Nouvelle histoire, et grand défi, puisque c'est ma première fiction sur L'Arc~en~Ciel. D'ailleurs, je ne fais que me servir de ces chers musiciens, même si l'univers dans lequel ils évoluent a bien existé. J'ai d'ailleurs eu du mal à trouver des informations pour coller le plus possible à la réalité de l'époque.

Date et lieu au commencement : début du XIIIe siècle (époque du shogunat de Kamakura) dans la province de Suruga (actuelle préfecture de Shizuoka) .

Le jour se levait sur la propriété, tandis que le petit garçon frottait ses yeux embués de sommeil. Il bâilla longuement, puis le glissement du shōji attira son attention et il se tourna vers le côté.

- Bien, je vois que tu es réveillé. Ne tarde pas à te préparer, c'est aujourd'hui que tu commences ton apprentissage.

Un peu plus tard, alors qu'il se dirigeait lentement vers l'école, un bruit de pas précipités et un appel le firent s'arrêter.

- Bonjour ! Alors, tu es prêt ?

- Pour être franc... je me sens plutôt intimidé, avoua-t-il.

- Ne t'en fais pas ! Rappelle-toi ce que nous nous sommes dit un jour : rester ensemble quoi qu'il arrive, et s'entraider en cas de problème.

Un sourire éclaira le visage du plus jeune.

- Tu as raison. Maintenant, hâtons-nous, ou nous serons en retard.

Ils arrivèrent juste à temps pour assister au début de la classe.

Les semaines passèrent, durant lesquelles ils apprirent tout ce qu'il fallait savoir sur leur futur statut : en plus de la lecture et de l'écriture, ils suivaient des cours sur les mathématiques, l'histoire du pays et celle des familles les plus influentes.

Un matin, les deux amis, comme leurs camarades, eurent la surprise de voir leur enseignant entrer en compagnie d'un autre garçon.

- Cet enfant est nouveau et ne connaît absolument pas l'univers dans lequel vous évoluerez par la suite. Je compte sur vous pour favoriser son intégration.

Yukihiro et Tetsuya échangèrent un regard étonné. On naissait samouraï, on ne le devenait pas. Pour être un vrai samouraï, il fallait avoir des parents de la même origine. L'unique exception : l'adoption d'un roturier dans une famille de samouraï était possible, à condition de s'en montrer digne. Ni Yukihiro ni Tetsuya n'avaient entendu parler d'un cas semblable, du moins pas avant que l'inconnu leur soit présenté.

Pendant la pause, ils restèrent ensemble comme à l'accoutumée. Mais tout changea lorsque l'enfant timide fut malmené par d'autres apprentis plus âgés.

- Qui es-tu pour oser venir ici ? Ne sais-tu pas que les paysans ne sont pas faits pour devenir des guerriers ?

- Je ne suis pas un paysan !

- Voyez-vous ça... Il semblerait que la fourmi cache en réalité un dragon !

Ils vont le frapper s'il continue à les provoquer !

Tetsuya fut étonné de voir son ami se lever avec une mine furieuse, et se souvint ensuite que Yukihiro avait un sens aigu de la justice. Par crainte de voir son ami recevoir une correction à son tour, il quitta sa place et le rejoignit.

- Laissez-le tranquille.

- Comment oses-tu nous donner des ordres, moucheron ?

- Je ne le répéterai pas.

Le leader de la petite bande dévisagea Yukihiro, hésita un instant et reprit contenance.

- Puis-je savoir à qui nous avons affaire ?

- Mon nom est Awaji Yukihiro.

Son interlocuteur pâlit.

- A... Awaji ? Comme Awaji Kaito-dono ?

- Je suis son fils aîné.

- Toutes mes excuses, Awaji-sama ! s'exclama le fautif en s'agenouillant.

- Ne le dénigrez plus à l'avenir, c'est tout ce que je vous demande.

Tetsuya qui était resté silencieux durant l'altercation tendit une main au petit.

- Nous ignorons toujours ton nom, dit-il avec un sourire qui se voulait chaleureux.

- Takarai... Takarai Hideto, marmonna l'autre.

- Enchanté Hideto-san. Je m'appelle Ogawa Tetsuya.

Hideto hocha la tête et se tourna vers l'autre garçon.

- Tu es l'enfant héritier de la famille la plus influente de la ville, c'est bien cela ?

- En effet, acquiesça Yukihiro.

- Alors... enchanté, Awaji-sama.

Yukihiro parut ennuyé :

- N'utilise pas ces formalités avec moi, entre amis je considère cela comme inutile.

- Amis ?

- Oui, amis ! Tu sembles être bien perdu dans cet univers. Tetsu et moi avons grandi ensemble et nous nous connaissons parfaitement, nous allons donc faire notre possible pour t'aider. Et pas de discussion, Hideto-san ! Pour commencer, appelle-moi Yukihiro.

- B... bien, Yukihiro-san. Mais en échange, je veux que tu utilises mon surnom : Hyde.

- D'accord, Hyde.

Les anciennes habitudes étaient tenaces, et il fallut un moment avant que Hyde oublie le suffixe accolé au nom de ses premiers amis.

Si l'on se donnait la peine de discuter un peu avec Hyde, et s'il se sentait en confiance, le dialogue révélait un garçon plutôt réservé et pas très expansif. Longtemps impressionné par Yukihiro dont il était tout l'opposé, il se lia beaucoup plus vite avec Tetsuya. Il fallut du temps aux deux amis pour que le nouveau accepte de se dévoiler. Doué pour l'art et le chant, fils unique, et non-nageur, ce qui lui faisait un point commun avec Yukihiro. Tetsuya se chargea donc de leur apprendre, ce qui demanda beaucoup de temps.

- Tetsuya, n'hésite pas à parler lorsque tu te poses des questions sur moi, déclara Hyde un soir, alors qu'ils se reposaient au bord de la rivière voisine.

- En fait, je voulais connaître tes origines. Tu restes secret là-dessus, pourtant être roturier n'est pas une tare, simplement un fait plus difficile pour devenir samouraï.

- Mes parents ne faisaient pas partie de votre caste. Ma mère travaillait en tant que nourrice d'une famille aisée, ce qui m'a permis d'être adopté par la famille qui l'employait. J'ai enduré bien des moqueries à cause de ma situation.

- Entre nous, cela n'a pas d'importance. Maintenant que tu as intégré notre monde, je ne vois pas ce qui pourrait nous séparer.

- Rappelle-toi que nous sommes des guerriers, Tetsu. Plus tard, nous risquerons nos vies pour les seigneurs qui nous emploieront.

- Je ne l'ai pas oublié. Mon plus grand souhait est que nous ne nous perdions pas de vue quand nous serons adultes.

Hyde et Yukihiro acquiescèrent. Toutefois, ils n'avaient que huit ans, et bien du temps devant eux pour songer à leur avenir.