AN : Bonjour à vous lecteurs, nouveaux ou anciens qui m'ont fait le plaisir de lire « Résonnance ». Je vais essayer d'écrire deux fics en parallèle qui aboutiront sur une troisième qui leur sera commune. Vous pouvez les lire indépendamment l'une de l'autre, et vous pourrez lire en principe la troisième sans avoir suivi les deux précédentes.

Cette première fic concerne Grey's Anatomy. Je vais essayer essayer de donner à la lecture un arrière goût de la série dans la construction de chaque chapitre. Aussi, les pensées du personnage central du chapitre seront déclinées entre guillemet et en italique. Vos reviews seront appréciées. Ce sont elles qui nous aident à écrire la suite plus vite !

DISCLAIMER : Avant de vous souhaiter une bonne lecture, il ne me reste qu'à dire que je ne possède rien de Grey's Anatomy et que je ne fais que m'amuser avec ses personnages sans aucune autre prétention. Le tout appartient à l'excellente Shonda Rhimes.

ATTENTION : La fiction démarre juste après la fin de la saison 9. A ceux qui ne l'ont pas vue et qui ne souhaitent pas savoir ce qui s'est passé, j'en déconseille la lecture.


« Une tempête est un évènement météorologique provoqué par une dépression atmosphérique. C'est un phénomène physique. Dans notre partie du globe elles sont le fruit de la confrontation de deux masses d'air de température différente. Elles ne laissent rien d'indifférent sur leur passage. Parfois d'autres phénomènes météorologiques s'amusent à en retarder l'échéance, à divertir le cours du temps, à laisser penser que l'on va y échapper. Au final, les lois de la physique s'appliquent inexorablement, exactement comme en médecine. Mais si la tempête fait peur, on n'est jamais vraiment préparé à ce qui vient après. »

Le balai des engins de chantier était quotidien, une véritable routine mécanique qui le rendait rassurant. La réfection des infrastructures routières, des bâtiments publics et privés produisait depuis plus de deux mois une effervescence donnant des airs de fourmilière à Seattle. Cette agitation anonyme berçait Arizona Robbins au rythme des pauses qu'elle arrivait à aménager dans son travail. Depuis deux semaines elle profitait de la bienveillante solitude que lui procurait un banc public à l'extérieur de l'Hôpital. Elle pouvait ainsi sortir la tête de l'implication totale dans laquelle elle s'était plongée depuis la tempête qui avait secoué Seattle, et quasiment détruit sa vie privée. Un simple élément de mobilier urbain en bois, rongé par les gravures ou autres plaques, des sentiments politiques ou amoureux, exaltés le plus souvent, ou simplement l'usure du temps. Dans les premiers temps, Arizona avait passé beaucoup de temps à lire ces traces. Il y en avait pour tous les goûts. Les littéraires : « Romeo + Juliet », Les historiques « To Hannah gone in Buchenwald 1940, from her loving husband », les adolescentes : « Mark 15 and Lisa 16 eternal love », Les révolutionnaires : « Occupy Seattle » … Ce banc était un aimant à sentiments et elle, elle était assise dessus.

Un banc public. C'était bel et bien le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas se laisser submerger. Un Robbins ne coule pas. Un Robbins est élevé pour être un homme brave en pleine tempête, une personne sur laquelle on peut s'appuyer en toutes circonstances. On encrait cette imagerie dans la tête des enfants depuis longtemps, en fait, bien avant l'acte d'héroïsme dont avait fait preuve son grand-père durant la Seconde Guerre Mondiale en sauvant une vingtaine d'hommes de la noyade… Et présentement elle essayait juste de surnager… Ironie de la vie.

Elle laissa échapper un long soupir et mordit dans son sandwich. Il ne lui restait pas beaucoup de temps pour profiter de sa pause. Sa garde allait bientôt reprendre et le bruit des moteurs allait lui manquer curieusement, comme à chaque fois… Mais son bipper interrompit ses songes et écourta sa pause d'autant plus.

_ Qu'est-ce qu'on a ?

_ J'avais demandé que Karev soit bippé ! Il n'était pas occupé !

_ Karev a fini sa garde il y une demi heure, je suis en parfaite capacité d'intervenir. Alors qu'est-ce qu'on a ?

Callie leva les yeux vers Arizona. La professionnelle en elle mit immédiatement de côté tout différend personnel pour ne se concentrer que sur le jeune patient allongé sur la table. Un accident avait amené quatre enfants poly-traumas au Grey-Sloan Memorial. Des équipes s'étaient rapidement mobilisées pour traiter les trois premiers arrivés. Pour le dernier, peu de chirurgiens étaient disponibles. Kepner et Callie étaient les seules disponibles et avaient cruellement besoin d'une autre paire de mains pour faire face. Au fond d'elle-même, la spécialiste en ortho était même soulagée qu'elles fussent chirurgienne pédiatrique.

_ Garçon de dix ans percuté par une pelleteuse qui reculait alors qu'il jouait avec ses amis dans un square. Fractures ouvertes des deux tibias, double fracture du bassin, multiple plaies et hématomes au thorax…

« Une pelleteuse… »

Les trois médecins s'affairèrent autour du jeune patient et parvinrent non sans mal à enrayer les hémorragies qui le vidaient. Au milieu de cette horreur, April Kepner se laissa déconcentrer. L'interaction entre Callie et Arizona dans le bloc était d'une force telle qu'elle se sentait de trop. Leur connaissance mutuelle leur permettait d'agir dans la plus grande économie de mots et de gestes. Chacune connaissait sa partition au-delà de son rôle de médecin. Il s'agissait là d'une véritable alchimie, tellement rare... Personne ne l'avait plus revue entre ces deux personnes depuis trois mois et Kepner se sentit à la fois privilégiée et de trop, comme si les deux femmes associées pouvaient la balayer dans toute son insignifiance. Elle fut pourtant rapidement remise à l'ouvrage par Arizona qui attira son attention. L'intervention durait depuis presque trois heures et épuisait les poches de sang comme les individus. Arizona avait posé un drain thoracique après s'être aperçue que la cage thoracique avait été écrasée et non pas simplement commotionnée. Une scintigraphie permit de révéler la formation d'un œdème au niveau des poumons qui étouffait petit à petit le jeune garçon qui n'en avait pas besoin. Une fois la pose terminée, un litre de liquide fut rapidement extrait et le patient respira à nouveau normalement. Callie put se concentrer la réduction de la seconde fracture du tibia.

_ C'était fantastique… murmura Kepner qui était encore sous l'effet de la montée d'adrénaline qu'avait provoqué l'intervention.

_ Beau travail Calliope… laissa échapper Arizona.

_ Ne me « Calliope » pas. Nous avons juste fait notre boulot, et JE m'occupe des post-op.

_ Je ne…

_ Une simple opération ne change rien, siffla Callie en jetant ses gants sous le regard médusé de Kepner.

_ Je vais voir les parents, se contenta de répliquer Arizona en baissant la tête.

L'entrevue avec les parents se passa de la meilleure des façons étant donné qu'ils espéraient le discours qu'elle leur servit. Arizona insista sur les suites de l'opération qui seraient longues…

_ … Cedric a subi de multiples traumatismes. Les fractures ont été réduites avec brio par la meilleure ortho de l'Hôpital. C'est une chance pour lui qu'elle ait été de garde aujourd'hui…

Arizona leur montra les radios de Cedric à son arrivée et les radios réalisées après l'opération. Tout avait été remis en place. Elle tint cependant à les prévenir sur la stabilité de l'état de leur fils. Il avait perdu beaucoup de sang et il lui faudrait du temps, beaucoup de temps pour guérir… Elle en savait quelque chose. Mais elle leur donna surtout du courage en tant que parent. Arizona avait toujours eu un excellent contact avec les enfants, mais il en était de même avec les parents. Elle savait toujours trouver les mots justes pour rassurer ou exprimer une dure vérité.

_ Je sais que vous vous faites du souci pour l'avenir de votre fils, et je vous mentirais si en tant que médecin je vous disais que vous auriez tort de ne pas vous en faire. Si je vous le disais en tant que mère, je mentirais aussi.

_ Merci docteur. Que peut-on faire à présent pour Cedric ?

_ Être conscient du fait que Cedric a eu beaucoup de chance de survivre à l'accident, et surtout, que ça ne fait que commencer.

Leur conversation fut interrompue par l'arrivée de policiers enquêtant sur la présence des enfants sur le chantier. Arizona eut tout juste le temps de leur dire que Callie s'occuperait des soins postopératoires mais qu'elle serait toujours disponible s'ils avaient la moindre question.

La vie sans Callie était une chose dure. Elle l'apprenait à ses dépends chaque jour depuis que celle-ci avait découvert ce qui s'était passé dans la salle de garde avec Lauren Boswell. La vie était un fragile équilibre entre ceux que l'on aime, ceux qui nous aiment, ceux que l'on n'aime pas et ceux qui ne nous aiment pas. Une équation dans laquelle il n'y a pas de constante. Chaque élément est une variable dépendant elle-même d'une infinité d'équations, chacune liée à son propre système de valeurs. Quand une personne bénéficie d'un rayonnement positif général et que notre relation avec cette personne change drastiquement dans un contexte conflictuel, notre équation générale change d'équilibre. Il y a peu de systèmes connexes qui restent neutres dans un conflit. Arizona l'avait amèrement constaté.

La nouvelle de leur rupture avait fait le tour de l'Hôpital en un temps record, presque aussi rapidement que celle de l'électrocution de Webber. Au début rien n'avait forcément changé, les regards surtout. C'est lorsque les conversations se sont croisées que les masques ont commencé à tomber et que les prises de position se sont faites. Au départ Arizona avait baissé la tête. Le moindre regard de travers lui rappelait sans cesse qu'elle était la fautive, celle par qui la faute est arrivée, et elle passa un mois à se torturer, à appréhender les autres, guetter leurs réactions, leur sentence. Elle était presque devenue parano. Son travail ne s'en ressentait pas. Elle affichait toujours un excellent comportement avec les enfants et ses talents de chirurgienne n'étaient pas remis en cause par ses collègues. Psychologiquement par contre, elle était au plus mal. Cela se traduisait par un fort sentiment de culpabilité mêlé à celui d'injustice qui pouvait la faire verser dans la victimisation à outrance. Certaines plaies n'étaient toujours pas refermées, et contrairement à la cicatrisation physique, il n'y avait pas de remède pour accélérer le traitement. Cela concernait autant Callie qu'Arizona.

La blessure reçue par Callie était béante. Mais contrairement aux malheureux précédents qui avaient rythmé son existence, cette trahison ne l'avait pas introvertie ou transformée en victime surexposée. Elle faisait face et n'hésitait pas à exprimer tout ce qu'elle ressentait. C'était son moyen pour s'en sortir. La colère la faisait tenir debout et ses actions en ce sens avaient été radicales. Arizona aussi débordait de rage. Mais elle avait rapidement compris que l'essentiel de ce sentiment, elle l'avait dirigé contre elle, et elle ne savait pas comment s'en défaire. Elle ne savait pas non plus depuis la tempête dans quel sens diriger sa vie, cette vie qui stagnait et dans laquelle elle pataugeait. Un brave soldat dans la tempête… 19 personnes sauvées de la noyade… Le corps des marines… Tout, absolument tout se mélangeait dans sa tête. Jamais elle n'arriverait à s'en sortir. Arizona laissa la douche lui couler dessus. Des larmes se mêlaient à l'eau de la ville, des larmes silencieuses. Elle n'aurait pas le mauvais goût de s'effondrer bruyamment, elle avait assez fait de vagues comme ça.

Seules les aiguilles de sa montre lui procurèrent un maigre confort quand elle finit de s'habiller. Ce n'était pas tous les jours qu'elle se montrait aussi clémente et offerte. Mais lorsqu'elle l'était, elle lui donnait la plus précieuse des choses : du temps. Vingt minutes. Il lui restait vingt minutes avant que Callie ne finisse sa garde. Elle ne pouvait pas gaspiller une seconde supplémentaire. Elle se précipita dans l'ascenseur. Elle devait être sûre de son coup. Sur les vingt minutes officielles, il ne pourrait profiter pleinement que dis minutes au maximum. Après une journée comme celle-ci, Callie serait certainement en avance. Quant à elle, elle ne pourrait pas courir le risque d'être découverte. Il y avait trop de risques. L'astuce qu'elle avait mise en place était son dernier carcan de liberté. Elle ne pouvait pas le gâcher pour cinq minutes supplémentaires. Arrivée au bon étage, Arizona se faufila hors de l'ascenseur et scruta les environs. Comme d'habitude quand elle parvenait près de la porte vitrée son cœur s'accéléra. L'excitation, l'angoisse de sa réaction, la peur d'être prise et la joie de la retrouver, tout se mêlait en elle pour la mener au bord du précipice. Elle poussa la porte.

_ Mommy !

_ Ma puce !

Les battements de son cœur redoublèrent d'intensité. Cette boule d'amour logée dans ses bras était sa seule raison de vivre, et ce n'était pas exagéré de le dire. Chaque jour elle se battait pour venir la voir. Elle se battait pour savoir quand Callie était en opération, quand elle finissait ses gardes, quand elle n'était pas aux urgences, et surtout quand elle était sûre de ne pas se faire prendre. La plupart du temps mère et fille passaient leur temps dans les bras l'une de l'autre. Sofia racontait à Arizona ce qu'elle avait fait, parfois elle donnait des dessins. Arizona lui racontait des histoires, des histoires de savane, de jungles, d'animaux dont elle imitait les cris pour la plus grande joie de Sofia. De temps à autres d'autres enfants venaient près d'elles pour écouter ou participer, Zola notamment. C'était des moments où toute notion du temps devenait ténue, les frontières se brouillaient facilement et il était difficile à la chirurgienne de se garder d'oublier qu'il était compté.

_ Tu veux m'emmener au parc ?

_ Oui je le veux mais je ne peux pas.

_ Pourquoi tu me prends plus là-bas ?

_ J'ai beaucoup de travail chérie, glissa-t-elle sans la moindre conviction dans le ton.

_ Pourquoi t'es plus à la maison ?

_ Qu'est-ce que mama t'a dit ?

_ Que tu avais beaucoup de travail. Ils ont pas de chance les enfants hein ?

_ Pourquoi dis-tu ça ?

_ Parce qu'il doit y en avoir beaucoup beaucoup beaucoup des enfants malades pour que tu sois toujours à l'hôpital. Et moi si je suis malade, tu reviendras à la maison pour t'occuper de moi ?

_ Toujours… souffla-t-elle dans un sanglot. J'aurai toujours du temps pour toi mon bébé.

_ Pourquoi tu pleures ?

_ Pour rien. Je suis fatiguée mon cœur. Je suis fatiguée, si fatiguée.

Arizona serra sa fille fort contre elle et la berça. Ce faisant c'était plutôt elle qui cherchait à s'apaiser que le contraire. Il fallait qu'elle parte, qu'elle s'arrache à Sofia pour être tranquille, mais elle était si bien comme ça qu'elle ne pouvait pas se lever. Une main se posa sur son épaule et la fit sursauter.

_ Arizona, je pense que vous devriez vite partir.

C'était Jackson. Il ne lui fallut que quelques mots pour redescendre sur terre. Elle embrassa tendrement Sofia, lui promit de revenir le lendemain, et ramassa ses affaire à côté d'elle. En voulant se relever rapidement elle ne prit pas un bon appui sur sa prothèse et elle s'étala devant les enfants. Elle releva la tête et croisa les regards surpris des enfants, y compris celui de Sofia. Avery se pencha pour l'aider, mais elle était déjà debout. Elle bredouilla deux mots d'excuses comme si elle était fautive d'un quelconque désastre dans la garderie de jour et n'osa pas le regarder dans les yeux. Si elle l'avait fait elle y aurait sûrement vu quelque chose qui la fuyait depuis longtemps maintenant. Elle préféra sortir le plus vite possible pour cacher sa honte, car c'était bien cela qu'elle ressentait : de la honte mélangée à de la culpabilité.

Elle arriva devant l'ascenseur et l'appela. Les secondes paraissaient interminables dans cette attente. Et lorsque les portes s'ouvrirent, elles laissèrent apparaître Callie. Quand leurs regards se croisèrent les traits de l'orthopédiste se durcirent immédiatement.

_ Pas la peine de fuir. Je sais que tu viens la voir, je ne suis pas stupide.

_ Je ne l'ai jamais pensé Callio… Callie.

_ Profite bien de ces visites, je suis déjà assez aimable de te laisser faire.

_ Callie…

_ Quoi, tu ne le crois pas ? Tu n'es rien pour elle. Tu ne te souviens pas ? On en avait discuté quand la loi était passée, tu avais dit « on fera ça aux beaux jours, et on en profitera pour se marier légalement maintenant ». Tu ne te souviens pas ? cria-t-elle en poussant violemment Arizona contre le mur. Non, sûrement que tu ne t'en souviens pas. Ça a dû rester dans les draps de la salle de garde où tu as baisé cette pétasse !

_ Non je n'ai pas oublié. Callie…

_ Et puisque tu n'es rien pour elle, je ne veux plus que tu viennes la voir ! Plus jamais !

Elle resta paralysée, incapable de se battre. Pourtant elle avait tous les arguments. Elle avait la répartie et le caractère pour. Normalement. Ce n'était plus cas.

Arizona s'engouffra dans l'ascenseur. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Elle ne pouvait pas pleurer. Elle ne pouvait pas se donner en spectacle. Elle ne pouvait pas avoir mal. Elle ne pouvait plus avoir mal vu que Callie venait de lui enlever le dernier souffle d'espoir qui restait dans sa vie. Elle ne pouvait plus continuer. L'ascenseur descendait. Sa vision se brouillait. Elle se mit à suffoquer. Sa poitrine commença à se serrer. Puis le serrement devint douleur. Une douleur aiguë qui transperça son corps. Elle tenait encore debout lorsque les portes s'ouvrirent. Elle fit un pas, puis deux, sa bouche était ouverte mais aucun son n'en sortait. Soudainement elle s'écroula dans le noir total.

« On n'est jamais prêt à affronter une tempête. On peut s'en protéger ou prendre des mesure de précaution s'assurer une relative sécurité. Mais on n'est jamais prêt à en subir les conséquences. L'être humain est certainement la seule créature vivante douée de raison. Ce n'est pas pour autant qu'il est un être rationnel, bien au contraire. Lui seul est capable de créer les conditions d'émergences d'une tempête dans sa vie. Floué par différents sentiments, envies ou manques, il est incapable de recourir à la raison pour comprendre qu'il tient déjà le bonheur entre ses mains. Et c'est lorsqu'on l'a vraiment perdu qu'on prend vraiment conscience de la réalité qu'il avait. »