Notes d'auteur :

— Dans ce monde, la durée qui s'est écoulée entre le début de Shippuden et la fin de la Quatrième guerre est de deux ans.

— D'après l'histoire canon, la personne ayant tué Yura est Naruto. Excepté pour ce cas, Naruto n'a tué personne d'autres. Zabuza fut abattu par Kakashi (Zombies exclus).

— Lorsque la fiction a débuté, la couleur du chakra de Naruto était rouge et continuera à l'être par la suite (ayant pris une portée emblématique dans cette fiction).

Disclaimer : Je n'ai pas les droits sur Naruto.

Disclaimer du traducteur : en remerciant l'auteur d'avoir permis la traduction.


Première leçon :

Chaque Ombre Provient du Feu, même celles Forgées par la Volonté


X


La pluie tombait. Ses cheveux étaient noyés par les larmes ruisselantes du ciel, mouillant son attirail et inondant par là même les fleurs de Lys s'étirant sur le marbre sous-jacent.

La pierre commémorative était imposante comme jamais. Cet obélisque glabre ployait vers le ciel, avec les noms inscrits des défunts en son cœur. Naruto Uzumaki, âgée de dix-huit ans, regardait le blason de ceux qui avaient succombé durant la guerre qui avait fait de lui un héros. Ses paupières étaient lourdes, du fait de son manque de sommeil mais néanmoins, il préférait une nuit pluvieuse qu'à une nuit sans repos dans son lit.

Les gens ne comprenaient pas, surtout les civils qui n'avaient jamais vu un champ de bataille de leur vie, ou même les vétérans de la guerre, bien trop habitués à en côtoyer. Les gens lui remettaient la faute dessus pour avoir laissé filer un criminel de rang S, faute qui le poursuivait telle une malédiction. S'il devait en arriver là, Naruto avait juré de tuer Sasuke. Mais au dernier moment, ayant la vie de ce dernier entre ses mains, sa pitié lui avait fait défaut.

Naruto se demandait souvent ce qui était arrivé à Sasuke après que Madara avait interrompu le combat. Est-ce que Sasuke avait réussi à s'échapper du conflit, ou avait-il péri, son corps devenu méconnaissable parmi tant d'autres ? Le nom de Sasuke ne serait jamais immortalisé dans la pierre, il resterait juste un nom qui disparaîtrait avec le temps, soit après la mort de Naruto.

Trempé par la pluie, ses vêtements bondés d'eau, ceux-ci commençaient à peser tels des poids qu'il aurait utilisé à l'entraînement. Naruto se tenait debout, les yeux fermés, laissant la pluie battre son plein sur ses épaules. Il aurait déjà dû aller dormir, pour se réveiller le lendemain et montrer le visage souriant à tous, calqué sur le profil d'un masque longuement usité. Ce masque, que Naruto avait lui même façonné depuis une éternité, était poussiéreux et craquelant, mais toujours en place. Et rien ne paraissait plus redondant qu'un masque pour Naruto Uzumaki.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

La voix du blond faisait écho à la pluie. Avec le Kyuubi finalement sous son contrôle, chaque senteur qui parvenait à ses narines lui était aussi complexe qu'intense, autant que l'aurait ressenti un Inuzuka. Ses oreilles saisissaient chaque son de la nuit, ses yeux n'étaient en aucun cas ceux d'un Hyuuga, mais même les objets apparaissaient plus nets et plus faciles à distinguer qu'autrefois.

Et il n'avait plus besoin de chakra pour savoir qu'il était épié par les Ombres.

Un ANBU au masque d'ours apparut subitement en dehors des fourrés, se plaçant à ses côtés. Naruto avait paru insignifiant aux yeux de l'agent. Le titre de héros de guerre ne devait pas être conféré à n'importe quel gamin pouvant réaliser son devoir le plus primordial lorsqu'il devait être rempli. Ours avait connu la guerre, la vraie. Et il savait avec certitude que la Quatrième Grande guerre des shinobis n'avait été qu'un prétexte, qu'un simulacre ; comme l'avait été le héros qui en était ressorti.

« La Hokage te convoque.

— Au beau milieu de la nuit ? », rétorqua Naruto hagard.

Cette nuit avait été longue et houleuse. Néanmoins, l'appel de sa couette le répugnait d'autant plus.

« La Hokage suggère que tu laisses un Kage Bunshin derrière toi. »

Ces mots mirent la puce à l'oreille de Naruto. Est-ce que le village était attaqué ? Y avait-il une autre organisation terroriste qui le pourchassait ? Ou étaient-ce juste les divagations de son ivrogne de Mémé ?

Instantanément, une image miroir fut sur le chemin du retour et Naruto, comme suggéré, avait transmué son visage en un autre alors qu'il courait au travers de la forêt de toits du village de la Feuille. Puisant dans le chakra du renard, Naruto n'eut aucun mal à distancer son chaperon. L'eau s'évapora au contact de sa peau. Il s'écrasa contre la vitre de son point de rendez-vous, laissant un impact sur le sol et claquant ses mains si fort sur le bureau que celui-ci se démantela.

« Quel est l'envahisseur ?! » demanda Naruto, en se relevant encore hébété par le choc.

De son côté, Tsunade se massa les tempes en soupirant. Elle contempla d'un air navré les ravages causés par le court passage du blond, tandis que les souliers boueux de ce dernier détruisaient ce qu'il restait du tapis.

« Quand je te convoque pour un rendez-vous incognito, j'escompte que cela reste secret ! », hurla Tsunade à son ami et peut-être successeur. « Comment cela pourrait-il être un secret avec ma fenêtre en morceaux ?!

— Oh... »

Mais Naruto se sentait soulagé. Le village ne connaissait pas de péril immédiat. Il put enfin se détendre.

« Je peux aider à la réparer ?

— Pitié non ! », répliqua Tsunade au quart de tour. « Je dirai juste à ces vieux boucs que j'ai jeté quelqu'un dehors. »

Une bourrasque pénétra dans la pièce, emportant avec elle vents et marées. Le tempérament de Tsunade vira au vinaigre et elle jura que c'était Naruto qu'elle allait décidément jeter dehors.

Entre le vent, la pluie, le froid et l'heure qu'il était, Tsunade décida de laisser tomber toute attitude protocolaire et se verser une coupole de saké. Elle ouvrit un tiroir qui révéla un shooter qu'elle posa sur son plan de travail. Elle le but rapidement, tentant de recouvrer son calme pour ne pas engueuler encore plus son garnement.

« Tu n'as demandé aucune mission depuis la fin de la guerre, » requit-elle l'air lugubre.

Confus, Naruto fronça les sourcils.

« Tu m'as fait demander en pleine nuit juste pour me demander pourquoi j'ai arrêté de prendre des missions ? Alors... C'est à propos d'une mission n'est-ce pas ?

— Non, je veux simplement savoir pourquoi tu n'as pas cherché de missions, » rétorqua calmement Tsunade en toisant le blondinet, qui esquiva furtivement son regard.

Elle savait comme personne que Naruto avait mérité quelques mois de détente mais elle n'avait jamais imaginé qu'il mettrait tant de temps pour rebondir. Tsunade avait peur de connaître la réponse, comme elle l'avait soupçonné lorsque Sakura était venue se plaindre que Naruto n'était pas sorti de son studio des jours durant. Cet énergumène se contenta d'hausser les épaules indolent, comme si rien ne l'importait.

« Je me sens perdu.

— Perdu ? », interrogea Tsunade.

« Madara est parti. Sasuke est parti. Il n'y a plus rien à faire. »

Sauver le monde avait rendu ses missions routinières insipides. Ses pieds semblaient faire des vas-et-viens sans nul but cherchant, sondant l'inconnu.

Et un masque de ANBU trônait au centre de la table.

Tsunade aurait préféré occuper Naruto avec du travail de bureaucrate, mais en tant que héros de guerre, c'était devenu irréalisable. Parfois, ce qui empêchait les villages ennemis d'attaquer, était justement le ninja qu'on était forcé de garder chez soi.

« La guerre est terminée, mais les combats perdurent, » relâcha Tsunade d'une voix exténuée.

« Chaque village caché est plus faible qu'avant. Nous avons tous perdu quantités d'éléments appréciables et avons surconsommé nos ressources primaires. Et c'est sur cette logique que le marché du crime a connu une hausse. De nouveaux villages cachés se sont bâtis et le monde est sur le bord d'une autre guerre. Une guerre sans fin.

« Je suis désolée Naruto, mais Konoha a encore besoin de toi.

— Alors... une mission ? » souleva Naruto, regardant univoquement le masque.

« Si seulement ce n'était que ça. »

Tsunade saisit le masque en question et le tint distraitement d'un doigt :

« C'est à toi, si tu l'acceptes. »

L'intérêt de Naruto s'embrasa.

« J'aurai une épée trop cool et un super tatouage ?

— Ce n'est pas un jeu Naruto. Mais ceci est la meilleure opportunité pour toi — et pour le village, » le réprimanda-t-elle.

La vérité dans cette affaire était que Naruto avait besoin de plus d'expérience s'il voulait réaliser son rêve, soit de devenir Hokage, comme il l'avait prouvé en permettant à Sasuke de s'échapper.

« Les ANBU sont les ninjas chargés de défendre le village depuis les ombres. Ils leur sont donnés les boulots les plus durs pour que notre village puisse connaître la paix. C'est une grande responsabilité, une responsabilité qui n'est pas à prendre à la légère.

— Et je suis prêt à la prendre. »

Naruto fit des bonds de joie. Il avait toujours voulu savoir ce que c'était de faire parti des énigmatiques ANBU. Il n'avait jamais pensé qu'il en deviendrait un, puisqu'après tout, il n'était encore qu'un genin et ANBU par invitation seulement.

Certains des meilleurs et plus talentueux jounins n'étaient pas faits pour les ANBU. Le Hokage le savait. Seules quelques personnes pouvaient se targuer de pouvoir en faire parti.

« Si tu prends ce masque, tu ne pourras plus être le même ninja, le ninja indiscipliné et bruyant que tout le monde connaît. Tu seras une ombre, tu seras la nuit, tu seras la mort. Mais plus important, jamais plus tu ne seras Naruto Uzumaki. »

Naruto acquiesçait avec impatience, écoutant à peine. C'était un nouveau défi, quelque chose d'excitant, quelque chose qui pourrait enfin le faire se lever le matin !

« Les ANBU sont protégés par le secret et c'est pour cela que ta décision doit être certaine cette nuit. Quelle est ta réponse ? »

Naruto piocha le masque et le supposa dans sa main.

« Pourquoi un chien ? Un renard n'aurait pas été mieux ? »

Le Kyuubi à l'intérieur de lui grimaça alors qu'il le regardait.

« Trop évident et déjà pris.

— Un crapaud ?

— C'est ton animal fétiche, trop facile. Et c'est l'ancien masque de Kakashi quand il était aux ANBU.

— Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. »

Même si prendre le masque de Kakashi aurait été cool, Naruto décida de se sauver de l'indigestion que lui aurait causé le Renard.

« Et pourquoi pas ? », éclata Tsunade, réquisitionnant une explication.

Naruto se gratta les cheveux et admit :

« Le Renard n'est pas en de très bons termes avec les chiens disons... Mieux vaut accepter de lui faire quelques concessions que de le laisser me faire des misères. »

Tsunade arqua un sourcil mais n'ajouta rien. Si quelqu'un connaissait bien le démon à neuf queues, c'était bien son hôte.

« Alors, que proposes-tu ? »

Naruto fut surpris qu'il prenne lui-même l'initiative de demander : « Pourquoi pas le masque d'Itachi ? »

Peut-être parce qu'Itachi avait laissé une forte impression sur lui en l'aidant à vaincre Madara, ou peut-être était-ce l'héritage du clan Uchiwa qu'il souhaitait préserver à sa manière ? Ou peut-être était-ce encore pour Sasuke ?

Quoiqu'il en était, cela paraissait une bonne idée sur le coup.

Pensive, Tsunade se mordit la lèvre inférieure. Le masque d'Itachi avait été perpétué de génération en génération de Uchiwa durant toute l'histoire des ANBU. Mais les Uchiwa n'étaient plus et personne n'avait osé reprendre le flambeau. Tsunade elle-même n'avait pas osé le donner à quiconque, dans le doute que la personne rencontre malencontreusement Sasuke en mission.

Mais Naruto était une toute autre affaire.

« Je pense que ça va le faire. » Tsunade se retourna vers l'ANBU au masque d'ours qui se tenait au garde-à-vous dans un coin de la pièce. « Amène-moi le Corbeau. »

Il revint quelques secondes plus tard avec le masque et l'uniforme approprié.

Tsunade leva ses bras en évidence, comme lors d'un couronnement :

« Naruto Uzumaki, acceptes-tu ce masque et en retour, la destinée des ANBU qui est de rester dans l'ombre tandis que le reste du monde connaîtra la lumière ? »

Le cœur de Naruto fit un bond dans sa poitrine et il ne s'était pas senti comme ça depuis l'académie. Sans hésitations, il accepta.

« Alors... J'suis un ANBU maintenant ?

— Non.

— Oh... »

Naruto se gratta la tête, confus.

« Tu as accepté les ANBU, mais les ANBU ne t'ont pas encore accepté. Tu dois prouver ta valeur avant d'être un véritable acolyte. Si tu réussis, tu recevras ton épée et ton tatouage et tu deviendras un membre à part entière. Si jamais tu échoues, un Yamanaka effacera ta mémoire et cette nuit n'aura comme jamais existé.

— Une mission et c'est tout ? » sourit Naruto.

Il avait vaincu Madara et Pain, ce serait forcément une promenade de santé en comparaison.

« Je serai de retour avant même que tu aies eu le temps de prendre un bol de ramen ! »

Tsunade sortit un dossier et plaça la missive contenant les informations correspondantes sur le bureau. Quelque part, le dossier claqua plus bruyamment sur la table que la pluie au dehors.

Le yeux de Naruto s'élargirent et son visage pâlit subitement. Des sueurs froides lui coururent sous les aisselles et il fut proche de l'évanouissement. Toute sa confiance s'évapora. Le Kyuubi se permit un petit rire... puis un immense éclat.

C'était un contrat d'assassinat.

« Qu'a-t-il fait ? » questionna Naruto, la voix âpre.

Il essuya la sueur moite découlant de ses paumes.

— Je ne peux pas en parler, répliqua Tsunade

— Je veux dire, ça doit être vraiment vilain hein ? insista Naruto, les yeux suppliants.

Le blond n'avait jamais attaqué personne en premier et lorsqu'il devait se battre, il tentait autant qu'il le pouvait d'épargner ses adversaires bien que pas toujours, quand il y avait des cas comme Yura.

« Est-ce que c'est parce que j'ai laissé Sasuke vivre ?

— Ça n'a rien à voir avec Sasuke ! », rétorqua Tsunade sévèrement, même si en fait, tout avait à voir avec cet incident. « Un ninja ne peut être un ninja s'il ne peut pas tuer. Un ANBU ne peut être un ANBU sans pouvoir obéir lorsqu'on lui demande de tuer. »

Mais Naruto n'en démordit pas :

« C'était de la pitié !

— Il n'y a pas de place pour la pitié chez les ANBU ! Tu as une semaine pour accomplir cette mission. Que tu la réussisses ou pas. »

Tsunade espérait presque que Naruto échouerait, mais le Hokage quant à lui espérait qu'il réussirait.

« Maintenant, prends ton masque, la missive et accomplis ta mission, Corbeau. »

Naruto saisit le dossier et son attirail de combat avec colère avant d'exploser une autre fenêtre en sautant à l'extérieur, disparaissant sous la pluie. Et tout ce que Tsunade put faire fut de se masser les tempes d'exaspération.

« Qu'en penses-tu Ours ? » requit-elle à l'homme qui observait depuis les ombres.

Celui-ci hocha la tête.

« Trop émotionnel. Je ne peux l'imaginer porter le masque. »


Naruto était si en colère qu'il devança sa maison et alla directement dans la forêt qui reposait hors des murs de Konoha. Il ne s'arrêta pas jusqu'à ce que son pied glissât sur une branche et qu'il se ramassât face contre terre. Il aurait pu rire de lui-même, mais il n'en avait même pas la motivation. La pluie lui tombait dessus alors qu'il contemplait le ciel nuageux. Ses doigts griffèrent la boue sur laquelle il reposait, avec son masque échoué sur le côté.

Naruto n'était pas stupide. Au-delà d'être les serviteurs du Hokage, les ANBU étaient des assassins avant tout et ce n'était pas chose dont Naruto voulait penser à cet instant. Il ne souhaitait pas vocaliser ses doutes, même si ceux-ci débordaient de son âme. Il était le héros, tout le monde venait lui confesser ses problèmes. Il était supposé accomplir sa tâche sans hésitation aucune.

Ses doutes, ses peurs, son manque de confiance en soi n'avaient aucune importance.

Il reprit le masque des ANBU, des lignes bleues foncées convergeant vers les yeux, comme si c'était le masque lui-même qui pleurait. Il était poussiéreux, sale et craquelant, mais toujours aux normes. Son masque lui saillait bien et semblait se fondre à sa peau.

Et rien ne paraissait plus redondant qu'un masque pour Naruto Uzumaki.


X


Ours avait connu la guerre, la vraie. Et il savait avec certitude que la Quatrième Grande guerre des shinobis n'avait été qu'un prétexte, qu'un simulacre ; comme l'avait été le héros qui en était ressorti.