d'accord bien sûr.
Aomine était sidéré. Muet. Il avait la bouche entrouverte et les yeux écarquillés. Avait-il bien entendu ?
- T'es sérieux ? parvint-il finalement à bredouiller.
- Tu crois que je te mettrais l'eau à la bouche comme ça pour après te dire que c'est une blague ? Bien sûr que je suis sérieux. Et en plus tu pratiqueras ton anglais. D'une pierre deux coups. Alors ? Motivé pour tes examens ?
- Tu parles que je suis motivé ! s'exclama Daiki en posant ses mains sur les épaules de Kagami. Mes parents seront d'accord.
- Très bien. Alors défonce-toi demain.
- Ouais… Pour tes fringues…
- La prochaine fois qu'on se voit. Envoie-moi un sms dès que t'auras ta note. Eh ! Aomine, l'appela-t-il alors que celui-ci s'était déjà engagé dans l'ascenseur duquel il retint la porte. Si on va en Amérique, tu verras que tu n'es pas le seul à pouvoir te battre.
L'as de Touou allait répliquer brutalement mais la porte se referma. Kagami sourit et rentra chez lui. Il n'était pas mécontent de son petit stratagème. Il se vautra dans le canapé et prit sa console pour jouer à un jeu de… basket ! Mais bien vite, il laissa tomber. Il pensait à tout autre chose. Il se surprit à penser qu'Aomine était plus sympa qu'il ne le laissait paraitre. C'est vrai que dès qu'il se braquait sur un truc, le côté exécrable de sa personnalité ressortait et c'était insupportable. Il faut dire que lui aussi démarrait au quart de tour quand on lui faisait remarquer ses défauts. Qui étaient bien réels et c'est ce qui avait le don de le mettre en rogne. Kuroko était le plus doué pour ça. Combien de fois s'étaient-ils engueulés à cause de ça ? Mais l'ombre restait imperturbable face à ses colères. Qui retombaient bien vite, d'ailleurs.
Il alla dans sa chambre et posa son ordinateur portable sur son lit pour écrire un mail à son père quand son téléphone vibra. Un sms d'Aomine…
Aomine avait choisi de rentrer à pieds. Il avait besoin de réfléchir à ce que lui avait dit Kagami. Dix jours aux Etats-Unis. Pourquoi lui avait-il fait une telle offre ? Quel était son intérêt dans tout ça ? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'il passe ou pas en deuxième année ? Il avait beau retourner tout ça dans tête, il n'y trouvait aucune logique. Mais s'il voulait être honnête avec lui-même, c'était une occasion qu'il aurait tort de laisser passer. Qui sait si elle se représenterait un jour ? Puis il commença à comprendre. Kagami ne voulait pas avoir accepté de l'aider pour rien. Sa fierté en tant que "prof" en prendrait un coup. Finalement, ils se ressemblaient beaucoup par certains côtés. Alors il lui avait fait une offre irrésistible assortie d'une terrible condition. Aomine comprit qu'il était acculé. Il crevait d'envie d'aller en Amérique et donc, il était condamné à réussir ses examens. C'était finement joué de la part de l'as de Seirin. Mais il aurait tout aussi bien pu ne rien lui dire et, éventuellement faire cette proposition à un autre. Kuroko par exemple. Non. Le street basket n'était pas pour son ancienne ombre. Parce que c'était bien de ça ce genre de basket qu'il s'agissait. C'était un jeu agressif, rapide, extrêmement physique fait pour des joueurs comme Kagami, lui-même ou éventuellement Kise. Même Midorima aurait beaucoup de mal à tenir.
- Daiki !
Il se retourna et vit arriver Satsuki en courant. Il soupira.
- Où étais-tu ce week-end. Tu n'as même pas répondu au téléphone ! se plaignit-elle en s'accrochant à son bras.
- J'étais occupé, marmonna-t-il en reprenant sa route.
- Où vas-tu ?
- Je rentre chez moi. J'ai un devoir d'anglais demain.
- Oh… Bien. On se voit en cours. Tu viens à l'entrainement ?
- Ouais, sûrement… A demain…
Il connaissait la jeune fille depuis leur enfance et il l'adorait mais il y avait des moments où elle était vraiment collante. Mais ses capacités pour récolter et analyser les informations sur les équipes adverses étaient exceptionnelles et elle était indispensable à l'équipe de Touou. Elle avait toute la confiance de l'entraineur et des joueurs. Mais là pour l'instant, il avait tout autre chose en tête.
- Je suis rentré, fit-il en refermant la porte de la maison familiale.
- Daiki, sourit sa mère en passant la tête par la porte de la cuisine. Tu as bien travaillé avec ton ami ?
- Oui, il m'a bien aidé. Papa est là ?
- Au salon.
- Papa ?
- Salut champion ! Prêt pour ton devoir de demain ?
- J'ai révisé tout le week-end avec un collègue.
- Celui qui a vécu aux Etats-Unis ?
- C'est ça. Au fait, il m'a demandé si je voulais l'accompagner là-bas pendant les vacances ? Quelques jours…
- Ses parents sont d'accord ?
- Son père travaille parfois là-bas et il y sera en avril. Il y a aussi son ancien entraineur. Sa mère est décédée, il ne l'a pas connue.
- Pauvre petit, fit la voix de sa mère qui venait de les rejoindre. Mais je sais que si tu l'apprécies c'est que ce doit être un gentil garçon.
- Oui… il est sympa.
- Pauvre petit, songea Aomine avec un sourire mental. Maman, le petit est aussi grand que moi. Et pourquoi dire à haute voix qu'il est sympa me fait bizarre ?
- Pour moi c'est d'accord, reprit le père. Ton passeport est valide depuis qu'on est allé à Séoul il y a deux ans.
- Oui.
- Parfait, intervint encore sa mère. Tu devrais te faire une liste de ce que tu emporteras au fur et à mesure que tu y penses comme ça tu n'oublieras rien.
- Au pire, je l'achèterai là-bas. Pour le billet d'avion, j'aimerais puiser dans mon compte épargne. C'est possible ?
- Hors de question, rétorqua le père. Ce sera notre cadeau de fin d'année.
- Sérieux ? s'étonna Daiki, surpris de ne pas entendre parler de son passage en deuxième année.
- Bien sûr mon chéri, dit sa mère en se hissant sur la pointe des pieds pour embrasser son fils sur la joue.
- Ton compte épargne ce sera pour l'université ou plus tard t'acheter une maison, fit son père en replongeant dans son journal signifiant ainsi que l'affaire était close.
Sa mère lui sourit et retourna dans la cuisine. Il ne lui restait plus qu'à monter dans sa chambre puisque tout était entendu. Il se déshabilla et prit une douche. Il passa des vêtements propres et descendit ceux de Kagami à sa mère en lui expliquant qu'il devait les ramener. Une fois dans la tranquillité de sa chambre, il s'affala sur son lit et envoya un sms à Kagami.
De : Aomine.
Mes parents sont ok pour les usa.
Il n'attendait pas de réponse immédiate alors il prit son manuel d'anglais et le parcourut. Curieusement, il lui sembla mieux comprendre ce qu'il contenait. Il sourit. Finalement Kagami était un bon prof. Et surtout, il avait su le motiver, c'était le moins qu'on puisse dire. La vibration de son téléphone attira son attention.
De : Kagami.
Tant mieux. Tu leur as parlé de la condition incontournable ?
De : Aomine.
Non.
De : Kagami.
Comme tu le sens. Défonce-toi sinon, je pars seul.
De : Aomine.
Ils me payent le billet d'avion et il me suffit de demander l'adresse d'Alex à Himuro.
De : Kagami.
Enfoiré. C'est malhonnête.
De : Aomine.
Toujours avoir un atout pour s'assurer de gagner.
De : Kagami.
T'es quand même un enfoiré. Moi j'ai été honnête avec toi.
De : Aomine.
Honnête ? Ta proposition de voyage c'est du chantage pur et simple.
De : Kagami.
Non. De la motivation.
De : Aomine.
Je sais. Ça me fait chier de dire ça mais merci.
De : Kagami.
Quand on sera là-bas, tu verras que ça valait la peine de ravaler ta fierté.
De : Aomine.
T'as l'air sûr que je serai du voyage.
De : Kagami.
Je commence à te connaitre un peu. Quand tu es motivé, tu te donnes à fond. Je suis pareil.
De : Aomine.
Je sais. Je te ramène tes fringues dès que tu veux.
De : Kagami.
Quand tu viendras pour ton prochain cours. Si tu veux.
De : Aomine.
Samedi prochain 10h ?
De : Kagami.
Ok. Merde pour demain. Dis-moi ta note quand tu l'auras.
De : Aomine.
Ok. A samedi.
De : Kagami.
A samedi.
L'as de Seirin referma le clapet de son téléphone et termina son mail. Il savait qu'il aurait une réponse le lendemain à cause du décalage horaire. Sa conversation avec Aomine l'avait amusé. Pourquoi ne l'avait-il pas appelé ?
La semaine lui parut interminable. Il se sentait encore plus seul qu'à l'ordinaire en rentrant chez lui. Inconsciemment, il savait qu'il lui manquait quelque chose mais il ignorait quoi. Le jeudi soir, Aomine lui envoya un nouveau sms. Il avait eu un seize sur vingt à son devoir d'anglais. Il le félicita mais là encore, il aurait aimé qu'il l'appelle. Juste entendre sa voix moqueuse… Enfin, samedi n'était que dans deux jours…
Aomine avait envoyé son sms avec fierté. A lui aussi la semaine lui avait paru étrangement longue. Le samedi matin, il se réveilla d'excellente humeur. Même les chamailleries de son frère et sa sœur ne réussirent pas à l'énerver. Il quitta la maison avec les vêtements de Kagami après avoir dit à sa mère où il allait. Il acheta des bentos en chemin et se hâta vers le métro. Il n'y avait que trois stations pour aller chez Kagami, mais c'était le plus rapide. Le plus rapide pour le retrouver…
A suivre…
(1) J'ai gardé l'orthographe de la traduction des sous-titres de l'animé.
(2) Pure spéculation de ma part. Je ne connais que l'animé et à aucun moment il n'est fait mention de la famille d'Aomine si mes souvenirs sont bons. Par contre, on sait que Kagami vit seul. Episode 19-44 saison 2.
(3) je n'ai rien trouvé sur la famille d'Aomine donc ceci est pure invention de ma part.
